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Le cas Ford Pinto

Présentation à l’oral Cours n°2

Pour contrer le raz de marée des voitures japonaises aux USA, Ford a décidé de
lancer une voiture populaire dont le poids serait inférieur à 2000 pounds et le
prix inférieur à 2000 dollars.
Face la progression rapide des concurrents nippons il est décidé d’accélérer le
délai de mise sur le marché de 3 ans et demi à 2 ans. Ce qui eut pour
conséquence de raccourcir les délais de recherche/développement. Les
optimisations à apporter pour sécuriser les véhicules ne pouvaient l’être qu’au
moment de la mise en production.
Avant de lancer la production Ford a effectué des crash tests sur de nombreux
prototypes pour savoir s’ils respectaient les normes de la NHTSA en matière de
prévention des risques d’incendie suite à une collision.
La Pinto ne réussit pas les tests : le choc provoquait une rupture des réservoirs
et de dangereuses fuites d’essence. La seule Pinto à passer le test avait été
bricolée grâce à l’installation d’une pièce de métal entre le réservoir et la
carrosserie arrière…
Aussi la direction de Ford était-elle parfaitement au courant des risques
d’incendie en cas de choc arrière (rear) même à faible vitesse.
 Le dilemme éthique était le suivant :
o devaient-ils poursuivre avec le modèle existant pour respecter les
délais de lancement au risque de mettre en danger la vie des
utilisateurs ?
o ou bien retarder le lancement de la production afin de revoir la
conception du réservoir d’essence au risque de permettre aux
marques nippones de renforcer leur domination sur le marché
pendant une année supplémentaire ?
 Ford décida non seulement de poursuivre avec le modèle existant mais
aussi de continuer à commercialiser le modèle pendants 6 ans.
Qu’est-ce qui explique la décision de Ford ?
A l ‘évidence, la marque s’est appuyée sur un raisonnement coût bénéfice.
Il y avait plusieurs façons de renforcer la sécurité du réservoir d’essence dont le
coût variait entre 5 et 8$ par véhicule ! Mais Ford estima que les coûts étaient
supérieurs aux bénéfices à attendre d’une telle action ! Dans un rapport interne
intitulé « Fatalities Report », Ford donne un cadre de décision à ses managers
(pas seulement dans le cas de la Ford Pinto) pour ce qui concerne les
dommages liés aux collisions entrainant un incendie du véhicule. Dans ce
rapport, les ingénieurs estiment que le coût des aménagements techniques qui
permettraient d’éviter les fuites de carburant serait de 11 $ par véhicule. Les
auteurs analysent les différentes statistiques relatives au nombre de personnes
tuées en cas de collission avec incendie et renversement (rollver) du véhicule et
s’accordent sur une moyenne de 180 par an.
Mais comment évaluer le coût d’une vie individuelle dans ce calcul utilitariste ?
Une étude de la NHTSA produit, de façon surprenante, une telle information !
En moyenne le coût lié au dédommagement des familles de victimes serait de
200 725 $
Ces informations permirent aux dirigeants de Ford de produire le calcul
utilitariste suivant
VOIR SUR DOC EN ANGLAIS

C’est ainsi que le « Fatalities Report » permit d’estimer que, dans le cas de la
Ford Pinto, le coût des aménagements techniques du réservoir serait supérieur
aux bénéfices (coût évités liés aux procès et indemnisations).
Les retombées de cette décision furent les suivantes :
Entre 1971 et 1978, la Ford Pinto fut responsable de 23 décès selon la direction
de FORD, mais 500 selon des sources contradictoires !
La NHTSA finit par remonter ses standards de sécurité et Ford dut mettre la
Pinto aux normes.
5 procès furent intentés contre Ford sur la période. Dans le cas Richard, le
groupe fut contraint de payer 3 millions d’euros de dommages et intérêts.
Une jeune fille de 18 ans fut tuée dans un accident suite à l’explosion du
réservoir de sa Pinto lors d’un choc. Ford fut accusé d’homicide mais le groupe
ne fut pas reconnu coupable de négligence ayant entraîné la mort.
Ford a continué à nier que la Pinto ne réponde pas aux normes de sécurité des
voitures de sa catégorie. Mais ce qu’elle ne dit pas c’est que sa campagne de
Lobbying a permis de retarder de 7 ans l’adoption de standards de sécurité plus
élevés par la NHTSA. Les détracteurs de Ford affirment qu’il y a plus de 40
voitures européennes et japonaises plus sures que la Pinto dans le même
niveau de gamme.
 Accusation 1 (un expert automobile) : « Ford a pris une décision
irresponsable quand ils ont placé un réservoir d’essence aussi fragile
dans un endroit aussi ridicule avec une carrosserie arrière aussi peu
solide ».
Ce cas a-t-il pour autant permis à l’industrie automobile de progresser dans sa
prise de conscience ?

LE CAS GENERAL MOTORS


Nombre d’observateurs pensent que non car un cas similaire est survenu pour
la General Motors avec la mort d’un adolescent suite à l’explosion d’un
réservoir mal conçu et placé…L’entreprise fut contrainte de verser 101 M $ aux
parents de la victime. Comme Ford ,General Motors a continué à nier tout
défaut dans la conception de son camion, parfaitement aux normes
réglementaires.
Par la suite cependant, le département des transports a conclu que ce type de
véhicule était plus susceptible que ceux des concurrents de créer un incendie
en cas de choc. General Motors a refusé de rappeler les véhicules incriminés.
Mais la Cours d’appel de Georgie parvint à montrer que General Motors était
parfaitement au courant des risques mais n’a pas souhaité modifier le véhicule
pour des raisons économiques.

LE CAS DES SUV


Après environ 300 accidents mortels sur des SUV Ford Explorer équipés de
pneus Firestone en 1990, le Congrès a mandaté le NHTSA pour ouvrir une
enquête sur tous les SUV. Des crash tests ont été effectués alors que jusqu’à
présent l’administration se contentait de simulations et statistiques sur ces
véhicules. Le résultat ne se fit pas attendre… Dès 2004, il fut établi que la
Chevrolet Tahoe et la Ford Explorer avaient deux fois plus de chance de subir
une sortie de route avec renversement du véhicule (rollover) que les modèles
de Honda, Nissan et Chrysler…
En réalité, Ford et General Motor disposent de la technologie anti-rollover
(renversement) mais les capteurs et systèmes de stabilité électroniques à
ajouter couteraient plus de 800 dollarspar véhicule. La politique a donc été de
les proposer en option. Idem pour les rideaux air-bag latéraux qui protègent
efficacement les passagers lors d’un crash, le coût additionnel étant de 500
dollars. Mais des roues plus larges, un centre de gravité plus bas et une toiture
renforcée contribueraient également à renforcer la sécurité.
Embarrassés par ces résultats de test, les deux compagnies se sont engagées à
mettre davantage d’équipements de sécurité de série dans les modèles
standards. Deux mois avant la publication des résultats de l’enquête de la
NHTSA, Ford a du s’acquitter d’une des plus lourdes peines pour
l’indemnisation d’un accident mortel (369 millions d’euros ) où les victimes se
sont vues retourner 45 fois en cherchant à éviter un objet métallique !...

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