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Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES LE DROIT Le droit est omniprésent dans nos activités quotidiennes. Il est formé des régles et des normes qu'une société organisée se donne pour régir les activités des citoyens qui la composent D’oit vient Je droit ? Depuis la nuit des temps, soit a partir du moment ot les humains ont décidé de se regrouper et de vivre en societs, ils ont établi des normes et des régles de conduite pour régir leurs relations. Pendant longtemps, ces régles et ces normes n’étaient pas écrites et se transmettaient de bouche a oreille, de génération en génération, entre les membres du clan, de 1a tribu ou de la communauté. La premiére codification connue des lois criminelles et commerciales est le Code de Hammourabi. Ila été rédigé, au XVIIle siécle avant Jésus-Christ, par Hammourabi, alors roi de Babylone. Par la suite, les Romains ont rédigé le Loi des Douze Tables, en Ian 303, codifiant ainsi les diverses coutumes de I’Empire romain en s’inspirant des lois greeqnes, Puis, en I’an 529, l'empereut Justinien (qui est l’origine du mot « justice ») procéda & la réforme de toutes les lois en écrivant le Code Justinien ou Codex Justinianeus, qui a servi de modéle pour tous les autres codes jusqu’a maintenant. Qu’est-ce que le droit ? C’est souvent la premiére question qu’un professeur de droit pose 4 ses étudiants d’entrée de jeu. Qu’est-ce que la loi ? Faites-vous une distinction entre la loi et le droit ? Pourquoi les lois, sont-elles différentes d°un pays a un autre ? Pourquoi a-t-on besoin de lois dans une société ? Ne serions-nous pas mieux sans lois ? Pourquoi certains pays considérent-ils I’avortement comme un crime, alors que d’autres le permettent ? Pourquoi la peine de mort constitue-t-elle un chatiment accepté par certains pays et refusé par d’autres ? Pourquoi, dans certains pays, a- t-on le droit de punir le vol en coupant la main du voleur ? Les réponses ne sont pas nécessairement faciles ni évidentes, car le droit et la loi n’ont pas toujours la méme signification selon les pays et les individus. Pour un dictateur ou pour un roi, la loi, le droit, c’est lui. Dans un régime démocratique, c*est I"Etat, le parlement élu par les citoyens, qui détermine les lois et qui voit & leur application. Dans d’autres pays, les liens entre la religion et la loi sont trés étroits. ‘Au sens objectif, le mot droit désigne ensemble des régles et des normes établies par ’autorité en place pour régir les relations entre les individus dans la société. ‘Au sens subjectif, il désigne la faculté que posséde tout individu ou citoyen de faire ou de ne pas faire tel ou tel acte, Ainsi, dans le langage courant on dira : « Iai le droit de sous-louer mon. appartement », « F'ai le droit de vendre ma maison », « Jai le droit de poursuivre le débiteur qui ne paie pas ce qu’il me doit ». Certains gouvernements vont méme jusqu’a adopter des chartes des droits et libertés fondamentales pour protéger les citoyens. Dans un Etat démocratique, le droit s‘exprime par les lois, les normes et les réglements promulgués par le gouvernement, et ce, sur les plans civil, constitutionnel, social et pénal. Ainsi, le Code pénal établit les régles de conduite des citoyens en cette matiére (défense de tuer son voisin, de le voler, etc.), alors que le droit des obligations et contrats établit les régles régissant les relations entre les citoyens, dans leur vie de tous les jours et sur le plan commercial, par exemple. Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES A quoi sert le droit D’une fagon générale, le droit vise & assurer I’équilibre essentiel au déroulement harmonieux des relations entre les individus d'une collectivité donnée et empéche que la loi du plus fort ne Vemporte, C’est ce qui caractérise les sociétés dites « civilisées ». Définition du droit ; Le Droit, est l'ensemble des dispositions interprétatives ou directives qui a un moment et dans. ‘un Etat détermings, réglent le statut des personnes et des biens, ainsi que les rapports que les personnes publiques ou privées entretiennent. Définition de la loi : Au sens large, une "Loi" est une disposition normative et abstraite posant une régle juridique application obligatoire. I. —_Larégle de droit : 1. Définition de la régle de droit : La régle de droit est une régle de conduite qui régit les rapports entre les personnes. Toutefois, la vie en société est encadrée également par d'autres régles qui ne sont pas juridiques ou ne sont pas considérées comme telles mais qui ont une vocation a régir les rapports entre les individus. II s'agit principalement de la régle morale et Ia régle religieuse. Cependant, la régle de droit s’en distingue aussi bien par sa finalité que par ses caractéres spécifiques. 2. La finalité de la régle de droit La régle de droit a pour objet organiser la société et les relations qui s'établissent entre les personnes qui la composent, Pour atteindre cette finalité sociale, la régle de droit va parfois contredire des régles morales ou religieuses. i. larégle de droit et la régle morale : Le Droit et la Morale tendent vers des finalités qui s'opposent. La régle morale se préoccupe des devoirs de homme a l'égard des autres hommes et de lui-méme et a pour but le perfectionnement de la personne et 'panouissement de la conscience tandis que le Droit vise avant tout a faire respecter un certain ordre collectif. La régle de droit et la régle religieuse = La régle religieuse, d'essence divine, se démarque par rapport 4 la régle de droit qui est une couvre humaine. Par suite, la différence entre les deux, tient essentiellement au but poursuivi tandis que la régle religieuse organise principalement les rapports de l'homme avec Dieu et veille au salut éternel de I'Ame de létre humain dans l'au-dela, la régle de droit se préoceupe plus modestement d’assurer l'ordre social dans ce monde. 3. Les earactéristiques de la régle de droit : La régle de droit présente a la fois des caractéres généranx et un caractére spécifique qui la distingue des régles morales et religieuses. Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES i, Larégle de droit est générale et abstraite : Générale c'est a dire qu’ elle s'applique, sans distinction, 4 toutes les personnes (Le Droit pénal) ou A une catégorie spécifique de personnes (le droit commercial s’applique aux commercants) et non a une personne nommément désignée. En effet, la régle de droit est toujours formulée de manigre générale et impersonnelle, Abstraite c'est-A-dire elle vise une situation spécifique définie abstraitement. Elle ne vise pas les personnes mais les situations dans lesquelles elles se trouvent. ii, La régle de droit est obligatoire et coercitive ‘Nul ne peut déroger a la régle de droit dés lors qu’il entre dans son champ dapplication. Parce quiil est censé la connaitre, (le citoyen ne peut justifier une entorse a la loi par sa mécomnaissance de la régle), Le caractére coercitif de la régle de droit comporte une sanction d’autorité publique car : nul ne peut faire justice a soi-méme autrement dit toute personne est en droit d’exiger l’exécution de son droit au besoin, en recouvrant a la justice IIL. Les diverses sanctions : Linobservation de la régle de droit expose son auteur a une sanction qui peut étre civile, pénale ou administrative. 1. Les sanctions civiles : On distingue plusieurs sanetions civiles qui peuvent parfois se cumuler i, Lanullité de lacte : Lorsqu’un acte juridique (contrat) a &@ conclu sans respecter les régles relatives a sa conclusion, la meilleure manigre de réparer ce non-respect est d’angantir ce contrat et le déclarer aul, ii, Le versement de dommages intéréts : (pour en savoir plus) Toute personne qui viole une régle de droit et cause un dommage & autrui est tenu de réparer ce dommage en versant a la viclime une somme d'argent a titre de dommages intéréts. iii, —_L’exécution par contrainte : L’autorité chargée de faire respecter la régle en demande directement l'exécution en ayant recours si nécessaire 4 la force publique. 2. Les sanctions pénales : La sanetion pénale consiste en des condamnations corporelles privatives de liberté ou pécuniaires et qui sont prévues par le code pénal. 3. Les sanctions administratives : Il sfagit de sanctions relevant du droit administratif et prise par l'autorité administrative Exemples : fermeture d'un établissement pour insalubrité,licenciement d'un fonctionnaire pour faute grave, IV. Les sources de la régle de droit : Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES Pour le droit marocain, imprégné du systéme romano germanique caractérisé par le droit écrit, on distingue ente les sources directes (la constitution, la loi, les réglements et la coutume) et les sources indirectes dites interprétatives (la jurisprudence et la doctrine). 1. Les sources principales du droit : (directes) I1s'agit de la constitution, la loi, les réglements et la coutume. 4. Laconstitution : La constitution est le texte fondamental qui fixe l'ossature organisationnelle et fonctionnelle de IBtat. Elle détermine la forme de I'Etat (Monarchie constitutionnelle), la forme du régime politique (le régime parlementaire, les rapports entre le Roi, le parlement et le gouvemement...) et les droits fondamentaux (droit au travail, droits politiques...) ii, Laloi ‘Au sens strict, la loi est le texte voté par le parlement. Cependant, on distingue entre la loi organique et la Joi ordinaire. Les étapes de I’élaboration de la loi : Afin qu'une loi soit publier dans le bulletin officiel, elle doit passer d’un ensemble 4’étapes qu'on les englobe en 6 étapes : + Etape 1 : L’initiative de la loi Liinitiative de la loi appartient a la fois au Gouvernement, qui peut déposer des projets de loi. et au Parlement : on parle alors de proposition de loi. Tout projet ou proposition de loi doit ensuite étre examiné et voté dans les mémes termes par les deux chambres du Parlement : I’Assemblée nationale et le Sénat, + Etape 2: Le dépétdu texte Le Gouvernement dépose son projet de loi indifféremment a I’ Assemblée nationale ou au Sénat, L’examen des propositions de loi débute dans I'assemblée du parlementaire qui en est l’auteur. + Efape3 : Le réle des commissions Au sein de l'assemblée ou le texte est déposé, c'est la commission compétente dans le domaine concerné par le texte qui va I’examiner. A Vissue du débat, les parlementaires de la commission peuvent soit, - Adopter le texte tel qu'il leur a été soumis ~ Adopter un nouveau texte modifié par des amendements, - Ourejeter en bloc le texte initial + Etape 4 : La séance publique Le texte adopté par la commission est ensuite inscrit & ordre du jour de la premidre assemblée oi ila été déposé. Il est alors discuté dans I’hémicycle, en séance publique. + Etape 5: Le navette et l'adoption de la loi Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES On parle de « navette », pour désigner ces allers-retours entre I’ Assemblée nationale et le Sénat jusqu’a ce que les deux chambres se mettent d’accord sur un méme texte. + Etape 6 : La promulgation La loi est ensuite promulguée par le Président de la République dans les 15 jours par le Dahir (pour le cas d’une monarchie c’est le roi qui promulgue la loi). La loi promulguée entre en vigueur aprés sa publication au Journal officiel (Ie bulletin officiel) dans une durée dun mois. Des décrets d’application permettent sa mise en aeuvre. La hiérarchie des lois (ordre des lois) : La présente Constitution marocaine de 2011 est la norme de droit supréme au Marve. Aucune norme juridique applicable sur le territoire du Maroc ne peut lui étre contraire, Les normes juridiques établissant le droit sont, par ordre décroissant dimportance et d’autorité La Constitution. Les traités intemationaux conclus par le Maroc avec un autre Etat ou une organisation internationale. ~ Les lois organiques (ce sont des lois relatives a Yorganisation des pouvoitrs).. ~ Les lois ordinaires (Acte voté par le Parlement selon les régles stipulées dans la Constitution). = Les décrets du Premier Ministre ~ Les circulaires du Premier Ministre. ~ Les circulaires des ministres. ~ Les dahirs du Monargue ne sont pas normatifs. ~ Chaque norme doit étre conforme aux normes juridiques qui lui sont supérieurs iii, Les réglements : Les réglements englobent Yensemble des décisions du pouvoir exécutif et des autorités administratives. iv, — Lacoutume : La coutume est une source de droit non écrite qui s'est établie avec le temps, par la pratique et la répétition qui finit par devenir obligatoire. Ex’! le droit de travail, le droit maritime, La jurisprudence arbitrale 2, Les sources interprétatives du droit : (indirectes) ‘A cOté des sources principales, deux autres sources indirectes ou interprétatives du droit sont Jargement admises. i, La jurisprudence : Dans un sens formel, la jurisprudence désigne lensemble des décisions de la justice rendues pendant un temps déterminé. ii, La doctrine: Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES La doctrine désigne l'ensemble des "opinions" émises par les auteurs (professeurs, magistrats, avocats et autres praticiens du droit) qui traitent des matiéres juridiques. Formellement c'est ensemble de travaux juridiques écrits : ouvrages, notes, commentaires V. les branches de droit : Le droit se divise en des multiples disciplines qui peuvent toutefois étre regroupées au sein d'une distinction binaire entre le droit privé et le droit public. Ces deux branches se distinguent autant par leur lobjet que par leur finalité. (Pour en savoir plus) Lobjet : Le droit privé a pour objet de réglementer les rapports entre les particuliers (mariage, héritage, contrats) alors que le droit public organise I Etat et les collectivités publiques et leurs relations avec les personnes privées. La finalité : Le droit privé recherche autant que possible la satisfaction individuelle. Le droit public recherche la satisfaction de l'intérét général et organise le gouvernement de I'Etat et ses services. 1. Les branches du droit privé : Le droit privé est I’ensemble des régles juridiques qui gouvernent les rapports entre personnes privées. Il regroupe une multitude de disciplines au centre desquelles figure le droit civil. i, Le droit civil: Cest le droit commun privé normalement applicable a tous les rapports du droit privé. ii, Le droit des affaires : Ia pour vocation de réglementer la vie des affaires. Il regroupe plusieurs disciplines : (Le droit commercial, Le droit des sociétés, Le droit de la concurrence, Le droit baneaire, Le droit de la propriété intellectuelle) li, Le droit social : Il se divise principalement en deux disciplines. Le droit du travail ; ensemble des régles qui régissent les relations individuelles de travail (les rapports entre l'employeur et les salariés). Le droit de Ia sécurité sociale : ensemble des régles qui organisent Ia protection des individus contre les risques sociaux (maladie, matemité, invalidité, accident du travail, maladie professionnelle). iv. Le droit pénal : Le droit pénal a pour objet étude du phénoméne criminel révélé par des agissements de nature 4 créer un trouble pour la société. ¥. Le droit international privé : Le droit intemational privé est l'ensemble des régles juridiques qui régissent les rapports ordre privé a caractére international. 2. Les branches de droit public : Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES Le droit public regroupe I’ensemble des dispositions réglementant dune part Ia constitution, le fonctionnement et I’ organisation des institutions publiques et, d’autre part, les rapports entre la puissance publique et les personnes privées i, Le droit constitutionnel : I regroupe l'ensemble des régles qui président 4 organisation politique de Etat et @ son fonctionnement ainsi que celui de l'ensemble des institutions publiques. ii, Le droit administratif ‘1a pour objet principal d'organiser les rapports que les autorités administratives (Etat, régions, collectivités et communes) entretiennent avec les particuliers. iii, Le droit des finances publiques : I détermine les modes d'utilisation de l’ensemble des ressources de I’Etat et des collectivités locales, iv, Le droit fiseal : Crest l'ensemble des régles qui déterminent le mode de calcul et de recouvrement des différents, impéts et taxes que I'Etat peut réclamer aux particuliers et aux entreprises. ¥. Le droit international public : Il étudie les rapports entre les Etats et les organisations internationales. Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES VI: Le particularisme du droit des affaires 1. La spécificité du droit des affaires A. La spéeificité des objectifs : Spécificité dictée par les impératif’ de la vie des affaires ; rapidité, sécurité, technicité > Rapidité Exige parfois une certaine simplification des techniques par rapport au droit commun Ex : mécanisme de la cession de créance — formalisme assez. lourd La cession de eréance s'est révélée trés utile en droit des affaires > création de mécanismes de cessions simplifiges des eréances. > Sécurité Les obligations doivent étre exécutées ponctuellement car on eraint des réactions en chaine Sécurité entre professionnels, et a I’égard des tiers. Ex : les professionnels doivent foumir des informations financiéres aux particuliers — obligations comptables — publication d’actes importants de leur vie professionnelle au registre des commerces et des sociétés > Technicité La vie économique est complexe dans certains cas, Le droit doit régir cette complexité. Montages contractuels ou sociétaires d'une grande complexité : Pool bancaire : prét lance qui porte sur des sommes tellement importantes que les fonds dun seul préteur ne suffisent pas ~ répartition des risques du prét entre différents intervenants. B. La spécificité de objet du droit des affaires > Droit des échanges Les affaires sont des échanges a but spéculatif Toute la vie économique est fondée sur cette idée d’échange dans la recherche d’un profit Importance des régles destinées a organiser ou faciliter ces échanges Exemple des réseaux de distributions. A partir d'un certains moment un seul magasin ne suffit pas, il faut créer un réseau de distribution (réseau de concession). > Droit de compétition Le dynamisme de la gestion des entreprises, des professionnels, est un impératif| On ne gare son propre patrimoine comme on gére celui d’une société commerciale il y a compétition Régles particulires s’imposent aux sociétés commerciales pour étre plus compétitives. ~ Be Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES La compétition éco suppose des rdgles du jeu qui doivent étre respectées ces régles résultent du droit de la concurrence » Droit de professionnels Relations entre professionnels — présumes plus compétents que de simples particuliers. A. Droit des affaires et droit civil 1, Des rapports d’exelusion - Les exigences particuliéres de la vie des affaires sont a origine de régles spéciales qui dérogent au droit commun (droit civil) Le droit des affaires est un droit d’exception, par rapport au droit commun. Ex: droit de la preuve En droit civil, la preuve par écrit est exigée pour les actes dépassant 250 MAD. Régle différente en matiére commerciale : sous certaines conditions, les actes juridiques en matiére commerciale peuvent étre prouves par tout moyen — liberté de la preuve Ex : solidarité des codébiteurs Matiére civile : codébiteurs tenus conjointement — le eréancier agit proportionnellement contre chacun des débiteurs ~ Dette conjointe ‘Matiére commerciale : présomption de solidarité ~ eréaneier peut agir pour le tout a l’encontre de n’importe lequel des débiteurs Mais droit des affaires n’est pas totalement indépendant du droit civi 2. Des rapports de complémentarité Si le droit des affaires était totalement autonome, il devrait entiérement se suffire a fui-méme. Pour tout ce qui nest pas prévu par le droit des affaires, c’est le droit commun qui va compléter. Ex : contrat conclu entre deux commergants dans l’exercice de leur activité commerciale Le Droit des affaires ne prend pas en charge tous les aspects de ce contrat. Ce Contrat est soumis a des conditions générales de validité — pas de régles particuliéres édietées par le droit des affaires. Erreur : vice du consentement —> droit civil B. Droit des affaires et droit commercial 1. Des rapports d’exelusion - Exclusion au seul profit du droit des affaires / droit commercial qui disparaitrait La définition méme du droit commercial serait impossible soe Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES Droit commercial : droit régissant les commergants (4éfinition subjective) dans l'exercice de leur activité commerciale (définition objective) ~ défi subj+ obj Lesprit du droit commercial serait dépassé La vie commerciale n'est pas faite de régles mais de situations juridiques Nécessaire besoin d’interdisciplinarité, besoin que recouvre l’expression droit des affaires Ex:: cession d’ entreprises — droit des affaires + régles de droit fiscal + régles de droit du travail Réunir sous une enveloppe globale, droit des affaires, matiére interdisciplinaire - Mais nécessaire répartition entre les branches dans un souci pédagogique Ces rapports d’exclusion doivent étre éeartés. 2. Rapports de complémentarité - Origine de ces rapports dans I’évolution historique de la matiére. Droit commercial au départ Seul le droit commercial au sens strict existait 4 l'origine Puis extension de domaines : A Vorigine, Papplication du droit des faillites était réservée aux commergants ~ ce droit des procédures collectives est vem s’appliquer a d'autres professionnels non commergants Nouvelles régles ayant pour objet toutes les activités de toutes les entreprises (commerciales, libérales, agricoles) Traduire cette évolution — droit des affaires, dont le domaine est plus large que le seul domaine purement commercial - Le droit commercial demeure, mais il est devenu une composante d’un ensemble plus vaste : le droit des affaires Juxtaposition de ces deux corps de régles - Ex ; Le code de commerce — principe de liberté de la preuve en matiére commerciale < i Légard des commergants, ’acte de commerce peut se prouver par tous moyens >» Vise les actes de commerce passés par des commergants, ~10~ Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES QU°EST-CE QUE LE DROIT COMMERCIAL ? Branche du droit privé, le droit commercial est constitué de l'ensemble des régles juridiques applicables aux transactions commerciales. Il offre le cadre juridique 4 l'intérieur duquel se nouentet évoluent les rapports entre les professionnels du commerce. Les premiers destinataires de la matiére sont les personnes qui accomplissent, en leur nom et pour leur compte, des actes de commerce Le droit commercial s’applique en ce sens a une catégorie des personnes que sont les commergants. I] intervient avec comme objectif premier d’assurer un minimum d’ordre, de sécurité et d’honnéteté entre les professionnels du commerce. Ce qui peut se-révéler d'une importance primordiale dans le monde des affaires. L’allégement des procédures et Lassouplissement des contraintes formelles qui entravaient la rapidité du commerce seraient néfastes pour le domaine s*ils ne sont pas relayés par des rapports basés sur la confiance et Vhonnéteté. Les rapports personnels sont déterminants en la matiére. Le droit commercial s"applique au commerce, a 'industrie et une partie importante des services, en particulier ce qui conceme la finance. Son domaine intervention est done assez large. Il régit la majeure partie de activité économique, méme si de nombreuses activités non moins importantes demeurent en dehors de son champ d’application (agriculture, professions libérales, production littéraire et artistique et activités subordonnées, c’est~4-dire celles exercées par les salariés): - Le commerce proprement dit : conceme la distribution et la circulation des biens qui se font a partir des opérations d’achat et de vente ou de louage. - L'industrie : conceme la production et Ia transformation des biens. - La finance : conceme les opérations des banques, de crédit, d’assurance et des transactions financiéres. TI QUELLE EST L'TMPORTANCE DU DROIT COMMERCIAL ? - Limportance du droit commercial au niveau national et international s’explique par la place considérable des échanges commerciaux entre les nations. - Le commerce c’est I’échange, la spéculation, la recherche du gain, la quéte des richesses. Selon Thaller, « le droit commercial traduit un état social oii les hommes visent 4 conquérir le bien-étre et la richesse ».! Si durant longtemps la richesse était surtout présentée sous l’aspect immobilier (propriété des terres et des immeubles), donc du ressort du droit civil ; de nos jours les valeurs mobiliéres ont pris le dessus sur l'immobilier. Avec le développement du commerce et de Vindustrie durant le 17-18émesiécle, le droit commercial s'est détaché du droit civil pour s’imposer comme une discipline a part entiére. Aussi ce droit a pris une importance capitale avec l'apparition d’une nouvelle personne commergante : les sociétés commerciales dotées de la personnalité morale, elles accaparent la °G, Lyon- Caen : Droit commercial européen, Paris, Dalloz 1983, p.580. wae Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES grande majorité de activité économique ; elles sont plus puissantes par leur richesse, que les. personnes physiques, voire que certains Etats. La richesse, devenue mobiliére est facilement transférable, elle passe rapidement de main en main, De nouveaux procédés sont nécessaires pour protéger ceux qui font les affaires « les hommes d'affaires ». Ce droit conceme aussi le comnmin des mortels, « des titres comme le chéque, des opérations comme les placements en valeurs mobiliéres sont aussi des opérations de la vie civile que des opérations de la vie des affaires *>. Ces opérations qui sont parfois assez spécifiques nécessitent des régles juridiques propres, afin de pouvoir répondre 4 un certain nombre de besoins d’ot ’originalité du droit commercial par rapport au droit civil, III- QUE REGIT LE DROIT COMMERCIAL, LE COMMERCANT OU LES ACTES DE COMMERCE ? Le droit commercial a un double objet, il sintéresse a la fois aux personnes (vision subjective) et a l'activité de celles-ci (vision objective). Deux conceptions s‘afirontent : Une conception objective etune conception subjective. La conception objective : Est celle qui analyse le droit commercial sous I'angle de son objet. Le droit commercial est done réduit au droit des actes de commerce. Cette conception objective a triomphé par l'adoption de la loi n° 15-95 relative au code de commerce qui traite désormais en ler les actes de commerce. Le droit commercial est le droit qui s'applique aux actes de commerce, cst 4 dire un certain nombre d'opérations déterminé par Ia loi quelle que soit Ia profession de celui qui les accompli. Cette vision objective ou réelle prend pour base Macte de commerce. Ce systéme repose exclusivement sur l’acte effectué, indgpendamment de la personne de son auteur. La conception subjective : Elle analyse le droit commercial comme un droit des commergants plus généralement des professions commerciales indépendamment des actes passé. Le droit commercial régit les commergants c'est le droit qui s'applique, aux commercants, c'est A dire a ceux qui exercent un certain nombre de professions déterminées par la loi. Le droit commercial s‘applique aussi a tous les actes que font ces personnes pour le besoin de leur profession. Ainsi la conception subjective prend pour base le commergant (personne physique ou morale). Exemple : législation allemande. La position du législateur dans le code de commerce marocain Francais Goré, Droit des affaires, Edition Montchrestien, Paris, 1981, p.5. wae Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES Le code de commerce de 1913, a I’instar du code frangais de 1807, se voulait adopter les deux systémes. Le code de commerce de 1996 annonce la méme position en disposant dans son article Ler que : « la présente loi régit les commergants et les actes de commerce ». ‘Mais malgré cette apparence qui laisse entendre que notre code adopte les deux systémes, il ressort des diverses dispositions de ce dernier que la tendance objective celle fondée sur la nature des actes y a le maitre mot. La définition de base est celle des actes de commerce, ou plus précisément celle de l'activité commerciale (art 6 code de commerce). Lratticle 6 par exemple, définit le commergant de la maniére suivante : la qualité de commergant s‘acquiert par lexercice habituel ou professionnel des activités commerciales qu'il énumére. Done pour étre commergant il faut exercer l'une des activités énumérées par l'art 6 du code de commerce, ce sont done ces activités qui donnent la qualité de commergant & celui qui les exerce ‘Néanmoins, quelque soit le systéme adopté, nous pouvons considérer que la matigre du droit commercial est double : ce sont les activités commerciales et les actes du commerce qui en constituent l'objet et le commergant le sujet. IV-QUELLES SONT LES CARACTERISTIQUES DU DROIT COMMERCIAL ? Diune originalité certaine, le droit commercial s'est construit sur la base de caractéristiques qui lui sont propres. Celles-ci sont le résultat de la pratique du commerce et des spécificités' de son cadre légal : = Un droit complexe : il sintéresse a des matigres variées, a tel point que certaines ont acquis leur autonomie (droit maritime, des assuranees...), Cette complexité explique le recours a des jutidictions spécialisées3 et le développement de arbitrage en Ia matiére. - Un droit en perpétuel construction avec un formalise assoupli : le droit commercial est condamné a un mouvement permanent. il doit snivre l'évolution de la société et de ses besoins Pour organisation des activités économiques. Dans cette perspective, le droit commercial est appelé 4 se doter d'un formalisme adapté aux besoins du commerce. Loin de s‘ériger en entrave a Vactivité commerciale, ce formalisme, en assurant la rapidité et la sécurité, faciliterait plutdt la conclusion des actes. C'est le cas notamment des textes imprimés qui ont pris la forme des contrats-types'. = Un droit souple : la souplesse du droit commercial s’explique, quant 4 elle, par la rapidité que nécessite la réalisation des opérations commerciales. Ainsi, et contrairement aux régles rigides du droit civil, en droit commercial on admet le principe de la liberté de la preuve entre les commergants. Cest ce qui permet & ces demiers de conclure leurs contrats par les moyens les plus rapides (t&léphone, fax ou méme verbalement) sans avoir a se soucier, au préalable, du formalisme des écritures qu’exige le droit civil * Voir dans de sens la lo portant eréation des juridictions de commerce, loi n°53-95 instituant les juridictions de commerce, B.0.du 15-05-97, “Ripert et Roblot, Traité élémentaire de droit commercial, t.2, L.G.DJ., Paris, 1975, p.38 ~ age Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES ~ Le droit commercial a un caractére international : les transactions internationales sont de plus en plus nombreuses. La mondialisation accentue ce phénoméne en faisant subir & la matiére différente influences étrangéres. = Importance du crédit en droit commercial : a la différence du non commergant qui emprunte pour consommer, le commercant a recours au crédit pour investir, Son emprunt est souvent destiné au lancement d'un nouveau projet ou au développement de celui déja existant. Tl sagit d'un erédit 4 la production qui va non seulement générer les fonds utiles pour le remboursement du prét, mais également des revenus futurs qui peuvent servir pour initier d'autres investissements. Le droit commercial évolue autour de trois tendances : contractuelle, statutaire et institutionnelle. = Contractuelle : elle se refléte au niveau des opérations commerciales effectuées par accord des volontés. C'est le domaine des contrats. Les contrats les plus usités en la matiére sont : la vente, le prét, le transport et le mandat. - Statutaire : elle constitue le cadre juridique du droit public dans lequel doivent se dérouler les opérations commerciales. Elle refléte intervention de tEtat dans le domaine économique. ~ Institutionnelle : elle se manifeste par l'existence de certains mécanismes juridiques nés de la pratique des affaires et qui se révélent indispensables & Yexercice de activité commerciale. Cest le cas notamment des sociétés, du fonds de commerce, des effets de commerce... IV- QUELLES SONT LES SOURCES DU DROIT COMMERCIAL? Avec la rapidité de 'évolution du monde des affaires, on ne peut se permettre de compter uniquement sur les sources écrites ; c’est pourquoi les sources non éerites y jouent un réle fondamental. A- LES SOURCES ECRITES Dans cette catégorie il existe des sources nationales et d’autres internationales. a- Les sources nationales 1/ Le code de commerce et Ia refonte du droit des affaires Depuis le protectorat, la zone frangaise du Maroc était régie par le code de commerce du 12 aoiit 1913, Aprés lindépendance il a été généralisé 4 tout le Royaume. Ce code était largement inspiré du code de commerce frangais de 1807. Apparut alors la nécessité d’élaborer un nouveau code, II ne s‘agissait pas d”apporter une simple réforme au droit commercial, mais de procéder 4 un mouvement de refonte de tout notre droit des affaires : L’économie mondiale connaissait, vers Ia fin du siécle dernier, un tournant capital avec : la globalisation du commerce international, le développement des intégrations régionales, et une concurrence sans précédent sur le marché mondial. Pour que I'économie marocaine puisse se forger une place dans ce nouveau contexte international, il devenait impérieux de faire régner un climat de confiance en mesure dencourager les investissements nationaux, et surtout internationaux. ~ tae Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES Dioii la nécessité d’élaborer une législation moderne en mesure de créer un climat de sécurité Ine s'agissait plus d°apporter de simples réformes au droit commercial « stricto sensu », mais de procéder & un mouvement de refonte de tout notre droit des affaires. Le code de 1913 fut enfin remplacé par un nouveau code de commerce en vertu d'un dahir n° 1-96-83 du ler aoiit 1996 portant promulgation de la loi 15/95 formant code de commerceS. Le droit des affaires a connu en effet une refonte dans son ensemble durant ces derniéres années, elle a concerné notamment : la comptabilité commerciale, le domaine bancaire6, les sociétés anonymes*, les autres sociétés commerciales®, les tribunaux de commerce’, la loi sur la liberté des prix et de la concurrence’, la loi relative 4 la protection de la propriété industrielle®, la loi relative 4 la protection des consommateurs", 2/ Le D.O.C (Dahir formant code des obligations et contrats du 12 aoiit 1913) Le droit civil est la discipline ta plus ancienne et la plus importante du droit privé en particulier et du droit en général. C'est aussi le droit commun en ce sens qu'en 'absence des régies spéciales établies pour des situations particuliéres, ce sont les régles du droit civil qui s‘appliqueat. Daailleurs, toutes les autres branches du droit sont nées a partir du droit civil et se sont éloignées de lui pour devenir autonomes. Dés qui y a lacune de Ia loi particuliére, un retour au DOC est nécessaire. Une bonne compréhension du droit commun des obligations permet de comprendre les régles particuligres. car elles ont comme objectif de compléter ou de déroger au droit commun, Le D.O.C. est notre code civil Ce texte du 12 aot 1913 constitue le texte de base réglementant le droit des obligations (["un des textes les plus anciens dans le coxpus juridique du Royaume dépassant les cent années). A ce propos, le code de commerce dispose dans son article 2 qu’ : « il est statué en matiére commerciale, conformément aux lois, coutumes et usages du commerce ou au droit civil, dans Ja mesure of il ne contredit pas les principes fondamentaux du droit commercial ».Méme les lois relatives aux sociétés renvoient l'application des régles du DOC lorsqu'elles ne sont pas contradictoires avec elles. > Dahir n’ 1-96-124 du 30 aoiit 1996 portant promulgation de la loi 17/95 relative aux sociétés anonymes (B,0. n* 4422, du 17 octobre 1996, pp. 661-704), ® Dahir n* 1-97-49 du 13 février 1997 portant promulgation de la loi 5/96 sur la société en nom collectif la société en commandite simple, la société en commandite par actions, la société & responsabilité limitée et la société en participation (B.0. n° 4478 du 1er mai 1997, p. 482). ” Dahir n’ 1-97-65 du 12 février 1997 portant promulgation de la loi 53/95 instituant des juridictions de commerce (B.0, 15 mai 1997, n° 4482, p. 520). * Loi n* 06-99 promulguée par Dahir n’ 1-00-25 du 5 juin 2000, Bulletin Offciel n* 4810 du Jedi 6 Juillet 2000. °'11 Loi n°17-97 promulguée par Dahir N* 1-00-19 du 15 Février 2000. (8.0. n* 4778 DU 16/3/2000, p. 135) "Loi n°31-08 édictant des mesures de protection des consommateurs, promulguée par dahir n°1-11- 03 du 18 février 2011, B.0. n°5932 du 7/4/2011 ~ 156 Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES b/-Les sources internationales I s’agit des conventions internationales qui constituent une source fondamentale du droit commercial. Ces conventions peuvent étre bilatérales se limitant a régler certaines questions entre deux Fats signataires ou entre un Etat et un groupement économique régional (par exemple l'accord association entre le Maroc et I'UE). Tlexiste aussi des conventions internationales, par exemple les traités internationaux ratifiés par le Maroc tels que ceux sur les transports maritime, ferroviaire, routier et aérien ; les accords du GATT ; les conventions internationales portant lois uniformes (les conventions de Genéve du 7 juin 1930 sur la lettre de change et le billet & ordre et du 19 mars 1931 sur le chéque). Le droit commercial n’a pas que des sources écrites, il en a d'autres importantes, méme non écrites. B- LES SOURCES NON ECRITES I1s’agit des usages, de la jurisprudence et de la doctrine a/ LES USAGES COMMERCIAUX Bien que le droit commercial soit codifié, les usages commerciaux continuent d'en constituer une source fondamentale ; car la législation, avec sa lenteur, est incapable de suivre I’évolution rapide du monde des affaires. Les usages sont des régles générales non écrites issues de pratiques professionnelles constantes et tacitement acceptées par les commercants I’ occasion des négociations ou de l’exéeution de leurs opérations commerciales Ce sont les pratiques qui créent des régles par la force de lhabitude professionnelle, C’est 4 occasion de 1a conclusion des contrats et de leur exécution que le role des usages intervient, par exemple, en matiére de ventes commerciales ce sont les usages de chaque profession qui fixent les délais, les modalités et les modes de paiement, les délais de livraison, la charge de la livraison et ses frais, la charge des frais de courtage et leur taux, les risques des défauts des marchandises, etc Les usages peuvent séglementer toute une institution nouvellement créée, par exemple le leasing était, avant le nouveau code, presque exclusivement régis par les usages, Larticle 2 du code de commerce dispose désormais « qu’il est statué en matiére commerciale conformément aux lois, coutumes et usages du commerce, ou au droit civil, dans la mesure oi il ne contredit pas les principes fondamentaux du droit commercial », ce qui donne la priorité a Vapplication de la coutume et usages méme sur la loi civile. b/ LA JURISPRUDENCE. C’est la solution donnée par un ensemble de décisions concordantes rendues par les juridietions sur une question de droit. Ce sont les précédents judiciaires qui servent de guide aux décisions des juridictions a travers lapyramide judiciaire, I'unification de la jurisprudence se réalise d’ailleurs par le biais des voies de recours. ~16~ Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES TLn’est pas besoin d’insister sur le réle de Ia jurisprudence en matiére commerciale ; c’est aux tribunaux qu’il revient d’interpréter les lois et les contrats conclus entre commergants, de fixer les usages auxquels ils se référent, de déterminer le statut des institutions nouvelles créées par la pratique. / LADOCTRINE Cest ensemble des éerits portant les interprétations et les opinions des juristes (les universitaires, les avocats, les magistrats, etc.). Ces écrits sont publiés sous forme d'ouvrages ou darticles dans différentes revues juridiques. La doctrine, par son analyse juridique et ses recherches scientifiques, a pour t6le d'éclairer le législateur (a l'occasion de I'élaboration des textes) et les tribunaux (lors de l'application de la loi). VE. Les juridictions de commerce Il n’existait pas au Maroc de juridictions spécialisées en matiére commerciale ; ce sont les juridictions de droit commun qui connaissaient des affaires commerciales. Les juridictions de commerce n'ont été instituées que récemment par le Dahir du 12 février 1997 portant promulgation de la loi 53/95 ; il s’agit des tribunaux de commerce et des cours d’appel de commerce. A- Les tribunaux de commerce™ A-Composition A Ia différence de la France, oi les juges des tribunaux de commerce sont élus parmi les commercants, le Maroc a opté pour des magistrats de cartigre Le tribunal de commerce tient ses audiences et rend ses jugements par trois magistrats, un président et deux assesseurs, le parquet y est représenté B-Compétence Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaitre des actions relatives aux contrats commerciaux, des actions entre commergants a l’occasion de leurs activités commerciales, des actions relatives aux effets de commerce, des différends entre associés d'une société commerciale et des différends a raison de fonds de commerce. "Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaitre des demandes dont le principal exeéde la valeur de 20 000 dirhams...". B= Les cours d’appel de commerce! 1 || existe actuellement 8 tribunaux de premiére instance de commerce : Agadir, Marrakech, Meknés, Fas, Oujda, Tanger, Rabat et Casablanca. || existe actuellement trois cours d'appel de commerce: Casablanca, Fés et Agadir Il ya actuellement huit Tribunaux de Commerce au Maroc (situés & Rabat, Casablanca, Fes, Tanger, Marrakech, Agadir, Qujda et Meknés) et trois Cours d’Appel de Commerce (situées & Casablanca, Fés et Marrakech), wae Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES A-Composition La cour d’appel de commerce comprend un premier président, des présidents de chambres et des conseillers, un ministére public composé d'un procureur général du roi et de ses substituts, un greffe et un secrétariat du ministére public. Elle tient ses audiences et rend ses arréts par un président de chambre et deux conscillers, assistés dun grefiier B-Compétence La Cour d’appel de commerce connait des appels contre les jugements rendus par le tribunal de commerce. Leappel doit étre formé dans un délai de 15 jours & compter de la date de la notification du jugement du tribunal de commerce. CHAPITRE 1: LA DEFINITION DU COMMERGANT Les commergants sont des personnes physiques ou morales qui accomplissent, en leur nom et pour leur compte, des actes de commerce et qui en font leur profession habituelle, A llégard des personnes physiques, les critéres de qualification d’un commergant tiennent & Ia nature de son activité. On déduit de Varticle 6 du code de commerce qué la qualité de commergant s‘acquiert par Texercice habituel ou professionnel des activités commerciales. L’accomplissement de ces actes doit étre réalisé a titre indépendant ; c'est-a-dire au nom et pour le compte de 'intéressé, SECTION I : L'ACCOMPLISSEMENT DES ACTES DE COMMERCE Compte tem de importance de la notion d'acte de commerce dans la définition du commergant, il convient d'en apprécier précisément les contours avant d'analyser les deux autres éléments de cette définition. 1: LA NOTION D'ACTE DE COMMERCE Cette notion permet de : -Déterminer certaines régles de compétence et de procédure (exemple : elle fixe la compétence des tribunaux de commerce) - Fixer un régime juridique particulier par rapport aux actes civils (exemple : les régles de preuve sont plus simples qu'en matiére civile ; la solidarité se présume a l'égard des seuls codébiteurs commergants) ; - Soumettre certains contrats commerciaux a des dispositions spécifiques (il en est ainsi pour le gage commercial ou le statut des baux commerciaux) ; -Permettre la mise en oeuvre de certains délits spéciaux (exemple : Ia contrefagon de marques de fabrique ou le faux en écriture de commerce constituent des délits spécifiques au droit commercial). ~ ge Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES Cependant, il n'existe pas de critére unique satisfaisant qui permettra de caractériser l'acte de commerce, bien qu'on ait pu en proposer trois de nature économique et deux de nature juridique. A. LES CRITERES DE DISTINCTION ENTRE ACTE DE COMMERCE ET ACTE CIVIL REPOSANT SUR DES CONSIDERATIONS ECONOMIQUES: 1, THEORIE DE LA SPECULATION La distinction repose sur la spéculation qui permet de dégager des bénéfices. L'activité est commerciale si son objectif est la réalisation d'un profit. C'est Intention de la personne qui compte. Le résultat de l'activite peut également aboutir 4 des pertes, Dans ce cas, c'est lobjectif initial qui est pris en considération, & savoir intention de réaliser des bénéfices"’, Le probleme peut toutefois se poser propos de certaines activités qui permettent de réaliser un profit mais qu'on ne peut considérer comme commerciales. C'est le cas par exemple des professions libérales. 2. THEORIE DE LA CIRCULATION Cest la circulation des biens et des richesses qui confére 4 lactivité son caractére commercial La circulation concerne le parcours du bien depuis le producteur jusqu'au consommateur en passant par les différentes opérations de transformation, Le probleme peut néanmoins se poser pour certains types dactivités comme le transport des personnes. Il s'agit d'une activité commerciale, mais les personnes ne peuvent étre assimilées & des marchandises. La théorie ne peut done apporter des réponses satisfaisantes a ce type d'acte. 3. THEORIE DE L'ENTREMISE Cest Intervention d'un intermédiaire entre le producteur et le consommateur qui confére 4 activité son caractére commercial. Pour renforcer la théorie, lentremise a été liée a la spéculation ayant pour objectif la réalisation d'un profit. A ce niveau aussi, 1a théorie ne peut expliquer le caractére commercial de certains actes méme en l'absence d'intermédiaire. Par exemple pour la conclusion du contrat de mariage. L'initiative de I'intermédiaire qui met en relation les futurs époux et leur famille se place dans le cadre d'un comportement social étranger aux pratiques commerciales. Le raisonnement serait toutefois différent si la pratique est organisée au sein par exemple d'une agence spécialisée Tous ces critéres ne peuvent avoir qu'un intérét relat. Is sont en mesure de justifier le caractére commercial de certaines activités, mais pas d'autres. Ensemble, ils sont néanmoins en mesure dapporter des moyens susceptibles d'aider et d'éclairer le praticien pour opérer les distinctions. B. LES CRITERES DE DISTINCTION ENTRE ACTE DE COMMERCE ET ACTE CIVIL REPOSANT SUR DES CONSIDERATIONS JURIDIQUES 1. MOTIF DETERMINANT DE L'OBLIGATION #15 Article 982 du DOC dispose expressément que :« La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou leur travail, ou tous les deux & la fois, en vue de partager le bénéfice qui pourra en résulter ».pour une comparaison entre la société et association voir Paul Decroux, les sociétés en droit marocain, éd.la porte, rabat ; 1985, p.50. Voir régalement Azzedine Bensti, Dirrasat fi al-kanoun attijeri al-maghribi, t1,28meéd. A-najah alJadida, 1998, p.19 et ss. ~19~ Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES Ce critére se référe 4 Vobjectif ou le but recherché de Facte. Si lobjectif est la réalisation d'un profit, 'activité est considérée comme commerciale. C'est le cas par exemple quand on achéte avee but de revendre. Des incertitudes peuvent néanmoins s'imposer & ce niveau puisqu'l n'est pas toujours possible de déceler avec exactitude l'objectif ou I'intention de la personne, Ace propos, la doctrine considére quill appartient au juge de déceler la véritable intention de la personne. Si par exemple la personne se procure une quantité importante d'une marchandise, il ¥ a une présomption que achat s'est effectué avec une intention de vendre. C'est une présomption simple qui peut néanmoins étre combattue par la preuve contraire. 2. THEORIE DE L'ENTREPRISE Liactivité doit se faire dans le cadre d'une entreprise. Ce qui exclut l'activité exereée par une personne de maniére isolée méme sil y a speculation ou entremise Cette présentation sommaire des différentes théories permet de constater qu'il est impossible de se fier de maniére absolue I'tne ou Tautre. Une combinaison entre différentes théories peut probablement apporter des solutions plus appropriées. Cela étant, la. jurisprudence fait néanmoins souvent application de l'une des théories pour opérer les distinctions et décider si activité est commerciale ou non. En absence d'un critére fixe, il faut se borner & classer les actes de commerce en fonction des catégories auxquelles ils appartiennent. II- LA CLASSIFICATION DES ACTES DE COMMERCE La lecture de l'article 6 et suivants du code permet de distinguer quatre catégories d'actes : LES ACTES DE COMMERCE PAR NATURE (A) LES ACTES DE COMMERCE PAR ACCESSOIRE (B) LES ACTES DE COMMERCE PAR LA FORME (C) LES ACTES DE COMMERCE MIXTES (D) A- LES ACTES DE COMMERCE PAR NATURE, Llacte de commerce par nature est commercial en raison de son objet. En principe, cette qualification est réservée a des actes accomplis en entreprise, c’est-i-dire professionnellement, par un commercant, a- Definition Ce sont ceux qui relévent de la sphére commerciale en raison de leur objet. IL s‘agit dactes accomplis dans le cadre d'une activité de nature commerciale. Us sont énumérés a article 6 du code de commerce (L’atticle 7 compléte la liste des actes de commerce). Permettant de retenir la qualité de commergant de celni qui exécute ces actes, moins que ce commergant n'agisse a titre isolé, il s’agit : 1- L’achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature soit aprés les avoir travaillés ct mis en ocuvre ou en vue de les louer ; 2- la location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location ; 3- achat dimmeuble en vue de les revendre en l'état ou aprés transformation ; ~20~ Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES 4- la recherche et exploitation des mines et carrigres activité industrielle ow atisanale : 6-Le transport; 7-1n banque, le crédit et les transactions financiéres 8- les opérations assurances A primes fixes ; 9- Le courage, la commission et toutes autres opérations d'entremise ; 10- lexploitation dlentrepots et de magasins généraux 11- Limprimerie et 'édition quels qu‘en soient la forme et le support; 12- le batiment et les travaux pubis ; 13- tes bureaux et agences daffares, de voyages, d'information et de publicté 14- Ia fourniture de produits et services ; 15. organisation des spectacles publics 16- la vente au enchéres publigues ; 17- la distribution d'eau, délectricité et de gaz ; 18- les postes et télécommunications : 19-la domiciliation, (Dahir du 9 Janvier 2019 Art premier dela loi 89-1 7modifiant et complétant la loi 15-95, formant code de commerce). Larticle 7 du code de commerce ajotite expressément que : « la qualité de commergant sacquiert également par l'exercice habituel ou professionnel des activités suivantes : 1- toutes opérations portant sur les navires et les aéronefs et leurs accessoires ; 2- toutes opérations se rattachant a exploitation des navires et aéronefs et au commerce maritime et aérien. » Ces activités sont de distribution, de production ou de services. b- Les catégories d’actes de commerce par nature 1- Les activités de distribution : Constitue une activité commerciale l'achat pour revendre visé & l'article 6 10 et 20 Lorsque les biens sont acquis dans les perspectives de les revendre en réalisant un bénéfice ; on est en présence d'une activité de nature commerciale. L'achat pour revendre suppose 3 éléments : = Unachat initial ; ~ Que l’achat porte sur des biens meubles ou immeubles (objet) ; - Etavoir intention de les revendre soit en nature, soit aprés transformation. La distribution comprend done I'activité d’achats pour revente, mais aussi l'activité de fourniture. La fourniture ~21~ Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES C est le contrat par lequel le fournisseur s’engage, moyennant un prix, & délivrer des produits quill se procure (achéte) préalablement aux livraisons ou a effectuer des services & ses clients, de maniére périodique ou continne. 2- Les activités de production Ce sont des activités dont lexploitation n’est pas précédée d'une circulation antérieure, autrement dit les exploitants ne vendent que leur propre production et ne spéculent pas sur des produits qu’ils achétent, Le critére d'exclusion de ces activités n'est autre que celui de absence d'entremise dans la circulation des richesses, Actuellement, les seules activités de production de caractére commercial, sont la recherche et exploitation des mines et des carriéres' (art. 6-4°), c’est a dire les industries extractives!’ On remarquera que agriculture et la péche, qui sont aussi des activités de production, sont restées dans le domaine civil. Concernant fagriculture, il ne peut s'agir bien entendu que des exploitations agricoles traditiomnelles ; les cultivateurs et les éleveurs traditionnels ne sont pas des commergants méme s ils ach&tent leurs produits comme les semences, les engrais ou les animaux qu’ils revendent ; cependant, les exploitations agricoles modernes (d’agroalimentaire ou d’élevage industriel) ne peuvent étre exchues du domaine commercial. Ten est de méme en ce qui conceme la péche traditionnelle qui ne peut étre inclue dans le commerce. Fait partie également du domaine civil 1a production intellectuelle (les eréations de l'esprit) Restent done toujours régis par le droit civil les auteurs d’ouvrages, les eréateurs de nouvelles inventions (les inventeurs de logiciels par exemple), le compositeur d’une oeuvre musicale, artiste peintre... qui vendent les produits de leur création, Il en est de méme pour les professions libérales (les médecins, les avocats, les architectes, etc.) 3- Les activités de services Il s’agit d’activités qui consistent & exécuter un travail au profit des clients ou de mettre & leur disposition l'usage temporaire de certains biens. Trois eatégories de service se dégagent de l'art 6 3-1. Les services de l’intermédiation ; L’objet de ces activités réside seulement dans l'information, le conseil et I’assistance aux tiers cocontractants. Ce sont en loceurrence, suivant article 6-9°, le courtage, la commission et toutes autres opérations d’entremise. II s'agit aussi des bureaux et agences d'affaires auxquels on assimile les agences de voyages, d'information et de publicité (article 6-13°) ™ Exemples des mines : fer, cuivre et tous les métaux, phosphate, charbon, etc. Les carriéres sont de sable, de marbre, de pierres, d'ardoise, d'argile, etc. * La recherche et exploitation des mines est commerciale depuis le dahir 16 avril 1951, alors que la recherche et lexploitation des carriéres ne Vest que par le nouveau code de 1996. ~226 Dr LHAROUAL Mohamed DROIT DES AFFAIRES 3-2. Les services financiers : C’est l'ensemble des activités qui ont pour objet la spéculation sur l’argent. Lalinga 7 de l'article 6 mentionne la banque, le crédit et les transactions financiéres, mais il faut aussi ajouter Les assurances (al. 8) qui visent d’ailleurs la spéculation sur l’argent (les primes d’assurance). I est vrai qu’on assiste actuellement & une imbrication de ces activités entre les différents établissements financiers : les banques, les sociétés de financement, les établissements financiers publics et semi-publics... Or, ce que vise le code de commerce, ce sont les activités commerciales et non pas les institutions. C’est l'exercice de ces activités financiéres qui est pris en considération pour la commercialité de tel ou tel organisme financier, qu’il soit privé ou public. Ces activités sont commerciales quel que soit l'organisme qui les exeree. 3.3. Les autres services : Quatre activités prévues par art 6 sont rangées dans ce cadre : activité industrielle", la location de meubles"”, l’exploitation de locaux usage public et le transport et la domiciliation. (Dahir du 9 Janvier 2019 Art premier de la loi 89-17modifiant et complétant la loi 15-95 formant code de commerce). Cette nouvelle loi a pour objet de compléter et modifier Ia loi n? 15-95 formant Code de Commerce. La domiciliation est reconnue comme une activité commerciale. Cette loi a pour objet d'une part de régir les relations entre le domicilié et le domiciliaire et d’autre part, de régir le contrat de domiciliation, En effet, la nouvelle loi définit la domiciliation comme un contrat par lequel ‘une personne physique ou morale, dénommée domiciliataire, met le si¢ge de son entreprise ou son sige social & la disposition d'une autre personne physique ou morale dénommée domiciliée, pour y établir le siége de son entreprise ou son siége social, selon le cas. Ce contrat est conclu pour une durée déterminge renouvelable, selon un modéle qui sera fixé par voie réglemeniaire. Toutefois, la durée du contrat de domiciliation est limitée pour certaines activités. La liste de ces activités et durées sera fixée par voie réglementaire. Ainsi, les domiciliataires sont tenus des obligations préevues par l'article 544-4 du code de commerce. Le code interdit la domiciliation des sociétés disposant dun siége social au Maroc et également A toute personne juridique d’établir leur siége dans plus d”un lieu de domiciliation. Les obligations du domicilié sont les suivantes : - (Je fourniture au domiciliataize des documents afférents au changement d’adresse personnelle en ce qui conceme le domicilié personne physique ou changement statutaire, de dirigeant, ou de délégation de pouvoir 4 l’égard du domiciliataire en ce qui conceme la personne morale ; - a remise au domiciliataire des registres et documents nécessaires a I'exécution de ses obligations ; - information du domiciliataire de tout litige ou procs dont le domiciliataire pourrait étre partie ; - Vinformation des Administrations compétentes de la cessation du contrat de 8 Vart, 6-5° parle dactivité industrielle. Il s‘agit de toute activité qui consiste & effectuer des travaux sur des biens meubles ou immeubles. ¥ Voitures, machines, bijoux, équipements pour organisation des fétes etc... 8 Lart. 6-6" s'est contenté de prévoir le « transport » pour englober tous les modes de transport en 6vitant ainsi toute énumération. ~ 236

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