“Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d’autre chose ?
Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout.” C’est une citation de
Godard et elle est vraie. Quand on regarde bien, c’est probablement le meilleur témoin de la vérité des hommes. D’abord parce qu’il parle de leur sensibilité, comme tous arts vous me direz, mais surtout, et c’est le seul, parce qu’il est collectif. Il montre la vérité des hommes mais surtout de leurs systèmes sociaux, le produit filmique c’est la convergence d’une multitude de sentiments. Ceux d’un machiniste, d’un producteur, d’un monteur, d’un réalisateur, d’un spectateur. En ce sens, il est plus révélateur qu’un sondage pour révéler des faits sociaux ou des faits politiques. On peut donc, de la même façon qu’on définit des grandes tendances selon des notions géographiques pour des systèmes politiques: “démocratie à l’américaine” “autoritarisme chinois” définir des tendances géographiques pour le cinéma. Tous deux sont le produit de rapports et de conceptions humaines éminemment culturelles (dans le sens géographiques). C’est pourquoi, comme il existe des normes de pêches européennes, il existe un cinéma européen. Mais si les normes de pêches européennes sont les normes de l’Union Européenne, le cinéma européen est-il le cinéma de l’Union Européenne? Où plutôt qu’est ce que le cinéma de l’Union Européenne? Dans mon mémoire j’ai voulu répondre à cette question. Pour ça j’ai analysé la façon dont les institutions de l’UE définissent le cinéma européen, en regardant les circulaires, en interrogeant ceux qui font sa politique et en comparant le tout à la définition du cinéma européen par ceux qui le font. De M. Beziz ou de M. DE Matteis, tous deux responsables de programmes culturels cinématographiques européen, aucun, lorsque je leur ai posé la question qu’est ce que le cinéma européen, n’a fait mention d’un critère esthétique. De plus, elles n’avaient, à chaque fois, rien à voir entre elles et surtout avec celles des textes de l’UE. Le seul aspect régulier de ses définitions plurielles est la présence du facteur économique. Ce qui est selon moi à l’origine du manque de cohérence de la politique culturelle cinématographique de l’Union Européenne. L’UE n’a pour l’instant pas adoptée de définition claire de ce qu’est le cinéma européen à son sens, et par conséquent propose une promotion imprécise et parfois inefficace de celui-ci. Le film, avant d’être une marchandise, est un produit culturel et artistique. Il paraît donc légitime de privilégier une approche sensible pour le définir et élaborer une politique à son encontre. Ce que l’UE ne fait pas. Aujourd'hui, pour un cinéma européen il existe seulement une économie du cinéma de l’Union Européenne.