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Nous considérons trois États, l’État A, l’État B, et l’État C, respectivement

partie à la Convention internationale contre la prise d’otage de 1979. Celle-ci ayant


pour dessein l’élaboration et l’adoption de mesures destinées à prévenir, réprimer et
punir tous les actes de prise d’otage en tant que manifestations du terrorisme
international. L’État A accompagne son adhésion à la Convention d’une déclaration
écrite émettant des réserves vis-à-vis de plusieurs articles. Ainsi respectivement au
paragraphe 2 de l’article 16, il affirme ne pas être lié aux dispositions du paragraphe
1 du même article, soit un recours à la négociation et l’arbitrage en cas de différents
entre deux ou plusieurs états quant à l’interprétation ou l’application de la
Convention. De plus, il déclare que le paragraphe 2 de l’article 6 ne crée aucune
obligation de notification, au sujet de la détention ou l’adoption d’autres mesures
envers l’auteur présumé de l’infraction, dans la mesure où l’état jugerait que ses
impératifs de sécurité nationale font obstacle à une telle notification. Finalement,
l’État A considère que le paragraphe 1 de l’article 8 de la Convention permet aux
« autorités compétentes de ne pas soumettre l’affaires aux autorités judiciaires pour
qu’elles engagent des poursuites pénales si les lois sur la sécurité nationale et la
détention préventive sont appliquées à l’auteur présumé de l’infraction ». Cette
déclaration émise par l’État A produit des effets de droit dans la mesure où
l’application de la Convention au regard de ces réserves diffèrera des États qui n’en
émettent aucune, et modifiera les rapports de l’État A aux autres États parties. Les
États B et C, parties au même rang que l’État A, réagissent aux réserves de ce
dernier. En effet, l’État B déclare ne pas être en mesure d’accepter ces réserves.
Quant à lui l’État C, fait objection à la réserve de l’État A, notamment en ce qui
concerne le paragraphe 1 de l’article 8. Néanmoins, cette objection ne vient pas
rendre impossible l’entrée en vigueur de la Convention entre ces deux états.

Lors de son adhésion à la Convention internationale contre la prise d’otage de


1979, l’État A émet dans une déclaration écrite, des réserves vis-à-vis de certains
articles, visant à dans son cas à en modifier l’application. Alors contractant l’État A
produit au travers de cette déclaration des effets de droit auxquels les autres états
parties seront confrontés dans la mesure où cette Convention revêt une dimension
multilatérale. Selon la Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969,
l’émission de réserves au moment de signer, ratifier, accepter ou approuver un traité
est possible. En ce sens, au regard des réserves émises par l’État A, les obligations
conventionnelles de celui-ci sont modifiées.

À la suite des réserves émises par l’État A, il conviendra de déterminer les


contours de ses obligations conventionnelles, d’une part à l’égard de l’État B, puis de
l’État C et enfin à l’égard de tout autre État qui, partie à la Convention n’aurait pas
réagi à la déclaration de l’État A.

Pour cela, il conviendra de s’appuyer sur différents documents de droit. Dans


un premier temps nous nous réfèrerons à la Convention internationale contre la prise
d’otages du 17 décembre 1979 et entrée en vigueur le 3 juin 1983, précisément aux
articles faisant l’objet de réserve par l’État A, soit les articles 6, 8 et 16. En ce sens, il
conviendra de prendre en compte la déclaration de l’État A, ainsi que les réactions
des États B et C, afin de connaître leurs dispositions à accepter ou non les réserves
de l’État A, et de connaître les obligations les liants. Nous nous réfèrerons aussi à la
Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969, dont les articles 19 à 23
portent sur les émissions de réserves et leurs conditions de légalité. Bien que les
États A, B et C ne soient pas partie de cette convention, nous pouvons considérer
qu’elle dispose d’une portée importante et fait part de la coutume. Les effets de droit
qu’elle produit sont donc généralisés, et effectifs d’autant plus que ces États, sont
signataire d’un traité soumis indirectement à cette Convention de Vienne.

Définition des obligations conventionnelles de l’État A à l’égard de l’État B.

Lors de son adhésion à la Convention internationale contre la prise d’otages


de 1979, l’État A, a émis des réserves au travers d’une déclaration écrite quant à
trois articles (articles 6, 8 et 16). L’État B conteste ces positions notamment en ce
qui concerne l’article 6.2, et déclare ne pas être en mesure d’accepter ces
réserves.
Nous considérons que les États parties de la Convention internationale contre
la prise d’otages, bien que n’étant pas partie de la Convention de Vienne, se
trouve indirectement soumis à celle-ci. En effet, nous pouvons affirmer que cette
convention relative aux droits des traités est érigée au rang de coutume et produit
ainsi des effets de droit généralisés. D’autant plus que les États prennent part à
des traités, compris dans le champ d’efficacité de la Convention de Vienne. Nous
nous référons donc à cette convention afin de définir les contours de la
responsabilité conventionnelle de l’État A.
La formulation de réserve vient à modifier les obligations conventionnelles
entre les États contractant. Bien que l’État B ait formulé une objection face aux
réserves de l’État A, il n’a pas émis l’intention d’empêcher l’entrée en vigueur du
traité entre ces deux parties (article 20.4). Néanmoins les réserves ont bien des
effets juridiques selon l’article 21, en effet, elles modifient « dans ses relations
avec cette autre partie les dispositions du traité sur lesquelles portent la
réserve ». D’autre part, quand un État formule une objection à une réserve mais
ne s’oppose pas à l'entrée en vigueur du traité « les dispositions sur lesquelles
porte la réserve ne s'appliquent pas entre les deux États, dans la mesure prévue
par la réserve » (article 21.3). Cela ne modifie cependant pas les rapports entre
les autres parties (article 21.2).
Au regard de la coutume et des différentes déclarations exprimées par les
États, nous pouvons affirmer que la Convention internationale contre la prise
d’otage rentre bien en vigueur entre l’État A et l’État B, puisque ce dernier ne s’y
est pas opposé clairement. Nonobstant, les dispositions sur lesquelles portent les
réserves ne s’appliquent pas entre les deux parties. De fait, comme prévu par la
réserve pour l’article 6, l’État A ne se trouvera pas dans l’obligation de notifier
l’État B au sujet de la détention ou l’adoption d’autres mesures envers l’auteur
présumé de l’infraction, s’il juge que ses impératifs de sécurité nationale font
obstacle à une telle notification. Ainsi, les obligations conventionnelles de l’État se
voient changées par ses réserves à l’égard de l’État B.

Définition des obligations conventionnelles de l’État A à l’égard de l’État C.

Au regard de la déclaration exprimée par l’État A, l’État C juge les réserves


contraires à la dimension multilatérale, l’objet et le but de la Convention, en
appyant son objection sur la Convention de Vienne sur le droit des traités.
Cependant, nous pouvons déclarer que l’État A est en droit d’émettre des
réserves selon l’article 19 de la Convention de Vienne, dans la mesure où celles-
ci sont formulées au moment d’adhérer au traité, et ne sont pas contraires avec
l’objet et le but du traité. En effet, les réserves de concernent pas des articles
portant sur le fond, ou des mesures centrales, ce sont des articles relatifs à
l’application des mesures, et la primauté de la souveraineté nationale (objectifs et
sécurité nationale comme priorité). De plus, une réserve n’a pas à être
expressément acceptée par les autres États contractants selon l’article 20.1.
Néanmoins, il est impératif que les réserves ne soient pas interdites par le
traité (article 19). En ce qui concerne la réserve relative à l’article 16, il n’y a pas
de difficulté. La réserve sur l’article 8 elle, pose davantage plus de problème et
c’est en cela que l’État C formule une réelle objection. En effet bien qu’il ne soit
pas mentionné dans l’article 8 que les réserves soient interdites, il est mentionné
que « l'État partie sur le territoire duquel l'auteur présumé de l'infraction est
découvert, s'il n'extrade pas ce dernier, soumet l'affaire, sans aucune exception,
et que l'infraction ait été ou non commise sur son territoire, a ses autorités
compétentes pour l'exercice de l'action pénale selon une procédure conforme à la
législation de cet État ». Nous pouvons comprendre, par « sans aucune
exception » qu’aucune réserve ne sera admise.
L’objection portant sur les réserves relatives aux articles 6 et 8, tend à former
une situation proche de celle entre l’État A et B. En effet, au regard de la coutume
et des différentes déclarations exprimées par les États, nous pouvons affirmer
que la Convention internationale contre la prise d’otage rentre bien en vigueur
entre l’État A et l’État C, comme souhaité par ce dernier. Cependant, les
dispositions sur lesquelles portent les réserves ne s’appliquent pas entre les deux
parties.

Définition des obligations conventionnelles de l’État A à l’égard de tout autre État qui
n’aurait pas réagi à sa déclaration.

À l’instar des autres cas, les réserves émises par l’État A sont formulées à l’égard
des articles 6, 8 et 16. Celles rédigées contre les articles 6 et 16 se trouvent être
valides, mais nous avons vu que la réserve rédigée vis-à-vis de l’article 8 ne saurait
être admise puisqu’indirectement interdite par la Convention. Ici, non tentons de
définir les obligations conventionnelles de l’État A à l’égard des États n’ayant pas
réagi à la déclaration. En effet, bien que deux États parties aient formulé des
objections, celles-ci n’ont d’effets juridiques qu’entre les deux parties concernées soit
l’État A et l’État B ou C, comme nous pouvons le constater dans l’article 21.3 de la
Convention de Vienne sur le droit des traités : « Lorsqu'un État qui a formulé une
objection à une réserve ne s'est pas opposé à l'entrée en vigueur du traité entre lui-
même et l'État auteur de la réserve, les dispositions sur lesquelles porte la réserve
ne s'appliquent pas entre les deux États, dans la mesure prévue par la réserve ».
En prenant en compte que les objections des États B et C n’aient pas d’effets
juridiques sur les rapports entre l’État A et les États n’ayant pas formulé de réaction à
ses réserves, non considérons qu’elles se voient acceptées. En effet, en vertu de la
Convention de Vienne sur le droit des traités, nous pouvons avancer que si des
réserves sont formulées dans le cadre des règles de droit et qu’aucune objection
n’est exprimée, alors les réserves sont acceptées et la convention peut entrer en
vigueur : « Aux fins des paragraphes 2 et 4 et à moins que le traité n'en dispose
autrement, une réserve est réputée avoir été acceptée par un État si ce dernier n'a
pas formulé d'objection à la réserve soit à l'expiration des douze mois qui suivent la
date à laquelle il en a reçu notification, soit à la date à laquelle il a exprimé son
consentement à être lié par le traité, si celle-ci est postérieure » (article 20.5). De fait,
la non-expression de ces États à une valeur de validation, d’acceptation, dans la
mesure où toute prise de position se doit d’être réalisée par écrit comme mentionné
dans l’article 23.1 : « La réserve, l'acceptation expresse d'une réserve et l'objection à
une réserve doivent être formulées par écrit et communiquées aux États contractants
et aux autres États ayant qualité pour devenir parties au traité. ».
En ce sens, l’État A voit ses obligations conventionnelles changées suivant ses
réserves. Il ne sera ainsi pas soumis ou alors de manière partielle comme il a pu le
formuler aux articles 6 et 16 dans ces rapports aux autres États. Néanmoins, nous
pouvons imaginer que ses réserves pour l’article 8 ne seront pas acceptées à l’instar
de la situation avec l’État C, il sera de fait tenu à l’application stricte de cet article
dans ses rapports avec tous les États n’ayant pas formulés d’objection.

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