Vous êtes sur la page 1sur 4

Examen de français - Université Catholique d'Amazonas

Professeur : André Gomes

Étudiant:

Leia o texto a seguir e responda o questionário. Permitido o uso de todos os recursos


digitais possíveis como Verbix ou Deepl. Recomenda-se o uso de bescherelle, caso não
haja internet no momento da aplicação da prova.

“Barbie”, le joujou pseudo-féministe du géant Mattel

Ariane Nicolas publié le 25 juillet 2023 7 min

Le lm Barbie est-il féministe ? Oui, si l’on en croit la tonitruante campagne marketing.


Pourtant, selon notre journaliste Ariane Nicolas, le lm relève davantage d’une entreprise
de ripolinage opportuniste que d’une prise en compte sérieuse des droits des femmes.
Analyse.

« Elle, c’est Barbie. Lui, c’est juste Ken. » Le service marketing de Barbie, adaptation par
la réalisatrice Greta Gerwig du destin de la poupée la plus célèbre au monde, annonce la
couleur. Sur l’af che, l’actrice Margot Robbie ridiculise son homologue masculin (Ryan
Gosling), réduit à une machine sexuelle dont elle écrase le visage de sa main parfaitement
manucurée. La spectatrice sensible à l’égalité femmes-hommes frétille à l’idée d’assister à
une comédie féministe, af rmation revendiquée d’un girl power nouvelle génération où le
monde de Barbie gurerait, sur un mode exubérant, un matriarcat pop et sans complexe.

Et puis, la spectatrice en question se rend dans la salle, et en ressort… désabusée.


« C’est donc ça, le féminisme, d’après Hollywood ? » Deux heures de publicité ambulante
pour un produit commercial en perte de vitesse (40% de ventes en moins depuis dix ans), où
le féminisme est réduit à un discours de développement personnel qui ne fâchera que
quelques masculinistes acharnés. Venant de Gerwig, qui avait modernisé Les Filles du
docteur March (2019) en dressant une galerie complexe et attachante de portraits de
femmes, la déception est de taille.

“Girl Power” étriqué


Un bref rappel de l’histoire. Nous voici à Barbieland, où « Barbie stéréotypée » coule des
jours heureux en compagnie de ses copines. Sauf qu’un soir, la machine déraille : Barbie
pense à la mort, se met à avoir des pieds plats, a mauvaise haleine. Horreur ! Pour que la
poupée retrouve sa perfection d’antan, une comparse excentrique lui suggère d’aller dans le
monde réel, à la recherche de l’enfant qui jouait avec elle – manœuvre censée tout remettre
en ordre, pour aller vite. Barbie s’ex ltre donc à Los Angeles, accompagnée de Ken qui,
émerveillé par le patriarcat, décide de son côté d’importer le machisme à Barbieland dans le
dos de Barbie. La seconde partie du lm raconte la guéguerre que les Barbie et les Ken se
fi
fi
fi
fi
fi
fi
fi
livrent pour savoir qui aura le droit de régner au royaume du kitsch. Une heure de péripéties
fastidieuses plus tard, tout nit par s’arranger, et Barbie par trouver le chemin d’un bonheur
authentique.

En prenant conscience de l’existence du patriarcat à Los Angeles, Barbie a comme une


épiphanie. Harcelée dans la rue par des ouvriers très méchants – à ce stade de la caricature,
on n’est plus dans la satire mais dans l’outrageant mépris de classe –, la poupée humaine est
saisie de compassion pour toutes ces femmes banales qui ont la vie dure, c’est-à-dire qui
n’ont pas la chance d’être aussi jolies qu’elle. Dans Barbie, la question féministe est en effet
réduite à sa portion la plus congrue : l’esthétique. Il faut s’accepter comme on est
physiquement, car les femmes sont toutes belles et merveilleuses. « Facile à dire quand on
ressemble à Margot Robbie », ironise une voix off qui vient couper court à d’éventuelles
critiques dans la salle. Toujours conscient de prêcher une idée (l’égalité des femmes) tout en
lmant le contraire (le physique surnaturellement beau de Margot Robbie, les talents et la
vertu innés de son personnage), Barbie en devient oppressant. Il eût été dif cile de se
montrer plus audacieux, évidemment : pour lancer la franchise cinématographique de
Mattel, géant industriel qui a commandé cette adaptation à Greta Gerwig, un lm sur une
« Barbie moche » ou « nulle à peu près en tout » aurait démotivé les troupes.

Dépolitisation du féminisme
Étrangement, tous les apports du féminisme récents (sur le travail, l’« inclusivité », le
genre, la sexualité…) semblent otter sur le plateau sans que le lm ne s’y aventure
concrètement. Pendant les deux heures de ce ripolinage idéologique, on saura qu’il existe
des femmes en situation de handicap, mais elles n’auront pas la parole ; on apprendra qu’il
existe des femmes astronautes, mais on ne les verra pas travailler ; on remarquera que la
féminité inclut les femmes trans (l’excellente actrice Hari Nef), mais le mot ne sera jamais
prononcé ; on imaginera que des lesbiennes habitent à Barbieland, mais on n’en aura jamais
la preuve... Comme s’il fallait réduire la voilure au strict minimum : un très commode
discours d’empowerment servi façon Ted Talk, à chaque séquence ou presque. « Vous êtes
belle », lâche par exemple Margot Robbie à une vieille dame ridée, assise à un arrêt de bus,
dans une scène que la réalisatrice présente comme « le cœur du lm ». « Je sais », lui
rétorque simplement l’intéressée. Ah ! puisqu’il suf t de se faire con ance…

Au fond, dans Barbie, tout semble fait pour dépolitiser la question féministe. L’égalité
femmes-hommes se traduit non pas par un rapport de force où la lutte serait médiatisée par
des associations engagées, des revendications fortes ou des gures de proue parfois
clivantes, mais où l’émancipation des femmes est toujours ramenée à sa dimension
intersubjective. Les femmes contre les hommes ; les copines contre les copains ; Barbie
contre Ken. Un féminisme de la débrouille, en somme. Ce problème existait déjà dans autre
lm récent à vocation féministe, Women Talking (2022), de Sarah Polley, qui a reçu l’Oscar
du meilleur scénario adapté en 2023. Des femmes y évoquaient ensemble les violences
sexuelles dont elles avaient été l’objet. Incapable de dessiner les contours politiques d’une
société véritablement féministe, la metteuse en scène s’en tenait aux témoignages des
victimes et à la célébration d’une sororité courageuse. Rien sur les lois, les procédures, les
institutions à refonder. De même, le lm Barbie aurait pu être l’occasion d’imaginer un
fi
fi
fi
fl
fi
fi
fi
fi
fi
fi
fi
fi
matriarcat fun, rebâti de fond en comble, y compris de manière loufoque. Jamais Greta
Gerwig ne s’autorise une telle fantaisie.

Capitalisme révisionniste
Bien sûr, la dépolitisation du lm tient à un élément qui lui échappe en partie. Le
blockbuster de la rme Mattel doit être le moins clivant possible, a n d’assurer la vente
maximale de poupées et de produits dérivés une fois le carton en salles advenu. Les petites
blagues sur la gynécologie gêneront moins de spectatrices que de décréter que les femmes
trans ont le droit de concourir aux mêmes épreuves de natation que Barbie. Pour donner le
change, Mattel tend sa joue plasti ée en faisant mine d’accepter certaines critiques, par
exemple sur le côté ringard de la poupée ou la misogynie de ses dirigeants mâles. Une
opération de agellation minimale d’où l’entreprise sort renforcée, puisque le storytelling
reste entièrement sous contrôle, à tel point que la créatrice de Barbie, Ruth Handler, nous
est présentée comme une douce utopiste ayant œuvré toute sa vie pour l’indépendance des
femmes. Qui se soucie de savoir si c’est vrai ? « Quand la légende est plus belle que la
réalité, on imprime la légende » : cette sentence hollywoodienne révisionniste datant de
1962 – à peine trois ans après la mise sur le marché de la première poupée Barbie – n’a rien
perdu de sa vigueur.

Il est entendu qu’il n’existe pas un féminisme, mais des féminismes. En ce sens, le lm
de Greta Gerwig peut être effectivement présenté comme féministe, puisqu’il incite les
femmes de tous âges à devenir plus autonomes – ce qui est certes déjà mieux que la plupart
des blockbusters américains. Mais ce féminisme libéral, si bien en cour à Hollywood
aujourd’hui, agit comme un bras armé du capitalisme et un zélateur de l’identité
individuelle. Il est combattu par d’autres courants féministes, qui tentent de résister aux
puissances de l’argent et de défendre en premier lieu les femmes les plus vulnérables et
modestes. La philosophe Nancy Fraser, coautrice du manifeste Féminisme pour les 99%,
est l’une des penseuses qui incarnent le mieux ce courant dit « intersectionnel ». Dans une
tribune au quotidien anglais The Guardian, en 2013, elle montrait avec une grande acuité
comment féminisme et néolibéralisme étaient progressivement parvenus à marcher main
dans la main – contre l’idée que le capitalisme patriarcal ne pouvait accepter en son sein des
personnes de genre féminin.

“En refusant de tout analyser au prisme de la sphère économique et en politisant ce qui


relève du personnel et de l’intime, les féministes ont élargi le spectre politique et pu mettre
en branle les hiérarchies établies sur des différences de genre construites socialement. Le
résultat aurait dû être une plus grande prise en compte des besoins de justice à tous les
niveaux. Mais ce qui s’est passé, c’est plutôt une attention unilatérale à la thématique de
l’identité de genre, et une relégation au second plan de problèmes liés à la vie matérielle
quotidienne [bread and butter issues]”

Nancy Fraser, op. cit.


Le groupe Mattel ne pouvait assurer sa survie économique qu’en empruntant la voie la
plus lucrative du moment au rayon femmes, à savoir celle d’un féminisme consensuel,
hétéronormé et rassurant. Dans cette grande entreprise de mysti cation capitaliste, à des
fl
fi
fi
fi
fi
fi
fi
années-lumière des combats de Harriet Tubman, Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi ou
Judith Butler, c’est encore le lm lui-même qui semble le plus conscient de ce qui se joue
en coulisses : « Nous sommes tous le jouet de quelqu’un », s’entend dire Barbie, qui accepte
dès lors d’adopter les règles d’un jeu qu’on lui impose. Derrière son sourire éblouissant,
Barbie serait-elle un monstre de cynisme ?

Source: https://www.philomag.com/articles/barbie-le-joujou-pseudo-feministe-du-geant-
mattel

Vocabulaire:

joujou - brinquedo
ripolinage - polimento

frétille - freme

désabusée - decepcionada

fâchera - aborrecerá

étriqué - apertada

congrue - adequada

Questionário:

1. A autora do texto, com base no texto, parece ter apreciado o lme Barbie como uma
obra política ou despolitizadora?

2. Caracterize o feminismo apresentado no lme, com base no texto.

3. A autora defende um feminismo ou feminismos? Cite trechos do texto para embasar


sua resposta.

4. Segundo a autora do texto, o lme Barbie é controverso ou não?

5. Qual é a face mais conveniente do feminismo, retratada no lme, segundo a autora


do texto?
fi
fi
fi
fi
fi

Vous aimerez peut-être aussi