Vous êtes sur la page 1sur 2

L'autre monde

Cyrano de Bergerac, écrivain et scientifique libertin du 17ème siècle dominer par le baroque, écrit
entre 1757 et1762 L’Autre Monde ou Histoire comique des États et Empires du Soleil, roman
burlesque et fantaisiste, précurseur de la science-fiction : le narrateur-héros, un humain, voyage sur
la Lune et sur le Soleil. Au fil de ses découvertes, il a des conversations philosophiques avec les
habitants de ces mondes lointains. Sur le Soleil, au cours d’une discussion avec une pie, il découvre
un nouveau système politique et social, la République des Oiseaux.
Nous allons voir comment, à travers ce texte Cyrano de Bergerac critique les institutions sociales et
politiques tout en divertissant le lecteur.
Dans un premier mouvement le texte nous présente un monde fantaisiste et imaginaire, puis dans un
second mouvement l’auteur nous décrit une république utopique idéale.
Un monde fantaisiste et imaginaire
1 – Un cadre pittoresque
Tout d’abord( l1 à 3), le récit présente cadre et les personnages principaux, le tout à la fois familier
et étrange
– utilisation de pronom de personnel 1ère personne : nous fûmes, je voulu, du mien + verbes
pronominaux : me lever, me mettre + pronom posséssif du mien +,adj possessif ma pie :
Présence forte de l’auteur : insister sur le fait que ce récit est un témoignage dont l’auteur est
le témoin = ++ véracité
cadre naturel : CC de lieu ligne 2, champs lexical de la nature (rameaux, arbre) et des
oiseaux : oiseaux connus (pie aigle) , « patte »MAIS
– le lieu évoqué l. 1 « entre les rameaux d’un arbre assez proche du mien » nous plonge dans
une situation étrange (que fait l’auteur dans un arbre ?)
– personnages étranges : oiseaux avec des caractéristiques humaines (personnification de
l'aigle l 2, la pie qui parle et agit comme un humain l5,
Ainsi, d’emblée, cette entrée en matière dans un univers à la fois fictif et familier permet à
l’auteur, sous forme d’apologue, d’utiliser des animaux et un monde imaginaire pour critiquer
la société de son époque et éviter la censure.
2- un monarque étrange : (l 3à 6) : présentation de leur monarque et début des critiques
- Guillemet : début du discours direct de la pie qui va se poursuivre jusqu’à la fin de l’extrait
= monologue didactique.
- On comprend assez rapidement que le manque de réflexion chez l’homme est critiqué. En
effet, le polyptote (répétition sous des formes différents) du verbe croire avec le participe
présent « croyant » l. 2 et le participe passé l. 5 « cru » forment avec le mot « imagination »
l. 4 un champ lexical des suppositions, présenté de manière péjorative par la pie, grâce à
l’adverbe de sens dépréciatif « sottement » l. 5.
La pie critique l'image que l’humain se fait d'un roi (groupe ternaire de superlatif « au plus
fort, au plus grand, au plus cruel ») Alors que nous aurions d’abord pu croire que cette citation
était positive, avec des qualités physiques « grands » et « forts », le terme négatif « cruels »
vient renverser cette impression.
- La pie oppose sa vision du monarque à celle des hommes : si la première marque de 2e per-
sonne du pluriel « vous » l. 3 concerne uniquement le narrateur, la seconde qui s’adresse à
tout le genre humain « vous autres hommes » l. 4, et est une appellation péjorative. De plus,
avec l’expression « jugeant de toutes choses par vous » l. 5, la pie (et derrière elle, Cyrano
de Bergerac) reproche aux hommes leur ethnocentrisme
- Des qualités inattendu : autre groupe ternaire de superlatif « le plus faible, le plus doux, le
plus pacifique » , trois qualités explicitées et justifiées dans la fin du paragraphe ,crée la sur-
prise et s'oppose encore à la vision européenne du roi
- faible pour éviter l’impunité, doux pour éviter la haine, pacifique pour éviter la guerre.
La pie condamne la guerre de façon très explicite comme le pire des fléaux à travers la péri-
phrase et la métaphore qui la désignent en fin de paragraphe : « le canal de toutes les injustices »
Il y a donc à la fois une critique ironique de ce que la société attend comme roi, et une proposi-
tion autre avec une nouvelle vision du monarque capable de préserver la paix.

Une république utopique idéale


1- une république démocratique.
La pie présente le fonctionnement de leur société qui semble être une république démocratique.
– On reste dans l’apologue : les oiseaux continuent à être personnifiés, un système politique
organisé selon des critères humains l 11, 17, 19, 20 : ils tiennent des « états »ils ont un
gouvernement, des élections, un roi)
– volonté du peuple : « élection », utilisation répétitive du pronom personnel « nous »+
pronom posséssif « notre », déterminants « tous » et le GN « tout le monde » : renvoie au
suffrage universel. Champs lexical du choix : « choisissons, changeons, prenons, voulons. »
– - vie politique très organisée : CC de fréquence, CC de temps l 12 « tous les 6 mois », l 17 »
chaque semaine », l 21 « la journée »
– Elle se déroule toujours dans le même lieu « au sommet d'un grand if » = Saint louis qui
donne la justice au pied d'un chêne (humour ironique)
On voit ici une proposition d'un autre modèle de société : un modèle démocratique.

2- une république pacifique aux pratiques étranges


La pie va présenté un vision de la peine de mort à la fois édulcorée et terrible !

– pacifisme /peine de mort : « mort triste »pléonasme pour avoir accusé et tué le roi à tord
champs lexical de la tragédie pour parler de la peine de mort (l 35 à 38 et 41 : triste,
lugubre, tragique...)
- Musique et chant ont un rôle péjoratif et beaucoup de pouvoir accentué par la répétition de
SI : « si lugubre, si tragique », assonance en i
- Aspect surnaturelle : La musique et le chant ont le pouvoir non de divertir et de plaire, mais
produisent des effets « psychosomatiques » qui « désordonn[ent] l’économie [des] organes
et press[ent] le cœur » jusqu’à la mort.
Dramatisation de la peine de mort avec une opposition entre la méthode qui parait propre et les
effet qui paraissent terribles, tragiques et effrayant(vers l'abolition? = il n’y a pas de bon moyen de
tuer quelqu’un)

Conclusion :
Le texte de Cyrano, apparemment plaisant et pittoresque aborde en fait des sujets très sérieux. Par le
biais d'une pie critique et d'un narrateur remis à sa place l'auteur fait un réquisitoire contre
l’intolérance, la guerre et le choix peu judicieux des monarques humains. Elle expose un autre
mode de gouvernance et une nouvelle vision de ce que doit être un roi et son rapport avec le peuple
de ce vers quoi doit aller la société en interrogeant notamment la peine de mort.
Il ouvre la voie, par sa stratégie, son humour et sa fantaisie, au conte philosophique du xviiie siècle,
comme Candide de Voltaire, et aussi au roman de science-fiction du xixe siècle avec Jules Vernes.

Vous aimerez peut-être aussi