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HGGSP THÈME 5 : L ENVIRONNEMENT ENTRE

EXPLOITATION ET PROTECTION, UN ENJEU


PLANÉTAIRE

OBJET CONCLUSIF : LES EU ET LA QUESTION


ENVIRONNEMENTALE, TENSIONS ET CONTRASTES

* intro

Comme pour autres thèmes, les problématiques majeures ont été abordées dans les cours
précédents, il convient évidemment de les mobiliser...

A ce stade, vous avez assez de billes pour bricoler une bonne intro en zoomant simplement
progressivement sur les EU : en quoi leur rapport à l’environnement est-il spécifique ? =
précurseurs, existence d’acteurs à la pointe du combat pour l’environnement (logique de
protection) comme à la pointe du saccage organisé (logique d’exploitation) dès les débuts de la
colonisation du « nouveau monde », perçu dès le départ par les colons comme espace reçu de
Dieu, nouveau paradis terrestre d’où l’ambiguïté originelle : espace sur lequel on a tous les
droits, dont on doit se faire « maîtres et possesseurs » mais dont on est aussi le jardinier,
l’intendant, le gestionnaire = grande diversité de réflexions et d’actions en la matière, hésitations
permanentes du pouvoir et de la société civile (au pluriel car absence de consensus) sur cette
question, génératrice de fortes tensions eu sein de la population US comme entre les EU et les
autres nations à l’échelle continentale et mondiale.

Comment le concept de « Destinée Manifeste » permet-il de donner une cohérence globale aux
apparentes contradictions qui semblent façonner, guider, traduire le r apport des Etats-
uniens à l’environnement ?

1. L’environnement aux EU

1.1 Un territoire immense, riche en ressources et rapidement maitrisé/aménagé

- Immensité du territoire US ( près de 10 millions de km carrés) = grande variété de milieux et


de de ressources naturelles : ressources liées aux sols (agriculture) et aux richesses
hydrauliques (fleuves et lacs structurant l’espace), réserves du sous-sol = quasi
autosuffisance des EU depuis toujours, à part pour terres rares. Certes, peak oil atteint ds les
70´s pour pétrole conventionnel oblige le pays à sécuriser son approvisionnement au
MO, mais exploitation récente des gaz et pétroles de schiste ont à nouveau réduit la
dépendance : alors qu’ils importaient 2/3 de leur consommation pétrolière en 2005, ils sont
redevenus exportateurs nets et restent premiers producteurs mondiaux d’hydrocarbures
(2ème pour charbon, 4ème pour or).

Cf. chiffres à jour d’après site de l’AIE :

Les projections de l’EIA à l’horizon 2050

Sur la période 2020-2050, l’EIA prévoit que les États-Unis resteront globalement exportateurs nets
d’énergie. Dans son scénario de référence, l’EIA indique que les exportations américaines de gaz naturel –
par gazoduc vers le Canada et le Mexique et de façon croissante sous forme liquéfiée (GNL) vers d’autres
régions du monde – devraient augmenter d’ici à 2030 grâce à des prix faibles, puis se stabiliser jusqu’à
2050. Les exportations de GNL devraient en particulier très fortement augmenter après 2022 et la mise en
service de terminaux actuellement en construction. Après 2030, les installations américaines ne seront
toutefois « plus aussi compétitives en raison de nouveaux fournisseurs arrivant sur le marché global du
GNL », plus proches des grandes zones de consommation. Les exportations nettes de pétrole et d’autres
hydrocarbures liquides pourraient quant à elles atteindre un pic en 2034(4) avant de baisser selon l'EIA. Les
États-Unis pourraient par la suite à nouveau devenir importateurs nets d’hydrocarbures liquides à
l’horizon 2050 selon le scénario de référence de l’Agence américaine. Des scénarios alternatifs de
l’EIA envisagent toutefois des évolutions très différentes en fonction des variations des prix du pétrole et
des progrès technologiques, signe des incertitudes majeures autour des marchés pétroliers, y compris à
court terme. En ce qui concerne le charbon, les États-Unis, qui disposent des principales réserves prouvées
dans le monde, devraient rester exportateurs nets durant toute la période prise en considération par l'EIA.

- Très rapidement après arrivée des premiers colons européens (1606, premières fondations
anglaises en virginie), conquête et domestication du territoire a profondément transformé
l’environnement : Avant, forêt = moitié du territoire contre 30 pour cent aujourd’hui dont les
2/3 font l’objet d’une exploitation rationnelle. Conquête de l’Ouest s’est accompagnée d’une
mise en valeur intensive, suscitant des inquiétudes dès 19ème ( déforestation + pollution liée
à activité industrielle et agriculture intensive).

Lithographie p. 428 + carte de la conquête de l’Ouest p. 429


= Esprit pionnier, « frontier » qui recule sans cesse jusqu’à ce qu’elle soit conceptualisée par F. J.
Turner et finisse par coïncider avec limites du sous-continent et devienne un mythe constitutif de
l’identité collective des états-uniens (1890, le bureau du recensement des EU déclare la fermeture
officielle de la frontière= fin de la conquête du territoire par pionniers qui vont devoir trouver autres
débouchés...) = puissance, force, positivisme : l’homme est plus fort que la nature et est investi d’une
mission civilisatrice qui le contraint à la domestiquer et à toujours repousser les limites #destinée
manifeste ( J. O sullivan, 1830), messianisme = rapports de domination + sens de la propriété très
fort, qui conduit à se considérer comme possesseur de la terre et, par extension, de l’air, de l’eau
perçues comme de simples « ressources » au service de l’homme, voir même, avec extension du
capitalisme, comme marchandises.
cf. Réseaux de chemin de fer, routier, fluvial impressionnants quadrillant d’est en ouest et du nord au
sud, au gré de l’extension territoriale : great loop, highways, landbridges, Route 66 + érection de
métropoles au cœur d’espaces hostiles : Bâton rouge et Nlle Orléans dans le Bayou, Las Vegas ds le
désert etc...

- Très vite, tensions entre Etats sur gestion/usage (= conflits d’usages) des ressources
naturelles ex. : 1912, construction de grands barrages hydrauliques en Californie provoque
ire de l’Arizona. Biodiversité affectée elle aussi par aménagements si intenses,
anthropisation si violente ex. : disparition des bisons considérés comme obstacles à
l’installation des pionniers, en contradiction avec logiques qui avaient présidé à leur
conservation chez les indiens (chasser juste ce dont ils avaient besoin + les
honorer/remercier de pourvoir par leur mort à subsistance des tribus). En une génération,
population des bisons passe ainsi de 30 millions à quelques centaines, bouleversant le mode
de vie des indiens qui en sont réduits dès l’ouverture des premières réserves en 1853
(Oklahoma) à vivre sur portions d’espace préservées/enclavées au cœur d’un territoire qui ne
leur appartient plus et a été totalement transformé, avant privatisation massive de celui-ci
(1889 = lancement du land run autorisant 200000 personnes à s’approprier terres indiennes.)
Matérialisme, au cœur du projet américain, s’incarne dans le American way of life, justifie
pendant longtemps pillage/gaspillage de ressources (ex. d’extractivisme forcené : ruée vers l
or en Californie à partir de 1848 + forages faramineux d’un Rockefeller, symbole du self
made man et de l’américain dream) destinées à améliorer conditions de vie matérielles des
humains, perçues comme illimitées et destruction d’écosystèmes vus comme autant
d’entraves au triomphe de la civilisation moderne = dégradation de l’environnement avec
érosion accélérée des sols, appauvrissement des carrières, mines et puits de pétrole,
déforestation, aridification et stress hydrique, pollutions atmosphériques, des sols, et des
nappes phréatiques ex. : pollutions au dioxyde de soufre et à l’oxyde d’azote émises par
industries de région des grands lacs jusque ds 80´s ont acidifié précipitations et cours d’eau
des régions voisines, Canada inclu + extractivisme intense du gaz de schiste et fracturation
hydraulique (axe 1 + document 1 p. 432).

1.2 Une politique de protection de l’environnement précoce

- L’approche préservationniste
Texte 4 p. 431 = rapport paradoxal à la nature : le social s’inscrit dans la nature d’où
multiplicité des acteurs, des usages et des conflits qui vont avec...
Ce rapport prédateur à l’environnement n’empêche nullement prise de conscience précoce
d’une partie de la population de nécessité de protéger cet eldorado = touchée par la destruction
des paysages, désireuse de préserver certains espaces de l’emprise de l’homme et conserver leur
dimension sauvage, perçue comme gage de pureté (cf. l’obsession puritaine des WASP Et par
extension des états uniens ) = wilderness. Si les EU sont des pionniers de la protection de la
nature autant que des pionniers de sa destruction méthodique, cette protection s’est dc
longtemps limitée à préservation d’espaces naturels, sans remettre en cause productivisme qui
en était à l’origine = attitude quasiment schizophrène mais qui plonge ses racines dans le même
principe (Destinée Manifeste toujours...) : premiers parcs naturels créés aux EU des fin du 19
eme ex. : Yellowstone ds le Colorado + Yosemite classé parc national en 1890 (Californie) grâce
à action du naturaliste et écrivain John Muir qui fonde aussi le Sierra Club considéré comme
l’une des plus anciennes ONG environnementale mais se heurte parfois aux inévitables conflits
d’usage cf. Texte 2 p. 430 et controverse sur barrage dans le parc de Yosemite, destiné à
l’alimentation en eau de San Francisco
+ H. D. Thoreau et Walden ou la vie dans les bois (1854) où éloge de la nature est lié à critique
de civilisation moderne (institutions, médias etc...).
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/walden-ou-la-
vie-dans-les-bois-6004030

Nouvelle contradiction et nouveau problème, ces espaces naturels, sanctuarisés et rendus


attractifs sont vite dédiés au tourisme (retour aux racines, à la pureté, à l’ordre sauvage etc…) et,
victimes de leur succès (surfréquentation) et sont aujourd’hui hui fragilisés ( Grand Canyon,
geysers du Yellowstone).
texte 3 p. 431 : quelles menaces pèsent sur le Grand Canyon ? Quelles solutions possibles ?
Quels freins ?

- L’approche conservationniste
Les deux mandats de T. Roosevelt, grand chasseur passionné par la nature (1901-1909)
réorientent politique nationale de gestion de ressources = création de 150 forêts protégées, 5
parcs nationaux et 51 réserves ornithologiques + éléments de langage inédits avec expression de
son inquiétude face au gaspillage des ressources (bois, pétrole cf. Lutte contre la standard oil et
démantèlement des cartels avec appareil législatif) pour générations futures : cette fois, la
protection n’est pas liée à mythe d’une nature vierge et pure par opposition à civilisation
marquée par le péché mais intérêt économique : bien gérer pour mieux continuer à exploiter cf.
Gifford Pinchot, qui oppose au préservationnisme philosophique de Muir une approche réaliste :
le conservationnisme
Dans ce but, accroissement du rôle de l’état fédéral ds protection de l’environnement. Ex. :
gestion de l’eau (construction de barrages, surveillance des cours d’eau ) confiée à une agence
fédérale, le Reclamation Service, en lien avec l’institut d’études géologiques des EU

Carte 1 p. 417
Aujourd’hui hui, gouvernement fédéral reste acteur majeur de la gestion environnementale, à
l’échelle nationale : possède près du quart du territoire (carte ci-dessous).
L’EPA (Agence de protection de l’environnement) et le NSP (Service des parcs nationaux)
ont une compétence nationale. Si les états peuvent mettre en place mesures de protection,
comme en Californie, face aux pénuries d’eau, l’exploitation des ressources est gérée par
Washington. Mais tendance = désaccords croissants entre état fédéral et états fédérés/villes
(#metropolisation) qui revendiquent plus grande décentralisation de la politique
environnementale : où l’on retrouve nos problèmes de gouvernance : quelle échelle la plus
pertinente ? Enjeux globaux mais action concrète la plus efficace = la plus fine, au plus près
du terrain.
ex. : les sénateurs des états de l’Ouest ont bloqué l’ouverture des parcs naturels à l’exploitation
pétrolière voulue par Trump (rappeler ici le fonctionnement du système américain et rôle majeur
du congrès que le président ne peut contourner) : bras de fer état fédéral VS états fédérés et ville
cf. Carte p. 427 + texte 5 p. 433 sur résistance de Pittsburgh, décidée à respecter engagements
des accords de Paris comme c’est le cas de 400 villes américaines + texte 4 p. 433 sur sommet
de l’alliance des états fédérés pour le climat.
Noter multiplicité des acteurs engagés dans transition énergétique, rôle moteur de certains états/
certaines villes comme Californie qui s’engage à totalité d’électricité verte d’ici 2045 ou ville de
NY, membre du C40 (villes = 75 pour cent de la consommation d’énergie et villes tentaculaires
sont les plus énergivores, là où ville moyenne, à échelle humaine, permet au contraire
économies d’échelle par rapport à dispersion des zones rurales) = idée selon laquelle les
initiatives locales peuvent suppléer à incurie nationale voire même aller à l’encontre des
décisions prises à cette échelle.
Cf. Photo 3 p. 435
Attention, noter que cette tendance est récente et que, pendant très longtemps, ce sont les initiatives de
l’état fédéral qui ont contraint les états fédérés à limiter le saccage (1963 et Clean Air Act qui pose bases
de règlementation pesant sur industrie automobile, en dépit des résistances du lobby automobile
effrayé...1970, création de l’agence de protection de l’environnement, 72 lois sur pollution des eaux et
littoral, 1990 et new Clean Air Act). Du moins jusqu’à nouveau rebondissement en 2022 : la très
conservatrice Cour suprême des Etats-Unis a limité les moyens de l’Etat fédéral de lutter contre les gaz à
effet de serre, une décision qui pourrait avoir un lourd impact sur le réchauffement climatique. Ses six
juges conservateurs ont estimé, contre l’avis de leurs trois collègues progressistes, que l’Agence pour la
protection de l’environnement (EPA) ne pouvait pas édicter de règles générales pour réguler les émissions
des centrales à charbon, qui produisent près de 20 % de l’électricité aux Etats-Unis. La Maison Blanche a
immédiatement dénoncé une décision « dévastatrice » et appelé le Congrès à « mettre l’Amérique sur le
chemin d’un futur énergétique plus propre et plus sûr ». L’ONU et son secrétaire général ont également
réagi. Antonio Guterres a jugé par la voix d’un porte-parole que l’arrêt de la Cour suprême américaine
limitant les moyens de l’Etat fédéral de lutter contre le réchauffement climatique marquait un « recul »
dans la lutte contre la crise environnementale. « Nous pouvons dire qu’il s’agit d’un recul dans notre lutte
contre le changement climatique, alors que nous sommes déjà très en retard dans la réalisation des
objectifs de l’accord de Paris » adopté en 2015, note le porte-parole dans un communiqué.

1.3 Une opinion publique de plus en plus mobilisée


- Mouvement hippie, rejet de la société de consommation, retour à la nature. Réfléchir au lien
avec modèle politique : promotion de la communauté de vie c’est à dire échelle locale, ppes
de l autogestion etc... cf. Municipalisme libertaire + controverse de G. Harding ( « tragédie
des communs » VS Elinor Ostrom (voir axe 1)
A l’issue des 30 glorieuses, avec place grandissante de l’environnement dans préoccupations,
sous l’influence d’acteurs privés (acteurs industriels investissant dans l’économie verte),
volonté de développer pratiques plus respectueuses de l’environnement s’affirme :
multiplication des initiatives pour gestion des déchets et de l’eau, agriculture biologique,
énergies « propres », transports doux, habitat ecoresponsable : devt d’un langage spécifique.
Ce phénomène est amplifié avec révolution numérique et technopoles deviennent les incubateurs de
technologies destinées à limiter impact de l’activité humaine sur l’environnement grâce à
efficience énergétique et dématérialisation, action locale, coopération, concertation et
horizontalité , mais toujours ds cadre d’un système global et extrêmement concentré,
hiérarchisé, et organisation scientifique du travail (capitalisme oblige) cf. Google et Tesla qui
investissent ds technologies innovantes de l’environnement + afficionados de la « troisième
révolution industrielle », J. Rifkin en tête.
+ hubs alimentaires régionaux encouragés par les états facilitent mise en place de circuits courts :
ex. : les 200 producteurs locaux d’Oklahoma City alimentent 3800 consommateurs réguliers.
* https://www.terraceus.org/brooklyn-grange-ferme-durable-et-rentable-a-ny/ : présentez
oralement Brooklin grange en particulier et la montée en puissance des circuits courts en ville
comme à la campagne.

- Ces entrepreneurs, promoteurs de nouveau modèle sont relayés par « stars » converties à
l’écologisme : cf conférences et films de Al Gore ( doc. 3 p. 427), engagement d À.
Schwarzenegger, gouverneur de Californie (aux côtés de G. Thunberg) = essor d’un
marketing écologiste décrié par nombre d’écologistes qui considèrent qu’il s’agit de la
prévarication du mouvement, digéré par le système, récupéré et trahi par des partis, des
institutions, des pratiques antinomiques à ce qu’il professe. On le voit en France avec attaque
par les décroissants de N. Hulot l’« hélicologiste », de A. Bertrand et même de films à gros
succès comme « Demain » à qui ils reprochent d’être trop consensuels, bisounours ou
carrément compromis par leur collaboration avec pollueurs (multinationales + trajets en
avion plombant leur bilan carbone etc...) : lire un article de la rubrique «L’ecotartuffe du
mois » ds La Décroissance.
ONG de protection de l’environnement également très actives cf. Institut de recherche
environnementale Worldwatch (édite chaque année un rapport de référence sur l’état de la
planète + ONG spécialisées (cf. Le Sierra Club déjà cité, qui s’occupe de protection des
espaces « sauvages », ou encore associations de lutte contre changement climatique, de
protection des littoraux ou bien même de certaines espèces en voie de disparition) + accueil
d’ONG non américaines comme WWF ou Greenpeace. Importance également des citoyens
qui se mobilisent pour faire pression pour meilleure justice environnementale.
Exposé sur les lanceurs d alerte aux EU : comparez avec législation dans d’autres pays,
évoquez problèmes que cela pose
Ex. Erin Brockovich ds les 90 ´s, lanceuse d’alerte sur questions de la contamination au chlore
de l’eau potable d’une ville californienne.
Lanceur d’alerte aux EU = statut ancien et ambigu : La première loi américaine date de 1863
: le False Claims Act. Elle était destinée à récompenser pendant la Guerre Civile les personnes
qui dénonceraient les fraudes commises par les sous-traitants de l'armée américaine. Parmi
l'arsenal législatif qui a continué à s'étoffer, le Whistle-blower Protection Act datant de 1989 se
distingue car il a permis de protéger les lanceurs d'alerte du secteur public. Dans le privé,
spécialement dans les secteurs stratégiques comme le nucléaire, l'agroalimentaire ou l'aviation,
les salariés qui dénoncent des pratiques illégales ou dangereuses bénéficient officiellement
d'une protection contre les représailles de leur employeur. Officieusement, la protection est
différente selon les États américains et les lanceurs d'alerte du privé ne disposent pas de la
même protection que celle qui couvre les employés fédéraux.
Aux États-Unis, la protection des « whistleblowers » dépend notamment du sujet abordé par la
dénonciation et du statut du dénonciateur. Un ensemble complexe de lois adoptées entre 1912 («
Lloyd-La Follette Act ») et 2002 (« Sarbanes-Oxley Act ») a été modernisé par un nouveau projet
de loi intitulé « Whistleblower Protection Act » présenté en 2007 qui récompense les
dénonciateurs de fraudes fiscales en leur garantissant 30 % des montants récupérés grâce à leurs
informations. Bradley Birkenfeld, ancien banquier américain d'UBS, a perçu 104 millions de
dollars pour avoir permis à l'État de recouvrer 5 milliards d'impôts dus. Sa dénonciation a aussi
permis au fisc américain d'engranger 780 millions de dollars d'amendes payées par UBS pour
échapper à un procès qui aurait pu faire perdre la licence d'exploitation à la banque.
Le système américain est paradoxal. Certes, l'utilité des lanceurs d'alerte est reconnue. La justice
américaine les définit comme « l'outil le plus efficace dans la lutte et la punition des fraudes
perpétrées contre les États-Unis ». Mais cette protection est assujettie à d'innombrables textes qui en
limitent le statut (délais de procédures, nature de la fraude décrite, secteur d'activité...) Edward
Snowden réfugié en Russie et Chelsea Manning en prison sont des exemples des difficultés rencontrées
par les lanceurs d'alerte. Barack Obama a utilisé une loi, l'Espionnage Act (loi de 1917), à sept
reprises contre des employés fédéraux qui avaient révélé des informations liées à la défense ou au
renseignement. Les présidents précédents avaient utilisé seulement trois fois ce recours.
Comparer avec France (Grenelle de l’environnement et évolution de la législation, affaire
mediator) + formuler questions éthiques (délation, illégalité cf. Jose Bové et fauchage d OGM et
démontage de mc do etc...)

- + engagement de communautés/minorités (faire un point sur communautarisme ds «


l’Amérique en miettes », Mark Lilla, sur la « gauche identitaire » : cette fragmentation de
l’identité ne nuit elle pas à cause environnementale ? Ou bien au contraire universalité de la
question sera-t-elle un vecteur capable de transcender ces aspirations à la différentiation, à
l’identitarisme ?) ex. : communauté noire ds les 90 ´s car particulièrement victime des
scandales écologiques (précarité, habitat insalubre etc...) avec en 2017, victoire en justice
des citoyens de la ville de Flint (noirs) contre gouvernement fédéral et état du Michigan
après mort de 17 personnes empoisonnées au plomb + marche des femmes 2017 et
mobilisation en 2017 de tribus indiennes contre projet de pipeline traversant territoires
sacrés des sioux du dakota du nord (cf. carte ci-dessous) = intersectionnalité des luttes.
Même si parti écologiste reste ultra minoritaire (1 pour cent des voix en 2020 : débats sur
« vote utile » sachant que certains démocrates ont reproché aux verts de disperser voix
progressistes aux profit des républicains, réputés moins sensibles à ces questions), partis
républicain et démocrate intègrent éléments de langage environnementaux et Opinion de
plus en plus sensible à ces questions cf. « Green new deal » de la campagne électorale de
2020 : https:// information.tv5monde.com/info/climat-le-green-new-deal-d-alexandria-
ocasio-cortez-peut-il- changer-la-donne-322761
2. L’environnement, les EU et le monde

2.1 Un impact environnemental mondial

Première (ou 2ème selon indicateurs utilisés) économie mondiale = impact majeur sur
l’environnement ayant répercussions bien au-delà de leurs frontières : consomment 20 pour cent de
l’énergie (deuxième rang mondial) et émettent 11 pour cent des GES (même rang). L’empreinte
carbone par habitant des EU est de 21 tonnes d’équivalent CO2 contre 11 en UE et 8 en Chine.
Comme tous les pays développés, ils contribuent également à pollution dans pays producteurs des
biens qu’ils importent massivement (à hauteur de 23 pour cent du total) : Chine, Mexique. Idem
pour ressources exploitées cf texte 1 p. 436 et BD Texaco (rachetée par Chevron et responsable
d’un saccage environnemental ds le cadre d’exploitation du pétrole d’Equateur depuis des
décennies = écocide dénoncé par citoyens équatoriens et sanctionné par cour constitutionnelle de
l’Equateur en 2018 mais EU refusent de payer et dénoncent corruption et partialité des juges).
+ surconsommation d’énergie ( cf. Physionomie des villes, bâties dans un contexte d’énergie
abondante et gratuite et sans contrainte d’espace = étalement et « tout pour la bagnole »), d’eau
et de tout le reste ( mode de vie, « way of life ») = 5 planètes Terre nécessaires pour satisfaire
les besoins de 7/8 milliards de personnes vivant de cette manière.
Contribution des EU à lutte contre changement climatique, pollutions, raréfaction des ressources
est donc essentielle mais c’est pas gagné...
2.2 Endosser le leadership mondial de la protection de l’environnement ?

Du début de la prise de conscience que des efforts considérables devaient être déployés à échelle mondiale
pour protéger environnement qui est notre bien commun, EU endossent responsabilité morale de protéger
la planète : consensus politique ds les 60´s 70´s, incarné par création de l’agence de protection de
l’environnement (EPA) en 70 dont la mission est de protéger santé humaine et de sauvegarder éléments
naturels essentiels à la vie. Partis démocrate et républicain intègrent certaines éléments de langage
écologistes et Nixon fait adopter le Clean Air Act en 1970 tandis que Obama part de cette législation
antérieure pour porter son Clean Power Act (plan sur les énergies propres) et signer accords de Paris 2015.
Les États-Unis ont donc tenu un rôle prépondérant dans la négociation internationale sur le climat,
plusieurs des orientations actuelles de la coopération climatique leur sont directement attribuables. Ainsi,
le principe des mécanismes flexibles, qui comprennent notamment le très critiqué marché du carbone, a
été posé par les États-Unis comme condition à leur ratification du protocole de Kyoto – un protocole qu’ils
refuseront finalement de ratifier, après avoir fait traîner leur décision pendant près de quatre ans

2.3 « Notre mode de vie n’est pas négociable »

En effet, à partir des 90´s, politique états-unienne devient réticente aux mesures contraignantes = refus de
multilatéralisme alors même que la décennie est marquée par l’hégémonie de l’hyperpuissance qui, en
politique étrangère également, dissimule de plus en plus mal son attachement à l’unilatéralisme dès que le
multilatéralisme ne va pas dans sens de leurs intérêts ou tout simplement de leurs convictions : « notre
mode de vie n’est pas négociable » ( Bush, le papa, au sommet de Rio en 1992 ; « le mode de vie
américain, c’est sacré » Bush, le fils, justifiant la non ratification de Kyoto ; « Nous n’allons pas nous
excuser pour notre mode de vie, nous le défendrons sans relâche », Obama : démocrates et républicains ne
sont pas si éloignés sur ce point et tiennent pour la Destinée Manifeste des EU, qu’il s’agisse de sauver la
planète ou de propouvoir un mode de vie, même si les deux sont inconciliables) cf. Interventions sans veto
de l’ONU qui est le pendant du refus de ratifier le protocole de Kyoto en 1997 ( idem pour CPI). Autre
facteur d’explication : montée en puissance économique de la Chine, jusque à l’actuelle guerre
économique : toute contrainte exercée sur EU en matière de protection de l’environnement nuirait à sa
compétitivité (dumping environnemental, les normes américaines n’étant pas très contraignantes, en
témoignent les oppositions nombreuses au TAFTA qui craignaient un nivellement par le bas pour l’UE en
cas d’accord #boeuf aux hormones, poulets javélisés etc...). La résolution Byrd-Hagel, votée à l’unanimité
du Sénat américain en 1997, impose dc aux États-Unis de ne pas entrer dans un accord international
contraignant sur le climat, au motif qu’un tel accord ferait peser un poids disproportionné sur l’économie
américaine. Depuis, les États-Unis ont toujours milité pour un accord non contraignant et cette position a
beaucoup influencé le choix des négociateurs de l’accord de Paris d’opter pour un accord universel plutôt
que contraignant. Dès ses débuts, les modalités de la coopération internationale sur le climat dépendent de
la position américaine davantage que de celle de tout autre pays.

Texte 5 p. 435 : éloge des hydrocarbures de Trump


Arrivée de Trump au pouvoir accentue encore cette tendance : climatoscepticisme (cf. carte ci-
dessous), retrait de l’accord de Paris ( tentative de prise de leadership par Macron, « make our
planet great again » + montée en puissance des Chinois pour la « civilisation verte » cf. Axes 1 et
2), blagues climatosceptiques (le CC serait un fake et « un complot des chinois » etc...) et
multiplication des projets de lois destinés à encourager extractivisme, productivisme en n’hésitant
pas à taper dans les espaces protégés : plus de 100 lois de protection de l’environnement mises en
cause depuis son arrivée au pouvoir ( dont la législation mise en placé sous Nixon, le National
Environmental Policy Act) + 90 procès contre le gouvernement qui n’a eu gain de cause que 4 fois.
https:// www.courrierinternational.com/article/etats-unis-environnement-donald-trump-
deregulateur-en- chef + carte 2 p. 427
Texte 2 p. 436, texte 2 p. 437 et doc. 4 p. 437
Pourtant, la santé de l’économie états-unienne venant en tête des motifs de ces réticences à
accentuer les efforts, certaines actions impliquant opinion publique, image et « consomm’action »
ont pu faire suffisamment pression sur les multinationales américaines pour que celles-ci modifient
leurs pratiques cf. Campagne Detox lancée par Greenpeace en 2011 contre Nike. Mise en œuvre
par de nombreuses multinationales des ppes du DD : RSE (responsabilité sociale des entreprises)
+ reporting extra financier (qui mesure impacts environnementaux et sociaux) = indicateurs qui
comptent pour image de l’entreprise = soft low (non contraignant juridiquement). EU = mauvais
dans ce classement...

Pourtant, depuis qq. temps, sous pression de l’opinion publique ( et donc des consommateurs
potentiels), entreprises états-uniennes cherchent à améliorer cette très mauvaise image cf. Label B-
corp pour 1600 multinationales + 2800 entreprises) + intégration à la loi de 30 états US du concept
de benefit corporation qui protège entreprises accusées par leurs actionnaires de privilégier RSE (
c’est à dire l’éthique...) au détriment du profit alors que ds la logique B corp, les deux dimensions
doivent être mises sur même plan. Insister sur le fait que ds un monde ou primat va à l’économie et
où les états ont perdu marges de manœuvre (#mondialisation), les dirigeants économiques qui
tiennent les véritables manettes doivent endosser leurs responsabilités géopolitiques.
Évidemment, certains déplorent le manque d’ambition de ces réformes qui permettent simplement au
système de mieux durer, et les qualifient de greenwashing mais dans un monde qui perd, il n’y a pas
d’entreprise qui gagne et il est évident que les entreprises ont intérêt à prendre en compte tous ces
facteurs pour continuer à faire du profit.

De plus, malgré la grande polarisation du débat public américain sur ces sujets, trois Américains sur quatre
(74%) estiment que la réaction de leur gouvernement est trop lente, et une proportion comparable (72%)
estime nécessaire de réduire notre consommation de biens et d’énergie. Les Américains sont toutefois
nettement plus réticents à l’idée de mesures coercitives ou fiscales pour parvenir à leurs objectifs : seule
une moitié d’entre eux (50%) soutient l’idée de mesures plus strictes pour modifier les comportements
individuels, contre deux tiers des Européens (66%) et 90% des Chinois.
Arrivée de Joe Biden était censée changer la donne, ce dernier ayant qualifié la crise environnementale de
« menace existentielle » et étant revenu dans les accords de Paris mais le bilan est mitigé : l'administration
Biden a proposé ou mis en œuvre huit réglementations environnementales majeures, notamment la règle
climatique la plus stricte du pays : garantir que les deux tiers des nouvelles voitures particulières et un
quart des nouveaux poids lourds vendus aux États-Unis soient entièrement électriques d'ici à 2032.
Aux réformes climatiques s'ajoutent 370 milliards de dollars de fonds pour les énergies vertes (loi votée en
2022 sur la transition énergétique). Le tout pourrait propulser les États-Unis au premier rang de la lutte
contre le réchauffement climatique. Mais le président américain a dû faire des concessions que lui
reprochent les militants environnementaux. En mars, Joe Biden a dû soutenir le projet d’un gazoduc
controversé pour que l'accord sur la limite de la dette soit approuvé. Mais ce que les militants considèrent
comme « la plus grosse claque » de l’administration actuelle est l’autorisation du « Willow project » qui
veut forer du pétrole en Alaska. Ce projet débouchera sur 576 millions de barils de pétrole en 30 ans, avec
des émissions de CO2 équivalant à 60 centrales à charbon par an. En d’autres mots, le plus gros projet
pétrolier des États-Unis, et surtout une bombe climatique. Or, Joe Biden avait promis d'empêcher toute
nouvelle exploitation d'or noir ou de gaz sur le territoire. Par ailleurs, il ne s’est pas rendu à la cop 28 et
les EU ont résolument défendu la position à Dubaï selon laquelle la crise environnementale ne serait pas
résolue contre les Majors du pétrole mais avec…cf. nlle donne énergétique (notamment guerre en Ukraine
et sanctions russes qui boostent exportations de GNL états-uniennes) avec niveaux de production jamais
atteints cet été et désir de passer « de l’indépendance à la dominance » en la matière.

Conclusion

Réponse à question initiale est évidente : paradoxe apparent entre protection précoce de
l’environnement et saccage de celui-ci est résolu par ce fil conducteur de toute l’histoire de la
nation américaine : destinée manifeste, messianisme, exceptionnalisme. De même qu’il explique
aussi bien isolationnisme -relatif- (protéger leur modèle supérieur) qu’interventionnisme (exporter
ce modèle supérieur, imposer la paix americana), il explique anthropocentrisme satisfait qui
considère que la nature est à sa disposition pour satisfaire tous ses caprices et même prométhéisme
et refus des limites (hybris) ET sens des responsabilités qui va jusqu’à désir de protéger création, de
sauver le monde.

Pour aller plus loin : le survivalisme à la sauce américaine, entre ultra-conservatisme, anti-
systémisme, deep ecology, mythe du wilderness :
https://www.cairn.info/societes-en-danger--9782348072352-page-34.htm
https://maze.fr/2020/02/le-film-culte-into-the-wild-a-la-poursuite-du-bonheur/
Survivalisme
Cop 28

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