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Signalement d’un enfant victime de violence sexuelle

I. Qu'est-ce qu'un signalement ?


 Le signalement est un acte professionnel écrit, présentant après évaluation, la
situation d’un enfant en danger qui nécessite une protection judiciaire et /ou
administrative.
 Le rôle du médecin prime sur la protection de l’enfant, plus que sur l’apport
de la preuve de l’AS.
 Le signalement, qu’il soit judiciaire ou administratif, est décidé par le
médecin et doit être expliqué aux parents.

II. Cadre légal et réglementaire :


 La constatation d’AS à l’encontre d’un enfant interpelle le médecin qui peut
être l’initiateur de la procédure. Il doit connaître ses devoirs mais doit aussi
maîtriser des éléments de la procédure pour ne pas voir sa responsabilité
engagée.
 La décision de la rédaction d’un signalement qu’il soit judiciaire ou
administratif et la conclusion de l’examen clinique de l’enfant par un
certificat descriptif des lésions constatées confrontent le médecin au respect
du secret médical qui peut le placer dans une situation délicate entre :
- l’obligation de protéger l’enfant en danger
- et le maintien de la confiance témoignée par la famille.
 Dans son article 53, le code de déontologie médicale précise que « le
médecin, le chirurgien-dentiste doit être le défenseur de l’enfant malade
lorsqu’il estime que l’intérêt de la santé de celui-ci est mal compris ou mal
perçu par son entourage ».
 Nous rappelons ici que la divulgation du secret médical est une infraction
pénale au terme de l’article 301 du CP. Cependant, l’article 198 de la loi n°
18-11 du 2/07/2018 relative à la santé, l’article 18 de la loi n° 15-12 du 15
relative à la protection de l’enfant et l’article 54 du code de déontologie
médicale, soulignent une dérogation légale lorsque des sévices sont commis
à l’égard des enfants mineurs et personnes privées de liberté. Dans ce cas le
signalement judiciaire ou administratif ne peut pas engager la responsabilité
du médecin s’il est effectué dans les conditions imposées par la loi, même si
les enquêtes n’ont abouti à aucun résultat.
 Par ailleurs la loi n° 15-12, dans son article 134, puni quiconque révèle
sciemment l’identité de l’auteur de la dénonciation, sans son consentement.
 En revanche, l’absence de mesures de protection mise en place par le
médecin, qui a eu connaissance de maltraitances subies par un mineur, peut
être sanctionnée conformément aux articles 181 et 182 du CP qualifiant «
d’omission de porter secours » pour quiconque s’abstient de le faire car il
s’agit d’un devoir légal et déontologique.

III. Signaler ...oui, mais à qui ?


Deux types de signalements sont possibles :
1) Le signalement administratif :
Il est indiqué lorsqu’une évaluation complémentaire est nécessaire pour une
appréciation plus efficiente du risque.
Il n'existe donc pas de critères d'urgence ou de danger immédiat pour l'enfant.
Il s’agit de signaler une «information préoccupante » ou « un risque de danger »
aux structures impliquées :
- la protection maternelle et infantile (PMI) en contactant le médecin,
- le directeur de l’hôpital,
- le délégué national à la protection de l’enfance ou son substitut présent dans
chaque wilaya (article 11 de la loi n° 15-12).
- l’aide sociale à l’enfance en contactant la direction de l’action sociale
(DAS) : les centres spécialisés dans la protection des enfants en danger.
Une enquête sociale est réalisée par des travailleurs sociaux ou de protection
maternelle et infantile (PMI) ou le directeur de l’hôpital.
Ils effectuent une première évaluation et transmettent un rapport au service du
milieu ouvert ; Ce dernier décidera des mesures de protection à mettre en place
en accord avec les parents ou sollicitera la justice en cas de refus de coopérer.

2) Le signalement judiciaire :
Lorsque le médecin fait face à une situation d'urgence évidente, de danger pour
l'enfant, il est en droit de prévenir les autorités judiciaires et de solliciter une
mesure de protection immédiate (ordonnance de placement en urgence souvent
dans ce cas).
Pour cela il doit contacter, par téléphone ou télécopie, soit :
- la brigade des mineurs,
- la police /la gendarmerie,
- le procureur de la République - le juge des mineurs.
 Le signalement au procureur de la République est le seul moyen pour mettre
en place une protection judiciaire immédiate d’un enfant victime d’AS avéré
il est joignable 24 heures sur 24 heures et ses coordonnées sont disponibles
auprès de la direction de l’établissement hospitalier, de la gendarmerie ou de
la police.
 Dans les huit jours qui suivent (durée du placement en urgence), la saisine du
juge des enfants sera effective, avec convocation des parents. Une
ordonnance de placement provisoire pour six mois renouvelables, une mesure
d’assistance éducative en milieu ouvert, ou une main levée, pourra être
décidée, selon le cas, par le magistrat à l’issue de l’audience. (articles 35, 36,
37 et 117 de la loi relative à la protection de l’enfant).
 En somme : La conduite à tenir doit être adaptée à la gravité de la situation :

- En cas d’AS évident ou de forte présomption, l’enfant doit être hospitalisé en


urgence pour le soustraire aux sévices et on doit s’assurer que cette mesure a
bien été réalisée.

- En cas de suspicion d’AS, un bilan global est à réaliser avec le concours de


spécialistes ou par une équipe hospitalière. Une fois le diagnostic confirmé, le
médecin aura à alerter les services compétents pour qu’une enquête et une prise
en charge soient réalisées.

- En cas de doute, prendre conseil au préalable auprès de l’organe local de la


protection et de la promotion de l’enfance représenté par le délégué à la
protection de l’enfance, présent dans chaque wilaya (article 11 de la loi n° 15-
12) ou contacter directement un confrère de la protection maternelle et infantile.

IV. Comment signaler ?


Le signalement se fera sous forme d’un certificat ou d’une lettre de signalement.
Son contenu doit être parfaitement objectif.
Il doit être adressé directement par le médecin au procureur de la République.
Si dans l’urgence, le signalement est effectué par téléphone ou télécopie, il sera
confirmé par un document écrit, daté et signé. Le médecin s’assurera de sa
réception et en conservera un double.
Il comportera :
- l'identité et la signature du médecin,
- la date de l'examen,
- l'identité et les renseignements concernant la victime (nom, prénom, âge,
adresse, etc.) et l’accompagnant,
- les propos de l'enfant et/ou de l'adulte accompagnant,
- un exposé de la situation ayant motivé le signalement (dates, faits rapportés,
faits constatés, etc.),
- les constations de l'examen clinique, précises et détaillées.

Monsieur le procureur,
En application des dispositions des articles 181 et 182 du CP, je tiens à porter à
votre connaissance les faits suivants :
J’ai examiné ce jour ... / .../... , l’enfant ........, né (e) le .../.../... , domicilié (e) à
......., accompagné par .............................., né (e) le................................................
L’enfant et/ou l’adulte accompagnant déclare que «
.................................................»
L’adulte accompagnant déclare que «.................................................................»
A l’issue de l’examen clinique et des examens complémentaires, les signes
suivants .............................................. m’amènent à penser que cet
enfant est en danger.
Je vous prie de croire Mr. le procureur à l’expression de mes sentiments
respectueux.

SIGNATURE DU MEDECIN

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