rien n’est fait, la tendance risque de s’accélérer au détriment de notre économie alimentaire. Pourtant, il existe un potentiel significa- tif surtout dans le secteur de la transfor- mation des produits locaux qui est dyna- mique mais insuffisamment accompagné. La transformation artisanale des produits agricoles est aujourd’hui un créneau très por- teur pour autant que la consommation suive. En effet, on estime que 10 à 20 % de la pro- duction annuelle de mil /sorgho, 20% de celle du maïs, 40% de celle du riz et 75% de celle Mme Yarame FALL de l’arachide sont commercialisées à l’état Présidente du Collège des Femmes du CNCR brut ou transformés. Un important marché domestique et industriel existe pour les pro- Avec les crises récurrentes des années 2000, duits agricoles et forestiers transformés. La l’Afrique est devenue un enjeu commercial, une transformation des produits agricoles génère cible privilégiée de l’agrobusiness autant pour la de la valeur ajoutée et l’importance de ses ef- délocalisation des activités de production que fets d’entraînement sur les autres secteurs et pour l’exportation de produits alimentaires. chaînes de valeur est unanimement reconnue. Cette tendance est favorisée par la libéralisation Contrairement aux apparences, l’industrie économique mais surtout par la dépendance agroalimentaire ne représente qu’à peine 25% économique de nos états qui les oblige à subir du secteur de la transformation des produits une Coopération déséquilibrée et inéquitable. agricoles qui est largement dominé par la transformation artisanale. La transformation Au Sénégal par exemple, les cultures vivrières artisanale des céréales sèches représente 80% sont placées derrière les « cultures à hautes de l’offre et se caractérise pourtant par des valeurs ajoutées » et les agrocarburants. Les équipements précaires et un degré de trans- importations massives de blé, de sorgho, de formation sommaire. Les femmes (80 à 90%) et les jeunes sont les plus actifs dans la trans- maïs, de lait et très prochainement de la viande formation des produits agricoles et forestiers. de poulet (APE) et de bœufs du Brésil sont en train de tuer à petit feu nos productions En vérité, le Sénégal à l’instar de beau- vivrières et notre industrie agroalimentaire coup de pays africains ne dispose pas prometteuse bien qu’embryonnaire. De plus, d’une politique alimentaire spécifique. la grande distribution s’installe progressive- La question alimentaire est noyée dans des ment dans les grands centres urbains du Séné- politiques plus larges de sécurité alimen- gal au détriment de nos marchés territoriaux. taire, de lutte contre l’insécurité alimentaire, etc. Seules des actions ponctuelles souvent non abouties, sont menées (valorisation des pro- L’évolution des modes alimentaires a un impact duits, promotion des produits locaux, etc.) négatif sur la consommation des produits lo- caux. Le riz importé est préféré au riz local, le alors que l’acuité de la question alimentaire blé a remplacé le mil et le maïs, les boissons demande une approche spécifique et globale.