Vous êtes sur la page 1sur 1

Sido et Les vrilles de la vigne, rattachées à la catégorie : roman et récit du

Moyen Âge au XXIe siècle. Si l’auteure a écrit des romans (les Claudine, le blé
en herbe etc…), les deux œuvres au programme échappent à ce genre. Ce sont
de purs récits.

Récits : Le fait de raconter à l’écrit ou à l’oral des événements ayant existé


dans le passé. Le récit concerne donc l’exposé de souvenirs. Il y a
nécessairement une part d’arbitraire dans la manière de présenter les faits et
dans la volonté d'exhumer tel souvenir plutôt qu’un autre.
Le premier récit, Les vrilles de la vigne, n’a pas été rédigé à cette fin puisqu’il
s’agit de réunir différents articles de presse dans un même ouvrage : on trouve
des fragments de vie distillés ça et là, mais sans but autobiographique. On
aurait tort d'étudier cette œuvre en fondant son analyse sur la vie de l'auteure
puisque cela n'a jamais été son objectif...

Le récit de soi, dans le champ littéraire, exige la réunion de critères précis

-un pacte autobiographique entre l’auteur et le lecteur :L’objet doit concerner


le récit d’une vie : de convention entre le lecteur et l'auteur, il s’agit bien d’une
écriture du moi dans Sido. Mais il faut examiner les autres exigences.

-un récit rétrospectif : Il s’agit de l’écriture de souvenirs, compris comme un


passé remis au jour. Dans Sido, c’est bien le cas même si Colette ne respecte
pas un ordre logique ni aucune chronologie.
Sur ce dernier point, elle décide d’évoquer la seule période de ses douze ans.
On peut ainsi dire que ce choix lui permet de laisser libre cours à la
manifestation de sa liberté d’auteure : elle évoque son passé comme elle
l’entend, sans aucune contrainte narrative.

-une triple identité entre l’auteur, le narrateur “je” et le personnage.


C’est justement cette condition qui fait défaut dans Sido. Colette n’a pas voulu
faire un récit autobiographique. Elle écrit pour renouer avec son passé, mais ce
n’est qu’un simple moyen et non un but ultime. Elle le transforme, le sublime,
lui donne une perspective conforme à la femme qu’elle est devenue.
Il n’y a donc pas identité entre :
- l’auteure : l’écrivaine, maîtresse de sa plume,
- la narratrice : Colette, enfant revue et corrigée à l’aune du présent,
- et le personnage de son enfance : la Colette du passé.

Colette crée donc une œuvre littéraire autonome, distincte de sa propre vie.
Nous sommes dans le cadre d’une réécriture impliquant un travail du fond et
de la forme dans un but précis. Lequel ? Loin d’être un récit purement
autobiographique, Sido constitue en réalité un hymne au monde, au monde de
Colette convoqué et entièrement recréé.

Vous aimerez peut-être aussi