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Revue de la Manche Tome 57, fascicule 230 Octobre - novembre - décembre 2015 Société d’archéologie et d’histoire du département de la Manche Prix du numéro : 12 € Revue de la Manche Sommaire De Coutances a Paris : Francois Bonneville (1755-1844), un artiste en Révolution..... Hugues PLAIwEUX Pierre Louis Clément (1766-1852). seerétaire général de la Manche et maire de Saint-Lo 45 I ys Patasst Table des matiéres du tome 57, 2015, fascicules 227 4 230 ol 190 EL AVMIERSUIR De Coutances a Paris : Francois Bonneville (1755-1844), un artiste en Révolution Hugues Ptainrux Sila physionomie de nombre d' acteurs de la Révolution frangaise nous demeure encore aujourd’hui familiére, c’est notamment au talent d’un artiste curieusement oublié de la postérité, Francois Bonneville, que nous le devons. Ses quelque deux cents dessins, parfois croqués sur le vif jusque sur les bancs du Tribunal révolutionnaire, puis gravés, farent pour la plupart ultéricurement réunis en un recueil, annoté par Quénard!, Portraits des personages célébres de la Revolution, formé de quatre volumes in- quarto imprimés & Paris de 1796 A 18022. Aujourd’hui encore, il est peu d’ouvrages consacrés a la Révolution qui ne reproduisent quelque portrait di a son talent. En dépit de cette ceuvre non négligeable, Frangois Bonneville demeure quasi inconnu, y compris des rédacteurs du Dictionnaire de biographie frangaise’ qui ont délibérément ignoré au profit d’un cousin germain, certes plus illustre, Nicolas de Bonneville (Evreux, 1760 - Paris, 1828), traducteur, publiciste, littérateur « préromantique » et fondateur, en 1790, du Cercle social et du journal La Bouche de fer avec |’abbé Claude Fauchet, futur évéque constitutionnel du Calvados. « Onignore & peu prés tout de sa vie, On ne connait ni la date, ni le Lieu de sa naissance ctde son déces », écrivait a son propos Marcel Roux, en 1934, dans le troisiéme volume de I'Inventaire du fonds francais, Graveurs du dix-huitiéme sidcle du département des ‘Philippe Quénard (alias Q. de La Roche-en-Val) (Paris, 1761 - Chiteau-Landon, 1832), avocat au Parlement de Paris depuis décembre 1784, secrétaire du district des Petits-Augustins au 14 juillet 1789, fut l'un des représentants de la Commune de Paris en 1789-1790 (Arch. dép. Seine-et-Marne, 6 E 102/14: Charles-Louis Cuassiy, Les élections et les cahiers de Paris en 1789, Quentin, t. |, 1888, p. 7 et 472- 473 ; Michael P. Frrzsivoxs, The Parisian Order of Barristers and the French Revolution, Cambridge, Harvard University Press, 1987, p. 216). Domicilié rue des Saints-Péres en 1790, puis Nanterre en 1792, il fut auteur du Tableau historique placé en téte du recueil de portraits dus 4 Bonneville, ainsi que des notiecs. Signataire, le 17 juillet 1789, d’une motion du district des Petits-Augustins (BnF, 4-LB40-1497) et auteur d°un Apergu dun plan d’éducation publique, (1792), 96 p.,tiré 4 douze exemplaires sur sa presse personnelle (Bn, RES P-R-915), il publia également un poéme intitulé fes Dames, 1800, 156 p. (Paris, Bibl, Marguerite Durand, 841 QUE Rés.). Il avait &é membre a Paris de la loge maconnique Sainte- Sophie (devenue en 1788 La Réunion des Américains) et de son chapitre (1786-1788) (BaF, fichier Bossu). Nous ignorons s'il faut identifier & Philippe Quénard, administrateur général des biens nationaux de la République romaine sous le Directoire (Renzo De Fe.ice, La vendita det beni nazionali nella Repubblica romana de! 1798-1799, Roma, Edizioni di Storia ¢ Letteratura, 1960, 210 p., passim) 2 BnF, NA-139(1-4), 4 vol. ; Bibl. mun, Cherbourg, 7942 in-4° (les trois premiers vol. ; legs Asselin). En 1818, le libraire parisien Joseph-Martin de Saint-Jorre (Heugueville-sur-Sienne, 1782-1865) acquit les cuivres et le reliquat de ’édition des quatre volumes (Bibliographic de la France ou Journal général de Vimprimerie et de la librairie, 7° année, n° 32, samedi 8 aoiit 1818, p. 462), qu’il parait avoir diffusés sous son nom, au moins en ce qui conceme le quatriéme volume (Joseph-Marie Quéxaxo, Frunce litéraire, 1, Firmin Didot, 1827, p. 41 ; Jules Renouvier, Histoire de l'art pendant la Revolution, Veuve Renouard, 1863, p. 365, n, 1), Son arritre-petit-fils, le préfet Jean de Saint-Jorre (1910-1997), président de la Société d’archéologie et d'histoire de la Manche de 1976 a 1997 et historien des libraires parisiens originaires du Cotentin, voulut bien nous préciser qu'il ne connaissait pas cette édition (lettre du 28 avril 1997), * Dictionnaire de biographie francaise, t. 6, 1954, col. 1036-1037. estampes de la Bibliothéque nationale’. Michel Vovelle, dans la somme remarquée qu’il a consacrée a La Revolution frangaise : images et récit (1789-1799) (Messidor, 1986, 5 vol.), out trente-cing portraits gravés dus 4 Bonneville sont reproduits, n’a pas été plus disert, de méme que les éditeurs de la quasi exhaustive collection d’estampes rassemblée par la Biblioth&que nationale pour le Bicentenaire, sous le titre d’ Images de la Révolution francaise, d’abord diffusée en 1989 sur vidéodisque (coproduction BN-Pergamon Press) puis mise en ligne en 2013 par Vuniversité californienne Stanford sous le portail Archives numériques de la Révolution francaise, ov trois cent quarante-sept oeuvres créées ou éditées par Bonneville sont depuis commodément accessibles’. On tentera donc ici de combler cette lacune en soulignant notamment qu’un des graveurs portraitistes parisiens les plus productifs sous la Révolution fut actif, 4 Coutances, lors des derniéres années de |’ Ancien Régime. Notice biographique De Bacqueville Coutances Issu de petits notables originaires d’Evreux et de Rouen (ill. 1) — ses ascendants appartenaient au monde du négoce, des offices et des auxiliaires de justice —, Jean- Taurin-Denis-Frangois de Bonneville‘ naquit le 21 février 1755 4 Bacqueville’, dans le pays de Caux, de Jean-Taurin, employé des aides, et de Marie-Anne Durand’. Tl y fut baptisé le lendemain, porté sur les fonts par Frangois Levillain, huissier, et Marie- “Marcel Roux, Imentaire du fonds francais. Graveurs du dix-huitiéme sidcle, t. 3, 1934, Maurice Le Garrec, p. 181 ; Jean Lana et Jean ApiiEMaR, Inveniaire du fonds francais aprés 1800, t. 3, Bibliotheque nationale, 1942, p. 132. Ignorée de Marcel Roux, une ébauche de notice sur Frangois Bonneville avait toutefois été publige par Pierre Caron, « Recherches biographiques : les Bonneville », La Révolution francaise, t. 85, 1932, p. 345-349. Voir également Jules RENOuviER, op. cit., 1863, p. 364-366 ; Roger Portauis et Henri BERaLDI, Les graveurs du Vi" siécle, D, Morgand et Ch. Fatout, t. 1, 1880, p. 220- 221 ; Tatene-Beckee, Allgemeines Lexicon der Bildenden Kiinstler, Leipzig, E. A. Seemann, t. 4, 1910, p. 314; Bexeat, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinatcurs et graveurs, ni* éd,, Grind, t. 2, 1999, p. 542 ; Sav, Allgemeines Kiinstlerlexicon, Miinchen-Leipzig, K. G. Saur,t. 12, 1996, p. 589-590. A la suite de Nicolas Desnay (Tableties biographiques des écrivains francais, 2° partie, 2 d.,.A.-G. Debray, 1810, p. 17), Frangois Bonneville a été réguliérement confondu avee Pierre-Frédéric Bonneville (Villeneuve-sur-Yonne, 1768 - Paris 1* arr., 1861), essayeur particulier de la Banque de France, auteur en 1806 d'un Traité des monnaies d'or et d'argent (Arch, nat., LH/289/103 ; Arch. Paris, V4E 19). Cette confusion a été notamment reprise par Joseph-Marie Quéeagp, op. cit, 1827, p. 411 ; Théodore Le BatTon, Biographie normande, Rouen, A. Le Brument, t. 1, 1857, p. 187; Edouard Freee, Manuel du bibliographe normand, A. Le Brument,t. 1, 1858, p. 126; Georges Mancet, « Nouvelles archéologiques >, Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. 1, 1860-1861, p. $43 ; Jules RENOUVIER, op. cit. 1863, p. 364 ; Noémi-Noire Ovrset, Nouvelle biographie normande, Alphonse Picard, t. 1, 1886, p. 110. 5 http:/frda.stanford.edu/fr, Le méme portail a mis en ligne les tomes 1 4 82 de la premiere série des Archives parlementaires de 1787 a 1860, couvrant la période s’étendant de la préparation des Etats généraux jusqu'au 4 janvier 1794. * La particule, non nobiliaire, apparait de maniére inconstante dans les actes concernant les Bonneville. Voir le tableau généalogique (ill. 1) esquissé non sans difficultés compte tenu de la diversité des domiciles des membres de cette famille qui, roturiére, doit étre distinguée de celle des Bonneville nobles, originaires du Chamblac (Eure, cant. Breteuil-sur-Iton) (Gustave Cuatx p’Est-ANGE, Dictionnaire des familles anciennes ou notables & la fin du xiX* siécle, Evreux, Charles Hérissey, t. 5, 1906, p. 286). * Aujourd’hui Bacqueville-en-Caux (Seine-Maritime, arr. Dieppe, cant. Luneray). * Jean-Taurin de Bonneville, alors employé de la Ferme puis receveur des aides & Caudebee-lés-Elbeuf, avait épousé le 9 février 1750 a Evreux (paroisse Saint-Thomas) Marie-Anne Durand, fille de feu Jean, commissaire des talles de election d’ Evreux, et d’Anne Lescallier (arch. dép. Eure, 8 Mi 1593). 4 Madeleine Auzou’. Trés t6t, et sans doute dés l'année suivante'’, dans le sillage de la « carriére » paternelle, il gagna Paris oit semble s’étre écoulée son enfance et formée sa pratique artistique. Son pére, receveur ambulant des droits réunis pour la banlieue de Paris, acquit en 1770 une petite maison 4 Bourg-la-Reine « ou pendoit cy-devant pour enseigne La Herse"' », qu’il loua par la suite A des ouvriers de la manufacture de faiencerie locale. A I’Age de seize ans, patronné par Antoine Boizot (1702-1782), le jeune Francois de Bonneville était éléve, au Louvre, de I'Académie royale de peinture et de sculpture. Fin mars 1771, il logeait 4 la manufacture des Gobelins, ou Vacadémicien Boizot se distinguait comme peintre et dessinateur. En septembre, il était domicilié chez le duc de Bouillon, grand chambellan de Louis XV, en son hétel depuis annexé, en 1883, par I’Ecole des Beaux-Arts 4 l’actuelle adresse du 17 quai Malaquais. Les attaches ébroiciennes des La Tour d’ Auvergne, ducs de Bouillon et surtout comtes d’Evreux, expliquent évidemment que le jeune artiste en herbe ait pu bénéficier d’un gite temporaire chez un aussi illustre protecteur'’. On le trouve également a la méme Epoque « chez Mesdames ses sceurs"’, porte Saint-Michel », pris du jeu de paume de Bel-Air, a l'emplacement actuel du 13 rue de Vaugirard’>. Date de cette période sa premiére ceuvre signalée, a savoir le portrait 4 Phuile d’un ecelésiastique a mi-corps™. * Arch. dép. Seine-Maritime, 4 E 76, BMS Bacqueville-en-Caux (1740-1759). ‘Taurin de Bonneville, bourgeois d’ Evreux, cautionna le fermier des entrées de la ville de Paris pour son fils Jean-Taurin, commis auxdites entrées, acte contrdlé le 29 mai 1756, Le méme Taurin cautionna de nouveau son fils pour les aides et les droits rétablis de la banlieue de Paris, acte contrdlé le 11 avril 1759 (arch. dép. Eure, 6 J non coté, « Notes sur Nicolas de Bonneville »). " Arch. nat., Minutier central, XI, 657, 29 novembre 1770, Le vendeur était Nicolas-Alexandre Herbault- Despavaux, avocat au Parlement de Paris. ® Sur Antoine Boizot, Emile BELitcK pe La CHavioneRte et Louis Auvray, Dictionnaire général des artistes de l'Ecole francaise, depuis l'origine des arts du dessin jusqu’é nos jours, Veuve H. Loones, t. 1, 1882, p. 113 ; Nouvelles archives de l'art francais, 2 série, t. 6, 1885, p. 135-136 ; Tatesse-BEcKER, op. cit, t. 4, 1910, p. 235 ; Dictionnaire de biographie francaise, t. 6, 1954, col, 878 ; BENEZI, op. ct. 2, 1999, p. 483. ® Charles-Godefroi de La Tour d'Auvergne, due de Bouillon et comte d’Evreux, né en 1706, mourut le 24 octobre 1771 en son chateau de Montalet a Issou (aren. dép. Yvelines, cote 2087394, fol. 10-11; Dictionnaire de biographie francaise, t. 6, 1954, col. 1323). “ Marie-Anne-Louise-Hippolyte de Bonneville, née le 20 juin 1751 a Caudebec-lés-Elbeuf, épousa 4 Bourg-la-Reine, le 6 juillet 1776, René-André Villette de Boismaillard, marchand mercier et épicier roguiste a Verneuilf-sur-Avre], en présence de Frangois-Gabriel Vernet (1728-1779), peintre des batiments du roi et frére cadet du célébre peintre Joseph Vernet (1714-1789) (arch. dép. Seine-Maritime, 4 E 1582 ; Arch. nat., Minutier central, LIX, 303, contrat de mariage du 1* juillet 1776 ; arch. dép. Hauts-de-Seine, IFWBRG 2), Elle mourut & Verneuil le 17 septembre 1811 (arch. dép. Eure, 8 Mi 4441). Sa deuxiéme sceur, Marie-Anne-Adélaide de Bonneville, née le 24 janvier 1753 également 4 Caudebec, mourut avant 1790 (arch. dép. Seine-Maritime, 4 E 1582). Son frére cadet Gabriel-Augustin de Bonneville, marchand parfumeur & Paris, rue des Deux-Ponts, paroisse Saint-Louis-en-1'fle, épousa fin 1788 Angélique-Marie- ‘Anne Aubenet, fille de feu Edme-Joseph, maitre cordonnier rue de la Harpe, et de Marie-Anne-Elisabeth Gillotin (Arch, nat., Minutier central, LXXIII, 1101, contrat du 28 décembre 1788). ' « De Borville (Jean-Taurin-Denis-Frangois), de Bagvil en Normandi, ag de 16 ans [sic] », transcription littérale sur les registres par Samuel RocHEstave, « Les artistes normands 4 I"Ecole des Beaux-Arts de Paris de 1765 1789», Congrés du Millénaire de la Normandie (91 1-191 1). Compte rendu des travaux, t.2, Rouen, Léon Gy, 1912, p. 421. "Ce tableau (1,20 x 0.95 m), qui portait en sa partic inféricure la mention « fait par Frangois de Bonneville, 1772 », se trouvait 4 une date non précisée (fin xix*-début xx" siécle) chez M™ Piard, marchande de meubles 4 Evreux (arch. dép. Eure, 3 F 269, Notes Louis Régnier [Gisors, 1865-Vernon, 1923 ; conservateur des antiquités et objets d’art du département de l'Eure]). Nous ignorons le sort de cette ceuvre. -aqysquuog ap aqnuney ef ap anbyBoyeyu3 meaqgEL “LL (e-t241 “super 1 nou) ‘a unsnsiny-sydossuy9 "| op LANaBIV ‘aux -aueyy-anbusiuy leno, Buna) RCL -99P tg satoup Sp sn9yaa01 (RocIE-9S1=)—UrRE sR ‘jemupsauepaipy ——aysyewunot 9ay2} 9p suNuIO}]snauNpnd puRysOpY MARAT. aMaHEUIEEDP SUNN —_(GSLI-FSLL“PHDD) (6A ATUAINNOM GP) ——-ATTIASNNOM GP) STHAINNOG (°P) AVIAANNO€ CP) ATHIANNOA 9 uD SOON u sodumeg-su9g ¢g921 aaquesep Fe sBomNIS ¥nAINg 4) any TaG MAAN SUNN ICEL IHNe cz “p20UOH| aub}g6 woNOY x maINg,p sioo8unog ‘pUEYELENY eat agsa9p og “seCarNcas Mnadn'g~ 994 YEW Se OU) TT HAANNOH (29) Une, A2puog-ep2praN “xno Psp SN0) 991895 1 €LOT AHBF IZ LBL "AOU E 6991 1BOOE gODI AOU] ssoroueW au anbyiuy — ymgesn ous asaana suo « JA suo) (RB sIsany ama;pEIy bag. aie 9191 sueh or ‘su LAAN (589199 9,91 929 4) IONIAN BOW x (8911 9291 HD 4) ATTIASINNOM StoSuRE IM 2. Bonneville, Portrait d'un officier (1776) (wwa:bellefrance fi). En 1773, il était hébergé, place de I’Estrapade, par Frangois-Michel Disdier (1711- 1781), chirurgien et professcur d’anatomic artistique a I’ Académie de Saint-Luc, qui "était illustré par la rédaction de plusieurs ouvrages relatifs a son art”. Le jeune rapin de dix-huit ans ne demeura pas longtemps insensible aux charmes d'une des filles de son hate, Marguerite, elle aussi mineure, qu’il épousa en I’église Saint-Benoit, un jour de novembre 1773". Cette union trop tat contractée, abritée en deux chambres sur rue jut Frangois-Michel Disdier, Micratn, Biographie universelle ancienne et moderne, C. Desplaces, t. 11, 1856,p. 104 ; Adolphe Rocias, Biographie du Dauphine, Charavay,t. 1, 1856, p. 317-318 ; Dictionnaire de biographie frangaise, . 11, 1967, col. 1036-1037. Présenté généralement comme né en 1708 & Grenoble, il y naquit en fait le 26 mars 1711 et fut baptisé le méme jour en I’église Saint-Laurent (arch, mun. Grenoble, GG 170, fol. 372v). Apres des études de chirurgie en sa ville natale puis a Montpellier. il donna des cours anatomie artistique a I'école de peinture de Lyon, puis ouvrit un cours particulier & Paris, 11 publia plusieurs livres d’anatomie et, en 1758, un ouvrage a l'usage des artistes, Exposition exacte ow tableaux anatomiques. Il était membre de I’ Académie de chirurgie. * Son contrat de mariage, en date du 8 novembre 1773, était notamment signé de I’académicien Antoine Boizot. La dot de la marige s'élevait 4 3 600 livres, dont 2 000 livres couvrant lobligation contractée par les parents Disdier de loger et nourrir les époux pendant trois années consécutives. Les | 600 livres restantes correspondaient aux trousseau, habits de noces, meubles et ustensiles de ménage nécessaires & Fetablissement du jeune foyer. Les parents Bonneville dotérent quant 4 eux leur fils de | 500 livres, « tant en argent, meubles, ustensiles de son état et bijoux » (Arch. nat., Minutier central, XXII, 10). du troisiéme étage de la maison de maitre Disdier, rencontra vite des revers. Au début de l'année 1775, Frangois prit la poudre d’escampette tandis que sa jeune épouse, évidemment morfondue, tomba gravement malade l’espace de neuf mois. En 1776, il peignit le portrait d’un ancien officier supérieur posant prés de son épée et du drapeau de son régiment (ill. 2), ceuvre récemment mise au jour”. A la mort de Disdier, le 7 mars 1781, Bonneville se trouvait en Normandie, a Conches[- en-Ouche]. Averti par son pére, devenu entre-temps receveur des Fermes a la barriére de Chaillot”? — sur les Champs-Elysées, a la hauteur de la rue de Berri -, il se rendit 4 Paris pour défendre ses droits et assister & I'inventaire de son défunt beau-pere” A la fin de I’Ancien Régime, Frangois de Bonneville résidait 4 Coutances (...1787- 1790) oi il exergait ses talents artistiques. Subsiste de ce séjour une Notre-Dame-de- Guadalupe” (huile sur toile, 2,45 x 1,28 m), datant de 1789, sauvée de la destruction et aujourd’hui exposée, aprés restauration en 2002-2003, dans le transept nord de la cathédrale de Coutances. Léglise Notre-Dame de Granville conserve quant a elle deux tableaux (2,75 x 1,75 m), euvres propitiatoires pour une paroisse maritime, La Péche miraculeuse — « De Bonneville pinxit anno 1787 » —, inspirée de Jean Jouvenet (bas-cété nord) (ill. 3), et Saint Paul au milieu de la tempéte, signé de l’artiste sur le bordage du bateau portant l’apétre des gentils (bas-cété sud). Cette derniére toile montre un ange déployant un phylactére oft l'on peut lire : « Paul, Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi? » Tableau (81,2 x 64,5 em), mis en vente par M. Jean-Baptiste Champion, a Versailles (site wwwibelle. france.fr, consulté le 23 mars 2015), ® La prise de fonction de Jean-Taurin de Bonneville a la berriére de Chaillot dut dater de 179 (cautionnement du 28 avril 1779 signalé dans son inventaire aprés décés, voir infra note 33), 2! Arch. nat., ¥ 15084, 7 mars 1781, scellés Disdier, par Jean-Baptiste Ninnin, commissaire au Chatelet, et Y 5079 B, minutes du lieutenant civil, 20 mars 1781. Linventaire apres décés, dressé par M’ Jean-Baptiste Dutertre Je 31 mars 1781, fut précédé d'un acte de notoriété de Marguerite Disdier et de Frangois de Bonneville en date du 13 mars, signé notamment de Frangois-Louis Hébert (1735-1792) supérieur des Eudistes de Paris, futur confesseur de Louis XVI et victime aux Carmes des massacres de Septembre, béatifié en 1926 (Arch. nat., Minutier central, CVIII, 692). ® Nous n’avons pas trouvé trace de culte a la Vierge sous ce vocable dans l'ancien diocése de Coutances, culte par ailleurs bien connu par la diffusion de gravures relatant I’apparition mariale de 1531 & Mexico (Jean Fournte, Le culte populaire et l'iconographie des saints en Normandie, 2. La Sainte Vierge, 1, Repertoires, Société parisienne d'histoire et d’archéologie normandes, 1976, 274 p.) ® Jules Guirmev, Histoire et description de I'église de Notre-Dame de Granville (Manche), Plon, sd. [1879], p.4; Philippe oF CHENSEVIERES, « Eugéne Restout », Revue de art francais ancien et moderne, 6 année, n° 4, avril 1889, p. 116-117 ; Abbé Jean Canu, Pour visiter la Haute-Ville et I'église ND. de Granville, Granwille, E, Fatout, 1947, p. 18-19 ; Jacques Pouaneot et Michel DeLaLonoe, Trésors dart religiewes de U'Avranchin, numéro spécial de la revue Ant de Basse-Normandie, 1966, p. 17; Abbé Marcel LeLtcarp, « Eglise ND. de Granville », Annuaire des cing départements de la Normandie (congrés de Granville, 1988), 1989, p. 86. « La Péche miraculeuse » montte en particulier une femme assise portant Ja « c6née » (comée), coiffe dont on relevait les pans vers le haut, typique du lieu et de I’époque, comme a bien voulu nous le préciser M"* Arlette Legallais-Poidvin, spécialiste des coiffes normandes. Le second tableau, consacré a saint Paul, rappelle les péripéties de son voyage par mer de Césarée vers Rome avant son naufrage devant Malte. Lars de la tempéte, il éprouva Ja vision d’un ange |’assurant que Dieu accorderait vie & ceux qui naviguaient avec lui (Acies des Apdtres, XXVIL, 23-24). Cet épisode en fit un protecteur des marins en péril (Louis Réav, iconographie de Uart chrétien, 3, Iconographie des saints, Puf, 1959, p. 1037-1038). Ces tableaux ont fait objet d'une resiauration en 2002 & I. 3. Bonneville, La Péche miraculeuse (1787), Granville, église Notre-Dame (© Conseil départemental de la MancheCAOA. Cl. Agnés Archimbaud). A Coutances, Bonneville logeait-il a l’auberge du Petit Saint-Jean, rue Saint-Nicolas, ou se contentait-il d’y prendre ses repas ? Quoi qu’il en soit, il succomba de nouveau aux charmes de la fille de la maison, la jeune Marie-Anne Chouarbe, igée de 21 ans. De leurs amours illicites naquit Aimée-Adélaide, le 4 février 1789, baptisée le meme jour en I’église Saint-Nicolas*. Le 13 juillet suivant, notre artiste soumettait un projet 4 Louis-Marie Duhamel, lieutenant général de police 4 Coutances : « Le Slicujr de Bonneville, peintre, éléve de I’Académie royale de Paris, résidant pour affaires dans cette ville depuis viron deux ans, encouragé par le bon accueil par le public du fait de ses talents, a le désir de les rendre plus utiles en formant dans cette ville une école de dessein sous les auspices ct protection des magistrats. « Pour cet effet, il se propose d’enseigner tous les genres de desseins tels que la figure, Vornement, les fleurs, fruits, animaux et paisages, de suite la peinture tant a lhuile qu’a la guache pour la mignature et le pastel. « Et pour ne laisser rien désirer pour les citoyens de toutes les classes qui aussi accueilleront son projet, il se fait fort de pouvoir faire enseigner dans son atelier dés cet instant, ou par la suite, enfin lorsqu’il se présentera des sujets, les arts d’architecture, de la géométrie, mathématique, perspective, le trait, charpenterie, menuiserie, serrurerie, etc. « Le proposant recevra gratuitement dans son atelier deux sujets de chacune des paroisses de cette ville, agréés par MM. les magistrats. *Le nom du pére n’apparait pas dans Vacte de baptéme. Quoique séparé, Bonneville demeurait en effet I'époux de Marguerite Disdier: Quant & Marie-Anne Chouarbe, elle était née 4 Coutances, le I septembre 1766 (et baptisée le lendemain en I'église Saint-Nicolas), de Pierre Chouarbe (Bonnet [Meuse], 1724 - Coutances, 1776), « aubergiste a l'enseigne oti pend le petit Saint-Jean », et de son épouse Marie Jame (Saint-L6, v. 1742 - Coutances, 1792). Cuisinier de I’évéque Léonor Il de Matignon, Pierre Chouarbe avait précédemment épousé, le 30 décembre 1755 en ’église Seint-Nicolas, Frangoise Petit (Coutances, v. 1728-1730 - id., 1764), fille de feu Jean Petit, aubergiste du Petit Saint-Jean, et de Jeanne Hubert (arch. dép. Manche, 5 Mi 1547). Sur cette auberge, Christiane Daeaux, « L’hotellerie coutangaise sous I’Ancien Régime », Revue de la Manche, t. 36, fase. 141, janvier 1994, p. 26 ; Michel Lrcterc, « Voyageurs et aubergistes a Coutances au xtx* siécle », ibid, p. 35, 42 et 45. Une requéte judiciaire, annexée & l'inventaire apres décés de Marie Jame dressé le 29 septembre 1792, donne quelques précisions sur la famille Chouarbe (arch. dép. Manche, notariat de Coutances, 5 E 3062). Pierre Chouarbe, proprigtaire du Petit Saint-Jean, et Marie Jame avaient eu quatre enfants : Pierre (né le 4 juin 1765, enrolé en 1792 dans le deuxiéme bataillon des volontaires de la Manche), Marie-Anne (née le F* septembre 1766, compagne de Bonneville, représentée 2 linventaire par sa soeur Adélaide ci-aprés citée, par procuration souscrite le 10 septembre 1792 par-devant M° Brichard, notaire & Paris, rue Saint-André-des-Arts « vis- avvis la rue des Grands-Augustins », et légalisée par le juge de paix de la section des Quatre-Nations), ‘Adelaide (née le S novembre 1767, demeurant en 1792 & Paris prés de sa sceur, rue du Théatre-Frangais, ct présente a Coutances pour I'inventaire), et Victoire (née le 26 mai 1774, mineure en 1792, demeurant 4 Coutances avec sa mére). Adélaide et Victoire signérent le contrat de mariage de leur frére Pierre avec Frangoise-Marie Lalonde, le 19 vendémiaire an V (arch. dép. Manche, notariat de Coutances, 5 E 2760), Victoire demeurait en 1817 & Paris, 29 rue des Filles-Dieu [auj. rue d’ Alexandrie, comme le montre une procuration qu'elle souscrivit le 8 octobre 1817 devant M° Jean-Jacques Colin, notaire 4 Paris, en vue d'un acte de transport de rente avec son fiére Pierre en date du 14 novembre de la méme année (arch. dép. Manche, notariat de Coutances, 5 E 2806). Victoire, ouvrigre a Paris, demeurant rue de I’Arbre-Sec, eut une fille hors mariage, Frangoise-Victoire, né & Paris le 13 septembre 181, baptisée le lendemain (Paris, arch. par. Saint-Germain-I'Auxerrois). A la mort de Pierre Chouarbe pére, Marie Jame et son fils Pierre ‘irent valoir ’auberge jusqu’a ce que ce demier la loue, début 1792, a un nommé Guillemette, Maric Jame, Pierre et Vietoire allérent alors loger rue Saint-Nicolas en une chambre et cabinet baillés par le cordonnier Durel. Le Pett Saint-Jean fut vendu le 21 floréal an III par Pierre Chouarbe a Frangois-Vietor Chiles dit Dafiesne (arch. dép. Manche, notariat de Coutances, 5 E 3068). 10 « Son école sera ouverte trois fois par semaine et chaque séance sera de deux heures le ‘matin et deux heures I’aprés midy, dont le prix pour chaque éléve sera fixé & six livres par mois pour quatre heures par jour et de trois pour deux heures par jour. « Lexposant a I’honneur de vous supplier, Monsieur, de vouloir bien donner votre sanction a cet établissement, de l’agrément de M. le procureur du Roy. »» Louant le zéle de Bonneyille et encourageant son projet, Duhamel, le 15 juillet suivant, lui permit d’ouvrir son établissement les mardi, jeudi et samedi, et proposa de décerner annuellement un prix aux trois éléves les plus méritants. Bonneville était toutefois tenu d’établir son école dans un « emplacement convenable » et d’instruire le magistrat quant & sa « tenue et administration, ainsi que des troubles qui pourraient y arriver ». Il autorisa enfin 4 apposer sur la porte d’entrée la mention « Ecolle publique de dessein [sic ». Evoluant dés sa jeunesse dans un milicu magonnisé — son protecteur, Charles- Godefroy de La Tour d’Auvergne, duc de Bouillon, était grand maitre du « Grand Orient de Bouillon* » —, Francois de Bonneville s’affilia fin 1788 a la loge coutangaise Les Ceurs sans fard, nouvellement créée et dirigée par Charles-Bernardin Brohier de Littiniére (1732-1795), ancien président en I’élection de Carentan*’. Bonneville était titulaire du cinquiéme grade (« Ecossais ») en cet atelier doté de constitutions le 27 mai 1789 par le Grand Orient de France’, Parmi ses membres se trouvait le jeune Joseph-Denis Doche (Paris, 1766 - Soissons, 1825), organiste et maitre de chapelle de la cathédrale, futur ordonnateur des pompes révolutionnaires coutangaises. Gendre du conventionnel manchois Regnault-Bretel, il fut par la suite compositeur, chef d’orchestre du Vaudeville 4 Paris et beau-pére de M™* Eugénie Doche, comédienne créatrice, en 1852, de La Dame aux camélias”. Lannée 1789 suscita le bouleversement en sa vie d’artiste provincial. A Coutances, Bonneville prit une part active aux événements, offrit un drapeau figurant « le despotisme écrasé sous les ruines de la Bastille par le génie victorieusement influant de la France », participa 4 la fondation locale de la société des amis de la Constitution ‘Arch. mun, Coutances, 1 1 19 (ancienne cote : 119/1, Les archives de {a ville de Coutances ont fait objet récemment d'une nouvelle catation, conforme au cadre officiel de classement), « Registre destiné a inscrire les noms des personnes exergant des professions libres (1785-1789) », fol. 18-19. * Gustave Boro, La Franc-magonnerie en France des origines @ 1815, Nouvelle Librairie nationale, t. | (seul paru), 1908, p. 236-239. * Sur ce personnage, Yves Neneirc, « Famille Brohyer de Littiniére. Esquisse généalogique provisoire », Société d'archéologie et d'histoire de la Manche, Mélanges, 2° série, 1973, p. 75-77. Voir également son inventaire aprés decés (arch. dép. Manche, notariat de Coutances, 5 E2995, 5 ventose an III), Brohier avait appartenu & la loge SaintsJean de la Vertu, présente a Lessay en 1773 et présidée par son fondateur, Frangois Le Boucher de Lenoncourt, signataire en 1761 de la patente Morin, a Vorigine du rite écossais ancien et accepté (Hugues Pcaineux, « Une loge magonnique pour la noblesse d°épée : [’Union Miliaaire de Valognes (1786-1789) », Les Normands et I'Armée, actes du 30* congrés des Socistés histariques et archéologiques de Normandie, Revue de la Manche, t. 38, fasc. 150-151, avril-juil. 1996, p. 223). Nous avons donné dans cette méme revue la liste des membres, en 1788, de la loge les Caeurs sans fard de Coutances (t. 42, avril-juil, 2000, fase. 166-167, p. 38, n. 24) 2» BnF, ms, FM? 219 (loge de Coutances). Nous ignorons en quelle loge avait été initié Frangois de Bonneville, peut-étre en l'un de ces multiples petits ateliers relevant alors de la Grande Loge de France et non reconnus par le Grand Orient aprés sa fondation en 1773. * Dictionnaire de biographie frangaise, t. 11, 1967, col. 413. u et devint officier de la garde nationale”. A Paris, les parents Bonneville accueillirent la Révolution avec beaucoup moins d’empressement. Lors de l’assaut des portes de Venceinte des Fermiers genéraux le 13 juillet, leur logement de fonction, a la barriére de Neuilly"!, fut pillé et incendié, et ils durent prendre la fuite’’, Traumatis¢s par ce dramatique épisode et sollicitant en vain une hypothétique indemnisation, ils ne lui survécurent que peu de temps. Jean-Taurin mourut le 28 septembre 1789 et son épouse, Marie-Anne Durand, s‘éteignit le 23 octobre suivant™, Le 26 décembre 1789, la loge coutangaise profita d'un voyage a Paris de Frangois de Bonneville pour le charger de remettre au Grand Orient, rue du Pot-de-Fer (actuelle rue Bonaparte), la somme de 24 livres représentant son « don gratuit » de l’année, et également pour obtenir la délivrance de certificats destinés a huit de ses membres*. A Coutances, des dissensions s’étaient révélées dans la garde nationale entre officiers nobles, qui persistaient a vouloir porter l’uniforme du régiment ot ils avaient antérieurement servi, et officiers roturiers a l’uniforme tricolore. Le dimanche 30 mai 1790, le caporal Henry-Duclos fut arrété comme porteur d'une affiche faisant état d'un décret, évidemment faux, oti les gardes nationaux étaient invités 4 donner une contribution libre pour fournir en uniformes I’état-major. Interrogé, Henry passa aux aveux. Les instigateurs de I’affaire étaient trois membres de la garde nationale coutangaise : Bonneville, porte-drapeau, le priseur-vendeur Duboscq, volontaire, et surtout le procureur Guillot, officier, qui s’était fait auparavant remarquer comme auteur de lettres 4 la garde, notamment le 24 mai, ou il faisait déja état d'un faux décret de I’ Assemblée tendant a taxer les citoyens n’ayant pas acquitté de contribution. Bonneville, arrété, confirma les dires d’Henry. Le 8 juin, il fut défendu a Guillot de porter l’uniforme d’officier. Face aux réactions de la garde et de la population, Guillot et Duboscg, craignant d’étre pris & partie, se réfugiérent quelque temps a Paris d’ot ils firent imprimer une adresse justificative aux Coutangais™. ® Argus ou Journal du département de la Manche, n° 9, 16 juillet 1790, p. 10 (Hugues PLaweux, « L'Argus », premier joumnal du département de la Manche (Coutances, juin-juillet 1790), précédé dune notice sur son rédactew; Pierre-Charles-Francois Mithois (1760: 1800), . 42, fasc. 166-167, avril-juillet 2000, p. 128) ; Arch. nat.,F” 4608, Comité révolutionnaire de la section de Marat, interrogatoire du 8 nivése an Il *' Alias barriére des Champs-Elysées, ou barriére de I’Etoile, Située entre les actuelles rues de Tilsitt et de Presbourg, plus haut sur les Champs que la barriére de Chaillot a laquelle elle s"était substituée et oii Jean- Taurin de Bonneville avait antérieurement exercé, cette construction de 1788, due & Ledoux, comportat deux pavillons carrés ornés de vingt colonnes colossales, d'une corniche, de quatre frontons et d’un couronnement circulaire. Elle fut démolie en 1860 lors de l'extension de Paris » Sur ces événements, Victor De Cuenca, « Lincendie des barriéres de Paris en 1789 et le procés des incendiaires », Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de |'lle-de-France, t. 65 (1938), 1939, p. 31- 48 ; Momeilo Maxxovic, « La Révolution aux barriéres : l’incendie des barriéres de l'octroi & Paris en juillet 1789 », Annales historiques de la Revolution francaise, n° 372, avrl-juin 2013, p. 27-48. ® Arch, nat., Minutier central, LXXII, 1106, 29 octobre 1789 : inventaire aprés décés de Jean-Taurin de Bonneville et de son épouse en une chambre au deuxiéme étage d’une maison située rue Saint-Louis-en- Vile, « dont le sieur Mullot, tonnelier, est principal locataire ». Lacte de liquidation et partage, en date du 24 aoiit 1790, précisait que leurs trois enfants n’avaient alors recueilli des fermiers généraux que la somme globale de dix louis de gratification, tant pour lindemnisation de leurs biens détruits que pour le remboursement du cautionnement de 1 000 livres versé en 1779 pour l'emploi de receveur des Fermes a la barriére de Chaillot (Minutier central, LXXII, 1109). * Voir supra note 28. * Argus, n° 9, [6 juillet 1790, p. 8-16 ; Hugues PLaiveux, op. cit, 2000, p. 43-45, 126-134. 2 Auteur de portraits de La Fayette et de Nicolas Frémin de Beaumont, maire de Coutances et procureur général syndic du département de la Manche, Bonneville avait également peint un Louis XVI qu’il entreprit d’ offrir au président et aux 665 membres de |’assemblée réunis en la cathédrale de Coutances, le 22 juin 1790, pour procéder 4 I’élection des administrateurs du département, II l’avait fait déposer dans |’ une des chapelles. Des le 17 juin, il avait écrit aux éleves du colleg « Messieurs, «Comme maitre d’une école publique de peinture, j'ai dessein de présenter 4 MM. les électeurs un portrait dont original est si cher aux Frangais, c’est Louis Seize restaurateur de la Liberté. J'ai, Messieurs, invité les volontaires de cette ville & escorter ce portrait dont original nous est si propice, je vous invite aussi, Messicurs, & vouloir bien vous joindre aux volontaires de cette ville pour célébrer cette féte et pour former une union durable et permanente entre vous et les bourgeois de cette ville. « Jai honneur d’étre, en attendant votre réponse, Messieurs, votre tres humble et tres obéissant serviteur. « De Bomneville®* » Le erédit de Bonneville étant déja largement entamé par I’affaire de la garde nationale, dont il connut humiliation d’étre finalement exclu, le public ne se forca guére pour trouver le portrait de Louis XVI peu ressemblant, voire pour estimer « qu’il sortait d'une main impure ». Exaspéré si l’on en croit I’ Argus, le peintre réagit au beau milieu des opérations électorales : « Ce matin, Vimpatience s'est saisie du cerveau du peintre : trop pressé de recueillir Vhonneur de son ingénicux talent, son imprudente vivacité et sans doute aussi quelqu autre motif, le lui a fait perdre en un instant. II s'est présenté deux fois au bureau de M. le Président ; la premiére pendant qu’on prenait les voix, la seconde tandis gu’on les compiait. M. le Président I’a prig de ne point interrompre les opérations de I’ Assemblée, et d'attendre quelques instants. M. Bonneville alors s*est rangé paisiblement et comme sous les ailes de M. Lemonnyer: » Frangois de Bonneville quitta peu aprés Coutances od, selon ses dires ultérieurs en Van II, il avait été « persécuté par les aristocrates » ; il gagna Paris ou il rejoignit son cousin Nicolas. * Arch, mun, Coutances, 2 I 5 (ancienne cote 149/2), « affaires de Bonneville, Guillot, Duval ete. (Comité des rapports de I’ Assemblée nationale) (1790) ». * Argus, n° 7, 2 juillet 1790, p. 8. Sur Pierte-Philippe Lemonnier, procureur de la commune de Coutances, Hugues PLAIDEUX, op. cit., 2000, p. 41, n. 39 13 A Paris avec Nicolas de Bonneville Quels étaient les antécédents du cousin Nicolas*, qui se disait petit-neveu de Racine” ? Né a Evreux et baptisé en I’église Saint-Nicolas le 13 mars 1760, cet ami du futur conventionnel Buzot, né douze jours avant lui en la méme paroisse, n’ avait pas connu sa mére, décédée peu apres sa naissance. Lun comme I’autre étaient fils de procureurs au siége d’Evreux“’. A l’instar de son cousin Frangois, Nicolas avait aussi quitté sa Normandie pour Paris, mais 4 "issue du collége, a la suite d’une dispute 4 propos de Jean-Jacques Rousseau, son maitre 4 penser et le dieu de sa jeunesse. Aprés une formation juridique’, il s’était spécialisé depuis 1782 dans ® Philippe Le Harivet, Nicolas de Bonneville, préromantique et révolutionnaire (1760-1828), Strasbourg, Istra, 1923, 197 p. ; Susanne Kisiseer, Nicolas de Bonneville. Studien zur ideengeschichtlichen und literaturtheoretischen Position eines Schrifistellers der Franzésischen Revolution, Heidelberg, Carl Winter, 1981, 361 p. ; Dictionnaire des lettres frangaises. Le xvur sicle, Fayard, 2 éd., 1995, p. 210-211, Voir surtout Robert Sayre et Michael Lowy, « Utopie romantique et Révolution frangaise », L’Homme et ta société, n° 94, 4° trim, 1989, p. 74-76 ; Raymonde Monwier, L’espace public démocratique essai sur I opinion @ Paris de la Révolution au Directoire, Kimé, 1994, p. 69-82 ; Id., « Un médiateur philosophe, Nicolas de Bonneville », Chroniques allemandes, n° 3, 1994, p. 133-151; Id., « Nicolas de Bonneville, tribun du peuple », Langages de la Révolution (1770-1815), Actes du 4° Colloque international de lexicologie politique, Klincksieck, 1995, p, 383-396 ; Id., « Nicolas de Bonneville, révolutionnaire cosmopolite », L'identité culturelle, laboratoire de la conscience européenne, Les Belles-Lettres, 1995, p. 83-04 ; Patrick Brasarr, « Bonneville et le Cercle social, ou le bizarre en Revolution », Littérature, nf 169, 2013/1, p. 67-86 ; Charles Porser et Cécile Revavcer, Le Monde magonnique des Lumicres (Europe, Amériques et Colonies). Dictionnaire prosopographique, Honoré Champion, t. 1, 2013, p. 461- 172 ; Henri Sravan, « Bonneville », dans Jean Scako (dit.), Dictionnaire des journalistes (1600-1789), (en ligne : http:/dictionnaire-ournalistes gazettes 8¢. fr’ journaliste/090-nicolas-le-bonneville). Ajoutons que ce révolutionnaire et anticlérical résolu fit baptiser son fils Nicolas (Paris, 1793 - Evreux, 1807) le 10 décembre 1803 Evreux (areh. dép. Eure, 6 J non coté, « Notes sur Nicolas de Bonneville »), et qu’il épousa religieusement & Paris, le 2 décembre 1815, sa compagne dont il avait eu trois enfants, Marguerite Brazier. Ses témoins étaient Antoine-Joseph, comte de Barruel-Beauvert (1756-1817), publiciste royaliste qu'il avait libéralement hébergé aprés le coup d’état du 18 Fructidor, et son cousin germain Francois de Bonneville (arch. par. Saint-Germain-des-Prés). Il mourut dans la misére a Paris en son domicile du 14 rue des Grés-Saint-Jacques (rue Cujas) le 9 novembre 1828. C’est ainsi qu'il signe dans son périodique Le View Tribun du Peuple, 1789, 5 éd. 1795, p. 31 et 79. Voir aussi L'année MDCCLXXXIX, ou les Tribuns dut peuple, Le Cercle social, sd. (1789), p. 1X, n. 2, et p. Xil,n. 1; «Cercle social, lettre premigre aux amis de la Liberté », La Bouche de fer, 1790, n° 1, p.7. Son oncle maternel, Nicolas-Antoine Belin, greffier en chef au siége des eaux ct foréts de la Table de marbre du parlement de Rouen, avait épousé, le 18 janvier 1757 4 Rouen (paroisse Saint-Eloi), Marie-Anne-Catherine Racine de Bocherville, issue dune famille de graveurs de la Monnaie de Rouen, famille parfaitement distincte de celle de V'llustre Jean Racine (arch. dép. Seine-Maritime, 4 E 2018). Jean Racine quant i lui n’eut qu une soeur, Marie, qui épousa, le 30 juin 1676 a La Ferté-Milon (paroisse Saint-Waast), le médecin Antoine Riviére (arch. dép. Aisne, 5 Mi 1209), d’ou deux filles, Marie-Antoinette, vraisemblablement ‘morte en bas Age, et Marie-Catherine, épouse de Charles Delagroue, dont la descendance est connue. Nous n’avons pas trouvé mention de cette prétendue parenté dans Arnaud Cuartanwox, Jean Racine et sa descendance, « Les Seize », éd, du Palais-Royal, 1964, Voir également |'Tntermédiaire des chercheurs et curiewx, 1996, col. 623, 1092 et 1302-1303. I! n’est pas de doute que Bonneville, qui alla jusqu’a signer Moise dans le méme Vicux Tribun, se recommandait I'égard de Racine d'une parenté plutst symbolique.... “ Arch, dép. Eure, 8 Mi 1585. + En 1787, il se ditavocat au Parlement de Paris en page de titre d'une lettre imprimée, destinée a Condoreet (Londres, Robinson, 79 p. ; BaF, G-20263). Son passeport délivré le 4 brumaire an XIV (26 octobre 1805) 4 Evreux le signale comme ancien avocat au Parlement de Paris (arch. dép. Eure, 6 J non coté, « Notes sur Nicolas de Bonneville »). Il apparait également avec Ie titre d’ ancien avocat lors de l'inventaire aprés décés de son pére (arch. dép. Eure, notariat d’Evreux, 4 E 16/18, 12 juin 1812). Son nom n'est toutefois pas cité dans les différentes éditions de I’Almanach royal de la fin de Ancien Régime, pas plus que par Michael P-Firzsiwwons (The Parisian Order of Barristers...op. city 1987, p. 216). 14 la traduction du thédtre allemand, en collaboration avec Friedel. Vannée 1786 le vit en Angleterre of il commenga de traduire I*Histoire de 1’Europe moderne de William Russell. Il fut regu franc-magon cette méme année par la Pilgrim Lodge de Londres*. Sa connaissance de la langue allemande facilita sa conversion 4 une magonnerie « prérévolutionnaire », proche des Tlluminés, peut-étre davantage par la fréquentation des nombreux Allemands de cet atelier londonien que par une trés conjecturale rencontre avec Johann Bode a Paris en 1787". En France, il fut affilié avant 1795, et probablement dés 1788, 4 La Réunion des Etrangers“, loge parisienne a laquelle son ouvrage polémique publié cette année-1a, Les Jésuites chassés de la magonnerie et leur poignard détruit par les magons**, était « trés fraternellement dédié » en page de garde. Il appartiendra en 1796 a la loge Le Centre des Amis* Frangois Bonneville — la particule a disparu — semble assez vite loger au quatriéme étage, sur facade, de l'immeuble du 4 ruc du Théatre-Francais (aujourd’hui 10 rue de l’Odéon*’) dont le rez-de-chaussée abritait l'imprimerie du cousin Nicolas, dans un quartier ot demeuraient des personnes promises 4 une certaine célébrité, qu’elles s'appellent Marat, Desmoulins, Danton, Fabre d’Eglantine, Billaud- Varenne, Fréron, Legendre, Manuel, Marie-Joseph Chénier, Momoro, Brune ou le cordonnier Simon. Lorsque Frangois le rejoignit en la capitale a l’automne 1790, Nicolas, électeur de Paris, avait été l'un des premiers promoteurs de la Garde nationale, qu’il avait appelée de ses voeux des le 25 juin 1789. Rédacteur du journal Le Tribun du Peuple, actif lors des événements du 12 au 14 juillet, il figurait le 18 septembre parmi les trois cents membres de I’assemblée chargés de donner une constitution a la Municipalité. * Nieter O'Leany, The History of two hundred years of Pilgrim Lodge n° 238, Hillingdon, Woodcroft Press, 1978, non paginé (BaF, FM Imp. 2237), © Bnk; fichier Bossu. Cette hypothése émise par Jean Bossu s’ oppose a celle de ’abbé Barruel (Bonneville, membre associé de la loge les Amis Réunis, rencontrant Bode Paris), reprise par Claus Wexwer, « Le voyage de Bode 4 Paris en 1787 et le ‘complot magonnique’ », Annales historiques de la Révolution frangaise, n° 253, juil-sept. 1986, p. 445. Voir également René Le Forestier, Les Mluminés de Baviere et la franc-magonnerie allemande, Hachette, 1914, p. 669, 681-690 ; Charles Poser, Hiram Sans-Culotte ? Frane-magonnerie, Lumiéres et Revolution : trente années d'études et de recherches, Honoré Champion, 1998, p. 301-302. “ Sur Bonneville et cette loge, Pierre-Yves BraReoure, « Le cosmopolitisme a I’épreuve des Lumieres : La Réunion des Etrangers & Y'Orient de Paris de la fin de I'Ancien Régime au Premier Empire », Reve historique, t. 300, n° 608, oct.-dée. 1998, p, 807-815. “Cet ouvrage reprenait la thise, développée par Bode et évidemment controuvée, de l'influence des _jesuites sur les hauts grades de la magonnerie qui s’étaient multipliés sous I’ Ancien Régime. % alain Le Ban, Francs-macons parisiens du Grand Orient de France (fin du xvur siécle), Commission d'Histoire économique et sociale de la Revolution francaise, Mémoires et documents XIX, Bibliothéque nationale, 1966, p. 84. © Arch, Paris, D.23 24, Collection Masson (archives topographiques), vol. 4, p. 49. C’est Pactuelle adresse de la librairie Guénégaud, du « 10 Bar » (bar sangria), et de écrivain Régis Debray, de I'académie Goncourt. Aimé Césaite y demeura avant 1950, Une plague apposée en facade y rappelle le séjour de 1797 41802 de Thomas Paine, alors hdte de Nicolas Bonneville. 15 En octobre 1790 il créa, avec I'abbé Claude Fauchet*, le Cercle social, club inspiration magonnique” non dénué d’ambitions intellectuelles qui se réunissait au Cirque du Palais-Royal et qui aspirait 4 former, avec l'ensemble des abonnés du journal La Bouche de fer, la « Confédération universelle des Amis de la Vérité »*! Marx et Engels reconnaitront assez curieusement cette structure originale comme précurseur du communisme®. Les presses du Cercle social publiérent de nombreux ouvrages®, et surtout des journaux, essentiellement rédigés par Nicolas Bonneville: La Bouche de fer (janvier 1790-juillet 1791), le Bulletin des Amis de la Vérité (décembre 1792-avril 1793), La Chronique du Mois (novembre 1791-juillet 1793), et Le Vieux Tribun du peuple (an V1), titres auxquels il convient d’ajouter des journaux relevant d’autres plumes : Les Révolutions de France et de Brabant de Camille Desmoulins lors de I’été 1791, le Journal d’Agriculture @ l’usage des habitans de la campagne (avril 1791-mars 1792) d’Henri-Alexandre Tessier et de Louis Reynier, La Feuille villageoise (de juillet 1790 a thermidor an IV) de Grouvelle et Ginguené, La Sentinelle (mai-novembre 1792) de Louvet, subventionnée par Roland lors de son passage au ministére de I'Intérieur, |’Almanach républicain (1793) de Sylvain Maréchal, le Bulletin des Marseillais (1792) de Barbaroux, et le Journal d histoire naturelle (1792) de Lamarck. * Guillaume-Stanislas TrepuTieN, Notes sur Claude Fauchet, Caen, A. Hardel, 1842, 52 p.; Jules CHaRRIER, Claude Fauchet, évéque constinuionne! du Calvados, député & Assemble legislative et d la Convention (1744-1793), Honoré Champion, 1909, . 1, XV-397 p.. ett. 2,373 p. ; Marcel Doriaxy, « Claude Fauchet », dans Albert Sovot (dit.), Dictionnaire... op. cit, p. 436-437. Claude Fauchet aurait appartenu & la loge ‘Thémis de Caen (Pierre Lawazoct, « Opinion d’un membre du Grand Orient sur le conventionnel Fauchet ‘en 1859 », Bulletin intérieur de la commission d histoire du Grand Orient de France, n° 8, 1973, p. 18-21). Sur le Cerele social, Bucut2 et Roux, Histoire parlementaire de la Révolution francaise, Paulin, t. 7, 1834, p.447-467 ; t. 8, 1834, p. XILI-XV ; Sigismond Lackorx, Actes de la Commune de Paris pendant la Revolution, L, Cerf et Charles Noblet, I" série, t. 7, p. 361-638 ; Gary Karts, The Cercle social, The Girondins and the French Revolution, Princeton University Press, 1985, 325 p. ; Raymonde Monier, L'espace public..., op. cit, p, 63-82 ; Pierre-Yves BeavrErare, L’Autre et le Frore. L'Biranger et la frunc-magonnerie en France au AVF siécle, Honoré Chi ion, 1998, p. 651-667. Voir également deux contributions de Marcel Doriany : « Le Cercle social, ou es Scrivains au cirque >, dans Jean-Claude Bowser (dir), La Carmagnole des Muses, Armand Colin, 1988, p. 49-66 ; « Cercle social », dans Albert Sonout. (dir), Dictionnaire... op. cit, p. 196-198. © « Yous renouvelez en grand certe antique association de nos péres > lui écrivait, sous le titre « Réflexions d'un ancien Franc », Jacques-Pierre Varin, cofondateur et vénérable de la loge la Fidéle Magonne de Cherbourg, et président de son chapitre (BnF, ms. FM 213 et 300), alors teésorier de la société des amis de la Constitution de Valognes (La Bouche de fer, n° 16, novembre 1790, p. 250). Voir également Marcel Doricxy, « Le Cerele social et la franc-magonnerie », dans Charles Pouser (dir.), Saudia Latomorum et Historica, Mélanges offerts Daniel Ligou, Honoré Champion, 1998, p. 101-108. | Programme du Cercle social pour la Confédération universelle des Amis de la Verité (année 1791), impr. du Cercle social, 4 p..p. 2. ® Friedrich Enctis et Karl Marx, Die Heilige Familie, Frankfurt, J. Riten, 1845, p. 186. Voir la critique de cette idée dans R. B. Ros, « Socialism and the French Revolution : the Cercle social and the Enragés », Bulletin of the John Rylands Library, 1.41, n° 1, sept. 1958, p. 139-166. * Voir son catalogue : Imprimerie, Librairie, Correspondances, Nouveautés, Catalogue, Paris, Au bureau du Cerele social, rue du Théétre-Frangois n° 4, s.d, (fevrier 1792, La mort d'Athanase Auger, survenue le 7 fevrier 1792, est signalée p. 15, lors de la mise sous presse), 16 p. [BnF, MFICHE 8-Q1O(A)]. Parmi 37 titres, on reléve notamment les @uvres de Brissot, « le patriote sans peur et sans reproche », celles @’Athanase Auger, Louis-Sébastien Mercier, Creuzé-Latouche, Lanthenas, Claviére, Lavicomterie (originaire de Torigni-sur-Vire) et, bien sir, Nicolas Bonneville, Voir également un autre catalogue Imprimerie et Librairie du Cercle social, 8.4. (1795 ou 1796), 40 p. (Bn, id.). Maurice Tourntux, Bibliographie de l'histoire de Paris pendant la Révolution frangaise,t.2, Imprimerie nouvelle, 1894, passim, et Gary Karts, op. cit, passim. 16 Il, 4, Bonneville, Labbé Athanase Auger (1792), musée Carnavalet (photo Roger-Viollet) Dans l’effervescence qui agitait I’ officine de la rue du Théatre-Frangais, Frangois reprit ses crayons et pinceaux. II fixa pour la postérité les traits de maints députés et autres gloires du moment, en des portraits gravés et tirés en estampes qui se débitaient avec facilité. Tl conclut notamment marché avec Louis Reynier®, directeur de l’imprimerie du Cercle social, afin de lui fournir mensuellement un portrait pour La Chronique du mois. Dans sa séance du lundi 22 novembre 1791, sous la présidence de Couthon, un membre du comité de correspondance du club des Jacobins fit hommage du portrait de Claude Fauchet peint par Bonneville, « parent d’un membre de la Société». Il demanda que ce portrait fit suspendu dans la salle des séances, souhait qui ne fut pas agréé**. 5 Jean-Louis-Frangois-Antoine Reynier (Lausanne, 1762-1814), botaniste, participa parla suite a expédition xypte (Dictionnaire historique de la Suisse [en ligne] ; Bruno BevHoste, Paris savant : parcours et rencontres au temps des Lumigres, Armand Colin, 201 1, p.249). I dirigeait alors 'imprimerie du Cercle social avec son jeune frere Jean-Louis-Ebenezer Reynier (Lausanne, 1771 - Paris, 1814), volontaire national début septembre 1792 dans la section du Théatre-Frangais, puis général de la Révolution et de l’Empire (Mercure universel, 1 septembre 1792, p. 168 ; Charles-Louis Cuasswv et Léon Hewner, Les volontaires nationaue pendant fa Révolution, Quantin, t. 1, 1899, p. 647 ; Georges Six, Dictionnaire biographique des géndraux et

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