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Jean Darrouzès

Deux textes inédits du patriarche Germain


In: Revue des études byzantines, tome 45, 1987. pp. 5-13.

Résumé
REB 45 1987 France p. 5-13
J. Darrouzès, Deux textes inédits du patriarche Germain. — Le manuscrit Mosquensis Mus. Hist. 265 contient des extraits de
deux discours du patriarche Germain Ier, qui traitaient l'un des saintes images, l'autre du blocus de Constantinople par
Souleiman ; édition avec introduction et traduction.

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Darrouzès Jean. Deux textes inédits du patriarche Germain. In: Revue des études byzantines, tome 45, 1987. pp. 5-13.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1987_num_45_1_2203
DEUX TEXTES INEDITS
DU PATRIARCHE GERMAIN

Jean DARROUZES

La révision des regestes de V. Grumel en vue de leur réimpression exige


de nombreuses vérifications dans les études spécialisées et les éditions.
Ainsi, parmi les actes du patriarche Germain, le n° 332 correspond à un
texte inédit cité d'après le catalogue de Vladimir et resté inaccessible à
l'auteur. Dans les ouvrages où le manuscrit de Moscou était cité, il n'y avait
aucune remarque sur le n° 13 de la description1. Depuis, ce manuscrit a été
utilisé pour des éditions de Jean Damascene, d'Anastase le Sinaïte, et cité
aussi pour les florilèges qu'il contient. Enfin L. Lamza a essayé de vérifier
précisément le texte attribué à Germain, mais il lui a manqué la fin du texte
(au f. 219r) pour porter un jugement sur l'ensemble2. Comme l'Institut de
recherche et d'histoire des textes dispose du microfilm complet, j'en ai
profité pour lire non seulement cette pièce, mais aussi les autres qui sont
attribuées au même patriarche dans ce manuscrit : le discours, aux
f. 218-219 ; deux extraits, aux f. 226v-227 et au f. 229V.
Commençons par le plus simple. Le troisième texte, au f. 229V, est un
extrait de la lettre à Constantin de Claudiopolis, l'œuvre principale du
patriarche sur les icônes3. La collation de ce fragment avec l'édition de
Migne, qui dépend de celle des conciles, fait apparaître l'omission de deux
mots importants (επάρσεις et πλανώμενον), qui compromet le sens des deux
phrases. Le défaut ne doit pas être propre à cet extrait, car les deux lettres

1. V. Grumel, Les regestes de 715 à 1043, 1936, p. 5. L'auteur connaissait évidemment


l'ouvrage de B. M. Melioranskij, Georgij Kiprjanin i Joann Ierusalimljanin dva maloiz-
vèstnyh borca za pravoslavie ν 8 vëkë, S. Peterburg 1901 (cité dans sa bibliographie), et
celui de E. Bratke, Das sogenannte Religionsgespräch am Hof der Sasaniden, Leipzig
1899.
2. L. Lamza, Patriarch Germanos I. von Konstantinopel (715-730), Würzburg 1975,
p. 160 n. 22 (p. 167).
3. PG 98, 184D-185AI : 'Υπέρ άπαντα δέ προνοητέον — ούκ ούσης παρ' αύτοΐς.
Revue des Études byzantines 45, 1987, p. 5-13.
6 J. DARROUZÈS

du pape Grégoire II, dont le même manuscrit est témoin4, font apparaître
des omissions assez fréquentes. Le Mosquensis, quand il peut être comparé
à d'autres, se range plutôt du côté des détériores.
Ainsi, dans le contexte de cet extrait du patriarche Germain, on constate
une anomalie plus grave de ce manuscrit. Au f. 230, après deux extraits du
concile In Trullo, est annoncé un extrait de la lettre d'Ignace aux Smyrnio-
tes : Τί γάρ με ωφελεί — γένοιτο μοι αύτων μνημονεύειν5. Les deux derniers

|
mots se trouvent en réalité au f. 233, et dans ce petit texte d'Ignace de six
ou sept lignes est enclavé un long passage du De imaginibus de Jean
Damascene6 : έν μεν γαρ τφ εύαγγελίω — τον ΰλην δι' έμέ γενόμενον,
c'est-à-dire ch. 10, 1. 5 jusqu'à ch. 14, 1. 14. Or ce passage et deux autres sont
signalés dans l'édition critique comme manquant au Mosquensis''. Cela
signifie que le modèle utilisé par le copiste avait des folios déplacés de telle
manière que les lacunes n'étaient pas trop choquantes. On ne s'étonnera
donc pas que les extraits de Germain édités ci-dessous ne soient pas de
première qualité ; ils ont sans doute passablement circulé, bien qu'il n'en
reste qu'un seul témoin.
Les deux autres textes mis sous le nom de Germain sont également des
extraits. Cependant le premier titre (f. 218), qui n'a pas l'indication
d'extrait, donne l'impression qu'il s'agit du discours entier et non d'une
partie seulement. Si c'est un discours, il lui manque les principaux éléments
du genre, ou bien les plus significatifs : exorde, péroraison, interpellation
plus ou moins concrète aux auditeurs ; l'absence des parties caractéristi
ques empêche d'ailleurs de reconnaître en toute certitude un autre genre
littéraire possible : lettre, testament, profession de foi. Le contenu équivaut
à une profession de foi et la rédaction en paragraphes ou articles brefs
convient à un document de ce genre, qui consiste généralement dans la
répétition du symbole de foi traditionnel, plus ou moins développé selon
les articles, surtout en finale où peuvent s'ajouter des paragraphes orig
inaux traitant d'une question d'actualité. Il y a plusieurs dizaines de
formules dans le répertoire des incipits grecs8, et les occasions d'émettre
une profession de foi sont si variées que le caractère et la destination du
document sont indéfinissables, lorsqu'il est tronqué et ne possède plus les

4. Édition critique par J. Gouillard, TM 3, 1967, p. 255.


5. P.-Th. Camelot, Ignace d'Antioche. Lettres, Paris 1950, p. 158Ι8-1603 = />05, 712Α9'14.
6. PG9A, 1 193-1300= Kotter, III, 988-10514 {De imag., II, 108-1414).
7. B. Kotter, Die Schriften des Johannes von Damaskos, Berlin 1975, p. 36 (n° 346 A) ;
la partie principale du De imag. II se trouve aux f. 182V-192. Il était impossible à l'éditeur
de deviner que la partie manquante subsiste partiellement aux f. 230-233 ; c'est juste
dans
1297A =cette
Kotter,
partie
103228)
que qu'avait
se trouve
remarquée
l'allusionE. au
Bratke,
patriarche
op. cit.,Germain
p. 100. exilé {PG 94,
8. Ch. Baur, Initia Patrum graecorum, II, Vatican 1955, p. 326-329. Après la victoire
sur l'iconoclasme, l'article concernant les images devient partie quasi obligatoire des
professions de foi d'ordination ou autres.
DEUX TRAITÉS INÉDITS DU PATRIARCHE GERMAIN 7

parties qui permettent de définir le genre littéraire ou diplomatique. Par


rapport au patriarche Germain il s'ensuit que la qualification de l'extrait
reste en suspens ; ce peut être un acte officiel, mais aussi un discours
ecclésiastique, c'est-à-dire une homélie ; il peut dater de la période de
gouvernement ou de la période d'exil. Une chose est certaine, c'est que
l'œuvre est authentique ; le sujet est évidemment de circonstance et il y a
deux passages identiques dans la lettre à Constantin de Nakoleia.
Le second extrait, au f. 226\ ne semble avoir jusqu'ici attiré l'attention
d'aucun érudit. Il n'est pas mentionné dans les principaux ouvrages (de
Melioranskij, Bratke, Lamza) où il aurait pu être cité. Celui qui est passé
le plus près du sujet, S. Gero, aurait eu une bonne occasion d'en tirer parti,
dans cet appendice9 où il traite des sources hagiographiques concernant le
siège de l'année 717 ; le catalogue de Vladimir cite au moins le nom de
Suleiman, mis en scène dans l'extrait comme dans le récit du Synaxaire10.
L'extrait très court de Germain n'ajoute pratiquement rien à ce récit, sinon
une expression originale et personnelle, mais il prend une certaine impor
tancelittéraire du fait qu'une homélie attribuée par la tradition au même
patriarche est considérée maintenant comme douteuse.
En publiant l'homélie de Germain", l'éditeur avait remarqué l'absence
de tout trait caractéristique concernant le siège de la capitale : aucune
allusion à l'empereur, aucune précision concernant la forme de l'interven
tion de la Vierge. Le père Grumel supposait donc que le discours avait été
prononcé quelque temps après l'événement et il proposait la date de 726,
où le début de l'iconoclasme aurait expliqué l'hostilité de l'orateur à l'égard
de Léon III devenu persécuteur des images. C'est surtout pour des raisons
stylistiques que P. Speck retire au patriarche la paternité de cette homélie12,
dont il renvoie la composition au début de la Renaissance byzantine, vers
la fin du 9e siècle ; la prose atticisante de ce texte ne s'accorde pas avec celle
du patriarche, et rien dans le contenu n'oblige à le reconnaître comme
auteur.

9. S. Gero, Byzantine Iconoclasm during the Reign of Leo III, Louvain 1973,
p. 176-189 ; voir aussi, p. 32-43, l'exposé sur le siège de 717 ; Idem, Byzantine Iconoclasm
during the Reign of Constantine V, Louvain 1977, p. 25 η. 3, sur la citation concernant
l'exil de Germain par Bratke (voir la note 7, ci-dessus). Intrigué par cette mention de
l'exil du patriarche qui paraissait appartenir à un inédit, j'ai fini par reconnaître le texte
de Damascene, mais par l'intermédiaire d'une sentence plusieurs fois reprise : Ού
βασιλέων εστί νομοθετεΐν xfj Έκκλησίςι (PG 94, 1296, première ligne du ch. 12). La
mention de l'exil de Germain est une donnée bien connue pour la datation de l'œuvre
de Damascene.
10. Synaxarium Ecclesiae Constantinopolitanae : Delehaye, p. 901-904 (le 16 août).
11. V. Grumel, Homélie de saint Germain sur la délivrance de Constantinople,
REB 16, 1958, p. 183-205 ; ce discours est assigné par les manuscrits soit à la fête de
l'Acathiste (5e samedi de Carême), soit au jour de la Dormition (15 août).
12. P. Speck, Klassizismus im achten Jahrhundert ? Die Homélie des Patriarchen
Germanos über die Rettung Konstantinopels, REB 44, 1986, p. 209-227.
δ J. DARROUZES

Quelle que soit l'origine exacte de l'homélie, il est possible que l'attribu
tion à Germain repose sur l'existence d'un récit authentique du siège de
7 17. Il n'y a en effet aucune objection contre les autres extraits du Mosquen-
sis, qui atteste au moins deux œuvres inconnues du même patriarche, en
plus de celles qui furent conservées grâce au florilège du septième concile.
La qualité de la collection n'est en rien compromise par la médiocrité
relative de la copie, car les pièces recueillies sont de première main et
parfois uniques, comme la Νουθεσία γέροντος éditée par Melioranskij,
dont la valeur documentaire est bien démontrée ; ce texte, qui a influencé
la rédaction de YAdversus Constantinum Caballinum^ ', représente une
information antérieure à l'an 741.
Le catalogue de Vladimir n'a pas cité le terme principal qui définit le
texte d'où est tiré l'extrait ; la seconde partie du titre relative à Suleiman
suffisait sans doute à susciter la curiosité, mais si la première partie (εις τον
άποκλεισμόν) avait été relevée dans le catalogue, elle aurait pu conduire
plus sûrement le lecteur à l'identification du contenu. Comparé à l'homélie,

13. B. M. Melioranskij, op. cit., p. 1-15 (cast 2) ; S. Gero, op. cit. (Constantine V),
p. 25-36.

Le bienheureux Germain, patriarche de Constantinople, discours sur les


très vénérées et saintes icônes.

Gardant la bonne tradition des célèbres apôtres et des six vénérables


conciles, nous adorons une Trinité consubstantielle, Père, Fils et Esprit
saint, unique divinité, pouvoir et puissance, en laquelle nous avons été
baptisés et nous avons cru.
Ensuite nous confessons l'existence charnelle sur terre de l'un de la
sainte Trinité notre Seigneur Jésus-Christ, le vrai Dieu, proclamant sa
naissance du Père avant les siècles, confessant en même temps sa naissance
dans les derniers temps, pour le salut de notre race, de l'immaculée et
vraiment Mère de Dieu, qu'il a maintenue dans sa virginité après l'enfan
tement par l'immutabilité propre de la divinité ; car nous la vénérons et la
glorifions pour être devenue la Mère de Dieu ; par le culte même que nous
lui adressons, ayant confiance qu'elle est notre défense et notre protect
ion1...
De plus nous vénérons et honorons comme dignes et authentiques amis
de Dieu ceux qui lui ont plu depuis le début, prophètes, apôtres, martyrs,

1 . Il y a sans doute une lacune, mais on peut mettre le participe à un mode personnel.
DEUX TRAITÉS INÉDITS DU PATRIARCHE GERMAIN 9

l'extrait est dans un rapport inverse avec l'événement : d'une part l'empe
reur est mentionné avec son qualificatif protocolaire et comme ayant eu
part à la défaite arabe, d'autre part l'intervention de la Vierge est rapportée
avec des détails qui dénotent un témoignage direct. Laissons ce regard
vengeur que seul le cheval avait subi ; les tractations avec l'empereur, la
permission de visiter la ville, le prêt d'un cheval des écuries impériales, la
confusion du barbare après sa chute de cheval ne sont pas de pure
rhétorique, mais apportent des nuances concrètes au récit du Synaxaire.
L'extrait appartenait certainement à un récit plus développé, qui pouvait
lui-même entrer dans diverses compositions. Le terme αποκλεισμός n'est
pas courant pour désigner le blocus d'une ville ; du moins ce n'est pas le
terme retenu par le Synaxaire qui annonce seulement une « commémorai-
son de la philanthropie de Dieu », alors qu'en d'autres cas, par exemple les
séismes, le terme concret figure dans les titres. Les homélies du patriarche
ne contiennent pas d'allusions à l'actualité qui pourraient suggérer l'origine
du récit sur le siège, de sorte qu'il faut se fier uniquement au titre de copie
et à la vraisemblance du contenu pour reconnaître l'authenticité de l'attr
ibution.

Τοϋ μακαρίου Γερμανοο πατριάρχου Κωνσταντινουπόλεως λόγος περί των


πανσέπτων και άγιων εικόνων.

Την καλή ν παρακαθήκην φυλάττοντες των πανευφήμων αποστόλων και


των εξ σεβασμίων συνόδων, προσκυνοϋμεν Τριάδα όμοούσιον, Πατέρα
και Υίόν και άγιον Πνεϋμα, μίαν θεότητα και έξουσίαν καί δύναμιν, εις
ην καί βεβαπτίσμεθα καί πεπιστεύκαμεν.
5 Μετά τοϋτο δέ όμολογοϋμεν καί την τοϋ ενός της αγίας Τριάδος
Κυρίου ήμων ΊησοΟ Χρίστου, τοϋ άληθινοϋ Θεοϋ, γεναμένην ενσαρκον
οίκονομίαν έπί της γης, τήν γέννησιν αύτοϋ την έκ Πατρός πρό αιώνων
κηρύττοντες καί τήν έπ' εσχάτων δια σωτηρίαν τοϋ γένους ήμων έκ τής
παναμώμου καί άληθως Θεοτόκου συνομολογοϋντες, ήντινα τη ιδία της
10 θεότητος άτρεψία συνετήρησεν μετά τόκον είς παρθενίαν σέβομεν γαρ
ταύτην καί μεγαλύνομεν ως μητέρα τοϋ Θεοϋ γεναμένην δι' αυτής γαρ
τής προς αυτήν τιμής προστασίαν καί σκέπην ήμων θαρροϋντες ύπάρχειν...
Έπί τούτοις ώς άξιους καί γνησίους φίλους τοϋ Θεοϋ τους άπ' αιώνος
αύτω εύαρεστήσαντας προφήτας, αποστόλους, μάρτυρας, πατέρας
15 σεβόμεθα καί τιμωμεν, διδασκόμενοι έκ τοϋ μεγάλου διδασκάλου καί

Codex : Mosquensis Mus. hist. 265 ( = M), f. 218-219


1 φυλάσσωντες Μ (ω/ο et alia orthographica tacite correxi) 8 αίσχάτων M
12 ύπάρχην M deinde lacuna (vel lege θαρροϋμεν)
10 J. DARROUZÈS

pères, selon l'enseignement du grand docteur et évêque Basile, qui déclare :


« L'honneur décerné à nos compagnons de servitude donne la preuve de
nos bons sentiments à l'égard du maître commun. »
Au sujet des images nous dirons ceci : fixant le regard sur la représenta
tion — pour en parler en premier — de celui qui s'est fait homme pour
notre rachat, le vrai Dieu, nous sommes frappés d'une grande stupeur nous
rappelant avec respect l'incarnation de Dieu sur terre dans le (Christ)2
selon la miséricorde infinie de (Dieu). En formant aussi l'image de celle qui
l'a engendré, notre Dame pure et toujours vierge mère de Dieu, au-delà de
toute imagination, nous l'imaginons comme demeure très sainte de Dieu,
elle seule qui a paru sur terre toute sainte pour avoir reçu la grâce de
devenir mère de Dieu et avoir dépassé aux cieux les êtres spirituels par
nature.
Quant à ceux qui se sont montrés serviteurs de Dieu par des bonnes
œuvres et des actes de piété, en représentant leur image, nous concevons
leur opposition irréductible à l'ennemi invisible ; tout en vivant dans un
corps mortel, ils ont vaincu l'ennemi et confondu le diable, après avoir
éteint les passions de la chair et, par le détachement du sang < versé > dans
le combat pour la vérité, avoir étouffé leur erreur en s'exposant eux-
mêmes3. Tournant en effet le regard vers l'image de chaque saint, nous
n'adressons pas de culte à la planchette ou aux couleurs, mais nous
destinons l'honneur à l'empreinte pieuse qui apparaît ; par référence à ce
mot de l'Apôtre : « quoique absent de corps, je suis présent en esprit »,
c'est par la foi que nous adressons ce culte aux saints eux-mêmes. Nous ne
disons pas les (honorer) comme dieux, même si nous les honorons comme
tels, mais comme saints du Dieu très haut et jouissant auprès de lui d'un
grand crédit, car nous en retirons toute sorte de miracles par l'invocation
de notre Dieu qui comporte l'énoncé de leur nom.

Notre saint père Germain, patriarche de Constantinople, extrait de son


discours sur le blocus, au sujet de Souleiman.

Souleiman répondit, portant sur la langue une douceur trompeuse (pour)


parler au très pieux empereur (qui, les yeux fixes, trempait de larmes sa

2. Il semble que έν αύτφ représente τον χαρακτήρα (1. 19) ou la forme humaine du
Christ dans laquelle Dieu s'incarne.
3. Le verbe ριφήσασθαι est supposé (au début du f. 219) plutôt que lu en entier ; les
deux premières lettres sont douteuses, car on peut lire νη- qui n'offre aucun sens ;
inversement on lit sans aucune hésitation άποπνίξαντες ; en liaison avec le sang versé,
j'ai pensé à une correction νίψασθαι, άπονίψαντες : « s'étant purifiés de leur erreur en
se purifiant eux-mêmes (par le sang versé) ».
DEUX TRAITÉS INÉDITS DU PATRIARCHE GERMAIN 1 1

άρχιποίμενος τοϋ Βασιλείου λέγοντος' διότι ή προς τους αγαθούς τών


όμοδούλων τιμή άπόδειξιν έχει τής προς τόν κοινόν δεσπότην εύνοιας.
Περί δέ τών εικόνων έροΟμεν, οτι ατενίζοντες — ϊνα έν πρώτοις
εϊπωμεν — είς τόν χαρακτήρα τοϋ δια την ήμετέραν άπολύτρωσιν
20 ένανθρωπήσαντος άληθινοϋ ΘεοΟ, ύπερεκπληττόμεθα, τήν κατά πολλήν
αύτοϋ εύσπλαγχνίαν έν αύτω έπί γης Ενσαρκον ένδημίαν φόβω άνα-
μιμνησκόμενοι. Καί τον χαρακτήρα δέ της αυτόν τεκούσης άγνης καί
άειπαρθένου δεσποίνης ήμων Θεοτόκου υπέρ πασαν εννοιαν άνιστο-
ροϋντες, ώς Θεοϋ πανάγιον οΐκητήριον έννοοΟμεν, μόνην έπί γης φανεΐ-
25 σαν πάναγνον, ώς Θεοϋ άξιωθεϊσαν γενέσθαι μητέρα καί έν ούρανοΐς τάς
νοερας φύσεις ύπερβασαν.
Των δέ δι' έργων αγαθών καί ευσεβών κατορθωμάτων άναδειχθέντων
τοϋ Θεοϋ θεραπόντων τους χαρακτήρας ίστοροϋντες, κατανοοϋμεν τήν
άήττητον αυτών κατά τοϋ αοράτου έχθροϋ άντιπαράταξιν, οτι έν σώματι
30 θνητω τελοϋντες τον έχθρόν ένίκησαν καί κατήσχυναν διάβολον, τα πάθη
της σαρκός καταργήσαντες καί τη άσυμπαθεία τών αιμάτων των δια της
υπέρ άλήθειαν αθλήσεως <έκχυθέντων> έν τω ριφήσασθαι εαυτούς
άποπνίξαντες τήν πλάνην αύτων. 'Αποβλέποντες γαρ είς εκάστου αγίου
εικόνα, ού τό σέβας προσφέρομεν τω σανιδίω ή τοις χρώμασιν, άλλ' είς
35 τόν φαινόμενον εύσεβη χαρακτήρα άνάγομεν τήν τιμήν γινώσκοντες
λέγοντα τον Άπόστολον οτΓ ει καί απών τφ σώματι, άλλα παρών τφ
πνεύματι, καί πίστει αύτοϊς τοις άγίοις τό σέβας τοϋτο προσφέρομεν. Ού
γαρ λέγομεν ώς θεούς, εί ώς τοιούτους αυτούς σέβομεν, άλλ' ώς αγίους
τοϋ Θεοϋ υψίστου καί πολλήν παρρησίαν παρ' αύτοϋ λαβόντας, δια της
40 έν τη προσηγορία τοϋ ονόματος αύτων επικλήσεως τοϋ Θεοϋ ήμων
απολαύοντες παντοίας θαυματουργίας.

16-17 Basilius, In XL martyres : PG 31, 508 (cf. Epistola ad Constantinum Nacoliae :


PG 98, 184) ; Joannes Damascenus, In sanctas Imagines : PG 94, 1265 = Kotter, III, p. 150
17 εύνοιας Basilius : συννενοίας M 21 αύτοϋ, έν αύτω amphibologice (Germanus ?)
32 έκχυθέντων supplendum videtur 32-33 ριφήσασθαι, άπονίψαντες vide notam
36-37 I Cor. 5, 3 38 θεούς cf. άλλ' ουδέ θεόν τίνα τών αγίων ανδρών καλεΐν άνεχόμεθα
(PC 8, 181 D)

Τοϋ οσίου πατρός ημών Γερμανοϋ πατριάρχου Κωνσταντινουπόλεως έκ τοϋ


λόγου είς τόν άποκλεισμόν περί τοϋ Σουλεημαν.

Ό τε Σουλεημαν ύπεκρίνατο, γλυκύ δέλεαρ έν γλώσση φερόμενος τω


πιστοτάτω λαλησαι βασιλεϊ, δάκρυσιν άκινήτοις όφθαλμοΐς τήν προς

Codex : Μ, f. 226v-227
12 J. DARROUZÈS

pourpre, tout en priant Dieu)4. D'au-delà, le barbare arriva sur la rive du


côté de la ville ; on lui amena un cheval très doux, habitué à la selle
impériale5, et il s'avançait à cheval jusqu'à la porte. Mais la Vierge
représentée au-dessus de la porte lança un saint regard, comme sorti, je
pense, de l'image elle-même, et interdit au cheval de porter le blasphémat
eur ; alors, comme frappé aux naseaux par un fouet invisible, se dressant
sur ses deux pattes arrière, il tentait de jeter à terre l'émir, mais celui-ci
descendit d'abord rapidement, couvert de honte à la pensée de franchir la
porte de la Dame non pas en maître, mais d'un pas d'esclave ; c'est ainsi
qu'il s'en revint sans avoir rien obtenu, tandis que l'indignation impériale
chassait le fourbe. A celui qui nous a favorisés ainsi, notre vrai Dieu, grâce
et gloire pour les siècles des siècles, amen.

4. La traduction est impossible à cause d'une lacune qui disloque la phrase ; la


mention de la pourpre signifie en tout cas que le participe (génitif) se rapporte à une
action de l'empereur (datif).
5. Aucun emploi de καθέδρα (par exemple dans le De Cerimoniis) ne supporte cette
application à la selle de cheval. Si de nouveau le texte est corrompu et que le participe
έκδιδαγμένου se rapporte en fait à Suleiman, on comprendrait : « on lui amena un cheval
très doux et, renseigné sur la résidence impériale, il s'avançait. » Cet emploi du terme
serait encore rare et un peu forcé. On ne sait à quel point du rivage, ni à quelle porte
aboutit le visiteur.
DEUX TRAITÉS INÉDITS DU PATRIARCHE GERMAIN 13

Θεόν Ικεσίαν την έαυτοϋ καταβρέχοντος πορφύραν. Πέραθεν έπί την


οχθαν της πόλεως ήλθεν ό βάρβαρος* ϊππου δε προσαχθέντος αύτω
5 πραότατου, προς βασιλικήν καθέδραν έκδιδαγμένου, μέχρι ττ)ς πύλης
έφιππος ήρχετο. Ή δε της πύλης άνωθεν εγγεγραμμένη Παρθένος, ώς έξ
αύτης γραφής, ώς οΐμαι, το τίμιον βλέμμα σαλεύσασα, άπένευσεν τω ϊππω
βαστάζειν τον βλάσφημον όθεν, ώς άπό μάστιγος αοράτου τό ράμφος
τυπτόμενος, δυσίν τε ποσίν όπισθίοις όρθούμενος, προσρίπτειν τί} γη τον
10 άμηραν έθρασύνετο, ει μή τάχυ προκατέβη, κατακαλυφθείς έντροπη την
διάνοιαν, ϊνα μή δεσποτικφ άλλα δουλικφ ϊχνει την της Δεσποίνης πύλην
πεζεύστρ διό δε άπρακτος έξηλθεν, βασιλικής άγανακτήσεως διωκούσης
τον δόλιον. Τω δε οϋτως ευδοκήσαντι άληθινφ Θεω ημών χάρις και δόξα
εις τους αιώνας των αιώνων, αμήν.

3 καταβρέχοντος Μ (βασιλεΐ ? aliquid déesse videtur) II πέρωθεν Μ 4 οχθαν sic etiam


Apophthegmata Patrum (cf. Ducange) 5 βασιλεικήν καθαίδραν Μ

Jean Darrouzès
Institut français d'Études byzantines

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