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Université d’Abomey-Calavi, UAC.

Institut de Mathématiques et de Sciences Physiques, IMSP.

Note du cours d’Analyse I 1


MPSI & PCSI 1

Professeur Carlos OGOUYANDJOU


ogouyandjou@imsp-uac.org
&
Docteur Japhet ODJOUMANI
japhet.odjoumani@imsp-uac.org

Année académique 2023-2024

1. Ce document est encore en cours de développement, ne vous étonnez donc pas si vous découvrez des
erreurs. Merci de me les communiquer.
TABLE DES MATIÈRES

1 Les nombres réels 1


1.1 Nécessité des nombres réels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Définition axiomatique de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2.1 Axiomes de corps commutatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2.2 Axiomes de corps totalement ordonné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2.3 Axiomes de la borne supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Conséquences des axiomes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3.1 Conséquences des axiomes de l’ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3.2 Conséquences de l’axiome de la borne supérieure . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.4 Topologie de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.4.1 Intervalles de R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.4.2 Point d’accumulation, point isolé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.4.3 Densité des nombres rationnels et des irrationnels . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.4.4 Principe de Cantor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.5 Exercices du Chapitre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

2 Suites numériques 20
2.1 Définitions et généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.1.1 Relation de récurrence linénaire d’ordre 2 à coéfficients constants . . . . . . 21
2.1.2 Suites arithmémtiques-Suites géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2 Convergence et divergence d’une suite réelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.3 Limites et monotonie de suites réelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.4 Limites et opérations sur les suites réelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.5 Comparaisons de suites réelles et limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.6 Suites réelles adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.7 Suites extraites d’une suite réelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.8 Suites réelles de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.9 Notions de négligeable, d’équivalence et de dominance entre suites réelles . . . . . . 35
2.9.1 Suite dominée par une autre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.9.2 Suite négligeable devant une autre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.9.3 Suites équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

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3 Fonctions numériques d’une variable réelle 38


3.1 Limite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.1.1 Limite finie en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.1.2 Limite a gauche, limite a droite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.1.3 Limites infinies en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.1.4 Limites a infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.2 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.2.1 Continuité en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.2.2 Fonctions continues sur un intervalle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.2.3 Continuité Uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.3 Dérivabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.3.1 Dérivabilité en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.3.2 Dérivabilité sur un intervalle et fonction dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.3.3 Dérivées successives-Classe d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.4 Théorème du point fixe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.5 Exercices du Chapitre 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

4 Les fonctions circulaires et hyperboliques 57


4.1 Quelques rappels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
4.2 Fonctions circulaires et leurs inverses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
4.2.1 Fonction arcsinus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
4.2.2 Fonction arccos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
4.2.3 Fonction arctan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.3 Fonctions hyperboliques et leurs réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.3.1 Fonctions hyperboliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.3.2 Fonctions hyperboliques inverses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.4 Exercices du chapitre 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

5 Développements limités 69
5.1 Définition et généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
5.2 Développements limités de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
5.3 Opérations sur les développements limités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
5.3.1 Développements limités de base (suite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.4 Développement limité généralisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Pour plus de curiosité voir les documents [2, 1, 4, 5, 3, . . .]

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CHAPITRE 1

LES NOMBRES RÉELS

1.1 Nécessité des nombres réels


On désigne par N l’ensemble des entiers naturels

N = {0, 1, 2, 3, . . .} .

Comme chaque nombre entier naturel n admet un successeur qui est n + 1, on se convainc sans peine
que N est un ensemble infini. On note N∗ l’ensemble N ∖ {0} , c’est-à-dire l’ensemble des entiers
naturels non nuls.
Étant donné deux entiers naturels x et y on sait définir les nombres
x
x + y, x − y, x × y et si y ̸= 0.
y
On remarque que l’addition et la multiplication sont des opérations qui ont leur résultats dans N. (On
dit alors que N est stable pour l’addition et la multiplication). Par contre le résultat d’une soustraction
ou d’une division n’est pas toujours un entier naturel. On crée ainsi de nouveaux nombres( ou de
nouveaux ensembles )
Z = {. . . , −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, 4, . . .} ,
ensemble des entiers relatifs, on notera Z∗ = Z ∖ {0}, et
na o
Q= , (a, b) ∈ Z × N∗ et pgcd(a, b) = 1 ,
b
l’ensemble des nombres rationnels et Q∗ = Q ∖ {0}. Dans Q on identifie la fraction a
b avec a×n
b×n et on
a aussi, bien entendu, les inclusions :
N ⊂ Z ⊂ Q.
De plus les opérations + et × sur Q lui confère une structure de corps commutatif avec l’ordre usel
≤ de Z. Mais il se revéle très tôt que certains calculs et propriétés ne puissent se tenir dans Q.
La situation la plus simple qui explique la première lacune de Q est connue depuis l’Antiquité
grecque avec l’utilisation du théorème de Pythagore dans la détermination de la longueur exacte la
diagonale d’un carré de côté de longueur
√ 1. En d’autre terme, il n’existe pas de nombre rationnel dont
le carré est égal à 2 (c’est-à-dire, 2 ∈
/ Q).
Par ailleurs, l’ensemble Q n’a pas la propriété de la borne supérieure, c’est-à-dire dans Q, un ensemble

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borné ne possède pas nécessairement de borne supérieure (ou de borne inférieure) : c’est la seconde
lacune de Q. On peut montrer que le fait que l’équation x2 = r où r ∈ Q∗+ n’admet pas nécessairement
de solution dans Q est lié à cette même lacune. Il est donc souhaitable de construire une extension
de l’ensemble Q qui, en plus d’être un corps commutatif totalement ordonné, posséderait la propriété
suivante : tout sous-ensemble borné possède une borne supérieure et borne inférieure. C’est ce
qui conduit à la construction des nombres réels dont nous étudierons quelques propriétés dans ce
chapitres.

E XEMPLE 1.1 (Nombres irrationnels)



1. Le nombre 2 est irrationnel.
2. Le nombre d’Euler : e = ∑+∞ 1
k=0 k! est irrationnel.
3. Le nombre π = 3, 1415 . . . défini comme étant la circonférence d’un cercle de diamètre 1 est
un nombre irrationnel.

1.2 Définition axiomatique de R


Nous allons définir l’ensemble R des nombres réels par une structure algébrique (R, +, ×, ≤) où,
• + est une loi de composition interne appelée addition c’est-à-dire une application (x, y) 7→
x + y ∈ R,
• × est une loi de composition interne appelée multiplication c’est-à- dire une application
(x, y) 7→ x × y = xy ∈ R,
• ≤ une relation binaire dans R appelée relation inférieure ou égal : pour tout (x, y) ∈ R2 ,
x ≤ y ⇐⇒ x − y ≤ 0, et vérifiant les trois groupes d’axiomes suivants.

1.2.1 Axiomes de corps commutatif


Le premier groupe d’axiomes est constitué des axiomes de corps commutatif. On note R∗ =
R ∖ {0} .

A XIOME 1.1 (Axiomes de corps commutatif) les lois + et × vérifient les propriétés suivantes :
1. (R, +) possède des propriétés d’un groupe commutatif, c’est-à- dire :
(a) Associativité : ∀x, y, z éléments de R, on a : (x + y) + z = x + (y + z);
(b) Élément neutre : ∀x ∈ R, on a : x + 0 = 0 + x = x,
(c) Opposé ( symétrique) : ∀x ∈ R, on a : x + (−x) = (−x) + x = 0,
(d) Commutativité : ∀x, y ∈ R, on a : x + y = y + x.
2. (R∗ , ×) possède des propriétés d’un groupe commutatif, c’est-à- dire :
(a) Associativité : ∀x, y, z ∈ R, on a : (x × y) × z = x × (y × z);
(b) Élément neutre : ∀x ∈ R, on a : x × 1 = 1 × x = x,
(c) Inverse : ∀x ∈ R∗ , il existe un nombre noté x−1 ∈ R tel que : x−1 × x = x × x−1 = 1. On
note aussi x−1 = 1x ,
(d) Commutativité : ∀x, y ∈ R, on a : x × y = y × x.
3. La loi × est distributive sur la loi +, c’est-à- dire :
(a) ∀x, y, z ∈ R, z × (x + y) = z × x + z × y;
(a) ∀x, y, z ∈ R, (x + y) × z = x × z + y × z.
On dit alors que (R, +, ×) est un corps commutatif : c’est l’axiome de corps commutatif.

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1.2.2 Axiomes de corps totalement ordonné


Nous abordons maintenant le second groupe d’axiomes. Mais avant, nous introduisons quelques
définitions et propriétés.
D ÉFINITION 1.1 (R ELATIONS BINAIRES )
Une relation binaire définie sur un ensemble non vide E est une propriété que chaque couple (x, y)
d’éléments de E est susceptible d’avoir ou non.
Si R est une relation binaire sur E, on note xRy pour signifier que x est en relation avec y par R.
Ainsi se donner une relation binaire sur E, c’est se donner une partie G de E × E constituée des
couples (x, y) tels que xRy.
E XEMPLE 1.2
1. Sur l’ensemble Z des entiers relatifs, on a la relation de divisibilité : xR3 y ⇐⇒ ∃k ∈ Z, y =
kx.
2. Sur l’ensemble R des nombres réels, on connait les relations usuelles :
(a) xR1 y ⇐⇒ x − y ≥ 0 : c’est la relation notée ≥ pour signifier que x ≥ y;
(b) xR2 y ⇐⇒ x − y ≤ 0 : c’est la relation notée ≤ pour signifier que x ≤ y;
3. Sur l’ensemble P(Ω) des parties d’un ensemble non vide Ω, on connaît les relations :
(a) inclusion : AR4 B ⇐⇒ A ⊂ B ;
(b) δ définie par : Aδ B ⇐⇒ A ∩ B = 0. /
D ÉFINITION 1.2 (R ELATION D ’ ORDRE )
Soit E un ensemble non vide. Une relation R sur E est appelée relation d’ordre si elle est :
1. réflexive : ∀ x ∈ E xRx ;
2. antisymétrique : ∀ (x, y) ∈ E 2 (xRy et yRx) =⇒ x = y ;
3. transitive : ∀ (x, y, z) ∈ E 3 (xRy et yRz) =⇒ xRz.
E XEMPLE 1.3 On vérifie aisément que :
• la relation "≤" est un ordre sur R.
• la relation d’inclusion large "⊂" est un ordre sur P(Ω).
D ÉFINITION 1.3 (R ELATION D ’ ORDRE TOTAL )
Soit R une relation d’ordre sur un ensemble E. R est qualifiée de relation d’ordre total sur E si
∀ (x, y) ∈ E 2 (xRy ou yRx ).
A XIOME 1.2 (Axiomes de corps totalement ordonné)
La relation "≤" définit un ordre total sur R. Elle vérifie en plus les propriétés de compatibilité sui-
vantes :
1. la relation ≤ est compatible avec +
∀x, y, z ∈ R, x ≤ y ⇐⇒ x + z ≤ y + z;
2. la relation ≤ est compatible avec ×
∀(x, y) ∈ R2 , (0 ≤ x et 0 ≤ y) =⇒ 0 ≤ x × y.

On dit alors que R, +, ×, ≤ est un corps totalement ordonné.
D ÉFINITION 1.4 (O RDRE STRICT ) ∀(x, y) ∈ R2 , on a :
(x < y) ⇐⇒ (x ≤ y et x ̸= y).
On lit : x est strictement inférieur à y.

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1.2.3 Axiomes de la borne supérieure


A présent nous abordons le troisième groupe d’axiome qui est l’axiome de la borne supérieure.
Nous verrons que cet axiome permet d’expliquer la seconde lacune de Q. Mais avant, nous donnons
quelques définitions et propriétés.

Partie majorée, partie minorée et partie bornée

D ÉFINITION 1.5 (PARTIE MAJORÉE , PARTIE MINORÉE )


On considère une partie X non vide de R.
1. On dit que X est majoré s’il existe M ∈ R tel que pour tout x ∈ X, on a x ≤ M. On dit alors
que M est un majorant de X.
2. On dit que X est minoré s’il existe m ∈ R tel que pour tout x ∈ X, on a m ≤ x. On dit alors que
m est un minorant de X.
3. On dit que la partie X est bornée si elle est à la fois majorée et minorée.

R EMARQUE 1.1 Soit X une partie non vide de R.


1. Un réel M n’est pas un majorant de X ⇐⇒ ∃x0 ∈ X tel que : M < x0 .
2. Un réel m n’est pas un minorant de X ⇐⇒ ∃x0 ∈ X tel que : x0 < m.

Elément maximal, élément minimal


D ÉFINITION 1.6 (E LÉMENT MAXIMAL , ÉLÉMENT MINIMAL )
Soit X une partie non vide de R.
1. On dit que α ∈ R, est le plus grand élément (ou élément maximal) de X si α est un majorant
de X et α ∈ X. On note alors α = max(X).
2. On dit que β ∈ R, est le plus petit élément (ou élément minimal) de X si β est un minorant
de X et β ∈ X. On note alors β = min(X).

R EMARQUE 1.2 Pour une partie non vide X ⊂ R, on peut observer les équivalences suivantes :
— α = max(X) ⇐⇒ (α ∈ X et ∀x ∈ X, x ≤ α).
— β = min(X) ⇐⇒ (β ∈ X et ∀x ∈ X, β ≤ x).

P ROPOSITON 1.1 (U NICITÉ DE L’ ÉLÉMENT MAXIMAL ( RESP. MINIMAL ))


Si X ⊂ Rpossède un maximum (resp. minimum), alors il est unique.

Borne supérieure, borne inférieure

D ÉFINITION 1.7 (B ORNE SUPÉRIEURE , BORNE INFÉRIEURE )


On considère une partie X ⊂ R non vide.
1. On dit que S ∈ R est la borne supérieure de X si S est le plus petit des majorants de X. On
note alors S = sup(X).
2. On dit que s ∈ R est la borne inférieure de X si s est le plus grand des minorants de X. On
note alors s = inf(X).

R EMARQUE 1.3 Soit X une partie non vide de R. La borne supérieure (resp. la borne inférieure) de
X lorsqu’elle existe est unique.

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R EMARQUE 1.4 Soit X une partie non vide de R. On a évidemment les deux remarques suivantes :
1. Si max(X) existe, alors sup(X) existe et on à : sup(X) = max(X).
2. De même, si min(X) existe, alors inf(X) existe et on a : inf(X) = min(X).

E XEMPLE 1.4
1. L’ensemble X1 = xn = ∑nk=0 k!1 , n ∈ N est majoré par 3 (le prouver).


2. Si X2 = N, alors min(X2 ) = 0 tandis que max(X2 ) n’est pas, sinon N serait fini.
3. Si X3 = Z, alors min(X3 ) et max(X3 ) n’existent pas.
4. X4 = ]−3, 10] . On a max(X4 ) = 10 = sup(X4 ) tandis que min(X4 ) n’existe pas mais inf(X5 ) =
−3.
5. L’ensemble X5 = ∑nk=1 1k , n ∈ N est minoré par ln 2 mais n’est pas majoré. En effet, pour


k ≥ 1, on a 1k ≥ ln 1k + 1 = ln(k + 1) − ln(k).


Donc ∑nk=1 1k ≥ ln(n + 1) ≥ ln(2). De plus, si X5 était majoré, la suite de terme général ln(n +
1) étant croissante, convergerait (absurde car limn7→+∞ ln(n + 1) = +∞ ).

Nous pouvons maintenant énoncer le troisième axiome qui donne une condition suffisante pour
l’existence de la borne supérieure.

A XIOME 1.3 (A XIOME DE LA BORNE SUPÉRIEURE )


(R, +, ×, ≤) a la propriété de la borne supérieure : Toute partie non vide et majorée de R possède
une borne supérieure.

R EMARQUE 1.5 L’axiome de la borne supérieure (Axiome 1.3) permet d’expliquer une seconde la-
cune de l’ensemble Q des nombres rationnels. Le corps commutatif totalement ordonné (Q, +, ×, ≤)
n’a pas la propriété de la borne supérieure. Il existe
 une partie non 2vide et majorée de Q qui n’admet
pas de borne supérieure dans Q. L’ensemble A = x ∈ Q, x > 0 et x < 2 par exemple convient.

On essayera maintenant de dégager dans le reste du chapitre les conséquences importantes de


chaque groupe d’axiomes.

1.3 Conséquences des axiomes


Dans cette section, nous allons énumérer les conséquences logiques de certains axiomes formulés
plus haut.

1.3.1 Conséquences des axiomes de l’ordre


Nombres positifs, Nombres négatifs

D ÉFINITION 1.8 Soit x ∈ R.


1. On dit que x est négatif ou non positif si x ≤ 0.
2. On dit que x est strictement négatif si x < 0.
3. On dit que x est positif ou non négatif si x ≥ 0.
4. On dit que x est strictement positif si x > 0.
Le nombre zéro (i.e. 0) est non positif et non négatif à la fois.

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R EMARQUE 1.6 Traditionnellement par rapport à la relation d’ordre, on a les sous-ensembles :


— R+ l’ensemble des nombres réels positifs ;
— R− l’ensemble des nombres réels négatifs.
On peut observer que R− ∩ R+ = {0} et R− ∪ R+ = R.

P ROPOSITON 1.2 1. Pour tout (x, y) ∈ R2 , les relations : x ≤ y, 0 ≤ y − x, −y ≤ −x et x − y ≤ 0


sont équivalentes.
2. Pour tout x, y, u, v ∈ R, on a :
(x ≤ y et u ≤ v) =⇒ (x + u ≤ y + v)
3. Pour tout x, y, z ∈ R, on a : x < y =⇒ x + z < y + z.

Preuve. Exercice de maison.

R EMARQUE 1.7 x ≤ y ⇐⇒ (x < y ou x = y). Donc x < y =⇒ x ≤ y.

Règle des signes

P ROPOSITON 1.3 Soit (x, y) ∈ R2 , on a les implications suivantes :


1. (x ≥ 0 et y ≥ 0) =⇒ xy ≥ 0
2. (x ≥ 0 et y ≤ 0) =⇒ xy ≤ 0
3. (x ≤ 0 et y ≤ 0) =⇒ xy ≥ 0

Preuve. Exercice de maison.

E XERCICE 1 Soit (x, y) ∈ R2 . Montrer que :


1
1. Si x > 0, alors x > 0;
1
2. Si 0 < x < y, alors 0 < y < 1x .

Valeur absolue

D ÉFINITION 1.9 On appelle valeur absolue d’un réel x, le réel noté |x| et défini par :

|x| = max {x, −x} .

R EMARQUE 1.8 Dans cette définition, on observe comme conséquence directe que :
1. ∀x ∈ R, on a : |x| = | − x|;
2. ∀x ∈ R, on a :

 x si, x > 0
|x| = −x si x < 0
0 si x = 0.

On a quelques inégalités utiles.

P ROPOSITON 1.4 On a les propriétés suivantes :


1. Pour tout a ∈ R∗+ , pour tout x ∈ R, on a :

|x| ≤ a ⇐⇒ −a ≤ x ≤ a.

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2. Inégalité triangulaire : Pour tout (x, y) ∈ R2 , on a :

|x + y| ≤ |x| + |y|.

3. Pour tout (x, y) ∈ R2 , on a :


||x| − |y|| ≤ |x − y|.

Preuve. En exercice.
L’une des utilisations de la valeur absolue consiste à mesurer la distance entre deux points sur la
droite réelle.

D ÉFINITION 1.10 (D ISTANCE SUR R)


On appelle distance usuelle sur R, l’application d : R × R → R+ définie par : d(x, y) = |x − y|.

P ROPRIÉTÉ 1.1 Une distance d sur R est une application de R2 dans R vérifiant les propriétés
suivantes : Pour tout x, y, z ∈ R,
1. d(x, y) ≥ 0 ;
2. d(x, y) = 0 ⇐⇒ x = y (propriété de séparation)
3. d(x, y) = d(y, x) (propriété de symétrie) ;
4. d(x, z) ≤ d(x, y) + d(y, z) (inégalité triangulaire).

R EMARQUE 1.9 Plus généralement, on appelle distance sur un ensemble E, toute application d
de E × E dans E vérifiant les propriétés de la proposition précédente. L’ensemble E muni de cette
application est alors qualifié d’espace métrique. Par exemple, sur C, l’application qui aux complexes
z1 , z2 associe le module de z1 − z2 définie une distance sur C.

E XERCICE 2 Soit l’application d : R × R → R, (x, y) 7→ ln (1 + |x − y|).


Démontrer que d est une distance sur R.

1.3.2 Conséquences de l’axiome de la borne supérieure


Nous commençons par un énoncé équivalent à l’axiome de la borne supérieure que nous pouvons
dénommer propriété de la borne inférieure.

P ROPOSITON 1.5 Propriété de la borne inférieure Toute partie non vide et minorée A de R possède
une borne inférieure et inf(A) = − sup(−A), où −A = {−x ∈ R, x ∈ A} .

Preuve. En exercice.

Caractérisation de la borne supérieure et de la borne inférieure


T HÉORÈME 1.1 Soit X une partie non vide de R.
1. Caractérisation de la borne supérieure.
Si X est majorée, alors sa borne supérieure sup(X) est caractérisée par la propriété suivante :
(
S est un majorant de X
S = sup(X) ⇐⇒
∀ ε > 0, ∃ x0 ∈ X, S − ε < x0 ≤ S.

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2. Caractérisation de la borne inférieure.


Si X est minorée, alors sa borne inférieure inf(X) est caractérisée par la propriété suivante :
(
s est un minorant de X
s = inf(X) ⇐⇒
∀ ε > 0, ∃ x0 ∈ X; s ≤ x0 < s + ε.

E XERCICE 3
, n ∈ N∗ et B = n+1 , n ∈ N∗ .
n
 1
Soient A = n+1
1. Montrer que la borne supérieure de A existe et vaut 1.
2. Montrer que la borne inférieure de B existe et vaut 0.

Théorèmes d’Archimède

Nous abordons dans cette section certaines propriétés importantes des nombres réels connues sous
le nom d’axiomes d’Archimède. Nous commençons par la propriété suivante qui permet de situer les
nombres entiers par rapport aux nombres réels.
T HÉORÈME 1.2 (A RCHIMÈDE )
Pour tout nombre réel x, il existe un entier naturel n non nul tel que x < n.
On dit que (R, +, ×, ≤) est un corps commutatif ordonné archimédien.
Preuve. On discutera suivant le signe de x
• x ≤ 0 on peut prendre n = 1.
• Supposons que x > 0. Considérons l’ensemble A = {k ∈ N, k ≤ x} . L’ensemble A est non vide
car 0 ∈ A et de plus A est majorée par x.Donc A admet une borne supérieure disons α ∈ R.
En utilisant la propriété de caractérisation de la borne supérieure ( avec ε = 21 ), on déduit
l’existence d’un certain k0 ∈ A tel que α − 21 < k0 ≤ α. Donc α < k0 + 12 < k0 + 1 et par
conséquent k0 + 1 ∈ / A (car k0 + 1 ∈ A implique k0 + 1 ≤ α). Ainsi k0 + 1 > x et on prend
n = k0 + 1.

C OROLLAIRE 1.1 Pour tout (x, y) ∈ R2 satisfaisant 0 < y, il existe n ∈ N tel que x < ny.
Preuve. On applique l’axiome d’Archimède à xy .

T HÉORÈME 1.3 ( D ’A RCHIMÈDE POUR LA LOI +) Soit (x, y) ∈ R2 tels que y > 0. Alors, il existe
un et un seul entier relatif n tel que : ny ≤ x < (n + 1)y.
Preuve. Soit x, y ∈ R tel que y > 0. On considère l’ensemble B = {py ∈ R, p ∈ Z}.
• Pour p = 1, on a 1y = y, donc B ̸= 0. /
• Supposons que B soit majoré. D’après l’axiome de la borne supérieure, α = sup(B) ∈ R. Par
conséquent, il existe p0 ∈ Z tel que, α − y < p0 y ≤ α. Ainsi α < (p0 + 1)y d’où α ∈ B. Ce
qui est absurde puisque α est un majorant de B. B n’est donc pas majoré. Alors il existe une
entier relatif q tel que x<qy.
• Supposons à présent que B est minoré. Alors il existe β = inf(B) et β ∈ R. D’après la caractéri-
sation de la borne inférieure, il existe p1 ∈ Z tel que β ≤ p1 y < y+β . D’où, β > (p1 −1)y ∈ B.
Ce qui est absurde. Donc B n’est pas minoré. Ainsi, il existe l ∈ Z tel que ly < x. On a donc
q−1
ly < x < qy. Par conséquent, x ∈ [ly, qy[= ∪i=l [iy, (i + 1)y[. D’où il existe un unique n ∈ Z tel
que ny ≤ x < (n + 1)y.

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T HÉORÈME 1.4 ( D ’A RCHIMÈDE POUR LA LOI × DANS R∗+ )


Soit (x, y) ∈ R∗+ ×R∗+ tels que x > 1. Alors, il existe un et un seul entier relatif n tel que : xn ≤ y < xn+1 .

Preuve. Exercice de maison.

Partie entière

Une conséquence directe de l’axiome d’Archimède pour la loi additive dans R est la proposition
suivante :

D ÉFINITION -P ROPRIÉTÉ 1.1 Soit x ∈ R. Il existe un unique entier relatif p tel que p

p ≤ x < p + 1.

L’entier relatif p est appelé partie entière de x et on note p = E(x) (ou ⌊x⌋, ou [x]).

Preuve. On applique l’axiome d’Archimède pour la + dans R en prenant y = 1 > 0.

R EMARQUE 1.10
1. Le réel m(x) = x − E(x) est appelé mantisse de x et on a :∀x ∈ R, m(x) = x − E(x) ∈ [0, 1[ ;
2. Pour tout nombre réel x, x − 1 < E(x) ≤ x ;
3. E(x) = x ⇐⇒ x ∈ Z.
4. Pour tout x ∈ R, pour tout n ∈ Z, E(x + n) = n + E(x).

Racine n-ième

La première lacune de Q est résolue à travers le théorème suivant :

D ÉFINITION 1.11 Soit √ x ∈ R∗+ et soit n ∈ N \ {0, 1}. On appelle


√ racine n-ième de x, le réel y ∈ R∗+ ,
tel que yn = x. On note n x pour n ≥ 3 et la racine carrée x.

P ROPOSITON 1.6 Pour tout (x, y) ∈ R∗+ × R∗+ , et pour tout entier n ≥ 2, m ≥ 2, on a les propriétés
suivantes :
√ √ √
1. xy = x y;
p√ √
2. m n x = mn x.

Preuve. Le faire.

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Règles de calcul

P ROPOSITON 1.7 Soient x et y deux réels et n un entier naturel non nul. On a :


n n
(x + y)n = ∑ Cnk xk yn−k = ∑ Cnk xn−k yk ,
k=0 k=0

n!
où Cnk = k!(n−k)! .

Preuve. Par récurrence et la commutativité de la somme dans R.

P ROPOSITON 1.8 Pour tous réels x et y et pour tout n ∈ N∗ , on a :


n−1
n n
x −y = (x − y) ∑ xn−1−k yk
k=0
n−1
= (x − y)(x + xn−2 y + . . . + xyn−2 + yn−1 )

Preuve. La formule se démontre par le calcul suivant :


n−1 n−1 n−1
(x − y) ∑ xn−1−k yk = ∑ xn−k yk − ∑ xn−1−k yk+1
k=0 k=0 k=0
n−1 n−1
= ∑ xn−k yk − ∑ xn−l yl
k=0 l=1
n n
= x −y .

En effet, on a effectué un changement de variable l = k + 1 dans la deuxième somme de la


deuxième égalité. De plus, les termes des deux sommes s’annulant deux à deux à l’exception des
termes extrêmes correspondant à k = 0 dans la première somme et à l = n dans la seconde.

1.4 Topologie de R
1.4.1 Intervalles de R
D ÉFINITION 1.12 On appelle intervalle de R, toute partie de R qui est telle que dès qu’elle contient
deux réels, elle contient tous les réels intermédiaires. Soit I ⊂ R.
(I intervalle de R) ⇐⇒ ∀ (x, y, z) ∈ R3 , (x ∈ I, y ∈ I et x ≤ z ≤ y) =⇒ z ∈ I .


E XEMPLE 1.5
• R est un intervalle.
• 1 ∈ R∗ , −2 ∈ R∗ , et −2 ≤ 0 ≤ 1, mais 0 ∈
/ R∗ . Par conséquent, R∗ n’est pas un intervalle de
R.

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Caractérisation des intervalles de R


P ROPOSITON 1.9 Soit I une partie de R. Il y a une équivalence entre :
1. I est un intervalle de R.
2. ∀x, y ∈ I, ∀t ∈ [0, 1] , (1 − t)x + ty ∈ I.

Preuve.
=⇒) Supposons que I est un intervalle de R. Soient x, y ∈ I tels que y > x et soit t ∈ [0, 1]. Posons
z = (1 −t)x +ty. z − x = t(y − x) ≥ 0. Alors z ≥ x. Par ailleurs y − z = (1 −t)(y − x) ≥ 0, donc
y ≥ z. Ainsi x ≤ z ≤ y. D’où z ∈ I (car I est un intervalle). Notons que si x = y, z = x. Donc
z ∈ I.
⇐=) Réciproquement supposons que ∀ x, y ∈ I et ∀ ti n[0, 1], (1 − t)x + ty ∈ I. Montrons que I est
un intervalle.
Soit x, y ∈ I.
• si x = y, [x, y] = {x} ⊂ I
• si x ̸= y, Supposons sans perte de généralité que x < y et considérons z ∈ [x, y]. On a
z−x
x ≤ z ≤ y. Posons t = . Alors t ∈ [0, 1] et (1 −t)x +ty = z. Par conséquent z ∈ I. D’où
y−x
I est un intervalle de R.

Nous avons le résultat qui est une conséquence directe de la définition.

C OROLLAIRE 1.2 Une partie non vide de I de R est un intervalle si et seulement si

∀x, y ∈ I, (x ≤ y =⇒ [x, y] ⊂ I).

T HÉORÈME 1.5 Soit I un sous-ensemble de R. I est un intervalle de R si et seulement si il est l’un


des dix types suivants :
1. 0/ ;
2. R ;
3. [a, b] = {x ∈ R, a ≤ x ≤ b} , a, b ∈ R/a ≤ b;
4. [a, b[ = {x ∈ R, a ≤ x < b} , a, b ∈ R/a < b;
5. ]a, b] = {x ∈ R, a < x ≤ b} , a, b ∈ R/a < b;
6. ]a, b[ = {x ∈ R, a < x < b} , a, b ∈ R/a < b;
7. ]−∞, b] = {x ∈ R, x ≤ b} , b ∈ R;
8. ]−∞, b[ = {x ∈ R, x < b} , b ∈ R;
9. [a, +∞[ = {x ∈ R, a ≤ x} , a ∈ R;
10. ]a, +∞[ = {x ∈ R, a < x} , a ∈ R.

Preuve. Soit I un sous-ensemble de R. Nous raisonnons par distinction de cas.


1. Cas 1 : I = 0.
/ I est alors du premier type.
2. Cas 2 : I ̸= 0/ et I n’est ni majoré, ni minoré. Montrons que I = R.
Soit x ∈ R. Comme x ne majore pas I, il existe b ∈ I tel que x < b et de même comme x ne
minore pas I, il existe a ∈ I tel que x > a. Par conséquent, a < x < b et a, b ∈ R, donc d’après
la définition d’ un intervalle, x ∈ I. En conclusion, I = R.

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3. Cas 3 : I ̸= 0/ et I est majoré et minoré. Soit a = inf(I) et b = sup(I). Comme a minore I


et b majore I, on a I ⊂ [a, b] . Montrons que ]a, b[ ⊂ I : Soit x ∈ ]a, b[ . Comme x < b, d’après
′ ′
la caractérisation de la borne supérieure, il existe b ∈ I tel que b = b − (b − x) < b ≤ b. De
′ ′ ′ ′ ′ ′
même, il existe a ∈ I tel que a ≤ a < a + (x − a) = x. Par conséquent, a < x < b et a , b ∈ I,
donc d’après la définition d’un intervalle, x ∈ I. En conclusion, ]a, b[ ⊂ I ⊂ [a, b] . I est donc
l’un des quatre types (3), (4), (5) ou (6) suivant que sup(I) ou inf(I) sont ou non des éléments
de I.
4. Cas 4 : I ̸= 0/ et I est majoré mais pas minoré. Soit b = sup(I) comme b majore I, on a
I ⊂ ]−∞, b] . Montrons que ]−∞, b[ ⊂ I : Soit x ∈ ]−∞, b[ . Comme x < b, d’après la carac-
′ ′
térisation de la borne supérieure, il existe b ∈ I tel que x < b ≤ b. De plus, x ne minore pas
′ ′
I, donc il existe a ∈ I tel que a < x. Par conséquent, a < x < b et a, b ∈ I, donc d’après la
définition de l’intervalle, x ∈ I. En conclusion, ]−∞, b[ ⊂ I ⊂ ]−∞, b] . I est donc l’un des
deux types (7) ou (8) suivant que sup(I) est ou non élément de I.
5. Cas 5 : I ̸= 0/ , I minoré mais pas majoré. Par des méthodes analogues, on montre que I est
du type (9) ou (10) suivant que inf(I) appartient ou non à I.

D ÉFINITION 1.13 (VOISINAGE D ’ UN POINT ) On dit qu’un sous-ensemble V de R est un voisinage


d’un réel x0 lorsque V contient un intervalle ouvert (non vide) de centre x0 . C’est-à dire que :

∃ α > 0, ]x0 − α, x0 + α[ ⊂ V.

E XEMPLE 1.6
1. [−1, 4] est un voisinage de 0 ;
2. [−1, 4] n’est pas un voisinage de −1 ;
5
3. {1} ∪ [2, 3[ n’est pas un voisinage de 1, mais un voisinage de 2 par exemple.

D ÉFINITION 1.14 (O UVERT-F ERMÉ )


1. Une partie O de R est qualifiée d’ouvert (ou ensemble ouvert) si il est vide ou si pour tout
x ∈ O, O est un voisinage de x. Autrement dit, un ouvert est un voisinage de chacun de ses
points.
2. Une partie F de R est un fermé (ou ensemble fermé) de R lorsque son complémentaire dans
R, i.e CRF = {x ∈ R, x ∈
/ F} est un ouvert de R.

E XEMPLE 1.7
1. Tout intervalle
n ouverto]a, b[ est un ouvert de R. En effet, soit x ∈ ]a, b[ . En posant par exemple
|x−a| |x−b|
α = min 3 , 3 , on a bien ]x − α, x + α[ ⊂ ]a, b[.
2. F = ]−∞, a] ∪ [b, +∞[ est un fermé de R car son complémentaire dans R, i.e CRF = ]a, b[ est
un ouvert.

D ÉFINITION 1.15 (T OPOLOGIE DE R) On appelle topologie de R l’ensemble de tous les ouverts


de R.

P ROPOSITON 1.10 ( UNION , INTERSECTION D ’ OUVERTS )


1. Une réunion quelconque d’ouverts est un ouvert ;
2. Une intersection finie d’ouverts est un ouvert.

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Preuve. En exercice

C OROLLAIRE 1.3 ( INTERSECTION , UNION DE FERMÉS )


1. Une intersection quelconque de fermés est un fermé ;
2. Une réunion finie de fermés est un fermé.

E XEMPLE 1.8 Pour tout a ∈ R, ]−∞, a[ et ]a, +∞[ sont des ouverts de R. D’où R\ {a} = ]−∞, a] ∪
[a, +∞[ est un ouvert de R. Par conséquent {a} est un fermé de R. On retient que tout singleton de
R est un fermé R.

Intérieur et Adhérence d’un ensemble


D ÉFINITION 1.16 (I NTÉRIEUR D ’ UN ENSEMBLE )
Soit A une partie non vide de R et x0 un nombre réel. On dit que x0 est intérieur à A si A est un
voisinage de x0 , c’est-à-dire lorsqu’il existe r > 0 tel que ]x0 − r, x0 + r[ ⊂ A. L’ensemble de tous les
points intérieurs à A est appelé intérieur de A et se note Å. Ainsi,

x0 ∈ Å ⇐⇒ ∃r > 0, ]x0 − r, x0 + r[ ⊂ A.

E XEMPLE 1.9
1. L’intérieur de tout intervalle borné d’extrémité a et b avec a < b est ]a, b[ .
2. Déterminer Å dans chacun des cas suivants [−3, 6] , ]−3, 6] et [2, +∞[ .

P ROPOSITON 1.11 Soit A une partie non vide de R. Å est le plus grand ouvert contenu dans A.

Preuve. En exercice.

R EMARQUE 1.11 L’intérieur d’une partie ouverte O de R est O elle-même.

D ÉFINITION 1.17 (A DHÉRENCE D ’ UN ENSEMBLE )


Soit A une partie non vide de R et x0 un nombre réel. On dit que x0 est un point adhérent à A si tout
ouvert centré en x0 contient au moins un élément de A. L’ensemble de tous les points adhérents de A
est noté Ā et est appelé adhérence de A. Ainsi,

x0 ∈ Ā ⇐⇒ ∀α > 0, ]x0 − α, x0 + α[ ∩ A ̸= 0.
/

E XEMPLE 1.10
— 2 est un point adhérent à ]2, 6] .
— L’adhérence de tout intervalle d’extrémité a et b avec a < b est [a, b] .

P ROPOSITON 1.12 Soit A une partie non vide de R. Ā est le plus petit fermé contenant A.

Preuve. Soit A une partie non vide de R. On considère l’ensemble


\
G= F,
F ferme ⊃A

intersection de tous les fermés contenant A. Noter que l’ensemble de tous les fermés contenant A est
non vide car R est le fermé trivial contenant A. G est alors une partie fermée de R comme intersection
quelconque de fermé de R. Pour tout F fermé contenant A, on à G ⊂ F. Donc G est le plus petit fermé
contenant A. Il reste à montrer que Ā = G (Exercice !).

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R EMARQUE 1.12 L’adhérence d’une partie fermé F de R est F elle-même.

P ROPOSITON 1.13 ( RELATION ENTRE ADHÉRENCE ET INTÉRIEUR ) Pour toute partie A de R,


on a
R ∖ Å = R ∖ A

Preuve. Le cas A = 0/ est trivial. Soit A une partie non vide de R. Il suffit alors de montrer que R ∖ Å
est le plus petit fermé contenant R ∖ A. R ∖ Å est un fermé contenant R ∖ A et si F est un autre fermé
contenant R ∖ A, alors R ∖ F est un ouvert contenant A, donc R ∖ F est inclus dans Å. En conclusion,
en repassant au complémentaire, on à : R ∖ Å ⊂ F, c’est-à-dire R ∖ Å est bien le plus petit fermé
contenant R ∖ A, soit l’adhérence de R ∖ A.

1.4.2 Point d’accumulation, point isolé


D ÉFINITION 1.18 (P OINT D ’ ACCUMULATION OU P OINT LIMITE )
Soit X ⊂ R et non vide. a ∈ R est dit point d’accumulation de X si

∀ ε > 0, X ∩ (]a − ε, a[∪]a, a + ε[) ̸= 0.


/

C’est-à-dire que X∩]a − ε, a + ε[ contient un point autre que a.

R EMARQUE 1.13 Si a ∈ R n’est pas un point d’accumulation d’une partie non vide X ⊂ R, on dit
que a est un point isolé de X.

E XEMPLE 1.11 Soit X =]2, 3[. Tous les points de l’intervalle fermé [2, 3] sont des points d’accumula-
tion de X.

E XEMPLE 1.12 Considérons les points x0 = −1, x1 = 0, x2 = 1 et x3 = 2 par rapport p


aux domaines
de définition
q de D f et Dg des fonctions f , g données par les expressions : f (x) = x2 (x − 1) et
x2
g(x) = x2 −1
1. D f = {0} ∪ [1, +∞[
(a) Justifie que x0 et x1 sont des points isolés de D f .
(b) Justifie que x2 et x3 sont des points limites de D f .
2. Dg =] − ∞, −1[∪{0}∪]1, +∞[.
(a) Justifie que x1 est un point isolé de Dg ;
(b) Justifie que x0 , x2 et x3 sont des points limites de Dg .

1.4.3 Densité des nombres rationnels et des irrationnels


D ÉFINITION 1.19 Soit A une partie non vide de R. On dit que A est dense dans R, si A rencontre
tout intervalle ouvert ]a, b[, avec a < b (ie. Ā = R). En d’autre terme, on dit que A est dense dans R
lorsque pour tous a, b réels, on à :

a < b =⇒ ∃x ∈ A, a < x < b.

Par contraposition, A est une partie non dense dans R, s’il existe au moins deux réels a et b tels que

a < b et ∀x ∈ A, x ≤ a ou b ≤ x.

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E XEMPLE 1.13 Z n’est pas dense dans R. En effet, 0 et 1 appartiennent à R, mais Z ∩ ]0, 1[ = 0.
/

T HÉORÈME 1.6 Les ensembles Q et R ∖ Q sont denses dans R.

Preuve.
1. Montrons que Q est dense dans R.
Soit a, b ∈ R tel que a < b. Montrons qu’il existe c ∈ Q tel que a < c < b. Ceci reviens à
chercher p ∈ Z, q ∈ N∗ tel que a < qp < b. C’est à dire tel que aq < p < bq. Pour trouver p ∈
1 1
]aq, bq[, il faut que bq∗ap > 1. C’est à dire que q > b−a . En effet, posons x = b−a > 0. D’après
∗ 1
l’axiome d’Archimède, il existe q ∈ N tel que q > b−a . D’après le théorème d’Archimède, il
existe p ∈ Z tel que p ≤ aq + 1 < p + 1 donc p − 1 ≤ aq < p. D’où, p − 1 ≤ aq et aq < p.
1
Alors qp ≤ a + a1 et a < qp . Or q > b−a
1
implique que < b − a. D’où a < qp < b.
q
2. Montrons que R − Q est dense dans R.
Soit a, b ∈ R tel que a < b.
a < b équivaut à √a2 < √b2 . Comme Q est dense dans R, il existe r ∈ Q tel que √a2 < r < √b2 .

Donc, a < 2r < b.
√ √
• Si r ̸= 0, 2r ∈ R \ Q. Donc on peut choisir c = 2r.
• Si r = 0 et a ̸= 0, alors √a2 < 0. Comme Q est dense dans R, il existe r1 ∈ Q∗ tel que

√a < r1 < 0 = r < √b . On peut donc prendre c = 2r1 . En somme ∀a, b ∈ R tel que
2 2
a < b, il existe ci nR \ Q tel que a < c < b. D’où R \ Q est dense dans R.

P ROPRIÉTÉ 1.2 L’intérieur de Q est vide (i.e. Q̊ = 0).


/

Preuve. On a : R ∖ Q̊ = R ∖ Q. Comme R ∖ Q est dense dans R, alors R ∖ Q̊ = R et on a la propriété.

1.4.4 Principe de Cantor


D ÉFINITION 1.20 (I NTERVALLES EMBOÎTÉS )
On appelle système d’intervalles emboîtés, un ensemble Q d’intervalles de R tels que ∀I, J ∈ Q on a
I ⊂ J ou J ⊂ I.

T HÉORÈME 1.7 (P RINCIPE DE C ANTOR )


Pour tout système Q d’intervalles fermés emboîtés de R, il existe un réel qui appartient à tous les
intervalles du système Q. Plus précisément, il existe α = sup {a : [a, b] ∈ Q} , β = inf {b : [a, b] ∈ Q}
vérifiant α ≤ β et l’intervalle [α, β ] est l’intersection de tous les intervalles du système Q.

La droite réelle achevée


D ÉFINITION 1.21 On appelle droite réelle achevée ou ensemble des nombres réels achevés, l’en-
semble R ∪ {−∞; +∞}. La droite réelle achevée se note R.

R EMARQUE 1.14
1. La relation d’ordre ≤ s’étend sur R et on a :
• pour tout x ∈ R, −∞ < x < +∞.

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• −∞ < +∞.
2. Les axiomes d’ordre restent valables sur la droite réelle achevée. Les nombres réels ordinaires,
tout comme −∞ et + ∞, sont finis dans R.
3. La structure algébrique sur R, s’étend partiellement sur R comme suit : Pour tout x ∈ R :
• si x ̸= −∞, x + (+∞) = +∞ ;
• si x ̸= +∞, x + (−∞) = −∞ ;
• si x > 0, x × (+∞) = +∞ ;
• si x < 0, x × (+∞) = −∞ ;
• il est possible de définir (+∞) × (−∞) et (∞) × 0.

R EMARQUE 1.15 Soit X une partie non vide de R. Les quantités sup(X) et inf(X) sont définies par
la règle suivante :
1. Si X ne contient pas le point +∞ et est majoré, alors sup(X) est fini et conserve le même sens
que la Définition 1.6 ;
2. Si X contient +∞ (ou s’il ne contient pas +∞, mais n’est pas majoré), alors nous posons
sup(X) = +∞.
3. Si X ne contient pas le point −∞ et est minoré, le nombre réel inf(X) conserve le sens qu’on
lui a attribué dans la Définition 1.6.
4. Si X contient −∞ (ou s’il ne contient pas −∞, mais n’est pas minoré), alors nous posons
inf(X) = −∞.

D ÉFINITION 1.22 (VOISINAGE DE +∞ ET DE −∞)


• V ⊂ R est dit voisinage de +∞, s’il existe a ∈ R tel que ]a, +∞[⊂ V .
• V ⊂ R est dit voisinage de −∞, s’il existe a ∈ R tel que ] − ∞, a[⊂ V .

Au vu de des remarques précédentes, nous pouvons conclure que dans R tout ensemble non vide
possède de borne supérieure et de borne inférieure.

1.5 Exercices du Chapitre 1


E XERCICE 4 Justifier que Z est un sous-ensemble fermé de R.

E XERCICE 5
√ √ √
1. Soient a et b deux nombres réels positifs. Montrer que : a + b ≤ a + b. Étudier dans quel
cas on a l’égalité
2. Soient a et b deux nombres réels. Montrer que :
p p p
| |a| − |b|| ≤ |a − b|.

E XERCICE 6 Démontrer les relations suivantes, où a et b désignent deux nombres réels quelconques.
1. 2|ab| ≤ a2 + b2 ;
√ √ √
2. a2 + b2 ≤ |a| + |b| ≤ 2 a2 + b2 ;
3. max {a, b} = 21 (a + b + |a − b|) ;
4. min {a, b} = 21 (a + b − |a − b|).

E XERCICE 7

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1. Soit A une partie non vide et bornée de R et B = |x − y| / (x, y) ∈ A2




(a) Justifier que B est majorée


(b) On note δ (B) = sup(B). Montrer que sup(A) − inf(A)
2. Soit α et β deux réels strictement positifs.On considère l’ensemble E défini par :
 
nβ + mα ∗2
E= , (n, m) ∈ N
mnβ α
(a) Prouver que E possède un plus grand élément et que E est minoré.
(b) En utilisant la propriété d’Archimède, prouver que inf(E) = 0

E XERCICE 8 Les ensembles suivants sont-ils majorés ? minorés ? Si oui, déterminer leur borne infé-
rieure, leur borne supérieure et dire s’il s’agit du minimum et du maximum

; (n, m) ∈ N∗2
 n
B= x ∈ R/x2 < 2

E= nm+1
nb
n o
C= n1 ; n ∈ N∗ G= a + (−1) ∗ ; a > 0; b > 0

n ; n ∈ N
n
n o n o
D= 1n − 1p ; (p, n) ∈ N∗2 H= (−1)a + b
n ; n ∈ N ∗ ; a > 0; b > 0

E XERCICE 9 Soient deux parties de R, A et B non vide et majorées. Montrer que sup(A ∪ B) existe et
l’exprimer en fonction de sup(A) et sup(B).

E XERCICE 10 Soit f une application croissante de [0, 1] dans lui-même. On considère l’ensemble

E = {x ∈ [0, 1]/ f (x) ≥ x}

Montrer que E possède une borne supérieure b et que f (b) = b.

E XERCICE 11 Soit f : R → R une application et A ⊂ R une partie non vide et majorée. Montrer que
sup( f (A)) ≤ f (sup(A)). Trouver un exemple où l’inégalité est stricte.

E XERCICE 12 Soient A, B et C trois parties non vides de R.


1. On suppose que A est majorée et que B est inclus dans A. Montrer que B est majorée et que
sup B ≤ sup A.
2. On suppose que A ∩C est non vide et que A et C sont bornées. Montrer que A ∩ B est bornée
et que sup(inf A, infC) ≤ inf(A ∩C) ≤ sup(A ∩C) ≤ inf(sup A, supC).
3. On suppose que pour tout élément a de A et tout élément b de B, on a a ≤ b. Montrer que
sup A ≤ inf B.
4. On suppose que A et B sont bornées et on note A + B la partie {a + b, a ∈ A, b ∈ B} de R.
Montrer que A + B est borné et que

inf(A + B) = inf(A) + in f (B) et sup(A + B) = sup A + sup B.

E XERCICE 13 Soit A et B deux parties non vides et majorées de R. Soit λ ∈ R∗+ .On définit :

A + B = {x ∈ R/∃ (a, b) ∈ A × B, x = a + b} = {a + b/ (a, b) ∈ A × B}

λ A = {x ∈ R/∃a ∈ A, x = λ a} = {λ a, a ∈ A}

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1. Si A ⊂ B, montrer que sup A ≤ sup B


2. Montrer que A ∪ B possède une borne supérieure.Que vaut sup(A ∪ B) ?
3. Montrer que A + B possède une borne supérieure.Que vaut sup(A + B)
4. Montrer que λ A possède une borne supérieure. Que vaut sup(λ A)? Et si λ < 0 ?

E XERCICE 14 Soit x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn et y = (y1 , . . . , yn ) ∈ Rn .


1. Prouver l’inégalité de Cauchy-Schwarz :
!2 ! !
n n n
∑ xiyi ≤ ∑ xi2 ∑ y2i
i=1 i=1 i=1

2. En déduire
(a) que (∑ni=1 xi )2 ≤ n ∑ni=1 xi2 .

p q q
(b) l’inégalité de Minkowski : ∑ni=1 (xi + yi )2 ≤ ∑ni=1 xi2 + ∑ni=1 y2i .
√ √
E XERCICE 15 Soient x et y deux nombres rationnels tels que x et y soient irrationnels. Démontrer
√ √
que x + y est irrationnel.

E XERCICE 16 Soit n un entier naturel non nul.



1. Montrer que 2 + 3 est un nombre irrationnel ;

2. Montrer que (2 − 3)n ∈ ]0, 1[ .
√ √
3. Montrer que (2 − 3)n + (2 + 3)n est un entier naturel pair.

4. En déduire l’expression de la partie entière de (2 + 3)n .

E XERCICE 17
1. Donner un exemple de la partie non vide bornée de R qui contient sa borne supérieure et ne
contient pas sa borne inférieure.
2. Dire si la proposition suivante est vraie ou fausse : il existe des parties non vide et majorées
de Q qui n’ont pas de borne supérieure dans R.

E XERCICE 18
1. Soient A et B deux parties non vides et bornées de R. Montrer que : sup (A ∪ B) = max (sup(A), sup(B))
et inf (A ∪ B) = min (inf(A), inf(B)) .
2. Déterminer s’il existent la borne inférieure, la borne supérieure, le minimum
 net le maximum
de chacun des ensembles suivants : A1 = ]−1, 0] ; A2 = [3, +∞[ ; A3 = 2n+1 , n ∈ N∗ et
, (m, n) ∈ N∗ × N∗ ; A6 = (−1)n + n1 , n ∈ N∗ et A7 =
 n
A4 = {(−1)n , n ∈ N} ; A5 = mn+1


(−1)n (1 + n1 ), n ∈ N∗ .


E XERCICE 19 Soit a et b deux réels strictement positifs. On considère l’ensemble F défini par
 
1 1 ∗ ∗
F= + , (m, n) ∈ N × N .
ma nb
1. Prouver que F possède un plus grand élément et que F est minoré.
2. En utilisant la propriété d’ Archimède pour la + dans R, prouver que F admet 0 pour borne
inférieure.

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1
, a ∈ R+ et E2 = x ∈ R∗+ , x3 ≤ 3 .
 
E XERCICE 20 On considère les ensembles E1 = 1+a
1. Montrer que sup(E1 ) = 1.
2. Montrer que E2 est non vide et majorée.
3. On pose a = sup(E2 ). Montrer que a3 = 3.

E XERCICE 21 Soient A et B deux parties non vides de l’ensemble R des nombres réels telles que :

∀x ∈ A, ∀y ∈ B, on a x ≤ y.

Prouver l’existence de sup(A) et inf(B) et montrer que sup(A) ≤ inf(B).

E XERCICE 22 Soit g une application croissante de [0, 1] dans lui-même. On considère l’ensemble
E = {x ∈ [0, 1] , g(x) ≥ x} . Montrer que E possède dans R une borne supérieure b et que g(b) = b.

E XERCICE 23 Soit h : R → R une application croissante et A une partie non vide de R. Montrer que
sup(h(A)) ≤ h(sup(A)).

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CHAPITRE 2

SUITES NUMÉRIQUES

Dans ce chapitre nous allons donner les propriétés des applications d’un sous-ensemble infini I de
N dans R. Ces applications sont appelées les suites réelles. Lorsque l’ensemble d’arrivée est C elles
sont dites suites complexes. Une suite numérique est une suite réelle ou complexe.

2.1 Définitions et généralités


Soit K l’un des ensembles R ou C. Une suite numérique est une application

u: I → K
n 7→ u(n)

qu’on note généralement (un )n∈I ou simplement (un ) lorsqu’il n’y a pas d’ambiguïté sur l’ensemble
de départ I. Pour k ∈ I, le nombre uk = u(k) est appelé terme de rang k de la suite numérique (un )n∈I .
On dit encore que (un )n∈I est la suite de terme général un .

D ÉFINITIONS 2.1
1. On appelle suite stationnaire une suite dont les termes sont constants à partir d’un certain
rang.
2. On dit qu’une suite réelle (un )n∈I est à termes positifs (resp. négatifs) si pour tout n ∈ I on a
un ≥ 0 (resp. un ≤ 0).
3. Soit A un sous ensemble non vide de K. On dit que la suite numérique (un )n∈I est une suite
d’éléments de A si pour tout entier n ∈ I on a un ∈ A.

Afin de simplifier de simplifier l’exposé, nous ne considérerons que des suites définies sur N. Il
sera aisé d’adapter les énoncés aux cas de suites définies sur un sous-ensemble infini I de N.

E XEMPLE 2.1
1. La suite de terme général 1/n est une suite réelle définie sur N∗.
 
2. La suite de terme général un = cos n π4 + i sin n π4 est une suite complexe définie sur N.

3. La suite de terme général n − 3 est une suite réelle définie sur l’ensemble I = {n ∈ N; n ≥ 3}.

D ÉFINITION 2.1 On dit que les suites (un )n et (un )n sont égales si pour tout n ∈ N on a un = vn .

20
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E XEMPLE 2.2 Les suites ((−l)n )n∈N et (cos(nπ))n∈N sont égales.

Une suite peut être définie par la donnée du terme de rang n0 et d’une relation de récurrence liant
des termes consécutifs à partir de n0 . On parle alors de suite récurrente ou de suite définie par récur-
rence.

Par exemple la suite (un )n définie par les relations : u0 = 2 et un+l = 1 + 21 un est une suite récur-
rente.

2.1.1 Relation de récurrence linénaire d’ordre 2 à coéfficients constants


D ÉFINITION 2.2
Soit (un )n une suite réelle. On dit que (un )n vérifie une relation de récurrence linéaire (homogène)
d’ordre 2 lorsqu’il existent deux réels a et b telle que :

un+2 = aun+1 + bun . (2.1)

Étant donné une relation de récurrence linénaire d’ordre 2, on cherche les suites réelles qui satis-
font la rélation sous la forme (λ n ) où λ est un nombre réel non nul.

D ÉFINITION 2.3 L’équation du second degré

λ 2 − aλ − b = 0 (2.2)

d’inconnue λ est appelée équation caractéristique de la relation de récurrence linéaire d’ordre 2


(2.1).

T HÉORÈME 2.1
1. Si l’équation caractéristique admet deux solutions réelles distinctes λ1 , λ2 , alors il existent
deux réels α, β tels que pour tout n ∈ N :

un = αλ1n + β λ2n . (2.3)

2. Si l’équation caractéristique admet une solution réelle double λ0 , alors il existent deux réels
α, β tels que pour tout n ∈ N :
un = (α + β n)λ0n . (2.4)
3. Si l’équation caractéristique admet deux solutions complexes(conjugués) λ et λ̄ , alors il
existent deux réels α, β tels que pour tout n ∈ N :

un = α|λ |n cos(nθ ) + β |λ |n sin(nθ ), (2.5)

où θ est un argument du complexe λ .

R EMARQUE 2.1 Les réels α et β dans le Théorème 2.1 sont déterminés par la donnée des premières
valeurs u0 , u1 de la suite (un )n .

E XEMPLE 2.3
Le terme général de la suite réelle (un )n vérifiant la relation de récurrence :

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1. ∀ n ∈ N, un+2 = un+1 + un et u0 = 0, u1 = 1 est :


" √ !n √ !n #
1 1+ 5 1− 5
un = √ − .
5 2 2

1+ 5
C’est la suite de Fibonacci. Le réel est appelé nombre d’Or.
2
2. ∀ n ∈ N, un+2 = 4un+1 − 4un et u0 = 1, u1 = 3 est :
un = (n + 2) × 2n−1 .

3. ∀ n ∈ N, un+2 = 23 un+1 − 34 un et u0 = 1, u1 = 3 est :


√ !n
h  nπ  √  nπ i 3
un = cos + 3 3 sin .
6 6 2

E XERCICE 24 Déterminer l’expression des termes généraux des suites vérifiant la relation de récur-
rence linéaire :
1. ∀ n ∈ N, un+2 + 3un+1 − 4un = 0.

2. ∀ n ∈ N, un+2 − (2 + 8)un+1 + 3un = 0

2.1.2 Suites arithmémtiques-Suites géométriques


A développer par les étudiants.

2.2 Convergence et divergence d’une suite réelle


D ÉFINITIONS 2.2
Soit (un )n une suite réelle.
1. On dit la suite (un )n converge vers le réel ℓ (ou qu’elle tend vers ℓ) si
∀ ε ∈ R∗+ , ∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N (n ≥ N =⇒ |un − ℓ| ≤ ε).
Le réel ℓ est appelé limite de la suite et on note lim un = ℓ.
n→+∞
2. On dit la suite (un )n converge (dans R) s’il existe ℓ ∈ R tel que la suite (un )n converge vers ℓ.
Autrement dit, la suite (un )n converge dans R si
∃ ℓ ∈ R, ∀ ε ∈ R∗+ , ∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N (n ≥ N =⇒ |un − ℓ| ≤ ε).

3. On dit que la suite (un )n diverge si elle ne converge. Autrement dit, la suite (un )n diverge si
∀ ℓ ∈ R, ∃ ε ∈ R∗+ , ∀ N ∈ N, ∃ n ∈ N (n ≥ N et |un − ℓ| > ε).

E XEMPLE 2.4
1. La suite de terme général un = 2n+1
n , n ≥ 1. converge vers 2.
En effet, soit ε ∈ R+ . Cherchons n0 ∈ N∗ tel que ∀n ∈ N si n ≥ n0 alors |un − 2| < ε.

1 1
|un − 2| < ε ⇐⇒ | | < ε ⇐⇒ n > ;
n ε
ainsi comme E(1/ε) ≤ 1/ε < E(1/ε) + 1, on prend alors n0 = E(1/ε) + 1 ∈ N∗ .

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2. La suite de terme général un = n ne converge vers aucun réel positif.


Car pour tout ℓ ∈ R+ et ε = 1. On a pour tout N ∈ N, l’entier n0 = N + E(ℓ) + 2 > 0 et

|un0 − ℓ| = |n0 − ℓ| = |N + E(ℓ) + 2 − ℓ| > |N + 1| ≥ ε.

R EMARQUE 2.2
1. Donner la nature d’une suite réelle revient à dire si elle converge ou non.
2. On ne modifie pas la nature d’une suite (le fait qu’elle converge ou diverge) ni la valeur de sa
limite si on modifie ses termes jusqu’à un rang donné.
3. Si la suite réelle (un )n converge vers ℓ alors le réel ℓ est un point d’adhérence de l’ensemble
U = {un /n ∈ N} puisque pour tout intervalle centré en ℓ de la forme ]ℓ − ε, ℓ + ε[ avec ε ∈ R∗+
contient tous les termes de la suite à partir d’un certain rang N.

E XERCICE 25 Soit A un sous-ensemble non vide de R. Montrer que le réel a est un point adhérent à
A si et seulement s’il existe une suite réelle (xn )n d’éléments de A qui converge vers a.

P ROPOSITON 2.1 Soit (un )n une suite réelle. Si la suite (un )n converge alors sa limite est unique.

Preuve. Soit (un )n une suite réelle convergente.


Raisonnons par l’absurde et supposons que la suite (un )n converge et qu’elle a deux limites ℓ1 et ℓ2
distinctes.
Posons ε = 31 |ℓ1 − ℓ2 |. On a ε ∈ R∗+ et d’après la définition,

∃ N1 ∈ N, ∀ n ∈ N (n ≥ N1 =⇒ |un − ℓ1 | ≤ ε)
et ∃ N2 ∈ N, ∀ n ∈ N (n ≥ N2 =⇒ |un − ℓ2 | ≤ ε)

En posant N = max{N1 , N2 }, et en utilisant l’inégalité triangulaire, on pour tout n ≥ N,

2
|ℓ1 − ℓ2 | ≤ |ℓ1 − un | + |un − ℓ2 | ≤ 2ε = |ℓ1 − ℓ2 |
3
ce qui est absurde.

P ROPOSITON 2.2 Soit (un )n une suite réelle. Si (un )n converge vers un réel ℓ alors la suite de terme
général |un | converge vers |ℓ|.

Preuve. Facile

E XERCICE 26 Si une suite réelle à termes positifs converge, sa limite est un réel positif.

E XERCICE 27 Soit A un sous-ensemble de R. L’ensemble A est fermé si et seulement si toutes les


suites d’éléments de A qui convergent ont pour limite un élément de A.

E XERCICE 28 Montrer que si une suite réelle converge vers un réel stritement positif alors tous les
termes de la suite sont stritement positifs à partir d’un certain rang.

D ÉFINITIONS 2.3
Soit (un )n une suite réelle.

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1. On dit que la suite (un )n tend vers +∞ si

∀ κ ∈ R∗+ , ∃N ∈ N, ∀ n ∈ N (n ≥ N =⇒ un ≥ κ).

On note dans ce cas lim un = +∞.


n→+∞
2. On dit que la suite (un )n tend vers −∞ si

∀ κ ∈ R∗− , ∃N ∈ N, ∀ n ∈ N (n ≥ N =⇒ un ≤ κ).

On note dans ce cas lim un = −∞.


n→+∞

R EMARQUE 2.3 La suite réelle (un )n tend vers +∞ si et seulement si la suite (−un )n tend vers −∞.

E XEMPLE 2.5 La suite (un )n de terme général un = n tend vers +∞. En effet, ∀ κ ∈ R∗+ , il existe
N = E(κ) + 1 ∈ N et pour tout n ∈ N avec n ≥ N, on a un = n ≥ N > κ. D’où lim un = +∞.
n→+∞

E XERCICE 29

Montrer que la suite de terme général un = n tend vers +∞.

P ROPOSITON 2.3 Toute suite réelle convergente est bornée.

Preuve. Soit (un )n une suite réelle convergente et soit ℓ.


Alors, il existe N ∈ N, tel que pour tout n ≥ N, on a |un − ℓ|1. Ainsi pour tout n ≥ N on a :

|un | = |un − ℓ + ℓ| ≤ |un − ℓ| + |ℓ|


≤ |ℓ| + 1.

La suite est donc majorée par M = max{|u0 |, · · · , |uN−1 |, |ℓ| + 1}.

R EMARQUE 2.4 La réciproque de la Propositon 2.3 es fausse. En exemple, la suite de terme général
un = (−1)n est bornée (par 1) mais ne converge pas.

P ROPOSITON 2.4
1. Toute suite réelle tendant vers +∞ est minorée.
2. Toute suite réelle tendant vers −∞ est majorée.

Preuve.
1. Soit (un )n une suite réelle tendant vers +∞. Alors pour κ = 1, on a :

∃N1 ∈ N, ∀ n ∈ N (n ≥ N =⇒ un ≥ 1).

La suite est donc minorée par m = min{u0 , · · · , uN1 −1 , 1}.


2. Elle se prouve de manière analogue.

R EMARQUE 2.5 Une suite réelle tendant vers +∞ n’est pas majorée mais une suite aui n’est pas
majorée ne tend pas nécessairement vers +∞. C’est le cas par exemple de la suite de terme général
un = (−1)n n.

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T HÉORÈME 2.2
Soient f une fonction définie sur [p, +∞[ avec p ∈ N, et (un )n une suite vérifiant pour tout n ≥ p,
un = f (n). Si lim f (x) = ℓ, (ℓ ∈ R) alors lim un = ℓ.
x→+∞ n→+∞

E XEMPLE 2.6 (L IMITES DE SUITES À RETENIR )


(
+∞ si α > 0
1. Soit α ∈ R∗ ; lim nα =
n→+∞ 0 si α < 0
(
+∞ si a > 1
2. Soit a ∈ R∗ ; lim an =
n→+∞ 0 si |a| < 1
∗ (ln n)α
3. Soit α, β élément de R+ ; lim =0
n→+∞ nβ
exp(nα)
4. Soit α, β élément de R∗+ ; lim =0
n→+∞ nβ

2.3 Limites et monotonie de suites réelles


P ROPOSITON 2.5
1. Toute suite réelle croissante et majorée est convergente.
2. Toute suite réelle décroissante et minorée est convergente.

Preuve.
1. Soit (un )n une suite réelle croissante et majorée par un réel M.
Alors l’ensemble {un / n ∈ N} est une partie non vide et majorée de R donc il admet une borne
supérieure disons ℓ. On a :

∀ n ∈ N, un ≤ ℓ et ∀ ε ∈ R∗+ , ∃Nε ∈ N, ℓ − Nε < uNε .

Par ailleurs comme la suite (un )n est croissante, pour tout n ∈ N avec n ≥ Nε on a uNε ≤ un .
Donc
∀ ε ∈ R∗+ , ∃Nε ∈ N ∀ n ∈ N, (n ≥ Nε =⇒ ℓ − ε < uNε ≤ un ≤ ℓ < ℓ + ε)
C’est à dire que

∀ ε ∈ R∗+ , ∃Nε ∈ N ∀ n ∈ N, (n ≥ Nε =⇒ |un − ℓ| < ε)

2. Soit (un )n une suite réelle décroissante et minorée par un réel.


La suite (−un )n croissante et majorée et en appliquant le résultat précédent à la suite (−un )n ,
on a le résultat.

n
E XEMPLE 2.7 La suite (un )n de terme général un = ∑ 1k − ln(n) est décroissante et minorée donc elle
k=1
converge. Sa limite est appelée constante d’Euler et est notée γ.

P ROPOSITON 2.6
1. Toute suite réelle croissante et non majorée tend vers +∞.
2. Toute suite réelle décroissante et non minorée tend vers −∞.

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Preuve.
1. Soit (un )n une suite réelle croissante et non majorée.
(un )n non majorée ⇐⇒ ∀M ∈ R, ∃N ∈ N, uN > M. Et comme (un )n est croissante, on a pour
tout n ≥ N, un ≥ uN . Donc
∀M ∈ R, ∃N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N =⇒ un > M).
C’est à dire que la suite (un )n tend vers +∞.
2. On montre le second résultat en appliquant la précédente à la suite de terme général vn = −un .

E XEMPLE 2.8 Soit r ∈]1, +∞[. La suite de terme général un = rn est croissante et n’est pas majorée.
En effet, pour tout réel κ > 0, il existe N = 1 + E(ln κ/ ln r) ∈ N et pour tout n ≥ N on a un > κ. Donc
la suite tend vers +∞.
R EMARQUE 2.6 On dira qu’une suite admet de limite dans R pour signifier qu’elle converge vers un
réel ou qu’elle diverge (tend) vers ∞. On s’interdira toute fois de dire qu’une suite converge vers ∞.

2.4 Limites et opérations sur les suites réelles


Nous allons admettre deux résultats de structure algébrique à savoir :
T HÉORÈME 2.3 (A NNEAU COMMUTATIF )
L’ensemble des suites réelles muni des lois de composition interne + et × est un anneau commutatif.
T HÉORÈME 2.4 (E SPACE VECTORIEL )
L’ensemble des suites réelles est un espace vectoriel (réel) avec la multiplication d’une suite par un
réel.
P ROPOSITON 2.7 Soient (un )n et (vn )n deux suites réelles et λ un réel (non nul).
1. Si les suites (un )n et (vn )n convergent respectivement vers ℓ et ℓ′ alors la suite (un + vn )n
converge vers ℓ + ℓ′ .
2. Si les suites (un )n et (vn )n convergent respectivement vers ℓ et ℓ′ alors la suite (un vn )n converge
vers ℓℓ′ .
3. Si la suites (un )n tend vers ℓ ∈ R alors la suite (λ un )n tend vers λ ℓ.
 
4. Si les suites (un )n et (vn )n convergent respectivement vers ℓ et ℓ ∈ R alors la suite uvnn
′ ∗
n
converge vers ℓℓ′ .
Preuve. En exercice.
R EMARQUE 2.7 Si l’une des suites (un )n et (vn )n converge et l’autre diverge alors la suite (un + vn )n
diverge. Mais si les deux suites (un )n et (vn )n divergent, on ne peux rien conclure (d’avance) quant à
la nature de la suite (un + vn )n : elle peut diverger ou peut converger. Par exemple :
1
— les suites de terme général un = (−1)n et vn = (−1)n+1 + n+1 divergent mais la suite de terme
1
général un + vn = n+1 converge.
— les suites de terme général un = (−1)n (1 + n) et vn = (−1)n+1 divergent mais la suite de terme
général un + vn = (−1)n n diverge.
On dispose de résultats de calcul de limites et opérations sur les suites réelles généralement résumé
dans des tableaux. On parle de forme d’indéterminée et on note (IND) dans les cas où les hypothèse
ne suffisent pas pour conclure sur la nature sans une étude plus approfondie. On écrit PL pour signifier
qu’il n’y a pas de limite dans R.

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ℓ′ +∞ −∞ PL

+∞

−∞

PL

TABLE 2.1 – Résumé pour limites de (un + vn )n

2.5 Comparaisons de suites réelles et limites


P ROPOSITON 2.8 (PASSAGE À LA LIMITE DANS LES INÉGALITÉ )
Soient (un )n une suite réelle convergeant vers ℓ et (a, b) ∈ R2 , (a ≤ b).
1. Si tous les termes de la suite (un )n sont minorés par a à partir d’un certain rang alors ℓ ≥ a.
Autrement dit,
(∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N =⇒ un ≥ a)) =⇒ ℓ ≥ a
2. Si tous les termes de la suite (un )n sont majorés par b à partir d’un certain rang alors ℓ ≤ b.
Autrement dit,
(∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N =⇒ un ≤ b)) =⇒ ℓ ≤ b
3. Si tous les termes de la suite (un )n à partir d’un certain rang appartiennent à l’intervalle [a, b]
alors ℓ ∈ [a, b]. Autrement dit,
(∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N =⇒ a ≤ un ≤ b)) =⇒ a ≤ ℓ ≤ b

Preuve. En exercice.
R EMARQUE 2.8 Soient (un )n une suite réelle convergeant vers ℓ et a ∈ R.
L’assertion (∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N =⇒ un > a)) ne permet pas de conclure que ℓ > a. On peut
seulement conclure que ℓ ≥ a.
Par exemple la suite de terme général un = 1n vérifie pour tout n ∈ N∗ , un > 0 mais sa limite est 0.

P ROPOSITON 2.9 Soient (un )n une suite réelle convergeant vers ℓ et (a, b) ∈ R2 , (a < b). On a
a < ℓ < b =⇒ (∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N(n ≥ N =⇒ a < un < b)) .
Preuve. Il suffit de prendre ε = 12 min{b − ℓ, ℓ − a}.
P ROPOSITON 2.10 (T HÉORÈME D ’ ENCADREMENT OU DES G ENDARMES )
Soient (un )n , (vn )n et (wn )n trois suites réelles vérifiant :
∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N =⇒ un ≤ vn ≤ wn ).

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ℓ′ < 0 ℓ′ = 0 ℓ′ > 0 +∞ −∞ PL

ℓ<0

ℓ=0

ℓ>0

+∞

−∞

PL

TABLE 2.2 – Résumé pour limites de (un vn )n

1. Si les suites (un )n , (vn )n et (wn )n convergent respectivement vers ℓ1 , ℓ2 et ℓ3 alors ℓ1 ≤ ℓ2 ≤ ℓ3 .


2. Si les suites (un )n et (wn )n convergent vers une même limite ℓ alors la suite (vn )n converge
vers ℓ.

Preuve. Soient (un )n , (vn )n et (wn )n des suites réelles avec l’hypothèse de la Propositon.
1. Il suffit, pour cette première assertion, de prouver que si (un )n et (vn )n convergent respective-
ment vers ℓ1 et ℓ2 et

H1 : ∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N =⇒ un ≤ vn )

alors ℓ1 ≤ ℓ2 .
Pour cela supposons que H1 et (un )n , (vn )n convergeant respectivement vers ℓ1 et ℓ2 mais
ℓ1 > ℓ2 .
ℓ1 > ℓ2 implique que ℓ2 < 21 (ℓ1 + ℓ2 ) < ℓ1 et d’après la Proposition 2.9,

1
∃ N1 ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N1 =⇒ (ℓ1 + ℓ2 ) < un )
2
1
∃ N2 ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N2 =⇒ (ℓ1 + ℓ2 ) > vn )
2
En posant N0 = max{N, N1 , N2 }, on déduit que pour tout entier n ≥ N0 on a vn < 12 (ℓ1 + ℓ2 ) <
un ce qui contredit H1 . Donc l’hypothèse H1 avec (un )n , (vn )n convergeant respectivement vers
ℓ1 et ℓ2 impliquent que ℓ1 ≤ ℓ2 . Par conséquent on a le résultat.

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2. Supposons que (un )n et (wn )n convergent vers une même limite ℓ.


Soit ε ∈ R∗+ ,

∃ N1 ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N1 =⇒ |un − ℓ| ≤ ε)
∃ N2 ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N2 =⇒ |wn − ℓ| ≤ ε)

Or l’hypothèse de la Proposition implique que

∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N(n ≥ N =⇒ un − ℓ ≤ vn − ℓ ≤ wn − ℓ);

donc en posant N3 = max{N, N1 , N2 } ∈ N, on a pour tout entier n ≥ N3

−ε ≤ un − ℓ ≤ vn − ℓ ≤ wn − ℓ ≤ ε.

C’est à dire que

∀ ε ∈ R∗+ , ∃ N3 ∈ N, ∀ n ∈ N (n ≥ N3 =⇒ |vn − ℓ| ≤ ε).

D’où le résultat.

E XEMPLE 2.9 Pour la suite de terme général un = 1n sin(n), on a :

1 sin(n) 1
− ≤ ≤ .
n n n
1 sin(n)
Or lim = 0 = lim − n1 donc lim = 0.
n→+∞ n n→+∞ n→+∞ n

E XERCICE 30 (C ONSÉQUENCE DU T HÉORÈME DES G ENDARMES )


Soient (un ) et (vn ) deux suites rélles.
1. Montrer que si pour tout n ∈ N, |un | ≤ |vn | et (vn ) converge vers 0 alors (un ) converge vers 0.
2. Montrer que si (un ) est bornée et (vn ) converge vers 0 alors (un vn ) converge vers 0.

un+1
E XERCICE 31 Soient (un ) une suite rélle à termes non nuls et telle que lim un = q ∈ R.
n→+∞
Montrer que si q < 1 alors (un ) converge vers 0.

R EMARQUE 2.9 Si les suites (un ) et (vn ) convergent et s’il existe N ∈ N tel que ∀n ≥ N, un < vn , on
ne peut que conclure que lim un ≤ lim vn .
n→+∞ n→+∞
En effet, en considérant les suites de terme général un = n
n2 +1
et vn = 1n , on a pour tout entier n ≥ 1,
un < vn mais lim un = 0 = lim vn .
n→+∞ n→+∞

P ROPOSITON 2.11 Soient (un )n et (vn )n deux suites réelles vérifiant

∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N(n ≥ N =⇒ un ≤ vn .

1. Si la suite (un )n tend vers +∞ alors la suite (vn )n tend vers +∞.
2. Si la suite (vn )n tend vers −∞ alors la suite (un )n tend vers −∞.

Preuve. Considérons (un )n et (vn )n avec l’hypothèse de la Propositon.

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1. Supposons que (un )n tend vers +∞.


(un )n tend vers + ∞ ⇐⇒ ∀ κ ∈ R∗+ , ∃ N1 ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N1 =⇒ un ≥ κ).
En considérant l’hypothèse de la Propositon et en posant N2 = max{N, N1 }, on a :
∀ n ∈ N, (n ≥ N2 =⇒ vn ≥ un ≥ κ).
D’où on obtient
∀ κ ∈ R∗+ , ∃ N2 ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N2 =⇒ vn ≥ κ).

2. Supposons que (vn )n tend vers −∞.


La suite de terme général wn = −vn tend donc vers +∞ et d’après l’hypothèse de la Proposi-
ton,
∃ N ∈ N, ∀ n ∈ N, (n ≥ N =⇒ wn ≤ −un ).
Ainsi d’après la preuve précédente, la suite de terme général −un tend vers +∞. D’où (un )n
tend vers −∞.

E XERCICE 32
1. Montrer, en utilisant les propriétés de comparaison, que la suite (un )n définie par un = 2n +
(−1)n diverge vers +∞.
E(10n α)
2. Soit α ∈ R. Montrer que la suite (vn )n définie par vn = converge vers α.
10n

2.6 Suites réelles adjacentes


D ÉFINITION 2.4 (S UITES ADJACENTES )
Soient (un )n et (vn )n deux suites réelles. On dit qu’elles sont adjacentes si elles satisfont aux deux
contions suivantes :
1. l’une des deux suites est croissante et l’autre est décroissante ;
2. lim (un − vn ) = 0.
n→+∞

E XEMPLE 2.10 Les suites (un )n et (vn )n définies ci-dessous sont adjacentes (le vérifier).
1 1
1. un = 1 − et vn = 1 + .
n+1 n+1
E(10n x) 1
2. Pour tout x ∈ R, un = et vn = un + .
10n 10n
un est une valeur approchée à 10−n près par défaut de x et vn une valeur approchée à 10−n
près par excès.

P ROPOSITON 2.12 Deux suites adjacentes sont convergentes et ont la même limite.

Preuve. Soient (un )n et (vn )n deux suites adjacentes. On suppose que (un )n est croissante et (vn )n
est décroissante. Posons tn = vn − un . Comme pour tout n ∈ N, vn+1 ≤ vn et −un+1 ≤ −un on a :
vn+1 − un+1 ≤ vn − un par conséquent la suite (tn )n est décroissante or elle converge vers zéro. Alors
pour tout n ∈ N on a tn ≥ 0 c’est à dire un ≤ vn . Ainsi,u0 ≤ un ≤ vn ≤ v0 , ∀n ∈ N. Donc, (un )n est
croissante et majorée par v0 , d’où (un )n est convergente vers ℓ. D’autre part, (vn )n est décroissante et
minorée par u0 alors (vn )n est convergente vers ℓ′ . Or lim (un − vn ) = 0. D’où ℓ = ℓ′ .
n→+∞

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E XERCICE 33 Soient (un )n∈N∗ et (vn )n∈N∗ les suites réelles définies respectivement par
n n
1 1
un = ∑ k − ln(n) et vn = ∑ k − ln(n + 1).
k=1 k=1

Montrer que (un )n∈N∗ et (vn )n∈N∗ sont adjacentes et leur limite est γ, la constante d’Euler.

E XERCICE 34 Soient a, b deux réels tels que 0 < a < b. On considère les suites (un )n et (vn )n définies
par :
√ un + vn
u0 = a, un+1 = un vn et v0 = b, vn+1 = .
2
1. Montrer que pour tout n ∈ N, les suites sont à valeurs positives et un ≤ vn .
2. En déduire que la suite (un )n est croissante et majorée et que la suite (vn )n est décroissante et
minorée.
3. Montrer que les suites (un )n et (vn )n sont adjacentes. La limite commune des suites (un )n et
(vn )n est appelée moyenne arithmético-géométrique des réels a et b.

2.7 Suites extraites d’une suite réelle


D ÉFINITION 2.5 Une suite (wn ) est une suite extraite ou une sous-suite de la suite (un ), s’il existe
une application ϕ de N dans N strictement croissante, appelée extractrice, telle que

∀ n ∈ N, wn = uϕ(n) .

E XEMPLE 2.11 Soit (un )n une suite réelle.


1. La suite de terme général vn = u2n est une sous-suite de la suite (un )n . En effet, l’application
n ∈ N 7→ 2n est strictement croissante à valeur dans N.
2. La suite de terme général vn = u2n+1 est une sous-suite de la suite (un )n . L’application n ∈
N 7→ 2n + 1 étant strictement croissante à valeur dans N.
3. La suite de terme général vn = u|n2 −9n| n’est pas une suite extraite de la suite (un )n , car l’ap-
plication n ∈ N 7→ |n2 − 9n| n’est pas strictement croissante
4. Pour tout entier p ≥ 2, la suite de terme général vn = un p est une suite extraite de la suite
(un )n , car l’application n ∈ N 7→ n p est strictement croissante.
n
5. Vérifier que la suite  terme général vn = (−1) est une suite extraite de la suite de terme
 nπde
général un = cos .
23
R EMARQUE 2.10
1. Si ϕ est une application extractrice alors ∀ n ∈ N, ϕ(n) ≥ n.
2. Soit (un )n une suite réelle. Toute sous-suite d’une suite extraite de (un )n est une suite extraite
de (un )n . En effet, la composée de deux extractrices est une extractrice.

D ÉFINITION 2.6 (VALEUR D ’ ADHÉRENCE D ’ UNE SUITE )


On appelle valeur d’adhérence d’une suite réelle (un ) la limite lorsqu’elle existe d’une sous-suite de
(un ).

E XEMPLE 2.12

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1. Les entiers 3 et 1 sont des valeur d’adhérence de la suite (un ) de terme général un = (−1)n +
2n
. En effet, 1 = lim u2n+1 et 3 = lim u2n .
n+1 x→+∞ x→+∞
2n
2. La suite (un ) de terme général un = (−1)n n2 + n’a pas de valeur d’adhérence (le véri-
n+1
fier).

P ROPOSITON 2.13 Soit (un ) une suite réelle. Si (un ) converge vers ℓ, alors toute sous-suite de (un )
converge vers ℓ.

Preuve. Supposons que la suite (un ) converge vers ℓ. Alors

ε ∈ R∗+ , ∃N ∈ N, ∀n ∈ N, (n ≥ N =⇒ |un − ℓ| ≤ ε)

Soit ϕ une extractrice. Montrons que la suite (uϕ(n) ) converge vers ℓ.


Comme ϕ est strictement croissante, pour tout entier n ≥ N, on a ϕ(n) ≥ ϕ(N) ≥ N et donc uϕ(n) − ℓ ≤ ε.
On a ainsi établi que

ε ∈ R∗+ , ∃N ∈ N, ∀n ∈ N, (n ≥ N =⇒ uϕ(n) − ℓ ≤ ε)

D’où la suite (uϕ(n) ) converge vers ℓ.

R EMARQUE 2.11
1. On montre de même que si une suite réelle tend vers +∞ (resp. −∞) alors toute sous-suite
de cette suite tend également vers +∞ (resp. −∞).
2. Une condition suffisante pour qu’une suite réelle n’admet pas de limite est que deux suite
extraites de cette suite aient deux limites distinctes. C’est la contraposée de la Proposition
2.13
On peut utiliser ce résultat (comme c’est souvent le cas) pour montrer qu’une suite n’admet pas de
limite.

E XEMPLE 2.13

1. La suite de terme√
général 2n + 1 tend vers +∞ car il s’agit d’une suite extraite de la suite
de terme général n.
2. La suite (un ) de terme général un = (−1)n divergente, car les suites extraites u2n = 1 et
u2n+1 = −1 ont deux limites distinctes.

E XERCICE 35 Montrer, par l’absurde, que la suite de terme général un = sin(n) diverge.

P ROPOSITON 2.14 Une suite réelle est converge si et seulement si elle n’admet qu’une seule valeur
d’adhérence.

Preuve. En exercice.

P ROPOSITON 2.15 Une suite réelle (un ) converge si et seulement si les suites extraites (u2n ) et
(u2n+1 ) convergent et ont la même limite. Dans ce cas, cette limite commune est la limite de la suite
(un ).

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Preuve. Supposons la suite (un ) converge vers ℓ. Alors d’après la Proposition 2.13, ses sous-suites
(u2n ) et (u2n+1 ) convergent vers ℓ.
Réciproquement supposons que les sous-suites (u2n ) et (u2n+1 ) convergent vers une même limite ℓ.
On a, pour tout réel ε strictement positif
(
∃N1 ∈ N, ∀n ∈ N, (n ≥ N1 =⇒ |u2n − ℓ| ≤ ε)
(2.6)
∃N2 ∈ N, ∀n ∈ N, (n ≥ N2 =⇒ |u2n+1 − ℓ| ≤ ε).

Posons N = max{2N1 , 2N2 + 1} et soit p ∈ N tel que p ≥ N.


— S’il existe k ∈ N, p = 2k on a k ≥ N1
— S’il existe k ∈ N, p = 2k + 1 on a k ≥ N2 .
Donc d’après (2.6) on a u p − ℓ ≤ ε. On a ainsi montré que

ε ∈ R∗+ , ∃N ∈ N, ∀p ∈ N, (p ≥ N =⇒ |u p − ℓ| ≤ ε)

D’où la suite (un ) converge vers ℓ.

T HÉORÈME 2.5 (B OLZANO W EIERSTRASS )


De toute suite réelle bornée, on peut extraire une sous-suite convergente (dans R).

Preuve. Un peu longue.

2.8 Suites réelles de Cauchy


D ÉFINITION 2.7 (S UITE DE C AUCHY )
On dit qu’une suite réelle (un )n∈I est une suite de Cauchy si elle vérifie la condition suivante :
 
∗ 2
∀ ε ∈ R+ , ∃N ∈ N, ∀ (n, m) ∈ N , (n ≤ N et m ≤ N) =⇒ |un − um | ≤ ε .

E XEMPLE 2.14
1. La suite de terme général un = n12 est une suite de Cauchy. En effet, pour tout (n, m) ∈ N2 avec
n ≥ m, on a
1 1 n2 − m2 (n + m)(n − m)
|un − um | = 2 − 2 = = .
n m n2 m2 n2 m2
2
Comme 0 ≤ n − m ≤ n et 0 ≤ n + m ≤ 2n, on obtient |un − um | ≤ 2 . Ainsi, pour tout ε ∈ R∗+ ,
p  m
en posant N = E 2/ε , on a pour tout entiers n et m vérifiant n ≥ m ≥ N, m22 ≤ ε et donc
|un − um | ≤ ε. D’où le résultat.
2. La suite (ln n)n>0 n’est pas de Cauchy. En effet, si p > n > 0, on a :
p
|ln p − ln n| = ln .
n
Donc, pour ε = 0, 5 et p = 2n, on a |ln p − ln n| = ln 2 > ε.
 
n+1
3. Vérifier que la suite est une suite de Cauchy.
n n∈N∗

P ROPOSITON 2.16 Tout suite réelle de Cauchy est bornée.

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Preuve. Supposons que (un ) est une suite réelle de Cauchy. Alors, il existe N > 0 tel que pour tout
(p, q) ∈ N2 , p > q > N implique que nous avions |u p − uq | < 1. D’où, pour tout p > N + 1, |u p | −
|uN+1 | ≤ |u p −uN+1 | < 1, ainsi, |u p | < 1+|uN+1 |. Alors pour tout n ∈ N, |un | ≤ max{|u0 |; |u1 |; · · · ; |uN+1 |, 1+
|uN+1 |}. Par conséquent la suite de Cauchy (un ) est bornée.

P ROPOSITON 2.17 Toute suite réelle converge si et seulement si elle est de Cauchy.

Preuve.
=⇒ ) Soit (un ) une suite convergente vers a. Alors, pour ε > 0 fixé, il existe N > 0 tel que pour tout
n > N, |un − a| < ε/2. Soit p > q > N, on a :

|u p − uq | ≤ |u p − a| + |uq − a| < ε

Ce qui montre que la suite (un ) est de Cauchy.


⇐=) Soit (un ) une suite de Cauchy.
Alors, la suite (un ) est bornée par conséquent d’après le théorème de Bolzano Weistrass, on peut
extraire une sous suite (uϕ(n) ) de (un ) convergente vers a. Montrons que (un ) converge vers a. Soit
ε > 0 ; il existe N ∈ N tel que pour tout p > q > N, |u p − uq | < ε/2 et il existe N1 ∈ N tel que pour
tout n > N1 , |uϕ(n) − a| < ε/2. En prenant N2 = max{N; N1 }, pour tout n > N2 , |uϕ(n) − a| < ε/2 et
|un − uϕ(n) | < ε/2 (car ϕ(n) > n dans ce cas), alors

|un − a| ≤ |un − uϕ(n) | + |uϕ(n) − a| < ε

par conséquent, la suite (un ) est convergente vers a.

R EMARQUE 2.12
1. On dit que R est un espace complet parce que toute suite réelle de Cauchy est convergente
dans R.
2. L’ensemble Q n’est pas complet. En effet, considérons la suite (un ) définie par
2un + 2
u0 = 1 et un+1 = .
un + 2

La suite réelle (un ) est une suite croissante et majorée par 2 donc (un ) converge dans R, par
conséquent la suite (un ) est une suite réelle de Cauchy. Or pour tout n, un ∈ Q d’où la suite
(un ) est une suite
√ a valeurs
√ dans Q. D’où (un ) est une suite de Cauchy dans Q. Par contre elle
converge vers 2 et 2 ∈ / Q. Par conséquent (un ) n’est pas une suite de Convergente dans Q.
Q n’est donc pas un espace complet.

E XERCICE 36
n
1
Montrer que la suite (un )n∈N∗ de terme général un = ∑ k diverge en montrant qu’elle n’est pas une
k=1
suite de Cauchy.

R EMARQUE 2.13 On prendra garde que la condition lim |un+1 − un | = 0 n’est pas suffisante pour
n→+∞
n
1
conclure que la suite (un )n est une suite de Cauchy. Par exemple, pour un = ∑ k , on a
k=1

1
lim (un+1 − un ) = lim =0
n→+∞ n→+∞ n + 1

mais (un )n n’est pas une suite de Cauchy (voir Exercice 36).

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E XERCICE 37
1. Montrer que toute suite de Cauchy est bornée.
2. Montrer qu’une suite de Cauchy qui possède une suite extraite convergente est une suite
convergente.
3. En utilisant le Théorème de Bolzano-Weierstrass, déduire que toute suite réelle de Cauchy
converge.

P ROPOSITON 2.18 Soit (un ) et (Wn ) deux suites réelles de Cauchy et λ ∈ R. Alors, les suites (un +
λWn ), (unWn ) et (un /Wn ) sont des suites de Cauchy.

Preuve. En exercice.

2.9 Notions de négligeable, d’équivalence et de dominance entre


suites réelles
2.9.1 Suite dominée par une autre
D ÉFINITION 2.8 Soit (un ) une suite de nombres réels non nuls. On dit que la suite (Vn ) est dominée
par la suite (un ) lorsque la suite quotient (Vn /un ) est bornée. On note Vn = O(un ) et on lit "Vn est un
grand O de un ".

n sin(n)
E XEMPLE 2.15 Montrer que n sin(n) = O(n). En effet, = | sin(n)| ≤ 1 d’où n sin(n) = O(n).
n

2.9.2 Suite négligeable devant une autre


D ÉFINITION 2.9 Soit (un ) une suite de nombres réels non nuls. On dit que la suite (Vn ) est négli-
geable devant la suite (un ) lorsque la suite quotient (Vn /un ) converge vers zéro. On note Vn = o(un )
et on lit "Vn est un petit o de un ".

n sin(n) sin(n)
E XEMPLE 2.16 Montrer que n sin(n) = o(n2 ). En effet, lim 2
= lim or ∀n ∈ N∗ ,
n→+∞ n n→+∞ n
sin(n) 1 1
≤ et lim = 0, alors
n n n→+∞ n
n sin(n)
lim = 0 d’où
n→+∞ n2
n sin(n) = o(n2 )

2.9.3 Suites équivalentes


D ÉFINITION 2.10 Deux suites (un ) et (Vn ) sont équivalentes lorsque la suite quotient (Vn /un ) converge
vers 1. On note Vn ∼ un et on lit "Vn est équivalente a un ".

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E XEMPLE 2.17 On a n2 + 3 ∼ n. En effet,
√ s
2
n +3 n2 + 3
lim = lim , or
n→+∞ n n→+∞ n2
n2 + 3 n2
lim = lim 2 = 1, donc
n→+∞ n2 n→+∞ n

n2 + 3
lim =1
n→+∞ n
P ROPOSITON 2.19 Soit (un ) une suite de nombres réels non nuls et (Vn ) une suite réelle quelconque.
on a les équivalences suivantes :
1. un ∼ Vn ⇐⇒ un −Vn = o(un ).
2. Si la suite (un ) est équivalente a la suite (Vn ) alors la suite (Vn ) est équivalente a la suite (un ).

Preuve. En exercice.

P ROPOSITON 2.20
1. Si un ∼ Vn alors, pour toute suite de nombres réels non nuls (Wn ), on a : VnWn ∼ unWn .
2. Si (an ), (un ) et (Vn ) sont des suites numériques non nulles a partir d’un certain rang et Vn ∼ un
an an
alors ∼ .
un Vn
Vn un
3. Si Vn ∼ un et Wn ∼ tn alors ∼
Wn tn
4. L’équivalence des suites n’est pas compatibles avec l’addition.

Preuve. En exercice.

E XEMPLE 2.18 n + 1 ∼ n − 1 et −n ∼ − n mais −1 n’est pas équivalente avec 1.

P ROPOSITON 2.21 Soit (un ) une suite et λ ∈ [0; 1[. Si a partir d’un certain rang N on a : |un+1 | ≤
λ |un |, ∀n ≥ N alors (un ) tend vers zéro.

Preuve. Soit n ∈ N∗ , on a :

|uN+n | ≤ λ |uN+n−1 | ≤ λ 2 |uN+n−2 | ≤ · · · ≤ λ n |uN | par conséquent,


lim |uN+n | ≤ lim λ n |uN | = 0 ainsi, lim uN+n = 0par conséquent lim un = 0.
n→+∞ n→+∞ n→+∞ n→+∞

P ROPOSITON 2.22 Soient (un ) et (Vn ) deux suites strictement positives et λ ∈ [0; 1[. On suppose qu’a
un+1 Vn+1
partir d’un certain rang N, on a ≤λ . Alors la suite (un ) est négligeable devant la suite
un Vn
(Vn ).

Preuve.
un+1 Vn+1 un+1 un
≤λ =⇒ ≤λ
un Vn Vn+1 Vn
un
alors d’après la Proposition 2.21, lim = 0 ainsi un ∼ Vn .
n→+∞ Vn

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P ROPOSITON 2.23 On considère les suites (un ), (Vn ), (Wn ) et (Zn ) définies respectivement par :
1. Pour n ≥ 2, un = (ln n)β , avec β > 0.
2. Pour n ≥ 1, soit Vn = nα , avec α > 0.
3. Pour n ∈ N, soit Wn = an , avec a > 1.
4. Pour n ∈ N soit Zn = n!.
Alors on a : un = o(Vn ), Vn = o(Wn ) et Wn = o(Zn ).

Preuve.
1. Montrons α que Vn = o(Wn ).
 d’abord
Vn+1 1 Wn+1 a+1 a+1
= 1+ et = a > 1. Comme a > 1 on a 1 < < a, ainsi − 1 > 0 or
Vn n  Wn α 2 2
Vn+1 1 Vn+1 a+1
lim = lim 1 + = 1 d’où il existe N ∈ N∗ tel que ∀n ≥ N, −1 < −1
n→+∞ Vn n→+∞ n Vn a
Vn+1 a + 1 a + 1 Wn+1 Wn+1 a+1
ainsi < = =λ où λ = ∈ [0; 1[ alors d’après la Proposition
Vn 2 2a Wn Wn 2a
?? il vient que Vn = o(Wn ).
2. Montrons que un = o(Vn ).
1 ln(nγ ) β
 
(ln n)β (ln n)β α
Il nous suffit de prouver que lim = 0. On a : = , avec γ =
n→+∞ nα nα γβ nγ β
ln n
et puisque lim nγ = +∞ et lim = 0, on déduite que
n→+∞ n→+∞ n
(ln n)β
lim = 0.
n→+∞ nα
3. Montrons que Wn = o(Zn ).
Wn+1 Zn+1 Zn+1
Pour cela on a : = a et = n + 1. Ainsi lim = lim (n + 1) = +∞. Alors
Wn Zn n→+∞ Zn n→+∞
Zn+1 Wn+1 1 Zn+1
il existe N ∈ N tel que Pour tout n > N, on a : = n + 1 < 2a et donc ≤ en
Zn Wn 2 Zn
prenant λ = (1/2) et en utilisant la Proposition ??, on déduit que Wn = o(Zn ).

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CHAPITRE 3

FONCTIONS NUMÉRIQUES D’UNE VARIABLE RÉELLE

D ÉFINITION 3.1 On appelle fonction réelle à une variable réelle, toute application définie d’une
partie U de R dans R.
L’ensemble U dans cette définition est appelé ensemble de définition (ou domaine de définition) de f
et est souvent noté D f .

C’est à dire, si f : R → R est une fonction, on a : D f = {x ∈ R, f (x) ∈ R}.

D ÉFINITION 3.2 (I MAGE ET GRAPHE )


Soit f : R → R une fonction.
1. R f = { f (x) ∈ R, x ∈ D f } est appelé ensemble image de f .
2. G f = {(x, f (x)) ∈ R2 , x ∈ D f } est appelé graphe de définition de f .

E XEMPLE 3.1 Déterminer le domaine de définition, l’image et le graphe des fonctions g et h données
par les expressions :
1. g(x) = x − E(x) ;
1
2. h(x) = x−E(x) .

D ÉFINITION 3.3 Une fonction f définie sur est dite


1. paire si ∀x ∈ D f , on a −x ∈ D f et f (−x) = f (x).
2. impaire si ∀x ∈ D f , on a −x ∈ D f et f (−x) = − f (x).
3. périodique, s’il existe T ∈ R∗+ tel que ∀ x ∈ D f , on a (x + T ) ∈ D f et f (x + T ) = f (x).
On appelle période (fondamentale) de f le plus petit réel T strictement positif, s’il existe,
satisfaisant la relation précédente.
4. lipschitzienne, si il existe k ∈ R+ tel que ∀(x, y) ∈ D f 2 , | f (x) − f (y)| ≤ k|x − y|.
On dit que f est lipschitzienne de rapport k. Lorsque k ∈ [0, 1[, on dit que f est contractante
(de rapport k ou k-contractante).

E XEMPLE 3.2
1. La fonction sinus est impaire et la fonction cosinus est paire. Elles sont aussi périodiques, de
période (fondamentale) 2π.

38
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(
1 si x ∈ Q
2. La fonction de Dirichlet donnée par : Dir(x) =
0 si x ∈ R \ Q
est périodique mais n’admet pas de période (fondamentale) car inf(Q∗+ ) = 0.
3. Soit a un réel. La fonction x 7→ ax + b est |a|-lipschitzienne.

E XERCICE 38
1. Montrer que la fonction x ∈ R 7→ x − E(x) est périodique de période 1.
2. Soient f et g deux applications définies sur R.
Montrer que si f est périodique alors g ◦ f est une application périodique.
3. Montrer que la fonction x 7→ (x + sin x)/3 est contractante en précisant son rapport.

D ÉFINITION 3.4 Étant donné un réel a, on dit qu’une fonction f est définie au voisinage de a s’il
existe un réel α > 0 tel que l’on soit dans l’un des trois cas suivants :
— (D f ∩ [a − α, a + α]) \ {a} = [a − α, a[,
— (D f ∩ [a − α, a + α]) \ {a} =]a, a + α],
— (D f ∩ [a − α, a + α]) \ {a} = [a − α, a[∪]a, a + α].

E XEMPLE 3.3 Les fonctions suivantes sont définies au voisinage de 0 :



1. [−1, 1] → R, x 7→ 1 − x2 ;
2. R∗ → R, x 7→ sin x
; x

3. R+ → R, x 7→ x.
Les fonctions suivantes ne sont pas définies au voisinage de 0 :

1. x 7→ x − 1 ;
2. x 7→ ln sin 1x ;


R EMARQUE 3.1
1. Une fonction définie au voisinage de a n’est pas forcément définie en a. Par exemple la fonction
1
x 7→ x−a .
2. Dans la Définition 3.4 il y a donc six cas, suivant que a appartient ou non à D f .
3. On pourrait donner la condition suivante, moins restrictive, pour la notion de fonction définie
au voisinage de a :
∀ε ∈ R∗+ , [a − ε, a + ε] ∩ D f ̸= 0.
/

D ÉFINITION 3.5 Une fonction f est :


— définie au voisinage de +∞, s’il existe un réel a tel que [a, +∞[⊂ D f ;
— définie au voisinage de −∞, s’il existe un réel a tel que ] − ∞, a] ⊂ D f ;

E XEMPLE 3.4

1. R+ → R, x 7→ x est définie au voisinage de +∞.

2. x 7→ x2 − 1 est définie au voisinage de −∞ et au voisinage de +∞.

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3.1 Limite
3.1.1 Limite finie en un point
D ÉFINITION 3.6 (L IMITE FINIE )
Soit f une fonction définie sur un voisinage de a sauf peut être en a de domaine de définition D f . On
dit qu’un réel b est limite de f lorsque x tend vers a (ou f tend vers b en a) si

∀ ε > 0, ∃ δ , ∀ x ∈ D f , (|x − a| < δ =⇒ | f (x) − b| < ε).

On note alors lim f (x) = b.


x→a

√ x2 − 1
E XEMPLE 3.5 On montre en utilisant la définition de limite que : limx→0 x = 0 et lim = 2.
x→1 x − 1
En effet, soit ε ∈ R∗+ .

1. Posons f (x) = x.
Cherchons√δ > 0 telle que pour tout x ∈ R+ , |x − 0| < δ =⇒ | f (x) − 0| < ε.
| f (x)| = | x|, donc pour avoir | f (x) − 0| < ε, il suffit d’avoir |x| < ε 2 . Ainsi, on prend δ ∈
]0, ε 2 ].
−12
2. Posons f (x) = xx−1
Cherchons δ > 0 telle que pour tout x ∈ R \ {1}, |x − 1| < δ =⇒ | f (x) − 2| < ε.
x2 − 2x + 1
| f (x) − 2| = = |x − 1|, donc pour avoir | f (x) − 2| < ε, il suffit d’avoir |x − 1| < ε.
x−1
On prend δ ∈]0, ε].

T HÉORÈME 3.1 (D ÉFINTION ÉQUIVALENTE )


Soit f une fonction définie sur un voisinage de a sauf peut être en a de domaine de définition D f . On
dit que b est la limite de f lorsque x tend vers a si et seulement si pour toute suite (xn ) ⊂ D f \ {a}
convergeant vers a, la suite ( f (xn ))n converge vers b.

Preuve. Supposons que b = lim f (x) et soit ε > 0. Alors il existe δ > 0 tel que ∀x ∈ D f , |x − a| <
x→a
δ =⇒ | f (x) − b| < ε. Soit maintenant une suite (xn )n∈I d’éléments de D f tel que ∀n ∈ I, xn ̸= a et
lim xn = a. Comme δ > 0, il existe un rang N > 0 tel que ∀n ∈ I, n > N =⇒ |xn − a| < δ . Donc
n→+∞
∀n > N, | f (xn ) − b| < ε. D’où lim f (xn ) = b.
n→+∞
Réciproquement, supposons que pour toute suite (xn )n∈I ⊂ D f tel que ∀n ∈ I, xn ̸= a et xn → a, on
a lim f (xn ) = b. Soit ε > 0. Montrons qu’il existe δ > 0 tel que |x − a| < δ =⇒ | f (x) − b| < ε.
n→+∞
Raisonnons par l’absurde : supposons que b n’est pas limite de f (x) quand x tend vers a. Donc il
existe ε > 0 tel que pour tout n ∈ N∗ il existe xn ∈ D f vérifiant : |xn − a| < 1n et | f (xn ) − b| ≥ ε. On a
donc une suite (xn ) ⊂ D f telle que ∀n ∈ N∗ , xn ̸= a et xn → a avec | f (xn ) − b| ≥ ε. Ce qui est absurde
car f (xn ) → b. D’où lim f (x) = b .
x→a

R EMARQUE 3.2
1. Le théorème se généralise au cas de limites en −∞ ou en +∞ et l ∈ R : une condition
nécessaire et suffisante pour que l’application f définie au voisinage de +∞ (resp. −∞)
admette pour limite l ∈ R en +∞ (resp. −∞) est que pour toute suite réelle (xn )n tendant
vers +∞ (resp. −∞), la suite image de terme général f (xn ) tend vers l.

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2. De ce théorème, on déduit que si l’on trouve une suite (xn )n qui tend vers x0 et pour laquelle
la suite de terme général f (xn ) diverge alors la fonction f n’a pas de limite finie en x0 .
3. On peut également prouver avec ce théorème, que la fonction f n’a pas de limite en x0 en
exhibant deux suites (xn )n et (yn )n convergeant toutes les deux vers x0 mais pour lesquelles
les suites de terme général f (xn ) et f (yn ) tendent vers deux réels distincts.

E XEMPLE 3.6 La fonction f , définie pour x ∈ R∗ par f (x) = sin( 1x ) n’a pas de limite quand x tend
vers 0.
1
En effet, considérons la suite réelle (xn )n ∈ N définie par xn = (2n+1) ∗
π ∈ R , ∀n ∈ N. On a n→+∞ xn =
2
0, mais la suite image ( f (xn ))n qui est telle que f (xn ) = cos(nπ) = (−1)n diverge. Par conséquent, f
n’admet pas de limite en 0.

E XERCICE 39 Montrer que l’application f : x ∈ R 7→ f (x) = x sin(x) n’a pas de limite en +∞.

P ROPOSITON 3.1 Unicité de la limite


Si la fonction f admet une limite b ∈ R en a, alors cette limite est unique.

Preuve. Supposons que f admet deux limites b1 et b2 en a. Considérons une suite (xn )n∈I ⊂ D f et
∀ n ∈ I, xn ̸= a et xn → a. On a lim f (xn ) = b1 et lim f (xn ) = b2 . Comme la suite ( f (xn ))n
n→+∞ n→+∞
converge, alors sa limite est unique. D’où b1 = b2 .

T HÉORÈME 3.2 (C RITÈRE DE C AUCHY )


Soit f une fonction définie sur un voisinage de a sauf peut être en a de domaine de définition D f . Soit
b ∈ R. lim f (x) = b si et seulement si ∀ε > 0, ∃δ > 0 tel que ∀x, x′ ∈ D f ,
x→a

(|x − a| < δ et |x′ − a| < δ ) =⇒ | f (x) − f (x′ )| < ε.

T HÉORÈME 3.3 (O PÉRATIONS SUR LES LIMITES )


Soient f et g deux fonctions réelles d’une variable réelle de domaine de definition respectif D f et Dg .
Soit a un point limite de D f ∩ Dg . Si lim f (x) = b ∈ R et lim g(x) = c ∈ R, alors
x→a x→a
1. f + g, λ f et f g admettent une limite finie en a égales respectivement à b + c, λ b et bc.
f
2. Si de plus c ̸= 0, alors g admet une limite finie en a égale à bc .

3.1.2 Limite a gauche, limite a droite


D ÉFINITION 3.7 (L IMITE À DROITE )
Soit f une fonction définie à droite en a. On dit que le réel b est la limite de f à droite en a si

∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀x ∈ D f , (0 < x − a < δ =⇒ | f (x) − b| < ε).

On note alors lim f (x) = b.


x→a+

D ÉFINITION 3.8 (L IMITE À GAUCHE )


Soit f une fonction définie à gauche en a. On dit que le réel b est la limite de f à gauche en a si

∀ε > 0, ∃δ > 0, ∀x ∈ D f , (0 < a − x < δ =⇒ | f (x) − b| < ε).

On note alors lim f (x) = b.


x→a−

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|x|
E XEMPLE 3.7 On considère la fonction f définie par : f (x) = x , x ̸= 0
1. Pour x < 0, on a f (x) = −1 donc lim f (x) = −1.
x→0−
2. Pour x > 0, on a f (x) = 1 donc lim f (x) = 1.
x→0+

T HÉORÈME 3.4 (E XISTENCE DE LIMITE )


Une fonction f possède une limite en a si et seulement si f possède une limite à gauche lim f (x) ∈ R,
x→a−
une limite à droite lim f (x) ∈ R et lim f (x) = lim f (x).
x→a+ x→a− x→a+

E XEMPLE 3.8 Soit la fonction f (x) = E(−x2 ). On observe que ∀x ∈] − 1, 0[∪]0, 1[, −x2 ∈] − 1, 0[.
Ainsi, f (x) = E(−x2 ) = −1 donc on a lim f (x) = −1 et lim f (x) = −1. La fonction f admet −1
x→0− x→0+
comme limite en 0.
E XEMPLE 3.9 Soit la fonction f définie sur R par :
(
2x2 si x ≤ 0
g(x) =
sin( 1x ) si 0 < x.
1 1
Justifions que g n’admet pas de limite en 0. Considérons les suites xn = 2nπ et yn = 2nπ+ π2
. ∀n ∈
N∗ , xn ∈ R∗+ , yn ∈ R∗+ avec lim xn = 0 et lim yn = 0
n→+∞ n→+∞
Par ailleurs, f (xn ) = sin(2nπ) = 0 et f (yn ) = sin(2nπ + π2 ) = 1. Donc limn→+∞ f (xn ) = 0 et
limn→+∞ f (yn ) = 1 puis on en déduit que limx→0+ f (x) n’existe pas. Mais
lim f (x) = lim 2x2 = 0.
x→0− x→0−

D’où le résultat.
|x|
E XEMPLE 3.10 La fonction h définie par h(x) = x n’admet pas de limite en 0 (voir Exemple 3.7).

3.1.3 Limites infinies en un point


D ÉFINITION 3.9 (L IMITE INFINIE )
Soit f une fonction définie sur un voisinage de a sauf peut être en a de domaine de définition D f .
1. On dit que f (x) tend vers +∞ lorsque x tend vers a et on note lim f (x) = +∞ si
x→a

∀ M > 0, ∃δ > 0 tel que ∀x ∈ D f , |x − a| < δ =⇒ f (x) > M.


2. On dit que f (x) tend vers −∞ lorsque x tend vers a et on note lim f (x) = −∞ si
x→a

∀ M > 0, ∃δ > 0 tel que ∀x ∈ D f , |x − a| < δ =⇒ f (x) < −M.


1
E XEMPLE 3.11 lim = +∞. En effet, soit M > 0, pour tout x ∈ D f = R \ {1}.
x→1 (x − 1)2

1 1 1
2
> M =⇒ 0 < (x − 1)2 < =⇒ |x − 1| < √ .
(x − 1) M M
1
Donc pour 0 < δ ≤ √ , ∀x ∈ D f on a :
M
1 1
|x − 1| < δ =⇒ |x − 1| < √ =⇒ > M.
M (x − 1)2
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3.1.4 Limites a infini


D ÉFINITION 3.10 (L IMITE FINIE A L’ INFINI )
Soit f une fonction réelle de domaine de définition D f .
1. On suppose que D f est un voisinage de +∞ et b ∈ R. On dit que f tend vers b en +∞ et on
note lim f (x) = b si
x→+∞

∀ε > 0, ∃M > 0 tel que ∀x ∈ D f , x > M =⇒ | f (x) − b| < ε.


2. On suppose que D f est un voisinage de −∞ et b ∈ R. On dit que f tend vers b en −∞ et on
note lim f (x) = b si
x→−∞

∀ε > 0, ∃M > 0 tel que ∀x ∈ D f , x < −M =⇒ | f (x) − b| < ε.


D ÉFINITION 3.11 (L IMITE INFINIE À L’ INFINI )
Soit f une fonction réelle de domaine de définition D f .
1. On suppose que D f est un voisinage de +∞. On dit que f tend vers +∞ en +∞ et on note
lim f (x) = +∞ si
x→+∞

∀ε > 0, ∃M > 0 tel que ∀x ∈ D f , x > M =⇒ f (x) > ε.


2. On suppose que D f est un voisinage de +∞. On dit que f tend vers −∞ en +∞ et on note
lim f (x) = −∞ si
x→+∞

∀ ε > 0, ∃M > 0 tel que ∀ x ∈ D f , x > M =⇒ f (x) < −ε.


3. On suppose que D f est un voisinage de −∞ et b ∈ R. On dit que f tend vers −∞ en −∞ et
on note lim f (x) = −∞ si
x→−∞

∀ ε > 0, ∃M > 0 tel que ∀ x ∈ D f , x < −M =⇒ f (x) < −ε.


4. On suppose que D f est un voisinage de −∞ et b ∈ R. On dit que f tend vers +∞ en −∞ et
on note lim f (x) = +∞ si
x→−∞

∀ ε > 0, ∃M > 0 tel que ∀x ∈ D f , x < −M =⇒ f (x) > ε.


P ROPOSITON 3.2 (O PÉRATION SUR LES LIMITES )

Soit f : D → R, g : D → R, c ∈ R et b, b ∈ R. Supposons que les fonctions f et g sont définies au
voisinage de c.
′ ′
1. ( lim f = b et lim g = b ) =⇒ lim ( f + g) = b + b
x→c x→c x→c
′ ′
2. ( lim f = b et lim g = b ) =⇒ lim ( f .g) = b.b
x→c x→c x→c
′ ′
3. ( lim f = b et lim g = b ̸= 0) =⇒ lim ( f /g) = b/b
x→c x→c x→c
4. Soit f : D → R, une fonction définie au voisinage de c et g : D → R, une fonction définie au
voisinage de b où D est l’adhérence de D telle que f (D) ⊂ D ou peut être f (D) ⊂ D \ {b}.
′ ′
Alors ( lim f = b et lim g = b ) =⇒ lim (go f ) = b
x→c x→b x→c
′ ′
5. Si g ≤ f au voisinage de c ∈ R alors ( lim f = b et lim g = b ) =⇒ b ≤ b
x→c x→c
T HÉORÈME 3.5 (T HÉORÈME DES GENDARMES )
Soit f , g et h des applications de D dans R. Supposons que f , g et h soient définies au voisinage de
c ∈ R. Si g ≤ f ≤ h au voisinage de c et (lim h(x) = lim g(x) = b) alors lim f = b.
x→c x→c x→c

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3.2 Continuité
3.2.1 Continuité en un point
D ÉFINITION 3.12 Soit a un réel quelconque et f une fonction définie au voisinage de a de domaine
de définition D f . On dit que f est continue en a si lim f (x) = f (a). C’est à dire :
x→a

∀ε > 0, ∃δ > 0; (∀x ∈ D f , |x − a| ≤ δ ) =⇒ | f (x) − f (a)| ≤ ε.

E XEMPLE 3.12

1. Montrons que la fonction x 7→ x est continue en 1. Soit ε > 0, on cherche δ > 0 tel que :

(x ∈ [0, +∞[ et |x − 1| ≤ δ ) =⇒ | x − 1| < ε.
√ |x − 1|
Pour tout x ∈ [0, +∞[, on a : | x − 1| = √ ≤ |x − 1| En prenant δ ∈]0, ε[, on a le résultat
x+1
2. Montrons que la fonction x 7→ 3x2 + 1 est continue en tout point a ∈ R. Soit ε > 0, on cherche
δ > 0 tel que
(|x − a| < δ ) =⇒ | f (x) − f (a)| < ε
On a :

| f (x) − f (a)| = 3|x − a||x + a| = 3|x − a||(x − a) + 2a|


≤ 3|x − a|(|x − a| + 2|a|)
δ (δ + 2|a|)

On prend alors δ ∈]0, 1[ et on a :| f (x)− f (a)| ≤ 3δ (δ +2|a|) Ainsi | f (x)− f (a)| < ε implique
ε
que δ < et on a le résultat espéré.
3(δ + 2|a|)

R EMARQUE 3.3 On peut bien sûr définir la notion de continuité à droite ou à gauche en remplaçant
la notion de limite par la notion de limite à droite ou à gauche dans la définition précédente.

T HÉORÈME 3.6 Toute fonction continue en un point a est bornée sur un voisinage de ce point.

Preuve. Soit f une fonction continue en un point a de domaine de définition D f . Alors on a :

∀ε > 0, ∃δ > 0; ∀x ∈ D, (|x − a| ≤ δ =⇒ | f (x) − f (a)| ≤ ε)

ainsi, il existe δ > 0 tel que pour tout x ∈]a − δ , a + δ [⊂ D f , | f (x) − f (a)| ≤ 1 d’où, −1 + f (a) ≤
f (x) ≤ 1 + f (a). Alors f est bornée sur le voisinage de a : ]a − δ , a + δ [.

T HÉORÈME 3.7 La somme et le produit de fonctions continues en a sont continues en a. L’inverse


d’une fonction non nulle en a qui est continue en a est continue en a.

T HÉORÈME 3.8 Soient f et g deux fonctions telle que la composée g ◦ f soit définie.
Si f est continue en a et g est continue en f (a) alors la fonction g ◦ f est continue en a.

D ÉFINITION 3.13 Soit f une fonction définie au voisinage de a, a étant exclu. Si f possède une limite
ℓ ∈ R en a, alors il existe une fonction ψ, appelée prolongement par continuité de f en a, continue en
a telle que pour tout x ∈ D f \ {a}, ψ(x) = f (x) et ψ(a) = ℓ.

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T HÉORÈME 3.9 Toute fonction lipschitzienne sur D est continue en tout point de D.

Preuve. Soit f une fonction Lipschitzienne de rapport k sur D.


1. Si k = 0, alors f est une fonction constante sur D ; elle est donc continue en tout point de D.
2. Si k > 0 ; Soit a ∈ D. Soit ε > 0, on cherche δ > 0 tel que

∀x ∈ D, |x − a| ≤ δ =⇒ | f (x) − f (a)| ≤ ε

La fonction f étant lipschitzienne de rapport k, on a : | f (x) − f (a)| ≤ k|x − a|. Pour avoir
| f (x) − f (a)| ≤ ε, il suffit d’avoir k|x − a| ≤ ε c-à dire il suffit d’avoir |x − a| ≤ εk . Donc en
peut prendre δ ∈]0, εk [.

D ÉFINITION 3.14
1. Soit f une fonction réelle de la variable réelle dont le domaine de définition est D f et a ∈ D f .
Si f n’est pas continue au point a, on dit que f est discontinue en a ou que a est un point de
discontinuité de f .
2. Si lim f (x) ∈ R et si lim f (x) ̸= f (a), alors on dit que f présente une discontinuité artificielle
x→a x→a
en a.
3. Si lim f (x) ∈ R et lim f (x) ∈ R tels que lim f (x) ̸= lim f (x), alors on dit que a est un
x→a− x→a+ x→a− x→a+
point de discontinuité de première espèce.
4. Si lim f (x) ou lim f (x) n’existe pas dans R alors on dit que a est un point de discontinuité
x→a− x→a+
de second espèce pour f .

T HÉORÈME 3.10 (C ONTINUITÉ SEQUENCIELLE )


Soit f une fonction réelle continue sur un intervalle non vide J de R et soit a ∈ J. On considère la
suite réelle (un )n∈N et on suppose que : pour tout n ∈ N, un ∈ J. Si la suite (un ) est convergente et
converge vers a alors la suite ( f (un ))n∈N est convergente et converge vers f (a).

Preuve. Comme par hypothèse f est continue en a et (un ) converge vers a, on a :

∀ε > 0, ∃δ > 0; (∀x ∈ D, |x − a| ≤ δ ) =⇒ | f (x) − f (a)| ≤ ε

et
∀A > 0, ∃n0 ∈ N∗ /(∀ n ∈ N, n ≥ n0 ) =⇒ |un − a| ≤ A
En prenant A = δ on a :

∀ε > 0, A > 0, ∃δ = A et n0 ∈ N∗ tel que :(∀ n ∈ N, n ≥ n0 ) =⇒ |un − a| ≤ A = δ


| f (un ) − f (a)| ≤ ε

d’où la suite ( f (un )) est convergente et converge vers f (a).

3.2.2 Fonctions continues sur un intervalle


D ÉFINITION 3.15 (C ONTINUITÉ SUR UN INTERVALLE )
Soit f une fonction définie sur un intervalle J. On dit que la fonction f est continue sur l’intervalle J
si f est continue en chaque point de J.

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3.2.2.1 Propriétés des fonctions continues sur un intervalle


T HÉORÈME 3.11 Les fonction polynômes, sin et cos sont continues sur R. Les fonctions tan, cotan
et les fonctions rationnelles sont continues en tout point de leur ensemble de définition.

T HÉORÈME 3.12 Soit f et g deux fonctions continues sur un intervalle K et λ ∈√R. Alors, les fonc-
tions f + g, λ f , f × g et | f | sont continues sur K. Si ∀x ∈ K, f (x) ≥ 0, la fonction f est continue sur
K. Par ailleurs si f et g sont continues sur K et ∀x ∈ K, g(x) ̸= 0 alors la fonction f /g est continue
sur K.

T HÉORÈME 3.13 ( DES VALEURS INTERMÉDIAIRES )


Soit f une fonction continue sur l’intervalle [a, b] tel que a < b. ALors, pour tout réel y compris entre
f (a) et f (b), il existe c ∈ [a, b] tel que f (c) = y.

Preuve. Soit f une fonction continue sur l’intervalle [a, b] tel que a < b et y un réel compris entre
f (a) et f (b).
Si f (a) = f (b) alors y = f (a) = f (b). Prendre c = a ou c = b.
Supposons f (a) < f (b), y ∈] f (a), f (b)[ et g est la fonction définie sur [a, b] par g(x) = f (x) − y.
Comme f est continue sur [a, b], g est alors continue sur [a, b]. Soit A = {x ∈ [a, b]/g(x) < 0}. Nous
allons montrer que l’ensemble A possède pour borne supérieure le réel c telle que g(c) = 0.
a ∈ A car g(a) = f (a) − y < 0 d’où A ̸= 0. / Or, A ⊂ [a, b] alors A est une partie non vide majorée
par b par conséquent A admet une borne supérieur c et on a ∀x ∈ A, a ≤ x ≤ c ≤ b. Ainsi, c ∈ [a, b].
Supposons que g(c) < 0. g est continue en c, alors

∃δ > 0/∀x ∈]c − δ , c + δ [⊂ [a, b], g(x) < 0

d’où, g(c + δ /2) < 0, par conséquent (c + δ /2) ∈ A et donc (c + δ /2) < c car c est un majorant de A.
Or (c + δ /2) < c est absurde d’où g(c) ≥ 0.
Supposons par suite que g(c) > 0. g étant continue en c,

∃δ > 0/∀x ∈]c − δ , c + δ [⊂ [a, b], g(x) > 0

d’où A ⊂ [a, c − δ ]. Par conséquent c − δ est un majorant de A et donc c − δ ≥ c ce qui est absurde.
Donc g(c) ≤ 0
On conclu en général alors que g(c) = 0. Par conséquent f (c) = y. D’où, il existe c ∈ [a, b]/ f (c) =
y

C OROLLAIRE 3.1 L’image d’un intervalle par une fonction continue est un intervalle.

Preuve. Si J = 0,/ alors f (J) = 0.


/ Soit J un intervalle non vide de R et soit f une fonction continue
sur J. montrons que f (J) est un intervalle de R.
Soit x et y deux éléments de f (J) et soit z ∈ R/x < z < y. Nous allons montrer que z ∈ f (J).

(x ∈ f (J), y ∈ f (J)) =⇒ ∃(α, β ) ∈ J 2 /x = f (α) et y = f (β );

ainsi, comme x < z < y, alors z ∈] f (α), f (β )[, or f est continue sur J, d’où d’après le théorème des
valeurs intermédiaires, il existe un réel x0 entre α et β tel que z = f (x0 ). Comme x0 est entre α et β ,
x0 ∈ J d’où z = f (x0 ) ∈ f (J).

T HÉORÈME 3.14 ( DES BORNES ATTEINTES )


Soit f une fonction continue sur un segment [a; b]. ALors f est bornée [a; b] et atteint ses bornes, c’est
a dire qu’il existe deux éléments x1 et x2 du segment [a; b] tels que ∀x ∈ [a; b], f (x1 ) ≤ f (x) ≤ f (x2 ).

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Preuve. Comme [a, b] est un intervalle non vide de R, alors f ([a, b]) est aussi un intervalle. Montrons
que f ([a, b]) est bornée. Pour cela raisonnons par l’absurde en supposant que f n’est pas bornée sur
[a, b]. Alors on a :
∀M > 0, ∃x ∈ [a, b]/| f (x)| > M;
Donc pour tout n ∈ N∗ il existe une suite (xn ) d’éléments de [a, b] telle que | f (xn )| > n. Ainsi la suite
(xn ) est bornée. D’après le théorème de Bolzano Weistrass, on peut extraire de la suite (xn ) une sous
suite (xkn ) convergente vers un certain c ∈ [a, b]. De plus f est continue en c ∈ [a, b] alors la suite
( f (xkn )) converge vers f (c). On déduit alors que la suite (| f (xkn )|) est convergente et converge vers
| f (c)|. Or | f (xkn )| > kn ≥ n, ce qui implique que, pour tout n, | f (xkn )| > n. Comme conséquence,
la suite (| f (xkn )|) est divergente ce qui contredit le faite que la suite (| f (xkn )|) est convergente. On
conclut que f est bornée sur [a, b].
Soit M = sup f ([a, b]) = supx∈[a,b] f (x) et m = inf f ([a, b]) = infx∈[a,b] f (x). Montrons qu’il existe
α ∈ [a, b]/ f (α) = M. Pour cela supposons que ∀x ∈ [a, b], f (x) ̸= M et soit g la fonction définie sur
1
[a, b] par g(x) = . comme f est continue sur [a, b] et ∀x ∈ [a, b], f (x) ̸= M, alors g est continue
M − f (x)
et strictement positif sur [a, b]. Ainsi, la fonction g est bornée. D’où,

∃, M1 > 0/0 < g(x) < M1 ,∀x ∈ [a, b] alors


f (x) ≤ M − (1/M1 ),∀x ∈ [a, b] donc M − (1/M1 ) ≥ M . Ce qui est absurde car M1 > 0.

On conclut alors qu’il existe α ∈ [a, b]/ f (α) = M.


Comme f est continue et bornée sur [a, b], la fonction (− f ) est aussi continue et bornée sur [a, b]
et on a
sup (− f (x)) = − inf f (x) = −m
x∈[a,b] x∈[a,b]

d’après les résultats précédents, il existe β ∈ [a, b]/ supx∈[a,b] (− f (x)) = − f (β ) = −m, d’où m = f (β ).

T HÉORÈME 3.15 Toute fonction continue sur un intervalle I et strictement croissante (respective-
ment décroissante) sur I est une bijection de I sur l’intervalle J = f (I). Par ailleurs, sa bijection
réciproque est elle-même continue et strictement croissante (respectivement décroissante) sur J.

3.2.2.2 Exemple de bijections réciproques


D ÉFINITION 3.16 Soit n un entier naturel non nul. La fonction définie sur [0; +∞[ par x 7→ xn étant
une bijection de [0;√+∞[ sur [0; +∞[, elle possède une fonction réciproque appelée fonction racine
n-ième, notée x 7→ n x.

n
1
On note aussi x = xn

3.2.3 Continuité Uniforme


D ÉFINITION 3.17 Une fonction réelle a variable réelle définie sur une partie D de R est dite unifor-
mément continue sur D si :

∀ ε > 0, ∃δ > 0; ∀(x, y) ∈ D2 , |x − y| < δ =⇒ | f (x) − f (y)| < ε.

E XEMPLE 3.13

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1. La fonction x 7→ f (x) = |x| est uniformément continue. En effet, pour tous x, y ∈ R on a | f (x) −
f (y)| = ||x| − |y|| ≤ |x − y|. Soit ε > 0 ; alors pour tout 0 < δ ≤ ε,
|x − y| < δ =⇒ |x − y| < ε
=⇒ | f (x) − f (y)| < ε.
D’où f est uniformément continue sur R.
2. Une fonction k-lipschitzienne est uniformément continue (le prouver).

R EMARQUE 3.4 Toute fonction uniformément continue sur D est continue sur D. Cependant une
fonction continue sur D peut ne pas être uniformément continue sur D

E XEMPLE 3.14 la fonction x 7→ 1/x est continue sur ]0, +∞[ mais n’est pas uniformément continue
sur ]0, +∞[ (le prouver).

T HÉORÈME 3.16 (H EINE B OREL )


Soit a et b deux nombres réels tels que a < b si la fonction f est continue sur [a, b] alors elle est
uniformément continue sur [a, b].

Preuve. Supposons par l’absurde que la fonction f est continue sur [a, b] et n’est pas uniformément
continue sur [a, b]. f n’est pas uniformément continue sur [a, b], alors
∃ε > 0/ ∀ δ > 0, ∃x, y ∈ [a, b], |x − y| < δ et | f (x) − f (y)| ≥ ε.
On prend δ = 1/n, n ∈ N∗ , alors ∃(xn )n∈N∗ ,(yn )n∈N∗ et xn , yn ∈ [a, b], telles que |xn − yn | < 1/n et
| f (xn ) − f (yn )| ≥ ε. Alors d’après le théorème de Bolzano-Weistrass les suites (xn )n∈N∗ ,(yn )n∈N∗
possèdent, chacune, une sous-suite convergente et ces sous suites ont la même limites car |xn − yn | <
1/n. Par continuité les suites images par f de ces sous-suites sont aussi convergentes et ont la même
limite ce qui est impossible vu que | f (xn ) − f (yn )| ≥ ε.

3.3 Dérivabilité
3.3.1 Dérivabilité en un point
D ÉFINITION 3.18 Soit f une fonction définie au voisinage d’un réel a. On dit que f est dérivable en
a si il existe un réel l, tel que l’une des deux propriétés équivalentes suivantes soit vérifiée :
f (x) − f (a)
1. lim =l
x→a x−a
f (a + h) − f (a)
2. lim =l
x→0 h
′ df
l est appelé nombre dérivé de f au point a. On le note f (a) ou (a)
dx
T HÉORÈME 3.17 (D ÉFINITION ÉQUIVALENTE )
Soit f une fonction définie au voisinage de a. f est dérivable en a, si et seulement si il existe un réel l
et un voisinage de a, telle que pour tout x élément de ce voisinage,
f (x) = f (a) + l(x − a) + (x − a)ε(x − a)
où ε est la fonction telle que lim ε(h) = 0. l est appelé le nombre dérivé de f au point a.
h→0

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D ÉFINITION 3.19 (Dérivabilité a gauche et a droite en un point)


Soit f une fonction définie en a.
f (x) − f (a)
Si lim = l ∈ R, alors on dit que la fonction f est dérivable a gauche au point a. La
x→a− x−a

limite l se note f− (a) et est appelée nombre dérivé de f a gauche en a.
f (x) − f (a)
Si lim = l ∈ R, alors on dit que la fonction f est dérivable a droite au point a. La
x→a+ x−a

limite l se note f+ (a) et est appelée nombre dérivé de f a droite en a.

P ROPOSITON 3.3 Soit f une fonction réelle a variable réelle. f est dérivable au point a si et seule-

ment si f est dérivable a gauche et a droite au point a et le nombre dérivé a gauche f− (a) est égal au

nombre dérivé f+ (a) a droite au point a.

Preuve. Triviale

T HÉORÈME 3.18 Toute fonction dérivable en un point est continue en ce point.

f (x) − f (a)
Preuve. Supposons une fonction réelle a variable réelle f dérivable en a. Alors lim =
x→a+ x−a
l ∈ R. d’où
f (x) − f (a)
lim ( f (x) − f (a)) = lim (x − a), x ̸= a
x→a x→a x−a
= l ×0
= 0 d’où
lim f (x) = f (a)
x→a

Par suite f est continue en a.



R EMARQUE 3.5 La réciproque de ce théorème n’est pas vraie. Par exemple x 7→ x est continue en
0 mais n’est pas dérivable en 0.

T HÉORÈME 3.19 Soit f une fonction dérivable en a et de nombre dérivé l. Notons C f la courbe
représentative de f dans un repère orthogonal du plan. Alors C f possède au point d’abscisse a une
tangente de coefficient directeur l d’équation y = l(x − a) + f (a).

R EMARQUE 3.6 On définit de manière semblable la notion de demi-tangente a droite ou a gauche.


f (x) − f (a)
De plus, dans le cas où f n’est pas dérivable en a mais où lim = ∞,C f possède au point
x→a x−a
d’abscisse a une tangente ou une demi-tangente parallèle a l’axe des ordonnées.

3.3.2 Dérivabilité sur un intervalle et fonction dérivée


D ÉFINITION 3.20 Soit f une fonction définie sur un intervalle I et dérivable en tout point de I. Alors
on dit que f est dérivable sur I et on note f ′ la fonction définie sur I qui a tout élément x de I associe
le nombre dérivé de f en x. Cette fonction est appelée fonction dérivée de f sur I.

NB : Les formules de calcul de fonctions dérivées sont supposées connues. On se bornera a donner
les formules concernant les fonctions composées et les fonctions réciproques.

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T HÉORÈME 3.20 Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I a valeurs dans un intervalle J et
soit g une fonction dérivable sur J. Alors la fonction g ◦ f est dérivable sur I et ∀x ∈ I, (g ◦ f )′ (x) =
f ′ (x)g′ ◦ f (x).

g( f (x)) − g( f (a))

Preuve. Supposons que go f est dérivable en a, alors on a : (go f ) (a) = lim . Sup-
x→a x−a
posons pour simplifier, qu’il existe un intervalle ouvert I1 ⊂ I contenant a tel que f (x) ̸= f (a), ∀x ∈
I1 − {a}. On a alors sur
′ g( f (x)) − g( f (a))
(go f ) (a) = lim
x→a
 x−a 
g( f (x)) − g( f (a)) f (x) − f (a)
= lim ×
x→a f (x) − f (a) x−a
′ ′
= g ( f (a)) × f (a)
′ ′
= f (a) × g o f (a)


T HÉORÈME 3.21 Soit f : → J une bijection. Si f est dérivable sur I et pour tout x ∈ I, f (x) ̸= 0,

alors f −1 est dérivable sur J et sa dérivée ( f −1 ) est définie sur J par :
1
∀y ∈ J, ( f −1 )′ (y) = .
f ′ ( f −1 (y))

Preuve. f o f −1 = IdJ . Soit y ∈ J, on a d’après la formule de dérivée de la composée :


′ ′ ′
( f o f −1 ) (y) = ( f −1 ) (y) f ( f −1 (y)) or
′ ′ ′ ′
( f o f −1 ) (y) = 1 d’où ( f −1 ) (y) f ( f −1 (y)) = 1. Comme ∀x ∈ I, f (x) ̸= 0, on a
1
( f −1 )′ (y) = ′ −1 .
f ( f (y))

E XEMPLE 3.15 Dans chacun des cas suivants la fonction f est bijective de R vers R. Trouver l’en-
semble de dérivabilité de f −1 et calcule sa dérivée.
1. f (x) = −3x3 + x2 − 5
x+1
2. f (x) = 2
x +5
3. f (x) = sin(x2 + 1)

3.3.3 Dérivées successives-Classe d’une fonction


D ÉFINITION 3.21 Soit f une fonction réelle définie sur un intervalle non vide K de R.

Si f est dérivable sur K, sa dérivée f est appelée dérivée première ou dérivée d’ordre 1 de f sur
K ; on la note aussi f (1) .
′ ′′ ′ ′
Si f est dérivable sur K, sa dérivée f = ( f ) est appelée dérivée seconde ou dérivée d’ordre 2
de f sur K ; on la note aussi f (2) .
De proche en proche, pour n ∈ N , n ≥ 3, on définit la fonction dérivée n-ième ou dérivée d’ordre
n de f sur K. C’est la dérivée de f (n−1) sur K ; on la note f (n) .

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D ÉFINITION 3.22 Soit n ∈ N


— On dit que f est n fois dérivable sur K, si f (n) existe sur K.
— On dit que f est de classe Cn sur K(ou que f ∈ Cn (K)) si f (n) existe et est continue sur K.
— Si f est de classe Cn sur K pour tout n ∈ N, alors on dit que f est de classe C∞ sur K(ou que
f ∈ C∞ (K)).
— On note Cn (K)(resp. C∞ (K)) l’ensemble des fonctions de classe Cn (resp. C∞ ) sur K.

P ROPOSITON 3.4 (F ORMULE DE L EIBNIZ )


Si f et g sont n fois dérivables sur un intervalle K ⊂ R, alors f g est n fois dérivable sur K et on a :
n n
( f g)(n) = ∑ Cnk f (k)g(n−k) = ∑ Cnk f (n−k)g(k)
k=0 k=0

Preuve. Utilise la méthode de récurrence.

3.3.3.1 Théorème des accroissements finis


Dans cette partie, nous préciserons un théorème majeur d’Analyse, source de formules extrême-
ment fécondes que nous verrons dans la partie suivante.

T HÉORÈME 3.22 (T HÉORÈME DE ROLLE )


Soit f une fonction continue sur un intervalle [a; b] dérivable sur l’intervalle ouvert ]a; b[ et telle que
f (a) = f (b). ALors, il existe un point c ∈]a; b[ tel que f ′ (c) = 0.

Preuve. Comme f est continue sur [a; b], d’après le théorème de la borne atteinte, f possède un
maximum M = supx∈[a,b] f (x) et un minimum m = infx∈[a,b] f (x). Si m ̸= f (a) ou M ̸= f (a), alors il
existe c ∈]a, b[ tel que f possède un extrémum en c(théorème de la borne atteinte). Par conséquent on

a : f (c) = 0. Sinon on a m = f (a) = f (b) = M par conséquent f est une constante sur [a, b]. D’où

f (c) = 0, ∀c ∈ [a, b]

R EMARQUE 3.7 Le théorème de Rolle signifie géométriquement, qu’il existe au moins un point de la
courbe de f en lequel la tangente a la courbe est parallèle a l’axe des abscisses. Le théorème suivant
est une conséquence du théorème de Rolle.

T HÉORÈME 3.23 (T HÉORÈME DES ACCROISSEMENTS FINIS )


Soit f une fonction continue sur un intervalle [a, b] et dérivable sur l’intervalle ouvert ]a; b[. Alors, il
existe un point c ∈]a; b[ tel que
f (b) − f (a) = f ′ (c)(b − a).
Plus généralement, si f et g sont deux fonctions continues sur [a; b], dérivables sur ]a; b[ et si pour
tout x ∈]a; b[, g′ (x) ̸= 0 alors il existe au moins un réel c ∈]a; b[ tel que,

f (b) − f (a) f ′ (c)


= ′ .
g(b) − g(a) g (c)

Preuve. On introduit la fonction auxiliaire


f (b) − f (a)
ϕ(x) = f (x) − f (a) − (x − a)
b−a
Cette fonction vérifie les hypothèses du théorème de Rolle, a savoir :
(a) ϕ(a) = ϕ(b) = 0

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(b) ϕ est continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[. On déduis alors d’après le théorème de Rolle

qu’il existe c ∈]a; b[ tel que ϕ (c) = 0. Comme
′ ′ f (b) − f (a)
ϕ (x) = f (x) − ,
b−a
on obtient la formule annoncée en posant x = c. On pose
f (b) − f (a)
φ (x) = f (x) − f (a) − [g(x) − g(a)]
g(b) − g(a)
et on applique comme précédemment le théorème de Rolle a φ . On déduis alors qu’il existe
′ ′ ′ ′ f (b) − f (a)
c ∈]a; b[ tel que φ (c) = 0 or φ (x) = f (x) − g (x) . On obtient par suite la formule
g(b) − g(a)
annoncée en posant x = c.

R EMARQUE 3.8 Géométriquement, cela signifie qu’il existe au moins un point de la courbe de f en
lequel la tangente a la courbe est parallèle a la droite (AB), avec A(a; f (a)) et B(b; f (b)).
Formule des accroissements finis : En gardant les mêmes hypothèses que le théorème précédent
mais en notant a = x, b = x + h il existe c = x + θ h, avec 0 < θ < 1 et on obtient la formule des
accroissements finis :
f (x + h) = f (x) + h f ′ (x + θ h).
P ROPOSITON 3.5 Soient f , g : [a, b] → R deux fonctions continues et dérivables sur ]a, b[. Si pour
′ ′
tout x ∈]a, b[, f (x) = g (x) alors il existe un réel c tel que f (x) = g(x) + c pour tout x ∈]a, b[
Preuve. Soit h = f − g et x, y ∈ [a, b]/x < y. [x, y] ⊂ [a, b] alors la fonction h est continue sur [x, y] et
dérivable sur ]x, y[. Alors, d’après le théorème des accroissements finis il existe c ∈]x, y[ tel que h(y) −
′ ′ ′ ′
h(x) = h (c)(y − x). Comme ∀x ∈]a, b[, f (x) = g (x), h (c) = 0. Par conséquent ∀x, y ∈ [a, b]/x < y
h(y) = h(x) d’où h est constante.

3.3.3.2 Règle de l’Hospital


La règle de l’Hospital est une règle qui est très utilisée pour le calcul de limites.
T HÉORÈME 3.24 (R ÈGLE DE L’H OSPITAL 1)
Soient f et g deux fonctions définies sur I =]a − h; a + h[\{a}, a ∈ R, h > 0 et soit L ∈ R. Si f et g
sont dérivables sur I et lim f (x) = 0 = lim g(x) et si, pour tout x ∈ I, g′ (x) ̸= 0, alors,
x→a x→a

f ′ (x)
   
f (x)
lim existe et vaut L =⇒ lim existe et vaut L .
x→a g′ (x) x→a g(x)

R EMARQUE 3.9 La règle de l’Hopital est valable lorsque a = +∞(ou − ∞). Lorsque la fonction g
tends vers l’infini et f n’est pas localement bornée, on a la version suivante.
T HÉORÈME 3.25 (R ÈGLE DE L’H OSPITAL 2)
Soient f et g deux fonctions définies sur I =]a − h; a + h[\{a}, a ∈ R, h > 0 (ou au voisinage de ∞ si
a = ∞) et soit L ∈ R. Si f et g sont dérivables sur I, lim g(x) = +∞ et si,pour tout x ∈ I, g′ (x) ̸= 0,
x→a
alors
f ′ (x) f (x)
lim ′ existe et vaut L =⇒ lim existe et vaut L
x→a g (x) x→a g(x)

E XERCICE 40
Calculer les limites suivantes :

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√ √
x− e (1 + x)α − 1 − αx
1. lim 4. lim
x→e ln(x) − 1 x→0 x2
ex − 1 − x 1 − cos(x2 )
2. lim 5. lim
x→0 x2 x→0 x4
tan(x) − x 1 − cos(x2 )
3. lim 6. lim 3
x→0 x3 x→0 x sin(x)

3.3.3.3 Formules de Taylor


La formule des accroissements finis fournit une approximation d’une fonction par une fonction
affine au voisinage d’un point. Dans cette partie, nous allons établir que sous réserve de conditions
supplémentaires, on peut obtenir une approximation d’une fonction par un polynôme.

T HÉORÈME 3.26 (F ORMULE DE TAYLOR -L AGRANGE )


Soit f une fonction continue sur un intervalle [a; b]. On suppose en outre que f est n fois dérivable
sur [a; b] et est n + 1 fois dérivable sur ]a; b[. Alors,pour tout x appartenant a [a; b], il existe un point
c ∈]a; x[ tel que :

(x − a)2 ′′ (x − a)n (n) (x − a)(n+1) (n+1)


f (x) = f (a) + (x − a) f ′ (a) + f (a) + · · · + f (a) + f (c)
2! n! (n + 1)!
Cette formule est appelée formule de Taylor-Lagrange a l’ordre n en a.

T HÉORÈME 3.27 (F ORMULE DE TAYLOR -M AC L AURIN )


En gardant les mêmes hypothèses que le théorème précédent mais en notant c = a + θ h, avec 0 <
θ < 1, h ∈ R, on obtient la formule Taylor-Mac Laurin :

(x − a)2 ′′ (x − a)n (n) (x − a)(n+1) (n+1)


f (x) = f (a) + (x − a) f ′ (a) + f (a) + · · · + f (a) + f (a + θ h)
2! n! (n + 1)!

3.4 Théorème du point fixe


T HÉORÈME 3.28 (T HÉORÈME DU POINT FIXE )
Soit f : A → R une fonction dérivable sur A. On suppose qu’il existe un point fixe l ∈ A pour la
fonction f , c’est-a-dire un point l tel que f (l) = l, et qu’il existe un intervalle J = [l − a, l + a] et un
réel λ < 1 tels que pour tout x ∈ J, | f ′ (x)| ≤ λ . Alors la suite (un )n∈N définie par u0 ∈ J et la formule
de récurrence un+1 = f (un ) converge vers l.

Preuve. Posons vn = un − l. Il suffira de montrer que la suite (vn )n∈N converge vers zéro.
Nous allons montrer par récurrence que ∀n ∈ N, un ∈ J. Par hypothèse, u0 ∈ J. Supposons main-
tenant n ∈ N et un ∈ J. Si un = l, un+1 = l car f (l) = l et donc un+1 ∈ J. Si un < l(resp. un > l), f
est continue sur [l, un ](resp. [un , l]) et dérivable sur ]l, un [(resp. ]un , l[) alors d’après le théorème des
accroissements finis il existe c ∈]l, un [(resp. c ∈]un , l[) tel que

′ f (un ) − f (l) un+1 − l vn+1


f (c) = = =
un − l un − l vn
′ |vn+1 |
Comme ]l, un [⊂ J(resp. ]un , l[⊂ J) alors | f (c)| ≤ λ < 1 d’où < 1 et donc |vn+1 | < |vn | ≤ a par
|vn |
conséquent un+1 ∈ J. En conclusion ∀n ∈ N, un ∈ J. Comme ∀n ∈ N, un ∈ J et l ∈ J en appliquant

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le théorème des accroissement finis comme précédemment, Nous obtenons ∀n ∈ N, |vn+1 | ≤ λ |vn |.
Alors,
n n
∏ |vk+1| ≤ ∏ (λ |vk |) d’où
k=0 k=0
n+1
|vn+1 | ≤ λ |v0 | or lim λ n+1 |v0 | = 0, alors
n→+∞
lim vn = 0 ainsi
n→+∞
lim un = l
n→+∞

R EMARQUE 3.10 Si f est continue sur A et que la suite (un ) telle que un+1 = f (un ) converge vers
l ∈ A, alors l est un point fixe de f .

3.5 Exercices du Chapitre 3


E XERCICE 41 Soient f , g :[a, b] → R deux fonctions dérivables. On suppose que ∀x ∈ [a, b], g′ (x) ̸= 0.
1. Montrer que g(a) = g(b).
f (b)− f (a) f ′ (c)
2. Montrer qu’il existe c ∈]a, b[ tel que g(b)−g(a) = g′ (c)

E XERCICE 42
1. Énoncer clairement le théorème des valeurs intermédiaires puis justifier que l’image d’un
intervalle par une fonction continue est un intervalle.
2. (a) Montrer que toute fonction uniformément continue sur un intervalle non vide D de R est
continue sur D.
(b) Donner un exemple qui prouve que la réciproque de ce résultat n’est pas vraie.
(c) Justifier que la réciproque de la propriété de la question 2(a) est vraie lorsque D =
[a, b], a < b est un segment de R.
3. Soient (a, b) ∈ R2 tels que a < b, f et g deux fonctions uniformément continues sur [a, b] et
dérivables sur ]a, b[. Considérons la fonction ϕ définie sur [a,b] par :

f (b) − f (a)
∀x ∈ [a, b], ϕ(x) = f (x) − f (a) − [g(x) − g(a)].
g(b) − g(a)

(a) Énoncer clairement le théorème de la borne atteinte, puis justifie que :



f (a) = f (b) =⇒ ∃c ∈]a, b[ tels que f (c) = 0.

(b) Énoncer clairement le théorème de Rolle puis en déduire que si g ne s’annule pas sur ]a, b[

f (b) − f (a) f (c)
alors il existe c ∈]a, b[ tel que = . (On pourra appliquer le théorème de
g(b) − g(a) g′ (c)
Rolle a la fonction ϕ sur le segment [a,b]).

E XERCICE 43 Soit f une fonction de R dans R, β ∈ R∗+ , k ∈ R∗+ . On suppose que, pour tout (x, y) ∈
R2 , | f (y) − f (x)| ≤ k|y − x|β .

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1. Montrer que f est continue en tout point de R


2. On suppose dans cette question β > 1, x ∈ R. Montrer que f ′ (x) = 0 et déduire que f est
constante.
1 1
3. Pour x ∈ R, on pose g(x) = |x| 2 . Montrer que, pour tout x, y ∈ R, on a |g(y) − g(x)| ≤ |y − x| 2

E XERCICE 44
1. Soient n ∈ N, a < b ∈ R et f : [a, b] → R une fonction n fois dérivable. Montrer que si f (a) =
f ′ (a) = ... = f (n−1) (a) = 0 et f (b) = 0 alors il existe c ∈]a, b[ tel que f (n) (c) = 0
2. Soit g : R → R dérivable telle que lim g(x) = lim g(x). Montrer qu’il existe c ∈ R tel que
x→−∞ x→+∞
f ′ (c) = 0.

E XERCICE 45 Soit I un intervalle, et f : R → R


1. On suppose que f est deux fois dérivable sur I, et que f est nulle en trois points distincts
de a1 < a2 < a3 ∈ I. Montrer qu’il existe c ∈ I tel que f ′′ (c) = 0 (utiliser plusieurs fois le
théorème de Rolle).
2. Soit n ∈ N∗ . On suppose que que f est nn fois dérivable sur I, et qu’il existe au moins (n+1)
points de I où f est nulle. Montrer qu’il existe c ∈ I tel que f (n) (c) = 0.

E XERCICE 46 Soit f : R → R une fonction dérivable. On suppose qu’il existe m > 0 tel que : ∀x ∈
R, f ′ (x) ≥ m.
1. Donner une interprétation graphique de cette hypothèse pour le graphe de f .
2. Montrer que ∀x ≥ 0, f (x) − f (0) ≥ mx et que ∀x ≤ 0, f (x) − f (0) ≤ mx.
En déduire les limites de f en −∞ et +∞.
3. En déduire que f est une bijection de R vers R.
4. On suppose de plus qu’il existe M ∈ R tel que :∀x ∈ R, f ′ (x) ≤ M. On fixe r ∈ R, et on
définit une suite (xn ) par : x0 = r et ∀n ∈ N, xn+1 = xn − f (xn)
M . Soit α l’unique solution de
f (x) = 0. Montrer que (xn ) tend vers α. (On montrera que si r ≥ α, alors (xn ) est minorée
par α(récurrence), et décroissante ; et un analogue pour r ≤ α)

E XERCICE 47 Soient E ⊂ R et k ∈ R∗+ . Une application f : E → R est dite k-lipshitzienne si ∀(x, y) ∈


E 2 , | f (x) − f (y)| ≤ k|x − y| et toute application k-lipshitzienne avec 0 ≤ k < 1 est dite k-contractante.
1. Soit f : R → R une application k-contractante. Montrer que f admet un unique point fixe α,
qui est la limite de la suite (un ) définie par u0 ∈ R et, ∀n ∈ N, f (un ) = un+1
2. Une application 1-lipshitzienne admet elle de point fixe ?
3. Soit f une fonction dérivable de R dans R. Donner une condition nécessaire et suffisante sur
f ′ pour que f soit contractante sur R
3u2 +2
4. Soit (un ) la suite définie par u0 ∈ N et ∀n ∈ N, un+1 = 1+u
n
2 . Montrer que (un ) converge vers
n
un réel l.
  p
E XERCICE 48 On considère la fonction f définie sur 0, π2 par f (x) = tan(x).
1. Etudier la dérivabilité de f en 0.
 
2. Etudier les variations de f sur 0, π2 .
3. Montrer que f admet une fonction réciproque sur un intervalle I a préciser.

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4. Exprimer f −1 a l’aide des fonctions usuelles.

E XERCICE 49 Soit I un intervalle non vide. Une fonction f : I → R est dite holdérienne d’exposant
α > 0 s’il existe M ∈ R+ vérifiant :

∀x, y ∈ I, | f (y) − f (x)| ≤ M|y − x|α

On considère la fonction g : x → x ln x définie sur ]0, 1].


1. Montrer que la fonction g n’est pas holdérienne d’exposant 1.
2. Vérifier cependant que g est holdérienne d’exposant α pour tout α ∈]0, 1]

E XERCICE 50
1. Enoncer le théorème de Rolle, en donnant avec précision les hypothèses et la conclusion
2. On considère la fonction f définie sur R par x 7→ f (x) = (x2 + 1) sin x.
(a) Calculer la dérivée de f .
(b) Montrer de deux facons que l’équation (x2 + 1) cos x + 2x sin x = 0 admet au moins une
solution dans [0; π] .
i. Soit en appliquant le théorème de Rolle sur [0; π] à une fonction bien choisie.
ii. Soit en appliquant le théorème des valeurs intermédiaires sur [0; π] à une fonction bien
choisie.

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CHAPITRE 4

LES FONCTIONS CIRCULAIRES ET HYPERBOLIQUES

4.1 Quelques rappels


T HÉORÈME 4.1 Soit I un intervalle non vide de R et B une partie de R f : → B une fonction. Si
f est continue et strictement monotone sur I alors f réalise une bijection de I dans f (I). Si de plus
f (I) = B, alors f est bijective.

T HÉORÈME 4.2 Soit I un intervalle non vide de R. Si la fonction f : → R est continue et strictement
monotone, sa réciproque f −1 est continue et strictement monotone sur f (I) et varie dans le même
sens que la fonction f . Si de plus f est dérivable sur I, sa réciproque f −1 est dérivable sur l’ensemble
n ′
o n ′
o
−1
J = y ∈ f (I) : f ( f (y)) ̸= 0 = f (I) − f x ∈ I : f (x) = 0 .

Nous avons alors pour tout y ∈ J,


′ 1
f −1 (y) = ′ .
f ( f −1 (y))

T HÉORÈME 4.3
 Soit f une fonction bijective. Dans le plan muni d’un repère orthonormé, les courbes
 
C f et C f −1 respectives des fonctions f et f −1 sont symétriques par rapport a la première bissec-
trice (il s’agit de la droite d’équation y = x).

4.2 Fonctions circulaires et leurs inverses


Considérons la fonction
π π
f : [− ; ] → [−1, 1]
2 2
x 7→ sin(x).

La fonction x 7→ sin(x) est continue et dérivable sur R en particulier sur [− π2 ; π2 ] et pour tout x ∈] −
π π ′ π π π π
2 ; 2 [ , f (x) = cos(x) > 0. Alors f est continue et strictement croissante de [− 2 ; 2 ] dans f ([− 2 ; 2 ]) =
[−1, 1]. par conséquent la fonction f est bijective.

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4.2.1 Fonction arcsinus


D ÉFINITION 4.1 (F ONCTION arcsin)
On appelle fonction arcsinus et on note arcsin la bijection réciproque de la fonction sinus définie de
[− π2 ; π2 ] sur [−1; 1].

R EMARQUE 4.1 On observe que :


1. La fonction arcsin est définie de l’intervalle [−1; 1] sur [− π2 ; π2 ] ;
2. ∀x ∈ [−1, 1], y = arcsin(x) ⇐⇒ (x = sin(y) avec − π2 ≤ y ≤ π2 )
3. ∀x ∈ [− π2 ; π2 ], arcsin(sin x) = x
4. ∀x ∈ [−1; 1], sin(arcsin(x)) = x

P ROPRIÉTÉ 4.1 (Propriétés de la fonction arcsin) Nous avons les propriétés suivantes :
1. Parité : La fonction arcsin est impaire sur [−1; 1], c’est-a-dire, pour tout x ∈ [−1; 1], −x ∈
[−1, 1] et arcsin(−x) = − arcsin(x).
2. Le graphe de la fonction sin et celui de la fonction arcsin sont symétriques par rapport a la
première bissectrice (i.e., y = x) ;
√ √
3 2
3. Valeurs particulières : arcsin(0) = 0; arcsin( 21 ) = π6 ; arcsin( 2 ) = π
3 ; arcsin( π
2 ) = 4 ; arcsin(1) =
π
2.
4. Dérivée : La fonction arcsin est dérivable sur ] − 1; 1[ et on a

1
∀x ∈] − 1; 1[, arcsin′ (x) = √ .
1 − x2

5. Composée arcsin ◦u : Soit I un intervalle de R. Si u est une fonction dérivable sur I et ∀x ∈


I, −1 < u(x) < 1, alors la composée arcsin ◦u est dérivable sur I et on a :

u′ (x)
∀x ∈ I, (arcsin ◦u)′ (x) = p
1 − u(x)2

Preuve.

1. ∀ x ∈ [−1, 1], (−x) ∈ [−1, 1].

Soit x ∈ [−1, 1] et arcsin(−x) = y



y ∈ [− π2 ; π2 ]
y = arcsin(−x) ⇐⇒
sin(y) = −x

−y ∈ [− π2 ; π2 ]
⇐⇒
− sin(y) = x = sin(−y)
⇐⇒ − y = arcsin(x)
⇐⇒ y = − arcsin(x) = arcsin(−x)

On conclu alors que arcsin est une fonction impaire.


2. la preuve de cette propriété utilise le théorème 4.3

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3. 0 ∈ [− π2 ; π2 ] et sin(0) = 0 alors√arcsin(0) = 0. De même ∈ π6 , π3 et π


2 ∈ [− π2√; π2 ] et on a respecti-

3 3 2
vement sin( π6 ) = 12 , sin( π3 ) = 2 et sin( π2 ) = 1 alors arcsin( 12 ) = π6 ; arcsin( π
2 ) = 3 ; arcsin( 2 ) =
π π
4 ; arcsin(1) = 2 .
4. Considérons la fonction
π π
f : [− ; ] → [−1, 1]
2 2
x 7→ sin(x).

Pour tout x ∈ [− π2 ; π2 ],

f (x) = 0 ⇐⇒ cos(x) = 0
π π
⇐⇒ x = − ou x = .
2 2

Or, f (− π2 ) = −1, f ( π2 ) = 1 et f [− π2 ; π2 ] = [−1, 1]. Par conséquent au regard du Théorème
4.2 l’ensemble de dérivabilité de la fonction arcsin est ] − 1, 1[. De plus pour tout x ∈] − 1, 1[,
′ 1 1 1
arcsin (x) = ′ = ′ = en posant , arcsin(x) = y.
f ( f −1 (x)) f (arcsin(x)) cos(y)

Or, cos2 (y) = 1 − sin2 (y) = 1 − x2 > 0. Comme y ∈ [− π2 ; π2 ], cos(y) ≥ 0. Par conséquent

cos(y) = 1 − x2 . Par suite on a
′ a
arcsin (x) = √ .
1 − x2

5. Comme u est dérivable sur I et pour tout x ∈ I, −1 < u(x) < 1 et la fonction arcsin est dérivable
sur ] − 1, 1[, alors la fonction arcsin ou est dérivable sur I et nous avons pour tout x ∈ I,
′ ′ u′ (x)

(arcsin ou) (x) = u (x) × arcsin (u(x)) = p .
1 − u(x)2

E XERCICE 51 Etablis le tableau de variation de la fonction arcsin, fais son tableau de signe et
construis la courbe de cette fonction dans un repère orthonormé.

E XERCICE 52 Résoudre l’équation en x suivante :



arcsin(x) + arcsin(x 3) = arcsin(2x).

4.2.2 Fonction arccos


Considérons la fonction

g : [0; π] → [−1, 1]
x 7→ cos(x).

La fonction x 7→ cos(x) est continue et dérivable sur R en particulier sur [0; π] et pour tout x ∈]0, π[ ,

g (x) = − sin(x) < 0. Alors g est continue et strictement décroissante de [0; π] dans f ([0; π]) = [−1, 1].
par conséquent la fonction g est bijective.

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D ÉFINITION 4.2 (F ONCTION arccos)


On appelle fonction arccosinus et on note arccos la bijection réciproque de la

g : [0; π] → [−1, 1]
x 7→ cos(x).

R EMARQUE 4.2 On observe que :


1. La fonction arccos est définie de l’intervalle [−1; 1] dans [0; π] ;
2. ∀ x ∈ [−1, 1] , y = arccos(x) ⇐⇒ (x = cos(y) avec 0 ≤ y ≤ π) ;
3. ∀x ∈ [0; π], arccos(cos x) = x ;
4. ∀x ∈ [−1; 1], cos(arccos(x)) = x ;

P ROPRIÉTÉ 4.2 (P ROPRIÉTÉS DE LA FONCTION arccos)


Nous avons les propriétés suivantes :
1. Le graphe de la fonction cos et celui de la fonction arccos sont symétriques par rapport a la
première bissectrice (i.e., y = x) ;
√ √
3 2
2. Valeurs particulières : arccos(0) = π2 ; arccos( 21 ) = π3 ; arccos( 2 ) = π
6 ; arccos( π
2 ) = 4 ; arccos(1) =
0 et arccos(−1) = π.
3. Dérivée : La fonction arccos est dérivable sur ] − 1; 1[ et on a

−1
∀x ∈] − 1; 1[, arccos′ (x) = √ .
1 − x2

4. Composée arccos ◦u : Soit I un intervalle de R. Si u est une fonction dérivable sur I et ∀x ∈


I, −1 < x < 1, alors la composée arccos ◦u est dérivable sur I et on a :

−u′ (x)
∀x ∈ I, (arccos ◦u)′ (x) = p
1 − u(x)2

5. Parité : La fonction arccos n’admet pas de parité mais on a pour tout x ∈ [−1; 1], arccos(−x) =
π − arccos(x).

6. ∀ x ∈ [−1, 1], sin[arccos(x)] = cos[arcsin(x)] = 1 − x2 .

Preuve.
1. Les preuves des propriétés 1 a 4 utilisent les mêmes développement que dans les cas des
preuves des numéros 2 a 5 respectivement dans la propriété 4.1. Donc ces preuves sont laissées
comme exercices de maison.
2. A présent faisons la preuve du point 5 : Parité. Pour cette preuve nous allons supposé que les
propriétés 2 a 5 son admises. En effet, pour tout x ∈ [−1, 1], on a −x ∈ [−1, 1]. Soit x ∈ [−1, 1]
la fonction f : x 7→ arccos(−x) + arccos(x) est dérivable sur ] − 1, 1[ au regard de la propriété 4

et pour tout x ∈]−1, 1[, f (x) = √ 1 2 + √−1 2 = 0 alors la fonction f est constante sur ]−1, 1[.
1−x 1−x
f (0) = π2 + π2 = π donc pour tout x ∈] − 1, 1[, f (x) = π. Par ailleurs f (−1) = f (1) = π. On
conclut que pour tout x ∈ [−1, 1], f (x) = arccos(−x) + arccos(x). D’où, pour tout x ∈ [−1, 1],
arccos(−x) = π − arccos(x).

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3. A présent faisons la preuve du point 6.


Soit x ∈ [−1, 1]. Posons y = arccos(x). On a y ∈ [0, π]. Donc

sin2 (y) = 1 − cos2 (y) et sin(y) ≥ 0. Ainsi,


q
sin(y) = 1 − cos2 (y). D’où
p
sin [arccos(x)] = 1 − x2 .

Par ailleurs, soit x ∈ [−1, 1]. Posons y = arcsin(x). On a y ∈ [− π2 , π2 ]. Donc

cos2 (y) = 1 − sin2 (y) et cos(y) ≥ 0. Ainsi,


q
cos(y) = 1 − sin2 (y). D’où
p
cos [arcsin(x)] = 1 − x2 .

On conclut alors que ∀ x ∈ [−1, 1], sin[arccos(x)] = cos[arcsin(x)] = 1 − x2 .

E XERCICE 53 Etablis le tableau de variation de la fonction arccos, fais son tableau de signe et
construis la courbe de cette fonction dans un repère orthonormé.

P ROPOSITON 4.1 Nous avons l’identité suivante :


π
∀x ∈ [−1; 1], arcsin(x) + arccos(x) =
2
Preuve. la fonction f : x 7→ arcsin(x) + arccos(x) est dérivable sur ] − 1, 1[ et pour tout x ∈] − 1, 1[,

f (x) = √ 1 2 + √−1 2 = 0. Alors la fonction f est constante sur ] − 1, 1[ et f (0) = arcsin(0) +
1−x 1−x
arccos(0) = π2 on a également f (−1) = f (1) = π2 . Par conséquent pour tout x ∈ [−1; 1], arcsin(x) +
arccos(x) = π2 .

E XERCICE 54 Déterminer le domaine de définition de la fonction u dans chacun des cas suivants :
1. u(x) = arccos(2x − 1);

2. u(x) = arcsin(2x 1 − x2 );

3. u(x) = arcsin( 21+xx )

4.2.3 Fonction arctan


Considérons la fonction
π π
h :] − ; [ → R
2 2
x 7→ tan(x).

La fonction x 7→ tan(x) est continue et dérivable sur R \ { π2 + kπ, k ∈ Z} en particulier sur ] − π2 ; π2 [



et pour tout x ∈] − π2 ; π2 [ , h (x) = 1/ cos2 (x) > 0. Alors h est continue et strictement croissante de
] − π2 ; π2 [ dans h(] − π2 ; π2 [) = R. Par conséquent la fonction h est bijective.

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D ÉFINITION 4.3 (F ONCTION ARCTANGENTE )


On appelle fonction arctangente et on note arctan la bijection réciproque de la fonction
π π
h :] − ; [ → R
2 2
x 7→ tan(x).

..

R EMARQUE 4.3 On observe que :


1. La fonction arctan est définie de l’intervalle R sur ] − π2 ; π2 [ ;
2. ∀ x ∈ R, y = arctan(x) ⇐⇒ (x = tan(y) avec − π2 < y < π2 ) ;
3. ∀x ∈] − π2 ; π2 [, arctan(tan x) = x ;
4. ∀x ∈ R, tan(arctan(x)) = x ;

P ROPRIÉTÉ 4.3 (Propriétés de la fonction arctan) Nous avons les propriétés suivantes :
1. Parité : La fonction arctan est impaire sur R, −x ∈ R et arctan(−x) = − arctan(x).
2. Le graphe de la fonction tan et celui de la fonction arctan sont symétriques par rapport a la
première bissectrice (i.e., y = x) ;
√ √
3. Valeurs particulières : arctan(0) = 0; arctan( 33 ) = π6 ; arctan( 3) = π3 et arctan(1) = π4 .
4. Dérivée : La fonction arctan est dérivable sur R et on a :
1
∀x ∈ R, arctan′ (x) = .
1 + x2
5. Composée arctan ◦u : Soit I un intervalle de R. Si u est une fonction dérivable sur I alors la
composée arctan ◦u est dérivable sur I et on a :
u′ (x)
∀x ∈ I, (arctan ◦u)′ (x) = .
1 + u(x)2

6. lim arctan(x) = π/2, lim arctan(x) = −π/2.


n→+∞ n→−∞
7. ∀ x > 0, 0 < arctan(x) < π2 et ∀ x < 0, − π2 < arctan(x) < 0.
8. ∀x ∈ R∗ , arctan(x) + arctan( 1x ) = signe(x) π2 .

Preuve.
1. ∀ x ∈ R, (−x) ∈ R.
Soit x ∈ R et posons arctan(−x) = y.

y ∈ ] − π2 ; π2 [
y = arctan(−x) ⇐⇒
tan(y) = −x

−y ∈ ] − π2 ; π2 [
⇐⇒
− tan(y) = x = tan(−y)
⇐⇒ − y = arctan(x)
⇐⇒ y = − arctan(x) = arctan(−x)

On conclu alors que arctan est une fonction impaire.

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2. la preuve de cette propriété utilise le théorème 4.3


3. 0 ∈] − π2 ; π2 [ et tan(0) =

0 alors arctan(0) = 0. De même π4 , π6 et π3√∈] − π2 ; π2 [ et on a res-
√ √
pectivement tan( π6 ) = 33 , tan( π3 ) = 3 et tan( π4 ) = 1 alors arctan( 33 ) = π6 ; arctan( 3) =
π π
3 et arctan(1) = 4 .
4. Considérons la fonction
π π
h :] − ; [ → R
2 2
x 7→ tan(x).
Pour tout x ∈] − π2 ; π2 [,

h (x) = 0 ⇐⇒ 1/ cos2 (x) = 0( absurde).
Par conséquent au regard du Théorème 4.2 l’ensemble de dérivabilité de la fonction arctan est
R. De plus pour tout x ∈ R,
′ 1 1 1 1
arctan (x) = ′ −1 = ′ = 2
= .
h (h (x)) h (arctan(x)) 1 + tan (arctan(x)) 1 + x2
5. Comme la fonction arctan est dérivable sur R et la fonction u est dérivable sur I, alors la
fonction arctan ou est dérivable sur I et nous avons pour tout x ∈ I,
′ ′ ′ u′ (x)
(arctan ou) (x) = u (x) × arctan (u(x)) = .
1 + u(x)2
6. lim tan(x) = −∞ alors, lim arctan(x) = −π/2. Par ailleurs,
n→− π2 + n→−∞
lim tan(x) = +∞ alors, lim arctan(x) = π/2.
n→ π2 − n→+∞

7. La fonction arctan est continue et strictement croissante sur R en particulier sur ] − ∞, 0[.
On a alors arctan(] − ∞, 0[) =] lim arctan(x), lim arctan(x)[=] − π/2, 0[. D’où pour tout
n→−∞ n→0−
∀ x < 0, − π2 < arctan(x) < 0. Par ailleurs,
La fonction arctan est continue et strictement croissante sur R en particulier sur ]0, +∞[. On a
alors arctan(]0, +∞[) =] lim , arctan(x) lim arctan(x)[=]0, π/2[. D’où pour tout x > 0, 0 <
n→0+ n→+∞
arctan(x) < π2 .
8. Soit x ∈ R∗+ et posons α = arctan(x).
Comme x > 0, α ∈]0, π/2[ et donc (π/2 − α) ∈]0, π/2[.
tan(π/2 − α) = 1/ tan(α) = 1/x. Donc,
π/2 − α = arctan(1/x). D’où,
arctan(1/x) + arctan(x) = π/2.
Par ailleurs supposons x ∈ R∗− .
x ∈ R∗− ⇐⇒ − x ∈ R∗+
=⇒ arctan(−1/x) + arctan(−x) = π/2
=⇒ − arctan(1/x) − arctan(x) = π/2( arctan étant une fonction impaire )
⇐⇒ arctan(1/x) + arctan(x) = −π/2.
En conclusion, ∀x ∈ R∗ , arctan(x) + arctan( 1x ) = signe(x) π2 .

E XERCICE 55 Etablis le tableau de variation de la fonction arctan, fais son tableau de signe et
construis la courbe de cette fonction dans un repère orthonormé.

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4.3 Fonctions hyperboliques et leurs réciproques


4.3.1 Fonctions hyperboliques
D ÉFINITION 4.4 (F ONCTIONS HYPERBOLIQUES )
1. Fonction cosinus hyperbolique : On appelle fonction cosinus hyperbolique, la fonction notée
ch et définie sur R par :

ex + e−x
cosh(x) =
2
2. Fonction sinus hyperbolique : On appelle fonction sinus hyperbolique, la fonction notée sh
et définie sur R par :

ex − e−x
sinh(x) =
2
3. Fonction tangente hyperbolique : On appelle fonction tangente hyperbolique, la fonction
notée th et définie sur R par :

sinh(x) ex − e−x
tanh(x) = = x
cosh(x) e + e−x
4. Fonction cotangente hyperbolique : On appelle fonction cotangente hyperbolique la fonction
notée coth et définie pour tout x ∈ R∗ par
coth(x) = 1/ tanh(x).

P ROPRIÉTÉ 4.4 Soient x, y deux nombres réels, on a les propriétés suivantes :


1. (a) cosh(x) + sinh(x) = ex et cosh(x) − sinh(x) = e−x ;
1 1−e−2x
(b) 1 − th2 (x) = ch2 (x)
et tanh(x) = 1+e−2x
.
2. Les formules d’addition de ch et sh.
(a) cosh(x + y) = cosh(x) cosh(y) + sinh(x) sinh(y);
(b) cosh(x − y) = cosh(x) cosh(y) − sinh(x) sinh(y);
(c) sinh(x + y) = sinh(x) cosh(y) + sinh(y) cosh(x);
(d) sinh(x − y) = sinh(x) cosh(y) − sinh(y) cosh(x);
3. Les formules d’addition de th :
tanh(x) + tanh(y) tanh(x) − tanh(y)
tanh(x + y) = et tanh(x − y) = .
1 + tanh(x) tanh(y) 1 − tanh(x) tanh(y)
′ ′
4. ∀ x ∈ R, sinh (x) = cosh(x) et cosh (x) = sinh(x).

Preuve. A faire.

R EMARQUE 4.4
La fonction ch est paire et les fonctions sh, th, puis coth sont impaires.
2. Pour tout x ∈ R, ch2 (x) − sh2 (x) = 1, cosh(2x) = 2ch2 (x) − 1, sinh(2x) = 2 sinh(x) cosh(x) et
1.
tanh(2x) = 2 tanh(x)/(1 + th2 (x)).

E XERCICE 56 Etudier puis représenter les fonctions ch, sh et th.

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4.3.2 Fonctions hyperboliques inverses


D ÉFINITION 4.5 (F ONCTIONS HYPERBOLIQUES INVERSES )
1. Fonction argument sinus hyperbolique : La fonction x 7→ sinh(x) est continue et strictement
croissante sur R donc sh réalise une bijection de R sur sinh(R) = R.
On appelle fonction argument sinus hyperbolique et on note arg sinh, la bijection réciproque
de la bijection

R→R
x 7→ sinh(x).

On a sinh : R → R et arg sinh : R → R de plus ∀x ∈ R, y = arg sinh(x) ⇐⇒ y ∈ R et x =


sinh(y).
2. Fonction argument cosinus hyperbolique : La fonction x 7→ cosh(x) est continue et stric-
tement croissante sur l’intervalle [0; +∞[. Alors la restriction de ch sur [0; ∞[ réalise une
bijection de [0; +∞[ sur cosh([0; +∞[) = [1; +∞[.
On appelle fonction argument cosinus hyperbolique et on note arg cosh, la bijection réciproque
de la bijection

[0; +∞[ → [1, +∞[


x 7→ cosh(x).

On a : arg cosh : [1; +∞[→ [0; +∞[ puis pour tout x ∈ [1; +∞[, y = arg cosh(x) ⇐⇒ y ∈
[0; +∞[ et x = cosh(y).
3. Fonction argument tangente hyperbolique : La fonction x 7→ tanh(x) est continue et stricte-
ment croissante sur R. Elle réalise donc une bijection de R sur ] − 1; 1[.
On appelle fonction fonction argument tangente hyperbolique que l’on note arg tanh, la bi-
jection réciproque de la bijection

R → ] − 1, 1[
x 7→ tanh(x).

On a ∀x ∈] − 1; 1[, y = arg tanh(x) ⇐⇒ y ∈ R et x = tanh(y).

R EMARQUE 4.5 1. La fonction arg sinh est définie sur R ;


2. la fonction arg cosh est définie sur [1; +∞[;
3. la fonction arg tanh est définie sur ] − 1; 1[ ;

R EMARQUE 4.6 1. ∀x ∈ R, arg sinh(sinh(x)) = x et sinh(arg sinh(x)) = x ;


2. ∀x ∈ [0; +∞[, arg cosh(cosh(x)) = x et ∀x ∈ [1; +∞[, cosh(arg cosh(x)) = x.
3. ∀x ∈ R, arg tanh(tanh(x)) = x et ∀x ∈] − 1; 1[, tanh(arg tanh(x)) = x.

P ROPRIÉTÉ 4.5 sinh(x)] = x2 + 1.
• ∀ x ∈ R, cosh[arg √
• ∀ x ∈ [1, +∞[, sinh[arg cosh(x)] = x2 − 1.
x
• ∀ x ∈ R, tanh[arg sinh(x)] = √ .
x2 + √1
x2 − 1
• ∀ x ∈ [1, +∞[, tanh[arg cosh(x)] = .
x
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P ROPRIÉTÉ 4.6 (L EURS DÉRIVÉES )


1. La fonction arg sinh est dérivable sur R et on a :
1
∀x ∈ R, arg sinh′ (x) = √ .
1 + x2

2. La fonction arg cosh est dérivable sur ]1; +∞[ et on a :

1
∀x ∈]1; +∞[, arg cosh′ (x) = √ .
2
x −1

3. La fonction arg tanh est dérivable sur ] − 1; 1[ et on a :

1
∀x ∈] − 1; 1[, arg tanh′ (x) = >0
1 − x2

R EMARQUE 4.7 ( SUR LES COMPOSÉES )


1. Si u est une fonction dérivable sur un intervalle I, alorsla composée arg sinh ◦u est dérivable
sur I et on a :
u′ (x)
∀x ∈ I, (arg sinh ◦u)′ (x) = p
1 + u2 (x)
2. Si u est une fonction dérivable surun intervalle I et ∀x ∈ I, u(x) > 1, alors la composée
arg cosh ◦u est dérivable sur I et on a :

′ u′ (x)
∀x ∈ I, (arg cosh ◦u) (x) = p
u2 (x) − 1

3. Si u est une fonction dérivable sur I et ∀x ∈ I et ∀x ∈ I, −1 < u(x) < 1, alors la composée
arg tanh ◦u est dérivable sur I et on a :

u′ (x)
∀x ∈ I, (arg tanh ◦u)′ (x) =
1 − u2 (x)

4.3.2.1 Expressions logarithmiques


P ROPRIÉTÉ 4.7
1. L’expression explicite de la fonction arg sinh est donnée par :
 p 
∀x ∈ R, arg sinh(x) = ln x + 1 + x2 .

2. Pour la fonction arg cosh, on a :


 p 
∀x ∈ [1; +∞[, arg cosh(x) = ln x + x2 − 1 .

3.  
1 1+x
∀x ∈] − 1; 1[, arg tanh(x) = ln .
2 1−x

Preuve. En exercice.

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4.4 Exercices du chapitre 4


E XERCICE 57
p
1. Déterminer le domaine de définition de la fonction x 7→ x2 (x − 1).
1
2. Montrer que pour tout x ∈ R+ , arctan(sinh(x)) = arccos( cosh(x) ).
3. Simplifier les expressions suivantes sur leur domaine de définition :
cos(3 arctan x), tanh(arg cosh(x)), et cos2 ( 12 arctan x).
√ (E1 ) et (E2 ) suivantes :
4. Résoudre dans R les équations
(E1 ) : arcsin(x) + arcsin(x 3) = arcsin(2x) et (E2 ) : 5 cosh(x) − 4 sinh(x) = 3.

E XERCICE 58 On considère les fonctions h1 , h2 et h à variable réelle définies respectivement par :



2x 1 + x2 − 1
h1 = arcsin , h2 = arctan
1 + x2 x
et h = h1 + h2
√ π
1. Montrer que arctan( 2 − 1) = .
8
2. Préciser les ensembles de définitions et de dérivabilité des fonctions h1 , h2 et h.
3. Calculer les dérivées de ces fonctions. (On simplifiera h′2 (x) de manière à l’exprimer sans
radical )
4. Exprimer h(x) en fonction de arctan x
 √ 
E XERCICE 59 1. Résoudre dans R l’équation (E) : arctan 2x 1 − x2 = 2 arctan x.
2. Etablir les identités suivantes
√ :
(a) Argshx = ln(x + x2 +  1), x∈R
1 1+x
(b) Argthx = ln ,x∈R
2 1√−x
(c) Simplifier Argsh( x2 + 1) , x ∈ R

E XERCICE 60 Détermine une écriture plus simple de

A(x) = cos(arcsin(x)) + sin(3 arcsin(x)), pour tout − 1 ≤ x ≤ 1.

E XERCICE 61
1. Calculer arcsin(sin( 3π 2009π
4 )) et arccos(cos( 3 ))

2. Montrer que : ∀x ∈ [0; 1], arcsin( x) = π4 + 12 arcsin(2x − 1).
q 
x+1
E XERCICE 62 Soit ψ la fonction définie par ψ(x) = arctan x+3
1. Déterminer le domaine de définition E de la fonction ψ.
2. Calculer ψ(x − 2) + ψ(−x − 2) pour tout x ∈ E et en déduire une propriété géométrique du
graphe de ψ.
r ! r !
x+1 x+1
3. Calculer lim arctan et lim arctan
x→1+ x+3 x→−3− x+3
4. Etudier la dérivabilité de ψ sur son ensemble de définition.

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5. Calculer ψ ′ (x) pour tout x appartenant au domaine de dérivabilité de ψ et étudier le signe de


ψ ′ (x).
6. Achever l’étude des variations de ψ
7. Rechercher les asymptotes a la courbe y = ψ(x) et préciser la position de la courbe par
rapport aux asymptotes.
8. Tracer une ébauche de la courbe de ψ en faisant apparaître tous les éléments de notre étude.

E XERCICE 63 Soit a ∈ R∗ et fa la fonction numérique de la variable réelle x définie par :


 
a+x
fa (x) = arctan
1 − ax

1. Etudier les variations de la fonction fa et établir son tableau de variation. (On étudiera sépa-
rément les cas a > 0 et a < 0).
2. Déduire de tout ce qui précède une écriture simple de arctan(a) + arctan(b), pour tout (a, b) ∈
R∗ × R (On pourra discuter suivant le signe de 1 − ab et celui de a).
3. (a) Soit p ∈ N. Calculer arctan(p + 1) − arctan(p), en utilisant la question 2.
(b) Etudier la convergence et la suite (un )n∈N définie par :
n  
1
Un = ∑ arctan
p=0 p2 + p + 1

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CHAPITRE 5

DÉVELOPPEMENTS LIMITÉS

5.1 Définition et généralités


Soit f une fonction de R dans R et x0 ∈ R. On rappelle que l’on dit que f est définie au voisinage
de x0 s’il existe une voisinage V de x0 telle que V \ {x0 } soit inclus dans l’ensemble de définition de
f . Si f est définie sur un voisinage de x0 alors elle définie au voisinage de x0 . Une fonction définie au
voisinage de x0 est définie sur un voisinage de x0 sauf peut-être en x0 . Dans ce chapitre, on confondra
au niveau des notations un polynôme et la fonction polynomiale qui lui est associée, le contexte
permettant toujours de lever l’ambiguïté.

D ÉFINITION 5.1 Soient n un entier naturel et f une application définie au voisinage V de 0. On dit
que f admet un développement limité d’ordre n en 0 (on note de façon abrégée DLn (0)) s’il existe un
polynôme P de degré au plus égal a n, un voisinage V de 0 et une application ε : définie sur V \ {0}
tels que
∀x ∈ V \ {0} f (x) = P(x) + xn ε(x) et lim ε(x) = 0
x→0
La fonction polynomiale P est appelée partie régulière du développement limité d’ordre n en 0.

R EMARQUE 5.1 1. La fonction R : x 7→ xn ε(x) est appelée le reste du développement limité


d’ordre n en 0. On a R(x) = f (x) − P(x) = o(xn ).
2. D’après la définition, toute fonction polynomiale f admet un développement limité a tout ordre
m
en 0. Si f (x) = ∑ ak xk et n ≥ m alors la partie régulière du développement limité d’ordre n
k=0
en 0 est la fonction elle-même et le reste est la fonction nulle. Si n < m alors la partie régulière
n
est ∑ ak xk et le reste est
k=0

m m−n m−n
R(x) = ∑ ak x k = x n ∑ ak+nxk = xnε(x) où ε(x) = ∑ ak+nxk .
k=n+1 k=1 k=1

Ainsi la fonction polynomiale f : x ∈ R2x3 + x + 4 admet un développement limité a l’ordre 2


en 0 dont la partie régulière est x + 4 et elle admet un développement limité a l’ordre 3 dont
la partie régulière est 2x3 + x + 4.

69
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3. Si une fonction f admet un développement limité d’ordre n en 0 de partie régulière P alors


pour tout l ∈ N avec 0 ≤ l ≤ n, f admet un développement limité d’ordre l en 0 dont la partie
régulière est obtenue en ne considérant que les monômes de degré au plus égal a l de P.

P ROPOSITON 5.1 (U NICITÉ DU DÉVELOPPEMENT LIMITÉ )


Si une fonction f admet un développement limité d’ordre n en 0 celui-ci est unique.

Preuve. On utilise un raisonnement par l’absurde.


— Supposons que f admette en 0 deux développements limités d’ordre n distincts. Il existe alors
un polynôme P1 de degré au plus égal a n, un voisinage V1 de 0 et une application ε1 définie
sur V1 \ {0} tels que

∀x ∈ V1 \ {0} f (x) = P1 (x) + xn ε1 (x) et lim ε1 (x) = 0


x→0

et existe alors un polynôme P2 de degré au plus égal a n, un voisinage V2 de 0 et une application


ε2 définie sur V2 \ {0} tels que

∀x ∈ V2 \ {0} f (x) = P2 (x) + xn ε2 (x) et lim ε2 (x) = 0


x→0

L’hypothèse que les deux développements limités sont distincts se traduit par : ou bien P1 ̸= P2
n n
ou bien P1 = P2 et ε1 ̸= ε2 . Notons U = V1 ∩V2 , P1 = ∑ ak X k et P2 = ∑ bk X k .
k=0 k=0
— Envisageons tout d’abord le cas où P1 = P2 sur U \ {0}. Par différence des deux développe-
ments limités, on obtient

0 = xn (ε2 (x) − ε1 (x)) ∀x ∈ U \ {0}.

Cela implique que ε1 = ε2 sur U \ {0}. les deux développements limités sont doc égaux.
— Supposons maintenant que P1 ̸= P2 et désignons par Q le polynôme (non nul) P1 − P2 . Soit ν
le degré de Q. ν vérifie 0 ̸= ν ≤ n et on a

Q(x) ∼0 (aν − bν )xν

D’autre part pour tout x ∈ U \ {0}, on a

Q(x) = P1 (x) − P2 (x) = ( f (x) − xn ε1 (x)) − ( f (x) − xn ε2 (x))


= xn (ε2 (x) − ε1 (x))

On aboutit a la contradiction suivante : Q(x) ∼0 (aν − bν )xν et Q(x) = o(xn ) avec n ≥ ν.


Si la fonction polynomiale Q est équivalente au voisinage de 0 a ((aν − bν )xν ) alors on a
xk = o(Q(x)) pour k ≥ ν. Puisque n ≥ ν, on ne peut donc pas avoir Q(x) = o(xn ). On a donc
nécessairement P1 = P2 . D’après la première partie de la démonstration, on en déduit que cela
implique que ε1 = ε2 Les deux développements limités sont donc égaux.
On a ainsi démontré que, si une fonction admettait un développement limité d’ordre n en 0, celui-ci
était nécessairement unique.

P ROPOSITON 5.2 (D ÉVELOPPEMENT LIMITÉ ET PARITÉ )


Soit f une fonction admettant un développement limité d’ordre n en 0 de partie régulière P.
• Si f est paire alors la fonction polynomiale P est paire. Autrement dit, les coefficients des
monômes de degré impair de P sont nuls.

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• Si f est impaire alors la fonction polynomiale P est impaire. Autrement dit, les coefficients des
monômes de degré pair de P sont nuls.

Preuve. Si f admet un développement limité d’ordre n en 0 de partie régulière P alors il existe un


voisinage V de 0 et une application ε définie sur V \ {0} tels que pour tout x ∈ V \ {0}

f (x) = P(x) + xn ε(x) et lim ε(x) = 0


x→0

Puis que V est un voisinage de 0, il existe un réel η > 0 tel que l’intervalle ouvert I =] − η, η[ soit
inclus dans V . Pour x ∈ I \ {0} on a

f (−x) = P(−x) + (−1)n xn ε(−x) = P(−x) + xn ε2 (x)

où la fonction ε2 etc définie sur I par ε2 (x) = (−1)n ε(−x) et vérifie donc lim ε2 (x) = 0.
x→0
— Si f est paire alors pour tout x ∈ I on a f (−x) = f (x) . Par unicité du développement limité
d’ordre n en 0, on en déduit que P(−x) = P(x) pour tout x ∈I (et par conséquent pour tout
x ∈ R) . Autrement dit la fonction polynomiale P est paire.
— Si f est impaire alors pour tout x ∈ I on a f (−x) = − f (x) . Par unicité du développement
limité d’ordre n en 0, on en déduit que P(−x) = −P(x) pour tout x ∈ I (et par conséquent pour
tout x ∈ R) . Autrement dit, la fonction polynomiale P est impaire.

P ROPOSITON 5.3 • Pour qu’une fonction f admette un développement limité d’ordre 0 en 0, il


faut et il suffit que f soit continue en 0 lorsque 0 ∈ D f (ou prolongeable par continuité en 0
lorsque 0 ∈ / D f ). Dans ce cas, on a

f (x) = f (0) + o(1).

• Pour qu’une fonction f admette un développement limité d’ordre 1 en 0, il faut et il suffit que
f soit dérivable en 0. Dans cas, on a

f (x) = f (0) + x f ′ (0) + o(x).

Preuve.
— On a les équivalences suivantes :

f est continue en 0 ⇐⇒ lim f (x) − f (0) = 0
x→0
⇐⇒ f (x) − f (0) = o(1) au voisinage de 0.

On en déduit que si f est continue en 0 alors elle admet un développement limité d’ordre 0
en 0 de partie régulière f (0). Réciproquement, supposons que f admette un développement
limité d’ordre 0 en 0. Il existe dans ce cas un voisinage V de 0 , un polynôme P de degré au
plus 0 et une application ε définie sur V \ {0} tels que pour tout x ∈ V \ {0}.

f (x) = P(x) + ε(x) et lim ε(x) = 0


x→0

On en déduit que l’application f admet pour limite en 0 le réel P(0) . Elle est donc continue
en 0 (ou prolongeable par continuité en 0).

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— On a les équivalences suivantes


f (x − f (0))
f est dérivable en 0 ⇐⇒ lim = f ′ (0)
x→0 x
f (x) − f (0)
⇐⇒ − f ′ (0) = o(1) au voisinage de 0
x
⇐⇒ f (x) = f (0) + x f ′ (0) + o(x) au voisinage de 0

On en déduit que si f est dérivable en 0 alors elle admet un développement limité d’ordre 1

en 0 de partie régulière f (0) + x f (0) . Réciproquement, supposons que f admette un déve-
loppement limité d’ordre 1 en 0. Elle admet aussi un développement limité d’ordre 0 en 0 et,
d’après la première partie de la démonstration, f est continue en 0 . Par ailleurs, il existe un
voisinage V de 0, un polynôme P de degré au plus 1 et une application ε définie sur V \ {0}
tels que pour tout x ∈ V \ {0}.

f (x) = P(x) + xε(x) et lim ε(x) = 0


x→0

Le polynôme P est de la forme P = f (0) + αX avec α ∈ R. On en déduit que


f (x) − f (0)
= α + ε(x)
x
et par conséquent que
f (x) − f (0)
lim = α.
x→0 x
Cela permet de conclure que f est dérivable en 0 , de nombre dérivé α en 0.

E XEMPLE 5.1 1. Considérons l’application f définie sur R∗ par f (x) = x + x3 sin(1/x2 ). Mon-
trons que cette application est prolongeable par continuité en 0 et ce prolongement est déri-
vable en 0 de nombre dérivé en 0 f ′ (0) = 1. Cette application admet un développement limité
d’ordre 1 en 0 de partie régulière x. En effet,

∀x ∈ R∗ 0 ≤ x2 sin(1/x2 ) ≤ x2

alors lim x2 sin(1/x2 ) = 0. On a donc f (x) = x + o(x). D’après la proposition 5.3 la fonction f
x→0
est prolongeable par continuité en 0 en posant f (0) = 0 et que ce prolongement est dérivable
en 0 de nombre dérivé en 0 f ′ (0) = 1.
2. Considérons l’application f définie sur R∗ par f (x) = x2 ln(|x|). Cette application est prolon-
geable par continuité en 0 en posant f (0) = 0. Elle est dérivable en 0 de dérivée 0 puisque
f (x) − f (0)
lim = lim x ln(|x|) = 0
x→0 x x→0

Elle admet donc un développement limité d’ordre 1 en 0 de partie régulière nulle. Par contre, f
n’admet pas de développement limité d’ordre 2 en 0 ; en effet, si f admettait un développement
limité d’ordre 2 en 0, celui-ci serait de la forme ax2 + x2 ε(x) avec a ∈ R et lim ε(x) = O. Or
x→0

f (x) − ax2
ε(x) = = ln(|x|) − a
x2
et quelle que soit la valeur de a, cette quantité ne tend pas vers 0 lorsque x tend vers 0.

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Pour n ≥ 2 une application peut admettre un développement limité d’ordre n en 0 sans être n fois
dérivable en 0 comme le montre l’exemple suivant. L’application

x + x3 sin(1/x2 ) si x ̸= 0

f : x ∈ R 7→
0 si x = 0

est continue sur R, dérivable sur R, de dérivée l’application

1 + 3x2 sin(1/x2 ) − 2 cos(1/x2 ) si x ̸= 0




f : x ∈ R 7→
1 si x = 0

L’application f admet un développement limité d’ordre 2 en 0 de partie régulière x. Cependant f


n’est pas deux fois dérivable en 0 car f ′ n’est pas continue a l’origine.

On peut se demander a quelle condition une fonction admet un développement limité d’ordre n
en 0 pour n ≥ 2. La réponse est donnée par le théorème de Taylor-Young. Ce théorème est également
l’outil de base pour calculer un développement limité.

T HÉORÈME 5.1 (F ORMULE DE TAYLOR -YOUNG )


Soient f une application définie sur un intervalle ouvert I, n ∈ N∗ et x0 ∈ I. On suppose que f est
(n − 1) fois dérivable sur I et admet une dérivée n-ième en x0 . Pour tout x ∈ I, on a
n
f (k) (x0 )
(x − x0 )k + o (x − x0 )n

f (x) = ∑
k=0 k!

Cette relation est appelée formule de Taylor-Young a l’ordre n.

C OROLLAIRE 5.1 Une fonction f qui est n fois dérivable en 0 admet un développement limité d’ordre
n en 0 de la forme
n
f (k) (0) k
f (x) = ∑ x + o(xn )
k=0 k!

R EMARQUE 5.2 Une fonction de classe C∞ sur un voisinage de 0 admet des développements limités
a tout ordre en 0.

La formule de Taylor-Young permet d’obtenir le développement limité d’ordre n en 0 de plusieurs


fonctions usuelles.

E XERCICE 64 Soit la fonction f définie sur R par f (x) = 2 + 3x + 4x2 + x3 sin( 1x ) pour x = 0 et
f (0) = 2.
1. Montrer que f admet, au voisinage de 0 un développement limité d’ordre 2, et que pourtant
f ′′ (0) n’existe pas.
2. Que peut-on conclure ?

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5.2 Développements limités de base


Tous les développements limités suivants sont au voisinage de 0 et existent a n’importe quel ordre.
n
1. (1 + x)α = 1 + α 1!x + · · · + α(α − 1) · · · (α − n + 1) xn! + o(xn ), avec les cas particuliers :

(a) 1 + x = 1 + 21 x − 18 x2 + 161 3
x + o(x3 ) ;
1 2 n n n
(b) 1+x = 1 − x + x + · · · + (−1) x + o(x ) ;
(c) √ 1 = 1 − 1 x + 3 x2 − 5 x3 + o(x3 ).
1+x 2 8 16
2 n
2. ex = 1 + 1!x + x2! + · · · + xn! + o(xn ).
3 2p−1
x
3. sin(x) = x − x3! + · · · + (−1) p−1 (2p−1)! + o(x2p ).
2 2p
4. cos(x) = 1 − x2! + · · · + (−1) p (2p)!
x
+ o(x2p+1 ), avec les cas particuliers :
2
(a) cos(x) = 1 − x2! + o(x3 ) ;
2 4
(b) cos(x) = 1 − x2! + x4! + o(x5 ).

5.3 Opérations sur les développements limités


Lorsque l’application f a une expression un peu plus compliquée que celles envisagées jusqu’ici,
la formule de Taylor-Young conduit rapidement a des calculs longs et compliqués. Le calcul des dé-
rivées successives devient pénible lorsque l’ordre de dérivation s’élève. Aussi, en pratique, on utilise
rarement la formule de Taylor-Young et on préfère déduire le développement limité de la fonction
considérée de ceux de fonctions plus simples par diverses « opérations ».

P ROPOSITON 5.4 Soient f et g deux fonctions admettant des développements limités de même ordre
n en 0, de parties régulières respectives P et Q.
• Pour tout (α, β ) ∈ R2 , la fonction α f + β g admet un développement limité d’ordre n en 0 de
partie régulière αP + β Q.
• La fonction f × g admet un développement limité d’ordre n en 0 dont la partie régulière est
obtenue en conservant les monômes de degré au plus égal a n du polynôme P × Q.
• Si g(0) ̸= 0, alors la fonction f /g admet un développement limité d’ordre nen 0 dont la partie
régulière est le quotient de la division selon les puissances croissantes a l’ordre n de P par Q.

E XEMPLE 5.2 Détermine le développement limité d’ordre 3 en 0 des fonctions sin + cos, sin × cos, tan
et ch × sin.

P ROPOSITON 5.5 (D ÉVELOPPEMENT LIMITÉ DE COMPOSÉES DE FONCTIONS )


Soient f et g deux fonctions admettant des développements limités de même ordre n en 0, de parties
régulières respectives P et Q.Si lim f (x) = 0 alors la fonction go f admet un développement limité
x→0
d’ordre n en 0 dont la partie régulière est obtenue en conservant les monômes de degré au plus égal
a n de la fonction polynomiale x 7→ Q(P(x)).

E XEMPLE 5.3 Détermine le développement limité a l’ordre 4 en 0 des fonctions numériques a va-
1
riables réelles x 7→ et x 7→ exp(sin(x)).
1 + x2

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P ROPOSITON 5.6 (P RIMITIVE D ’ UN DÉVELOPPEMENT LIMITÉ ) Soit f une fonction dérivable sur

un intervalle ouvert contenant 0. Si f admet un développement limité d’ordre n en 0 de partie ré-
gulière P alors f admet un développement limité d’ordre (n + 1) en 0 dont la partie régulière est la
primitive de P qui vaut f (0) en 0. Autrement dit, f admet un développement limité d’ordre (n + 1) en
0 de la forme Z x
f (x) = f (0) + P(t)dt + o(xn+1 ).
0

P ROPOSITON 5.7 (D ÉRIVATION D ’ UN DÉVELOPPEMENT LIMITÉ ) Soit f une fonction dérivable sur
un intervalle ouvert contenant 0. Si f admet un développement limité d’ordre n en 0 de partie régu-
′ ′
lière Q et si f admet un développement limité d’ordre n − 1 en 0 de partie régulière P alors Q = P.

5.3.1 Développements limités de base (suite)


ex +e−x 2 2p
1. cosh(x) = 2 = 1 + x2! + · · · + (2p)!
x
+ o(x2p+1 ).
ex −e−x 3 x2p−1
2. sinh(x) = 2 = x + x3! + · · · + (2p−1)! + o(x2p ).
sin(x)
3. tan(x) = cos(x) = x + 13 x3 + 15
2 5
x + o(x6 ).
sinh(x)
4. tanh(x) = cosh(x) = x − 31 x3 + 152 5
x + o(x6 ).
2 3 n+1
5. ln(1 + x) = x − x2 + x3 + · · · + (−1)n xn+1 + o(xn+1 ).
3 5 p
6. arctan(x) = x − x3 + x5 + · · · + (−1)
2p+1 x
2p+1 + o(x2p+2 ).

7. arcsin(x) = x + 16 x3 + 40
3 5
x + o(x6 ).
8. arccos(x) = π
2 − x − 16 x3 − 40
3 5
x + o(x6 )

5.4 Développement limité généralisé


D ÉFINITION 5.2 (D ÉVELOPPEMENT LIMITÉ AU VOISINAGE D ’ UN RÉEL NON NUL ) Soit x0 un réel
non nul. On dit que f admet un développement limité d’ordre n en x0 si la fonction f0 : t 7→ f (x0 + t)
admet un développement limité d’ordre n en 0. Le développement limité d’ordre n en x0 de f est donné
par
f (x) = P(x − x0 ) + (x − x0 )n ε(x)

— le polynôme P de degré inférieur ou égal a n est la partie régulière du développement limité
d’ordre n en 0 de la fonction f0 ;
— l’application ε définie au voisinage de x0 vérifie lim ε(x) = 0.
x7→x0

E XEMPLE 5.4 Détermine le développement limité a l’ordre 2 en 1 de la fonction numérique a variable


réelle x 7→ ln(x)/(x2 − 1).
D ÉFINITION 5.3 (D ÉVELOPPEMENT LIMITÉ AU VOISINAGE DE INFINI ) On dit qu’une fonction f
admet un développement limité généralisé d’ordre n au voisinage de +∞ (resp. −∞) si la fonction
f0 : t 7→ f (l/t) admet un développement limité d’ordre n a droite (resp . a gauche) en 0. Ce dévelop-
pement limité généralisé est donné par
f (x) = P(1/x) + ε(x)xn
où,

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— le polynôme P de degré inférieur ou égal a n est la partie régulière du développement limité


d’ordre n a droite (resp . a gauche) en 0 de f0 ;
— l’application ε définie au voisinage de +∞ (resp . −∞) vérifie lim ε(x) = 0(resp. lim ε(x) =
x→+∞ x→−∞
0).

E XEMPLE 5.5 Déterminons le développement limité généralisé d’ordre 2 au voisinage de +∞ de la


fonction numérique a variable réelle x 7→ x arctan (1/(1 + x)) .

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BIBLIOGRAPHIE

[1] −. Analyse, Cours de Mathématiques première année, EXO7. emath.fr.


[2] M. Allano-Chevalier and X. Oudot. Maths MPSI 1re année. H prépa. Hachette supérieur, 2008.
[3] S. Balac and F. Sturm. Algèbre et Analyse : Cours mathématiques de première année avec exer-
cices corrigés. PPUR, 2e edition, 2009.
[4] A. Deschamps, Claude et Warusfel. Mathématiques tout en un-1ère anné, cours et exercices
corrigés. Dunod, 2 edition, 2003.
[5] J. Dixmier and P. Dugac. Cours de mathématiques du premier cycle, Première année. gauthier-
villars, 2 edition, 1991.

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