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Pancréatite aiguë

Chapitre 31 Pancréatite aiguë


A. Diagnostic positif
II. Étiologie
III. Diagnostic différentiel
IV. Physiopathologie
V. Reconnaître la gravité d'une pancréatite aiguë
VI. Complications
VII.Principes du traitement
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Item 353. Pancréatite aiguë
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Objectifs pédagogiques
Diagnostiquer une pancréatite aiguë.
Identifier les situations d'urgence et planifier leur prise en charge.
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La pancréatite aiguë (PA) est une inflammation aiguë de la Le dosage de l'amylase n'a pas d'intérêt dans cette indication,
glande pancréatique, souvent étendue aux tissus voisins. Son car trop peu sensible.
incidence est estimée à 30 pour 100 000 chez l'homme et 20 Aucun autre examen complémentaire à visée diagnostique
pour 100 000 chez la femme. n'est nécessaire. Le scanner abdominopelvien n'est réalisé
Deux formes sont à différencier : qu'en cas de doute diagnostique.
• les PA œdémateuses, « bénignes », correspondant
à un œdème interstitiel de la glande pancréatique ; II Étiologie
• les PA nécrosantes, « graves », caractérisées par
une nécrose plus ou moins étendue de la glande A Pancréatite aiguë biliaire (environ 40 % des cas)
pancréatique et par une mortalité estimée entre 5 et
20 %. Les facteurs de risque de lithiase biliaire sont à rechercher
systématiquement : âge > 50 ans, sexe féminin, surcharge
pondérale, multiparité, antécédents familiaux de lithiase
I Diagnostic positif
biliaire.
La présence d'une cytolyse hépatique précoce (dans les 48
A Tableau clinique premières heures) prédominant sur les alanines
La douleur abdominale est pratiquement toujours présente aminotransférase (ALAT), pouvant atteindre 50 N associée à
et caractérisée par une sémiologie typique : survenue brutale, un ictère traduit une migration lithiasique avec enclavement
violente, épigastrique, transfixiante (« coup de poignard »), dans l'ampoule de Vater.
s'aggravant en quelques heures, prolongée, parfois diffuse L'échographie abdominale est l'examen clé : la présence
dans tout l'abdomen, majorée par la palpation et irradiant d'une vésicule biliaire lithiasique autorise une forte
dans le dos avec inhibition de la respiration. La position présomption sur l'origine biliaire de la PA même en l'absence
antalgique en chien de fusil et l'inefficacité des antalgiques de calcul enclavé dans les voies biliaires ; en effet, 80 % des
usuels sont des signes assez spécifiques. La palpation calculs cholédociens sont spontanément évacués.
retrouve parfois une défense plus ou moins localisée.
Les vomissements sont présents dans la moitié des cas, B Pancréatite aiguë alcoolique (environ 40 % des cas)
habituellement alimentaires puis bilieux.
Le terrain habituel est celui d'un homme de 40 ans ayant un
L'iléus réflexe, présent dans un tiers des cas, se traduit par un
éthylisme chronique quotidien important et datant de plus de
tableau d'occlusion intestinale fonctionnelle.
10 ans. Un faisceau d'arguments clinicobiologiques est à
D'autres signes cliniques sont inconstamment retrouvés et
rechercher : hépatopathie alcoolique, macrocytose, élévation
peu spécifiques (tableau 31.1).
des gamma-GT, signes de pancréatite chronique calcifiante
(calcifications pancréatiques, canaux pancréatiques
Tableau 31.1
irréguliers).
Sémiologie clinique des pancréatites aiguës
Signe ou symptôme Fréquence (%) C Pancréatite aiguë d'origine tumorale
Douleurs abdominales > 95–100 En l'absence de cause biliaire et d'éthylisme chronique
manifeste, une PA survenant après l'âge de 50 ans impose la
Tension épigastrique > 95–100 recherche d'une cause tumorale : 5 à 10 % des
adénocarcinomes pancréatiques se révèlent par une
Nausées ou vomissements > 70–90 pancréatite aiguë et ce pourcentage atteint 20 à 40 % en cas
de tumeurs intracanalaires papillaires et mucineuses du
Fièvre > 70–85 pancréas (TIPMP). L'IRM, examen le plus sensible, est
incontournable.
Hypotension > 20–40

Confusion mentale > 20–35 D Autres causes de pancréatite aiguë

Signe de Cullen (hématome <5 1 PA postopératoires


sous-cutané péri-ombilical)
À évoquer de principe lorsqu'elle survient après une chirurgie
Syndrome de Weber- <1 b i l i a i r e o u g a s t r i q u e . E n p a r t i c u l i e r, 5 % d e s
Christian (cytostéatonécrose cholangiopancréatographies rétrogrades endoscopiques
sous-cutanée) (CPRE) se compliquent d'une PA.

2 Hypertriglycéridémie
(D'après : Réanimation médicale, 2e édition. Elsevier-Masson
; 2009.) En particulier, les hyperlipoprotéinémies de type I ou V se
compliquent de PA dans 30 % des cas. Un taux supérieur à 11
mmol/l est la règle.
B Examens complémentaires
3 Hypercalcémie
L'association d'une douleur abdominale typique et d'une
lipasémie au-delà du seuil de 3 fois la limite supérieure Quelle qu'en soit la cause, elle est responsable de 1 % des
établit avec certitude le diagnostic de PA. PA.
4 Causes infectieuses Ces phénomènes expliquent les dysfonctions d'organes
Rarissimes, davantage virales (virus ourlien, observées à la phase initiale.
cytomégalovirus, hépatites virales, VIH, coxsackies,
échovirus) ou parasitaires (migration de larves d'ascaris par V Reconnaître la gravité d'une pancréatite aiguë
le sphincter d'Oddi, cryptosporidies).
Il est primordial de reconnaître la gravité d'une PA en
5 Médicaments établissant précocement un pronostic afin d'orienter le patient
L'azathioprine, le furosémide, les cyclines, les antirétroviraux vers une unité de réanimation si nécessaire.
ou les œstrogènes, notamment, sont incriminés dans la La symptomatologie initiale n'a qu'une valeur diagnostique :
genèse d'une PA. en particulier, l'intensité de la douleur abdominale n'a pas de
signification pronostique.
Il n'existe aucune corrélation entre la valeur des taux sériques
6 Pancréas divisum
des enzymes pancréatiques ou l'étiologie de la PA et la
Cette anomalie congénitale canalaire reste une cause mortalité.
discutée.

7 Causes diverses A Facteurs pronostiques liés au terrain


Auto-immunes (lupus érythémateux disséminé, syndrome de Sont associés à une aggravation du pronostic :
Gougerot-Sjögren, maladies chroniques inflammatoires de • l'âge (> 80 ans) ;
l'intestin…), génétiques (mucoviscidose), traumatiques, • l'obésité (indice de masse corporelle ou IMC > 30
hypothermie, ischémiques… Environ 10 % des PA sont kg/m2) ;
étiquetées idiopathiques. • l'existence d'une insuffisance organique chronique
(cardiaque, rénale, hépatique, pulmonaire).
III Diagnostic différentiel
Les principaux diagnostics différentiels sont : B Défaillances d'organes
• l'ulcère gastroduodénal perforé ; Elles sont liées à l'importance de la réaction inflammatoire
• l'ischémie mésentérique ; dans la phase précoce ou secondaire à une infection dans la
• la péritonite sur perforation intestinale ; phase tardive, en rapport avec un sepsis voire un choc
• la cholécystite, l'angiocholite ou la péritonite septique.
biliaire ;
• l'infarctus du myocarde, en particulier du territoire La constatation d'une seule défaillance d'organe est une
inférieur ; indication de transfert en unité de réanimation.
• la rupture d'un anévrisme de l'aorte abdominale.
On recherche :
IV Physiopathologie • un état de choc, défini par une hypotension
Physiologiquement, les enzymes pancréatiques sont persistante malgré une expansion volémique ;
synthétisées et transportées dans la cellule, puis sécrétées • une insuffisance rénale aiguë, volontiers
dans les canaux pancréatiques jusqu'à la lumière duodénale oligoanurique ;
sous forme inactive (proenzyme). C'est seulement dans le • une détresse respiratoire aiguë, conséquence d'un
duodénum que l'entérokinase, localisée dans la bordure en œdème pulmonaire lésionnel évoluant vers un
brosse de celui-ci, active ces proenzymes. syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA),
En cas d'activation intracellulaire ou intracanalaire de ces grevant nettement le pronostic vital de la première
proenzymes, il y a une digestion du pancréas par ses semaine ;
propres enzymes aboutissant à une inflammation aiguë. • des troubles de la conscience ;
Cependant, le mécanisme initiateur de cette activation trop • une coagulopathie, en particulier avec
précoce des enzymes pancréatiques reste mal connu : il thrombopénie.
pourrait s'agir soit d'une surpression canalaire induite par un
obstacle biliaire, augmentant la perméabilité des C Scores biocliniques de gravité
endothéliums des canaux biliaires aux enzymes Les scores de Ranson et d'Imrie (tableau 31.2) ont été
protéolytiques, soit d'une activation anormale des spécifiquement développés pour prédire la gravité d'une PA.
proenzymes par des hydrolases lysosomiales d'origine Ils permettent de classer correctement environ trois quarts
toxique, ischémique ou autre. des malades mais tendent à surestimer la gravité des PA
Dans les PA bénignes, l'inflammation se traduit par un biliaires. Leur performance est meilleure pour les PA
œdème interstitiel de la glande, aboutissant le plus souvent alcooliques. Le score de Ranson ne peut être établi que 48
à la guérison sans complication. heures après l'admission à la différence du score d'Imrie. La
Dans les PA graves, la propagation des enzymes PA grave est définie pour une valeur seuil de 3. Le seul score
pancréatiques dans la circulation systémique et des cytokines retenu actuellement pour prédire la sévérité à l'admission et à
pro-inflammatoires secondaire au syndrome de réponse 48 heures est le score de réponse inflammatoire systémique
inflammatoire systémique (systemic inflammatory response (SIRS) : sa présence à l'admission et surtout sa persistance à
syndrome ou SIRS) est à l'origine de la formation de 48 heures prédisent une évolution sévère et un sur-risque de
microthrombi disséminés, d'une augmentation de la mortalité.
perméabilité vasculaire et d'une toxicité cellulaire directe. Tableau 31.2
Scores de Ranson et d'Imrie Stade D 3 points Collectio Nécrose 6 points
Score de Ranson Score d'Imrie n > 50 %
(1 point par item) (1 point par item) liquidien
ne
À l'admission ou au Âge > 55 ans péripancr
moment du diagnostic : Globules blancs > 15 G/l éatique
Âge > 55 ans Glycémie > 10 mmol/l (sauf unique
Globules blancs > 16 G/l diabète)
Glycémie > 11 mmol/l (sauf LDH > 600 U/l (3,5 N) Stade E 4 points Plus
diabète) ASAT > 100 U/l (2 N) d'une
LDH > 350 U/l (1,5 N) Urée sanguine > 16 mmol/l collection
ASAT > 250 U/l (6 N) Calcémie < 2 mmol/l liquidien
Durant les 48 premières PaO2 < 60 mm Hg ne
heures : Albuminémie < 32 g/l péripancr
Baisse de l'hématocrite > 10 éatique
% ou
Augmentation urée présence
sanguine > 1,8 mmol/l de bulles
Calcémie < 2 mmol/l dans une
PaO2 < 60 mm Hg collection
Baisse des bicarbonates > 4
mmol/l
Séquestration liquidienne Mortalité Pancréatite aiguë
estimée > 6 l (fréquence) grave (fréquence)

0 à 3 points 3% 8%

D Scores morphologiques de gravité 4 à 6 points 6% 35 %


L'index de sévérité de Balthazar (tableau 31.3), prédictif de 7 à 10 points 17 % 92 %
mortalité, repose sur la gradation de l'inflammation
pancréatique et péri-pancréatique et sur l'étendue de la
nécrose de la glande pancréatique. Le scanner avec injection
de produit de contraste est réalisé au mieux 48 à 72 heures VI Complications
après le début des symptômes.
A Complications hémodynamiques
Tableau 31.3
Score de Balthazar calculé à partir du nombre de points Les PA graves peuvent d'emblée se présenter comme un choc
obtenus selon le stade de la pancréatite aiguë et le vasoplégique lié à la sécrétion massives de cytokines pro-
pourcentage de nécrose inflammatoires induite par le SIRS et qui aggrave la
composante hypovolémique liée au 3e secteur et aux
Inflammation pancréatique et Nécrose pancréatique vomissements.
péripancréatique (scanner avec
(scanner sans injection) injection) B Complications respiratoires

Stade A 0 point Pancréas Pas de 0 point 1 SDRA


normal nécrose Il s'agit d'un œdème lésionnel par augmentation de la
perméabilité de la membrane alvéolo-interstitielle secondaire
Stade B 1 point Augment Nécrose 2 points à la synthèse en grande quantité de cytokines pro-
ation de < 30 % inflammatoires. Sa prise en charge reste symptomatique et ne
volume présente aucune spécificité (cf. chapitre 5).
du
pancréas 2 Épanchement pleural gauche, parfois bilatéral
Stade C 2 points Infiltratio Nécrose 4 points Il est réactionnel à la pancréatite aiguë ou est la conséquence
n de la 30–50 % d'une fistule pancréatico-pleurale.
graisse
péripancr C Complications rénales
éatique L'insuffisance rénale aiguë est présente dans 20 % des cas, de
mécanisme en majorité fonctionnel, multifactorielle
(hypovolémie vraie induite par la création d'un 3e secteur et/
ou par des vomissements importants associés, choc
vasoplégique). Secondairement, une nécrose tubulaire aiguë
ischémique peut s'installer.
D Complications hématologiques 2 Complications aspécifiques de la réanimation
Chez les patients hospitalisés en réanimation, les
1 Thrombopénie complications infectieuses sont fréquentes du fait d'un séjour
Elle est fréquente et peut être associée à une CIVD à la phase généralement prolongé : pneumopathies acquises sous
aiguë. ventilation mécanique, infections liées aux cathéters,
infections urinaires sur sonde à demeure, cholécystite de
2 Thromboses veineuses réanimation…
En particulier au niveau splénique, mésentérique ou du tronc
G Complications diverses
porte, elles sont fréquentes et favorisées par l'inflammation
majeure.
1 Confusion
3 Anémie Un état confus avec désorientation temporo-spatiale et
agitation peut se rencontrer à la phase initiale.
Fréquente, elle survient secondairement et est multifactorielle
: inflammatoire, saignements divers aggravés par la
coagulopathie fréquemment associée, carences vitaminiques 2 Maladie de Weber-Christian (cytostéatonécrose)
liées au terrain alcoolique… C'est une atteinte cutanée exceptionnelle qui aboutit à la
nécrose du tissu graisseux hypodermique.
E Complications digestives
H Complications tardives
1 Complications digestives liées directement à l'érosion
des coulées de nécrose 1 Pseudokystes pancréatiques
Il s'agit d'ulcères voire de perforations duodénale, Ce sont des collections de suc pancréatique, intra- ou
gastrique, grêlique, colique ou des voies biliaires. De extrapancréatiques, dont la fréquence est variable (10 à 50 %
même, des fistules internes abdominales ou communiquant des PA nécrosantes se compliquent de pseudo-kystes) et qui
avec la plèvre ou la peau peuvent survenir. apparaissent au moins 1 mois après le diagnostic initial. Les
pseudokystes ont leurs complications propres : compression
2 Colite ischémique extrinsèque des organes adjacents (voies biliaires, estomac,
duodénum…), rupture, hémorragie intrakystique,
L'état de choc initial peut entraîner secondairement une
infection.
ischémie mésentérique par hypotension prolongée ou par
vasoconstriction en cas d'utilisation d'amines vasopressives à
des posologies élevées. 2 Insuffisance pancréatique exocrine
Elle se traduit par des diarrhées chroniques avec selles
3 Syndrome du compartiment abdominal claires, nauséabondes, de type « mastic » avec stéatorrhée.
Elle ne survient qu'après une destruction de plus de 90 % du
Défini par une augmentation de la pression intra-abdominale
pancréas.
associée à une défaillance viscérale (insuffisance rénale aiguë
oligoanurique, ischémie mésentérique, cytolyse hépatique,
défaillance circulatoire ou détresse respiratoire), il résulte de 3 Insuffisance pancréatique endocrine
l'association d'un œdème viscéral, de coulées de nécrose et Elle peut conduire à un diabète, insulinodépendant ou non.
du syndrome occlusif lié à l'iléus réflexe. En pratique, la Elle s'intègre dans le cadre des pancréatites chroniques
pression intravésicale est un bon reflet de la pression intra- calcifiantes évoluées dont l'immense majorité est de cause
abdominale avec une valeur considérée comme pathologique alcoolique.
au-delà de 15 mm Hg. La prise en charge thérapeutique
spécifique du syndrome du compartiment abdominal peut VII Principes du traitement
être une indication de chirurgie en urgence après optimisation
Il n'existe pas de traitement spécifique de la pancréatite aiguë
de la gestion des apports hydriques et de la sédation
; la prise en charge est donc symptomatique avec la
analgésie avec curarisation.
rééquilibration hydroélectrolytique et le contrôle de la
douleur nécessitant souvent des antalgiques de palier III.
F Complications infectieuses
A Pancréatite aiguë bénigne
1 Surinfections de coulées de nécrose ou abcès
pancréatiques L'hospitalisation est requise.
La sonde nasogastrique en aspiration n'a d'intérêt qu'en cas
Ils sont présents dans environ un tiers des pancréatites aiguës de vomissements.
nécrosantes et volontiers polymicrobiens (bactériens et La nutrition peut être reprise dès que les douleurs ont
parfois fongiques). Classiquement, ces complications disparu. Il ne faut pas renourir per os en cas de PA biliaire
apparaissent après 8 jours d'évolution et le risque persiste tant que le problème biliaire n'est pas résolu. Une
plusieurs semaines. L'infection des coulées de nécrose a un anticoagulation préventive par héparine de bas poids
impact pronostique majeur puisque responsable de 50 à moléculaire (HBPM) en l'absence d'insuffisance rénale
80 % des décès. est indiquée.
La surveillance clinico-biologique et radiologique créatininémie, calcémie, albuminémie, gaz du sang,
rapprochée est nécessaire pour réorienter le patient vers une lactates, NFS, ASAT, ALAT, gamma-GT,
unité de réanimation en cas d'aggravation. phosphatases alcalines et LDH avec radiographie
de thorax, ECG et échographie abdominale à la
L'hospitalisation en unité de réanimation est indispensable recherche d'arguments pour une origine biliaire et
en cas d'une ou plusieurs défaillances d'organes. pour éliminer une obstruction biliaire.
• La recherche de signes de gravité est primordiale :
le caractère nécrosant de la PA, un score d'Imrie ou
B Pancréatite aiguë grave de Ranson > 3 ou une défaillance d'organe impose
l'hospitalisation en réanimation ou en soins
Le traitement n'est pas spécifique : remplissage vasculaire
intensifs. Le scanner abdominopelvien injecté doit
souvent massif voire amines vasopressives,
être fait à 48 heures (un score de Balthazar > 4
oxygénothérapie (pouvant aller jusqu'à la mise sous
oriente le patient vers une prise en charge de
ventilation mécanique en cas de SDRA). L'analgésie
réanimation). Un SIRS persistant à la 48e heure
péridurale pourrait avoir un intérêt supplémentaire.
prédit un sur-risque de mortalité.
La nutrition entérale doit être débutée le plus précocement
• La prise en charge initiale comporte, outre
possible du fait notamment de l'hypercatabolisme majeur. La
l'hospitalisation en milieu adapté, le jeûne avec
voie jéjunale (par sonde nasojéjunale ou jéjunostomie) peut
sonde nasogastrique en aspiration si vomissements,
être utilisée en place de la voie nasogastrique en cas
deux voies veineuses périphériques, un traitement
d'intolérance persistante. La nutrition parentérale ne doit être
symptomatique des défaillances (remplissage
prescrite qu'en cas d'alimentation entérale impossible
vasculaire, oxygénothérapie…), le bilan et le
(lorsqu'il existe un iléus réflexe notamment ou en cas de
traitement étiologiques. La reprise de l'alimentation
syndrome du compartiment abdominal) car elle favorise la
orale se fait après 48 heures sans douleur en cas de
translocation bactérienne et donc majore le risque d'infection
PA bénigne ; une nutrition entérale précoce est
de coulée de nécrose.
préférée en cas de PA grave.
Aucun traitement spécifique, en particulier
• La surveillance est avant tout clinique : paramètres
immunomodulateur, n'a prouvé son efficacité.
hémodynamiques, diurèse, état d'hydratation,
L'antibioprophylaxie en prévention des infections de coulée
niveau de conscience, palpation abdominale mais
de nécrose n'est pas recommandée. La surveillance clinique,
aussi biologique (fonction rénale, lactates,
biologique et radiologique est essentielle : monitoring des
prélèvements infectieux divers) et radiologique
constantes, examen abdominal, diurèse, paramètres
(scanner abdominopelvien tous les 7 à 10 jours).
inflammatoires et infectieux, scanner abdominopelvien
injecté tous les 7 à 10 jours pour suivre l'évolution des
coulées de nécrose.
Pour en savoir plus
C Traitement de la cause Phillip V, Steiner JM, Algül H. Early phase of acute
Le traitement de la cause est primordial, il peut s'agir de : pancreatitis : Assessment and management. World
l'extraction d'une lithiase biliaire par CPRE en cas J Gastrointest Pathophysiol 2014 ; 5 : 158-68.
d'angiocholite associée, la correction d'une hypercalcémie,
l'arrêt d'un médicament… Working Group IAPAPAAPG. IAP/APA evidenced-base
guidelines for the management of acute
D Traitement des infections de coulées de nécrose pancreatitis. Pancreatology 2013; 13 (4 Suppl 2) :
La prise en charge repose sur le drainage radiologique sous e1–15.
contrôle échographique ou scanner en association à une
antibiothérapie. Une prise en charge chirurgicale par
nécrosectomie est une alternative au drainage radiologique. ANAES. Pancréatite aiguë. Conférence
Le diagnostic est parfois difficile chez des malades dont la de consensus. 2001. http://sfar.org/wp-
présentation clinique de la pancréatite aiguë grave sans ! content/uploads/2015/09/
composante infectieuse peut mimer un choc septique, la
nécrose pouvant rester aseptique. La surveillance clinique, cc_pancreatiteaigue20010.pdf
des paramètres inflammatoires et de l'évolutivité des
collections est essentielle et orientera vers la ponction de ces
collections à visée diagnostique.

Points clés
• La pancréatite aiguë dans sa forme bénigne (80 %)
comme dans les formes graves (20 %) est d'origine
biliaire (40 %) ou secondaire à un alcoolisme
chronique (40 %).
• Le diagnostic positif repose sur l'association d'une
douleur typique avec une lipasémie supérieure à 3
fois la normale.
• Le bilan paraclinique initial comprend un
ionogramme sanguin avec glycémie, urée,

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