Vous êtes sur la page 1sur 6
Chapitre 7 Apprendre en participant Gilles Brougere ndre des cookies p ce - ment Scout, étés mayas, tailler des vétements au Liberia, ces situa: tions quot é - d6rées comme des rien en établissant cette relation) mais d'une des- 'e que 'on nomme app de participer (et évoluer ‘un groupe et réciproquement, toute participation suppose une maitrise progressive des régles, des normes, approntiseage ? séquence, pour expliquer lapprentissage, lyser la participation, comprendre ce qu'elle est, comment: fonctionne et par la méme en saisir les logiques Sous:jacentes. Restera & se poser la question de savoir si nous saisissons tout apprentissage, ou une forme parmi d'autres. point de départ d'une telle conception développée Barbara Rogotto la prise en compte de situations ot il n'y ‘a pas (ou pas vraiment) de dispositif, de forme ou de cadrage éducatifS. Tout au moins n'y a-til pas de forme scolaire, mais parfois quelques intentions et soutiens éducatifs. En cot quence Lave et Wenger parlent d’apprentissage situé, terme Participer, c'est apprendre Pour justifier l’équivalence entre participer et apprendre’, revenons aux exemples parmi les plus célébres sur les- quels ce courant a construit ses analyses, Barbara Rogoff re comment dans le cadre de la vente des cookies qui servent A financer le mouvement, les Girls Scout of Ame- rica apprennent & maitriser les outils et les activités néces: saires a cette pratique commerciale d'un genre particulier Lapprentissage n'est rien d'autre que la transformatior leur pratique, soutenue par les plus expertes qui integrent progressivement les plus jeunes dans cette activité. Mais, puisque la pratique n'est pas stable, les outils et les modal 165 changent également et chacun évolue dans sa pratique, sa participation et ses apprentissages. Plus largement Barbara Rogoff’ a montré le réle de la par- ticipation dans Ia fagon dont les enfants sont intégrés dans jérement dans les modéles qui font de la mere une quasi enseignante sur le modéle scolaire. Bt effectivement, la fréquentation de Véeole permet d'expliquer la transformation des modalités la participation. De son e6té, Patricia Greenfield* a montré comment le tissage s'apprend dans les sociétés Maya par une particip: cette activité essentielle au monde fémi- nin Je fille est intégrée a la pratique en maitrisant «abord la posture corporelle, puis en observant, enfin en se voyant confier les taches les plus aisées. Etapes que Von retrouve dans les analyses du tissage dans d'autres contextes une géné 's des ainées, voire en relation forte avec les pairs, ce qui conduit & des essais et erreurs, un début sous forme de jeu impensable auparavant. Ces nouvelles jues ont 616 rendues possibles par l'introduction de jue bon marché et la vente a des touristes qui appré- riginalité des motifs. Cette transformation des modes de participation devenus plus horizontaux se rapproche de ce que le méme auteur pergoit quand elle analyse,les réseaux sociaux sur Internet. sur le pouvoir des ainés. D'autres exemples ont permis d'illustrer cet appret été des adultes® comme les tailleurs du Libéria qui ‘ent dillustrer comment on apprend en construisant considérés comme enfants) jusqu’ trois-piéces). Cette progression la communauté des taillours consiste en un gain de savoir aussi comme émergence du savoir étre identité soci costume mas la participation a faire, mais se r ne boit pas, témoignent d'un rise des modalités ’agir au sein de cette (par exemple savoir parler en centrale pour analyser la particip: rage’ par la sage de la pratique (et parfois de gel de cel la participation & une communauté de pratique définie par un engagement mutuel et un réper: issage des procédures techniques de Vac- toire partagé. A Vapp! propres au service s'ajoute la construction du se1 La notion do ‘communauté onalyser ta participation. Apprendre en particit trouver de petits plaisirs et comment surmonter le découragement » (p. 46), Les modalités de Ia participation : qu’est-ce que participer ? lela de la mise en évidence de la participation comme sage, diffe Ja dynamique éduc bara Rogoff utilise la not désigner le fait que met de comprendre vement. Les nouveau ensemble des focteur cones ee ‘avoriser Tapprentissage dons ‘ad hoc de Vapprentissage en Situation de traval. En réailt, ‘bon nombre dae analyses ot de pratique proposée par lective de la participation analyser les moyens d’apprendre des autres, de la Apprendre en particina dos taches. bie eee ‘uation au travers des interactions et gréice aux outils com- \$ (et toutes autres formes de réi permet en méme temps de m de négocier sa place et le sens de munauté, La dimen: contient vient justifier la notion de communauté, méme si dans le contexte anglo-saxon son usage est plus large et pour- rait tout autant se traduire par celle plus neutre de groupe. Comment on apprend en participant Barbara Rogoff’ propose un modele qui permet, par dis- tinction avee ce qu'elle appelle d'antres traditions éducatives, de saisir les modalités €’apprentissage pation délibérée aux communautés (Intent c ticipation). La participation y est la clef de sociale de cet apprentissage dans la mesure ot peut observer et est (ou s' tivités valorisées (dans émentaire) » ; « peut » est soul ‘pation implique une absence de ségrégation des enfants. On ne peut participer (et done apprendre) & ce qu'on ne peut observer, L’autre aspect de Ia participation repose a projection dans Vaction, qu’elle soit immédiate ou ant pée. Le processus dentrée dans la participation se fera avec ide d'autres participants expérimentés qui vont servir de La participation se distingue du modéle scolaire (au moins traditionnel) qui repose sur une ségrégation par rap- port aux activités adultes valorisées : & l'écol ‘sans participer, avec des enseignants qui ne pai "essai et l'erreur sont possibles ou non. logique de la participation, les moyens 6du- catifs (qui ne sont pas nécessairement percus comme tels) sont « attention acérée et la part cipée des activités avec la possibilité de discemer des étapes conduisant au processus complet », moyens apprendre par la parti jutien et aide (scaffolding), imitation, ivité réelle et guidage. engagement dans Comprenare !a logique Mais sans soute fautil entrer plus avant dans la logique méme de la participation pour en saisir les diversités et done les effets variables en termes d'apprentissage. On peut s‘appuyer ici sur les analyses de Stephen Billett® faites en flaton a travail mas qe on peut apliquer a autres potentiellement apprenant et les contraintes du contexte social ou pour le dire autrement entre agency et structure considérant qu'elle est la résultante de Vengagement de Vindividu et de ce que Ini offre le contexte social, Vaffor- dance (A partir de to afford, mettre & disposition, offrir). 1 affirme que ces deux dimensions ne sont pas indépet Vengagement pouvant étre le résul pour cela, Paffordance pouvant vari gements du salarié (on offre de co qui est offert le travail est un job alimentaire ment un étudiant, pour qui sans relation avee ses études, va s'engager « a minima », pour continuer @ s'engager dans ses études. Mais des exemples inverses existent, dans lesquels des 6 désengag Le participation résultante de engagement Apprendre en particina Cortaines situations, Permettent Jon ow Ja reproduction Interprés ot olnst une dynamique de transtormati 4 travers Papprentissage. Si la participation est 'apprentissage, on peut voir que ce dernier peut dépendre des possibilités d'engagement dan pratique offerte, de engagement varié dans la communaut de pratique, comme par exemple lorsque certains demeurent ticipation périphérique qui risque de ne plus ie. \s pu mettre a V'épreuve cette the recherche sur des créches parental tement créches & participation varient beaucoup de parents & pare1 le une mare eé son engagement), mais aussi en fonc- possibilités qu'offrent les eréches de participer. Dans certainos criches, les parents restent & la périphérie, dans «autres ils peuvent participer a Pégal de professionnels (avec toutes les situations intermédiaires). C'est dans une créche de ce demier modéle que nous avons pu observer lembauche un parent comme professionnelle, traduisant ainsi la recon- haissance de l'apprentissage par participation parentale. Intéréts et limites Cette vis met tout lisation en la redéfini apprentissage par participation), C'est Von apprend le social, ses normes, se: appre logues, nest pas une inculeation passive enfant ou nouveau membre d'un groupe y parti peut voir des engagements dans les participat ciges qui conduisent & des apprentissages v aussi des occasions (a travers la diversité des affordances) différenciées selon les milieux, les situ Les guidages different également, ainsi que les con ou les possibilités de se trouver dans des positions de ps cipation périphérique légitime ou non. Certaines situations vont done permettre l'appropriation (Rogoff) ou duction transformation culturelle a travers l'apprentissage. tte conception permet de penser des dimensions de Yapprentissage autres que Ia socialisation, en particulier la mn de V'apprentissage comme participation per- Barbara Rogoff raconte qu'elle a appris les statistiques ainsi, uupe de recherche sans passer par la case pratiques en y participant est ce qui dépasserait celle-ci ddu transfert (métaphore bi ide que participer A certaines pratiques permet de parti per a d'autres pratiques ou de Iés approprier plus vite Une autre dims uressante est la symétrie entre le ion des pratique: conflit) que se transforment les pi 6fini comme un apprentissage col Malgré tout son potentiel exp! il faut souligner certaines limites de c apprentissage ne renvoie pas & une pai que cela suppose de communauté ou aur faudrait sans doute évoquer d'autres dimen: tissage, par exemple en relation avec le couple exploration! performance (ee dernier terme semblant pro cipation), proposé if évoqué ci-dessus, 1e approche : to pourrait transformer en un couple participation/exploration, i renvoie A d'autres modalités. totalement convaineante d'apprentissage dans Iesquelles le processus de participati vest pas central Reste & se demander comment situer 'apprentissage sco- laire, formel, face & ce paradigme et c'est li que Yon voit des cipa Apprendre en port 1. Pour autres exempes et analyses, le lecteur pourra divergences entre trois positions qui ne sont pas nécessai isives les unes des autres et qui demanderaient A tre étayées scientifiquement. L’école est une rupture Yon peut se demander si cet « apprentissage aliéné », pour reprendre la position provocatrice de Jean Lave, est encore de l'apprentissage"'. L’école fonetionne comme le reste de la société et constitue un cadre social Qui suppose la participation a une pratique spécifique (la pratique scolaire) et se déplote sur des différences fortes en ce qui concerne engagement et affordance. La conséquence est qu’on y apprend des pratiques (symboliques mai seulement) contextualisées, les réeusse et plus spécifiquement celle des communautés de pratique devrait permetire de réformer I’école pour qu'elle réponde a tun modele plus efficace et surtout garantissant un meilleur niveau dengagement des éleves. Press, 100 Ls TB. Root ta 1°64, 2008, p. 400 Chapitre 8 Le transfert des apprentissages Mariane Frenay et Denis Bédard a capacité pour toute personne de réutiliser ce qu'elle a appris a un autre moment ou un autre leu représente une problématique de plus en. plus préoccupante, ce que les psychologues de cation appellent le transfert des apprentissages. C'est, lot de tout programme de format nle ou continue, ‘espace éduca- différentes disciplines ou champs profes de croitre et représente une somme tell imaginer pouvoir en faire le tour. Que si des apprentissages dans ce contexte ? Que peut-on espérer transférer de la portion de ce savoir? Quatre conceptions du transfert des apprentissages au fil de l'histoire Au fil des évolutions des théories de Papprentissage, quatre conceptions différentes du transfert se sont dégagées, qui ont ‘marqué de leur empreinte les pratiques denseignement et de formation (voir le chapi Bourgeois dans cet ouvrage)’

Vous aimerez peut-être aussi