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C3051 Version Élève Version Janv 2017
C3051 Version Élève Version Janv 2017
1. Les institutions
Le pouvoir est exercé au Luxembourg par plusieurs institutions dans le but d’éviter
l’arbitraire et de protéger les citoyens, c’est le principe de la séparation des pouvoirs.
Conformément à ce dernier, aucune de ces institutions n’exerce l’ensemble des
prérogatives et chacune se contrôle mutuellement.
Ces institutions sont le Grand-Duc, La Chambre des députés, le Gouvernement, le Conseil
d’Etat, les Communes, Les Etablissements Publics, la Force Publique.
Ces institutions sont les piliers du Luxembourg pris comme un Etat.
La Naissance de cet Etat s’est fait au cours de plusieurs étapes dont il est intéressant de
faire un rappel historique.
963 : Création du Comté de Luxembourg par Sigefroy, comte des Ardennes qui acquière
les ruines d’un vieux fort romain appelé Castellum Lucilinburhuc appartenant aux moines
de l’abbaye Saint Maximin de Trèves.
1354 : Charles IV du Saint Empire Romain élève le Luxembourg au rang de Duché.
1443 : Le Luxembourg passe sous la coupe des Ducs de Bourgogne en la personne
Philippe III dit le Bon.
1506 : Le Luxembourg devint l’une des Dix-sept Provinces qui appartiennent à Charles
QUINT et passe à la branche espagnole des Habsbourg lorsque ce dernier abdiqua.
1659 : Le Traité des Pyrénées entraîne la cession à la France du sud du pays avec les
villes de Thionville et Montmédy.
1714 : Le Traité de Rastatt fait du Luxembourg un territoire autrichien.
1795 : Suite à la Révolution Française, la France reprend le Luxembourg aux Habsbourg
et en fait le Département des Forêts.
1815 : Suite à la défaite de Napoléon et au Congrès de Vienne, Le Luxembourg devient
Grand-Duché, Etat indépendant, membre de la Confédération Germanique mais doit céder
les rives droites de la Moselle et de la Sûre à la Prusse. Guillaume 1er, roi des Pays-Bas en
devient le Grand-Duc.
1839 : Par le Traité de Londres ou des XXIV articles, Guillaume 1 er reconnaît
l’indépendance du pays mais le partage entre la Belgique et les Pays-Bas.
1867 : Le Traité de Londres fait du Luxembourg un pays neutre (la neutralité est
abandonnée lors de l’adhésion en 1949 à l’OTAN).
1848 : Le Luxembourg se dote d’une constitution dont les grands principes actuels sont
présents à savoir : séparation des pouvoirs, monarchie constitutionnelle, régime
parlementaire, mais avec la particularité que ce régime ne fonctionne qu’avec une chambre,
la Chambre des députés.
1868 : Cette constitution est toujours en vigueur, la différence essentielle par rapport à celle
de 1848 se trouve dans le fait qu’une loi est désormais adoptée après un second vote de
la Chambre des députés, se réalisant au plus tôt 3 mois après le 1er vote sauf si la Chambre
des députés décide de s’en dispenser avec l’accord du Conseil d’Etat.
1890 : L’avènement du Grand-Duc Adolphe marque la fin de l’union personnelle entre les
Pays-Bas et le Luxembourg. En effet, en 1890 Guillaume III décède sans descendance
mâle et en vertu d’un contrat d’héritage passé en 1783 entre les branches Ottoniennes et
Walramiennes de la maison de Nassau, le Grand-Duché passe à la maison de Nassau-
Weilburg. Le Luxembourg et les Pays bas ont donc à partir de 1890 des souverains
différents.
Pour être complet, il faut rappeler que l’article 3 de la Constitution du 17 Octobre 1868
affirme le caractère héréditaire de la Couronne du Grand-Duché dans la famille de
NASSAU.
Le Grand-Duc de Luxembourg peut accéder au trône à sa majorité qui est conformément
à l’article 5 de la Constitution fixée à 18 ans.
Dans le cas où à la mort du Grand-Duc, son successeur est encore un mineur, un Régent
est désigné selon les règles du pacte de la Famille de NASSAU.
Suivant cette Constitution, la première institution du Luxembourg est le Grand-Duc. La
Constitution confère au Grand-Duc des Fonctions et des Attributions.
Le Grand-Duc
Le Grand-Duc ayant titre Son Altesse Royale est le Grand-Duc Henri, fils aîné du Grand-
Duc Jean et de la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte de Luxembourg, décédée en
2005: Il est né le 16 avril 1955 à Betzdorf.
Il est marié depuis le 14 février 1981 à Maria Teresa Mestre qui lui a donné 4 fils et une fille
à savoir le Prince Guillaume, né le 11 novembre 1981, le Prince Félix né le 3juin 1984, le
Prince Louis né le 3 août 1986, la Princesse Alexandra, née le 16 février 1991, le Prince
Sébastien, né le 16 avril 1992.
Le Grand-Duc dispose d’une dotation, la liste civile, fixée une fois pour toute et de l’usage
de biens immobiliers à savoir le Palais Grand-ducal à Luxembourg–Ville et le Château de
Berg.
Il est à noter que la liste civile pour l’année 2009 s’est élevée à 1.040.320 €.
Le Grand-Duc est amené tout au long de son règne à exercer des Fonctions et des
Attributions telles que définies par la Constitution.
1.2.1. Fonctions
Chef de L’Etat
A l’instar de la Commission des Institutions et de la Révision constitutionnelle de la
Chambre des députés ‘(4, 32, 33,34 de la Constitution) il est possible de dégager 3
fonctions liées à sa qualité de Chef de l’Etat :
- Le Grand-Duc exprime l’identité, la représentation du pays, et symbolise l’unité et la
permanence de l’Etat : c’est dans ce cadre qu’il fait les traités, déclare la guerre, la
cessation de la guerre, accrédite les ambassadeurs.
Chef de l’Exécutif
Aux termes de l’article 33 de la Constitution, le Grand-Duc exerce le pouvoir exécutif
conformément à la Constitution et aux lois du pays.
Le pouvoir exécutif doit exécuter les lois c'est-à-dire les promulguer, les porter à la
connaissance des citoyens par le biais de la publication, in fine prendre des règlements
pour assurer cette exécution.
L’exécution des Lois s’opère par la promulgation et la publication des lois (article 34 et 112
de la Constitution) d’une part, et d’autre part, par l’exercice du pouvoir réglementaire
(articles 36, 37, 76 alinéa 2 de la Constitution).
Promulgation et publication des Lois
- Promulgation : Selon la Cour d’Appel, dans un arrêt en date du 14 février 1928
(Pas.11, pp ; 389 et 390) la promulgation se définit comme « l’acte par lequel le Chef
d’Etat atteste au corps social l’existence de la loi et en ordonne l’exécution ».
La promulgation confirme le contenu de la loi comme en étant conforme au texte voté
par les parlementaires.
Sans la promulgation et la publication, la loi n’entre pas en vigueur et reste inopposable
aux personnes physiques et morales.
La promulgation de la loi se traduit par la formule « Mandons et ordonnons que la
présente loi soit insérée au Mémorial pour être observée et exécutée par tous ceux que
la chose concerne ». Elle doit intervenir dans les trois mois.
- Publication : la publication de la loi se fait par le Mémorial, qui est le journal officiel du
pays.
La loi prend effet 4 jours après sa publication (le jour de publication est également
décompté dans ce délai de 4 jours).
1.2.2. Attributions
Ce sont les droits régaliens, c'est-à-dire les prérogatives qui, dans une monarchie absolue,
sont attachées à la souveraineté princière et qui, dans une démocratie, sont conférées par
la Constitution au Chef de l’Etat.
Le droit de grâce (article 38 de la Constitution)
L’exercice du droit de grâce se définit comme la remise totale ou partielle ou la commutation
des peines prononcées par les juridictions pénales. Cependant cette remise ou cette
commutation de la peine n’efface pas l’infraction et l’inscription au casier judiciaire.
Cette mesure de clémence est proposée par le Ministre de la Justice avec son contreseing
et après avoir entendu la commission des grâces près du Ministère de la justice.
Le droit de battre monnaie (article 39 de la Constitution)
C’est le pouvoir législatif qui ordonne l’émission de la monnaie ; cependant le Grand-Duc a
le privilège de faire battre monnaie à son effigie.
Ce droit a quelque peu été érodé par l’adoption du Franc belge par le Luxembourg comme
monnaie commune en 1921 puis par l’avènement de l’Euro en 2002.
Le Gouvernement
Du point institutionnel, le Gouvernement est l’organe du pouvoir exécutif qui est entre les
mains du Grand-Duc aux termes de l’article 33 de la Constitution.
Le Gouvernement est formé à l’issue des élections législatives. En effet, il est d’usage que
le Premier Ministre d’un gouvernement sortant présente sa démission au Grand-Duc.
Le Grand-Duc désigne alors un premier ministre issu de la majorité parlementaire qui sera
libre ensuite de chercher ses ministres toujours en accord avec sa majorité parlementaire.
Le gouvernement actuel issu des élections du 7 juin 2009, sous la présidence de Jean-
Claude Juncker, est un gouvernement de coalition entre le Parti chrétien-social (CSV) et le
Parti ouvrier socialiste luxembourgeois (LSAP).
Le gouvernement est composé d’un Premier Ministre, Vice-Premier ministre, de 13
ministres lesquels assument les missions d’initier des projets de lois et de préparer les
budgets.
- forme le gouvernement : le premier ministre choisit ses ministres parmi les forces
politiques en présence. Les Ministères sont répartis entre partis politiques composantes
de la majorité parlementaire et suite à des négociations entre eux.
- préside le Conseil de Gouvernement : le gouvernement délibère en conseil sur toutes
les affaires devant être soumises au Grand-Duc.
En tant que président le Premier Ministre se voit attribué voix prépondérante en cas de
partage de voix, pour les décisions du conseil à prendre sur les affaires évoquées
devant le dit conseil. Décisions qui sont prises à la majorité des voix.
En effet, chaque membre du gouvernement a le droit de provoquer une décision du
Conseil sur les affaires de son département.
Le premier ministre a le droit d’évoquer au Conseil toute affaire qui touche au
gouvernement du Grand-Duché.
- coordonne l’action gouvernementale : en sa qualité de Ministre d’Etat, il « surveille
la marche générale des affaires et veille au maintien de l’unité des principes à appliquer
dans les divers partis du service de l’Etat ». (article 6 de l’arrêté Grand-ducal du 9 juillet
1857).
- représente le Luxembourg à l’Etranger, à côté du Grand-Duc, dans le cadre de
visites officielles et de réunions de travail à travers le monde. Le premier ministre actuel
s’intéresse particulièrement au développement des pays concernés par la coopération
luxembourgeoise.
- préside le Conseil de l’Union européenne lors de la Présidence du l’Union
européenne et l’Euro groupe : le Premier ministre actuel a donc présidé ce conseil en
1997 dont le crédo est l’Europe Sociale notamment a permis la naissance du
« processus de Luxembourg » obligeant les Etats membres à soumettre annuellement
un plan d’action en faveur de l’emploi et à remplir des critères quantifiés et vérifiables
en termes de création d’emploi et de lutte contre le chômage.
Il a présidé ce conseil en au premier semestre 2005 qui a permis d’obtenir du Conseil
européen de mars un accord sur la réforme du pacte de stabilité et de croissance qui
ne touche à ses principes fondamentaux.
Depuis le 1er janvier 2005, le premier ministre est le premier président permanent de
l’Eurogroupe réunissant les ministres des Finances.
Le Vice-premier ministre : la fonction de Vice premier Ministre est assumée par le chef de
file de l’autre parti.
* Les ministres
Ils sont au nombre de 17.
Monsieur Etienne SCHNEIDER est Vice Premier Ministre, Ministre de l’Economie, Ministre
de la Sécurité Intérieure, Ministre de la Défense, Monsieur Jean ASSELBORN est Ministre
des Affaires Etrangères et Européennes, Ministre de l’Immigration et de l’Asile, Monsieur
Félix BRAZ est Ministre de la Justice, Monsieur Nicolas SCHMIT est Ministre du Travail, de
l’emploi et de l’Economie sociale et solidaire, Monsieur Romain SCHNEIDER est Ministre
de la Sécurité Sociale, Ministre de la Coopération et de l’Action Humanitaire, Ministre des
Sports, Monsieur François BAUSCH est Ministre du Développement durable et des
Infrastructures, Monsieur Fernand ETGEN est Ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et
de la Protection des Consommateurs, Ministre aux Relations avec le Parlement, Monsieur
Pierre GRAMEGNA est Ministre des Finances, Madame Lydia MUTSCH est Ministre de la
Santé, Ministre de l’Egalité des Chances, Monsieur Dan KERSCH est Ministre de l’Intérieur,
Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative, Monsieur Claude MEISCH
est Ministre de l’Education Nationale, de l’Enfance, de la Jeunesse, Ministre de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Madame Corinne CAHEN est Ministre de la
Famille et de l’Intégration, Ministre à la Grande Région, Madame Carole DIESCHBOURG
est Ministre de l’Environnement, Monsieur Marc HANSEN est Ministre du Logement,
Délégué à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche, Monsieur Camille GIRA est
Secrétaire d’Etat au Développement durable et aux Infrastructures, Monsieur Guy ARENDT
est Secrétaire d’Etat à la Culture, Madame Francine CLOSENER est Secrétaire d’Etat à
l’Economie , à la Sécurité Intérieure, à la Défense.
Ces ministres :
- dirigent un ministère,
- exécutent un programme défini lors des élections par exemple pour le Ministère de
l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle un des objectifs concernant
l’enseignement des langues est d’aménager cet enseignement de « manière à donner
à tous les élèves de l’école luxembourgeoise des compétences dans les trois langues
du pays »,
- assument avec le Premier Ministre, la responsabilité des décisions prises par le
Conseil du Gouvernement : cette responsabilité est collective et concerne toute mesure
prise au conseil du Gouvernement,
Le Gouvernement dans son ensemble et les Ministres de façon individuelle sont
politiquement responsables de leurs actes devant la Chambre des députés.
Si la Chambre des députés désapprouve la politique d’un ministre ou du gouvernement
entier, elle exprime son désaccord par un vote négatif sur l’ordre du jour ou sur un projet
de loi.
La sanction d’un tel vote négatif est que le Ministre ou les Ministres concernés cessent
ses/leurs fonctions. Il est d’usage en effet, que les ministres démissionnent au premier vote
hostile de la Chambre.
De plus, à titre individuel, les ministres sont également responsables, pour leurs actes
contraires aux lois en vigueur commis dans l’exercice de leurs fonctions.
En cas d’accusation par la Chambre des députés, un ministre peut être cité devant la Cour
Supérieure de Justice siégeant en assemblée plénière.
Les sessions sont ouvertes et closes par le Grand-Duc en personne ou par un fondé
de pouvoir qu’il aura nommé à cet effet, à savoir le Premier Ministre.
- Le bureau : à l’ouverture de chaque session, un bureau provisoire est formé avec le
doyen d’âge comme président et les deux plus jeunes députés comme secrétaires.
Après vérification des pouvoirs, la Chambre désigne à la majorité des voix son Bureau
définitif qui se compose d’un président, de trois vice-présidents et sept membres au
plus. Tous les membres du bureau sont nommés pour la durée de la session.
- Les groupes politiques ou techniques : le règlement intérieur de la Chambre
reconnaît aux députés le droit de se constituer en groupes politiques. Pour former un
groupe politique reconnu comme tel, le groupe doit comprendre au moins cinq
membres.
La Chambre met à disposition des groupes des locaux, les installations nécessaires
ainsi que des crédits et assure en partie le remboursement des frais d’engagement de
personnel.
- Les commissions parlementaires : les commissions examinent les projets de loi, les
amendements et les motions que le Président de la Chambre leur envoie.
Chaque député peut assister comme observateur aux réunions de toutes les
commissions dont il n’est pas membre, sans toutefois pouvoir participer aux débats ni
prendre part aux votes.
Il existe la Commission de travail chargée de donner son avis sur l’ordre des travaux
de la Chambre, de fixer le temps imparti à une discussion ainsi que l’heure limite à
laquelle auront lieu les votes, de marquer son accord sur des projets règlements grand-
ducaux et les Commissions permanentes compétentes pour certaines matières
déterminées.
- L’immunité parlementaire consiste à ce qu’aucun député ne puisse être poursuivi, ni
arrêté pour des paroles prononcées dans l’enceinte de la Chambre même si elles
constituent des infractions pénales comme des injures.
Cette immunité est permanente c'est-à-dire d’une part qu’elle couve le député pendant
et en dehors des sessions et d’autre part, couve l’ancien député pour des opinions
émises pendant l’exercice de son mandat.
Le député qui se rend coupable d’un crime, d’un délit ou d’une contravention ne peut
être ni arrêté ni poursuivi pénalement pendant la durée de la session sans l’autorisation
de la Chambre, sauf en cas de flagrant délit.
Si la Chambre le demande, la détention ou la poursuite d’un député est suspendue
pendant la session et pour toute la durée.
Cette inviolabilité ne vaut pas en dehors des sessions.
* Les rôles de la Chambre des députés
La Chambre des députés a différents rôles dans le schéma institutionnel du Grand-Duché
qui sont :
- la représentation du pays : les députés représentent le pays (article 50 de la
Constitution) et votent en toute indépendance en n’ayant de « vue que les intérêts
généraux du Grand-Duché »
- l’initiation des lois : le processus de création d’une loi suit différentes étapes qui sont :
Le Conseil d’Etat
Le Conseil d’Etat a été créé par la Constitution de 1856 comme Conseil de la Couronne
afin de faire contrepoids à la Chambre des députés.
* Consultatif
Conformément à l’article 83 bis de la Constitution le Conseil d’Etat donne son avis sur :
- les projets de loi qui ont pour origine le Gouvernement et les propositions de loi à
l’initiative des députés,
- les amendements apportés à ces projets ou propositions de loi,
- les projets de règlements grand-ducaux à l’exception de ceux adoptés selon la
procédure d’urgence et les amendements relatifs à ces projets de règlements.
Le Conseil d’Etat n’a pas de délai fixé par la loi pour émettre son avis sauf dans le cas de
l’article 65 de la Constitution alinéa 2 qui dispose que : « A la demande de cinq députés au
moins, le vote sur l’ensemble de la loi peut être précédé par un vote portant sur un ou
plusieurs articles de la loi ».
Ce délai est de 3 mois. A défaut d’avoir émis son avis dans ce délai, la Chambre des
députés procède au vote sans plus attendre.
Il est remarquable que les avis du Conseil d’Etat soient publics et acquièrent ainsi une
autorité morale certaine permettant parfois d’adapter les lois aux mœurs actuelles.
Tel est le cas de l’avis du Conseil d’Etat en date du 16 juillet 2010 sur le projet de loi sur la
modification de l’article 353 du Code Pénal en ajoutant aux situations prévues par le Code
pénal, la possibilité d’avorter en cas de détresse sociale.
En effet, dans cet avis, le Conseil d’Etat a demandé par exemple la suppression d’un
domicile légal de 3 mois au Luxembourg afin de permettre à toute citoyenne européenne
de réaliser un avortement au Luxembourg comme dans les pays voisins. Et ce, alors que
le projet de loi prévoyait la condition d’un domicile légal de 3 mois au Luxembourg pour
envisager un avortement au pays.
Le Conseil d’Etat a ainsi assoupli le projet de loi et a élargi ainsi le champ d’action de la loi
allant plus loin que le Gouvernement.
Le Conseil d’Etat s’est opposé également à la réforme de la Santé en formulant une
multitude d’oppositions formelles. Il semble que le Conseil d’Etat ait de vives interrogations
sur la volonté du législateur d’améliorer la prise en charge des patients tout en dépensant
moins.
* Décisionnel
Conformément à l’article 59 de la Constitution, le Conseil d’Etat peut refuser la dispense du
second vote si la Chambre des députés ne tient pas compte des observations sur les
articles des projets ou de la proposition de Loi dont il formule une opposition formelle.
Il s’agit donc d’un pouvoir décisionnel.
Cependant en pratique, le Conseil d’Etat, lorsqu’il émet son avis, indique dans celui-ci qu’il
envisage de s’opposer à la dispense du second vote si la Chambres des députés passe
outre ses remarques concernant les articles qu’il jugerait contraires notamment aux traités
internationaux.
Autres Institutions prévues par la Constitution, ce sont les Communes qui l’étendue du
territoire luxembourgeois représentent l’unique forme de décentralisation du pouvoir public.
Les Communes
Les Communes ont été réglementées par la loi du 24 février 1843 qui a été remplacée par
la loi communale du 13 décembre 1988.
Elles sont au Luxembourg au nombre de 105 dont les 4 plus grandes agglomérations sont
la Ville de Luxembourg (110499 habitants), Esch sur Alzette (plus de 31000 habitants),
Differdange (24805 habitants), Dudelange (20000 habitants).
Compétences
générale
Présidé par le bourgmestre, le conseil communal est compétent pour tout sujet relatif
à l’intérêt communal.
spéciales
budgétaire : le conseil communal a pour mission de voter le budget pour l’année
suivante et il arrête le compte de l’exercice précédent.
fiscale : le conseil communal est chargé de définir et d’arrêter les impôts
communaux.
réglementaire : le conseil communal établit les règlements relatifs à l’administration
et à la police communal.
contrôle : le conseil communal désigne le collège des bourgmestres et échevins et
en contrôle l’action.
* Le collège des bourgmestres et échevins ou collège échevinal
Le collège des bourgmestres et échevins ou collège échevinal présidé par le bourgmestre
exerce différentes fonctions :
- gère l’administration journalière de la commune
- exécute les décisions communales et gère leur publication
- représente la commune dans les actions en justice
- gère le patrimoine de la commune
- est responsable de la compatibilité communale, de l’administration des établissements
communaux tels que l’office social
- exécute au niveau local des lois et règlements
- dirige les travaux communaux et les services d’incendie
- exerce le pouvoir hiérarchique sur le personnel
* Le bourgmestre
Le Bourgmestre exerce différentes fonctions à l’instar des deux autres organes de la
commune :
- exécute les lois et règlements de police
- peut demander l’intervention de la force publique, en cas d’atteintes ou menaces grave
à la paix et à l’ordre public
- exerce la fonction d’officier d’état civil chargé notamment de l’établissement des actes
et de la tenue des registres d’état civil
Le Bourgmestre a la faculté de déléguer ses fonctions à un échevin, à un fonctionnaire
communal ou à la Police Grand-ducale.
Afin d’assurer leur rôle de contrepoids du pouvoir central, la Constitution dans son article
107 rend les communes autonomes.
Cette autonomie s’exprime par :
- des élections de son conseil communal : les représentants communaux sont élus
par les habitants de la commune, permettant d’avoir ainsi une administration proche
des citoyens et à leur écoute,
- la personnalité morale : la commune a la personnalité juridique ; elle a la possibilité
d’agir en justice, de posséder et de gérer son patrimoine propre, d’acquérir des droits
et de contracter des obligations,
- un patrimoine propre : lié à la personnalité juridique, il est l’outil de son autonomie,
- un pouvoir fiscal propre : la commune a le pouvoir de lever des impôts et des taxes
communaux lui donnant les moyens financiers pour ses actions et l’utilisation de ses
services publics. A côté des impôts décidés par la commune, cette dernière bénéficie
d’une participation au produit de certains impôts et taxes prélevés par l’Etat et se voit
allouer in fine une contribution étatique. Le pouvoir fiscal appartient au conseil
communal.
L’article 108 bis de la Constitution permet la création d’établissements publics par la loi pour
l’exercice d’une mission publique qui relèverait normalement de l’Administration centrale.
L’établissement public est régi par le principe de spécialité dans la mesure où il ne saura
intervenir que dans les compétences rentrant dans la mission publique pour laquelle il a été
créé.
L’établissement public se définit donc par son mode de création et par sa mission publique
affectée.
* La création d’un établissement public
Elle est le fait de la loi. Cette dernière définit l’objet de l’établissement public, la mission
publique qui lui est confiée et lui attribue une personnalité juridique distincte de celle de
l’Etat.
Le Fonds pour le logement et l’habitat, la Commission de surveillance du secteur financier
sont des exemples d’Etablissements publics.
La Force publique
L’exercice de la force publique est incarné par 2 grands corps auxquels ont été fixés des
missions en relation avec cette première.
* La police grand-ducale
En l’an 2000, la Gendarmerie grand-ducale et la Police ont fusionné ne donnant naissance
qu’à un seul corps : la Police grand-ducale.
* L’armée
Depuis l’abolition du service militaire obligatoire le 29 juin 1967, c’est une armée de
volontaires, ouverte aux ressortissants communautaires séjournant depuis au moins trois
ans au Luxembourg (loi du 20 décembre 2002).
La Constitution a prévu dans son article 98 la formation de la garde civique par une loi mais
qui depuis 1939 n’a jamais mise en pratique.
Initiative gouvernementale
Initiative parlementaire
Les organes consultatifs intervenant dans la procédure législative sont le Conseil d’Etat, les
chambres professionnelles, le Conseil économique et social.
La saisine du Conseil d’Etat étant traitée à travers l’initiative gouvernementale et
parlementaire, nous ne nous intéresserons qu’aux Chambres professionnelles et au
Conseil économique et social.
Selon la loi modifiée du 4 avril 1924, il existe six chambres professionnelles : la Chambre
d’agriculture, la Chambre de commerce, la Chambre des employés privés, la Chambre des
fonctionnaires et employés Publics, la Chambre des métiers, la Chambre de travail (la
Chambre des employés privés et la Chambre de travail ont fusionnées par la loi du 13 mai
2008 pour devenir la Chambre des salariés).
Les chambres professionnelles présentent des caractéristiques et interviennent dans le
processus législatifs.
* Caractéristiques des chambres professionnelles
- Ce sont des chambres élues : les élections se font par un scrutin accessible à tous les
affiliés des prédites chambres et selon leurs branches d’activité respectives.
- Elles disposent d’une autonomie financière : elles perçoivent les cotisations de leurs
membres et les revenus des services qu’elles rendent.
* Rôles dans le processus législatifs
- Obligatoire : l’avis des chambres professionnelles doit être demandé pour tous les
projets de loi.
Ce qui signifie que les propositions de loi échappent et ne sont pas soumis à la
consultation obligatoire des Chambres.
Enfin, il est à noter que si la consultation des Chambres professionnelles est obligatoire,
l’obtention de leur avis ne l’est pas contrairement au Conseil d’Etat.
- Facultatif : les chambres professionnels disposent d’un droit de faire des propositions
de loi au Gouvernement. Ces propositions de loi doivent être examinées par le
Gouvernement et être transmise à la Chambre des députés.
En pratique, les Chambres professionnelles utilisent peu ce droit de proposition.
Le Conseil économique et social a été créé par la loi modifiée du 21 mars 1966 et
représente les forces vives de la Nation.
Sa mission consiste à étudier les problèmes économiques, financiers et sociaux soit à la
demande du Gouvernement ou de sa propre initiative.
Une grande importance est attachée à l’avis annuel qu’il rend au cours du premier trimestre
de chaque année sur la situation économique, financière et sociale du pays.
Il est en de même pour les avis qu’il rend sur demande du Gouvernement lors d’une réforme
économique notable.
Le Conseil économique et social présente des caractéristiques et joue un rôle dans le
processus législatif.
* Caractéristiques du Conseil économique et social
Il est composé de :
- de 35 membres effectifs et d’autant de suppléants soit 14 représentants patronaux
c'est-à-dire deux représentants des PME, deux représentants du secteur commercial,
deux représentants du secteur artisanal, un représentant du secteur bancaire, un
représentant du secteur des assurances, un représentant des professions
indépendantes, deux représentants de l’agriculture, un représentant de la viticulture et
14 représentants des salariés (10 représentants des salariés du secteur privé, trois
fonctionnaires ou employés du secteur public, un agent du secteur des transports).
- 7 membres jouissant d’une compétence particulière en matière économique et
sociale et d’une complète indépendance à l’égard des organisations professionnelles
représentées au Conseil. Quatre de ces membres sont cooptés par les 35 Membres du
Conseil ci-dessus et trois sont nommés par le Gouvernement.
Tous les membres effectifs et suppléants, le secrétaire général, le personnel auxiliaire
doivent être de nationalité luxembourgeoise.
Un président et deux vice-présidents sont nommés par le Grand-Duc sur proposition du
Conseil pour une durée de 2 ans sauf renouvellement.
Leur mandat est de 4 ans. Il est incompatible avec les fonctions de membre du
Gouvernement, membre de la Chambre des députés, membre du Conseil d’Etat.
* Rôle dans le processus législatif
La consultation du Conseil économique et social est facultative pour le Gouvernement.
Instruction et Vote
* Composition
Les commissions permanentes sont composées de 5 membres au minimum et de 13
membres au maximum.
Elles désignent en leur sein un président et deux vice-présidents.
Elles élisent à la majorité absolue, un de leurs membres en qualité de rapporteur pour
présenter les conclusions de la commission à la Chambre.
* Rôle
Le rôle d’une commission parlementaire est d’établir un rapport parlementaire, écrit,
contenant …
Le rapport devient définitif une fois l’avis du Conseil d’Etat communiqué à la prédite
commission parlementaire. Il est communiqué à tous les députés avant la discussion en
séance publique au moins trois jours avant les débats.
Afin d’établir ce rapport, elle peut recueillir l’avis de personnes ou organismes non-
parlementaires, à titre consultatif.
Les débats sauf décision contraire de la commission concernée ou de la Chambres sont
non-publics et le secret des délibérations peut être décidé à l’unanimité par elle.
Cependant, les membres du gouvernement peuvent demander à assister aux débats ou y
être invités conformément à l’article 80 de la Constitution.
entendu, ce dernier émet un avis complémentaire communiqué avant le vote sur l’ensemble
du projet de loi.
Dans ce cas, la commission parlementaire rédige un rapport complémentaire et le projet
est réintroduit en séance publique pour être discuté et voté.
* Discussion en séance publique
Le projet de loi est discuté le jour fixé par la Conférence des Présidents, le rapporteur
présente le texte adopté par la Commission, base de discussion des articles.
La discussion est :
- publique
- générale : c'est-à-dire qu’elle porte sur le principe et l’ensemble du projet de loi
- et article par article : et des amendements s’y rapportant
L’article 35 du règlement de la Chambre dispose que la Conférence des Présidents décide
à l’unanimité du temps de parole des divers groupes politiques, le temps maximum de
parole est de 22 heures (rarement utilisé).
Le Ministre concerné par le projet de loi prend position après que tous les députés orateurs
se soient exprimés sauf s’il insiste pour intervenir après le rapporteur.
La Chambre des députés, en fait, se prononce 4 fois par vote au sujet d’un projet de loi au
regard de la Constitution et du Règlement de la Chambre des députés.
* Vote article par article
Conformément à l’article 65 de la Constitution, aucun projet, ni aucune proposition de loi
ne peut être adopté sans avoir été voté article par article.
Il est à noter qu’en fait le Président de la Chambre ne lit que le début et la fin de chaque
article avant de le déclarer admis.
Ce vote article par article :
- se fait de façon sommaire
- se fait par simple main levée sauf si 5 députés demandent le vote nominal (rarement
usité) c'est-à-dire le vote électronique qui est procédé automatiquement (article 42 du
Règlement de la Chambre)
Enfin, conformément à l’article 69 du Règlement de la Chambre, il est possible de procéder
au vote d’un projet ou d’une proposition de loi sans rapport et / ou sans débat.
Si la Chambre a procédé à un vote article par article sans pouvoir voter sur l’ensemble de
la loi alors que certains articles votés n’auraient été visés par l’avis du Conseil d’Etat, ce
dernier rend son avis sur les dispositions votées dans un délai de 3 Mois à partir de la
communication par la Chambres des prédites dispositions.
Faute d’avis dans ce délai, la Chambre peut passer outre à l’avis du Conseil d’Etat et
procéder au vote de l’ensemble de la loi (article 2 paragraphe 4 de la loi du 12 juillet 1996).
Une loi devient parfaite dès lors que la Chambre des députés a donné son consentement
par son vote et dès lors que le Grand-Duc a apposé sa signature.
Conformément à l’article 34 de la Constitution, le Grand-Duc doit apposer sa signature dans
un délai de 3 mois à partir du vote de la Chambre.
Cela est disposé comme suit :
« Nous Henri, Grand-duc de Luxembourg,
Duc de Nassau
Notre Conseil d’Etat entendu ;
De l’assentiment de la Chambre des députés
Vu la décision de la Chambre des députés du (…) et celle du Conseil d’Etat du (…)
portant qu’il n’y a pas lieu à second vote ;
Avons ordonné et ordonnons …
(suit le texte voté par la Chambre) »
Promulgation
2.6.1. Définition
La promulgation d’une loi consiste à donner l’ordre de la faire publier afin qu’elle soit
exécutée et publiée.
Cette prérogative appartient au Grand-duc.
Elle se traduit par la formule suivante : « Mandons et ordonnons que la présente loi soit
insérée au Mémorial pour être exécutée et observée par tous ceux que la chose
concerne ».
La loi est datée du jour de la promulgation-sanction par le Grand-Duc et indique le lieu de
signature.
2.6.2. Effet
Les lois sont exécutoires pour l’administration du jour où elles sont signées par le Grand-
Duc.
3. Les Normes
En droit, une norme se définit comme une règle qui du fait de son origine (Constitution, lois,
règlements administratifs, traités et accords internationaux) et de son caractère général et
impersonnel constitue une source de droits et d’obligations juridiques.
Ces normes sont soit internationales, soit communautaires, ou nationales.
Les sources du droit communautaires sont structurées dans un ordre juridique qui est
Communauté de droit. Elles sont hiérarchisées.
Cette hiérarchie n’est pas prescrite de manière expresse dans les traités.
C’est une hiérarchie due à la prééminence des Traités constitutifs et à une dissociation des
fonctions législatives et exécutives.
* Due à la prééminence des Traités
Les termes mêmes montrent l’existence de cette hiérarchie.
Il y a une hiérarchie entre droit originaire (composé des divers traités) et droit dérivé
(ensemble d’actes pris par les institutions communautaires conformément à ces traités).
La Cour de Justice de l’Union européenne dit dans un avis que l’Union européenne repose
sur l’idée d’une communauté de droits et c’est à partir des Traités constitutifs que tous les
actes peuvent édictés légalement.
L’expression Charte constitutionnelle est forte. En effet, la Cour entend souligner que c’est
le Traité qui constitue la base de cet ensemble de normes.
La prééminence des Traités Constitutifs est affirmée dans sa jurisprudence. Il y a d’abord
prééminence à l’égard des actes institutionnels. Les actes des institutions devant trouver
une base juridique dans les Traités constitutifs pour être égaux.
Le juge communautaire est donc amené à opérer un contrôle de conformité conduisant à
l’annulation de l’acte en cause ou à l’engagement de la responsabilité de la communauté.
La prééminence s’affirme également à l’égard des conventions internationales et des actes
pris en leur application, la Cour exerçant un contrôle de conformité par rapport aux traités.
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
pour autant en avoir leurs effets, le deuxième type d’actes non prévus par les traités et qui
sont nés de la pratique.
Prévus par les Traités
Concernant le règlement : ce terme est parfois employé dans le sens qu’il s’impose à
l’égard de tiers. Par exemple, le règlement intérieur des institutions qui ne s’impose qu’aux
institutions.
Concernant la directive : lorsque le traité prévoit qu’une directive a pour destinataire non
pas un Etat mais une institution comme la directive du Conseil à la Commission.
Concernant la décision : dans certains cas, les décisions prévues par le traité ont
pratiquement la valeur juridique du traité dans la mesure où les actes peuvent modifier le
traité (par exemple une décision ayant pour objet l’augmentation du nombre de juges) voire
le compléter.
Concernant les avis et les recommandations : certains avis sont obligatoires, par
exemple lorsqu’un accord international est soumis à la CJUE pour avis. La CJUE dit si l’avis
est compatible avec le droit communautaire, si elle rend un avis négatif, l’accord ne peut
pas entrer en vigueur.
Non prévus par les Traités : résolutions, programmes, déclarations et
communications.
En principe, ces actes sont non-créateurs de droit mais il n’est pas exclu que la CJUE les
requalifie dans la mesure où ils sont intervenus dans un domaine de compétence de l’Union
européenne. Leur seul intérêt est d’obtenir un recours contre ces décisions.
* Les accords internationaux
Ce sont des actes conventionnels passés par l’Union européenne ou par les Etats membres
avec une organisation internationale ou un Etat tiers. Ils trouvent leur place dans la
hiérarchie du droit communautaire et peuvent donner lieu à un contrôle juridictionnel de la
part du juge communautaire.
On peut distinguer 2 types d’accords : ceux conclus par l’Union européenne et ceux conclus
par les Etats membres.
Les accords internationaux conclus par L’Union européenne
L’Union européenne est liée par un nombre croissant d’accords internationaux passés
soit avec des organisations internationales, soit avec des Etats tiers comme par
exemple, la Convention de Lomé qui est un accord entre l’Union européenne et Etats
ACP (Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique).
L’Union européenne ne peut pas conclure n’importe quel accord, elle doit être
compétente pour le faire.
Les Accords conclus par les Etats membres
Les accords conclus entre des Etats membres et des Etats Tiers
En principe, ces accords ne constituent pas une source du droit communautaire.
Précisément, les actes postérieurs à l’entrée en vigueur du Traité sur l’Union
européenne sont considérés comme inopposables à l’Union européenne ; en
revanche, les actes antérieurs peuvent lier l’Union européenne dans la mesure où
celle-ci s’est substituée aux engagements souscrits par les Etats.
Tel est le cas pour les accords du G.A.T.T. appelé aujourd’hui O.M.C ou tous les Etats
membres étaient parties contractantes.
Le juge communautaire a estimé que le transfert de compétence, opéré en matière
douanière au profit de l’Union européenne impliquait nécessairement que l’Union
européenne soit liée par les dispositions de cet accord général.
Les accords entre Etats membres
Les Etats membres concluent des accords entre eux. Ces accords ne constituent pas
une source de droit communautaire.
Les actes d’application des conventions internationales
En principe, une convention internationale exige des actes d’application.
Ils peuvent être élaborés soit par les institutions européennes, soit par des organismes
institués par les conventions internationales elles-mêmes.
La question qui se pose consiste à savoir si ces actes peuvent s’intégrer au droit
communautaire. La CJUE a dit qu’ils peuvent être intégrés même s’ils n’ont pas été
repris dans le droit communautaire.
* La jurisprudence communautaire
L’article 220 du Traité sur l’Union européenne dispose que la CJUE assure le respect du
droit dans l’interprétation et l’application des traités constitutifs. La CJUE veille donc à la
sauvegarde du droit communautaire. Elle agit avec une certaine liberté, et sa jurisprudence
a une valeur normative.
Dans l’arrêt Cilfit en date du 6 octobre 1982, la CJUE a énoncé sa méthode d’interprétation
en disposant que « chaque disposition du droit communautaire doit être placée dans son
contexte et interprétée à la lumière de l’ensemble des dispositions de ce droit, de ses
finalités, et de l’état de son évolution ».
Le statut général de la jurisprudence communautaire
La CJUE a une fonction qui peut être considérée comme un pouvoir. Le juge
communautaire doit en effet trancher entre plusieurs interprétations possibles et doit
déterminer la portée des règles.
La CJUE a d’abord une mission interprétative mais également supplétive (elle comble
les lacunes des traités par exemple).
Et enfin la CJUE a une mission correctrice.
Par exemple, une disposition du traité proclame la libre circulation des travailleurs et ce
principe connaît des exceptions notamment en matière d’administration publique, c'est-
à-dire que certains emplois ne peuvent pas être attribués aux ressortissants des autres
Etats membres.
La CJUE considère qu’il s’agit d’une exception.
Les Principes généraux du droit communautaire
Ce sont des sources non écrites dégagées par la jurisprudence communautaire qui sont
partie intégrante du droit communautaire.
L’expression « principes généraux » ne figure pas dans la version initiale du traité et il
faut attendre le traité de Maastricht pour que les Principes généraux du droit
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
L’effet direct est reconnu par le règlement communautaire, pour les décisions dont les
particuliers sont destinataires ainsi que pour les accords internationaux conclus par
l’Union européenne pour les dispositions suffisamment précises et inconditionnelles.
3.3.1. La Constitution
La Constitution du 17 octobre 1868 est toujours en vigueur au pays. Elle a subi diverses
modifications suite à plusieurs révisions constitutionnelles comme celle du 12 mars 2009,
modifiant l’article 34 en supprimant la prérogative du Grand–Duc de sanctionner les lois,
son intervention se limitant dorénavant à la promulgation des lois adoptées par la Chambre
des députés.
Cette constitution organise les droits fondamentaux et les libertés publiques destinés
notamment à protéger le citoyen contre d’éventuels excès de pouvoir de la part de l’Etat.
Les caractéristiques de la Constitution sont au nombre de trois :
- La Constitution est supérieure aux lois, ce qui signifie que les lois doivent être
conformes à la Constitution. De plus, les lois ne peuvent pas suspendre l’application de
la Constitution.
- La Constitution est dite rigide en raison de son caractère de Loi fondamentale, la
Constitution est revêtue d’une plus grande stabilité que la loi ordinaire. Cette stabilité
est due à la rigidité de la loi constitutionnelle, qui se traduit par des formalités plus
exigeantes que celles prévues pour la loi ordinaire, en vue de mettre en œuvre les
révisions constitutionnelles.
- La Constitution, supérieure aux lois, se voit pallier dans ses silences ou changer
dans son interprétation par la coutume.
Est une coutume, par exemple, le droit pour la Chambre des députés de retirer sa
confiance au Gouvernement en vue de l’obliger à démissionner.
Le contenu de la Constitution se groupe en 2 catégories : d’une part, l’organisation de l’Etat
à travers ses institutions et d’autre part, les droits fondamentaux et les libertés publiques.
Le premier groupe est étudié dans ce cours sous différents chapitres, de sorte, que nous
proposons de nous attacher aux seuls droits fondamentaux et libertés publiques.
Il existe 3 catégories de droits fondamentaux et libertés publiques :
En premier lieu, il s’agit des droits-libertés qui protègent l’individu contre
l’arbitraire de l’Etat et qui concernent les droits politiques.
Se rangent sous cette catégorie : l’égalité des citoyens devant la loi, l’égalité entre
femmes et hommes, le droit de s’associer et de s’assembler paisiblement, la protection
de la vie privée, la garantie de l’exercice de droits politiques, l’interdiction de la détention
arbitraire et l’inviolabilité du domicile, le droit de la propriété privée, le principe de la
légalité des peines, la liberté de manifester librement ses opinions, la liberté de presse,
la liberté religieuse, le secret des correspondances.
En deuxième lieu, il s’agit des droits-créances qui imposent à l’Etat une
obligation de faire, c'est-à-dire l’obligation d’assurer aux citoyens certaines
* La loi est une règle juridique écrite votée par la Chambre des députés qui détient
le pouvoir législatif.
Nous avons étudié ci-dessus la naissance d’une loi et nous vous proposons de vous y
référer. La loi est obligatoire et permanente.
* Les règlements sont des textes élaborés par le pouvoir exécutif (le Grand-Duc).
Certains règlements sont établis pour préciser les conditions de mise en œuvre d’une loi :
ce sont les règlements d’exécution.
D’autres règlements sont pris en dehors des domaines réservés à la loi, c’est le pouvoir
réglementaire propre du Grand-Duc qui peut le subdéléguer aux membres du
Gouvernement (article 76 alinéa 2 de la Constitution) : c’est le pouvoir règlementaire
d’exécution.
Un ministre peut prendre un règlement ministériel qui sera subordonné au règlement grand-
ducal.
A côté, il existe conformément à l’article 32(4) de la Constitution, la faculté pour le Grand-
Duc de prendre des règlements en cas de crise internationale.
* Les arrêtés grand-ducaux
Ce sont des décisions réglementaires à portée générale ou individuelle, préparées par les
ministres, qui sont signées par le Grand-Duc et contresignées par un membre du
Gouvernement alors que seuls les membres du Gouvernement sont responsables.
* La jurisprudence
Elle est l’œuvre de l’autorité judiciaire. C’est l’ensemble des décisions rendues par les
tribunaux sur un point de droit litigieux. Afin qu’il existe une jurisprudence, deux conditions
doivent être réunies :
- la répétition c'est-à-dire l’habitude prise par les tribunaux de statuer dans un certain sens,
- la hiérarchie : ainsi, il arrive qu’une seule décision fasse jurisprudence lorsqu’elle émane
d’une juridiction d’un très haut niveau dans la hiérarchie judiciaire.
- Les décisions rendues par la Cour de Cassation finissent donc par s’imposer à toutes les
juridictions.
La Jurisprudence crée du droit dans le sens où :
- elle interprète les lois (parfois obscures),
- elle comble les lacunes de la loi (qui ne prévoit pas forcément tous les cas de figure) ; ainsi,
un juge ne peut pas refuser de juger (déni de juger) ; donc, lorsque la loi est obscure ou
incomplète, le juge se réfère aux principes généraux du droit, à l’équité et au bons sens.
- elle fait évoluer le droit ; cependant, la Jurisprudence n’est pas définitive dans la mesure
où les juges ont toujours la possibilité de changer d’avis.
* La doctrine
C’est l’ensemble des travaux des auteurs (essentiellement des avocats, notaires,
universitaires…) qui expriment leurs conceptions théoriques du droit et commentent les lois.
Ces auteurs interviennent sur des problèmes d’interprétation du droit ou sur des vides
juridiques.
La doctrine est une source indirecte du droit. Elle ne s’impose jamais au juge mais peut
parfois l’influencer dans sa prise de décision.
La doctrine est publiée dans des ouvrages ou des revues juridiques sous forme d’articles
ou de commentaires sur des décisions prises par les tribunaux.
* Les usages
Ce sont des règles non écrites suivies par les habitants de certaines régions ou par des
personnes exerçant des professions déterminées qu’ils considèrent obligatoires pour régler
leurs rapports.
Par exemple, les ventes à la criée ou sur les champs de foire sont régies par des habitudes
professionnelles très anciennes.
* La Coutume
Elle est très souvent considérée comme la plus ancienne source de droit. Certaines
sociétés de l’Antiquité n’avaient pas de pouvoirs publics permanents ou n’avaient pas
toujours la possibilité de rédiger des lois.
En l’absence de lois, les règles de droit se forment par les usages : quand un usage est
devenu suffisamment constant et régulier, les hommes considèrent qu’il doit être
obligatoirement suivi. Il s’agit alors d’une coutume.
Afin qu’un usage soit considéré comme une coutume, il faut :
- que l’usage soit largement répandu dans le milieu social, dans une profession, dans
une localité.
- que l’usage soit constant, régulièrement suivi, qu’il soit ancien, qu’il ait eu une certaine
durée.
4. L’organisation judiciaire
procureur. Peut aussi être nommé juge de paix celui qui aurait assuré pendant 10 ans la
fonction de juge suppléant.
Les juges de paix quel que soit leur titre sont en cas d’empêchement, d’absence ou de
vacance de poste, suppléé par des juges de paix suppléants qui sont de 6 pour Luxembourg
à 2 pour Diekirch.
S’il existe une nécessité urgente, le président de la cour supérieure de justice peut charger
un juge de paix d’effectuer son service, pendant une période de six mois, dans une autre
justice de paix que celle où il a été nommé.
En cas d’empêchement de tous les juges de paix de l’une des trois justices de paix, la Cour
de Cassation renvoie les parties au litige devant une autre justice de paix.
Les magistrats sont aidés dans leur service de justice par le greffier en chef, les greffiers,
d’autres fonctionnaires et employés. Le greffier en chef doit être âgé de 25 ans. Il est affecté
à cet emploi par le Ministre de la justice sur avis du procureur général d’Etat et du juge de
paix directeur.
* Les compétences des justices de paix
Les 3 Justices de paix ont une compétence territoriale - leur service est défini par un
territoire composé de plusieurs communes - et une compétence matérielle - elles ne
peuvent être saisies que pour une matière qui leur est attribuée par la loi et parfois, suivant
la matière, en fonction d’un seuil financier déterminé.
La matière qui est visée par le litige détermine aussi si le juge de paix rend sa décision en
dernier ressort, auquel cas elle sera définitive et il ne sera pas possible de faire appel, ou
si le juge de paix rend sa décision en premier ressort, et à charge d’appel permettant un
deuxième examen de l’affaire en cause.
La compétence territoriale
La justice de paix compétente territorialement est en principe celle du lieu de résidence
du défendeur mais il existe des exceptions comme celles en matière de contrats où les
parties peuvent par le biais d’une clause attributive de compétence avoir préféré un
tribunal plutôt qu’un autre.
Une fois le lieu de résidence déterminé, il faut alors se reporter au territoire de
compétence de chacune des justices de paix tel que défini par la loi. Ainsi, pour la
justice de paix de Luxembourg, le territoire comprend les cantons de Luxembourg,
Grevenmacher, Mersch, Remich et les communes de Garnich, Hobscheid, Kehlen,
Koerich, Kopstal, Mamer, Septfontaines et Steinfort.
La justice de paix d’Esch-sur-Alzette a un territoire défini par le canton d’Esch-sur-
Alzette et les communes de Bascharage, Clémency et Dippach.
La justice de paix de Diekirch comprend les cantons de Diekirch, Clervaux, Echternach,
Redange, Vianden et Wiltz.
La compétence matérielle
Suivant la matière qui est affectée par le litige, il existe ou non un seuil financier.
les matières où il n’existe pas de seuil financier (autrement dit le juge de
paix est compétent quel que soit la valeur du litige) et dont la décision du
La Cour d’Appel
* Organisation
La Cour d’appel est composée de neuf chambres où siègent 35 conseillers. Elle comprend
un président, deux conseillers à la cour de cassation, dix présidents de chambre à la Cour
d’appel, onze premiers conseillers à la Cour d’appel, un procureur général d’Etat, un
procureur général d’Etat adjoint, quatre premiers avocats généraux, cinq avocats généraux
et un substitut.
Les conseillers à la Cour de Cassation portent également le titre de vice-président de la
Cour d’appel.
Le greffe est dirigé par un greffier en chef et comprend, outre les greffiers et selon les
besoins du service, d’autres fonctionnaires et des employés le cas échéant.
* Compétence matérielle
La Cour d’appel statue sur les appels en matière civile, commerciale, criminelle et
correctionnelle, et de travail.
Elle est compétente également sous formation d’assemblée générale pour juger des
conflits d’attribution et des actions disciplinaires contre les magistrats. Cette assemblée
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
connaît en outre des accusations admises par le Chambre des députés contre les membres
du gouvernement.
La Cour de Cassation
* Organisation
Elle est composée d’une chambre où siègent cinq magistrats : un président, 2 conseillers
à la cour de cassation, 2 membres de la cour d’appel qui sont désignés pour chaque affaire
par le président ou conseiller à la cour de cassation le plus ancien en rang qui le remplace.
Les fonctions du ministère public près la cour de cassation sont exercées par le procureur
général d’Etat, le procureur général d’Etat adjoint, les premiers avocats généraux et les
avocats généraux.
Le greffier en chef de la cour d’appel fait le service de greffier à la cour de cassation et il
peut être remplacé par un greffier de la cour.
* Compétence
La Cour de cassation est compétente pour connaître :
- des arrêts rendus par la Cour d’appel ainsi que des jugements rendus en dernier ressort
par les tribunaux d’arrondissement et par les juges de paix ; dans ce cas, elle est saisie par
un pourvoi en cassation formé par un avocat à la cour ne pouvant fonder celui-ci que sur
trois moyens :
contravention à la loi
pour excès de pouvoir
violation des formes substantielles ou prescrites à peine de nullité.
- des pourvois contre les arrêts rendus par la Cour militaire ;
- des demandes en cassation dans les autres cas déterminés par la loi ;
- de toutes les demandes de prise à partie, y compris celles contre les membres de la cour ;
- des demandes en renvoi d’un tribunal d’arrondissement à un autre pour cause de suspicion
légitime ou de sûreté ;
- des demandes en règlement de juge qui ne doivent pas être portées devant le tribunal
d’arrondissement ;
- des demandes en renvoi devant un autre tribunal d’arrondissement lorsque celui qui devrait
connaître de l’affaire ne peut pas se composer.
La Cour Constitutionnelle
* Organisation
La Cour Constitutionnelle est composée du président de la Cour d’appel, du président de
la Cour administrative, de deux conseillers à la Cour de cassation, de cinq magistrats
nommés par le Grand-Duc sur l’avis conjoint de la Cour supérieure de justice et de la Cour
administrative. Elle comprend une chambre siégeant au nombre de cinq magistrats.
Le greffe de la Cour d’appel fait fonction de greffe de la Cour constitutionnelle.
* Compétence
La Cour Constitutionnelle se prononce sur la conformité des lois à la Constitution, à
l’exception de celles qui portent approbation de traités.
Il est régi par la loi du 7 novembre 1996 portant organisation des juridictions de l’ordre
administratif.
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
Il a été institué par une décision du Conseil le 24 Octobre 1988, entrée en vigueur le 1 er
janvier 1990. Sa création est liée à la volonté de décharger la Cour de justice de l’Union
européenne et d’instaurer un double degré de juridiction pour les particuliers (personnes
physiques ou personnes morales).
Son organisation et sa compétence ont été modifiées suite à l’adoption du règlement du 18
novembre 2015 modifiant le protocole n°3 sur le statut de la CJUE.
* Organisation
Il y a 2 membres du Tribunal par Etat adhérents, de sorte qu’il y a 56 Juges, suite au
règlement du 18 novembre 2015 modifiant le protocole n°3 sur le statut de la CJUE. Ces
membres sont nommés pour 6 ans renouvelables d’un commun accord entre les Etats
membres. Ils élisent leur Président dont la mission est de diriger les travaux et les services
du tribunal, de présider les audiences plénières ainsi que les délibérations.
Les juges, à l’exception du Président, peuvent exercer les fonctions d’Avocat général pour
une affaire déterminée. L’assistance de l’Avocat général est facultative, sauf lorsque le
tribunal siège en assemblée plénière.
* Compétence
Il est juge de première instance ou de droit commun et compétent pour :
- les recours en annulation, en carence, ou en responsabilité déposés par les personnes
physiques ou morales,
- les recours contre la Commission européenne déposés par les entreprises,
- le contrôle de légalité des actes des Institutions, organes ou organisations de l’Union
destinés à produire un effet juridique à l’égard des tiers,
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
- les recours formés par un Etat membre, le Parlement, le Conseil ou la Commission pour
incompétence, pour violation des formes substantielles, pour violation des traités et du droit
dérivé et pour détournement de pouvoir,
- les recours formés par la Cour des comptes, la BCE, et le Comité des régions lorsque leurs
prérogatives sont concernées,
- le recours de personnes physiques ou morales contre les actes les concernant directement
et qui ne comportent pas de mesure d’exécution.
Il est supprimé suivant le règlement du 18 novembre 2015 modifiant le protocole n°3 sur le
statut de la CJUE. Les 7 juges ont été transférés en septembre 2016 au Tribunal de l’Union
européenne et, en septembre 2019, neuf autres juges seront nommés pour s’occuper des
litiges qui ont attrait à sa compétence, et ceci, afin de réduire le délai de jugement des litiges
qui est actuellement de 4 à 5 ans (1.270 causes actuellement).
Sa compétence qui traitait du contentieux pouvant opposer les institutions communautaires
et leurs agents est transféré au Tribunal de l’Union européenne.
En 1965, les Etats membres établirent Luxembourg comme siège permanent de la Cour.
La Cour se trouve dans le bâtiment du Palais, dans le quartier du Kirchberg.
Par sa jurisprudence, la Cour a dégagé les grands principes du droit communautaire
comme l’application directe du droit communautaire (arrêt Van Gend & Loos 1963) ou
encore la primauté du droit communautaire sur les législations nationale (arrêt Costa 1964)
* Organisation
La Cour est composée de 27 juges et de 8 avocats généraux nommés par le Conseil de
l’Union européenne pour une période de 6 ans renouvelable. Ce sont ces 27 juges qui
élisent le Président pour une durée renouvelable de 3 ans.
Les avocats généraux sont chargés de présenter, de façon impartiale et indépendante, un
avis juridique, dénommé « conclusions », dans les affaires dont ils sont saisis.
La Cour statue en chambre de 3 ou 5 juges mais peut siéger en assemblée plénière lorsque
l’affaire est complexe ou importante.
* Compétence
La Cour de Justice de l’Union européenne est compétente :
- pour faire respecter l’application et le droit des traités ou recours en manquement ;
- si la Commission, en sa qualité de gardienne des traités, constate une violation des
objectifs du droit de l’union par des Etats membres, elle va dans un premier temps, émettre
un avis motivé dans lequel elle donne des recommandations ou des avis, et dans un
deuxième temps, si cet avis n’est pas suivi, elle introduit une plainte auprès de la Cour de
Justice de l’Union européenne qui décide dans un arrêt si l’Etat membre a violé le droit de
l’Union européenne ;
- pour trancher les questions préjudicielles que posent les juridictions nationales sur
l’interprétation du droit de l’Union et sur la validité de la jurisprudence de la Cour ;
- pour trancher sur les recours en carence quand le Conseil européen, le Conseil de l’Union,
la Commission, le Parlement, la Banque centrale européenne ou les organes non
institutionnels de l’Union (tels que les agences) refusent de publier un acte juridique ; la
Cour sera alors juge d’appel de la décision prise par le tribunal ;
- pour connaître des litiges relatifs à la réparation des dommages visés à l’article 340 al 2 et
3 du TFUE ; il s’agit des dommages causés par les Institutions ou les agents de l’Union
européenne dans l’exercice de leurs fonctions. La Cour statue comme juge d’appel de la
décision prise par le tribunal ;
- pour statuer sur tout litige entre l’Union et ses agents c'est-à-dire ses institutions, ses
fonctionnaires ou tout autres employés. Concernant ces litiges, le tribunal est compétent
en première instance, la Cour pouvant être saisie d’un pourvoi limité à des questions de
droit contre les décisions du tribunal.
La Cour européenne des droits de l’Homme a été créée en 1959. Elle siège à Strasbourg,
dans le Palais des droits de l’homme conçu en 1994 par l’architecte britannique Richard
Rogers. Elle est compétente pour statuer sur des requêtes individuelles ou étatiques
alléguant des violations des droits civils et politiques issus de la Convention européenne
des droits de l’Homme et de ses 14 protocoles.
Dans ces conditions, la Cour veille au respect des droits de l’Homme dans 47 Etats
membres du Conseil de l’Europe représentant 800 millions d’européens. En 50 ans, elle a
rendu 10.000 arrêts qui sont obligatoires pour les Etats membres.
* Organisation
La Cour est composée de 6 juges élus pour 9 ans non renouvelables par l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe.
Elle comprend un juge par Etat partie, c'est-à-dire, actuellement 47 juges.
Pour l’élection des juges, chaque Etat partie présente une liste de 3 candidats.
Les juges ne représentent aucun Etat. Ils siègent à la Cour à titre individuel. Ils peuvent
être réélus, mais ils doivent cesser leurs fonctions à l’âge de 70 ans.
La Cour est divisée en plusieurs chambres. La chambre est la formation normale de
jugement. Chaque chambre comprend 7 juges. Lorsqu’une affaire soulève des questions
importantes sur l’interprétation de la Convention, c’est une Grande Chambre, composée de
17 juges, qui est compétente.
* Compétence
La Cour Européenne des droits de l’Homme est compétente pour sanctionner toute atteinte
par un Etat membre des droits à un particulier (personne physique), à un groupe de
particuliers (par exemple, une association) ou une organisation non-gouvernementale (par
exemple, la Croix Rouge, Amnesty International) des droits et libertés garantis par la
Convention et ses protocoles.
Cette compétence concerne donc :
- Les libertés physiques, à savoir le droit à la vie respectivement l’abolition de la peine de
mort, l’interdiction de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants,
l’interdiction de l’esclavage, de la servitude et du travail forcé, le droit à la liberté et à la
sûreté c’est-à-dire les cas de privation de liberté autorisée, les garanties en cas
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
Ils sont constitués par 3 professions à savoir les avocats, les huissiers, les notaires.
Le conseil de l’Ordre est chargé d’administrer l’Ordre et de veiller au respect des règles de
la profession.
Quant au conseil disciplinaire et administratif, il est chargé de statuer sur des recours en
matière administrative comme ceux contre les décisions d’arbitrage du bâtonnier et sur les
déferrements des avocats soupçonnés de violation de la discipline.
* Profession Réglementée
Accès à la profession au Luxembourg
Aux termes de l’article de la loi du 10 août 1991, afin d’exercer la profession d’avocat, il
faut avoir obtenu son inscription au tableau d’un ordre des avocats établi au Grand-
Duché.
Sont étudiées ici les conditions que doivent remplir les personnes qui veulent s’établir
pour la première fois comme avocat. En effet, les avocats étrangers peuvent s’inscrire
au Luxembourg sous leur titre d’origine sans avoir à remplir les conditions demandées
aux nouveaux avocats à condition d’en avoir fait la demande au Barreau (Loi du 18
décembre 2008). Pour être inscrit au tableau, il faut :
- présenter une garantie nécessaire d’honorabilité,
- justifier de l’accomplissement des conditions d’admission au stage, c'est-à-dire avoir
passé et réussi l’examen des cours complémentaires de droit luxembourgeois, puis
avoir été admis au stage, avoir effectué ce stage auprès d’un avocat à la cour (inscrit
depuis au moins 5 ans au Tableau) pendant deux ans, et enfin avoir passé et réussi
l’examen de stage ou d’avocat à la cour,
- être de nationalité luxembourgeoise ou être ressortissant d’un Etat membre de l’Union
européenne,
- maîtriser la langue de la législation et les langues administratives et judiciaires au sens
de la loi du 24 février 1984 sur le régime des langues.
Exercice de la profession au Luxembourg
La profession d’avocat peut être exercée de façon individuelle ou sous forme
d’association non dotée de la personne morale. La faculté d’exercer la profession
d’avocat, sous la forme d’une société civile ou commerciale, est admise depuis la loi du
16 décembre 2011 sur la profession d’avocat, à condition que la société civile ou
commerciale soit exclusivement composée d’associés avocats. Cette société
commerciale pourra prendre la forme de Sarl, SA, etc. Il en est de même pour les
groupes d’avocats étrangers qui peuvent s’installer au Luxembourg.
La profession d’avocat peut être exercée de façon indépendante ou salariée.
Il n’y a pas de limite d’âge pour prester en tant qu’avocat.
Contrôle de la profession au Luxembourg
Les avocats sont soumis à une certaine discipline à travers de code de déontologie.
En cas de suspicion d’une infraction, le bâtonnier ouvre une procédure disciplinaire
pour des faits qui sont portés à sa connaissance ou parce qu’il se saisit lui-même. Il
instruit l’affaire et peut demander au procureur général d’Etat l’assistance d’un officier
de police judiciaire pour procéder à une enquête.
Si l’infraction est mineure, le bâtonnier peut sanctionner lui-même par un avertissement,
une réprimande ou une amende d’un montant maximum de 500 euros sinon il dresse
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
Exercice de la profession
- Exercice du ministère de Notaire sur tout le territoire du Grand-Duché,
- Exercice de la profession dans le cadre du secret professionnel,
- Lieu de résidence effective dans la commune qui a été fixée par l’arrêté de nomination.
Il n’est pas permis au notaire d’avoir une autre résidence, même familiale, ni de la
changer sans autorisation préalable. Toutefois, avec l’autorisation du Ministre de la
Justice et aux conditions fixée par la prédite autorisation, il peut établir sa demeure
familiale privée dans une autre localité, le tout sur avis de la Chambre des notaires.
- Le tarif des honoraires et émoluments des notaires est fixé par règlement Grand-ducal.
Il peut être fixe, proportionnel au montant de l’acte, et libre pour certaines opérations
comme les frais de voyage et dépend de l’acte établit ; le notaire indique au bas de son
acte ou de sa quittance de paiement le détail du temps employé de ses honoraires et
débours.
Contrôle de la profession
Il est exercé par un conseil de discipline composé par le président du tribunal
d’arrondissement de Luxembourg ou le juge qui le remplace comme président et 4
membres de la Chambre des notaires désignés d’après leur rang d’ancienneté dans la
profession.
L’instruction d’une affaire contre un notaire se fait par le président de la Chambre des
notaires alors qu’il aura été saisi soit par le procureur d’Etat, soit sur plainte ou soit qu’il se
sera saisit d’office.
Le président est chargé de déférer les affaires au conseil de discipline s’il estime qu’il y a
infraction à la discipline sous réserve que ce déferrement est obligatoire s’il a été saisi par
le procureur d’Etat. Avant de saisir le conseil de discipline, il doit dresser un procès-verbal
des faits ayant motivé l’instruction et il peut demander au procureur général d’Etat de
charger des agents de la police judiciaire de procéder à une enquête.
Par la suite, le président de la Chambre des notaires fait citer le notaire inculpé 15 jours
avant la séance du conseil de discipline, qui assisté ou non d’un avocat, pourra inspection
du dossier au Secrétariat de la Chambre des Notaires et s’en faire délivrer copie à ses frais.
Le conseil de discipline examine au jour de la citation, en entendant successivement les
parties si les faits reprochés sont avérés. Les faits susceptibles d’être reprochés au notaire
inculpé par le Conseil de Discipline sont :
- une violation des prescriptions légales et réglementaires concernant l’exercice de la
profession,
- des fautes et négligences professionnelles
- des faits contraires à la délicatesse et à la dignité professionnelle ainsi qu’à l’honneur
et à la probité, le tout sans préjudice à l’action judiciaire pouvant naître des mêmes
faits.
L’action disciplinaire se prescrit par 5 ans, à compter du jour où les contraventions, tant à
la présente loi, qu’aux autres lois, arrêtés et règlements en la matière, ont été commises.
Il pourra condamner le prédit notaire inculpé dans l’ordre de gravité à :
- un avertissement,
- une réprimande,
- une privation de voix délibérative dans l’assemblée générale avec interdiction de faire
partie de la chambre pendant six ans au maximum,
- une amende de 500 euros à 5.000 euros,
- une suspension de l’exercice de la profession pour un terme qui ne peut être inférieur
à quinze jours ni excéder un an,
- une destitution.
Les frais liés à cette procédure et le cas échéant l’amende sont rendus exécutoires par le
Président du tribunal d’arrondissement.
* Qualité attachée au titre de Notaire
Le Notaire est officier ministériel et public ; il est délégataire de certaines attributions
spécifiques de l’Etat. En effet, il a le monopole pour la rédaction de certains actes.
En contrepartie de ce monopole, le notaire ne peut refuser son Ministère lorsqu’il est requis
sous réserves d’actes qui auraient des liens avec sa famille ou d’actes contraires à une loi
pénale (articles 21 et 24 de la loi du 9 décembre 1976 relative à l’organisation du notariat).
* Missions du Notaire
Elles sont au nombre de deux :
- La rédaction des actes dits notariés ou authentiques portant sur des opérations
juridiques ainsi que sur des faits et déclarations qui déclenchent des conséquences
juridiques. Il appartient au Notaire de conseiller objectivement et, de façon neutre les
parties en présence. Il prend garde à ce que le contenu de son acte reproduise
fidèlement la commune volonté de toutes les parties intéressées par le prédit acte. Le
notaire a dans le cadre de cette mission, une compétence exclusive pour :
rédiger toutes sortes d’actes où un immeuble change de propriétaire que ce soit pour
une vente, donation, partage ou encore échange,
constituer ou modifier une société commerciale,
faire un prêt hypothécaire,
rédiger un contrat de mariage.
- Le conseil juridique : les notaires donnent des consultations juridiques, en
concurrence avec les avocats et les fiduciaires, concernant toutes les questions
relatives au droit civil, successoral, commercial, des sociétés.
5. La Procédure Contentieuse
- ensuite, est considérée comme une défense, le fait d’invoquer une exception de
procédure comme une nullité ; l’exception de procédure se définit comme tout moyen
destiné à faire apparaître la procédure comme éteinte ou à en suspendre le cours ;
- enfin, il s’agit aussi des fins de non-recevoir par lesquelles le défendeur soutient que la
demande est irrecevable car l’une des conditions de sa recevabilité fait défaut.
* Le déroulement du procès civil
L’introduction de l’instance
Le mode d’introduction d’une action en justice devant la justice de paix est
soit une requête notifiée par le greffe de la justice de paix (articles 144 et suivant
du nouveau Code de procédure civile), soit une citation signifié par exploit
d’huissier.
Devant le Tribunal d’arrondissement, il s’agit soit d’une requête qui est notifiée par le
greffe ou emporte l’obligation d’assigner ultérieurement, soit d’une assignation signifiée
par exploit d’huissier.
Devant la Cour, il s’agit d’une assignation emportant acte d’appel.
Ce sont des actes par lequel le demandeur cite ou assigne son adversaire à comparaître
devant le juge compétent. Ils doivent comporter un certain nombre de mentions
notamment énoncées par les articles 144 et suivants du nouveau Code de procédure
civile à peine de nullité pour vice de forme.
L’avocat qui rédige une requête, une citation ou une assignation doit au préalable vérifier
quel est le juge qui est compétent d’abord territorialement à savoir s’il faut assigner
devant le tribunal d’arrondissement de Luxembourg ou celui de Diekirch, puis déterminer
quel est le juge compétent en fonction de la nature du litige et / ou en fonction du montant
de la demande, sachant que la justice de paix est compétente jusqu’à 10.000 euros sauf,
par exemple, en matière de saisie arrêt sur salaire où elle est compétente quelle que soit
la valeur de la demande.
La comparution du défendeur
En contrepartie de la notification de la requête, de la citation ou de l’assignation, le
défendeur doit comparaître :
dans un délai de 15 jours par ministère d’avocat devant le tribunal d’arrondissement
siégeant en matière civile, sauf en matière de référé ordinaire / divorce où il peut se
présenter personnellement.
par avocat ou se présenter lui-même devant la justice de paix, le tribunal de commerce
à la date fixée pour l’audience.
par ministère d’avocat devant la Cour d’Appel.
S’il y a comparution par ministère d’avocat, l’avocat du défendeur informe l’avocat du
demandeur de cette constitution et une copie de constitution sera donnée dans le dossier
en vue de l’enrôlement.
La saisine du tribunal
Elle se fait par l’enrôlement :
devant la Justice de paix, la requête qui a été envoyée en original et en plusieurs copies
par l’avocat est inscrite au rôle de l’audience de fixation où elle sera appelée ; s’il s’agit
d’une citation, c’est l’huissier qui dépose l’acte pour enrôlement ;
Pour une assignation en référé, c’est également l’avocat qui dépose une chemise
comportant une copie de l’assignation au greffe des référés en vue de l’enrôlement
à l’audience prévue ;
Enfin, pour une assignation en matière civile hors référé, l’avocat dépose 4 copies
conformes de son assignation et une copie de ses pièces, une copie de la
constitution de l’avocat du défendeur dans une chemise, en vue de l’inscription de
l’affaire dans le cadre de la mise en état, étudiée ci-dessous.
devant la Cour d’appel, c’est à l’avocat de déposer au greffe soit sa chemise en vue de
la mise en état, soit simplement une chemise avec une copie de l’acte d’appel en matière
de référé.
L’instruction de l’affaire
Elle se fait généralement, lors de l’audience de plaidoiries mais a été instituée en
matière civile contentieuse devant le tribunal d’arrondissement et devant la Cour
d’appel ; la mise en état permet l’instruction d’une affaire suivant une procédure
rigoureuse.
Cette mise en état est instituée si le Président de la Chambre estime que l’affaire n’est
pas en état d’être jugée sur le fond et ne peut être immédiatement renvoyée à
l’audience. Le président de la Chambre à laquelle a été distribuée l’affaire comme un
des magistrats statue comme juge de la mise en état.
Dans la procédure de mise en état, chaque protagoniste de l’instance à un rôle
particulier.
Le rôle des parties au cours de l’instruction : dans la procédure avec ministère d’avocat
obligatoire, il appartient aux parties par l’intermédiaire de leurs avocats de rédiger des
conclusions qui sont définies comme des actes de procédure dans lesquels les parties
vont fixer leurs prétentions et proposer au juge une argumentation fondée sur des
moyens de droit et de fait. Ces conclusions sont une nécessité puisqu’une partie ne
peut déposer aucun moyen si elle ne conclut pas.
L’assignation vaut conclusions pour le demandeur. Quant au défendeur, il doit aussi
déposer des conclusions après avoir constitué avocat. Cet échange de conclusions
peut être unique ou multiple.
C’est la raison pour laquelle a été instauré un calendrier de procédure. C’est tout
simplement un calendrier qui fixe les dates auxquelles les échanges doivent avoir lieu.
Le rôle du juge de la mise en état : il a une mission de contrôle effectif de la bonne
marche du procès et surtout il a une mission de mise en état intellectuel. Il doit prendre
une connaissance personnelle des affaires qui lui ont été confiées. Pour ce faire, il a
certains pouvoirs, notamment en matière de communication, d’obtention et de
production des pièces. Il a le pouvoir d’ordonner toutes les mesures d’instruction
comme les enquêtes ou les expertises.
Il a aussi une mission de régulation des causes ; c’est là qu’il impose un rythme à
l’instance en utilisant deux pouvoirs : celui de fixer des délais pour l’échange des
conclusions ou pour la communication des pièces. Sachant qu’en cas de non-respect
de ces délais, il peut à titre de sanction renvoyer l’affaire en l’état devant le tribunal et
donc clôturer l’instruction.
A la fin, lorsque le juge de la mise en l’état l’a décidé, il ordonne de clore l’instruction.
Cette mesure cristallise le litige, par conséquent, à compter de son prononcé, il est
interdit de produire de nouvelles conclusions ou de nouvelles pièces. A la suite de la
clôture, le juge renvoie l’affaire à une audience et à une heure fixées pour plaidoiries.
Les débats
Ils ont lieu à jour et heure fixée. Ils sont publics, contradictoires, oraux et sont dirigés
par le Président de l’audience qui a seul pouvoir de donner la parole aux uns et aux
autres. Il dispose également de pouvoir de police de l’audience afin d’assurer la
sérénité de la justice.
L’avocat du demandeur prend en premier la parole puis ensuite l’avocat du défendeur
réplique.
Le président et ses juges assesseurs le cas échéant peuvent poser des questions.
Dans certaines matières regardant l’ordre public, le ministère public peut intervenir.
Une fois les plaidoiries terminées, les débats sont clos et l’affaire est prise en délibéré.
Les incidents
Ce sont des facteurs de complication de l’instance qu’il faut résoudre dans le cadre de
l’instance.
Les incidents relatifs à la preuve
Il existe deux sortes de preuves à savoir celles qui sont fournies par les parties dites
préconstituées et celles qui se cherchent en cours d’instance ordonnées par le juge
et contrôlées par lui.
Concernant les pièces
Le problème peut survenir du fait qu’une partie refuse de communiquer les pièces à l’autre
partie alors qu’il devrait y avoir communication volontaire desdites pièces. Dans ce cas,
si la communication n’est pas volontaire, la partie qui est en victime peut demander au
juge d’enjoindre à son adversaire d’effectuer la communication. Si une pièce est détenue
par tiers et qu’elle est nécessaire à l’instance, le juge peut enjoindre à ce tiers de produire
la pièce et ce, sur simple demande d’une des parties.
Concernant les contestations relatives à la preuve littérale, il arrive qu’au cours d’un
procès, un litige survienne sur l’attribution d’un acte ou sur son contenu. On a donc
instauré deux procédures qui permettent de vérifier l’authenticité ou la sincérité des actes
litigieux.
Il s’agit en premier lieu, de la demande en vérification d’écriture permettant à une partie
qui suspecte l’origine d’un acte que son adversaire produit en justice de faire établir la
sincérité de l’origine de l’acte ou l’authenticité de la signature. Cette demande en
vérification d’écriture peut être présentée à l’occasion d’un procès, elle est alors dite
incident, elle peut être présentée directement sans attendre le procès, elle est dite
principale.
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
En deuxième lieu, il s’agit de demande en faux : le faux peut être matériel, l’acte a été
altéré ou fabriqué de toutes pièces. On peut aussi avoir un faux intellectuel, c'est-à-dire
que les énonciations de l’acte sont fausses. La demande en faux peut être faite
incidemment ou à titre principal.
Les incidents résultant de l’intervention judiciaire
Le juge peut ordonner diverses mesures d’instruction pour éclairer les débats. Il peut
notamment faire des vérifications personnelles, ordonner une comparution
personnelles des parties, recevoir des attestations testimoniales, faire nommer un
technicien ou expert pour une constatation, consultation, expertise.
Les incidents relatifs au cours de l’instance
Ces incidents désignent des situations qui provoquent un blocage, un arrêt ou
l’extinction même de l’instance sans qu’une décision définitive ne soit intervenue.
Concernant l’interruption d’instance
L’interruption d’instance est une situation de fin provisoire du procès en raison de la
survenance d’un évènement lié à la situation personnelle des parties ou de leurs
représentants ; ce sont les cas de la survenance de la majorité d’une des parties, le dépôt
de son mandat par l’avocat d’une des parties, la survenance d’un jugement de liquidation
judiciaire, la cessation des fonctions de celui qui représente légalement un incapable, le
recouvrement ou la perte par l’une des parties de sa capacité d’agir en justice, le décès
de l’une des parties.
Les causes d’interruption ont pour effet que tous les actes à l’encontre du bénéficiaire de
cette interruption sont réputés non avenus. Mais la partie bénéficiaire de l’interruption peut
s’il y a de son intérêt confirmer ces actes.
Concernant la suspension de l’instance
La suspension intervient en cas d’événement étranger à la situation des parties ou de
leurs représentants mais qui constitue tout de même des obstacles à la poursuite de
l’instance. La progression de l’instance est provisoirement arrêtée mais l’instance
continue à être inscrite au rôle du tribunal ; elle reprendra d’elle-même dès la disparation
de la cause de suspension sans aucune formalité à accomplir.
Il s’agit du sursis à statuer c'est-à-dire une période de l’instance pendant laquelle
l’audience est suspendue par suite d’une décision de la juridiction pour le temps ou
jusqu’à la survenance d’un événement qu’elle détermine, par exemple s’il y a eu dépôt de
plainte contre un témoin, le temps que cette plainte soit étudiée voire jugée.
C’est aussi la radiation de l’affaire c'est-à-dire que l’affaire est mise sur une voie de garage
suite à l’inaction des parties par décision du juge, mais elle n’a pas disparue, ainsi que le
retrait du rôle qui est une demande commune des parties de radier conventionnellement
l’affaire afin d’éventuellement se concilier, par exemple lorsqu’une partie fait une
demande en divorce pour faute, puis après est d’accord pour procéder à un divorce par
consentement mutuel.
Concernant l’extinction de l’instance,
Elle est en principe la conséquence d’un jugement sur le fond réglant le litige ; mais il peut
aussi y avoir une extinction de l’instance accessoirement à l’action par l’acquiescement ;
il peut aussi y avoir une extinction de l’instance à titre principal par l’effet de la péremption,
du désistement d’instance ou de la caducité de la citation.
Dans son arrêt HORNSBY, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a disposé que
l’exécution des décisions de justice faisaient partie des principes protégés par l’article
6-1 de la Convention Européenne des droits de l’homme relatif au procès équitable.
Afin d’être exécuté, le jugement doit revêtir la formule exécutoire c'est-à-dire l’ordre
donné aux personnes compétentes de prêter main-forte pour faire exécuter la décision.
Sauf exécution volontaire, un jugement ne peut être exécuté que s’il a été notifié ou
signifié à personne et si après avoir été notifié ou signifié à personne, il a acquis force
de chose jugée c'est-à-dire s’il n’est susceptible d’être attaqué par une voie de recours.
Toutefois, et par exception au principe suspensif de l’appel ou de l’opposition, certains
jugements peuvent être revêtus de l’exécution provisoire.
L’exécution provisoire permet l’exécution du jugement malgré l’exercice d’une voie de
recours.
Elle est automatiquement prononcée dans l’ordonnance de référé ordinaire ou divorce.
Mais elle est facultative pour le juge qui peut ou non la prononcer si elle est demandée
dans les conditions de l’article 244 du Nouveau Code de Procédure Civil qui stipule «
l’exécution provisoire, sans caution, sera ordonnée même d’office, s’il y a titre
authentique, promesse reconnue, ou condamnation précédente par jugement dont il
n’y ait point appel. Dans tous les autres cas, l’exécution provisoire pourra être ordonnée
avec ou sans caution. ».
* Les voies de recours
Elles existent car l’erreur comme l’injustice sont humaines et qu’il faut permettre aux parties
un examen nouveau de leur affaire.
Les voies de recours ordinaires
L’appel
C’est une voie de recours qui tend à faire réformer ou annuler par une juridiction
supérieure un jugement rendu par une juridiction inférieure.
C’est une voie de recours :
de droit commun étant à la disposition de tout citoyen
de réformation dans la mesure où l’appel vise à contrôler le bien ou le mal jugé
en droit et en fait et ainsi permettre de réparer les erreurs intellectuelles des
premiers juges.
d’annulation en ce qu’elle permet d’annuler un jugement irrégulier.
L’appel pour être déclaré recevable doit respecter des conditions de fond et de forme.
Il entraîne des effets sur le jugement déféré à la juridiction supérieure.
La recevabilité de l’appel
o Les conditions de fond
Relatives à la décision juridictionnelle : le principe est que toute personne mécontente de son
premier jugement peut interjeter appel sauf si la loi en dispose autrement. C’est notamment le cas
pour les jugements de la justice de paix rendu en premier et dernier ressort.
Relatives aux parties : l’appel concerne normalement les parties présentes en première instance,
l’intervention de nouvelles parties en appel n’étant possible que s’il s’agit de tierce opposition.
A côté d’un appel principal fait par une partie, son adversaire qui lui aussi n’est que partiellement
satisfait peut vouloir à son tour relever appel pour obtenir pleinement satisfaction, ce sera un appel
incident. Cet appel se définit comme celui qui émane de l’intimé seulement, c'est-à-dire de celui
contre lequel l’appel principal est dirigé.
o Les conditions de forme
Le délai : prescrit sous peine d’irrecevabilité, il est de 40 jours à compter de la signification à
personne ou à domicile (article 571 du Nouveau Code de procédure civile)
La forme de l’appel : l’appel se fait par assignation (par exploit d’huissier) à jour fixe comme par
exemple en matière commerciale ou dans un délai de comparution de 15 jours pour les matières
civiles (par exemple en matière de responsabilité contractuelle).
Les effets de l’appel
Ils sont au nombre de 3.
L’effet suspensif : le délai d’appel et l’exercice d’appel suspendent l’exécution du
jugement à moins que la décision ne bénéficie de l’exécution provisoire de droit ou qu’elle
n’ait été accordée par le juge.
L’effet dévolutif : le litige est transporté des premiers aux seconds juges dans toutes ses
questions de fait et droites pour qu’il soit à nouveau statué.
L’évocation : c’est une faculté qui appartient au juge d’appel saisi de l’appel de certains
jugements de première instance de s’emparer de l’affaire et de statuer sur le tout, c'est-à-
dire l’appel et le fond, dans une seule et même décision.
L’opposition
Elle permet à la partie défaillante de faire rétracter un jugement qui a été rendu par
défaut et par l’effet de laquelle l’affaire revient devant le tribunal qui a statué la première
fois.
La recevabilité de l’opposition
o Les conditions de fond
Relatives aux décisions juridictionnelles : elle n’est ouverte qu’à l’encontre des jugements
rendus par défaut.
Relatives aux personnes habilitées à faire opposition : elle n’est ouverte qu’à la partie à
l’instance qui a abouti à un jugement rendu par défaut.
o Les conditions de forme
Le délai est de 15 jours à compter de la signification / notification à personne.
L’opposition est formée dans les formes prévues pour chaque type de juridiction.
Les effets de l’opposition
Ils sont au nombre de 2.
L’opposition a un effet suspensif du jugement rendu par défaut de même que son délai
à moins que l’exécution provisoire n’ait été accordée.
L’opposition a un effet dévolutif alors que le jugement primitif est remis dans son entier
à l’appréciation des juges et du même juge qui se voit déférer tous les points jugés par
défaut pour qu’il soit statué à nouveau en fait et en droit.
contradictoire et non autonome par rapport à la procédure civile alors qu’en de silence de
la loi sur la procédure administrative, le Nouveau Code de Procédure Civile a une vocation
supplétive.
Elle régit le recours contentieux qui est soit un recours en annulation, soit un recours en
réformation, de l’introduction d’un requête en passant par son instruction jusqu’à son
jugement et l’exercice des voies de recours contre le premier jugement.
Le recours en annulation
Dans le cadre d’un recours en annulation, le juge administratif se limitera à déclarer l’acte
comme illégal.
Il appartiendra à l’administration d’établir un nouvel acte, en tirant parti des conclusions du
jugement rendu par le juge contre cet acte.
Le recours en annulation est le recours de droit commun, appelé à intervenir dès qu’une loi
ou un règlement ne prévoit pas l’existence d’un recours en réformation.
Ce principe d’application générale est reconnu au pays d’une part, par l’article 31 de la loi
du 8 février 1961 portant organisation du Conseil d’Etat, d’autre part, par l’article 2(1) de la
loi du 7 novembre 1996 portant organisation des juridictions de l’ordre administratif
disposant que « Le tribunal administratif statue sur les recours dirigés pour incompétence,
excès et détournement de pouvoir, violation de la loi ou des formes destinées à protéger
les intérêts privés, contre toutes les décisions administratives à l’égard desquelles aucun
recours n’est admissible d’après les lois et règlements. »
En France, le principe selon lequel le recours contentieux est, le recours de droit commun
en l’absence d’un texte prévoyant un recours en réformation a été dégagé, par l’Assemblée
du Conseil d’Etat, dans un arrêt du 17 février 1950 « Dame LAMOTTE ».
Afin de dessiner le pourtour de ce recours en annulation, il est nécessaire d’étudier quels
sont les cas d’ouverture du recours en annulation, quelle est la mission et la vérification du
juge, et, enfin quels sont les effets de ce recours.
- Les irrégularités commises au cours d’une procédure impliquant une consultation du public
comme en matière de droit d’établissement (la loi modifiée du 10 juin 1999 relative aux
établissements classés d’ordre public).
- Les irrégularités dans d’autres matières comme par exemple en matière de retrait de points
du permis de conduire. Ainsi, dans un jugement du 30 juin 2003, le tribunal administratif a
dit pour droit que « la décision de procéder à un retrait de points d’un permis de conduire
doit être annulée pour violation des formes destinées à protéger les intérêts privés, dans la
mesure ou l’avertissement taxé pris à la base ne mentionne matériellement aucun nombre
de points retirés ».
* Les cas d’illégalité internes
Le détournement de pouvoir
Le vice de détournement de pouvoir est destiné à faire reconnaître que l’acte a été pris
sur des mobiles étrangers à celui que doit avoir eu une entité administrative placée
dans les mêmes circonstances de fait et de lieu.
Il s’agit de vérifier si l’auteur de l’acte a été diligent et compétent de la même manière
qu’ « un bon père de famille » en droit civil.
Le critère retenu est celui de l’intérêt général de telle sorte qu’un acte qui heurterait
l’intérêt général serait sanctionné au titre du détournement de pouvoir.
Ce vice est très difficile à prouver car il faut renverser la présomption de légalité de tout
acte administratif ainsi de conformité par rapport aux objectifs de la loi sur la base de
laquelle il a été pris.
La violation de la loi
Il s’agit de vérifier si l’acte attaqué n’est pas conforme à l’environnement juridique (c'est-
à-dire à la loi, aux règlements grands ducaux, à la Constitution, aux conventions et aux
traités internationaux) qui l’entoure.
Dans le cadre de la violation de la loi, le requérant pourra attaquer l’acte :
en fait
Lors de l’élaboration de l’acte, le juge vérifie si les faits ont été correctement pris en
considération par l’administration.
Le juge vérifie si au moment de cette élaboration, l’autorité administrative s’est fondée
sur des faits réels et en a fait une appréciation exacte (arrêt Entreprise des Postes et
Télécommunications c/Alles, n°10636C du 2 juillet 1998 Cour administrative).
Le contrôle du juge consiste à vérifier l’exactitude matérielle des faits à la base de
l’acte et, dans les domaines ou l’administration dispose d’un large pouvoir
discrétionnaire, l’erreur d’appréciation manifeste destinée à lutter contre le versement
de l’administration dans l’arbitraire.
Le pouvoir discrétionnaire de l’administration est donc limité par ce contrôle dit
minimum du juge administratif afin d’éviter l’exercice manifestement déraisonnable de
ce pouvoir.
en droit
Concernant le dispositif de l’acte, c’est une illégalité relative à l’objet ; concernant les
motifs, c’est le cas où l’administration aurait fondé son acte sur des règles juridiques
L’action en justice
Le régime juridique
Pour la computation des délais pour agir, il est fait application des règles du Nouveau
Code de procédure civile par exemple au regard de l’article 1256 du Nouveau de Code
Procédure Civile « pour toute délai de procédure, la computation se fait à partir de minuit
du jour de l’acte, de l’événement, de la décision ou de la signification qui le fait courir. Le
délai expire le dernier jour à minuit ».
L’événement qui permet de déterminer si le recours a été déposé dans le délai légal de
trois mois est le dépôt au greffe, à l’exclusion de toute autre formalité.
Ce délai de trois mois est déclenché pour les actes réglementaires par la publication
dans un recueil ou par affichage et pour les autres types d’actes administratifs par la
notification de la décision.
C’est à l’Administration de prouver l’existence de la formalité qui a pu faire courir le délai
de recours contentieux.
Cependant, ce délai de recours contentieux de trois mois est valablement interrompu par
l’exercice d’un recours gracieux ou un recours hiérarchique.
Ce recours gracieux ou hiérarchique devra contenir au moins un élément de réclamation
pour être qualifié comme tel et entraîné l’interruption du délai, et ne pas être une simple
lettre.
A l’expiration d’un délai de trois mois pour répondre à ce recours gracieux ou
hiérarchique soit l’Administration n’a pas répondu et il s’agit d’un refus implicite faisant
courir un nouveau délai de trois pour agir, soit l’Administration a répondu et c’est à partir
de cette nouvelle décision que court un nouveau délai pour agir en contentieux de trois
mois.
Le législateur a prévu une exception à la prorogation du délai.
En effet, La loi modifiée du 5 mai 2006 relative au droit d’asile et à des formes
complémentaires de protection, certainement dans le but d’une accélération de la
procédure, a prévu dans son article 9 que les recours gracieux exercés contre le ministre
statuant sur le bien-fondé d’une demande de protection internationale n’interrompent pas
les délais de recours prévus.
La même exception vaut lorsque le ministre statue sur une telle demande dans le cadre
d’une procédure accélérée (article 20 de la même loi).
La qualité pour agir devant les juridictions administratives
Champ d’application
Pour les personnes physiques, la qualité pour agir se confond avec l’intérêt pour agir, il
suffit donc d’avoir un intérêt personnel et direct.
Pour les personnes morales, la qualité pour agir se confond également avec l’intérêt pour
agir, il suffit que l’acte administratif attaqué affecte l’objet social de la personne morale
concernée et que cette personne morale ait la personnalité juridique.
Régime
Conformément à l’article 2 (2) de la loi modifiée du 7 novembre 1996 portant organisation
des juridictions de l’ordre administratif, il suffit d’être « une partie se prétendant lésée ».
La qualité pour agir s’apprécie au jour de l’introduction de la demande en justice.
L’intérêt à agir devant les juridictions administratives
L’exigence d’un intérêt pour agir ou donnant qualité pour agir vient du principe « pas
d’action sans intérêt » sachant qu’il s’agit d’une question d’ordre public, pouvant être
relevée d’office par le juge.
De l’intérêt pour agir, dépend la recevabilité d’un recours contentieux tant pour les actes
administratifs individuels que les actes administratifs réglementaires.
Conditions ou critères d’existence de l’intérêt :
Afin de voir son recours recevable, le requérant doit justifier de la lésion d’un intérêt :
personnel et direct ; le requérant doit pouvoir se prévaloir d’une lésion à caractère
individuel dérivant directement de l’acte attaqué et distinct de l’intérêt général.
Il faut que l’acte attaqué soit susceptible de causer un préjudice et que l’annulation
que pourrait tirer le requérant du recours contentieux entraîne une satisfaction
certaine et personnelle.
Normalement, un intérêt indirect ne suffit pas sauf si d’après la jurisprudence, dans
le cas d’un demandeur qui introduit un recours contre un acte administratif individuel
conférant ou reconnaissant des droits à des tiers, ce demandeur fait état « d’une
affectation de sa situation et qu’il établisse l’existence d’un lien suffisamment direct
contre la décision querellée et sa situation personnelle » (jugement du tribunal
administratif du 18 juin 2003, n°12465).
effectif, né et actuel ; l’intérêt doit être effectif c'est-à-dire que le requérant doit, par
l’objet de sa demande, justifier que l’aboutissement du recours peut lui apporter un
remède effectif à la violation alléguée de cet intérêt.
L’intérêt doit être né et actuel autrement dit l’intérêt doit être certain, donc pas
simplement éventuel, et, en ce sens la décision attaquée doit avoir une incidence
sur sa situation personnelle.
légitime : l’intérêt invoqué ne doit pas viser à voir consacrer une situation contraire à la
loi.
Le régime ou appréciation par le juge de l’existence de l’intérêt
En principe, l’existence de l’intérêt à agir est appréciée par le juge administratif à la date où
le recours est exercé devant la juridiction administrative, c'est-à-dire au jour du dépôt de la
requête introductive d’instance.
Cependant, il est admis par les juridictions administratives qu’il suffit que l’intérêt existe au
moment où le juge statue, le requérant pouvant encore au stade de la procédure établir par
des éléments de preuve qu’il peut faire valoir un intérêt à agir.
Parallèlement, la disparition de l’intérêt en cours d’instance ne provoque pas l’irrecevabilité
du recours, dès lors que cet intérêt existait à la date de son exercice.
L’appréciation de l’intérêt à agir se fait par rapport à l’objet et non des moyens invoqués.
Le juge apprécie cet intérêt de façon concrète, c'est-à-dire par rapport à la situation de fait
dans laquelle se trouve le requérant et non de manière abstraite.
Les cas particuliers sont au nombre de deux :
L’intérêt du voisin : le requérant agissant en qualité de voisin à l’obligation de justifier
d’un intérêt suffisamment caractérisé, alors que la simple qualité de voisin ne suffit pas.
Par exemple, le voisin direct, longeant le terrain devant accueillir la construction projetée
et ayant une vue immédiate sur celui-ci, a intérêt à agir contre l’autorisation de construire
(TA, 4 juin 1997, n° 9728).
L’intérêt corporatif : au regard de l’article 7(2) de la loi du 07 novembre 1996 précitée,
les associations d’importance nationale, dotées de la personnalité morale et agréées au
titre d’une loi spéciale à exercer les droits reconnus à la partie civile en ce qui concerne
les faits constituant une infraction au sens de cette loi spéciale, sont recevables à agir
dans les cas où un acte réglementaire qu’elles contestent a porté atteinte à l’encontre
de l’intérêt collectif de ceux qu’elles représentent.
Elles ne sont pas admises à agir contre un acte individuel.
* Le Régime
S’agissant d’une question de recevabilité, le juge examine si le requérant possède la
capacité active d’ester en justice c'est-à-dire qu’il vérifie si la personne physique ou morale
qui a introduit l’action en justice dispose bien de la personnalité juridique et au cas où elle
doit être représentée, elle l’a été par l’organe valablement habilité.
Le libellé obscur doit pour être admis porter atteinte aux droits de la défense de la partie
défenderesse.
L’obscuri libelli s’analyse pour chacun des éléments constitutifs de l’instance à savoir les
parties, la cause, l’objet.
Les parties
La requête introductive d’instance doit identifier clairement la personne du requérant.
l’identification de la partie requérante : l’omission de l’indication de l’identité exacte de
la partie requérante dans la requête introductive d’instance n’entraîne la nullité de la
requête que si cette omission est de nature à violer les droits de la défense.
l’identification du domicile, du siège social de la partie requérante : l’absence
d’indication du domicile du requérant n’est pas susceptible d’entraîner une annulation
pour libellé obscur à partir du moment où le défendeur en justice ne peut se méprendre
sur la situation dudit domicile.
La cause
La requérant doit formuler les moyens à la base de son recours avec une précision telle
que le tribunal appelé à statuer soit mis en mesure d’analyser in concreto la légalité de
la décision déférée.
Le requérant doit fournir des éléments de fait et de droit, de nature à combattre la
présomption selon laquelle la décision administrative a été régulièrement prise sinon la
requête introductive d’instance sera rejetée pour libellé obscur.
L’objet
L’objet d’un recours contentieux est soit la réformation, soit l’annulation d’une décision
administrative.
Le juge administratif refuse le libellé obscur s’il s’agit d’une simple erreur matérielle et s’il
n’y a pas pu avoir de confusion dans l’objet de la requête introductive d’instance.
Par contre, s’agissant d’une requête introductive d’instance comprenant plusieurs
attaquées, le requérant devra prendre soin de décrire chacune d’entre elles avec
précision et de reprendre chacune de celles attaquées dans le dispositif de la prédite
requête au risque sinon la requête sera rejetée pour libellé obscur.
Enfin, les magistrats de la Cour administrative considèrent que le fait de présenter en
deuxième instance exactement la même demande que celle présentée en première
instance emporte implicitement mais nécessairement demande de réformation du
jugement de première instance (CA, 9 Juin 2005, n° 19242C) écartant ainsi le libellé
obscur.
* L’exception d’incompétence rationae materia
Les juridictions administratives vérifient de plein droit leur compétence rationae materia.
Elles se déclarent elles-mêmes incompétentes pour statuer par exemple sur un recours
administratif formé à l’encontre d’une sommation à tiers détenteur, contentieux du
recouvrement de l’impôt qui relève du juge judiciaire.
L’intervention volontaire est régie par les articles 20 et 43, l’intervention forcée par les
articles 4 et 51 du règlement précité.
La reprise d’instance se définit comme la relance de l’instance interrompue, en l’état où
elle se trouvait lors de l’interruption. Elle est régie par l’article 21 du règlement précité qui
la rend possible seulement lorsque l’affaire n’est pas en état d’être jugée.
* quant aux professionnels de la justice impliqués, il peut y avoir incident du fait :
de la récusation des magistrats appelés à statuer sur l’affaire, la récusation se
définissant comme l’acte par lequel un plaideur refuse d’être jugé par ou en présence
d’un magistrat dont il conteste l’impartialité.
La procédure de récusation est régie par les articles 24 et 52 du règlement de
procédure du 21 juin 1999.
Le motif de récusation doit se rattacher à la personne qui est visée par la procédure
et non à l’institution dont celle-ci fait partie.
du désaveu d’un avocat : le désaveu est l’acte par lequel une personne conteste
avoir donné mandat à une autre pour une opération déterminée ou soutient que son
mandataire a excédé les pouvoirs qu’il lui avait conférés.
Le désaveu est régi par l’article 23 du règlement précité et se présente comme une
instance ayant pour effet de suspendre l’instance principale jusqu’à ce que le juge
compétent statue sur la question du désaveu.
de la révocation d’un avocat : la révocation se définit comme « l’acte unilatéral par
lequel celui qui avait confié une mission à une personne met fin à cette mission » ;
cependant, l’article 21 du règlement précité en disposant que « L’acte de révocation
d’un avocat par la partie est sans effet pour la partie adverse, s’il ne contient pas la
constitution d’un autre avocat » protège les autres avocats qui doivent pouvoir
envoyer leurs écrits judiciaires dans les délais légaux à l’avocat constitué, peu
importe que celui-ci ait été révoqué, et ce jusqu’à ce qu’un nouvel avocat à la Cour
ait procédé à sa constitution d’avocat.
La décision en elle-même
juridiction ait pris une décision prenant acte de la partie requérante de son intention de se
désister de son action en justice.
* La question des frais de justice
Les dépens sont à la charge de la partie qui succombe conformément à l’article 32 du
règlement de procédure.
Une indemnité de procédure pourra être accordée à la partie qui aura gagné le procès
consistant dans le remboursement des sommes exposées par elle, non comprises dans les
dépens et qui seraient inéquitables de laisser à sa charge (article 33 du règlement de
procédure du 21 juin 1999).
2) La notification
La mise en exécution des décisions de la justice administrative repose sur la notification des
décisions en question par le greffe de la juridiction à l’origine de la décision.
* Les modalités de la notification
Aux termes de l’article 34 du règlement de procédure du 21 juin 1999, le greffier notifie une
copie certifiée conforme du jugement auprès du mandataire chargé de représenter la partie
concernée pendant la durée de l’instance.
Si la partie concernée n’a pas élu domicile auprès de son mandataire de justice, le greffier
procédera par une remise directe à la prédite Partie.
Quand la partie représentée est l’Etat, la notification se fait directement auprès du membre du
gouvernement qui est en charge de superviser l’administration à l’origine de l’acte attaqué.
* Les effets provoqués par la notification
La notification de la décision permet la mise en exécution des jugements et fait courir le délai
imparti pour exercer un recours en appel.
Une notification se fait toujours par lettre recommandée avec avis de réception.
L’exécution de la décision
La décision qu’il aura prise remplacera en tout ou en partie l’acte administratif initial porté devant
lui dans le cadre du contentieux administratif (jugement n°11322, « Spautz et Joachim c/
Ministre du Travail et Ministre de l’Environnement du 12 juillet 2000).
* Cas simple du recours en annulation
Dans le cas où le juge administratif aura statué comme juge de l’annulation, aux termes de
l’article 2(4) de la loi du 7 novembre 1996 portant organisation des juridictions de l’ordre
administratif « l’affaire est renvoyée en cas d’annulation pour incompétence devant l’autorité
compétente et, dans les autres cas, devant l’autorité dont la décision a été annulée, laquelle en
décidant du fond, doit se conformer audit jugement ».
En conséquence, l’administration acceptera de faire droit à la décision du juge administratif et
rendra une nouvelle décision sur la base des éléments de fait et de droit retenus par le juge
administratif.
Et parallèlement, suivant le principe « les actes annulés sont réputés n’être jamais intervenus »,
l’acte n’existe plus et doit être considéré comme n’ayant jamais existé.
1) L’action publique
L’action publique appelée aussi « l’action pour l’application des peines » (article 1 du Code
d’instruction criminelle) a pour but de réprimer le trouble social, par l’application d’une peine ou
d’une mesure de sûreté à l’auteur de l’infraction.
Elle est l’objet principal du procès pénal.
Elle appartient à la société qui l’exerce par les magistrats du Ministère Public et à elle seule.
La société peut aussi renoncer à exercer cette action publique notamment parce que le trouble
social a été effacé par le temps.
* L’exercice de l’action publique
Les sujets de l’action publique
Le sujet passif de l’action publique
L’action publique est exercée :
s’agissant d’une personne physique, contre l’auteur de l’infraction (auteur, coauteur ou
complice). Le principe de la responsabilité pénale individuelle et celui de la personnalité
des peines interdisent de l’intenter contre des personnes qui ne sont que civilement
responsables du délinquant (père, mère d’un mineur de 18 ans).
L’action publique ne pourra pas non plus s’exercer contre les héritiers si le délinquant
vient à décéder alors qu’ils ne sont tenus que des réparations et des dettes civiles.
s’agissant de personnes morales : depuis la loi du 3 mars 2010, l’action publique peut
être dirigée contre la personne morale, pénalement responsable sans occulter celles
des dirigeants (personnes physiques) qui étaient à la tête de cette personne morale.
Le sujet actif de l’action publique
Aux termes de l’article 1 du Code d’Instruction criminelle l’action publique peut être mise en
mouvement tant par le Ministère Public que par la partie lésée qu’il exerce en se constituant
partie civile au procès pénal (en formant devant le juge répressif une demande en réparation
du préjudice que lui a causé l’infraction).
Mais l’exercice de l’action publique appartient au Ministère Public et appartient à lui seul même
si la poursuite a été engagée sur l’initiative de la victime.
Les Bourgmestres, Echevins, et d’autres fonctionnaires peuvent également exercer l’action
publique dans des domaines spécifiés par la loi à travers des pouvoirs de police judiciaire.
Le Ministère Public :
composition du Ministère Public
Auprès de la Cour de Cassation et de la Cour d’Appel, le Ministère Public appelé aussi Parquet
Général est composé du procureur général d’Etat et de ses substituts.
Auprès des Tribunaux d’Arrondissement et des Tribunaux de police, le Ministère Public est
composé du procureur d’Etat et de ses substituts.
caractères du Ministère Public
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
Le Ministère public est d’abord un corps hiérarchisé, recevant des ordres des supérieurs
hiérarchiques auxquels il doit obéir. Ainsi le procureur général d’Etat reçoit des ordres du
Ministre de la Justice.
L’article 19 du Code d’instruction criminelle dispose que « le ministre de la justice peut dénoncer
au procureur général d’Etat les infractions à la loi pénale dont il a connaissance, lui enjoindre
d’engager des poursuites ou de saisir la juridiction compétente de telles réquisitions écrites que
le ministre juge opportune ».
Alors que le procureur général d’Etat a autorité sur tous les autres officiers du ministère public,
l’article 20§2 du Code d’Instruction criminelle disposant qu’« à l’égard de ces magistrats, il a les
mêmes prérogatives que celles reconnues au ministre de la Justice à l’article précédent ».
Cependant, cette subordination hiérarchique est limitée d’une part, par le fait que s’agissant du
Procureur Général d’Etat comme du Procureur d’Etat, ils sont investis d’un pouvoir de poursuite
propre sans ordre et que d’autre part, conformément à l’article16-2 du Code d’Instruction
criminelle, s’ils doivent se conformer dans leurs réquisitions écrites aux ordres qu’ils ont reçus,
ils sont libres de développer oralement des réquisitions contraires à leurs conclusions écrites.
Ensuite, le Ministère public est un corps indivisible c'est-à-dire que les magistrats du parquet
(du moins ceux qui appartiennent au même parquet) sont considérés juridiquement comme ne
formant qu’une et seule et même personne.
Le Ministère Public est aussi indépendant vis--à vis des juridictions d’instruction et de jugement,
que vis-à-vis de la partie lésée.
Le Ministère public est irrécusable parce qu’il est partie principale et nécessaire au procès
pénal. Un plaideur ne récuse pas son adversaire.
Le Ministère public est irresponsable, quand bien même, son action déboucherait sur un non-
lieu, il ne peut être condamné à des dommages et intérêts au contraire de la partie civile si sa
constitution de partie civile s’avère injustifiée.
rôle et situation du Ministère Public dans le procès pénal
Le Ministère public n’est pas juge mais partie. Il a seulement le pouvoir de poursuivre et
d’exercer l’action publique mais il n’a ni le droit d’instruire (séparation de la poursuite et de
l’instruction) ni celui de juger.
Cette poursuite se fait à l’aide de la Police Judiciaire.
La police judiciaire est composée des officiers de police judiciaire, des agents de la police
judiciaire ainsi que des fonctionnaires et agents auxquels sont attribuées par la loi certaines
fonctions de police judiciaire.
Les missions de la police judiciaire sont :
- recevoir les plaintes et dénonciations ;
- constater les infractions à la loi pénale, d’en rassembler les preuves et d’en rechercher les
auteurs tant qu’une information n’est pas ouverte, lorsqu’une information est ouverte, elle
exécute les délégations des juridictions d’instruction et défère à leurs réquisitions ;
- faire des vérifications d’identité ;
- effectuer les fouilles des véhicules ;
- mener les enquêtes préliminaires et de flagrance.
Le Ministère public est donc demandeur au procès pénal. Exerçant une action au nom de la
société, il ne peut transiger sous réserve de la médiation pénale prévue à l’article 24(8) du Code
d’instruction criminelle, ni se désister de cette action et dessaisir la juridiction.
Par contre, en tant que partie au procès pendant l’instruction, il a les mêmes droits et garanties
que les autres parties au procès, pendant l’audience, il développe ses conclusions à l’oral, suite
au jugement intervenu, il exerce les voies de recours contre ce jugement le cas échéant.
Les Bourgmestres, Echevins et Les fonctionnaires de certaines administrations ayant des
attributions de police judiciaires : le Code d’Instruction criminelle reconnaît des pouvoirs de
police judiciaire aux bourgmestres, échevins ainsi qu’à certains fonctionnaires à travers ses
articles 13-1 à 15-1
Les conditions d’exercice de l’action publique
Les conditions d’exercice de l’action publique correspondent à l’étude de la poursuite qui
sera faite après l’examen de l’action civile.
Les modes d’exercice de l’action publique
La citation directe est régie par les articles 381 à 393 du Code d’instruction criminelle.
Elle consiste à assigner directement le délinquant, soit devant une chambre criminelle ou
correctionnelle du Tribunal d’arrondissement, soit devant la justice de paix statuant en tant
que tribunal de police.
Cette citation est faite au regard de l’article 382 du Code d’Instruction criminelle soit :
- par exploit d’huissier
- par voie postale
- par le procureur général d’Etat ou par le procureur d’Etat
- par les agents de la force publique
- par les membres du personnel d’administration et de garde à l’égard des personnes
détenues dans les établissements pénitentiaires ou placées dans les dépôts de
mendicité et les maisons d’éducation.
L’ordonnance pénale : la loi du 7 septembre 1987 a permis au Procureur d’Etat,
lorsqu’une infraction est punissable d’une peine correctionnelle ou d’une peine de police et
qu’il estime ne devoir requérir qu’une amende, de fixer la peine sur ses réquisitions écrites
et sans débat préalable, par une ordonnance rendue par le tribunal correctionnel statuant
en chambre de conseil ou par le juge de police suivant que l’infraction constitue un délit ou
une contravention. Il s’agit de permettre d’évacuer des petites infractions et de
désencombrer la justice.
Le régime de l’ordonnance pénale est régi par les articles 394 à 403 du Code d’Instruction
criminelle. L’ordonnance pénale est exclue lorsque :
- lorsqu’il y a constitution de partie civile
- lorsque le juge d’instruction est saisi
- lorsque le domicile ou la résidence du prévenu sont inconnus
- lorsque le dommage causé à autrui n’est pas réparé
- lorsque les effets qui doivent être restitués ne l’ont pas été
Elle est assimilée à un jugement par défaut auquel il pourra être fait opposition sinon appel
une fois le délai d’opposition expiré.
Le réquisitoire introductif, appelé aussi réquisitoire à fin d’informer, est un acte écrit
adressé par le procureur d’Etat au juge d’instruction (article 50 / 57 du Code d’Instruction
criminelle). Il indique les faits et la qualification des faits sur lesquels doit porter
l’information, le nom de l’auteur s’il est connu, sinon il est requis contre X. Il doit être daté,
Afin qu’elle puisse être opposée au Ministère public, il faut qu’elle n’ait pas été interrompue par
un acte de poursuite ou par un jugement ou un arrêt définitif ou avant dire droit, par un acte
d’instruction, actes de l’enquête préliminaire ou suspendue lorsqu’il y un obstacle de droit
comme un pourvoi en cassation, un obstacle de fait une inondation voire une cause de
suspension légale comme la guerre.
L’extinction de l’action publique par prescription extinctive entraîne l’impossibilité d’exercer
l’action civile devant les tribunaux répressifs, il faudra alors se tourner devant les tribunaux
civils.
2) L’action civile
Lorsque l’infraction a entraîné, en plus d’un trouble à l’ordre social, un préjudice corporel,
matériel ou moral, la personne qui l’a éprouvé, a le droit d’en demander réparation, en exerçant
une action en dommages et intérêts soit devant le tribunal civil, soit même devant le tribunal
répressif.
Le procès pénal dont l’objet principal est l’action publique, peut avoir comme objet accessoire
une action en réparation du dommage.
Cette action en réparation du dommage (article 2§2 du Code d’Instruction criminelle) causé par
un crime, un délit ou une contravention, c’est l’action civile.
* L’exercice de l’Action Civile
Les sujets de l’action civile
Le sujet passif
C’est celui contre qui doit être intentée l’action civile devant le tribunal répressif.
L’action civile qui tend à la constatation d’une dette civile de réparation peut être exercée contre
l’auteur, le complice de l’infraction, les héritiers, les tiers civilement responsables (père, mère,
artisans, maîtres et commettants) de l’auteur et du complice et même contre l’administration en
cas d’infraction commise par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions.
Si le sujet passif est un incapable, il sera nécessaire de mettre en cause son représentant ou
son conseil.
Le sujet actif
C’est la victime, seule habilitée à intenter cette action civile, les cessionnaires et les tiers
subrogés ne pouvant pas exercer cette action civile devant les tribunaux répressifs.
Ce sont les personnes :
physiques sous réserves du régime des incapacités pour les incapables mineurs et majeurs,
morales de droit privé, à savoir les sociétés civiles ou commerciales, les syndicats
professionnels, les associations et les personnes de droit public qui ont le droit et la capacité
d’agir en justice à condition d’un préjudice personnel et direct c'est-à-dire lorsqu’une
infraction a été commise à leur détriment.
Les conditions d’exercice
L’exercice de l’action civile suppose l’existence d’un préjudice :
actuel, c'est-à-dire qu’il existe au moment même de l’action civile
personnel, l’action civile n’appartenant qu’à celui qui a été personnellement
lésé c'est-à-dire qui a éprouvé du fait de l’infraction, une atteinte
personnelle à son intégrité physique, à son patrimoine, à son honneur ou
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
à son affection, car le préjudice peut être purement moral voire être un
préjudice d’agrément.
Direct, c'est-à-dire que le préjudice doit être rattaché à l’infraction par un
lien de cause à effet.
Les modes d’exercice de l’action civile
Le droit d’option de la partie lésée
Etant une action en réparation d’un dommage privé, l’action civile peut, comme toute action en
réparation, être intentée devant un tribunal civil.
Mais, comme le dommage dont on demande réparation n’est pas un dommage purement civil
par son origine mais puise sa source dans l’infraction et dans une faute pénale, la victime a la
faculté d’exercer son action civile devant le tribunal répressif.
Ce droit d’option n’est cependant ouvert que si le dommage résulte de l’infraction et a pour
fondement l’infraction.
L’action civile qui relève de la compétence du tribunal répressif, c’est l’action en réparation du
dommage directement causé par l’infraction. Si le dommage puise sa source ailleurs que dans
l’infraction, la réparation ne peut pas en être demandée par la voie pénale.
Ainsi la Cour, dans un arrêt du 10 décembre 1958, rappelle que « Les juridictions répressives
ne peuvent statuer sur les actions civiles qu’accessoirement à l’action publique et pour autant
seulement que le dommage a été causé par l’infraction dont le prévenu a été déclaré convaincu
et du chef de laquelle il a été condamné à une peine » Pasicrisie 17, 374.
L’action civile doit également puiser sa source dans le fait délictueux c'est-à-dire la faute pénale.
Une fois que la partie lésée a exercé son option entre la voie civile et la voie criminelle il ne lui
est plus possible de revenir en arrière, d’abandonner la juridiction saisie pour s’adresser à
l’autre. C’est le sens du principe « Electa una via, non datur recursus ad alteram », cela évite
un risque de litispendance.
Cependant, ce principe n’est pas applicable si la partie lésée a d’abord choisi la voie criminelle,
il lui est possible d’abandonner cette voie et revenir à la voie civile.
L’exercice de l’action civile devant le tribunal répressif
Les modes par lesquels la victime d’une infraction saisit la juridiction répressive dès son action
en réparation, varient suivant l’action publique a été engagée ou non par le Ministère public.
Dans le premier cas elle agit par voie d’intervention, dans le second cas par voie d’action.
L’intervention : lorsque le Ministère Public a exercé l’action publique, la partie lésée peut se
constituer partie civile par voie d’intervention soit devant la juridiction d’instruction et ce
uniquement pour les seuls faits donnant lieu à information, soit devant les juridictions de
jugement mais jamais la première fois en appel car cela priverait le délinquant du double degré
de juridiction.
L’action : lorsque le Ministère public n’a pas intenté l’action publique la partie lésée peut porter
son action civile devant la juridiction répressive soit par citation directe, soit par constitution de
partie civile devant le juge d’instruction soit contre une personne dénommée, soit contre
inconnu.
Cette constitution de partie civile devant le juge d’instruction se fait par une plainte écrite, datée,
signée et adressée au juge d’instruction : la victime déclare expressément se constituer partie
civile et réclamer des dommages et intérêts.
L’action civile est éteinte si le juge répressif a condamné le délinquant et a accordé réparation
à la victime. Par contre, en cas de relaxe, il est certain, que la partie lésée pourra faire appel
du jugement en ce qui concerne les intérêts civils.
De même, en cas de condamnation pénale, la victime de l’infraction a toujours la possibilité
d’exercer son action civile devant le tribunal civil.
La poursuite
1) La décision de poursuite
* L’auteur de la décision
En principe, la décision de mettre ou non mouvement l’action publique est prise par le
service public spécialisé dans cette tâche, c'est-à-dire le ministère public.
Exceptionnellement, l’action publique peut être déclenchée sans l’intervention de celui-ci,
si la victime porte son action civile devant la juridiction répressive.
Précisément, c’est le procureur général d’Etat et le procureur d’Etat qui prennent les
décisions de poursuivre, le procureur d’Etat représentant le ministère public auprès du
tribunal d’arrondissement et les tribunaux de police.
La décision de poursuite peut provenir également de la victime qui se constitue partie civile
c'est-à-dire qui porte son action civile devant la juridiction répressive et donc met
automatiquement en mouvement son action publique si celle-ci n’a pas encore été
déclenchée par le ministère public.
* Les éléments de la décision
Pour savoir s’il y a lieu ou non d’intenter des poursuites, le procureur d’Etat doit examiner
la légalité d’une poursuite éventuelle et l’opportunité de celle-ci.
Examen de la légalité de la poursuite
L’appréciation porte sur le bien-fondé et sur la recevabilité de l’action publique. Le
procureur d’Etat doit d’abord s’assurer que toutes les conditions permettant de prononcer
une éventuelle condamnation soient vraisemblablement réunies, c'est-à-dire que,
juridiquement, l’infraction paraît bien exister et que la responsabilité pénale de la
personne soupçonnée paraît bien engagée :
- Le procureur d’Etat examine les faits portés à sa connaissance, ceux qui paraissent
établis d’après les constatations faites et d’après les personnes entendues, les qualifie
et vérifie s’ils tombent bien sous le coup d’une disposition précise de la loi.
- Si les faits constituent des infractions, le procureur d’Etat doit déterminer si le délinquant
doit être poursuivi en qualité d’auteur, de coauteur ou de complice et si les faits ont eu
lieu avec l’intervention d’une personne morale type société, association, syndicat,
auquel cas la poursuite s’appliquera tant à la personne physique qu’à la personne
morale.
- Si l’infraction existe, il vérifie également au niveau du délinquant, l’absence de cause
d’impunité c'est-à-dire de faits justificatifs comme la légitime défense, l’exercice d’un
droit, l’état de nécessité, ou cause de non-imputabilité comme la démence, la contrainte
voire l’immunité.
L’examen de la recevabilité porte :
- sur la compétence : compétence d’attribution ou compétence territoriale
L’Instruction Préparatoire
Si les faits reprochés constituent une infraction, alors le juge d’instruction régulièrement
saisi est tenu en principe d’ouvrir une information sur les faits qui lui ont été exposés et sur
ceux-là seulement.
L’action publique est désormais en mouvement.
Le premier acte du juge d’instruction sera de faire connaître à la personne poursuivie qu’elle
est inculpée, si celle-ci est visée nommément par le réquisitoire ou par la plainte avec
constitution de partie civile.
Le juge d’instruction a le pouvoir de mettre en examen toute personne à l’encontre de
laquelle il existe des indices graves ou concordants laissant présumer qu’elle a participé,
comme auteur ou complice, aux faits dont il est saisi.
Le dessaisissement du juge d’instruction se fera par :
- une ordonnance d’incompétence, le juge d’instruction constatant son incompétence,
- une ordonnance de dessaisissement, quand c’est un autre juge d’instruction qui est
compétent territorialement,
- une ordonnance de clôture (procédure normale de dessaisissement quand l’instruction
est terminée) par une décision de la Chambre du Conseil annulant tout ou partie de la
procédure).
Contre les ordonnances du juge d’instruction appel peut être interjeté devant la Chambre
du Conseil de la Cour (article 133 du Code d’Instruction criminelle).
Les perquisitions (article 65 du Code d’Instruction criminelle) sont « effectuées dans tous
les lieux où peuvent se trouver les objets dont la découverte serait utile à la manifestation
de la vérité ». Elles se déroulent aussi bien chez la personne inculpée que chez un tiers.
Les saisies sont opérées par le juge d’instruction sur des objets ou documents qui lui
paraissent utiles à la manifestation de la vérité. Il le fait au moment même où la pièce
intéressante est découverte. La saisie peut porter sur des objets appartenant à des tiers
ou sur lesquels un tiers (même celui chez qui la perquisition a lieu) possède un droit de
rétention, celui-ci fût-il reconnu par décision de justice.
- Mesures spéciales de surveillance
Le juge d’instruction peut ordonner l’utilisation de moyens techniques de surveillance et
de contrôle de toutes les formes de communications (article 88-1 du Code d’Instruction
criminelle). Il s’agit des télécommunications et de la correspondance confiés à la poste.
* Les mandats judiciaires
Aux termes des articles 91 et suivants du Code d’Instruction criminelles, le juge d’instruction
peut délivrer 4 types de mandat :
- le mandat de comparution par lequel il ordonne à l’inculpé de comparaître en vue de son
interrogatoire,
- le mandat d’amener par lequel, étant donné qu’il y a danger de fuite, danger
d’obscurcissement des preuves ou si l’inculpé fait défaut, le juge d’instruction donne ordre
aux forces de publiques de lui amener l’inculpé en vue de son interrogatoire,
- le mandat de dépôt qui est l’ordre donné par le juge d’instruction au chef de l’établissement
pénitentiaire, après avoir interrogé l’inculpé, de recevoir et de détenir le prédit inculpé.
L’article 94 du Code d’instruction criminelle soumet la délivrance du mandat de dépôt à des
conditions très strictes notamment le danger de fuite.
- le mandat d’arrêt : c’est l’ordre donné à la force publique de rechercher la personne à
l’encontre de laquelle il est décerné et de la conduire à la maison d’arrêt indiquée sur le
mandat où elle sera reçue et détenue. Ce mandat permet d’arrêter l’individu et de le détenir.
* Le contrôle judiciaire
Le juge d’instruction peut ordonner à un inculpé plusieurs obligations de contrôle judiciaire
en raison des nécessités de l’instruction ou à titre de mesure de sûreté (article 106 du Code
d’Instruction criminelle).
Lorsque l’inculpé est détenu, il peut demander sa mise en liberté provisoire à la Chambre
du Conseil sous réserve de prendre l’engagement de se présenter à tous les actes de la
procédure et pour l’exécution du jugement aussitôt qu’il en sera requis (article 113 du Code
d’instruction criminelle). Cette liberté provisoire peut être soumise à un cautionnement.
La requête de demande de mise en liberté provisoire sera jugée en urgence dans les 3
jours du dépôt. Le ministère public, l’inculpé et son avocat sont entendus dans leurs
explications orales.
Le juge d’instruction dans sa mission de manifestation de la vérité ne peut pas toujours
accomplir tout seul tous les actes nécessaires pour mener à bien son information. Dans
ces conditions, il s’appuie :
- sur des officiers de police judiciaire, en leur délivrant des commissions rogatoires pour faire
exécuter tous les actes d’informations nécessaires (article 52 du Code d’instruction
criminelle). Ces officiers de police judiciaire ne pourront plus interroger l’inculpé après sa
première comparution devant le juge d’instruction.
- De même, s’ils peuvent accomplir tous les actes d’informations, seul le juge d’instruction a
la faculté de délivrer les mandats de comparution, d’amener, de dépôt, d’arrêt.
- sur des experts lorsque le juge d’instruction a besoin des compétences techniques d’un
homme de l’art pour être éclairer sur des points précis ; par exemple, il peut demander
l’aide d’un graphologue pour déterminer si une signature est fausse ou non (article 87 du
Code d’instruction criminelle).
Le Jugement
3) La décision
* Délibération sur la décision
La délibération sur la décision :
- est nécessaire,
- est secrète : elle a lieu hors de la présence de toute personne étrangère y compris le
ministère public et le greffier,
- porte sur des questions préliminaires comme la prescription de l’action publique
1) L’opposition
L’opposition est une voie de recours ordinaire car elle est de plein droit à la disposition du
justifiable défaillant et une voie de rétraction par ce qu’elle fait revenir l’affaire devant la
même juridiction que celle qui l’avait déjà jugée en l’absence du prévenu.
* Les conditions de l’opposition
L’opposition est possible contre les jugements de police, les jugements correctionnels,
criminels, d’appels correctionnels :
- à condition qu’ils soient rendus par défaut : un jugement est considéré comme rendu
par défaut si « la personne citée ne comparaît pas au jour et à l’heure fixés par la
citation » (article 149 du Code d’instruction criminel)
- par le prévenu condamné par défaut
- en faisant connaître au ministère public son intention de faire opposition par lettre
recommandée avec accusé de réception (article 151 du Code d’instruction criminelle) ;
aucune forme n’est imposée
2) L’appel
L’appel une voie de recours ordinaire contre les jugements qui ont été rendus
contradictoirement ou même par défaut. C’est également une voie de réformation qui est
exercée devant une juridiction supérieure (la Cour d’appel) à celle qui a jugé en première
instance, en application de la règle du double degré de juridiction.
* les conditions de recevabilité de l’appel
Les conditions de fond
Elles concernent les décisions susceptibles d’appel et les personnes qui peuvent interjeter
appel.
- Les décisions susceptibles d’appel : les ordonnances juridictionnelles du juge
d’instruction, les décisions rendues par les juridictions de jugement en matière de police,
correctionnelle et criminelle.
- Les personnes qui peuvent interjeter appel sont au regard de l’article 202 du code
d’instruction criminelle « le prévenu ou la partie civilement responsable, la partie civile quant
à ses intérêts civils seulement, le procureur d’Etat, le procureur général d’Etat ».
Les conditions de forme
Elles concernent les formes de l’appel et le délai pour interjeter appel.
- les formes de l’acte d’appel : l’appel résulte toujours d’une déclaration faite au greffier de
la juridiction qui a rendu la décision attaquée (article 203 du code d’instruction criminelle).
Cette déclaration doit être signée par le greffier qui la reçoit et par l’appelant lui-même ou
par un avocat à la Cour ou par un fondé de pouvoir spécial.
- le délai d’appel : aux termes de l’article 203 du Code d’Instruction criminelle le délai d’appel
est de 40 jours à partir du prononcé du jugement.
* les effets de l’appel
Ils sont au nombre deux, d’une part, l’effet suspensif et d’autre part l’effet dévolutif.
l’effet suspensif
La décision frappée d’appel ne peut recevoir exécution, pas plus d’ailleurs qu’elle ne le peut
durant le délai même d’exercice de l’appel.
Par exception à ce principe suspensif, malgré l’appel interjeté, le prévenu en état de
détention doit être immédiatement libéré en cas d’’acquittement, si le fait poursuivi ne
constitue qu’une contravention ou si en cas de condamnation à l’emprisonnement
correctionnel, lorsque par imputation de la détention préventive, la condamnation sera
apurée (article 206 du Code d’Instruction criminelle).
l’effet dévolutif
L’appel a aussi pour résultat de saisir du procès (déjà jugé par la juridiction inférieure) la
juridiction supérieure c'est-à-dire le tribunal correctionnel pour les jugements de police, la
Cour d’appel pour les jugements correctionnels.
L’appel ne saisit la juridiction d’appel que dans les limites fixées par l’acte d’appel. Ainsi, la
Cour d’appel, dans un arrêt du 20 novembre 1961, Pasicrisie 18, 396 stipule que « le juge
d’appel n’est, en effet, saisi que par l’acte d’appel et sa juridiction est circonscrite par les
termes de cet acte ».
La procédure d’appel est la même pour les jugements de police et les jugements
correctionnels (article 172 du Code d’Instruction criminelle).
3) Le pourvoi en cassation
Le pourvoi en cassation est une voie de recours extraordinaire qui ne peut être exercée
que dans les cas déterminés (violation de la loi) devant la Cour de Cassation qui ne juge
pas au fond mais vérifie seulement si la loi a été bien appliquée. Au pays, un pourvoi sur
mille est vu comme fondé par la Cour de cassation.
A côté du pourvoi en cassation de droit commun que nous étudierons, il existe le pourvoi
en cassation dans l’intérêt de la loi et le pourvoi en annulation sur l’ordre du Ministre de la
justice.
Le pourvoi en cassation dans l’intérêt de la loi, régit par l’article 422 du Code d’Instruction
criminelle, permet au procureur général d’Etat, de sa propre initiative et quand il lui plaît, de
former cassation contre toute décision juridictionnelle de dernier ressort, en l’absence de
pourvoi formé par les parties, lorsque cette décision « est sujette à cassation » autrement
dit lorsqu’il y a violation de la loi.
L’arrêt de cassation qui sera prononcé ne profite pas aux parties qui n’en peuvent s’en
prévaloir et s’opposer à l’exécution de la décision annulée.
Le pourvoi en annulation sur ordre du Ministre de la justice, permet audit Ministre
d’ordonner au procureur général d’Etat de dénoncer à la cour de cassation des actes
judicaires, arrêt ou jugements contraires à la loi pour être éventuellement annulés.
Ce pourvoi s’applique donc même à des décisions qui ne seraient pas définitives et permet
au condamné de profiter de l’annulation s’il y a lieu. Concrètement, le procès sera renvoyé
devant une juridiction de même nature et de même degré que celle qui l’avait jugé la
première fois et cette juridiction de renvoi pourra statuer en toute liberté, à conditions de ne
pas aggraver la condamnation (ce pourvoi ne pouvant jamais lui nuire).
4) La demande en révision
La demande en révision est une voie de recours extraordinaire soumise au Cour de
Cassation et ouverte dans des cas déterminés.
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
Elle permet, malgré l’autorité de chose jugée, de réparer une erreur de fait aboutissant à
ce qu’un innocent soit injustement condamné.
Elle est régie par les articles 443 à 447 du code d’instruction criminelle.
* Les conditions
La demande en révision est possible :
Quelle que soit la juridiction qui a statué, au bénéfice d’un condamné
reconnu auteur d’un crime ou d’un délit par une décision définitive en
premier ou dernier ressort dans 5 cas, à savoir :
lorsque, après une condamnation pour homicide, on découvre des pièces qui
permettent de supposer que la prétendue victime est encore vivante,
en cas de contrariété de jugement, c'est-à-dire lorsque deux individus ont été
condamnés pour le même crime ou le même délit par deux décisions différentes,
inconciliables entre elles, parce que, par exemple, ce crime ou délit n’a été l’œuvre
que d’une seule personne ; la contradiction entre ces deux condamnations est la
preuve que l’un des deux condamnés est innocent,
lorsqu’il y a condamnation de l’un des témoins pour faux témoignage,
lorsqu’il y a un fait nouveau de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du
condamné,
lorsqu’il résulte d’un arrêt de la cour européenne des droits de l’Homme rendu en
application de la Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme et des libertés
fondamentales qu’une condamnation pénale a été prononcée en violation de cette
Convention.
par le ministre de la justice, par le condamné ou en cas d’incapacité, par
son représentant légal, après la mort ou l’absence déclarée du
condamné à son conjoint, à ses descendants, à ses ascendants, à ses
frères et sœurs, à ses légataires universels ou, à titre universel, à ceux
qui en ont reçu de lui la mission formelle et écrite.
* Les effets
Aux termes de l’article 445 du Code d’Instruction criminelle, l’effet de la demande en
révision est d’abord suspensif.
Cet article dispose qu’à partir de la saisine de la cour de cassation, l’exécution du jugement
de condamnation s’il n’a pas été exécuté est suspendu d’une part, et que d’autre part, si le
condamné est en détention le procureur général d’Etat peut ordonner la suspension avant
la saisine, une fois saisie c’est la cour de cassation par arrêt qui peut suspendre cette
détention.
Ensuite, l’annulation suite à la demande en révision va effacer la condamnation prononcée
à la suite de l’erreur judiciaire de façon rétroactive dans les limites du possible.
Enfin, l’erreur judiciaire qui a entraîné la révision donne droit à réparation à celui qui en a
été victime : une réparation morale (affichage et publication de la décision de révision dans
des journaux et au Journal officiel, aux frais du Trésor) et surtout une réparation pécuniaire,
à raison des préjudices matériel et moral causés par la condamnation.
La procédure de la demande en révision est réglée par les articles 444, 446 et 447 du Code
d’instruction criminelle.
La procédure non contentieuse civile est caractérisée par la médiation entendue en général,
en matière familiale, en matière de surendettement, par la transaction et enfin par
l’arbitrage.
En ce qui concerne la médiation comprise généralement, il n’existe pas actuellement de
législation sur la médiation. Elle est soit conventionnelle, auquel cas les parties ont prévu
une clause de médiation, soit à défaut, auquel cas, en cours de litige, les parties décident
de saisir le Centre de médiation du Barreau de Luxembourg.
La médiation en matière familiale et celle en matière de surendettement sont régies par les
lois du 20 décembre 1993, du 8 décembre 2000, et la loi du 8 janvier 2013.
La transaction est régie par les articles 2044 et suivants du code civil, il s’agit d’un contrat
par lequel les parties décident de prévenir ou de mettre fin à un litige par des concessions
réciproques.
L’arbitrage est régi par les articles 1224 à 1251 du Nouveau code de procédure civile ;
c’est un mode alternatif de résolution des conflits dans lequel un arbitre intervient pour
prendre des décisions qui engagent les 2 parties qui font appel à ses services. C’est un
mode non étatique de règlement des litiges.
6.1.1. La Médiation
La Médiation en général
Pour pouvoir parler de médiation, il faut avant tout qu’il y ait une commune intention des
parties de rechercher de bonne foi, une solution amiable à leurs désaccords.
La médiation permet en outre de préserver les relations entre les parties alors que dans le
cadre d’une procédure judiciaire ordinaire, il est très fréquent que les relations entre les
parties sont définitivement obérées.
Sera étudiée ici, en l’absence de texte législatif, la médiation opérée par le Centre de
médiation du Barreau de Luxembourg.
* Définition
La médiation est un processus volontaire et confidentiel de gestion des conflits par lequel
les parties ont prévu soit dans leur contrat une clause de médiation voire ont conclu une
convention de médiation, soit en cours de litige, elles décident de saisir le Centre de
médiation.
Le médiateur n’est ni un juge, ni un arbitre. Il aide les parties à faciliter les négociations afin
de leur permettre de trouver elles-mêmes une solution.
* Fonctionnement
Le Centre de médiation du Barreau de Luxembourg est une association sans but lucratif
créée le 13 mars 2003, par l’Ordre des Avocats du Barreau de Luxembourg, la Chambre
de Commerce et la Chambre des Métiers. Cette association a pour objet de :
* Durée
La médiation ne peut en principe excéder 3 mois à compter de la signature de la convention
de médiation. Elle peut toutefois être prolongée avec l’accord des parties.
Chaque partie, y compris le médiateur peut à tout moment y mettre fin.
* Coût
Le coût financier de la médiation d’élève :
- pour un litige < 15000 €, un montant forfaitaire de 600 € hors TVA est mis en compte
par le CMBL, dont 150 € à titre de frais d’ouverture de dossier et 450 € à titre
d’honoraires pour le médiateur,
- pour un litige > 15000 €, les frais d’ouverture du dossier s’élèvent à 150 € lorsqu’il existe
une convention de médiation et à 300 € lorsqu’il n’existe pas de clause voire de
convention de médiation. Un montant horaire de 230 € est ensuite mis en compte, dont
30 € à titre de frais administratifs.
6.1.2. La transaction
Elle est régie par les articles 2044 et suivants du code civil. C’est un mode de règlement
amiable à l’initiative des deux parties au litige. Il s’agit d’éviter d’aller devant les juridictions
et de mettre fin au problème en trouvant un accord ou en prévenant un différend par un
contrat dénommé transaction.
* Définition
Aux termes de l’article 2044 du code civil, la transaction est un contrat par lequel les parties
terminent une contestation déjà née ou préviennent une contestation à naître en se
consentant des concessions réciproques.
* Conditions
Afin que la transaction puisse sortir ses effets, il faut :
un litige né ou à naître, ce qui suppose que la contestation porte sur le fond du droit
ou l’exécution de ce droit ; sans contestation, pas de faculté de transiger ;
une volonté de mettre fin au contrat, ce qui suppose la conclusion d’u contrat par
des personnes capables d’y consentir ;
le consentement des parties : il faut qu’il y ait rencontre de l’offre avec
l’acceptation ; la transaction étant un contrat consensuel, aucune condition de forme
n’est requise pour établir celle-ci ; le consentement des parties doit être exempt de
vices alors qu’il est obligatoire dans la transaction.
A côté de la médiation et de la transaction, il est possible encore pour les parties d’avoir
recours à l’arbitrage.
6.1.3. L’arbitrage
Il faut définir l’arbitrage et déterminer quels sont ses ressorts, quelles sont ses
conséquences sur un litige.
* Définition
L’arbitrage est un mode alternatif de résolution des conflits dans lequel un arbitre intervient
pour prendre des décisions qui engagent les deux parties qui font appel à ses services.
C’est un mode non étatique de règlement des litiges.
* Les parties à l’arbitrage
L’arbitre
Il doit être une personne physique et non morale ou un groupement. Cette personne
physique est investie du pouvoir de juger c'est-à-dire qu’elle doit avoir le plein exercice de
ses droits civils.
L’arbitre ou les arbitres doivent être majeur et capable.
Il est possible également d’avoir recours à une institution d’arbitrage qui se force à
chercher un arbitre ou des arbitres. Cette institution n’a que le pouvoir d’organiser
l’arbitrage et non de juger.
la constitution du tribunal d’arbitrage
Il est en principe constitué en nombre impair : 1 ou 3 arbitres. Cependant, les parties
peuvent se mettre d’accord pour deux arbitres.
C’est le compromis qui désignera les objets en litige et les noms des arbitres, à peine de
nullité.
A défaut de dispositions contractuelles concernant la nomination éventuelle du ou des
arbitres, au regard de l’article 1227 du Nouveau Code de procédure civile, le litige sera
tranché par trois arbitres. Dans ce cas, chaque partie désignera son arbitre et en fera
connaître le nom à l’autre partie. Faute par l’une d’elles de désigner un arbitre et d’en faire
connaître le nom, elle sera sommée de ce faire dans la huitaine de la réception de la lettre
recommandée qui lui sera adressée à ces fins. Faute de désignation dans le délai imparti,
la nomination sera faite par ordonnance du président du tribunal d’arrondissement, rendue
sur requête et non susceptible d’un recours.
Les arbitres devront s’entendre sur la désignation d’un tiers arbitre qui à défaut sera
nommé par le président du tribunal d’arrondissement.
L’arbitre ou les arbitres doivent être indépendants autrement dit n’avoir aucun lien avec
les parties, sinon la nomination de l’arbitre pourra être annulée.
Les parties peuvent s’opposer à l’annulation de l’arbitre. En la matière, il existe une
procédure de récusation.
Il s’agit d’une procédure grave qui ne peut être entamée que si les parties n’ont eu
connaissance du risque d’impartialité de l’arbitre qu’après sa désignation.
la mission du ou des arbitres
Ce sont les parties au litige né ou à naître qui déterminent la mission de l’arbitre. Cette
mission peut être confiée à l’arbitre ou aux arbitres soit avant soit après la naissance du
litige.
Si les parties s’engagent avant la naissance de tout litige elles devront prévoir une clause
compromissoire. Cette clause doit être écrite ; elle peut figurer dans le contrat ou y être
annexée. En l’absence d’écrit, cette clause est réputée nulle.
De fait, au niveau du pays ou en droit interne, c’est une clause qui est accessoire au
contrat principal. Par conséquent, si le contrat principal est nul la clause compromissoire
le sera d’office, mais l’inverse n’est pas vrai.
En l’absence de clause compromissoire, si les parties décident de recourir à l’arbitrage
après la naissance d’un litige elles établissent une convention appelée compromis
d’arbitrage. Aux termes de l’article 1226 du Nouveau Code de procédure civile, ce
compromis pourra être établi par procès-verbal devant les arbitres choisis, par actes
devant notaires ou sous signature privée.
Les parties peuvent recourir à l’arbitrage sans demander à l’arbitre de trancher le litige.
L’arbitre ou les arbitres sont dit amiables compositeurs s’ils tranchent suivant des règles
d’équité et non plus en fonction d’une règle de droit (1240 du NCPC).
Les parties devront verser des honoraires à l’arbitre ou aux arbitres.
les personnes pouvant recourir à l’arbitrage ou habilitées à compromettre
Toute personne peut compromettre sur les droits dont elle a la libre disposition, sauf les
personnes publiques.
* Le Champ d’application de l’Arbitrage
En droit civil, il n’est pas possible de compromettre sur les questions d’état et de capacité
de personnes comme le divorce ou la séparation de corps, la représentation des
incapables, des personnes absentes ou présumées absentes.
* Le déroulement de l’Arbitrage
L’instance arbitrale
Le déroulement de l’arbitrage reflète la double nature de l’arbitrage à savoir d’une part
conventionnelle, les parties pouvant donner toute liberté à l’arbitre ou aux arbitres, et d’autre
part juridictionnelle, alors que les prédites parties devront respecter les principes directeurs
du procès pour trancher de litige
En effet, l’article 1230 du NCPC dispose que les parties et les arbitres suivront, dans la
procédure, les délais et les formes établis par les tribunaux, si les parties n’en sont
autrement convenues.
la durée : elle couvre la période comprise entre le moment où le tribunal arbitral est
constitué et le moment où la sentence est rendue ; cette durée pourra être réduite,
suspendue, voir empêchée.
En effet, l’article 1233 du NCPC prévoit la fin du compromis notamment par le décès, le
refus, déport ou empêchement d’un des arbitres, l’expiration du délai stipulé ou à défaut
celui de trois mois, le partage si les arbitres n’ont pas le pouvoir de prendre un tiers-
arbitre.
le délai : l’arbitre ou les arbitres doivent respecter leur mission dans le délai que leur ont
imposé les parties. ; à défaut, si aucun délai n’a été spécifié, la mission ne pourra pas
durer plus de trois mois à compter du jour du compromis (1228 du NCPC).
Pendant ce délai, les arbitres ne pourront être révoqués que du consentement unanime
des parties.
Les règles qui sont posées par la loi et par le règlement permettent ainsi à l’administré de
comprendre le fonctionnement de l’administration et de connaître la motivation des
décisions qu’elle pose.
Parallèlement, la prédite loi et le prédit règlement facilitent le travail des agents de la
fonction publique alors qu’ils simplifient leurs tâches et améliorent les conditions de leur
action.
Ces règles concernent la collaboration positive, la publicité des décisions administratives,
la consultation préalable, le respect des droit de la défense ou la procédure contradictoire,
l’assistance d’un avocat, la communication du dossier, la motivation de la décision, la
notification de la décision, l’indication des voies de recours, le caractère définitif de la
décision.
A côté de cette loi et de ce règlement, il existe aussi la possibilité d’exercer, pour tout
administré, un recours non écrit à savoir le recours gracieux ou hiérarchique, c'est-à-dire la
possibilité pour tout administré de faire réexaminer sa demande soit par l’autorité qui a pris
la décision, soit par un supérieur hiérarchique de cette autorité.
Enfin, par une loi en date du 16 juillet 2003, les députés ont créé l’institution du médiateur,
afin de donner la faculté aux citoyens de saisir un organe impartial pour régler de façon
amiable un conflit qui pourrait naître avec l’administration en s’appuyant sur les
recommandations de ce médiateur.
Les règles dégagées par la loi du 1er décembre 1978 et par le règlement grand-ducal du 8
juin 1979 ne concernent que les décisions individuelles pour lesquelles un texte particulier
n’organise pas une procédure spéciale présentant au moins les garanties équivalentes pour
l’administré.
Elles sont d’application générale et se superposent aux règles particulières existantes. En
effet, elles constituent le minimum de protection auquel peut prétendre, l’administré au sens
large ; les règles particulières ne peuvent subsister que si elles sont au moins aussi
protectrices que les règles générales.
Au regard de la loi, du règlement grand-ducal et de la Jurisprudence elles s’étendent :
- aux relations des particuliers avec l’administration sauf en matière de contributions
directes (elles restent applicables pour les autres impôts à savoir TVA, droits
d’enregistrement, etc.),
- en matière de sécurité sociale (CSAS, 6 novembre 1996, N° 214/96, Reghem / AAI),
- aux employés publics (T.A., 10 juillet 1997, Raus, n° 9703) et aux fonctionnaires
(nationaux et communaux) pour des conflits liés à la fonction publique (T.A., 12 mars
1997, Elfoil, N° 9404),
- aux agents des P & T dans leurs relations avec l’entreprise des postes (T.A., 8 juin
1998) Rennel,
- aux marchés publics (T.A., 1er décembre 1997 Luxcaropose),
- aux personnes candidates au statut de réfugié (T.A., 27 février 1997, Husuvic, n° 9599),
- en matière d’établissements classés (T.A., 12 mars 1997, Elfoil, n° 9404)
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
- aux vétérinaires dans leur relation avec l’ordre des médecins vétérinaires.
En revanche, elles ne s’appliquent pas :
- aux agents des services de renseignement (T.A., 13 janvier 1998, Wendlin, n°9652),
- aux relations des communes avec l’Etat (T.A., 19 septembre 2002, n° 13916),
- aux relations entre deux administrations (T.A., 5 décembre 2002, n° 13897),
- en matière de tutelle administrative (C.A., 6 novembre 1997, Syndicat de distribution
d’eau des Ardennes).
La première de ces règles est d’ériger une collaboration positive avec l’administré.
En effet, il a été jugé que l’administration ne pouvait pas se retrancher sur le fait que la
demande est incomplète pour ne pas répondre, devant au contraire inviter l’administré, à
préciser ou à compléter sa demande en vue de lui permettre de statuer utilement (T.A., 3
mai 2000, Bleser, n° 11549).
La deuxième règle posée en matière de procédure non contentieuse administrative est la
publicité des actes afin de protéger les tiers.
doit être motivé. En conséquence, un recours intenté contre la décision s’étend ainsi à l’avis
qui en est une partie intégrante (T.A., 27 février 1997, Cactus, N° 9601).
La jurisprudence sanctionne différemment le non-respect de l’avis selon qu’il est :
- obligatoire pour l’administration,
- ou facultatif.
* Le respect des droits de la défense ou procédure contradictoire
Le principe du contradictoire a été introduit par l’article 9 du règlement grand-ducal. Il
consiste dans l’obligation pour l’administration d’avertir l’administré de la mesure qu’elle se
propose de prendre à son égard, et lui permettre de présenter en personne ou par son
mandataire ses observations.
La jurisprudence a défini le respect du principe contradictoire en stipulant dans un jugement
Miscala (T.A., 5 février 1997, n°9170) que « lors de la procédure conduisant à une décision
administrative individuelle l’autorité administrative doit assurer la protection juridique de
l’administré concerné, en lui donnant la possibilité d’intervenir dans l’élaboration de cette
décision, ou, à tout le moins d’en être informé ».
Cette obligation est d’actualité lorsque l’administration :
- agit d’office
- propose de révoquer ou modifier pour l’avenir une décision ayant reconnue des droits
à une personne, par exemple le retrait du permis de conduire, du port d’armes, etc.
- prend une décision constitutive d’une sanction à l’égard d’un administré
- prend une décision portant gravement atteinte à une situation individuelle d’un
administré, par exemple le retrait de la nationalité luxembourgeoise.
Afin que l’usager puisse valablement faire valoir ses observations, l’administration doit lui
communiquer le dossier comportant les éléments de fait et de droit la conduisant à agir.
Le Conseil d’Etat a dans son arrêt PROCOLA, en date du 6 décembre 1998 (n°7235),
décidé que le refus de communication du dossier entraîne l’annulation de la décision pour
violation des règles destinées à protéger l’usager.
L’obligation de communiquer le dossier administratif ne pèse pas sur l’administration
lorsque la procédure a été ouverte à l’initiative de l’usager.
* L’assistance d’un avocat
Aux termes de l’article 10 du règlement grand-ducal, l’assistance d’un avocat et même d’un
conseil technique le cas échéant, est admise dans les procédures administratives.
Dans certaines procédures, la loi impose à l’administration l’obligation d’informer
l’administré de son droit de disposer d’un avocat, notamment en matière de statut de réfugié
politique et ce, dès la première d’instruction (T.A., 13 mars 2000, Tumbul, n°11832).
La représentation est admise dans les mêmes conditions que l’assistance sauf dans les
cas où la présence personnelle est requise comme lors d’un examen médical ou d’une
interrogation sur des faits personnels.
L’assistance d’un avocat est possible pour toutes les procédures administratives et ce,
même si des lois spéciales, comme en matière de discipline, ne mentionnent pas cette
faculté, par exemple pour un fonctionnaire de la force publique contre lequel serait engagé
une procédure disciplinaire (T.A., 28 octobre 1998, Cesarinni, n° 10410).
Si l’administration indique un délai de recours plus long que celui légalement prévu,
les administrés peuvent s’en prévaloir (C.E., 3 mai 1995, Adm.comm. de Mertet, n°
9088).
Le caractère définitif de la décision
Une décision administrative devient irrévocable et définitive à l’expiration du délai de
recours (le retrait est dès lors possible lors du délai de recours, lors de l’exercice des
voies de recours jusqu’à l’arrêt définitif, et dans le cas aussi ou la décision n’a pas fait
l’objet d’une publicité adéquate (T.A. 12 novembre 1997, Hansen-Wagner, n°9815).
La doctrine qualifie ceci d’autorité de chose décidée par comparaison à l’autorité de
chose jugée en droit civil, impliquant que l’Administration ne puisse revenir, de son
propre chef, sur une décision qu’elle a prise.
L’autorité de chose décidée ne concerne :
- que les décisions individuelles ;
- que les décisions individuelle ne créant ou ayant reconnues des droits au profit des
usagers, c'est-à-dire qu’il faut que cette décision soit devenue exécutoire et ait pu créer
des droits ; ne sont pas reconnus comme telles les liquidations mensuelles des
traitements des fonctionnaires (C.E., 26 avril 1988, Guden, n°7994) ;
- que le retrait de l’acte, c'est-à-dire l’anéantissement rétroactif de ses effets, en
l’interdisant ; il est donc possible de modifier l’acte pour l’avenir, voire l’abroger si les
circonstances viennent à changer et suivant les conditions prévues par le texte
régissant la matière de l’acte tel est le cas pour les autorisations d’établissement
dangereux (C.E., 6 janvier 1982, Pas.25, 219).
Toutefois, l’article 8 du règlement grand-ducal de 1979, permet le retrait, une fois la
décision prise et avant qu’elle devienne définitive, si l’acte est affecté d’un vice devant
entraîner son annulation à savoir l’incompétence de l’auteur, l’excès de pouvoir, le
détournement de pouvoir, la violation de la loi et la violation des formes destinées à
protéger les intérêts privés.
Cependant ce retrait ne sera jamais possible, en raison du principe de l’intangibilité des
effets des décisions créatrices de droits, pour les décisions créatrices de droit pour des
raisons d’opportunité (T.A., 12 novembre 1997, Hansen-Wagner, n°9815).
Parallèlement, à ces règles générales, l’usager a la faculté d’exercer un recours gracieux
ou hiérarchique, soit devant l’autorité qui a pris la décision, soit devant une autorité
hiérarchiquement supérieure, afin de faire réexaminer son dossier.
Le médiateur jouit d’une indépendance complète, tant par rapport au pouvoir exécutif que
par rapport au pouvoir législatif. En effet, aux termes de l’article 1er de la loi du 16 juillet
2003 « il ne reçoit, dans l’exercice de ses fonctions, d’instructions d’aucune autorité ».
Reste à savoir quelle est sa compétence, quelle procédure doit être respectée afin de le
saisir, et enfin quels sont ses moyens d’action.
Compétence
Le médiateur a pour mission de recevoir les réclamations des personnes qui s’estiment
lésées dans une affaire qui les concerne soit que l’administration n’ait pas fonctionné
conformément à la mission qu’elle doit assurer (fonctionnement défaillant d’un service
administratif, lenteurs dans le traitement du dossier, façon dont l’administré et son dossier
sont traités), soit qu’elle ait contrevenu aux conventions internationales, lois et règlements
en vigueur. Sa compétence concerne :
- les administrations et établissements publics étatiques,
- les administrations communales et les syndicats de communes.
Sont exclus de sa compétence :
- les réclamations relatives aux activités industrielles, financières et commerciales des
établissements publics
- les litiges ayant trait aux rapports de travail entre les administrations ou établissements
publics et leurs fonctionnaires ou autres agents.
Procédure
Le médiateur est saisi d’une réclamation individuelle, soit directement par le réclamant, soit
par l’intermédiaire d’un député.
Le réclamant peut être une personne physique ou une personne morale de droit privé
(société, association ou fondation disposant de la personnalité morale).
Le médiateur peut être saisi par écrit mais également par voie orale auprès du secrétariat
du médiateur. Afin d’apprécier la validité de la réclamation, il est demandé au réclamant
d’indiquer un certain d’éléments nécessaires concernant :
- l’identité du réclamant ; il faut indiquer les nom, prénom et domicile du requérant. La
nationalité et le pays de résidence n’ont pas d’importance alors qu’il suffit d’être usager
de l’administration.
- la description au moins sommaire de l’objet de la réclamation ; la description doit faire
ressortir l’intérêt personnel et direct du réclamant. Ce dernier doit pouvoir se prévaloir
d’une lésion à caractère individuel.
L’intérêt à agir du réclamant est apprécié suivant les principes dégagés par la jurisprudence
des juridictions administratives en matière de recours contre les décisions individuelles
administratives.
Afin d’appuyer la description de la réclamation, le réclamant joindra une copie des pièces
essentielles du dossier.
La preuve des démarches préalables auprès de l’administration aux termes de l’article 3 de
la loi du 16 juillet 2003 stipule que « la réclamation doit être précédée de démarches
administratives appropriées auprès des organes mis en cause aux fins d’obtenir
satisfaction ».
Par démarches administratives, il faut comprendre qu’il suffit simplement que le réclamant
ait porté à la connaissance de l’administration son différend et qu’il possède une preuve de
son action.
C’est à l’issue de cette action que le médiateur sera saisi, soit parce qu’il y a refus explicite
de l’administration, soit parce que la réponse de l’administration n’a pas été satisfaisante,
soit en cas de silence de l’administration pendant un délai de trois mois, le réclamant
pouvant considérer sa demande comme rejetée.
La saisine du médiateur n’a pas à être précédée de l’exercice d’un recours gracieux. En
revanche, elle peut être concomitante à un recours gracieux ou à un recours contentieux.
Moyens d’action
Le médiateur n’a pas de pouvoir décisionnel, ceci pour éviter qu’il soit assimilé à une
autorité administrative et pour lui permettre de se placer au-dessus des administrations
publiques.
Le législateur a laissé libre le médiateur d’organiser son travail et de contacter sous les
formes qu’il croit les plus judicieuses le réclamant et les administrations. Cependant, le
médiateur dispose de moyens d’actions efficaces pour remplir efficacement sa mission :
- il dispose de par la loi d’un vaste droit à l’information ; en ce sens, les administrations
lui doivent un concours actif et il ne peut se voir refuser l’accès au dossier qu’en cas de
défense nationale, sûreté de l’Etat, politique extérieure ;
- il conseille le réclamant et l’administration et il formule des recommandations
susceptibles de régler à l’amiable le litige dont il est saisi ; le médiateur offre ses « bons
offices « en proposant une solution acceptée ou acceptable par les parties en cause ;
- il peut recommander des solutions pour régler en équité la situation du réclamant ;
- il peut enjoindre à l’administration de donner les suites nécessaires à une décision de
justice coulée en force de chose jugée ;
- il peut proposer à la Chambre des députés et au Gouvernement des modifications de
textes légaux et réglementaires ; il s’agit donc d’un droit d’initiative législative tendant à
voir modifier des dispositions si à la lumière d’un cas concret, elles paraissent trop
rigoureuses ;
- il peut rendre ses recommandations publiques ; cette publication peut se faire dans la
presse, au rapport annuel, au compte rendu de la Chambre des députés, dans une
publication périodique locale etc.
- il publie un rapport annuel qui est présenté à la Chambre des députés ; il peut aussi
établir des rapports intermédiaires trimestriels ou semestriels.
Cette procédure a été mise en place pour traiter les nombreuses réclamations entre la
clientèle privée et les banques de cette clientèle privée. En effet, si après avoir tentée de
régler leur litige avec leur conseiller de clientèle habituel, cette clientèle privée n’arrive
toujours pas à trouver une écoute et une réponse adéquate, elle peut dans un premier
temps, avoir recours à l’application de la circulaire IML 95/118 et, dans un deuxième temps,
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
si cette saisine se révèle catastrophique, par exemple, notamment par mauvaise disposition
de l’établissement bancaire en question, elle peut saisir la CSSF dans le cadre de l’article
58 de la loi du 5 avril 1993 sur le secteur financier.
Rappelons que la Commission de Surveillance du Secteur Financier est un établissement
public créé par la loi du 23 décembre 1998 en remplacement de l’Institut Monétaire
Luxembourgeois.
Elle est dotée de la personnalité juridique et jouit d’une autonomie financière. Elle est
chargée d’effectuer une surveillance prudentielle sur le secteur financier dans son
ensemble.
Par une circulaire en date du 5 avril 1995 (IML 95/118), la CSSF a édicté des règles que
doivent respecter les établissements bancaires dans le traitement des réclamations que
pourraient avoir leur clientèle.
La circulaire désigne l’organe qui sera chargée de prendre en considération la réclamation
du client et donne des recommandations pour le traitement de cette réclamation afin qu’elle
soit étudiée de façon irréprochable.
* L’organe chargé du traitement
- Prise en charge par un service ou un supérieur hiérarchique ; la circulaire donne
comme consigne aux établissements bancaires qu’un supérieur hiérarchique ou un
service dédié soit désigné lorsque le service contre lequel la réclamation s’adresse ne
peut pas lui-même traiter cette demande.
Le service contre lequel la réclamation a été faite, devra transmettre le dossier au
service ou supérieur hiérarchique désigné et, donner les coordonnées de ce service au
client réclamant.
- Désignation d’un responsable ; en même temps, un membre de la direction sera
désigné comme responsable pour le traitement des réclamations de la clientèle.
Les réponses fournies au client le seront sous son autorité et le nom de ce dirigeant
sera communiqué à la CSSF.
Le traitement de la réclamation se fait :
- de façon objective,
- dans l’optique de la recherche de vérité ; la circulaire recommande aux professionnels
de la banque de ne pas chercher à camoufler ou à couvrir une faute de leurs parts ou
de celles de leurs employés.
En ce sens, si l’établissement bancaire doit apporter une réponse négative au client
réclamant, la commission, oblige le prédit établissement à motiver sa décision.
- avec diligence ; les cas simples seront traités endéans quelques jours et les cas
complexes devront rapidement faire l’objet d’un accusé de réception dans le but, nous
informe la circulaire, de « maintenir un bon contact avec le client ».
Enfin, cette circulaire recommande aux prédits établissements, s’il est établi que la
réclamation est faite de mauvaise foi de mettre fin de façon « déterminée et r ordonnée »
à une relation qui n’est plus basée sur la confiance.
Si le client réclamant n’a pas trouvé satisfaction auprès de sa banque, il dispose de la
faculté de saisir la CSSF de cette réclamation, qui étudiera sa réclamation et rendra un
avis motivé sur celle-ci.
L’Avis moitié de la CSSF étant reconnu par les professionnels du secteur bancaire
comme valeur d’expert.
* Le traitement des réclamations de la clientèle privée par les banques dans le cadre
de l’article 58 de la loi du 5 avril 1993 sur le secteur financier
L’article 58 de la loi du 5 avril 1993 sur le secteur financier dispose que « La Commission
est compétente pour recevoir les réclamations des clients des personnes soumises à sa
surveillance et pour intervenir auprès de ces personnes, aux fins de régler à l’amiable ces
réclamations ».
L’examen de la réclamation par la CSSF se fait selon un schéma bien défini à savoir, elle
détermine si l’établissement bancaire a déjà été saisi de la réclamation et en cas de réponse
positive, elle envoie la copie de la réclamation au prédit établissement avec obligation de
prendre position ; puis quand elle estime le dossier complet, elle émet un avis motivé et
invite les parties à se contacter pour régler à l’amiable leur différend au vu de son avis.
Condition préalable à la saisine de la CSSF
Avant de saisir la CSSF, il faut avoir déjà fait une réclamation auprès du professionnel
bancaire visé, et, c’est seulement si la réponse est négative ou si ce professionnel ne
répond pas, qu’il est possible de saisir la CSSF.
Les moyens dont dispose la CSSF pour instruire la réclamation
La loi permet à la CSSF d’obtenir « une coopération aussi complète que possible » de
la part de l’établissement bancaire visé, autrement dit la CSSF doit avoir communication
de l’ensemble des pièces du dossier ; elle peut interroger les protagonistes dans l’affaire
et enfin, elle peut organiser une réunion entre les parties pour tirer l’affaire au clair.
Elle est d’autant plus à l’aise à communiquer avec l’établissement bancaire en cause
qu’elle considère comme étant confidentiels les échanges d’informations entre elle et cet
établissement. Il n’est actuellement donc pas possible à l’heure actuelle pour un client
réclamant d’obtenir copie des échanges entre la Commission et l’établissement
bancaire.
Une fois le dossier complet, la CSSF rend un avis motivé.
La valeur de la décision de la CSSF
- en droit : la décision de la CSSF n’a pas valeur de jugement ; c’est une décision qui a
valeur d’acte de médiation.
Elle n’est obligatoire pour le juge et les parties. Ainsi, le client réclamant, qui ne
trouverait pas satisfaisant l’avis motivé rendu par la CSSF, pourra saisir le juge de son
contentieux.
- en fait : l’avis motivé rendu par la CSSF est regardé par le Juge comme un avis
d’expert, et très souvent, ce dernier se rangera à cet avis.
L’évolution du traitement des réclamations
La communication des informations échangées entre les banques et la CSSF au client
réclamant, a été évoquée par Monsieur Jean GUILL, directeur de la CSSF, ce qui
constituerait une avancée certaine dans le domaine des droits de la défense et,
positionnerait la procédure de l’article 58 de la loi du 5 avril 1993 à un niveau égal aux
règles établies dans la procédure administrative non contentieuse notamment en tant
que procédure contradictoire.
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
Le but de ces contacts formels est de déterminer s’il y a vraiment une violation du droit
de l’Union et d’essayer, lorsqu’il y a une infraction, d’y remédier à ce stade sans avoir
besoin de recourir à la Cour de justice.
Compte tenu de la réponse, la Commission européenne peut aussi décider de ne pas
poursuivre la procédure d’infraction, par exemple quand l’Etat membre s’engage de
façon crédible à modifier sa législation ou la pratique de son administration. La plupart
des cas peuvent être résolus ainsi.
Mais si l’Etat Membre mis en cause ne s’est pas conformé à l’avis motivé, la
Commission européenne peut décider de saisir la Cour de justice pour faire constater
l’infraction.
La pétition est une demande individuelle ou collective, une plainte ou une observation
concernant l’application du droit communautaire à des affaires d’intérêt public ou privé, ou
une incitation lancée au Parlement pour qu’il prenne position sur un sujet.
La pétition permet au Parlement européen de mettre en évidence la violation des droits du
citoyen par un Etat membre, des autorités locales ou une institution.
Pour déposer une pétition, il faut avoir la qualité pour le faire, veiller qu’elle entre dans les
domaines de compétence de l’UE, décider si elle sera écrite ou par voie électronique, et
connaître la suite qui y sera donnée si elle est déclarée recevable.
* Les personnes habilitées à saisir le Parlement européen
Tout citoyen de l’Union européenne, toute personne résidant dans un Etat membre de
l’Union européenne, toute association, entreprise, organisation, personne physique ou
morale ayant son siège dans un Etat membre.
* L’objet de la pétition
Il doit porter sur des questions relevant des domaines de compétence de l’UE, à savoir les
droits des citoyens énoncés dans les traités, les questions environnementales, la protection
des consommateurs, la libre circulation des personnes, des marchandises et des services,
le marché intérieur, les questions liées à l’emploi et la politique sociale, la reconnaissance
des qualifications professionnelles, d’autres problèmes relatifs à la mise en œuvre du droit
communautaire.
* La forme
Elle doit être écrite ou électronique suivant un formulaire dans une des langues officielle de
l’UE.
* Le jugement de la pétition
Si elle est déclarée recevable alors la commission des pétitions décide du type d’action qui
doit être menée conformément au règlement du Parlement, par exemple inviter la
Commission à procéder à une enquête préliminaire et à lui fournir des informations
concernant le respect de la législation.
A l’origine, le droit privé s’identifiait totalement au droit civil (terminologie qui trouve sa
source à l’époque romaine, où l’on faisait référence au droit des citoyens, le jus civile) qui
avait vocation à gouverner l’ensemble des relations entre personnes privées sans aucune
limitation.
La spécialisation du droit au cours des siècles a conduit à une diversification et à une
spécialisation au sein même du Droit privé. Celui-ci est ainsi constitué d’une multitude de
disciplines dont la principale reste toutefois le droit civil.
Le droit des affaires est une branche du Droit privé englobant les différentes composantes
de la vie des affaires. Il réglemente l’activité des commerçants et industriels dans l’exercice
de leur activité professionnelle. Il est lui-même composé de plusieurs branches. Un des
principaux supports du droit des affaires est le code de commerce. Les différentes banches
du droit des affaires sont :
- le droit des sociétés qui est l’ensemble des règles régissant les conditions de
formation des sociétés et leur mode de fonctionnement (création, fonctionnement,
liquidation voire dissolution) ;
- le droit de la concurrence qui englobe l’ensemble des règles juridiques régissant les
rapports entre les agents économiques dans leurs activités de recherche et de
conservation d’une clientèle ; il interdit les pratiques anticoncurrentielles (ententes,
abus de position dominante) et la concurrence déloyale ;
- le droit de la faillite qui est l’ensemble des règles de droit applicables aux entreprises
en difficultés et en vertu desquelles le règlement des dettes et la liquidation des biens
des débiteurs ne relèvent plus de l’initiative individuelle de chaque créancier mais sont
au contraire organisés de manière à ce que tous les créanciers puissent faire valoir
leurs droits (procédure de faillite ou liquidation judiciaire) ;
- le droit bancaire qui est l’ensemble des règles applicables aux opérations de banque
et aux personnes qui les accomplissent à titre professionnel ;
- le droit cambiaire qui est constitué par l’ensemble des règles applicables aux effets
de commerce (lettre de change, billet à ordre, chèque) et qui présente de nombreuses
spécificités au regard du droit des obligations (droit civil).
- le droit de la propriété intellectuelle : il s’agit d’une part, de la propriété littéraire et
artistique dont l’objet est de déterminer et réglementer les droits reconnus aux auteurs
sur leurs œuvres et, d’autre part, la propriété industrielle qui comprend l’ensemble des
dispositions régissant les situations de monopole d’exploitation (droit des brevets
Il est constitué par l’ensemble des règles régissant la propriété agricole : transfert de
propriété, convention entre propriétaires et locataires, statuts des exploitants agricoles,
aménagement et équipement de l’espace rural, protection de la nature, baux ruraux.
C’est la branche du droit dont l’objet est d’étudier et d’apporter une réponse au phénomène
criminel révélé par des agissements de nature à créer un trouble pour la société. Il se divise
lui-même en différentes matières :
- le droit pénal général qui est constitué par l’ensemble des règles permettant de fixer
les modes généraux d’incrimination des comportements antisociaux et les sanctions
qui leurs sont applicables ;
- le droit pénal spécial dont l’objet est d’étudier chacune des diverses infractions
prévues par le législateur (ex : l’homicide volontaire, vol …) ;
- la procédure pénale qui est constituée par l’ensemble des règles organisant le
déroulement du procès pénal (de la phase policière au jugement) ; c’est elle, par
exemple, qui réglemente les pouvoirs du juge d’instruction, les voies de recours contre
les jugements de police, correctionnels, criminels) ;
- la pénologie : cette matière a pour objet l’étude des sanctions encourues au titre de la
responsabilité pénale, de leur mode d’exécution et d’extinction. ;
- la criminologie qui permet l’étude du phénomène criminel dans sa réalité sociale et
individuelle (études des causes et des conséquences de la criminalité).
Cette branche du droit a pour finalité de résoudre les problèmes de conflit de juridictions ou
de conflits des lois qui peuvent survenir dans le cadre d’un litige comportant un élément qui
lui donne une dimension internationale (nationalité étrangère de l’une des parties au conflit,
litige portant sur un bien situé à l’étranger).
Elle comprend l’étude du droit de la nationalité et l’étude de la condition des étrangers.
A l’inverse du droit privé où le droit civil constitue la branche centrale, il n’existe pas en droit
public de discipline qui constituerait le « droit public commun ».
Mais comme le droit privé, le droit public se subdivise en plusieurs branches.
C’est une branche du droit public dont l’objet est d’organiser le mode de fonctionnement de
l’Etat et de l’ensemble des institutions publiques à caractère politique.
Il organise également les relations que ces institutions peuvent entretenir entre elles. Ainsi,
le droit constitutionnel permet de déterminer la nature du régime politique d’un Etat (régime
parlementaire, présidentiel, etc.).
C’est une branche du droit public dont l’objet principal est de régir les rapports que les
autorités administratives (Etat, Communes) entretiennent avec les particuliers.
Il est constitué par l’ensemble des règles qui s’appliquent à l’administration dans l’exercice
de ses missions de service public.
Il s’agit de la branche du Droit qui détermine les modes d’utilisation de l’ensemble des
ressources de l’Etat et des Communes.
Branche du droit public, il réglemente toutes les questions juridiques liées aux impôts :
détermination de l’assiette, du montant et des modes de recouvrement des divers impôts
ou taxes de toutes sortes.
Il s’agit de la branche du droit public qui étudie les rapports entre les Etats et les
organisations internationales. Il inclut notamment le droit des Traités.
Le caractère dominant du Droit public est qu’il ne place pas sur un pied d’égalité
l’Administration et les particuliers, la première disposant de prérogatives supérieures aux
seconds.
Il s’agit là d’une différence fondamentale avec le droit privé.
Le droit de propriété est naît avec la sédentarisation des hommes et alors qu’ils devenaient
agriculteurs et éleveurs du bétail. Les Romains ont par la suite attribué au droit de propriété
les attributs d’aujourd’hui c'est-à-dire l’usus, l’abusus, le fructus.
Ensuite, ce droit de propriété a connu des grandes étapes à travers la féodalité,
l’instauration du code civil de 1804 et, enfin à travers la réforme du 2 juillet 1987.
- La féodalité : au moyen-âge règne le régime de la féodalité par laquelle un suzerain
est le propriétaire de l’ensemble des terres de son royaume. Il cède la jouissance de
ses terres à un ou plusieurs vassaux en échange de différents services à son profit.
- Le code civil de 1804 : la Révolution française considérant les droits féodaux comme
des atteintes intolérables à la propriété, promulgue un droit de propriété compris
comme un droit individuel absolu, réduisant au minimum nécessaire l’idée collective de
ce droit. C’est ainsi que l’article 544 du code civil de 1804 stipule que « la propriété est
le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on
n’en fasse pas un usage prohibé par les lois et les règlements ».
- La réforme du 2 juillet 1987 : la formulation du droit de propriété telle que voulue en
1804 fait fi des droits du voisinage à tel point que la Cour supérieure de justice dans un
arrêt du 2 juin 1963 (Pas.19, page 71) décide que « les droits du propriétaire d’une
construction nouvelle sont limités par le droit de propriété des voisins, etc. »
C’est ainsi que la loi du 2 juillet 1987 a modifié l’article 544 du code civil en définissant
la propriété comme « le droit de jouir et de disposer des choses, pourvu qu’on n’en
fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les règlements ou qu’on ne cause un
trouble excédant les inconvénients normaux du voisinage, rompant l’équilibre entre des
droits équivalents ».
- Le droit d’utilisation du bien (l’usus) : l’usus est le droit d’utilisation du bien par le
propriétaire que ce soit dans un but économique ou pour son seul plaisir.
- Le droit de percevoir les fruits et les produits (le fructus) : le propriétaire peut soit
percevoir les fruits et les revenus, soit également laisser ses biens improductifs.
Un fruit est un revenu qui se renouvelle comme par exemple une récolte. Il existe des
fruits naturels, ceux que la chose produit spontanément sans le travail de l’homme
comme la naissance des jeunes animaux, le fourrage des prairies, et des fruits
industriels, ceux résultant du travail de l’homme comme ceux provenant du travail des
jardins, des vignes, et, in fine, des fruits civils qui correspondent à des revenus
périodiques dus par des tiers auxquels le propriétaire a concédé la jouissance d’une
chose comme par exemple les intérêts d’un prêt, les dividendes des actions.
Un produit est un revenu qui amoindrit la valeur du bien comme une carrière ou une
mine.
Un propriétaire perçoit les fruits et les produits de son bien alors qu’un usufruitier ne
perçoit que les fruits échus pendant son usufruit mais non les produits.
- Le droit de disposer de son bien comme on l’entend (l’abusus) : le propriétaire peut
en disposer physiquement comme il l’entend sous réserve de respecter la loi, comme
faire des travaux, et, en disposer juridiquement comme en faire donation, le vendre, le
transformer ou le détruire.
Les démembrements
* L’usufruit
Définition
C’est un droit réel (c'est-à-dire qui porte sur une chose) viager (c'est-à-dire à caractère
temporaire), qui donne à son titulaire le pouvoir d’user, sa vie durant, et de jouir des
biens appartenant à un autre, comme celui-ci en jouirait lui-même, mais à charge d’en
conserver la substance. L’usufruit peut porter sur :
- des biens meubles ou immeubles
- des biens corporels
- des créances (livrets d’épargne, actions…)
- des droits incorporels (droits d’auteur, etc.).
Droits
Ils sont au nombre de deux :
- le droit d’user de la chose par l’usufruitier pour ses besoins personnels ou céder la
jouissance à un autre ; par exemple il peut habiter la maison dont il a l’usufruit ou la
louer et en percevoir le loyer.
- le droit de percevoir les fruits mais pas les produits.
Obligations :
L’usufruitier doit remplir deux obligations :
- Etablir un inventaire des meubles et des immeubles sujets à usufruit (article 600 du
code civil) consistant à énumérer et à estimer lesdits biens. Cet acte peut être dressé
à l’amiable sous seing privé en présence de majeurs et obligatoirement par acte notarié
en présence de mineurs.
L’usufruitier peut être dispensé d’établir un inventaire par testament ou par une donation.
Il n’est pas déchu de son usufruit s’il ne dresse pas cet inventaire, sous réserve que
l’absence d’inventaire permettra au nu-propriétaire d’une part de lui refuser de délivrer
les choses sujettes à usufruit, d’autre part, le cas échéant, de rapporter la preuve de la
consistance et de la valeur des biens par tous moyens
- Fournir une caution (article du code civil) : cette caution est une personne qui garantit
personnellement au propriétaire que l’usufruitier se comportera en bon père de famille.
L’usufruitier peut également fournir au propriétaire une hypothèque sur ses biens, une
mise en gage de biens mobiliers. Sont dispensés de fournir caution les père et mère
qui ont l’usufruit légal des biens de leurs enfants mineurs et le vendeur ou le donateur
d’un bien, qui s’en réservé l’usufruit.
* La nue-propriété
Définition
Droits
Le nu-propriétaire a le droit de :
- surveiller la gestion de l’usufruitier, et le cas échéant à agir contre lui s’il met en péril
les biens donnés à usufruit.
- accomplir des actes matériels nécessaires à la conservation des biens comme des
réparations
- récolter les produits des biens soumis à usufruit.
Obligations
Le nu-propriétaire n’a aucune obligation sauf à assurer une jouissance paisible à
l’usufruitier et à payer les charges afférentes à la propriété comme les impôts liés à
cette propriété.
Les atteintes
* les servitudes
Ce sont des charges qui pèsent sur un immeuble au profit d’un autre immeuble comme par
exemple le droit de passage sur un terrain pour accéder à un autre terrain à partir de la voie
publique.
S’agissant d’une servitude rattachée à un immeuble, elle est transmise en même temps
que sa propriété et s’impose au nouveau propriétaire.
Parmi les servitudes, sont présentes celles qui concernent les propriétés voisines dans un
souci de maintenir des relations apaisées.
Les plus importantes de ces dernières concernent le bornage régi par l’article 646 du code
civil qui dispose que « Tout propriétaire peut obliger son voisin au bornage de leurs
propriétés contigües (le bornage se fait à frais communs ») et, celle du droit de passage.
Dès lors, il semble important d’étudier ces 2 servitudes particulières qui sont courantes et
sujettes à litige aboutissant souvent devant les juges de paix.
Le bornage
Définition
C’est l’opération qui consiste à fixer les limites de deux propriétés contigües et à placer
les bornes ou d’autres signes de délimitation.
Objets du bornage
Ce sont des immeubles contigus, non bâtis, appartenant à des particuliers. De même,
le juge de paix reste compétent si l’un des immeubles appartient au domaine privé de
l’Etat.
Dans le cas où un premier bornage a déjà eu lieu, il n’est possible de faire procéder
à un second bornage qu’après l’expiration d’un délai de 30 ans. Avant ce délai, il ne
s’agira que de remettre en place les bornes enlevées ou déplacées. L’enlèvement et
le déplacement volontaire des bornes constituent une infraction pénale.
Personnes habilitées pour demander un bornage
Ce sont le propriétaire, l’usufruitier, le bénéficiaire d’un droit d’usage, l’emphytéote sur
un terrain à aborner.
Types de bornage
- Le bornage amiable se fait lorsque deux propriétaires de terrains adjacents sont
d’accord. Dans ce cas, le bornage se fait par un géomètre qui effectue un arpentage
des terrains puis dresse un procès-verbal de bornage qui, administrativement appelé
contrat d’abornement, sera soumis à l’enregistrement.
- Le bornage judiciaire : quand les 2 propriétaires ne sont pas d’accord, l’un d’eux
exercera alors une action en bornage, qui est imprescriptible, aux fins de faire désigner
un expert, c'est-à-dire un géomètre pour procéder au bornage. Cette action est exercée
devant le juge de paix du lieu de situation des terrains qui doivent être abornés et ce
quel que soit la valeur de la demande.
Les frais de bornage sont partagés entre les 2 propriétaires en fonction de la surface
des terrains abornés et, s’il s’agit d’un bornage judicaire, celui qui a perdu le procès,
paiera les frais de justice en rapport avec ce litige.
Le droit de passage en cas d’enclave
Définition de la notion d’un fonds enclavé
Un fonds est dit enclavé quand il n’a pas d’accès, ou n’a qu’un accès insuffisant, à
la voie publique. Dans ce cas, le propriétaire du fonds peut aux termes de l’article
682 du code civil demander un droit de passage sur le fonds ou éventuellement sur
les fonds qui le sépare(nt) de la voie publique.
La faculté de demander un droit de passage est imprescriptible et il n’est pas
possible d’y renoncer tacitement ou expressément définitive (Cour Supérieure de
Justice 28 octobre 1975, Pas.23, page 294).
Personnes habilitées à demander un droit de passage
Ce sont le propriétaire, l’usufruitier, le bénéficiaire d’un droit d’usage et l’emphytéote.
Se pose souvent dans les copropriétés des problèmes liés à la notion, à la répartition et au
paiement des charges communes et surtout du paiement entre copropriétaire ; cependant
des solutions ont été donnés par la loi ; les charges communes sont constituées par :
- les frais relatifs à la conservation des parties communes dans un bon état d’habitation
(frais de réparation, remise en état des parties communes, primes d’assurance pour les
risques d’incendie, explosion ou dégât des eaux, etc.)
- les frais d’entretien courant des parties communes destinés à assurer à l’immeuble un
caractère d’habitation confortable (frais de nettoyage des parties communes,
remplacement des ampoules électriques, produits d’entretien, enlèvement des ordures)
- les frais d’administration de l’immeuble, c'est-à-dire les frais et honoraires dus au
fonctionnement de la copropriété (frais et honoraires du syndic, frais de convocation à
l’assemblée générale, notification des procès-verbaux)
- les frais de fonctionnement, de réfection et d’entretien des éléments d’équipement
communs, c'est-à-dire les frais relatifs à la consommation en eau, gaz, électricité et
combustibles.
Le propriétaire est tenu au paiement des charges communes proportionnellement aux
millièmes détenus dans la copropriété. Cette règle de paiement proportionnel est
impérative, le règlement de copropriété ne pouvant y déroger.
Cependant s’agissant d’équipement communs comme les ascenseurs, la loi a prévu que
les copropriétaires doivent payer les charges sur ces équipement communs en fonction
de leur degré d’utilité ; ainsi il ne saurait être question de faire payer des charges pour
un ascenseur aux copropriétaires résidant au rez-de-chaussée.
* La mitoyenneté
Généralement une clôture est mitoyenne quand elle appartient indivisément aux
propriétaires de deux fonds qu’elle sépare. En l’occurrence, il s’agit des clôtures, des murs,
des fossés, haies et barrières.
* L’abus de droit
C’est l’utilisation abusive du droit de propriété par l’un des propriétaires. Elle se manifeste
en principe par un dommage causé à autrui (construction d’un mur qui empêche tout
ensoleillement du voisin), d’une faute (caractérisée par l’intention de nuire) et d’un lien de
causalité.
écrit qui est émané de celui qu’il représente et qui rend vraisemblable le fait allégué (article
1347 alinéa 2 du code civil) ou encore d’utiliser l’aveu judiciaire ou le serment litisdécisoire.
Dans ces conditions, il est possible de schématiser la preuve du contrat comme ci-
dessous :
- contrat ≥ à 100.000 francs : écrit consistant en un acte notarié ou un acte sous
signature privée, preuve testimoniale refusée, acceptation de l’acte valant
commencement de preuve par écrit, de l’aveu judiciaire de la partie contre laquelle un
acte juridique est invoqué (article 1356 du code civil) ou du serment litisdécisoire (article
1358 et suivants)
- contrat < à 100.000 francs : possibilité de preuve testimoniale.
Enfin, s’agissant d’un acte sous seing privé qui contiendraient des conventions
synallagmatiques engageant les 2 parties, il devra, aux termes de l’article 1325 du Code
civil, être réalisé en autant d’originaux qu’il y a des parties ayant des intérêts distincts.
En conséquence, un contrat synallagmatique rédigé en seul exemplaire n’est en principe
pas valable, mais la jurisprudence y voit un commencement de preuve par écrit (Cour
supérieure de justice 19 mai 1882, Pas.2, page 99) et ce commencement de preuve par
écrit combiné, par exemple avec l’aveu permettra de prouver le contrat synallagmatique.
Très généralement, les parties à la vente d’un immeuble signent en premier lieu, un
compromis de vente qu’ils régularisent par acte notarié plus tard. Mais que se passe-t-il si
l’une des parties ne veut plus passer devant notaire ?
* Le compromis de vente et ses problématiques
Définition
Le compromis de vente ou la promesse synallagmatique de vente est un acte sous
seing privé par lequel un vendeur s’engage à vendre un bien immobilier et un acheteur
s’engage à acheter ledit bien, et qui précise les conditions de vente du bien.
Effet de la signature du compromis de vente par les parties
Par un jugement en date du 31 mai 1961 (Pas.18, page 363) le Tribunal civil a décidé
que « la vente d’un immeuble consentie par acte sous seing privé, est parfaite dès lors
que cet acte constate l’accord des parties sur la chose et le prix... » sauf si « les parties
ont voulu subordonner la formation et l’efficacité du contrat à l’accomplissement de
cette formalité ».
Que se passe-t-il quand une partie refuse de passer devant notaire ?
Soit il s‘agit de l’acheteur qui regrette son achat, soit il s’agit du vendeur qui ayant trouvé
un acheteur lui proposant un meilleur prix croit en refusant de passer l’acte chez le
notaire qu’il se pourra se dégager de la vente.
Dans ce cas, l’acheteur ou le vendeur doit en premier lieu faire une sommation par acte
d’huissier de passer l’acte à tel jour et à telle heure chez le notaire désigné. Si l’autre
partie ne se présente pas, le notaire dressera un acte de carence, documentant la non-
comparution.
En deuxième lieu, une fois l’acte de carence dressé, la partie concernée pourra :
soit demander la résiliation de la vente intervenue pour non-respect de l’autre partie de
ses engagements et l’allocation des dommages et intérêts qui souvent sont déterminés
par une clause pénale ou un dédit forfaitaire de 10 % par exemple en cas de désistement
de l’une des parties ;
soit demander au tribunal de suppléer à l’acte notarié non intervenu, par un jugement
constatant officiellement cette vente.
L’utilité de passer un acte notarié après signature du compromis de vente ou
l’opposabilité aux tiers de l’acte
Afin qu’une vente d’immeuble soit opposable aux tiers, il faut que l’acte soit transcrit
au Bureau des hypothèques. Or, au pays seuls les actes authentiques, à savoir les
jugements et les actes notariés, sont transcrits à l’exclusion des actes sous seing
privé. En conséquence, il est nécessaire et utile afin de rendre l’acte opposable aux
tiers, de passer devant le notaire pour une vente immobilière.
par l’effet de la loi :
l’accession : l’article 546 du code civil dispose que « La propriété d’une chose, soit
mobilière, soit immobilière, donne droit sur tout ce qu’elle produit et sur ce qui s’y unit,
soit naturellement, soit artificiellement ».
* Le droit d’accession
Le droit d’accession donne lieu à plusieurs applications régies par les articles 547 à 577
du code civil telles que :
- le propriétaire a droit à tous les fruits et produits de la chose
- la propriété du sol emporte la propriété du dessus et du dessous, sauf disposition
contractuelle contraire
- la propriété s’étend à tout ce qui s’incorpore à la chose
- le propriétaire a un droit sur les eaux, qui jaillissent ou coulent sur son sol.
C’est ainsi que, au regard de la propriété immobilière, la propriété du sol emporte la
propriété du dessus et du dessous, sauf disposition contractuelle contraire ; en
conséquence, le propriétaire d’un terrain sur lequel sera érigé une construction, se verra
déclaré propriétaire de cette construction.
Prescription acquisitive
C’est le moyen d’acquérir un droit de propriété par une possession prolongée (article
2219 du code civil).
Cette prescription acquisitive peut trouver application par exemple pour un acquéreur
d’un immeuble, bien que l’ayant acheté au vrai propriétaire, ne détient pas un titre
inattaquable sur sa nouvelle propriété mais également, il possible d’envisager le cas
d’une personne de bonne foi qui, ignorant que son vendeur n’était pas propriétaire, a
conclu un contrat avec lui.
Elle ne s’applique pas à tous les objets, doit présenter pour être validée une
caractéristique particulière c'est-à-dire doit être utile, doit durer un certain délai à savoir
30 ans, peut être suspendue ou interrompue et produit un effet en rendant propriétaire
le possesseur utile :
Objets de la prescription acquisitive
Seuls la propriété, l’usufruit et les servitudes peuvent s’acquérir par prescription
acquisitive ou usucapion. Sont exclus de la prescription acquisitive : les droits
accessoires comme les hypothèques, les droits de créance et les droits intellectuels
© K. Bicard page 154 / 196
Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
comme le droit d’auteur, les immeubles relevant du domaine public, les choses qui ne
sont pas dans le commerce (article 2226 du code civil), les universalités juridiques
comme les héritages ou de fait comme un fonds de commerce.
Caractéristique de la prescription acquisitive
Afin qu’il y ait prescription acquisitive, il faut qu’il y ait possession utile. En premier
lieu, il doit y avoir possession c'est-à-dire corpus et animus :
le corpus qui consiste à effectuer des actes matériels sur la chose : habiter une maison,
cultiver un champ, couper du bois dans une forêt.
Sont exclus des actes de simple tolérance, c'est-à-dire des actes qui ont été
accomplis avec la permission expresse ou tacite du propriétaire comme la
possibilité de garer sa voiture sur le terrain d’un propriétaire et, des actes de pure
faculté, c'est-à-dire ceux qui ne présupposent pas l’accord du propriétaire du fonds
sur lequel ils s’exercent ; ainsi un propriétaire jouissant depuis trente ans d’une
belle vue parce que le terrain voisin n’est pas construit, ne peut s’opposer à ce que
ce voisin érige une construction sur ce fonds, avec l’argumentation qu’il a prescrit
une servitude de vue
l’animus qui est l’élément intentionnel qui fait que le possesseur se « sente propriétaire »
En deuxième lieu, cette possession doit réunir 4 caractères :
elle doit être continue c'est-à-dire que le possesseur doit avoir un usage normal et
régulier de la chose
elle doit être publique c'est-à-dire que le possesseur doit se comporter en public comme
le véritable propriétaire
elle doit être publique c'est-à-dire que l’entrée en possession doit avoir eu lieu sans
violence
elle doit être non équivoque c'est-à-dire qi’il ne doit pas y avoir ambigüité sur le
comportement du possesseur :
Délai de la prescription
Il est de 30 ans si le possesseur est de mauvaise foi. Il peut être abrégé en cas de
bonne foi et de possession d’un titre translatif de propriété.
Suspension ou interruption
Il y a suspension de la prescription contre les mineurs non émancipés et les interdits
(article 2252 du code civil) et, suivant la Cour de cassation (19 décembre 1963,
Pas.19, page 199) contre une personne, qui en raison de la force majeure n’est pas
à même d’interrompre une prescription qui court contre elle.
Il y a interruption soit par l’abandon volontaire de l’immeuble du possesseur ou du
propriétaire qui se met possesseur de l’immeuble, soit par citation du propriétaire
entendant reprendre son immeuble ou par reconnaissance par le possesseur du droit
du vrai propriétaire (détenteur précaire comme fermier ou usurpateur).
Effet
L’usucapion permet d’acquérir la propriété de l’immeuble. Cette prescription est
rétroactive et, remonte au premier jour où la possession a commencé.
La propriété immobilière porte sur des meubles corporels et sur des meubles incorporels
Le mode d’acquisition de la propriété mobilière est dominé par l’article 2279 du code civil
qui dispose : « En fait de meuble, la possession vaut titre ».
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
En matière mobilière, la seule possession utile et de bonne foi, suffit à prouver la propriété
du bien meuble, il n’est pas exigé de juste titre au contraire de la propriété immobilière.
De fait, si une personne achète de bonne foi un meuble à un non-propriétaire, ce n’est pas
le contrat de vente qui opère le transfert de propriété, ce contrat de vente est vicié, parce
qu’un vendeur ne peut pas transmettre un droit dont il n’est pas titulaire lui-même. C’est la
possession qui le rend propriétaire en créant à son profit un titre nouveau.
* La possession utile et de bonne foi
La possession c’est la détention matérielle de la chose.
La possession utile
C’est celle qui est faite à titre de propriétaire, elle est réelle et exempte de vices :
Une possession à titre de propriétaire suppose une possession véritable, contrairement
à une détention précaire telle qu’elle s’applique à un emprunteur ou à un créancier
gagiste.
Une possession réelle doit se traduire par la détention matérielle de la chose qui peut
se résumer à une simple mise à disposition.
Une possession exempte de vices : la possession doit être paisible, publique et non
équivoque. Il n’y a pas de durée minimale de détention matérielle pour se voir
reconnaître la qualité de propriétaire de la chose.
La possession de bonne foi
Elle se définit, comme la croyance du possesseur d’un meuble d’avoir traité avec le
propriétaire de celui-ci. Cette croyance doit avoir existé au moment de la prise de
possession du bien.
Si le détenteur est de mauvaise foi, le propriétaire peut revendiquer son bien pendant 30
ans. Ce propriétaire devra prouver qu’il avait la possession du bien et que le possesseur
actuel est de mauvaise foi.
Par contre, si le possesseur est de bonne foi, le propriétaire ne peut revendiquer la chose
sauf s’il y a eu perte ou vol :
La perte est définie comme une dépossession involontaire résultant soit d’une
négligence du propriétaire, soit par le fait d’un tiers (comme une marchandise délivrée
à une fausse adresse par un transporteur), soit d’un événement de force majeure.
Le vol est conformément à l’article 461 du Code pénal la soustraction frauduleuse de la
chose d’autrui.
* L’absence d’exigence d’un titre
En général, le possesseur de bonne foi d’un bien mobilier est propriétaire en vertu d’un titre
constitué par un contrat de vente ou un don manuel ; ce possesseur de bonne foi n’a pas
à prouver l’existence de ce titre.
Cela s’explique, parce que l’article 2279 du code civil assure une protection à l’acquéreur
de bonne foi mais également au possesseur de bonne foi.
Le pays protège la propriété intellectuelle tant au niveau national à travers les lois qu’il a
édicté pour ce faire, qu’au niveau international par son adhésion au Benelux et à l’Union
européenne.
La protection de la propriété intellectuelle est donc multiple et peut se traduire à plusieurs
niveaux.
Il est de bon ton de parler de la propriété intellectuelle ; cependant ces termes génériques
recouvrent de multiples réalités.
Les bénéficiaires de cette protection sont toutes les personnes admises à bénéficier de
la loi du 18 avril 2001 relative aux œuvres littéraires.
Dans le cas, d’un programme créé par un employé dans l’exercice de ses fonctions ou
sur instruction de son employeur, les droits d’auteurs liés à ce programme d’ordinateur
sont la propriété dudit employeur sauf dispositions contractuelles contraires.
Les droits exclusifs de l’auteur d’un programme d’ordinateur comportent le droit de faire
et d’autoriser :
a) la reproduction permanente ou provisoire d’un programme d’ordinateur, en tout ou en partie,
par quelque moyen et sous quelque forme que ce soit, y compris le chargement, l’affichage,
le passage, la transmission ou le stockage d’un programme d’ordinateur, lorsque ces
opérations nécessitent une telle reproduction ;
b) la traduction, l’adaptation, l’arrangement et toute autre transformation d’un programme
d’ordinateur et la reproduction du programme en résultant, sans préjudice des droits de la
personne ayant transformé le programme d’ordinateur.
c) toute forme de distribution au public de l’original ou de copies d’un programme d’ordinateur,
y compris notamment la vente, le leasing, la concession sous licence et location ; toutefois,
la première transaction de ce genre effectuée dans la Communauté économique
européenne par le titulaire des droits exclusifs ou avec son consentement, épuise le droit
de distribution dans la Communauté des exemplaires du programme d’ordinateur faisant
l’objet de la transaction, à l’exception du droit de contrôler les locations ultérieures de ces
exemplaires.
* Exceptions
L’article 46 de la loi du 18 avril 2001 énonce un certain nombre d’exceptions à l’autorisation
nécessaire du titulaire des droits voisins, à savoir les courtes citations, la caricature, la
parodie, etc.
* Survivance en cas de Faillite
Lorsque les artistes interprètes ou exécutant cèdent leurs droits exclusifs à un producteur
qui en devient titulaire, la faillite, le concordat ou la mise en liquidation de son entreprise
n’entraîne pas la résiliation des droits voisins.
Les droits sui generis (propre à une chose) sur des bases de
données
* Champ d’application.
Sont protégées les bases de données qui sont celles dont :
- l’obtention, la vérification ou la présentation du contenu atteste d’un investissement
qualificatif ou quantitatif substantiel ;
- l’obtention a fait l’objet d’une modification substantielle qui atteste d’un investissement
qualificatif ou quantitatif substantiel.
* Etendue
La protection apportée par la prédite loi n’est pas accordée à un ressortissant d’un pays
tiers, sauf s’il existe une protection analogue dans ce pays tiers ou si ce ressortissant a son
principal établissement dans un pays de l’Union européenne ou s’il y a sa résidence
habituelle.
* Contenant
Le producteur d’une base de données peut interdire :
- le transfert, permanent ou temporaire, sur un autre support et sur toute forme de mise
à disposition du public, de tout ou partie substantielle de cette base de données, par
quelque moyen et sous quelque forme que ce soit : distribution de copies, location,
transmission en ligne ou sous d’autres formes de tout ou partie substantielle du
contenu, permanent ou temporaire, à l’exception du prêt public.
- l’utilisation répétée et systématique de partie non substantielle du contenu d’une base
de données, qui serait contraire à l’exploitation normale de cette base de données ou
qui causerait un préjudice injustifié à ses intérêts légitimes.
Les exceptions à l’interdiction d’extraire et réutiliser une partie substantielle du contenu
d’une base données sont visées par l’article 68 de la loi du 18 avril 2001 et concernent
notamment l’extraction et / ou la réutilisation aux fins d’une procédure administrative ou
juridictionnelle.
* Durée de vie
La protection est valable 15 ans après le 1er janvier de l’année qui suit la date de
l’achèvement de la base de données ou de l’année qui suit la date à laquelle la base a été
mise à la disposition du public pour la première fois.
Le droit des marques est régi au pays par la Convention Benelux en matière de propriété
intellectuelle du 25 février 2005 et transposée en droit luxembourgeois par le règlement
d’exécution du 11 août 2006. Il peut s’agir du dépôt en vue de l’enregistrement d’une
marque individuelle ou collective.
Dans ce chapitre, est étudié uniquement l’enregistrement d’une marque au niveau Benelux
mais il est tout à fait possible d’enregistrer une marque au niveau communautaire ou / et
au niveau mondial. Ainsi, le système de Madrid mis en œuvre par l’Organisation mondiale
de la Propriété Intellectuelle (OMPI) permet de déposer une marque dans 80 pays avec
seulement une seule demande d’enregistrement.
* La définition de la marque
Une marque se caractérise par un signe distinctif qui doit permettre aux clients de distinguer
cette marque des produits concurrents. Il peut s’agir :
- d’un nom patronymique, géographique ou fantaisiste comme la marque LUXLAIT,
- de signes figuratifs à savoir un logo, symbole, un dessin comme le logo de la marque
de sport « le coq sportif »,
- de signes sonores ou phases musicales ou fantaisistes par exemple le logo de la radio
NRJ « Hit Music Only »,
- d’un assemblage de lettres et de chiffres ou fantaisistes comme la marque de
supermarché 8 à Huit
* Le dépôt d’une marque en vue de son enregistrement
Ce dépôt suppose qu’il soit respecté des conditions de forme et des conditions de fond du
dépôt.
Conditions de forme du dépôt
La règle 1.1 dispose que le dépôt se fait en français ou en néerlandais par la production
d’un document portant un certain de mentions et d’indications qu’elle énumère,
document qui doit être signé par le déposant ou le mandataire.
Ce document pourra également décrire, en 50 mots maximum, des éléments distinctifs
de la marque tels qu’ils ont été décrits plus haut.
Le délai pour déposer ce document est d’un mois sous réserve d’avoir payé les taxes
de bases.
Conditions de fond du dépôt
Une marque pour être susceptible d’être enregistrée devra répondre à 4 critères :
- être distinctive : elle doit se distinguer du produit lui-même, par exemple on ne peut pas
utiliser la marque stylo pour des stylos,
- être conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs,
- être disponible : elle ne doit pas avoir déjà été déposée dans la même classe de produits
et services par exemple, la marque Mont Blanc est utilisée à la fois pour des crèmes dessert
(donc des produits alimentaires) et des stylos, portefeuille, bijoux (donc des produits de
papeterie, maroquinerie et bijouterie),
- ne pas être déceptive c'est-à-dire que la marque ne doit pas être de nature à induire le
public en erreur sur la qualité ou la provenance géographique du produit évoqué, par
exemple les yaourts Bio ont dû être renommés Activia.
* La publication et l’enregistrement d’une marque
La publication
Le dépôt du document entraîne sa publication par l’Office en respectant un certain
nombre de mentions et d’indications énumérées par l’article 1.5 du règlement du 11
août 2006. Cette publication fait courir le délai d’opposition que pourrait exercer un tiers
s’il estime que la marque déposée nuit à la notoriété d’une de ses propres marques.
L’enregistrement
L’office enregistre le dépôt en indiquant le numéro de l’enregistrement, les indications
pour la publication, la date à laquelle l’enregistrement expire et la date d’enregistrement
de la marque.
La date d’enregistrement est celle du jour ou l’Office constate que le dépôt satisfait à
toutes les conditions fixées par la Convention Benelux et le règlement d’exécution.
* Les droits conférés par l’enregistrement d’une marque
L’enregistrement d’une marque confère à son titulaire :
- Le droit exclusif d’utilisation la marque,
- le droit d’interdire à tout tiers, en l’absence de son consentement, de faire usage dans la
vie des affaires, d’un signe identique ou similaire à la marque pour des produits ou services
identiques ou similaires à ceux pour lesquels celle-ci est enregistrée, s’il existe dans l’esprit
du public, un risque de confusion qui comprend le risque d’association entre le signe et la
marque.
* La durée de la protection d’une marque
L’enregistrement d’une marque est valable pendant 10 ans et peut être renouvelé
indéfiniment auprès de l’Office Benelux de la Propriété intellectuelle.
Les dessins et modèles peuvent faire l’objet d’un dépôt et d’un enregistrement.
* Le dépôt
Il se fait en français ou en néerlandais par un document respectant un certain nombre de
mentions et d’indications telles qu’elles sont stipulées par la règle 2.1 du règlement
d’exécution du 11 août 2006.
Le déposant peut décrire en 150 mots les aspects nouveaux du produit. Il est possible
d’indiquer dans le document le nom du véritable créateur du dessin ou du modèle.
Le dépôt multiple est possible sous réserve de respecter les conditions posées par la règle
2.1 alinéa 1er, sous b, c, et d, alinéa 2 et 4 pour chaque dessin ou modèle dans une limite
de 50.
* L’enregistrement
L’Office enregistre le dépôt en mentionnant un certain nombre d’indications énumérées à
la règle 2.7 alinéa 1.
La date d’enregistrement retenue est celle du jour ou l’Office constate que le dépôt satisfait
à toutes les conditions fixées dans la Convention et le règlement du 11 août 2006.
* Le droit conféré par l’enregistrement d’un dessin
Le droit exclusif à un dessin ou modèle permet au titulaire de s’opposer à l’utilisation d’un
produit dans lequel le dessin ou modèle est incorporé ou auquel celui-ci est appliqué et
ayant un aspect identique au dessin ou modèle tel qu’il a été déposé ou qui ne produit pas
sur un utilisateur averti une impression globale différente, compte tenu du degré de liberté
du créateur dans l’élaboration du dessin ou modèle.
* La durée de la protection :
Elle est de 25 ans maximum (une période initiale de 5 ans renouvelable quatre fois) auprès
de l’Office Benelux de la Propriété Intellectuelle.
Les brevets sont régis au Luxembourg par la loi du 20 juillet 1992 portant modification du
régime des brevets d’invention, telle que modifiée par la loi du 24 mai 1998. Aux termes de
cette loi, toute personne physique ou morale et toute entité assimilée à une personne
morale en vertu du droit dont elle relève, peut demander un brevet.
Le dépôt d’une demande de brevet peut être fait par plusieurs personnes qui exerceront
conjointement les droits liés au brevet.
* Le dépôt d’une invention brevetable
Elle suppose de respecter des conditions de forme et fond.
Des conditions de forme
L’article 19 de la loi du 20 juillet 1992 dans ses alinéas 1 et 2 pose un certain nombre
d’exigences quant au dépôt de la demande qui doit être dans l’une des trois langues
du pays.
La date de dépôt retenue est celle du jour où le demandeur en brevet satisfait aux
conditions posées par l’article 20 de la prédite loi, à savoir lorsqu’il a produit une
indication selon laquelle un brevet est demandé, les indications qui permettent
d’identifier le demandeur, une description et une ou plusieurs revendications rédigées
en langue française, allemande, anglaise ou luxembourgeoise.
Des conditions de fond
L’invention pour être brevetable doit :
- avoir un objet brevetable ; ainsi ne sont pas brevetables les découvertes, les théories
scientifiques ou les inventions dont l’exploitation commerciale serait contraire à l’ordre
public comme les procédés de clonage des êtres humains ;
- avoir une utilité pratique ;
- comporter un élément de nouveauté ;
- impliquer une activité inventive, c'est-à-dire qu’elle ne doit pas être évidente pour une
personne ayant une connaissance moyenne du domaine technique considéré.
* l’immatriculation de la demande
Si elle remplit les conditions pour qu’il lui soit accordé une date de dépôt, la demande est
immatriculée et le service requis émet un certificat de dépôt.
* l’instruction
- le dossier de la demande de brevet est mis à la disposition du public au terme d’un
délai de 18 mois à compter du dépôt de la demande.
- Le public à compter de ce jour jusqu’à la délivrance du brevet peut adresser des
observations écrites au service requis sur la brevetabilité de l’invention, l’objet de la
demande de brevet.
- le demandeur de brevet doit ensuite, sous peine de voir sa demande rejetée, présenter
dans un délai de 7 ans à partir de la date de dépôt ou dans les conditions de l’article
31, un ou des rapports de recherche établis par des organismes désignés par arrêté
Grand-ducal.
Il est à noter qu’un tiers peut demander l’établissement d’un tel rapport si le demandeur en
brevet ne s’est pas conformé à l’obligation de présenter un tel rapport.
* La délivrance du brevet
Si l’organisme saisi pour établir son rapport estime dans ses conclusions que l’invention est
brevetable, le brevet d’invention est délivré sous forme d’un arrêté du ministre sous
conditions du paiement des taxes échues.
* Les droits conférés par la protection
Ces droits appartiennent à l’inventeur et à ses ayants causes. Ils concernent l’interdiction
de l’exploitation directe et indirecte.
L’interdiction de l’exploitation directe
Elle signifie qu’en l’absence de son consentement par le titulaire, un brevet confère le
droit d’empêcher l’exploitation directe de son invention notamment pour :
- la fabrication, l’offre, la mise dans le commerce, l’utilisation ou bien l’importation ou la
détention aux fins précitées du produit objet du brevet,
- l’utilisation d’un procédé objet du brevet ou l’offre de son utilisation sur le territoire
luxembourgeois lorsque le tiers sait ou lorsque les circonstances rendent évident que
l’utilisation du procédé est interdite sans le consentement du titulaire du brevet,
- l’offre, la mise dans le commerce, l’utilisation, l’importation ou la détention aux fins
précitées du produit obtenu directement par le procédé objet du brevet.
l’interdiction de l’exploitation indirecte
En l’absence du consentement du titulaire du brevet, est interdite l’exploitation indirecte,
par la livraison ou l’offre de livraison sur le territoire luxembourgeois à une personne autre
que celle habilitée à exploiter l’invention brevetée, des moyens de mise en œuvre, sur ce
territoire, de cette invention se rapportant à un élément essentiel de celle-ci, lorsque le tiers
sait ou lorsque les circonstances rendent évident que ces moyens sont aptes et destinés à
cette mise en œuvre.
* Exceptions aux droits conférés par le brevet
Elles sont énumérées par l’article 47 de la prédite loi et, concernent notamment les actes
accomplis, dans un cadre privé et à des fins non commerciales, à la préparation de
médicaments faite extemporanément et par unité dans les officines de pharmacie, sur
ordonnance médicale ni aux actes concernant les médicaments ainsi préparés, etc.
* Durée de la protection
Elle est de 20 ans et conférée par la Direction de la Propriété intellectuelle du Ministère de
l’Economie et du Commerce extérieur.
La contrefaçon constitue un fléau pour les titulaires de droit de propriété intellectuelle, que
ce soit pour les marques, les œuvres artistiques, etc., par les dommages moraux et
matériels qu’elle cause à ces titulaires mais pas seulement.
En effet, la contrefaçon présente un coût social en faisant perdre par exemple 30.000
emplois en France et, source d’évasion fiscale par le manque à gagner en matière d’impôt
par exemple avec la perte des taxes sur les cigarettes contrefaites. Elle peut avoir des
conséquences dramatiques pour les consommateurs quand il s’agit par exemple de faux
médicaments.
La contrefaçon représente un marché de 50 milliards de dollars par an. Elle touche tous les
secteurs que ce soient les entreprises de luxe, les médicaments, les pièces détachées
automobiles, les jouets, etc. Elle provient majoritairement des pays asiatiques, sachant que
la Chine est le numéro un de la contrefaçon, puisqu’elle fabrique 64,4 % des marchandises
contrefaites.
Des entreprises ont décidé de faire la chasse à la contrefaçon, comme le groupe LVMH,
propriétaire de nombreuses marques (sacs Louis VUITTON, champagnes Hennessy…) qui
poursuit systématiquement et partout dans le monde toute contrefaçon dont il a eu
connaissance.
Au niveau national, la loi prévoit des sanctions pénales pour lutter contre la contrefaçon à
travers la condamnation pour délit de contrefaçon. Ce délit est puni, par exemple pour un
droit d’auteur, d’une amende comprise entre 10.001 à 10 millions de francs (article 83 de
la loi du 18 avril 2001).
Des sanctions douanières existent également tendant à la confiscation, à la destruction des
marchandises contrefaites et à la condamnation à des amendes douanières voire à de
l’emprisonnement pour les contrefacteurs. Ces sanctions douanières ne concernent que le
trafic commercial.
En conséquence, les marchandises contrefaites ramenées dans les bagages des
voyageurs, ne tombent pas sous l’emprise de ces sanctions mais sont soumises à une
franchise douanière de 430 €.
Par contre, les marchandises commandées sur Internet et envoyées par la poste ou par
courrier express relèvent du trafic commercial et sont donc susceptibles de subir les
sanctions douanières précitées.
La loi dispose enfin, des sanctions civiles à travers l’action en contrefaçon réglementée par
la loi du 28 mai 2009 sur la propriété intellectuelle.
C’est cette action civile en contrefaçon que nous étudions ci-dessous.
* La contrefaçon
Définition de la contrefaçon
La contrefaçon, quelle que soit la forme qu’elle revêt (reproduction, copie, etc.) est
constituée par toute atteinte grave faite par un tiers au droit de la propriété intellectuelle
appartenant à une personne physique ou morale.
Preuve de la contrefaçon
Suivant l’article 22 de la loi 28 mai 2009, la contrefaçon se prouve par tous moyens, c'est-
à-dire tant par des écrits que des témoignages, et par tous supports.
Afin de faciliter la production de cette preuve, par le titulaire d’un droit de propriété
intellectuelle et de lui éviter également le risque de son dépérissement, la loi a prévu une
procédure d’urgence devant le Président du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Il
s’agit donc d’une procédure en vue de prendre des mesures conservatoires de preuves.
Le titulaire du droit de propriété lésé saisira le Président du tribunal d’arrondissement de
Luxembourg sur requête. Il a la faculté de demander la nomination d’un expert pour faire
établir une description de tous les objets, éléments, documents ou procédés de nature à
établir la contrefaçon prétendue ainsi que l’origine, la destination et l’ampleur de celle-ci et
d’obtenir également des mesures de saisies.
Si l’objet de la requête consiste à la nomination d’un expert en vue de la description
précitée, alors le Président du tribunal d’arrondissement, examinera :
- si le droit de propriété intellectuelle dont la protection est invoquée, est selon toutes
apparences valables,
- s’il existe des indices selon lesquels il a été porté atteinte au droit de propriété
intellectuelle en cause ou s’il existe une menace d’une telle atteinte.
Si le Président du tribunal d’arrondissement fait droit à la demande, il rend une ordonnance
précisant les conditions dans lesquelles la description est soumise et le délai dans lequel
l’expert dépose son rapport.
Le délai du dépôt du rapport de l’expert est de 2 mois à compter de la signification de
l’ordonnance sauf circonstances particulières.
Le Président du tribunal d’arrondissement, s’il l’estime nécessaire à la protection du droit
de propriété intellectuelle, peut décider en outre, par même ordonnance ou par une
ordonnance distincte, de faire défense aux contrefacteurs de dessaisir, de déplacer ou
d’apporter toutes modifications aux objets contrefaits (article 23 §3 de la loi 28 mai 2009).
Il peut aussi nommer un gardien, faire mettre les objets sous scellés, et s’il s’agit de
revenus, autoriser la saisie conservatoire de ces revenus à condition que ceux-ci aient leur
origine directe dans la contrefaçon visée.
L’ordonnance présidentielle, que ce soit pour une nomination d’expert afin d’une description
avec éventuellement des mesures de saisie, est exécutée immédiatement même s’il y a
appel par la partie condamnée dans les quinze jours ou tierce opposition par un tiers dans
le mois à compter de la signification de l’ordonnance.
De plus, en cas de circonstances nouvelles, la loi dans son article 23 §6 alinéa 7, dispose
que le « saisi » pourra demander la modification ou la rétractation de l’ordonnance, « en
assignant, comme en matière de référé, à cette fin toutes les parties devant le juge qui a
rendu l’ordonnance ».
* La lutte contre la contrefaçon
La cessation rapide de la contrefaçon
Face à une contrefaçon qui peut nuire à son image ou son business, une entreprise ou
un particulier titulaire d’un droit de propriété intellectuelle a intérêt à demander l’arrêt
rapide de l’atteinte au risque de voir ses préjudices augmenter. C’est la raison même
des mesures provisoires ou conservatoires disposés par l’article 27 de la loi du 28 mai
2009.
La procédure de l’article 27 de la loi prédite suppose que le titulaire saisisse le Président
du tribunal d’arrondissement sous « la forme du référé prévu par les articles 934 et
suivants du nouveau Code de procédure civile » aux fins d’obtenir une ordonnance
prescrivant ces mesures provisoires et conservatoires qui feront cesser de façon urgente
l’atteinte à la contrefaçon.
Pour obtenir cette ordonnance, il faut faire partie des personnes habilitées à demander
une telle ordonnance, remplir les conditions nécessaires, déterminer et choisir quelles
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
sont les mesures les plus appropriées et enfin veiller à agir au fond pour éviter que ces
mesures cessent de plein droit ou qu’elles soient abrogées.
Les personnes habilitées à demander des mesures provisoires et
conservatoires
Ce sont uniquement les personnes habilitées à agir en contrefaçon qui peuvent saisir
le Président du tribunal d’arrondissement c'est-à-dire seulement les titulaires de droit
de propriété intellectuelle
Les conditions nécessaires pour obtenir des mesures provisoires et
conservatoires
Le président afin de répondre favorablement à la demande doit examiner :
si l’existence du droit de propriété intellectuelle, dont la protection est invoquée,
est selon toutes les apparences valablement établie,
si l’atteinte ou la menace d’atteinte au droit de propriété intellectuelle en cause
ne peut être raisonnablement contestée,
dans les cas d’une saisie, si, après avoir fait une pondération des intérêts en
présence, dont l’intérêt général, les faits et le cas échéant les pièces sur
lesquelles le demandeur se fonde sont de nature à justifier raisonnablement la
saisie tendant à la protection du droit de propriété intellectuelle invoqué.
De plus, si l’atteinte au droit de propriété intellectuelle est commise à l’échelle
commerciale et, si le demandeur prouve que les circonstances ne permettront
pas de recouvrer des dommages et intérêts, le Président peut en outre ordonner
la saisie à titre conservatoire des biens mobiliers et immobiliers ainsi que le
blocage des comptes bancaires et autres avoirs. Dans ce cas, la loi dispose dans
son article 28 que le Président doit vérifier que :
- l’existence du droit de propriété intellectuelle, dont la protection est invoquée est, selon
toutes les apparences, valablement établie ;
- l’atteinte au droit de propriété intellectuelle en cause ne peut être raisonnablement
contestée ;
- après avoir fait une pondération des intérêts en présence dont l’intérêt général, les faits, et,
le cas échéant, les pièces sur lesquelles le demandeur se fonde sont de nature à justifier
raisonnablement la saisie tendant à la protection du droit de propriété intellectuelle invoqué.
Les différentes formes des mesures provisoires et conservatoires
Le Président du tribunal d’arrondissement peut ordonner des mesures :
visant à prévenir toute atteinte imminente à un droit de propriété intellectuelle ;
visant à interdire, à titre provisoire, la poursuite des atteintes présumées à un
droit de propriété intellectuelle ;
visant à subordonner la poursuite des atteintes présumées à la constitution de
garanties destinées à assurer l’indemnisation du demandeur
ou visant à ordonner la saisie des marchandises qui sont soupçonnées de porter
atteinte à un droit de propriété intellectuelle pour empêcher leur introduction ou
leur circulation dans les circuits commerciaux.
Le contrat se définit comme une convention, née d’un accord de volonté, faisant naître,
modifiant, transférant ou éteignant des obligations.
Le contrat définitif est précédé d’avant-contrats préparatoires qui, comme tout contrat, font
naître des obligations ; ces dernières sont différentes des obligations qui naîtront du contrat
qu’ils préparent si celui-ci vient à être conclu. Ils sont provisoires et obligatoires.
Il s’agit de :
- la promesse unilatérale de contrat dans laquelle une partie ne s’est pas engagée mais
compte sur l’engagement de l’autre.
Dans la promesse unilatérale de vente, un propriétaire (le promettant) promet à une
personne (le bénéficiaire) de lui vendre un bien (par exemple un immeuble). Le
bénéficiaire dispose d’une option pendant un certain temps : acheter ou renoncer à
l’achat.
La promesse unilatérale d’achat constitue la situation inverse : un candidat acheteur (le
promettant) promet d’acheter un bien si le propriétaire (le bénéficiaire) se décide à le
vendre.
- la promesse synallagmatique de contrat quand les deux parties s’engagent
réciproquement à conclure un contrat.
La promesse synallagmatique de vente ou compromis est obligatoire et « vaut vente »
dès lors que les parties sont d’accord sur la chose et sur le prix.
Ainsi, lorsque le compromis après avoir constaté l’accord des parties, stipule que la vente
sera ultérieurement régularisée par acte notarié, cette clause n’empêche pas la vente
d’être parfaite dès la promesse.
La formation du contrat
Un contrat est valablement formé s’il a été conclu par des consentements éclairés et
absents de vices. Ce contrat doit avoir un objet qui existe, déterminable et licite, et avoir
également une cause qui existe et qui soit licite.
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
Le consentement, l’objet, la cause forment les éléments du contrat, leurs absences ou s’ils
sont viciés sont sanctionnés par le prononcé de la nullité de ce contrat par le juge.
Un consentement
Le contrat est formé par le seul effet du consentement. Mais le consentement n’oblige que
si la volonté de ceux qui l’ont donné est saine, c'est-à-dire exempte de vices comme l’erreur,
le dol ou la violence.
* L’erreur
Il existe plusieurs 3 types d’erreurs donnant lieu à nullité :
il y a d’abord, l’erreur sur la substance ; c’est l’erreur sur la qualité substantielle c'est-
à-dire la qualité déterminante que la victime de l’erreur avait en vue dans la contre-
prestation, par exemple pour l’acheteur, dans une vente d’antiquité la qualité
substantielle est l’exactitude de l’ancienneté ;
il existe aussi de l’erreur obstacle ; c’est une absence de consentement, c'est-à-dire
que les volontés ne se sont pas rencontrées, s’étant méprises sur la nature du contrat,
par exemple l’une croyait faire une vente et l’autre un bail ;
ensuite, il existe l’erreur sur la prestation fournie ; dans les contrats synallagmatiques,
l’erreur du contractant porte sur la contre-prestation, c'est-à-dire l’objet de l’obligation à
laquelle s’est engagé son cocontractant, par exemple dans une vente d’objet d’art,
l’acheteur croit acheter un objet authentique alors qu’il s’agit d’un faux.
* Le dol
C’est une manœuvre ayant pour but et pour résultat de surprendre le consentement d’une
des parties. Il constitue de la part de son auteur, une faute. Le dol est considéré comme un
vice du consentement :
s’il y a eu malhonnêteté ; cela implique une idée de machinations et d’artifices,
notamment en dissimulant un défaut de la chose vendue.
La jurisprudence a étendu cette notion en y assimilant le mensonge (ne sont pas des
mensonges, les exagérations habituelles d’une profession ou la vantardise) et la
réticence dolosive, c'est-à-dire le fait de garder le silence sur une information que l’on
connaît et devrait communiquer ;
s’il a été déterminant : il faut que le dol ait déterminé le consentement.
s’il émane du cocontractant.
* La violence
C’est un vice du consentement constitué par des actes faits sous contrainte physique,
comme la séquestration, ou morale comme les menaces ; elle est sanctionnée même si le
cocontractant n’y a pas participé.
* La lésion
Ce n’est pas un vice du consentement. Elle est une cause spéciale de nullité propre à
certains contrats et à certaines personnes. Elle consiste en un préjudice pécuniaire que
l’exécution du contrat fait subir à une partie.
Cette lésion est admise lorsque la loi juge certains intérêts particulièrement dignes de
protection comme dans les contrats conclus par les incapables ou les ventes d’immeubles
etc.
Un objet
L’objet se définit comme étant l’opération juridique que les parties souhaitent réaliser. Il doit
respecter 4 conditions :
l’objet doit exister lors du contrat ; le contrat n’est valable que s’il a un objet formant « la
matière de l’engagement »,
Le contrat peut cependant porter sur des choses futures comme du blé en herbe,
l’objet doit être déterminé ; le contrat n’est valable que si la chose qui est l’objet de
l’obligation est déterminée. S’il s’agit de choses de genre (du blé, une marchandise de
série...), il suffit que son espèce (telle qualité, telle provenance, telle marque...) soit
déterminée, la quantité de choses dues peut être indéterminée pourvu qu’elle soit
déterminable,
l’objet doit être possible, l’obligation doit pouvoir être exécutée ; est donc nulle celle dont
l’objet est impossible, par exemple suite à une prohibition légale,
l’objet doit être licite ; il n’y a que les choses qui sont dans le commerce qui puissent
être l’objet de conventions.
Une cause
Elle se définit comme le mobile qui a poussé une personne à contracter.
La cause doit exister : il faut que l’obligation est une contrepartie, dans ce sens, les
juridictions sanctionnent l’absence de cause lorsque par exemple, on s’engage à rémunérer
un service qui n’existe pas et la fausse cause qui est une cause erronée, le contractant a
faussement cru en l’existence d’une contrepartie.
La cause doit être licite : il s’agit de vérifier si le motif déterminant qui a amené les parties
à contracter est licite.
La sanction des éléments du contrat : la nullité.
Lorsqu’un contrat n’est pas conforme au droit, le juge prononce la nullité du contrat.
Elle est soit absolue, soit relative.
La nullité absolue, peut être invoquée par tout intéressé. Il s’agit de protéger l’intérêt
général.
L’action en nullité absolue se prescrit par 30 ans. Elle concerne l’objet et la cause
immorale, l’objet et la cause illicite.
La nullité relative ne peut être invoquée que par la personne que la règle violée devait
protéger. Il s’agit de protéger un intérêt individuel. L’action en nullité relative se prescrit
par 5 ans. Elle concerne l’insanité d’esprit, l’incapacité, l’erreur, le dol, la violence, la
lésion, l’absence de cause.
Les droits que tirent les parties du contrat sont énoncés par l’article 1134 du Code Civil qui
dispose que « les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont
faites. Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel, ou pour des
causes que la loi autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi ».
En conséquence, entre les parties, le contrat a la force de la loi et ces parties ont droit au
respect de la parole donnée. Le contrat résiste au temps et en principe à la volonté
unilatérale : il est irrévocable et immuable. Enfin, le contrat est une loi tolérable si son
exécution ne trahit pas la confiance des parties.
* Le respect de la parole donnée
Les prévisions contractuelles ne doivent pas être déjouées. Les conventions doivent être
exécutées. Elles sont pour les parties et pour le juge comme une loi à moins qu’une loi
impérative ne les neutralise.
De la force obligatoire du contrat, il résulte que les contractants sont liés par les obligations
qu’ils ont voulues.
Cependant, le pouvoir des parties est modéré dans le sens où il ne peut y avoir d’obligations
contraires à l’ordre public et aux mœurs ; de plus, la loi peut ajouter des obligations comme
le prévoit l’article 1135 du code civil et le juge peut trouver d’autres obligations comme
l’obligation de sécurité ; enfin, le juge a un pouvoir modérateur en ce qu’il modifie les
stipulations d’un contrat constituant des clauses contractuelles excessives ou abusives.
* L’immutabilité et la révocabilité du contrat
Une fois conclu, le contrat par sa force obligatoire, échappe à la fantaisie individuelle et aux
caprices du temps. Sa révocation est en principe conventionnelle comme l’est sa révision.
* La révocation
En principe, le contrat ne peut être unilatéralement révoqué par une des parties : ce que le
consentement a fait, seul le consentement peut le défaire.
En conséquence, il faut un consentement mutuel pour révoquer. Toutefois, il existe certains
contrats qui sont irrévocables et d’autres qui sont révocables par acte unilatéral.
En outre, il y a lieu de préciser, que le contrat peut donner aux parties une faculté de rupture
unilatérale.
* La révision pour imprévision
Lorsque les parties concluent un contrat dont l’exécution se déroule dans le temps, ce qu’on
appelle un contrat successif, elles tiennent compte à la fois des circonstances existant lors
de sa conclusion et des évènements futurs qu’elles peuvent prévoir. Or, ces données
peuvent changer.
Si les circonstances qui avaient présidé à la conclusion du contrat se transforment
profondément (crise pétrolière, découverte technologique, fermeture d’une source
d’approvisionnement ou d’une voie de transport), faut-il modifier les conditions
d’exécution du contrat?
Le droit luxembourgeois n’admet pas qu’il puisse y avoir révision judiciaire du contrat pour
révision.
Cependant, le contrat peut être révisé, en cours d’exécution, parce que les parties ont
stipulées des clauses contractuelles permettant cette révision, comme dans un bail, pour
la révision du loyer ou parce que la loi révise des contrats en cours d’exécution soit
directement, soit en confiant au juge le pouvoir d’y procéder.
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
Enfin, le juge peut indirectement réviser le contrat en usant de son pouvoir d’interprétation
ou en utilisant le principe de bonne foi dans l’exécution en jugeant fautif le contractant qui
refuse de renégocier le contrat.
* L’exécution de bonne foi : les contrats doivent être exécutés de bonne foi.
La bonne foi, dans l’exécution comme dans la formation du contrat, consiste pour chacune
des parties à ne pas surprendre la confiance qu’elle a suscitée en contractant.
Cette prévisibilité est au cœur du contrat, le lien contractuel doit durer. Elle est l’expression
du devoir général de loyauté du comportement.
La mauvaise foi est synonyme de déloyauté, par exemple l’usage de la mise en demeure
comme prétexte de la rupture.
L’obligation est le lien de droit unissant le créancier au débiteur. Il y a obligation quand une
personne (le créancier) peut juridiquement exiger d’une autre (le débiteur) une prestation.
Parce qu’il est lié, le débiteur doit faire quelque chose pour le créancier ou lui remettre
quelque chose.
Par exemple, dans la vente, l’obligation de l’acheteur est de payer le prix au vendeur,
l’obligation du vendeur est de livrer la chose vendue à l’acheteur. Dans l’obligation, il existe
donc à la fois un aspect passif, la dette pesant sur le débiteur et un aspect actif, la créance
dont le créancier est titulaire.
Les obligations ont une typologie différente et présentent diverses modalités.
* La Typologie des obligations
Il existe trois types d’obligations :
- l’obligation de donner ; elle consiste à transférer la propriété d’un bien ; lorsqu’elle
porte sur un corps certain, elle s’exécute en général d’elle-même puisque, sauf
exception, le transfert conventionnel de propriété se fait par le seul effet du
consentement.
- l’obligation de faire ; elle consiste à accomplir une prestation (par exemple, construire
un bâtiment) ; lorsqu’elle vise à mettre en œuvre un talent particulier au débiteur (par
exemple, peindre un portrait), elle n’est pas susceptible d’exécution forcée ; en cas
d’inexécution, le créancier a pour seul droit d’obtenir des dommages-intérêts.
- l’obligation de ne pas faire ; elle consiste à s’abstenir de certains actes (par exemple,
c’est l’obligation qui pèse sur le cédant d’un fonds de commerce de ne pas faire de
concurrence au cessionnaire). Elle a un régime particulier.
A ces obligations, il est possible d’ajouter l’obligation de garantie qui serait une obligation
de couverture d’un risque, puis une fois le risque survenu, de règlement (contrats de
cautionnement, d’assurance…)
* Les modalités des obligations
Une obligation peut être pure et simple. Elle peut aussi être affectée de modalités
temporelles : le terme et la condition qui ne concernent pas seulement les obligations.
L’obligation conditionnelle est une obligation dont l’existence dépend de la réalisation
d’une condition. La condition suspensive fait dépendre l’existence de l’obligation d’un
La fin du contrat
La fin du contrat intervient par l’extinction des obligations qu’il contient. Elle prend la forme
de différents véhicules juridiques réglementés par le Code civil.
En général, le paiement se fait par le débiteur principal mais ce n’est pas toujours le cas ;
il peut se trouver qu’il y ait eu paiement par autrui et paiement pour autrui.
* Le paiement par autrui
Le paiement par autrui (article 1236 du code civil) s’entend par :
- un coobligé
- une caution
- un tiers qui n’est pas intéressé :
mais qui a agi au nom et pour le compte et en l’acquit du débiteur, c'est-à-dire qu’il a agi
suivant les instructions du débiteur et peut agir sur l’action de mandat,
ou s’il a agi en son nom propre qu’il ne se soit pas subrogé aux droits du créancier mais
qu’il puisse agir en répétition de l’indu, sauf s’il y a eu donation.
Mais lorsqu’il s’agit d’une obligation de faire, l’article 1237 du code civil, dispose qu’elle ne
peut être acquittée par un tiers contre le gré du créancier, lorsque ce dernier à intérêt qu’elle
soit remplie par le débiteur lui-même.
* le paiement pour autrui
Le paiement n’est libératoire pour le débiteur que s’il est fait entre les mains du créancier
sauf en cas de mandat et d’apparence.
* Définition
C’est le paiement d’un créancier par une tierce personne autre que le débiteur qui est
substitué ou subrogé dans ses droits.
* Nature
La subrogation peut être soit conventionnelle, soit légale.
La subrogation conventionnelle (article 1250 du code civil)
Dans le cadre de cette subrogation, le code civil a prévu deux possibilités :
- le paiement par une tierce personne qui sera subrogée dans les droits du créancier,
à condition qu’il y ait un écrit ou un accord entre la tierce personne et le créancier ; ce
consentement à la subrogation par le créancier doit être express, et doit se faire au
moment du paiement, ni avant, ni après ;
- si le débiteur emprunte de l’argent afin de payer sa dette et subroge le prêteur dans
les droits du créancier, afin que la subrogation soit valable, il faut que l’acte d’emprunt
et la quittance soit passés devant notaire, que dans cet acte d’emprunt, il soit déclaré
que la somme d’argent a été empruntée pour faire le paiement et que, dans la quittance,
il soit déclaré que le paiement a été fait des deniers fournis à cet effet par le nouveau
créancier.
Cette subrogation s’opère sans le concours de la volonté du créancier.
La subrogation légale
La loi accorde de plein droit la subrogation, dans 4 cas réglementés par l’article 1251
du code civil :
au profit de celui qui étant lui-même créancier, paye un autre créancier qui lui est
préférable à raison de ses privilèges ou hypothèques
au profit de l’acquéreur d’un immeuble qui emploie le prix de son acquisition au paiement
des créanciers auxquels cet héritage était hypothéqué.
au profit de celui qui, étant tenu avec d’autres ou pour d’autres au paiement de la dette,
avait intérêt de l’acquitter.
au profit de l’héritier bénéficiaire qui a payé de ses deniers les dettes de la succession.
* Effet
La subrogation remplissant les conditions ci-dessus est valable contre les cautions et contre
les débiteurs.
En cas de paiement partiel, le créancier pourra exécuter ses droits sur ce qui lui reste dû,
par préférence à celui dont il n’a reçu qu’un paiement partiel.
* L’imputation des paiements
L’imputation des paiements est différente selon qu’il existe une seule dette ou plusieurs
dettes entre le créancier et le débiteur.
Une seule dette
Lorsqu’il y a une seule dette et un paiement partiel, celui-ci s’impute sur les intérêts et la
partie non cautionnée de la dette à moins que le créancier consente une imputation
différente (article 1254 du code civil).
Plusieurs dettes
Lorsque le débiteur a plusieurs dettes, il faut savoir sur quelle dette le paiement va être
imputé. Le principe est que le débiteur a la liberté de choix de l’imputation (article 1253
du code civil). A défaut, c’est le créancier qui détermine l’imputation.
* Définition
Aux termes de cet article, lorsque le créancier refuse le paiement qui lui est proposé, le
débiteur fait offrir au créancier le montant de sa dette par un officier ministériel c'est-à-
dire par un huissier ou par un notaire.
Cette offre est réelle ; elle est accompagnée de la présentation effective de la chose due.
Si l’offre n’est pas acceptée ou s’il y a contestation à son propos, elle ne vaut paiement
que si elle est consignée.
Les frais des offres réelles et de la consignation sont à la charge du créancier, si elles
sont valables.
* Conditions
relatives aux offres réelles (article 1258 du code civil)
Afin qu’une offre réelle soit déclarée valable, il faut :
qu’elle soit faite au créancier ayant la capacité de recevoir ou à celui qui a pouvoir de
recevoir pour lui ;
qu’elle soit faite par une personne capable de payer
qu’elle soit de la totalité de la somme exigée, des arrérages ou intérêts dus, des frais
liquidés et d’une somme pour les frais non liquidés, sauf à la parfaire ;
que le terme soit échu, s’il a été stipulé en faveur du créancier ;
que la condition sous laquelle la dette a été contractée soit arrivée ;
que l’offre soit faite au lieu dont on a convenu pour le paiement, et que, s’il n’y a pas de
convention spéciale sur le lieu de paiement, elle soit faite à la personne du créancier, à
son domicile, ou au domicile élu pour l’exécution de la convention.
que l’offre soit faite par un officier ministériel ayant un caractère pour ces sortes d’actes.
relatives à la validité de la consignation (article 1259 du code civil)
Pour que la consignation soit valable, il n’est pas nécessaire qu’elle soit autorisée par
le juge mais il faut :
qu’elle ait été précédée d’une sommation signifiée au créancier contenant l’indication du
jour, de l’heure et du lieu où la chose offerte sera déposée ;
que le débiteur se soit dessaisi de la chose offerte, en la remettant dans le dépôt par la
loi pour recevoir les consignations, avec les intérêts jusqu’au jour du dépôt ;
qu’il y ait eut procès-verbal dressé par l’officier ministériel, de la nature des espèces
offertes, du refus qu’a fait le créancier de les recevoir ou de sa non-comparution, et enfin
du dépôt ;
qu’en cas de non-comparution de la part du créancier, le procès-verbal du dépôt lui ait
été signifié avec sommation de retirer la chose déposée.
* Effet
L’offre réelle suivie d’une consignation vaut paiement pour le débiteur.
Par une dation en paiement, le créancier reçoit une satisfaction autre de celle que
l’obligation avait pour objet comme des marchandises en lieu et place d’argent. La dation
en paiement est une convention ; elle nécessite le consentement du débiteur même tacite.
En effet, l’article 1243 du code civil, dispose « que le créancier ne peut être contraint de
recevoir autre chose que celle qui lui est due… »
La dette n’a pas besoin d’être liquide, il suffit qu’elle existe et qu’elle soit identifiable.
* Définition
Conformément à l’article 1265 du code civil, la cession des biens est l’abandon fait de tous
ses biens à ses créanciers lorsqu’il se trouve hors d’état de payer ses dettes.
* Conditions
Il faut que la cession soit :
- volontaire lorsque les créanciers acceptent volontairement cette cession constatée
dans un contrat passé entre eux et le débiteur,
- ou judiciaire lorsque le débiteur s’appuyant sur le bénéfice que la loi accorde au
débiteur malheureux fait en justice l’abandon de tous ses biens.
La cession judiciaire ne confère pas la propriété aux créanciers. Elle permet juste de
vendre les biens du débiteur à leur profit libérant ainsi le débiteur des dettes à
concurrence de la valeur des biens. Les créanciers ne peuvent refuser une cession
judiciaire hors cas prévus par la loi (article 1270 du code civil).
9.4.6. La novation
La novation est l’extinction d’une obligation par la naissance d’une nouvelle obligation,
différente. Elle suppose que le créancier a manifesté sa volonté de nover dans un acte et
qu’il est capable de contracter (articles 1273 et 1272 du code civil).
Par exemple, une personne X doit 20000 € à une personne Y.
Y accepte de recevoir en paiement par convention une commode Louis XV appartenant à
X. Il y a novation et transfert de propriété dès la signature de la convention.
L’article 1274 du code civil dispose également que la novation par substitution d’un nouveau
débiteur peut s’opérer sans le concours du premier débiteur. Si le débiteur donne au
créancier un autre débiteur qui s’oblige par délégation, il n’y aura pas de novation, si le
créancier n’a pas expressément déclaré qu’il entendait décharger son premier débiteur.
Aux termes de l’article 1277 du code civil, dans le même esprit, la simple déclaration d’une
personne qui doit payer à sa place, n’opère pas novation. Il en est de même pour le
créancier qui aurait simplement indiqué une autre personne recevant pour lui.
La novation a pour effet d’éteindre l’ancienne obligation et les sûretés qui y étaient
attachées sauf si le créancier a stipulé dans l’acte qu’il « entend les réserver » (article 1278
du code civil).
Lorsqu’il y a substitution d’un nouveau débiteur, le code civil en son article 1279 interdit que
les sûretés ne passent sur les biens du nouveau débiteur.
En ce qui concerne la novation entre le créancier et un débiteur solidaire, les sûretés ne
peuvent être réservées que sur les biens de celui qui contracte la nouvelle dette.
Enfin, aux termes de l’article 1281 du code civil, la novation faite entre le créancier et un
débiteur solidaire, les codébiteurs sont libérés. La novation opérée à l’égard du débiteur
principal libère les cautions. Néanmoins, si le créancier a exigé, dans le premier cas,
l’accession des codébiteurs, ou dans le second, celle des cautions, l’ancienne créance
subsiste, si les codébiteurs ou les cautions refusent d’accéder au nouvel arrangement.
La remise de dette est régie par les articles 1282 à 1288 du Code Civil.
* Définition
Par la remise de dette, le créancier renonce à la créance qui lui est due. C’est une
convention consistant en un accord entre le créancier et le débiteur. Cet accord peut
express ou tacite.
Tel est le cas, par exemple, du prêtre qui avait signé une reconnaissance de dette payable
à son décès : la Cour de Cassation française a jugé « qu’en souscrivant au profit de ce
dernier (le débiteur) une telle libéralité, il (le prêtre) a manifesté tacitement l’intention de
remettre au bénéficiaire toute dette antérieure » Req., 16 août 1881, DP, 1882I477.
La remise de dette est faite sans contrepartie, il s’agit souvent pour le créancier de remettre
une partie de la dette afin d’être mieux payé pour le reste. Elle peut être soit une libéralité,
dans l’intention de gratifier le débiteur auquel cas, il s’agira d’une donation indirecte, soit un
acte à titre onéreux dès lors qu’il n’y a plus d’intention libérale comme une transaction.
* Conditions
La remise de dette doit être acceptée par le débiteur. La preuve de la remise de dette se
fait par un écrit au-dessus de la valeur fixée par l’article 1341 du code civil.
Le code civil, à travers ses articles 1282 et 1283, établit une présomption de libération du
débiteur lorsque le créancier lui a remis volontairement le titre constatant sa dette.
* Effets
S’agissant d’une convention, la remise de dette n’a d’effets qu’à l’égard des parties à la
prédite convention. En présence de codébiteurs solidaires, la remise de dette faite à l’un,
libère en principe les autres, sauf si le créancier en a décidé autrement.
De même, s’il existe plusieurs débiteurs tenus conjointement, seuls sont libérés ceux qui
ont accepté la remise de dette. La remise de dette accordée au débiteur principal libère les
cautions, mais celle accordée aux cautions ne libèrent pas le débiteur principal.
9.4.8. La compensation
* Définition
Aux termes des articles 1289 et 1290 du code civil, la compensation s’opère lorsque deux
parties sont réciproquement créancières l’une de l’autre et que leurs dettes respectives
s’éteignent à concurrence de la plus faible. La compensation présente l’avantage de
simplifier les paiements et d’éviter d’avoir recours au numéraire (l’argent).
De même, dans le cadre d’une faillite, elle permet à un créancier dépourvu de sûreté dite
chirographaire de se payer immédiatement sur ce qu’on lui devait sans avoir à subir la
concurrence des autres créanciers.
La compensation peut être légale lorsque les conditions posées par les articles 1290 et
1291 du code civil sont réunies.
Elle peut être conventionnelle lorsqu’une des conditions légales n’est pas réunie, par
exemple, quand on compense des dettes qui ont un objet différent, l’une ayant pour objet
un corps certain, l’autre une somme d’argent. Dans ce cas, la compensation
conventionnelle n’est pas rétroactive et n’existe qu’au jour de la signature de la convention.
* Conditions
Pour que le mécanisme de la compensation s’opère, il faut :
- qu’il s’agisse de dettes réciproques existant entre les mêmes parties ; il faut donc des
dettes croisées entre les mêmes deux personnes.
Ainsi, un assureur ne peut compenser les primes impayées par le responsable de
l’accident, avec l’indemnité qu’il doit à la victime exerçant son action directe. La victime
n’étant pas personnellement débitrice des primes (Arrêt de la 1ère Chambre Civile de la
Cour de Cassation Française, en date du 28 avril 1993, bulletin civile I, n°148) ;
- qu’elles aient pour objet une somme d’argent ou une quantité de choses fongibles de
la même espèce ; il faut donc une identité d’objets et que ce soit fongible.
Ce qui exclut les obligations de faire ou ne pas faire, et pour beaucoup les obligations
de donner ;
- qu’elles soient liquides et exigibles ; une dette est liquide quand elle est certaine dans
son existence et déterminée dans son montant. A contrario, une dette n’est pas liquide
quand son montant doit être fixé par le juge ou lorsque son existence est contestée.
Les deux dettes doivent être exigibles notamment lorsqu’une créance est à terme, mais le
délai de grâce (article 1292 du code civil) n’empêche pas la compensation. En revanche,
la compensation ne pourra avoir lieu aux termes de l’article 1293 du Code civil que dans 3
cas, quand il s’agit :
d’une demande en restitution d’une chose dont le propriétaire a été injustement
dépouillé
d’une demande en restitution d’un dépôt ou d’un prêt à usage
d’une dette qui a pour cause des aliments déclarés insaisissables
Il n’y a pas non plus de compensation en matière de créance alimentaire sauf si la créance
avec laquelle elle doit être compensée est également de nature alimentaire (arrêt de la
Cour du 6 avril 1993, Pasicrisie 29, page 238).
De même, au regard de l’article 1294 du code civil, la caution peut opposer la compensation
de ce que le créancier doit au débiteur principal. Mais le débiteur principal, ne peut opposer
la compensation de ce que le créancier doit à la caution.
Le débiteur solidaire ne peut pareillement opposer la compensation de ce que le créancier
doit à son codébiteur.
Enfin, aux termes de l’article 1295 du code civil, en cas de cession de créance, le débiteur
peut invoquer à l’égard du cessionnaire la compensation de la créance cédée avec une
créance dont il dispose contre le cédant.
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
* Effet
Vis-à-vis des parties
Elle éteint les deux dettes respectives de plein droit, par la seule force de la loi, même à
l’insu du débiteur.
La compensation remonte au jour où les conditions légales sont réunies. Mais il est possible
aussi de s’en prévaloir tardivement à condition que la créance que le défendeur veut
avancer ne soit pas prescrite au moment de la compensation.
Vis-à-vis des tiers
La compensation ne pas porter préjudice aux droits acquis par un tiers. Celui qui aurait
payé une dette, alors qu’elle était de droit éteinte par compensation, ne peut plus exercer
les sûretés attachées à cette dette au préjudice des tiers sauf s’il a eu une juste cause
d’ignorer la créance qui devait compenser la dette.
9.4.9. La confusion
Aux termes de l’article 1302 du code civil, l’obligation est éteinte lorsque s’agissant d’un
corps certain (et non d’une somme d’argent) :
- il vient à périr
- il est mis hors du commerce
- il se perd de manière à ce qu’on ignore absolument l’existence.
Il faut dans ce cas qu’il n’y ait pas faute dans la personne du débiteur et la cause d’extinction
doit arriver avant qu’il ait été mis en demeure.
Le code civil prévoit l’hypothèse également que le débiteur soit libéré même s’il avait été
mis en demeure, si la chose avait périe chez son créancier et s’il n’est pas la cause des
cas fortuits.
Cependant, celui qui aurait volé une chose qui par la suite aurait péri ou serait perdue, sera
tenu d’en restituer le prix.
Aux termes de l’article 1303 du code civil, le débiteur est tenu de céder au créancier tous
droits, indemnités ou actions en rapport avec la chose qui aurait péri, serait perdue, ou mise
hors commerce sans sa faute.
La preuve du contrat
Conformément à l’article 1315 du code civil « celui qui réclame l’exécution d’une obligation,
doit la prouver…. ». Cependant, cette preuve du contrat doit être prouvée par écrit sauf
exceptions.
Ainsi, il est possible d’imaginer, lors d’un incendie, la destruction d’un testament
olographe qui se trouvait dans la maison du de cujus (du défunt). Le testament
olographe pourra alors être prouvé notamment par le témoignage des personnes ayant
assisté à l’écriture du testament, à savoir les 2 témoins qui avaient signé ce testament
etc.
Les règles de preuve en matière judiciaire ne sont pas d’ordre public, de sorte que les
parties peuvent librement écarter la règle de l’article 1341 du code civil quant à l’exigence
d’un écrit par une convention.
Cette possibilité d’établir une convention sur la preuve, n’existe que pour les actes
juridiques ; la liberté de la preuve des faits juridiques est d’ordre public et elle ne peut être
restreinte. Ainsi, en matière d’assurance d’un véhicule contre le vol, la preuve d’un sinistre
est libre, aucune limitation des modes de preuve par le contrat n’est admissible (Arrêt de la
Cour de Cassation Française, 2ème Chambre, 10 mars 2004, BULLETIN civile, II, Numéro
101).
* Le commencement de preuve par écrit
Le commencement de preuve par écrit, est un écrit émanant de celui auquel on l’oppose ;
cet écrit ne fait pas complètement preuve mais il rend vraisemblable le fait allégué.
Suite à l’ajout de la loi du 22 décembre 1986, l’article 1347 du code civil qualifie de
commencement de preuve par écrit également « les déclarations faites par une partie lors
de sa comparution personnelle, son refus de répondre ou son absence de comparution ».
L’existence de l’écrit permet donc d’utiliser la preuve de témoignage qui pallie l’insuffisance
de cet écrit.
La combinaison des exigences de l’article 1347 du Code civil et des décisions des
juridictions permet de définir l’écrit qui pourra être qualifié de commencement de preuve
par écrit comme un :
- un acte : un simple projet d’acte ne suffit pas (Arrêt de la Cour du 1er mars 1990, Pasicrisie
28, page 14)
- un acte personnel ou par un tiers habilité à le représenter à celui à qui on l’oppose
- un acte rendant vraisemblable le fait que l’on veut prouver.
Cet écrit devra être complété par un ou des témoignages. Par exemple, sont des
commencements de preuve par écrit, des télécopies, des photocopies si elles ne sont pas
suspectes, des lettres, un virement bancaire s’il comporte un motif de virement,
l’endossement d’un chèque ou une quittance de paiement pour la remise des fonds, etc.
* Les copies
Le principe est qu’elles n’acquièrent pas de force probante lorsqu’elles sont contestées sauf
dans les hypothèses prévues par la loi.
les copies des actes sous seing privé
- si l’acte original subsiste, les copies ne font foi que pour ce « qui contenu au titre ou à
l’acte » et dont « la représentation peut toujours être exigée (article 1333 du code civil).
- si l’acte original est perdu, les copies font foi s’il s’agit de copies fidèles à l’acte original.
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Module C3051
Introduction au droit luxembourgeois
L’article 1341 du code civil ne s’applique qu’aux parties, les tiers sont libres de prouver le
contrat par tout moyen de preuve.
Suspicion d’une fraude à la loi.
L’interdiction de prouver le contrat par un écrit telle que prescrite par l’article 1341 du code
civil est écartée si une des parties au contrat invoque la fraude à loi.
Dans ce cas, l’acte écrit est suspecté car il supporte un contrat illicite ou il a une cause
illicite (Arrêt de la Cour 1er février 1984, Pasicrisie 26, page 141).
10. Annexes
Code Civil
Code d’Instruction criminelle
Code de Procédure Civile
Constitution du 17 octobre 1868
Convention Européenne des Droits de l’Homme du 4 novembre 1950
Loi du 4 avril 1924 sur les Chambres Professionnelles
Loi du 8 Février 1961 portant organisation du Conseil d’Etat
Loi modifiée du 21 mars 1966 sur le Conseil économique et social
Lois du 11 août 1966 / 7 février 1974 portant sur les compétences des Justices de Paix
Loi du 1er décembre 1978 réglant la procédure administrative non-contentieuse
Loi du 7 mars 1980 sur l’organisation judiciaire
Loi du 7 septembre 1987 portant réorganisation des ordonnances pénales
Loi du 4 décembre 1990 portant organisation du service des huissiers
Loi du 10 août 1991 sur la profession d’avocat
Loi du 20 juillet 1992 portant modification du régime des brevets d’invention
Loi du 05 avril 1993 sur le secteur financier
Loi du 20 décembre 1993 portant ratification de la Convention Internationale des Droits de
l’Enfant
Loi du 7 novembre 1996 portant organisation des juridictions de l’ordre administratif
Loi du 23 décembre 1998 sur la Commission de Surveillance du Secteur Financier
Loi du 21 juin 1999 portant règlement de procédure devant les juridictions administratives
Loi du 8 décembre 2000 sur le surendettement
Loi du 18 avril 2001 sur les droits d’auteur, les droits voisins, et les bases de données
Loi du 16 juillet 2003 instituant un Médiateur
Loi du 22 mai 2009 sur la propriété intellectuelle
Loi du 3 mars 2010 introduisant la responsabilité pénale des personnes morales
Règlement de la Chambre des députés
Règlement Grand-ducal du 8 juin 1979 relatif à la procédure à suivre par les administrations
relevant de l’Etat et des Communes
Traité des Communautés Européennes du 25 mars 1957
Traité de Nice du 26 février 2001
11. Glossaire
Acte Juridiquement, c’est un écrit
Action Demande en justice
Administré Personne qui dépend d’une administration
Amendement Modification proposée sur une proposition ou projet de loi
Biens corporels Objets qui ont une existence matérielle
Titre de propriété intellectuelle qui confère à son titulaire non pas un droit
Brevet d’exploitation, mais un droit d’interdiction de l’exploitation par un tiers de
l’invention brevetée
Caution Personne qui s’engage à se substituer au débiteur
Commencement
Acte qui fait présumer la vérité d’un fait
de preuve
Mécanisme juridique qui consiste à remettre à quelqu’un une valeur ou un
Compensation
bien en réparation d’une prestation, voire réparation d’un dommage
Un juge ne peut être saisi que dans la mesure où les dispositions sur
Compétence l’organisation judiciaire et celles qui fixent les règles de procédure lui
donnent le pouvoir de juger
Fait par une personne d’acquérir une situation juridique nouvelle qui
Confusion
absorbe les droits et obligations se référant à sa situation antérieure
Dépôt ou séquestre d’une somme d’argent à titre de garantie pour le
Consignation
paiement d’une dette
Formalité par laquelle une personne ayant reçue qualité pour le faire,
Contreseing atteste l’authenticité de la signature apposée sur un document par une
autorité par un acte public
Une personne a le statut de coobligé lorsqu’elle est tenue avec d’autres et
Coobligé
de la même manière à l’égard duquel elle est engagée
Créancier Celui qui détient une créance c'est-à-dire contre un autre (le débiteur)
Contrat Convention
Personne qui s’est engagée avec une ou plusieurs autres personnes à
Débiteur payer une dette ou à exécuter une prestation au profit d’un ou de plusieurs
créanciers qui leur sont communs
Demande Requête introductive d’instance
Dispositif d’un Partie d’un jugement ou d’un arrêt, voire une ordonnance située après la
jugement locution « par ces motifs » qui contient la décision proprement dite
Droit Chose opposable à tous
Acte réalisé par des moyens déloyaux destinés à surprendre un
Fraude consentement, à obtenir un avantage matériel ou moral indu ou réalisé
avec l’intention d’échapper à l’exécution des lois.
Acte procédural susceptible de modifier le cours normal de l’instance tel
Incident
qu’un acquiescement.
Décision rendue par une juridiction du premier degré qui ordonne de payer,
Jugement de faire ou de ne pas faire ou encore qui prend une mesure d’instruction ou
d’exécution.
Différend entre deux ou plusieurs personnes, les unes contestant aux
Litige
autres d’être titulaires d’un droit à l’exercice duquel elles prétendent.
Disposition prise par la Chambre des députés posant une règle juridique
Loi
d’application obligatoire.
12. Exercices
1) Organisation Judiciaire et Procédure Civile
Monsieur DEBONNEHUMEUR a fait citer le 3 janvier 2002, devant la justice de paix de
Diekirch, Madame TELLEAVENTURE dont la résidence est à Luxembourg, pour se voir
payer une facture non contestée d’un montant de 12.000 euros pour des travaux de toiture.
Il demande sa condamnation au paiement du montant de la facture et aux intérêts légaux.
Lors de la première audience le 15 juin 2002, l’affaire est appelée, Madame
TELLEAVENTURE se présente personnellement et demande que l’affaire soit refixée pour
plaidoiries, le temps pour elle d’étudier les pièces que doit lui communiquer Monsieur
DEBONNEHUMEUR.
L’affaire vient à être jugée le 15 décembre 2002 par le Juge de paix mais Monsieur
DEBONNEHUMEUR n’a pas communiqué les pièces à Madame TELLEAVENTURE. Dans
ces conditions, le juge décide de refixer une dernière fois l’affaire au 15 avril 2003, afin de
permettre à Monsieur DEBONNEHUMEUR de communiquer les pièces.
Au 15 avril 2003, l’affaire paraît de nouveau le juge de paix, date à laquelle il apprend que
Madame TELLEAVENTURE est décédée. Dans ces conditions, le juge décide de renvoyer
l’affaire au rôle général jusqu’à ce que les héritiers se soient manifestés et reprennent
l’instance.
Au 15 avril 2004, l’affaire est reprise mais il apparaît aussi que le juge de paix est un parent
de Monsieur DEBONNEHUMEUR, de sorte que les héritiers demandent un changement
de juge, qu’ils obtiennent le 15 décembre 2004.
L’affaire est définitivement jugée le 15 avril 2005 et le jugement est rendu le 15 juin 2005.
Questions :
a) La justice de paix de Diekirch était-elle compétente territorialement et matériellement ?
b) Pourquoi le juge de paix décide-t-il de refixer une deuxième fois ou quel est le principe
fondamental bafoué ?
c) Que se passe-t-il lors d’un décès de l’une des parties en cours d’instance ?
d) Que pensez-vous de la durée de la procédure au regard de la Convention européenne
des Droits de l’homme ?
e) Que pensez-vous du lien de parenté entre Monsieur DEBONNEHUMEUR et le juge au
regard de l’article 6 de la Convention européenne des Droits de l’homme ?
Question :
a) Pensez-vous que la façon dont la Banque Internationale de Mexico a traité la
réclamation de son client soit conforme à la circulaire IML 95/118 ?
b) Que peut faire Monsieur NEWDEAL après avoir reçu une réponse négative à sa
réclamation par la Banque Internationale de Mexico dont il est mécontent
Question :
a) De quels vices du consentement a été victime Madame FELLER ?