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Vingtième Siècle, revue d'histoire

La conquête de l'espace brésilien


Hervé Théry

Abstract
The conquest of Brazilian space, Hervé Théry.
In one century, the organization of Brazilian space has changed decisively, mainly because of changes in the structures of
political power. Traditional Brazil gave the image of a justaposition of totally isolated archipelagos controlled by a pyramid of
oligarchies based on clientelistic relations. In modern Brazil, on the contrary, there is a constant process of mastery and
spatial unification of the territory, closely associated with the centralization of political power.

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Théry Hervé. La conquête de l'espace brésilien. In: Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°25, janvier-mars 1990. Dossier : le
Brésil au pluriel. pp. 13-28;

doi : https://doi.org/10.3406/xxs.1990.2221

https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1990_num_25_1_2221

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LA CONQUÊTE

DE L'ESPACE BRÉSILIEN

Hervé Théry *

En un siècle, l'organisation de l'espace du Brésil. Mais ils ne pèseraient pas autant


brésilien s'est modifiée de manière s'ils n'avaient été accompagnés d'une
décisive, la juxtaposition d'archipels isolés croissance économique soutenue (même si ses
les uns des autres faisant place à une fruits ont été partagés de façon bien inégale)
véritable entreprise de contrôle global. et surtout d'une vigoureuse réorganisation
L'histoire de l'espace et celle des du contrôle territorial : alors qu'en 1889
structures du pouvoir politique se trouvent celui-ci était entre les mains de petits
ainsi étroitement associées : espace éclaté potentats locaux, organisés en réseaux de
et pouvoir morcelé, espace unifié et clientèles jusqu'au sommet de l'Etat, un siècle
pouvoir centralisé, autant d'enjeux cruciaux plus tard le pouvoir est centralisé, le pays
pour le développement du Brésil. est étroitement contrôlé par ses deux
capitales, la politique, Brasilia, et l'économique,
Un siècle sépare le Brésil de 1889 de Säo Paulo.
celui de 1989, mais ils semblent en
O LES CRABES, LES CITADINS
fait à des années-lumière l'un de ET LES PIONNIERS
l'autre : à la chute de l'Empire, liée à
l'abolition de l'esclavage, le pays comptait moins L'évolution la plus spectaculaire de ce
de 10 millions d'habitants, pour la plupart siècle a certainement été celle de la
groupés sur le littoral, et son économie population : le recensement de 1890 avait
reposait à peu près exclusivement sur dénombré 9 930 478 Brésiliens (on peut avoir
l'exportation du café. En cette année du des doutes sur la précision de ce chiffre),
centenaire, le Brésil est la huitième puissance celui de 1980 en trouvait 119 002 706, et
économique mondiale, il joue un rôle l'Institut brésilien de géographie et de
international non négligeable, et ses 150 millions statistique estime qu'ils seront 150 368 000 en
d'habitants contrôlent effectivement la 1990. Cette croissance rapide aurait pu poser
majeure partie des 8,5 millions de km2 du au Brésil des problèmes insolubles, en faire
territoire national. une sorte d'énorme Bangladesh. Il n'en a
La croissance démographique et la rien été, non seulement parce que la
conquête du territoire sont certainement les croissance économique a suivi la croissance
facteurs majeurs de la réorganisation spatiale démographique, mais aussi parce que cette
dernière a été maîtrisée non pas grâce à une
* Avec la collaboration de Bernard Bret et Leila de quelconque politique gouvernementale, mais
Albuquerque. parce que le Brésil a franchi récemment la

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Graphique 1 . Evolution de la structure par âge

6 8 10 12 14 16 % de la population

deuxième étape de la classique transition sont plus guère socialement. Les uns sont
démographique, sa natalité chutant centripètes, et amènent une concentration
rapidement après 1970. De ce fait, la structure par croissante des hommes sur le littoral et dans
âge du pays (graphique 1) évolue nettement les grandes villes : au premier coup d'oeil,
et la pyramide des âges commence à se le graphique 2 montre combien le Brésil
rétrécir à la base, à s'étoffer au centre et en s'est déséquilibré au profit du Sud, et en
haut. En 1980, un Brésilien sur deux avait particulier des Etats du Minas Gérais, de
encore moins de 20 ans, et de ce seul fait Rio de Janeiro et de Säo Paulo. D'autres
la population croîtra encore, par simple forces sont centrifuges et ont enfin permis
inertie, mais le risque d'explosion la véritable conquête d'un territoire
démographique est écarté. L'espace ne manque longtemps peu exploité et même peu exploré
d'ailleurs pas, la densité globale du pays étant (graphique 3).
de moins de 18 habitants par km2 contre Un des premiers chroniqueurs avait noté
100 en France. Cette moyenne est pourtant que les Brésiliens ne s'éloignaient guère de
trompeuse, et la réalité est beaucoup plus la côte, qu'ils « grattaient comme des
contrastée : en fait, des mouvements crabes ». Il reste vrai aujourd'hui que la
contradictoires ont brassé des populations très majorité de la population est concentrée à
mobiles spatialement, même si elles ne le proximité du littoral : 80 % des Brésiliens

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Graphique 2. Une croissance rapide et concentrée

Pemambuco

Population en 1890

o 3184
92 099
827

Populationen 1980 Rio de Janeiro


25 040712

79 159

Population en millions
120 ,
100
80

20

1872 1890 1900 1920 1940 1950 1960 1970 1980

15
Graphique 3. ha croissance des Etats

1940-1950

1950-1960

32.92 %

Croissance inférieure
à la moyenne nationale

Croissance supérieure
à la moyenne nationale
E^^2 de 1 à 1 V? fois la moyenne
KZ222 plus de 1 '/2 fois la moyenne Moyenne
nationale :
27.84 %

Ces cartes, construites sur ordinateur, proposent une représentation de la croissance de chacun des
États entre 1940 et 1980, où le dynamisme est figuré par la hauteur des "marches ". Les taux de
croissance sont ramenés è trois niveaux, calculés par rapport à la moyenne nationale.
D'après EdecdlENS 16
LA CONQUÊTE DE L'ESPACE BRÉSILIEN

vivent à moins de 200 kilomètres du littoral ; que soient le produit exporté et les moyens
au-delà de cette distance, les densités sont de transport utilisés, le système
presque partout inférieures à 5 habitants/ agro-exportateur s'est traduit régionalement par une
km2. Rien que de très logique à cela dans hiérarchisation de l'espace et des centres
un pays aussi longtemps extraverti, qui a urbains selon une logique exogène. Le
commencé son histoire post-colombienne gradient fondamental de l'espace brésilien
comme une série de comptoirs, et dont le oppose le littoral et l'intérieur, tant pour la
nom même évoque un produit de traite, le répartition des hommes que pour le degré
pau brasil, que les marchands venaient y d'intégration dans l'économie mondiale : il
chercher pour teindre les étoffes des consiste bien dans une zonation de l'espace,
tisserands européens. selon la raison d'être exportatrice des cycles.
Si l'on peut contester que l'histoire Dans ces conditions, il n'est pas étonnant
brésilienne se réduise à ses fameux « cycles que le littoral soit aujourd'hui encore la
économiques », il est évident qu'ils ont région la plus peuplée : nul besoin ici de
grandement marqué sa géographie. A l'échelle décréter la « marche à la mer », les Brésiliens
régionale, la géographie des cycles se lit ne sont que trop tentés de ne pas s'en
d'une part dans l'armature de circulation, écarter. Cette tendance est renforcée par le
faite pour relier chaque région productrice mouvement général d'urbanisation qu'a
aux marchés extérieurs, et dans le gradient connu le pays : plus de deux tiers de la
économique existant entre littoral et population vit désormais en ville, et même
intérieur, gradient qui est fonction de la distance dans les régions les plus retardataires la barre
aux moyens d'exportation. Le Nordeste du des 50 % a été franchie (graphique 4). La
cycle du sucre était structuré autour d'un courbe générale d'urbanisation est
port d'exportation, organisé autour d'un évidemment tirée par le Sudeste, mais même le
littoral occupé par les cannaies et complété, Nordeste a désormais une population urbaine
plus loin dans l'intérieur des terres, par supérieure à sa population rurale. La décrue
l'espace de l'élevage bovin fournissant aux est partout engagée, et le nombre des ruraux
plantations les bêtes nécessaires aux travaux (qui s'est longtemps accru, ce que dissimulait
agricoles. De la même manière, les besoins la montée des taux d'urbanisation) est
du cycle de l'or ont suscité des activités partout en décroissance, sauf dans les régions
d'élevage très éloignées des régions aurifères pionnières. Comme les grandes villes sont
et ont entraîné l'ouverture d'une voie de pour la plupart situées sur le littoral ou à
circulation vers Rio de Janeiro, pour proximité, les deux phénomènes se
l'expédition du métal. Quant à l'Etat de Säo renforcent mutuellement. Les deux plus
Paulo, gagné sur la forêt, défrichée pour grandes, Rio de Janeiro et Säo Paulo, ont
l'installation des plantations, il a été battu tous les records de croissance
véritablement construit par le cycle du café, (graphique 5) ; la dernière, notamment, qui
marqué par le front pionnier qui a avancé n'avait guère plus de 30 000 habitants en
vers l'Ouest au fur et à mesure du 1872, en a actuellement plus de 10 millions,
défrichement. Son espace a été sillonné par les ou plus de 15 si l'on considère la grande
voies ferrées permettant au produit de gagner Säo Paulo, et sera certainement en l'an
la capitale et le port de Santos, cependant 2000 la deuxième ville au monde, après
que les villes ponctuaient ces axes en fonction Mexico. Malgré la tradition de création de
des techniques de transport de l'époque et villes nouvelles dans l'intérieur, dont Brasilia
des tonnages à traiter. Le réseau routier n'est que la dernière et la plus connue, après
confirmant plus tard cette disposition, Belo Horizonte en 1897 et Goiânia en 1933,
l'espace pauliste est aujourd'hui l'héritier de la le Brésil qui pèse le plus lourd est tous les
période caféière. Dans tous les cas, quels jours davantage celui des villes, et plus

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Graphique 4. Quarante ans d' urbanisation rapide et inégale

millions
90 -,-

80 -- population urbaine

70 --

60 --

50 --

40 -.
population rurale

30 --

20 --

10 --

1940 1950 1960 1970 1980

Sud

Sudeste

Nord

Nordeste Centre- Ouest

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LA CONQUÊTE DE L'ESPACE BRÉSILIEN

encore celui des grandes métropoles, donc térieur du Nordeste), est une tradition aussi
celui du Sudeste. Il se produit en fait une ancienne que le Brésil : elle a commencé dès
véritable implosion régionale : l'Etat de Sào le 16e siècle avec les bandeirantes, ces
Paulo a reçu entre 1970 et 1980 plus de explorateurs-chasseurs-prospecteurs rayonnant à
2 millions de migrants des autres régions partir de Sào Paulo. Mais elle n'a pu se
brésiliennes, quatre fois plus que l'Amazonie développer réellement qu'avec les transports
tout entière, et encore 400 000 des autres routiers et les moyens nouveaux du génie
Etats du Sudeste : il faut avoir ces données civil, bulldozers, scrapers et autres engins à
en tête pour jauger à leur juste valeur les chenilles capables de défricher la forêt et
mouvements centrifuges, les mouvements d'aplanir de vagues pistes. La construction
pionniers, ceux qui ont permis en un siècle de Brasilia, à partir de 1956, a plus compté,
la conquête des savanes intérieures du plateau dans la réorganisation du territoire brésilien,
central, et plus récemment des forêts par l'ouverture des routes d'accès que par
amazoniennes. la population réellement déplacée vers la
La conquête pionnière de l'intérieur, cet ville : les routes Rio de Janeiro-Brasilia et
interior, l'équivalent de Y outback australien Sâo Paulo-Brasilia ont ouvert les savanes du
(que l'on appelait jadis génériquement sertäo, Centre-Ouest, les routes Brasilia-Bélem et
avant que le terme ne se restreigne à Brasilia-Acre (cette dernière consolidée plus

Graphique 5. Croissance de deux capitales, 1872-1980

10 000 000
_______ Säo Paulo

Rio de Janeiro

1000 000
yL—

f
f

100 000
i

10 000
1872 1890 1900 1920 1940 1950 1960 1970 1980

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HERVÉ THERY

tardivement) ont permis la conquête de son territoire non seulement parce qu'il en
l'Amazonie : la vague de peuplement qui a les moyens techniques, mais aussi parce
atteignait à peine le Goiâs dans les années qu'il a balayé la concurrence des potentats
1940 a submergé le Mato Grosso dans les locaux qui ont longtemps accaparé le
années 1950, et toute l'Amazonie après 1970. contrôle territorial et les pouvoirs réels aux
Grâce à ces routes, le flux des migrants échelles locales et régionales.
a pu être quelque peu détourné des villes
centrales vers les terres neuves périphériques. O DE L'ARCHIPEL AU CONTINENT
Elles ont pu absorber une partie des «
excédents » du Nordeste (excédents par rapport Le Brésil a fonctionné, jusqu'au milieu
du 20e siècle, comme un archipel de cellules
à ce que pouvaient absorber des terres
accaparées par les latifundios), puis, après 1970, agro-exportatrices juxtaposées. L'histoire de
les paysans chassés par la modernisation la formation économique du pays a été, on
agricole du Sud où le soja mécanisé a chassé le sait1, marquée par une succession de
les colons d'origine européenne du Rio grands « cycles économiques » (sucre, or,
Grande do Sul et les planteurs de café du café, caoutchouc, etc.). Comme chaque cycle
Parana. Les Nordestins se dirigeant vers s'est déroulé dans une région différente, ou
l'Amazonie orientale et les Sudistes vers peu s'en faut, le territoire brésilien peut être
l'Amazonie occidentale, un double décrit comme une mosaïque de régions quasi
mouvement pionnier, appuyé sur des réseaux autonomes, formées à l'occasion d'un de ces
solides, a ainsi pris en tenaille les dernières cycles. Chacune d'entre elles est donc centrée
zones libres du pays, désormais quadrillées sur la production d'une denrée d'exportation,
(même si les mailles du filet sont larges) et drainée par un réseau de voies de transport
occupées, mises en production, voire en vers un port maritime (d'où le produit est
coupe réglée. Ne demeurent désormais à transporté vers les marchés consommateurs),
conquérir que les terres situées au Nord de et est à son tour constituée de cellules
l'Amazone, peu fertiles et bien lointaines : productives plus petites, grands domaines
la « frontière » est encore ouverte, mais les ou plantations. On peut donc sans abus
Brésiliens savent désormais que leur espace parler d'un archipel brésilien, d'autant plus
n'est pas sans limite, comme les Américains que ces cellules communiquaient, quand elles
l'ont su en 1890. Une différence profonde avaient à le faire, par cabotage au long du
existe toutefois entre ce dernier épisode littoral atlantique.
pionnier et les précédents. Cette fois, la mise Réalité économique fondamentale, la
en valeur ne s'est pas faite au bénéfice et cellule productive de base est aussi une entité
en fonction des marchés extérieurs, mais sociale et politique essentielle. Si divers
bien au profit du centre économique du qu'aient été les produits exportés (sucre, or,
pays, Sào Paulo, de ses éleveurs, de ses café), le grand domaine esclavagiste est resté
industriels, et sous le contrôle du centre jusqu'à la fin du 19e siècle le principal cadre
politique du pays, Brasilia, de ses militaires de son élaboration : engenho sucrier, arraial
et de ses technocrates : la mutation majeure des orpailleurs, fatçenda caféière avaient en
de la géographie du pays au cours de ce commun d'être organisés autour de la
siècle est moins dans la poursuite du résidence du maître et des logements des
mouvement quadri-séculaire de conquête esclaves, Casa grande et sen^ala2. Le pouvoir
intérieure que dans l'intégration nationale enfin des propriétaires de ces unités dépassait de
réalisée. Et celle-ci est moins affaire de
technique routière, d'aviation et de 1. Celso Furtado, La formation économique du Brésil, Paris,
télécommunications, que de contrôle politique. La Haye, Mouton, 1972.
2. Gilberto Freyre, Maîtres et esclaves, la formation de la
L'Etat brésilien maîtrise de mieux en mieux société brésilienne, Paris, Gallimard, 1952.

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LA CONQUÊTE DE L'ESPACE BRÉSILIEN

loin leur seule puissance économique, déjà concurrents : il s'agissait donc d'un pacte
considérable : les liens de protection et de avantageux pour les deux parties, qui en
patronage qu'ils liaient avec les petits tiraient respectivement une sanction
producteurs indépendants étendaient leur institutionnelle de leur pouvoir et des moyens
clientèle très au-delà de leur seule propriété, et concrets pour l'exercer et le renforcer. Les
de ce fait la puissance publique a fait seuls conflits possibles, et ils n'ont pas
longtemps pâle figure face à la puissance réelle manqué, surgissaient alors quand des
des maîtres des moulins à sucre (les senhores coalitions rivales de clans locaux et de politiciens
de engenho), des éleveurs du sertào, des grands régionaux s'affrontaient, à l'occasion des
prospecteurs du Minas Gérais, des barons élections prévues par le système formel de
du café. A la base du système se trouvait représentation, et tentaient de s'emparer du
donc la grande propriété et son entourage pouvoir ou de le conserver : l'histoire de
de dépendants, esclaves, agregados en tous Bahia au 19e siècle a pu ainsi être retracée
genres, clients et obligés. Contrôlant la base en reconstruisant ce jeu d'alliances et
matérielle de la colonie, les grands d'affrontements 2.
propriétaires avaient en outre acquis un certain Au niveau supérieur jouaient des
nombre des attributs de la puissance mécanismes comparables et le pouvoir central n'a
publique, par délégation, accaparement ou à longtemps été qu'un enjeu, disputé entre des
la suite de compromis soigneusement coalitions régionales, chacune défendant ses
équilibrés. L'exemple le plus fameux en est intérêts particuliers. On a peine à le
l'attribution de commandements dans la concevoir quand on considère l'état actuel des
garde nationale, celui de coronel (colonel) en rapports entre le centre et la périphérie,
particulier, qui est le titre que ces entre l'Etat fédéral et les régions, mais la
propriétaires portaient le plus volontiers, et à partir puissance économique et politique du centre
duquel tout le système du coronelismo a été est un fait relativement nouveau dans
baptisé. Si l'on veut résumer en deux mots l'histoire brésilienne. Sous la Républica Velha, les
les études qui ont été consacrées au Etats fédérés, dotés d'un pouvoir législatif
phénomène1, on peut dire qu'en échange du et judiciaire propres, de forces armées, de
contrôle de leur zone d'influence, du ressources propres, avaient tous les droits,
maintien de la paix sociale et surtout des votes sauf ceux qui étaient explicitement dévolus
de leur bloc d'affidés, les grands propriétaires à la Fédération par le texte de la Constitution.
obtenaient en fait, sinon en droit, la Tout semblait donc dans ce texte destiné à
délégation de la plupart des pouvoirs locaux : assurer à la fois la plus grande autonomie
police, justice, fiscalité, nomination des régionale et l'exercice d'un régime
fonctionnaires et des élus. Les politiciens influents démocratique et républicain. En réalité, comme
au niveau régional (celui des Provinces sous cela apparut à l'usage, étaient posées les
l'Empire, puis des Etats sous la République) bases d'un pouvoir très concentré, tant
recevaient d'eux la consécration par les socialement que spatialement, germe du futur
suffrages et surtout leur soutien dans la zone renforcement du centre et de l'Etat cental.
qu'ils contrôlaient économiquement et Ce qui a été qualifié de « politique des
militairement, et leur fournissaient en échange gouverneurs » était en fait une extension au
la légitimité issue de titres officiels et les niveau national du système des coalitions
leviers indispensables pour renforcer leur déjà décrit au niveau local et régional :
contrôle territorial et évincer d'éventuels comme les politiciens régionaux s'appuyaient
sur des coalitions de coroneis pour contrôler
1. Vitor Nunes Leal, Coronelismo, enxada e voto : o municipio
e o regime representative no Brasil, Sào Paulo, Alfa-Omega, 1975 ;
Maria Isaura Pereira de Queiroz, O mandonismo local na vida 2. Eul-Soo Pang, Coronelismo e oligarquias, 1889-1934, Rio
politka brasileira, Säo Paulo, Alfa-Omega, 1976. de Janeiro, Civilizacäo Brasileira, 1979.

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HERVÉ THÉRY

la capitale, les plus puissants d'entre eux lution économique — de l'économie


s'assuraient du soutien de quelques autres agroexportatrice vers une industrialisation par
Etats pour contrôler le gouvernement substitution d'importations — et politique
fédéral. Et de même que seuls les plus grands — l'irruption sur la scène politique des
barons de Bahia ou de Pernambuco groupes de pression urbains et des Etats
pouvaient se faire « élire » à Salvador ou Recife, marginaux — , dont la prise du pouvoir par
seuls les grands Etats pouvaient espérer faire Getulio Vargas est le symbole et le
élire leurs représentants à la présidence de symptôme. Avec lui allait s'amorcer le mouvement
la République. Il s'était donc établi « une d'unification du territoire national et de
sorte de hiérarchie dans la fédération, au renforcement de l'Etat qui, à long terme,
nom de laquelle les Etats les plus riches — retirerait en grande partie leur pouvoir aux
Säo Paulo et le Minas Gérais — donnaient oligarchies traditionnelles, et placerait les
les Présidents, et les autres Etats, de moindre rapports entre pouvoir local et pouvoir
importance — Pernambuco, Bahia, Rio de central dans une toute autre lumière.
Janeiro — donnaient le vice-Président. Le
Rio Grande do Sul, malgré son importance... O LES MOYENS DU DÉSENCLAVEMENT
comme il ne parvenait pas à donner un La Révolution de 1930 a amorcé le
Président, refusait de fournir le renforcement de l'Etat et la centralisation de
vice-Président »\ La belle égalité des Etats instaurée l'exécutif fédéral, et limité le pouvoir des
par la Constitution recouvrait en fait une groupes oligarchiques. Le grand projet
subordination des plus petits, des plus nationaliste entrepris par Vargas (qui passait
pauvres, à ceux qui avaient les moyens de par l'industrialisation du pays) l'a conduit à
leur ambition, c'est-à-dire ceux qui pouvaient instaurer une croissante centralisation
disposer des ressources financières procurées bureaucratique et administrative qui apparaît
par un grand produit d'exportation. bien avec la création du système des inter-
Connu sous le surnom de « politique du ventores, le système permettant au
café au lait », ce système de partage du gouvernement central de remplacer les détenteurs
pouvoir complétait donc jusque dans les traditionnels du pouvoir local par des
sommets de l'Etat la combinaison de hommes à lui. Mais ces interventores, bien
coalitions qui formait l'essentiel du pouvoir que directement nommés par l'exécutif
local et régional. De même que l'économie fédéral (ce qui permettait au gouvernement
était fondée sur des cellules autonomes, central le contrôle de l'administration des
contrôlées par des potentats locaux jaloux Etats), provenaient eux-mêmes pour la
de leurs prérogatives, mais organisées dans plupart du secteur agraire, aux intérêts
des systèmes d'exportation bien hiérarchisés, politiques desquels ils s'identifiaient, et les crises
la politique brésilienne était donc organisée dans les Etats, à cette époque, ont été
par une pyramide de coalitions d'intérêts, provoquées la plupart du temps par
allant du plus modeste des coronets du Nor- l'imposition & interventores peu connus dans la
deste jusqu'aux plus puissants barons de Säo politique locale, ce qui a obligé le
Paulo, de ceux qui pouvaient se faire élire gouvernement fédéral à les remplacer, parfois en
à la Présidence pour manipuler les tarifs établissant un système de rotation. La
douaniers au mieux des intérêts du café. centralisation introduite par l'Estado Novo et
Après la crise de 1929 et la Révolution l'antirégionalisme qu'elle présuppose n'ont
de 1930, deux mouvements simultanés donc été possibles que par la cooptation
précipitèrent la ruine du vieux système, l'évo- réciproque entre Etat central et groupes
d'intérêts régionaux, voire locaux, et a
1. Manuel Correia de Andrade, Historia economka e supposé une recomposition des oligarchies
administrative! do Rrasil, Sào Paulo, Atlas, 1976, p. 141. régionales, fédéralistes et décentralisatrices.

22
LA CONQUÊTE DE L'ESPACE BRÉSILIEN

Vargas destitué de ses fonctions à la tête tait souvent les intérêts des oligarchies
de l'Etat fédéral, lui succéda un régionales : la Constitution de 1946, qui
gouvernement dont l'action, tournée surtout vers accordait une certaine autonomie aux
l'ouverture politique, ne cherchait pas à municipalités, cherchait à réduire les inégalités
démanteler le pouvoir oligarchique au niveau économiques au niveau régional en réservant
municipal et au niveau des Etats fédérés. 3 % du budget national au développement
Les grands partis nationaux comme le PSD des potentialités de l'Amazonie et du Nor-
(Parti social démocratique, créé par Vargas) deste, et de même le plan SALTE (Santé,
et FUDN (Union démocratique nationale, alimentation, transport et énergie) a été lancé
conservatrice) représentaient le système en 1948 pour réduire les principaux goulets
dominant et oligarchique. Le vieux jeu entre d'étranglement.
les Etats s'est heurté à la montée de groupes Lorsqu'en 1951 Vargas fut réélu président
sociaux nouveaux, et un combat nouveau a de la République, au suffrage universel, il
commencé entre, d'un côté, les secteurs entreprit, allant dans le même sens, une
émergents des grands centres urbains et politique économique nationaliste : de
industriels et, de l'autre, les groupes grands projets nationaux furent mis en
dirigeants des grands Etats, conservateurs : à œuvre, comme le BNDE (Banco nacional
partir de 1945 le politicien, pour se faire de desenvolvimento economico) ; en 1952,
élire, doit prendre en compte aussi les un grand plan routier, le Piano nacional de
revendications des classes populaires. rodovias, un fonds pour Félectrification, le
La nouvelle Constitution avait toutefois Fundo nacional de electrificaçào, embryon
instauré une sous-représentation des Etats de la compagnie publique d'électricité, Ele-
les plus peuplés, les plus industrialisés et les trobrâs. Il appuya la CEPAL (Commission
plus urbanisés. Certains interprètent cet économique pour l'Amérique latine), élabora
aspect de la législation comme une façon un plan économique, le Piano Lafer, en
d'augmenter artificiellement la représentation 1951. La décision fut prise de faire de
politique des régions les plus anciennes, l'exploitation du pétrole un monopole
dominées par les potentats locaux, une façon public, et de la confier à la société publique
d'augmenter le pouvoir politique d'une élite Petrobrâs. Un Banco do Nordeste do Brasil
dirigeante dans les régions les plus sous- fut créé, ainsi qu'une agence de
développées du pays, ce qui rendit impossible développement de l'Amazonie, la Superintendencia
l'approbation par la Chambre fédérale de de valorizaçao econômica da Amazonia. Sous
projets dont auraient pu bénéficier les J. Kubitschek (membre du PSD du Minas
populations rurales : c'est par exemple le cas Gérais), à la tête du gouvernement fédéral
de la réforme agraire, qui fit l'objet de plus entre 1956 et 1960, cette politique
de deux cents projets jusqu'en 1962, tous volontariste de développement national fut
bloqués avant d'arriver à la promulgation poursuivie et amplifiée. Le Piano de metas (plan
présidentielle. D'autres observateurs ajoutent par objectifs), inspiré par l'idéologie « na-
que la structure de domination opère tionaliste-développementiste», devient un
désormais sur des bases nationales et que les instrument efficace de développement
groupes dirigeants des grands Etats économique du pays. Rassemblant l'initiative
s'alliaient souvent à ceux des plus petits, parce privée, la technologie et le capital étrangers,
qu'ils étaient engagés ensemble dans un soutenu par l'intervention continue de l'Etat
combat contre un ennemi commun, les planificateur, Kubitschek joua à la fois de
masses urbaines. Mais au même moment l'idéologie nationaliste et d'une politique
apparaissait un intérêt nouveau du pouvoir d'ouverture du pays aux intérêts étrangers.
central pour le développement régional, une Or si cette pénétration du capital étranger
forme d'aménagement du territoire qui augmentait les possibilités de surmonter le

23
HERVÉ THÉRY

sous-développement dans le pays, elle 1947 à 11,6 % en 1958 ». Sous la présidence


augmentait en même temps les disparités de J. Goulart (1962-1964), le Piano triennal
régionales. La plupart des investissements se élaboré par Celso Furtado, qui mettait en
concentrèrent dans la région Sudeste (Sào place les « réformes de base » et qui aurait
Paulo, Rio de Janeiro, Minas Gérais), dû normalement être appliqué entre 1963 et
renforçant une fois de plus l'hégémonie 1965, avait parmi ses principaux objectifs la
économique et financière de cette région et la réduction des inégalités régionales : le coup
dynamique de transformation, à son profit, d'Etat de 1964 vint en interrompre
de l'infrastructure nationale. C'est dans ce l'application...
sens que l'idée d'« intériorisation du L'époque qui s'ouvre avec le coup d'Etat
progrès » promue par le gouvernement, avec de 1964 marque le démantèlement du
la construction de Brasilia et l'ouverture de système politique antérieur. Un régime
la route Brasilia-Belém, ne peut être autoritaire fut instauré, fondé sur la doctrine de
considérée que comme un succès limité. De plus, la Sécurité nationale, dont une des
la croissance du secteur public ne s'est pas caractéristiques majeures fut la centralisation
réalisée de manière uniforme : dans les croissante de l'exécutif fédéral. Les recettes
régions les plus avancées, l'appareil d'Etat a des Etats furent réduites par le
grandi et s'est rationalisé. Dans les régions gouvernement fédéral qui, le 31 décembre 1968,
« arriérées » (Nordeste), les organismes diminuait leur part du Fundo de participaçào
fédéraux sont demeurés liés aux intérêts des fiscal de 20 à 12 % et les obligeait à utiliser
oligarchies locales, c'est-à-dire que l'Etat et cet argent conformément à un programme
le coronelisme se sont interpénétrés. préétabli de priorités. L'« intervention » était
Le mouvement ainsi lancé ne devait plus alors possible dans le cas où un Etat aurait
s'interrompre : ni le bref épisode de la pris des mesures contraires aux directives
présidence Quadros, ni le gouvernement agité gouvernementales en matière économique et
de Joào Goulart n'eurent pour eux la durée, financière. La Constitution de 1967,
et ce qu'ils avaient de réactionnaire, pour incorporant l'essentiel des « actes institutionnels »,
le premier, et de potentiellement renforça encore les pouvoirs présidentiels au
révolutionnaire, pour le second, n'eut pas le temps détriment du Parlement et des Etats.
de renverser le cours du mouvement L'évolution du régime politique commença sous
centralisateur. Arrivé à la tête de l'exécutif le gouvernement Geisel sous la forme d'une
fédéral en 1961, J. Quadros entreprit une « détente lente et graduelle », dans un
politique austère, conservatrice et autoritaire, contexte qui était déjà celui d'une crise
avec l'institution d'une censure moralisatrice économique. Malgré quelques à-coups et
pour « la défense de la famille brésilienne », quelques retours en arrière, ce processus ne
et désigna des commissions d'enquête pour devait pas être interrompu, il continua sous
« assurer la probité et la crédibilité de le gouvernement du général Figueiredo, le
l'administration publique ». Simultanément, dernier Président du régime militaire, et
pour renforcer sa position d'instance ultime jusqu'à l'élection du premier Président civil,
de décision, le Président organisa des Tancredo Neves, en 1985. Mais cette
rencontres avec les gouverneurs des Etats, évolution a conduit à une situation très confuse
essayant de prendre en compte leurs et pleine d'incertitudes.
revendications. Il autorisa ainsi les critiques de L'actuel président de la République, José
son ministre des Finances quand celui-ci Sarney, qui ne doit d'exercer cette charge
affirma que « le développement industriel de qu'à la mort prématurée du président élu,
la région Centre-Sud entraîne l'épuisement est appuyé (inconfortablement) sur une
du Nord et du Nordeste, dont la contribution majorité qui n'était pas la sienne (il était encore,
au budget national a chuté de 13,9 % en l'année précédant son élection comme vice-

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LA CONQUÊTE DE L'ESPACE BRÉSILIEN

Président de Tancredo Neves, à la tête du par de nouveaux réseaux techniques, aériens,


parti soutenant le régime militaire), sur un électriques, informatiques, qui mettent
gouvernement qu'il n'avait pas choisi, et il l'immense territoire brésilien sous la main des
est rapidement entré en conflit avec une dirigeants comme jamais il ne l'a été, surveillé
remuante Assemblée constituante. Que peut- par les satellites et les radars embarqués
on attendre de cette cohabitation en ce qui (comme ceux du Radam, qui ont fait faire
concerne l'équilibre du pouvoir central et des progrès inouïs à la connaissance de
des pouvoirs locaux ? Quel rôle vont jouer l'Amazonie). D'autres mutations sont en
les gouverneurs des Etats, redevenus de cours, qui changeront encore la géographie
puissants personnages ? Peut-on en attendre de ce Brésil que les Républicains de 1889 ne
un réel changement, ou l'évolution engagée reconnaîtraient pas : sa carte agricole change,
depuis 1930 est-elle irréversible ? On peut avec l'introduction du soja, inconnu dans le
penser que les années du régime militaire, pays avant 1975, et dont le Brésil est
si elles n'ont pas été une pure et simple maintenant le deuxième producteur mondial,
parenthèse, n'ont pas constitué pour autant grâce à un front pionnier parti du Rio
une complète rupture. Le retour sur la scène Grande do Sul, dans l'extrême Sud, et qui
politique de notables des vieux partis atteint aujourd'hui le Mato Grosso et le
oligarchiques (UDN, PSD), d'un ancien Rondônia, en Amazonie occidentale, et
dirigeant du parti travailliste (PTB) a suscité l'Ouest de Bahia, dans le Nordeste. D'autres
un certain scepticisme, mais les péripéties produits migrent, comme le café, qui, après
des derniers mois, si elles rappellent les les gelées de 1975 dans le Parana, où il a
délices et les poisons du régime d'avant 1964 été remplacé par le soja, a commencé à
(et notre Quatrième République) montrent remonter vers le Nord avec une telle vigueur
que les enjeux ont changé, et la société que le premier Etat producteur est désormais
brésilienne aussi. Si la corrélation entre le Minas Gérais, et qu'il se développe
démocratisation et décentralisation existe, on rapidement dans l'Etat de Bahia. La carte
peut s'attendre à un certain regain des industrielle change en revanche moins vite :
initiatives régionales. Mais si la vraie tendance les tentatives de créer des « pôles industriels »
est celle d'un renforcement de la nouveaux dans les régions périphériques ont
centralisation, indépendamment du régime connu peu de succès, ou du moins n'ont
politique, ce ne sera qu'un mouvement limité1. pas eu les « effets multiplicateurs » que l'on
en attendait.
O UNE NOUVELLE CARTE, D'autres changements viendront, car
UN NOUVEAU MODÈLE l'histoire de la formation du territoire brésilien
La géographie du Brésil a de toute façon n'est pas close. Mais il semble bien que ses
été durablement changée par tous les grands structures majeures soient désormais fixées,
travaux du régime militaire, des et assez sensiblement différentes de celles qui
infrastructures ont été mises en place, des équilibres fondaient le Brésil de 1889. On peut résumer
anciens modifiés. Le territoire national a été ces deux états du Brésil par deux modèles
quadrillé de voies nouvelles, il est parcouru graphiques, réducteurs, comme tous les
modèles, mais qui expriment l'essentiel
1. D'une manière générale, voir Frédéric Dumon, l^e (graphique 6). Le centre de gravité économique,
Brésil, ses institutions politiques et judiciaires, Bruxelles, Université qui n'a cessé de migrer vers le Sud depuis
libre de Bruxelles, Institut de sociologie, 1964 ; Thomas Skid-
more, Politics in Brazil, 1930-1964, an experiment in democracy, l'époque lointaine du sucre, est fixé à Sào
Oxford, Oxford University Press, 1967 ; Riordan Rœtt, Brazil, Paulo, tandis que la capitale politique a elle
politics in a patrimonial society, New York, Praeger Publishers,
1978 ; Fernando Uricochea, The patrimonial foundations of the aussi cessé de se déplacer, elle est placée
Brazilian bureaucratic State, Berkeley, University of California stratégiquement au cœur du pays et de ses
Press, 1980 ; Peter McDonough, Power and ideology in Brazil,
Princeton, Princeton University Press, 1981. réseaux de transport. La vieille structure en

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Graphique 6. Brésil 1889, Brésil 1989 : deux modèles

Manaiis Belém
< Recife
« Salvador
• Bclo
Brasilia Horizonte

Rio de Janeiro
Säo Paulo
i Porto Alegre

Capitale politique Centre de gravité économique


V

Foyer économique Ville importante

Liaison maritime ou fluviale Liaison routière

Piste muletière

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LA CONQUÊTE DE L'ESPACE BRÉSILIEN

archipel a fait place à un espace national Reste à savoir ce qu'ils font et ce qu'ils
unifié, qui couvre tout le pays, et même le feront de cette puissance et de ce territoire,
déborde un peu du côté de la Bolivie et du mais ceci est une autre histoire...
Paraguay, où se perpétue la vieille tradition
brésilienne de « repousser le méridien » (celui D
de Tordesillas, qui délimitait en 1494 les
empires espagnol et portugais). Les réseaux
de transport, dont seul le principal, le réseau
routier, est évoqué ici, ont permis
l'unification et le contrôle du territoire. Les moyens Géographe, chargé de recherche au GIP Reclus
(CNRS), Hervé Théry est l'auteur de plusieurs
de contrôler, d'exploiter, de mettre en valeur ouvrages consacrés au Brésil : Le Brésil (Masson,
plus de huit millions et demi de kilomètres 1985, 2 éd. 1989), Brésil. Un atlas chorématique
carrés existent, et sont, pour le meilleur et (Fayard/Reclus, 1986) , France-Brésil : bilan pour
pour le pire, à la disposition des Brésiliens. une relance (en collaboration, Entente, 1987).

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