Vous êtes sur la page 1sur 5

34 DOSSIER SALL ES PR OPR ES N°110

SALLES PROPRES

À chaque secteur
son traitement d’air

Par B. François, BLÉZAT


1 Représentation de valeurs cibles de température
et d’hygrométrie en fonction des secteurs d’activité
Le traitement d’air représente un point primordial
dans la conception des salles propres. Rappel de ses Secteurs
d’activité
rôles et de la réglementation inhérente. Pharmaceutique Légende
Valeur cible
Hospitalier

L
Tolérance précision
es salles propres sont des et des contaminations ainsi que Biotechnologie

locaux dans lesquels la pro- le confinement des locaux. Microélectronique Hors plage
d’utilisation
preté particulaire de l’air Température
16 °C 17 °C 18 °C 19 °C 20 °C 21 °C 22 °C 23 °C 24 °C 25 °C 26 °C
est maîtrisée afin de réunir Gestion de la température Secteurs
les conditions nécessaires et de l’hygrométrie d’activité
aux activités qui y sont pratiquées : La température et l’hygrométrie ont Pharmaceutique

production de produits sensibles une incidence directe sur l’exploita- Hospitalier


(pharmaceutiques, cosmétiques, tion des salles propres. Ainsi, pour Biotechnologie
semi-conducteurs en microélec- chaque zone à empoussièrement
Microélectronique
tronique, dispositifs médicaux…), maîtrisé, des valeurs cibles de tem-
Hygrométrie
opérations chirurgicales dans les pérature et d’hygrométrie doivent 0% 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 %

blocs des établissements de santé, être définies. En fonction du sec-


R&D (biotechnologies, animale- teur d’activité concerné, la criti-
rie…). Pour maîtriser l’empoussière- cité de la maîtrise du couple tem- • Secteur des biotechnologies qu’un seuil bas d’hygrométrie dans
ment d’une zone, il est nécessaire de pérature/hygrométrie peut varier. Température 21 ± 2 °C ; les secteurs des biotechnologies et
traiter l’air de celle-ci afin qu’il soit Exemples de valeurs cibles, en fonc- Hygrométrie 50 ± 20 % de la microélectronique, nécessi-
conforme aux conditions requises tion de l’activité (données à titre • Secteur de la microélectronique teraient l’installation d’équipe-
par le secteur d’activité concerné. indicatif) : Température 21 ± 1 °C ; ments spécifiques entraînant un
• Secteur pharmaceutique Hygrométrie HR = 50 ±5% surcoût, complexifiant l’exploita-
Rôles du traitement Température 21 ± 2 °C ; tion. Un seuil trop haut pouvant
d’air Hygrométrie < 50 % Les valeurs cibles de température être la source de contamination
Les trois principaux rôles du trai- • Secteur hospitalier et d’hygrométrie doivent être pré- (exemple : légionelles).
tement d’air sont la gestion de la (blocs opératoires) cisément définies pour répondre à Sauf dans le cas d’exigences spéci-
température et de l’hygrométrie, Température réglable de 19 à 22 °C ; des besoins spécifiques. Des seuils fiques liées au process, il est à noter
la gestion de l’empoussièrement Hygrométrie < 65 % de valeurs trop contraignants, tel que l’hygrométrie sera rarement
SALLES PR OPRES N °1 1 0 D OSSI ER 35

inférieure à 30 %, même dans les Taux de renouvellement horaire


cas où il n’y a pas de valeur basse et filtration 2 Exemple de cascade de pression entre locaux
définie. L’exposition prolongée à Le taux de renouvellement horaire de même classe et de classes différentes
une hygrométrie trop faible (infé- (TRH), couramment dénommé
rieure à 30 %) peut avoir une inci- « taux de brassage horaire », cor-
dence sur la santé. respond au nombre de fois où le
La dérive des valeurs cibles impacte volume de la salle devra être souf-
l’exploitation des salles propres, à flé en une heure. Il se calcule par le
plusieurs niveaux : rapport entre le débit d’air soufflé
• Le process : une mauvaise gestion et le volume du local. L’air soufflé
de la température et de l’hygromé- est purifié par un jeu de filtres de
trie entraînera un dysfonctionne- plus en plus performants.
ment des équipements ; L’air souff lé étant quasiment
• La contamination : une augmen- exempt de contaminants, plus le
tation de la température et/ou de renouvellement d’air est impor-
l’hygrométrie favorisera le déve- tant, plus les particules présentes
loppement de micro-organismes ; seront évacuées rapidement. Si le
• La qualité : la zone concernée flux est unidirectionnel, les parti-
sera non conforme ; cules sont chassées par effet pis-
• Le confort des utilisateurs sera ton et si le flux est « turbulent »
altéré ; ou non unidirectionnel, les par- A Exemple de jeu de filtration pour salle propre
• L’énergie : l’installation sera ticules sont diluées.
énergivore. Localisation Type de filtres Norme

Flux d’air
G4 Entrée de centrale Filtres gravimétriques EN 779:2012
Gestion de l’empoussièrement La diffusion de l’air et son extrac-
et des contaminations tion vont avoir une incidence F8 Entrée de centrale Filtres opacimétriques EN 779:2012
Le traitement d’air des salles directe sur l’entraînement des
propres joue un rôle détermi- particules. Afin que celui-ci soit le E10 (ancien H10) Sortie de centrale Filtres à air EN 1822
particulaires efficaces
nant dans la maîtrise de la qua- plus optimal possible, les reprises
lité et de la sécurité des produits basses doivent être privilégiées aux H14 Filtration terminale Filtres à air EN 1822
et activités sensibles aux contami- reprises plafonnières. Ainsi, le posi- Avant soufflage particulaires haute
efficacité
nations. Trois paramètres majeurs tionnement des bouches de souf-
permettent de contrôler l’empous- flage, de reprise et d’extraction per-
sièrement et de maintenir un air mettra de balayer l’ensemble de
de qualité appropriée. la pièce (absence de zone morte).
3 Représentation des écoulements non unidirectionnel
L’objectif est de se rapprocher le
et unidirectionnel des flux d’air
Cascade de pression plus possible d’un flux d’air lami-
Les cascades de pression sont des naire, c’est-à-dire un flux unidirec-
barrières physiques permettant de tionnel non turbulent (obtenu avec
limiter la propagation de contami- une vitesse de soufflage homogène
nants aéroportés. Les locaux à pro- de 0,45 m/s, utilisé pour les zones
téger sont mis en surpression par de classe A ou ISO 5).
rapport aux pièces adjacentes pour
assurer un sens de flux d’air du Confinement des locaux
« propre » vers le « sale ». La valeur de Le traitement d’air peut également
cet écart de pression est de l’ordre être utilisé pour confiner un local et
de 20 pascals pour des locaux de prévenir ainsi les risques de propaga-
classes différentes. Cette valeur tion de contaminants en dehors de
peut être réduite afin de limiter l’enceinte. Par exemple, les labora-
la pression absolue des salles entre toires utilisant des micro-organismes
locaux de même classe (figure 2). pathogènes ou génétiquement
36 DOSSIER SALL ES PR OPR ES N°110

modifiés devront s’assurer que


B Concentration maximale admissible par mètre cube d’air en particules ces derniers restent dans le local et
ne se propagent pas à l’extérieur.
Numéro de Concentration maximales admissible par m3 d’air en particules de taille égale ou TRH * L’objectif est de protéger les travail-
classification supérieure à celles données ci-dessous (V/h)
leurs et l’environnement. La salle
0,1 µm 0,2 µm 0,3 µm 0,5 µm 1 µm 5 µm
de production sera alors placée en
ISO 1 (laminaire) 10 2 0 0 0 0 Env. 600
dépression par rapport aux locaux
ISO 2 (laminaire) 100 24 10 4 0 0 Env. 600
adjacents et à l’extérieur (figure 4).
ISO 3 (laminaire) 1000 237 102 35 8 0 Env. 600 Des filtrations complémentaires de
ISO 4 (laminaire) 10 000 2 370 1 020 352 83 0 Env. 600 type H14 sont ajoutées à la reprise
ISO 5 (laminaire) 100 000 23 700 10 200 3 520 832 29 Env. 600 pour limiter les risques de propaga-
ISO 6 1 000 000 237 000 102 000 35 200 8 320 293 50-60 tion de contaminants.
ISO 7 SO SO SO 352 000 83 200 2 930 25-30
ISO 8 SO SO SO 3 520 000 832 000 29 300 15-20 Normes et
ISO 9 SO SO SO 35 200 000 8 320 000 293 000 10 réglementations
Le traitement d’air est soumis à
* Le TRH est donné à titre indicatif uniquement mais ne figure pas dans la partie 1 de l’ISO.
différentes normes en fonction
des activités pratiquées dans la
zone concernée.
C Nombre maximal de particules par mètre cube
NF EN ISO 14644-1
Nombre maximal de part/m3 pour des tailles égales ou supérieures TRH * Cette norme concerne tous les sec-
Au repos En activité teurs d’activité, quelles que soient
0,5 µm 5 µm 0,5 µm 5 µm leurs particularités. Elle spécifie
Classe A 3 500 1 3 500 1 Env. 600 V/h la classification de la propreté de
(laminaire) l’air en fonction de la concentra-
Classe B 3 500 1 350 000 2 000 35 V/h tion en particules dans l’air.
Classe C 350 000 2 000 3 500 000 20 000 25 V/h
Bioconfinement
Classe D 3 500 000 20 000 SO SO 20 V/h
Les espaces affectés à l’utilisa-
* Les valeurs de TRH ne sont données qu’à titre indicatif et ne font pas partie de la définition des classes A à D selon les deux tion d’êtres vivants tels que les
états « Repos » et « Activité ». animaux, végétaux et micro-orga-
nismes pouvant présenter un
risque pour les utilisateurs et/ou
l’environnement doivent faire l’ob-
4 Gestion des flux
jet de mesures de confinement. Les
textes en vigueur sont :
• L’arrêté du 18 juillet 1994 et l’ar-
rêté du 30 juin 1998, fixant la liste
D Parallèle entre des agents biologiques pathogènes ;
les deux normes • L’arrêté 16 juillet 2007, fixant
les mesures techniques de préven-
NF EN ISO Classe de tion, notamment de confinement.
14644-1 biocontamination
Ces arrêtés définissent un niveau de
ISO 5 A/B
ISO 7 C
confinement de 1 à 4 en fonction
ISO 8 D de la nature des micro-organismes
utilisés :
Une équivalence imparfaite peut être • Pat hogène ou non pour
réalisée entre les deux normes, à l’aide l’homme ;
du tableau suivant • Existence d’une prophylaxie et
d’un traitement efficace ;
SALLES PR O PRES N °1 1 0 D OSSI ER 37

• Génétiquement modifié ou non ;


• Risque pour l’environnement E Classes de confinement à appliquer
(tableau E).
Classe de confinement Conditions d’utilisation
En fonction des classes de confi-
des laboratoires
nement, des mesures de pro- Confinement L1 Les micro-organismes de classe 1 : non pathogènes pour l’homme et ne représentent pas de menace
tection suivantes sont à appli- pour l’environnement
quer (tableau F). Les bactéries non pathogènes et génétiquement modifiées dont les fragments d’ADN exogènes ne
comportent pas de pouvoir pathogène

Mises en situation Les cellules animales et végétale de classe 1

ISO : Bloc opératoire Les plantes transgéniques n’exprimant pas de virus ou exprimant un virus de classe 1

Le plafond soufflant, alimenté Confinement L2 Les micro-organismes de classe 2 : pathogènes pour l’homme mais ne possédant pas un fort pouvoir
infectieux sans risque pour la collectivité et dont une prophylaxie ou des traitements efficaces existent
depuis un recycleur, est positionné Les bactéries non pathogènes génétiquement modifiées avec des gènes leur conférant un pouvoir
au-dessus du champ opératoire. Il pathogène pour l’homme, ou pour l’environnement, limité
souffle un flux d’air unidirection- Les cellules animales contenant des vecteurs d’expression leur conférant un pouvoir pathogène pour
nel pour créer la zone d’environ- l’homme, ou pour l’environnement, limité

nement proche du patient, au sens Les cellules végétales et plantes transgénique contenant un virus de classe E

de la norme NF S 90351, avril 2013. Confinement L3 Les micro-organismes de classe 3 : pouvoir pathogène important chez l’homme mais faible risque pour
la population et dont la prophylaxie ou des traitements efficaces existent
Les bactéries non pathogènes génétiquement modifiées portant des gènes conférant un pouvoir
Classe BPF : exemple de flux pathogène pour l’homme ou des fragments de génome de virus de classe 3 ou E
laminaire Les cellules animales non pathogènes génétiquement modifiées portant des gènes conférant un pou-
Des FFU équipées de filtration ter- voir pathogène pour l’homme ou des fragments de génome de virus de classe 3 ou E
minale H14 sont positionnées en Confinement L4 Les micro-organismes de classe 4 : très fort pouvoir pathogène important chez l’homme couplé à un
fort pouvoir infectieux ce qui en font un risque pour la collectivité et sans prophylaxie ni traitements
sortie d’autoclave pour créer une efficaces
classe A (sous le flux) dans une salle Les micro-organismes non pathogènes génétiquement modifiés contenant des génomes complets de
en classe B. La vitesse de soufflage est classe 3 ou 4
0,45 m/s avec un écart maximal de Cellules animales abritant des vecteurs d’expression contenant des génomes complets de virus de
classe 3 ou E ou exprimant des virus de classe 4 ou E
20 % sur l’ensemble des surfaces
38 DOSSIER SALL ES PR OPR ES N°110

soufflantes pour que l’écoule- Confinement de locaux f lux d’air et cascades de pres- ces installations représentent
ment d’air soit unidirectionnel. Pour de bioproduction sion), le traitement d’air peut une partie importante des
rappel, les FFU sont des unités de L’utilisation d’organismes géné- être couplé à des installations investissements et des coûts de
recyclage autonomes intégrant des tiquement modifiés nécessite de décontamination des sur- fonctionnement.
filtres et permettant d’obtenir un la mise en place de bioconfine- faces par voie aérienne qui per- Pour cette raison, il est nécessaire
flux « laminaire ». Les avantages de ment pour protéger l’environ- mettent de traiter par un agent de dimensionner les besoins de
cette solution par rapport à un pla- nement de toute propagation de chimique (comme le peroxyde manière optimisée et de chal-
fond soufflant sont : biocontaminants. Les locaux de d’hydrogène) les locaux et les lenger les contraintes (exemple :
• Suppression des réseaux de production sont donc en dépres- réseaux de gaines. seuils d’hygrométrie bas). Chaque
gaines et des pertes de charges sion pour assurer un sens de flux secteur possède son propre envi-
induites (soufflage et reprise) ; d’air vers l’intérieur. En complé- Conclusion ronnement réglementaire et/
• Suppression du recycleur en ment des stratégies préventives Le traitement d’air est une com- ou normatif auquel peuvent
zone technique ; de maîtrise de la contamina- posante principale de la gestion s’ajouter des standards propres
• Réduction des coûts énergétiques. tion (gestion de la T°/HR, TRH, des salles propres. En revanche à chaque industriel. n

F Extrait portant sur la conception de l’annexe V de l’arrêté du 16 juillet 2007

NIVEAUX DE CONFINEMENT
Mesures de confinement dans les salles dédiées aux activités techniques
2 3 4

Accès via un sas muni de portes asservies ne pouvant pas s’ouvrir


Non Oui Oui
simultanément.

Possibilité de fermer hermétiquement la salle dédiée aux activités techniques


Optionnel Oui Oui
pour permettre la désinfection.

Filtration de l’air entrant de la salle dédiée aux activités techniques (filtre


Non Oui Oui
HEPA).

Filtration de l’air extrait dans la salle dédiée aux activités techniques


Non Oui Oui, double filtre HEPA
(filtre HEPA).
Oui, hermétiquement Oui, hermétiquement
Fenêtres fermées pendant la manipulation. Oui
closes closes et incassables

Maintien d’une pression négative dans la salle dédiée aux activités techniques
Non Oui Oui
par rapport aux zones voisines.

Système d’alarme pour détecter tout changement anormal


Non Oui Oui
de la pression de l’air.
Approvisionnement en énergie électrique de secours. Non Optionnel Oui
Système de ventilation de secours. Optionnel Oui

5 Plafonds soufflants 6 Flux laminaire en sortie d’autoclave, unité pharmaceutique

Vous aimerez peut-être aussi