d'une période a l'autre. Il pointe certaines permanences, dont l’idée
d’épurer le corps et celle de renforcer le corps. La saignée avait par
exemple pour but d’épurer le corps. Le roi Louis XIV avait pour habitude
de faire une saignée par mois d’aprés son journal de santé.
3.2. Et_méme de plus en plus importante jarello:
Marin; Sfez
Vigarello_explique que le régime est bien plus important aujourd'hui
qu’avant, et cela pour 3 raisons:
- La santé est devenue un bien de consommation comme un autre, il
évoque une
« santé consommée » grace aux magazines de santé qui répondent a
des attentes individuelles en matiére de santé et le développement de
nouveaux produits et de nouveaux services, tels que les
thalassothérapies, les salles de remise en forme, le développement des
applications iSanté ;
- L’exigence vis-a-vis de sa propre santé est aujourd’hui plus forte
qu’auparavant. Les individus sont devenus plus attentifs et exigeants
envers leur santé et envers eux-mémes, la frontiére entre maladie et
santé s'est déplacé.
3. La santé, un enjeu politique
Si les politiques de santé publique ne sont pas nouvelles, leurs emprises
sont plus grandes que jamais. Par exemple, les messages de prévention
qui sont de plus en plus nombreux, comme manger 5 fruits et Isgumes
par jour, se laver les mains, appliquer les gestes barriéres, etc.. On est de
plus en plus incité a contréler notre santé. Ces discours culpabilisants
imputent & chacun la responsabilité de sa santé. Certains dénoncent
l'instauration d’un nouvel ordre moral dans lequel il serait malvenu de
faire bien manger, de fumer, de boire, d’étre sédentaire.
Claire Marin, philosophe, dans son ouvrage La tyrannie de la bonne
santé, évoque l'idée d’une tyrannie de la bonne santé. Au-dela de cette
injonction de la bonne santé, la représentation de ce qui menace la santé
a également changé. Il ne s’agit plus seulement de lutter contre des
maux extérieures, il s’agit aussi de prévenir ce qui nous menace de
Vintérieur. Aujourd’hui, on lutte contre les prédispositions aux cancers,
aux troubles cardiovasculaires. Par exemple, la prise de sang est utile
pour vérifier les maladies, l’analyse ADN permet de diagnostiquer des
prédispositions & certaines maladies. Cette nouvelle approche tend &
brouiller les frontiéres entre santé et maladie car on ne sait plus trop bien
ou commence la maladie. Les facteurs de risques ont tendance a étre
considéré comme des maladies. On va donc les traiter, comme par
exemple le cholestéro! ou encore les risques cardiovasculaires.
Lucien Sfez est professeur en sciences politiques & la Sorbonne et fait un
constat assez proche de celui de Vigarello dans son ouvrage La santé
parfaite, & savoir qu’il met en évidence une nouvelle utopie qu’il nommeappuyé sur sa propre expérience de la maladie ou de celles de ses
proches, comme les accompagner chez le médecin pour réaliser des
observations.
3. Le modéle exogéne
Dans ce premier modéle, la maladie est le résultat d’un élément étranger
extérieur au malade. Dans les sociétés traditionnelles, la maladie peut
tre attribuée 4 une personnalité humaine ou surnaturelle, un sorcier, un
mauvais esprit, la maladie frappe comme une faute, Dans nos sociétés
occidentales, la maladie peut étre appliqué A un agent nocif extérieure,
cad que la cause de la maladie est & rechercher dans l'environnement,
telle que la pollution, le mode de vie urbain stressant, le bruit, les
mauvaises conditions de logement, la mauvaise alimentation, etc. La
cause de la maladie peut également étre attribuée & un agent pathogane
extérieure, tel qu'un germe, un microbe ou un virus. Les éléments qui
entrainent la maladie sont invisibles, la maladie ne vient donc pas de
lindividu, il n’est pas tenu responsable, ce n’est pas de sa faute. Dans
certaines sociétés traditionnelles, la thérapie soustractif a pour objectif
d’éliminer le mal et de chasser l’intrus. Dans les sociétés occidentales,
c'est |’extraction chirurgicale qui enléve |’organe malade, éliminer la
partie infectée du corps. On utilise la thérapie soustractive, encore
appelée la médecine des contraires.
2.4, Le modéle endogéne
Dans ce modéle, la maladie vient de I'intérieur-méme de la personne. Ce
modéle est souvent utilisé pour explique les troubles du métabolisme
(diabéte), les déséquilibres hormonaux, les allergies, les pathologies
mentales ou encore certaines maladies cancéreuses ou génétiques. On
va retrouver les notions d’hérédité, de prédisposition et d’autodéfense.
Ce modéle est situé du cdté du malade. La maladie n’est plus considérée
comme une entité étrangére au malade, au contraire, elle part du sujet
lui-méme. l'individu est pour-partie & l’origine de sa maladie. Cependant,
il faut distinguer 2 variétés endogénes: d'une part, la variante biologique,
notamment que l'on retrouve dans le courant génétique ou |’on néglige
la personnalité du malade. Par exemple, la personne atteinte d’un
diabéte ne pourra pas étre tenu responsable de sa maladie, c’est la
fatalité). La seconde variante endogéne est la variante psychologique
plutét diffusée par le courant psychanalytique ou l’individu crée sa
maladie inconsciemment. La thérapie est additive, il s’agit d’ajouter
quelque chose au malade, de combler un manque. Par exemple, le
diabéte est traité par I'insuline, I’hormone qui fait défaut au malade. Les
allergies sont traitées par des traitements désensibilisant afin d’habituer
progressivement l’organisme a la substance allergéne. Cette pratique
thérapeutique est appelée la médecine des semblables, de soigner le
mal par le mal.Une méme maladie peut s’inscrire dans ces 2 modéles exogénes et
endoganes la fois. Par exemple pour le cancer. Cette maladie peut étre
expliqué selon le modéle endogéne (prédisposition, héréditaire) mais elle
peut étre aussi expliquée selon le modéle exogéne (pollution, mode de
vie stressant), De la méme facon, une maladie peut étre traitée par des
thérapies soustractives et par des thérapies additives, comme par
exemple une infection pulmonaire peut étre traitée par une cure
d'antibiotique au départ et étre suivie par des traitement
homéopathiques. Ces 2 modéles sont a la fois présents dans le discours
médicale, professionnel, scientifique et dans le discours commun.
Laplantine qualifie ces modéle de méta-culturelles.
CONCLUSION
Ces 2 modéles permettent de comprendre pourquoi les malades
européens et les malades musulmans issus de pays du Maghreb se
comportent différemment a |’hépital. Ainsi, dans le monde occidental, la
maladie se caractérise plutét par sa présence. Dans I'occidentale, la
maladie est percue comme une entité ennemie, étrangére qu’il faut
éliminer, supprimer, extirper du malade. On privilégie les thérapies
soustractives (soit on enléve la maladie par l’exorcisme ou par une
extraction chirurgicale). Cette vision occidentale semble pouvoir étre
reliée a la culture chrétienne. Dans la Bible, l'individu né en état de faute
doit aspirer @ s’en débarrasser. Or, une telle conception est étrangére a
la culture musulmane ou la maladie est de l’ordre de |’absence, de
Vabnégation. On privilégie les thérapies additives. Cette différence
permet de mieux comprendre les différences de comportement des
malades a I’hépital, le musulman voit le soignant comme quelqu’un qui
ajoute et non qui enléve. Les malades préférent recevoir des injections
plutét que d’étre opéré. Ils guérissent mieux lorsqu’ils vivent le
traitement qui ajoute (additive) plutét qu’une intervention qui supprime
(soustractive). Ainsi, certains musulmans considérent qu’un individu se
faisant prélever du sang devient impur. L’efficacité des soins des
médecins et de leurs interventions peuvent dépendre et doivent tenir
compte de ces conceptions anthropologiques.
3. Les conceptions et conduites de malad
On s’appuiera sur l’ouvrage de Claudine Herzlich intitulé Santé et
maladie. Analyse d’une représentation sociale, un classique de la
sociologie de la santé. L'auteure est née en 1932 et est a l’origine de la
sociologie de la santé en France. Dans les années 1960, elle a développé
des travaux sociologiques consacrés a la santé et & la maladie. Au cours
de la décennie 1970, elle va contribuer & développer I'enseignement de
cette discipline. En 1974, elle ouvrira le premier séminaire consacré a la
sociologie de la santé & la Haute Ecole des Etudes en Sciences Sociales.
Au cours des année 1980, elle va contribuer structurer la recherche