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Séminaire

Sujet :
L’exécution des décisions de la CIJ
Année : 2023-2024

Sommaire :
L’exécution des décisions de la CIJ : est-il un vrai problème ?

I/ Les garantis d’exécution des décisions de de la


CIJ :

A / les garanties liées à la nature des décisions :


B/ les mécanismes institutionnels :

II/ les entraves d’exécutions des décisions de la


CIJ :

1
A/ la nature de la société internationale :
B/ la réticence des Etats :

2
Face aux enjeux croissants de la scène internationale, l'exécution des
décisions de la Cour internationale de Justice (CIJ) émerge comme un
élément crucial, illustrant le défi de concilier la souveraineté des États
avec la nécessité de maintenir l'ordre juridique mondial. Cette
problématique soulève des questions fondamentales quant à la mise en
œuvre des jugements de la CIJ et à la capacité du système
international à assurer une exécution efficace de ses décisions. Dans
ce contexte, il est impératif d'explorer les fondements juridiques, les
mécanismes en place, ainsi que les obstacles rencontrés, afin de
comprendre les dynamiques complexes entourant l'exécution des
décisions de la CIJ.
EXÉCUTION (nf) d’exécuter et résultat de cette action. — Fait pour
un débiteur d’accomplir, de remplir une obligation (au profit d’un
créancier) qui lui est impartie, due. — Accomplissement d’une
obligation résultant d’un acte, d’une décision de justice, etc. — Voir :
acte, arrêt, convention, créancier, débiteur, décision, exécution forcée,
jugement1
DÉCISION (nf) (Procédure en général) — Désigne une décision de
justice et, plus précisément, un jugement, une ordonnance ou un arrêt
rendus par une juridiction.2
La Cour internationale de Justice (CIJ) est l’organe judiciaire principal
de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Elle a été instituée en
juin 1945 par la Charte des Nations Unies et a entamé son activité en
avril 1946. La mission de la Cour est de régler, conformément au droit
international, les différends d’ordre juridique qui lui sont soumis par
les Etats et de donner des avis consultatifs sur les questions juridiques
que peuvent lui poser les organes et les institutions spécialisées de
l’Organisation des Nations Unies autorisés à le faire.3
Le fondement de l'obligation de se conformer aux décisions de la Cour
internationale de Justice réside dans l'autorité qui s'attache aux
décisions judiciaires. Celles-ci s'imposent aux États membres de
1
Puigelier (C.), dictionnaire juridique Éditions Larcier, 2015, 490
2
Puigelier (C.), dictionnaire juridique Éditions Larcier, 2015, 345
3
Site officiel de la cour internationale de justice.

3
l'O.N.U., car l'article 94, paragraphe 1, de la Charte, fait de leur
respect une obligation. Ce qui signifie qu'une importance capitale est
attachée à l'exécution volontaire de ces décisions. Le fonctionnement
de la C.LJ. Diffère donc profondément de celui de la justice nationale.
Celle-ci se déploie dans une société où les sujets de droit sont les
individus et la compétence de l'organe chargé de trancher les litiges
entre les parties est déterminée par des règles préétablies qui
échappent à leur consentement. En outre, les décisions obligatoires de
cet organe sont assorties de sanctions en cas d'inexécution. En
revanche, les fonctions de la juridiction internationale universelle
s'exercent dans une société où les sujets principaux sont les États
souverains dont le consentement est nécessaire non seulement à sa
saisine, mais aussi à l'édiction des normes internationales. Ce qui
explique que l'ordre juridique international se caractérise par un faible
degré de coercition. On comprend que la réalisation de ces décisions
obéisse, le plus souvent, à des modalités qui varient en fonction des
moyens détern1inés par les parties.4
La saisine de la Cour est subordonnée au consentement des parties,
que celles-ci soient membres ou non de l'organisation internationale.
Cette situation est la conséquence du principe de la souveraineté des
États qui ne tiennent pas à ce qu'il y ait au-dessus d'eux un pouvoir
supérieur. Le règlement juridictionnel des différends est facultatif
mais les parties sont tenues de se conformer aux décisions obligatoires
rendues par la CIJ.
Il faut mentionner que, Certains actes de la C.I.J. ne sont pas des
décisions en raison de leur caractère non obligatoire. Il en est ainsi des
avis consultatifs. Ceux-ci sont régis par l'article 96, alinéa l, de la
Charte des Nations Unies. Aux termes de cette disposition, ils peuvent
être demandés par l'Assemblée générale ou le Conseil de sécurité à la
C.L] sur toute question juridique. L'article 65 du Statut de la CIJ
complète cette disposition en donnant à la Cour la faculté de donner
un avis consultatif qui lui est demandé. Les autres organes de
4
Fritz Robert Saint-Paul, L'exécution des décisions de la Cour internationale de Justice: faiblesses et
malentendus, Université de Montréal Faculté des études supérieures, 2006, p 43.

4
l'Organisation et les institutions spécialisées peuvent solliciter de la
Cour de tels avis à condition qu'ils soient autorisés par l'Assemblée
générale et que les questions juridiques sur lesquelles portent ces avis
se posent dans le cadre de leur activité. Le plus souvent, ces avis ont
été entérinés par l'Organe qui les a demandés. Cependant, ils ne sont
pas obligatoires. Ils ne jouissent que d'une force morale eu égard à «
leur rectitude juridique. » Aussi, ne sont-ils pas considérés Comme
relevant du champ d'application de l'article 94, paragraphe l, de la
Charte des Nations Unies. Il importe de se pencher sur les
ordonnances en indication de mesures conservatoires et sur les arrêts
de la CIJ.
Donc pour mieux comprendre ce sujet il faut poser cette
problématique :
L’exécution des décisions de la CIJ : est-il un vrai problème ?
Et pour répondre à cette problématique il faut aborder en premier
temps :
Les garantis d’exécution des décisions de de la CIJ (I) et en second
temps les entraves d’exécutions des décisions de la CIJ (II).

5
I/ Les garantis d’exécution des décisions de de la
CIJ :

Ces garantis sont essentiellement des garanties juridiques (A) et des garantis
institutionnels (B).

A / les garanties liées à la nature des décisions :


L'obligation de bonne foi est un principe fondamental du droit
international qui exige que les États agissent de manière loyale et
honnête dans leurs relations mutuelles. Cela signifie qu'ils doivent
respecter les engagements qu'ils ont pris dans le cadre de traités et
d'accords internationaux et qu'ils ne doivent pas adopter de
comportements trompeurs ou frauduleux.
Les États sont tenus d'exécuter de bonne foi les arrêts de la CIJ. Cela
implique une coopération sincère dans la mise en œuvre des décisions
rendues par la Cour. L'obligation de bonne foi est un élément essentiel
pour garantir le bon fonctionnement du système juridique
international.
Le consentement à comparaître devant la Cour peut prendre diverses
formes. Tout d'abord, les États ont la possibilité d'inclure dans des
accords bilatéraux ou multilatéraux des clauses compromissoires, par
lesquelles ils s'engagent à soumettre à la Cour, par le biais d'une
requête unilatérale, les différends liés à l'interprétation ou à
l'application de ces accords, conformément à l'article 36, paragraphe 1,
du Statut. Cette reconnaissance de la compétence de la Cour précède
le litige et doit être expressément formulée par les parties.
Cette acceptation de la compétence de la Cour est antérieure au
différend et doit être expressément exprimée par les parties.5
5
La liste de ces instruments figure dans l'annuaire de la C.U. Voir l'annuaire 2002-2003, p. 174-194

6
Le consentement des parties peut également découler de déclarations
générales des États, dans lesquelles ils reconnaissent la juridiction de
la Cour comme contraignante pour les différends futurs. Cette forme
de consentement peut comporter des réserves et est énoncée à l'article
36, paragraphe 2, du Statut de la Cour.6
De plus, les États peuvent accepter la compétence de la Cour par le
biais d'un compromis, en lui confiant la résolution d'un différend déjà
existant. À ce jour, seize affaires ont été soumises à la Cour de cette
manière. Enfin, en l'absence d'une déclaration explicite des parties
dans une convention, la Cour peut interpréter de manière libérale tout
"acte concluant" comme une base de sa compétence selon la théorie
du forum prorogatum. Ainsi, lorsque la compétence de la Cour n'est
pas contestée par l'État défendeur au moment de la présentation de la
requête, elle peut considérer qu'elle est valablement saisie. Une
extension de la compétence de la Cour peut également être envisagée
lorsque, après la saisine, la partie défenderesse comparaît ou présente
ses propres conclusions.7
L'examen de la saisine par compromis est particulièrement pertinent
car elle présente un intérêt à plusieurs égards. Tout d'abord, étant
donné que les deux parties ont clairement exprimé leur volonté
commune de résoudre le différend en se basant sur le droit, le juge est
assuré de ne pas être confronté à des incidents procéduraux jusqu'à la
prononciation de la décision au fond. La Cour a souligné ce point de
manière significative dans son arrêt du 12 octobre 1984, rendu par la
Chambre constituée par ordonnance du 20 janvier 1984 dans l'affaire
de la Délimitation de la frontière maritime dans la région du golfe du
Maine (Canada / États-Unis d'Amérique), en indiquant que "ayant été
saisie par voie de compromis, il ne se pose pas de questions

6
Ce paragraphe dispose :« Les États parties au présent Statut pourront, à n'importe quel moment, déclarer
reconnaître comme obligatoire de plein droit et sans convention spéciale, à l'égard de tout autre État acceptant
la même obligation, la juridiction de la Cour sur tous les différends d'ordre juridique ayant pour objet:
l'interprétation d'un traité; tout point de droit international: la réalité de tout fait qui, s'il était établi,
constituerait la violation d'un engagement international. »
7
Affaire des Droits de minorités en Haute-Silésie, précitée, note 4, 24; Affaire de l'Anglo-lranian Oil Company
(Royaume-Uni c. lran) [1952] C.U. Rec. 114.

7
préliminaires en ce qui concerne sa compétence pour connaître de
l'affaire."8
Les arrêts étant des décisions définitives et obligatoires, ils sont
revêtus de l'autorité de la chose jugée. Par souci de respecter le
consensualisme, l'article 59 du Statut de la C,IJ. Précise que l'autorité
de la chose jugée s'applique « aux parties en litige et dans le cas qui a
été décidé ». L'autorité de la chose jugée est donc relative. Dans
l'affaire de l'Usine de Chorzow, la C.P.J.I. Explique que «le but de
l'article 59 est seulement d'éviter que des principes juridiques admis
par la Cour dans une affaire déterminée soient obligatoires pour
d'autres États ou d'autres litiges. » On comprend donc que ce principe
soit réaffirmé en des termes identiques par l'article 59 du Statut de la
C.U.
Le caractère définitif et obligatoire des arrêts justifie l'obligation de
leur exécution. Cet effet obligatoire s'attache au dispositif des arrêts et
non aux motifs. Bien que l'article 56 du Statut fasse obligation à la
Cour de motiver ses arrêts, ces derniers ne sont pas obligatoires. La
c.P.J.I. l'a signalé dans l'avis consultatif donné dans l'affaire du
Service postal à Dantzig :« [...] Il est certain que les motifs contenus
dans une décision, tout au moins dans la mesure où ils dépassent la
portée du dispositif n'ont pas force obligatoire entre les parties
intéressées. » La C.U., dans l’arrêt sur les exceptions préliminaires
rendu dans l'affaire de l 'lnterhandel, indique aussi qu' « exécuter une
décision, c'est mettre en exécution le dispositif de celle-ci. »
L'article 94 de la Charte des Nations Unies, paragraphe 1, tient compte
tant de l'effet obligatoire des arrêts que de l'autorité relative de la
chose jugée dont ils jouissent. À ce sujet, il diffère de l'article 13,
alinéa 4, du Pacte de la S.d.N. qui étendait cette obligation aux
sentences arbitrales et, plus tard, aux décisions judiciaires (judicial
decisions en anglais). Cet aspect est abordé par la doctrine. Certains
auteurs trouvent la rédaction de l'article 94 plus commode. Pour

8
Affaire précitée

8
d'autres, au contraire, cet article a un sens plus restrictif que l'article
13, alinéa 4 du Pacte de la S.D.N.
Il est observé que cet article du Pacte de la S.D.N. s'inscrit tout
simplement dans le contexte de l'époque où l'on croyait pouvoir
consolider la paix par le droit. Il n'y a donc rien d'étonnant que l'article
94, paragraphe 1, de la Charte soit plus restrictif car les rédacteurs en
1945 se sont rendus à l'évidence que la solidarité internationale n'est
pas acquise au point d'amener les États tiers, fut-ce dans le cadre d'une
organisation internationale, à prêter leur concours à une décision
juridictionnelle. Toutefois, il est des rares cas où il s'étend aux tiers.

9
B/ les mécanismes institutionnels :
L'initiative du créditeur de la décision qui recourt au Conseil de
sécurité en vertu du paragraphe 2 de l'article 94 de la Charte pour
assurer l'exécution de ladite décision peut être interprétée de
différentes manières en fonction de la compréhension du verbe
"recourir". À ce sujet, la doctrine propose diverses hypothèses quant
au comportement des parties devant le Conseil de sécurité et à la
réaction de celui-ci.
Le professeur Vulcan avance que l'État récalcitrant, s'il n'est pas
membre du Conseil de sécurité, demandera probablement à participer
aux discussions conformément à l'article 31 de la Charte. Il aura ainsi
l'occasion d'expliquer son attitude en invoquant soit l'impossibilité
d'exécuter la décision de la Cour, soit la nullité de celle-ci. En utilisant
le terme "recours" au Conseil de sécurité, il souligne que celui-ci sera
inévitablement contraint de se prononcer sur la validité ou l'invalidité
de la décision. Vulcan met en garde contre les risques que le Conseil
de sécurité ne se transforme en une sorte de Cour de Cassation vis-à-
vis des décisions de la Cour.9
Cette perspective est également partagée par Schachter. Selon cet
auteur, la partie perdante peut également alléguer devant le Conseil de
sécurité le motif d'excès de pouvoir de la Cour pour justifier son refus
d'obtempérer à la décision de celle-ci. De plus, elle prétendra que le
jugement de la Cour n'a pas pris en compte tous les aspects du litige et
que d'autres considérations doivent être prises en compte dans le
contexte politique devant le Conseil. En revanche, l'autre partie
insistera sur la force contraignante de la décision de la Cour et tentera
9
Constantin VULCAN, L'exécution des décisions de la Cour internationale de Justice d'après la Charte des
Nations Unies », (1947) R.G.D.l.P. 196 et 197.

10
d'exclure les motifs avancés par la partie perdante, arguant que le
Conseil de sécurité n'a pas à statuer sur la validité d'un litige déjà
tranché par la Cour.
Si de tels scénarios se concrétisaient, les démarches entreprises en vue
de l'exécution de ses décisions ne conduiraient qu'à une atteinte à la
réputation de la Cour internationale, car des décisions fondées sur le
droit pourraient être remises en question par un organe politique. Il est
essentiel de noter, conformément à l'article 96, alinéa 1, de la Charte,
que c'est la Cour qui est habilitée à fournir des avis juridiques à cet
organe et non l'inverse. Ces auteurs semblent négliger le fait que la
nullité, notamment liée à l'excès de pouvoir, est propre à l'arbitrage.
Schachter reconnaît également la complexité de la situation pour le
Conseil en avançant l'idée que si les arguments des parties soulèvent
un point d'ordre juridique non tranché par la Cour, le Conseil
recueillerait probablement l'avis de la Cour ou celui d'un Comité ad
hoc de juristes.10
Que le Conseil encourage les parties à s'entendre sur une formule
permettant l'exécution de l'arrêt, cela se conçoit comme l'illustrent
certaines affaires.11
Cependant, remettre en question l'autorité de la chose jugée
constituerait la solution la plus problématique pour le Conseil de
sécurité, car cela donnerait à la partie récalcitrante la possibilité de se
libérer des obligations découlant de l'article 94 de la Charte. Ainsi, le
point de vue de Kelsen, qui se fonde sur les déclarations des
négociateurs américains au Sénat des États-Unis pour soutenir que cet
organe pourrait recommander une solution totalement différente de
celle proposée par la Cour, ne peut être admis. La majorité de la
doctrine s'oppose à cette approche.
10
Oscar SCHACHTER, « The Enforcernent of intemational Judicial and Arbitral Decisions », (1960) 54 AJ.I.L.
11
Le 19 mars 1933, la sentence arbitrale rendue dans l'affaire des Forêts de Rhodope enfaveur de la Grèce ne
fut pas exécutée par la Bulgarie. En vertu de l'article 13 alinéa 4 du Pacte de la S.d.N., le Conseil fut saisi par le
gouvernement grec, le 4 septembre 1934. Le représentant bulgare déclara que son gouvernement n'avait pas
l'intention de se dérober à son obligation. Il fit valoir que du fait de la situation financière difficile que connaît
son pays, le gouvernement était dans l'impossibilité de payer en argent comptant, mais il est prêt à le faire en
nature. Cette solution ayant été acceptée par le gouvernement hellénique, le Conseil en prit acte. Et l'affaire fut
réglée.

11
Dans ce contexte, Rosenne affirme que la chose jugée doit demeurer
inaltérée. Selon lui, l'utilisation du terme "recourir" n'est pas en
contradiction avec l'article 59 du Statut, lequel stipule que "le
jugement est définitif et sans recours". Autrement, l'article 94,
paragraphe 1 de la Charte perdrait sa substance, et le jugement de la
Cour serait transformé en une sorte d'avis consultatif dont la validité
dépendrait en dernière instance de l'action du Conseil de sécurité.12
De son côté, Tuncel, comparant le rôle de la Cour et l'action du
Conseil de sécurité, montre que la C.LI cherche à résoudre les litiges
internationaux sur la base des principes juridiques et du droit
international. Son argumentation repose sur l'aI1icle 38 du Statut aux
termes duquel la Cour a pour mission « [...] de régler conformément
au droit international les différends qui lui sont soumis. »
Aborder la question de la nature de la compétence du Conseil de
sécurité revient à se demander si les pouvoirs qui lui sont conférés en
vertu de l'article 94 se limitent aux mesures du chapitre VII de la
Charte, ou s'ils découlent plutôt des pouvoirs généraux qui lui sont
attribués par d'autres dispositions de la Charte. Cette problématique
suscite d'importantes controverses au sein de la doctrine.
Certains auteurs soutiennent que l'article 94 de la Charte restreint le
champ d'application de la sanction. Selon cette perspective, le Conseil
de sécurité ne pourrait intervenir en cas de refus d'exécution d'une
décision de la Cour internationale de Justice que si ce refus
compromet la paix et la sécurité internationales. Ainsi, le fondement
juridique de l'action du Conseil de Sécurité devrait être recherché
exclusivement dans le Chapitre VII de la Charte.
Cette position laisse entendre que le Conseil de sécurité peut être saisi
de sa propre initiative pour mettre fin à une situation de menace à la
paix. Cependant, les auteurs défendant la thèse de l'auto-saisine
s'opposent à l'idée d'une compétence spécifique et limitée du Conseil.
Ils soulignent que, conformément à l'article 96, seule la partie

12
Fritz Robert Saint-Paul, L'exécution des décisions de la Cour internationale de Justice: faiblesses et
malentendus, Université de Montréal Faculté des études supérieures, 2006, p 91.

12
gagnante peut recourir au Conseil. Cette interprétation aurait pu être
envisageable à l'époque de la Société des Nations (SdN), où l'article
13, paragraphe 4, du Pacte autorisait le Conseil à s'autosaisir en cas de
non-exécution d'une sentence. Cependant, cette perspective est
contredite par la pratique des États, car les rares cas d'inexécution de
décisions de la Cour internationale de Justice soumis au Conseil de
sécurité l'ont été uniquement par les créanciers des décisions. De plus,
elle impliquerait que tout acte d'inexécution constitue immédiatement
une menace pour la paix, ce qui n'est pas toujours le cas. Néanmoins,
une compétence étendue du Conseil ne pourrait que renforcer
l'efficacité des décisions de la Cour.13
Une autre perspective a émergé, défendue par les États-Unis, la
Tchécoslovaquie, les Pays-Bas, la Norvège, le Paraguay, le Royaume-
Uni et l'Union Sud-Africaine. Selon eux, l'établissement d'une liste
exhaustive de cas d'agression serait inévitablement lacunaire. De plus,
ces États estiment que le Conseil de sécurité pourrait se voir accorder
des pouvoirs dépassant le cadre strict du maintien de la paix et de la
sécurité internationales. La Norvège souligne également que le non-
respect d'une sentence internationale ne constitue pas
automatiquement une menace pour la paix. Cette perspective a permis
d'écarter une interprétation rigide du Chapitre VII de la Charte,
laissant au Conseil de sécurité le pouvoir d'apprécier et de définir son
action.
L'article 94 de la Charte n'impose pas de restrictions aux pouvoirs du
Conseil de sécurité aux seuls chapitres VI et VII. Cet organe peut agir
en vertu d'autres articles de la Charte, mais uniquement à la demande
de la partie gagnante, car un État tiers ou la communauté
internationale ne devraient pas être plus affectés qu'elle par le non-
respect d'une décision de la Cour. Rosenne souligne judicieusement
que le Conseil de sécurité n'occupe pas une position automatiquement
désignée comme organe permanent de la Cour chargé de faire
respecter le droit, mais plutôt qu'il est à la disposition des parties en
cas de besoin. Il est à noter que dans l'affaire de l'Anglo-Iranian Oil
13
W. Michael REISMAN, « The enforcement of intemational judgments», (1968) 63 A.J.l.L. 15.

13
Company, le Conseil de sécurité n'avait cité que des dispositions
générales comme fondement de sa compétence et non l'article 94,
paragraphe 2.
Ainsi, une fois établi le caractère autonome des pouvoirs du Conseil
de sécurité en vertu de l'article 94 de la Charte, il reste à examiner la
question de l'exercice de ces pouvoirs.14

14
Fritz Robert Saint-Paul, L'exécution des décisions de la Cour internationale de Justice: faiblesses et
malentendus, Université de Montréal Faculté des études supérieures, 2006, p 98.

14
II/ les entraves d’exécutions des décisions de la
CIJ :
Ces entraves consistent essentiellement en : la nature de la société
internationale (A) et la réticence des Etats (B).
A/ la nature de la société internationale :
La société internationale a connu un considérable élargissement. Alors
que quarante-sept États étaient représentés à première session de
l’Assemblée de la SDN en 1920, on compte aujourd’hui près de deux
cents États.
Euro-centrique au début du siècle, la société internationale s’est
élargie à tous les continents. La société internationale est une société
décentralisée.
Le concept de souveraineté étatique y est largement dominant. Certes,
les États sont conscients de leur interdépendance qui les amène à se
regrouper et à coopérer au sein d’organisations internationales. Mais
ils demeurent jaloux de leur souveraineté et individualistes.
Les relations internationales ne se limitent pas aux seules relations
entre États. Aux côtés de ces relations interétatiques se développent
des relations faisant intervenir d’autres entités, telles que les
organisations internationales mais aussi des sujets de droit interne qui
se voient reconnaître des droits et des obligations dans l’ordre
juridique international. On assiste en effet au développement
de relations Trans étatiques ou transnationales.
Ces relations revêtent toutes un aspect international qui tient à
l’existence d’un élément d’extranéité, un élément étranger. Elles
peuvent donc concerner des États entre eux, ou encore des États et des
organisations internationales, des États et des sujets de droit interne,
individus, firmes multinationales, organisations non gouvernementales

15
(ONG), mais aussi des sujets internes qui relèvent et agissent sur le
territoire de différents États.
Il n’y a pas de cloisonnement strict entre les différents types de
relations. Les relations internationales sont foisonnantes, en constante
évolution du fait de la mondialisation. La mondialisation traduit ce «
dédoublement du monde » (R.-J. Dupuy) qui fait coexister deux
mondes enchevêtrés et réciproquement influents, celui des États et
celui, plus récent, des flux Trans étatiques.
Dès lors les relations internationales, sous l’impulsion de l’évolution
de la société internationale, appréhendent de nouvelles questions,
reflets des nouvelles préoccupations des acteurs internationaux :
protection des droits de l’homme, préservation de l’environnement,
développement durable, lutte contre la criminalité internationale,
développement des relations économiques et commerciales (création
de l’Organisation mondiale du commerce en 1994, par les accords de
Marrakech, 15 avril 1994). 15
En l’absence d’autorités extérieures et supérieures aux États, ils sont
seuls à apprécier la signification et la portée des normes dont ils sont à
la fois les auteurs et les destinataires. La Cour permanente de justice
internationale (organe judiciaire de la SDN) a eu l’occasion de
l’affirmer dans l’affaire du Lotus en 1927 : « les règles de droit liant
les États procèdent de la volonté de ceux-ci ».16
Dès lors, non seulement les États en apprécient la portée mais ils en
apprécient aussi subjectivement les violations possibles et les
conséquences qu’ils y attachent. Leur appréciation pourra donc être
dictée moins par le souci de faire respecter objectivement le droit que
par leurs intérêts particuliers dans une situation donnée. Des
considérations politiques guideront donc leur attitude, c’est même
souvent par intérêt politique que les États acceptent de placer certaines
de leurs relations sous l’empire du droit.

15
Pascale Martin-Bidou, Le droit de la société internationale, Dans Fiches de Droit international public (2017), p
5.
16
CPJI, arrêt du 7 septembre 1927, affaire du Lotus, série A, n° 9

16
Ainsi les normes internationales sont relatives et ne sont opposables à
un État que dans la mesure de son consentement : c’est
l’opposabilité, un État n’est tenu de respecter que les normes
internationales auxquelles il y a consenti et dans la mesure de ce
consentement.17
Aussi il y a question du respect du droit international, en effet, La
critique du manque d’efficacité du droit international à imposer le
respect des règles du jeu de la société internationale revient souvent
ex. : impuissance de l’ONU à éviter ou à résoudre les multiples
conflits qui secouent certaines régions du monde. Comment affirmer
d’une part, le principe fondamental du non-recours à la force et son
corollaire le règlement pacifique des différends, tout en constatant
d’autre part que la pratique connaît tant de crises, de conflits dans
lesquels les protagonistes font un usage illicite de la force ?
La situation du droit international est dès lors embarrassante et il doit
prouver qu’il constitue bien un ordre juridique.
La réalité des rapports internationaux apporte ces preuves.
Les États par leur comportement expriment le sentiment que les règles
de droit international sont bien obligatoires : par l’ardeur qu’ils
mettent à conclure des traités, par leur tendance à chercher
systématiquement à justifier juridiquement leur conduite, leur
comportement lorsqu’ils violent un engagement. Les États appliquent
les règles du droit international parce qu’ils ont un sentiment
d’obligation.
Il existe un ordre juridique international, certes moins intégré que les
ordres internes, plus imparfait, mais réel, cohérent et reconnu comme
tel par les sujets du droit international.18
B/ la réticence des Etats :

17
Pascale Martin-Bidou, Le droit de la société internationale, Dans Fiches de Droit international public, 2017, p
7.
18
Ibid.

17
Les ordonnances en indication des mesures conservatoires sont
destinées à sauvegarder les droits des parties à un différend en
attendant l'arrêt au fond. Elles sont régies par l'miic1e 41 du Statut de
la Cour, ainsi libellé: « La Cour a le pouvoir d'indiquer, si les
circonstances l'exigent, quelles mesures conservatoires du droit de
chacun doivent être prises à titre provisoire. En attendant l'arrêt
définitif, J'indication de ces mesures est immédiatement notifiée aux
parties et au Conseil de Sécurité.
Le plus souvent, la partie défenderesse rejette l'ordonnance au motif
d'incompétence de la Cour, Parfois, elle va jusqu'à informer la Cour de
sa volonté de ne pas s'y conformer. Tel est le cas du gouvernement
d'Iran qui a rejeté l'ordonnance du 5 juillet 1951 rendue à propos de
l'Affaire de l'Anglo-Iranian oil Company et annoncé que le personnel
anglais, encore à Abadan, serait prévenu qu'il aurait à quitter le pays
dans les 7 jours. En outre, il arrive même à l'État défendeur d'invoquer
son caractère non obligatoire ou d'exprimer des doutes à ce sujet.
Ainsi, dans l'affaire Bréard (Paraguay c. Etats-Unis), l'ordonnance du
9 avril 1998 de la C.LJ, est décrite comme « using non-binding
language» par le gouvernement américain. Le même jour, une note du
Ministère de la Justice à la Cour suprême américaine a fait état du «
substantial disagreement among jurists » sur la question de la force
obligatoire des mesures conservatoires de la CIJ et suggérait que « the
better reasoned position is that such an order is not binding. »19
Dès lors, la décision de la Cour suprême des États-Unis, auprès de
laquelle le Paraguay avait interjeté appel contre la condamnation à
mort d'Angel Breard par les tribunaux de l'Etat de Virginie était
prévisible.
Le gouverneur de Virginie n'a pas empêché l'exécution de Breard le
14 avril 1998.
La position de l'agent des États-Unis selon laquelle cet État ne saurait
être prise au sérieux compte tenu du fait que le Gouvel11ement

19
L'affaire de la Compétence en matière de pêcheries (Royaume Uni et République Fédérale d'Allemagne c.
Islande), ordonnance du 7 août 1972, [1949] C.U. Rec. 181 et 182.

18
américain, par le biais du porte-parole du Département d'État, James
Rubin, rappelait que l'ordonnance de la Cour « was not a binding
decision. »
Le problème du caractère obligatoire des ordonnances en indication de
la CIJ dont fait état l'exécutif américain n'est jamais mentionné quand
il s'agit pour lui de chercher à tirer profit d'une mesure conservatoire.
Dans l'affaire du Personnel diplomatique et consulaire des Etats Unis à
Téhéran, lorsque la sécurité de leurs diplomates était menacée, ne
s'attendaient-ils pas à ce que ces mesures conservatoires demandées
soient exécutée
Au total, la ordonnances en indication de mesures conservatoires ont
été rejetées par les États concernés. Il s'agit de celles du 5 juillet 1951
relative à l'affaire de l'Anglo-lranian Oil Company rejetée par l'Iran,
du 17 août 1972 rendue en l'affaire de la Compétence en matière des
pêcheries rejetée par l'Islande, du 22 juin 1973 rendue en l'affaire des
Essais nucléaires rejetée par la France, du 15 décembre 1979 à propos
de l'affaire du Personnel diplomatique des Etats Unis à Téhéran rejetée
par l'Iran, du la mai 1984 rendue en l'affaire des Activités militaires au
Nicaragua et contre celui-ci rejetée par les Etats-Unis, du 8 avril 1993
rendue en l'affaire de l'Application de la convention pour la prévention
et la répression du crime de génocide et celle du 16 septembre 1993
rendue à propos de la même affaire inexécutées par la Yougoslavie, du
9 avril 1998 rendue en l'affaire de la Convention de Vienne sur les
relations consulaires (Bréard) rejetée par les Etats-Unis, du 3 mars
1999 rendue en l'affaire LaGrand inexécutée par les Etats Unis.
20
L’ordonnances du 5 juillet 1951 rendue à propos de l'Affaire de
l’anglo-lranian Oil Company et celle du 15 décembre 1979 à propos
de l'affaire du Personnel diplomatique des Etats-Unis à Téhéran
rejetée par l'Iran méritent de retenir l'attention en ce sens que l'article
94 de la Charte des Nations Unies est invoqué devant le Conseil de
sécurité. L'ordonnance du 5 juillet 1951 ayant fait l'objet d'un refus
fèmne1 d'exécution de la part de l'Iran, le Conseil de sécurité a été
20
Il s'agit, entre autres, de : Affaire du Plateau continental de la mer Egée, mesures conservatoires, ordonnance
du Il septembre 1976, [1976J CIJ. Rec.14.; affaire relative à Certaines procédures pénales engagées en France
(République du Congo c. France), mesures conservatoires, ordonnance du 17 juin 2003, [2003J par. 38 et 39.

19
saisi par le Royaume-Uni, le 29 septembre 1951, pour examiner
l'affaire sur la base des articles 41, alinéa 2 du Statut de la CIJ, 34, 35
et 94, paragraphe 2 de la Charte. Il est à signaler que les articles 34 et
35 de la Charte attribuent au Conseil de sécurité un pouvoir d'enquête
et de qualification de tout différend ou de toute situation susceptibles
de menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
La pratique des États n'est pas encourageante en matière de mesures
conservatoires en ce qu'on dénombre peu d'ordonnances en indication
de mesures conservatoires qui ont été respectées par les États parties
concernées.
L'exécution stricte de l'ordonnance du 10 janvier 1986 rendue dans
l'affaire du Différend frontalier entre le Burkina Faso et le Mali est le
seul exemple Connu jusqu'à présent.
Par compromis signé le 16 septembre 1983 entre le Burkina Faso et le
Mali, les deux parties ont demandé à la Cour, le 20 octobre 1983, de
déterminer la frontière terrestre entre elles sur une partie de sa
longueur. Le 25 décembre 1985, le différend s'est transfom1é en
conflit armé.
Le 2 janvier 1986, le Gouvernement du Burkina Faso a sollicité de la
Cour des mesures conservatoires. Le 6 et le 7 janvier 1986, celui du
Mali en a fait autant. Le 10 janvier 1986, la Cour a rendu son
ordonnance par laquelle il a demandé aux pm1ies de ne prendre
aucune mesure qui puisse aggraver ou étendre le différend, de
respecter le cessez-le-feu institué le 31 décembre 1985 et retirer leurs
troupes respectives suivant les modalités à déterminer pendant une
période de vingt jours. La Cour a précisé qu'à défaut de cet accord,
elle en indiquera, elle-même les termes.21
Le 18 janvier 1986, les parties ont conclu un accord à cette fin. Le 1er
février 1986, le retrait des troupes s'est déroulé sans incident236. En
juin 1986, les parties ont renoué leurs relations diplomatiques et en
novembre 1986, elles ont réaffirmé leur engagement à des relations
fraternelles. À partir de ces exemples, il est permis d'avancer que le
21
L’ordonnance du 10 janvier 1986, C.U. Rec. 1986,9-11.

20
non-respect de la majorité des ordonnances en indication de mesures
conservatoires semble être dû aux controverses auxquelles avait donné
lieu le caractère obligatoire de telles ordonnances avant l'arrêt
LaGrand. 22
On doit s'attendre à ce que les États parties observent un
comportement positif à l'égard de ces mesures à l'avenir. L'ordonnance
du 15 mars 1996 rendue en l'affaire de la Frontière terrestre et
maritime entre le Cameroun et le Nigeria a connu un succès mitigé. La
situation « a connu quelques accalmies depuis lors » comme le
reconnaît le co-agent du Cameroun. Cependant, les deux parties se
sont rejetées la responsabilité du non-respect de cette ordonnance.
De même, dans l'affaire concernant les Activités armées sur le
territoire du Congo. La République Démocratique du Congo et
l'Ouganda s'accusent de la non-exécution de l'ordonnance du 1er
juillet 2000. Cependant, à aucun moment, ces États n'ont questionné
son effet obligatoire. Dans l'affaire Avena et autres ressortissants
mexicains. En dépit du fait que la Cour a déploré que son ordonnance
en date du 5 février 2003 n'ait pas produit ses effets conformément à
ses termes et à l'article 41 du Statut, on peut commencer par noter ce
changement. 23

Bibliographie :

Ouvrages généraux :
 Puigelier (C.), dictionnaire juridique Éditions Larcier,
2015

22
Charles ROUSSEAU. « Burkina - Faso et Mali: affrontements armés entre les deux États à propos de leurs
revendications territoriale (25-30 décembre 1985 », (1986) 90 R.G.D.I.P. 417.
23
Par. 152 de l'arrêt du 31 mars 2004.

21
 Martin-Bidou (P.), Le droit de la société internationale,
Dans Fiches de Droit international public (2017)
Ouvrages spécialisés :
 VULCAN (C.), L'exécution des décisions de la Cour
internationale de Justice d'après la Charte des Nations
Unies », (1947) R.G.D.l.P.
 ROUSSEAU (Ch.), « Burkina - Faso et Mali:
affrontements armés entre les deux États à propos de
leurs revendications territoriale (25-30 décembre 1985 »,
(1986) R.G.D.I.P
 SCHACHTER (O.), « The Enforcernent of intemational
Judicial and Arbitral Decisions », (1960)
 W. Michael REISMAN, « The enforcement of
intemational judgments», (1968)
Thèses et mémoires :
 Saint-Paul (R.), L'exécution des décisions de la Cour
internationale de Justice: faiblesses et malentendus,
Université de Montréal Faculté des études supérieures,
2006
Jurisprudence :

 CIJ, Affaire des Droits de minorités en Haute-Silésie


 CIJ, Affaire de l'Anglo-lranian Oil Company (Royaume-
Uni c. lran)
 CPJI, arrêt du 7 septembre 1927, affaire du Lotus
 CIJ, Affaire du Plateau continental de la mer Egée

22
 Ordonnance du 7 aoüt 1972 : CIJ, L'affaire de la
Compétence en matière de pêcheries (Royaume Uni et
République Fédérale d'Allemagne c. Islande)
 L’ordonnance du 10 janvier 1986, CIJ

Documents officiels :
 Annuaire de la C.I.J. 2002-2003

Sites officiels :
 Site officiel de la cour internationale de justice.

23

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