Actes Travail Social Pauvreté Et Accès Des Enfants À Leurs Droits Fondamentaux

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Comment le travail social peut-il favoriser l’accès des enfants


pauvres à leurs droits fondamentaux ?
Une « Contribution vivante »
organisée par DEI-France

– sous la forme d’une après-midi


débat le 3 février 2018 à la Cité de
refuge (Paris 13è)

– dans le cadre de la Concertation


pour la prévention et la lutte contre
la pauvreté des enfants et des jeunes

Toulouse, « La réquisition du Quai Saint-Pierre », un petit film réalisé par les enfants

Programme de la rencontre
1. Présentation de l’après-midi
par Sophie Graillat, présidente de DEI-France
2. Plaidoyer « Pour un travail social au service des droits fondamentaux »
par Colette Duquesne, administratrice de DEI-France
3. Enfances Sans Domicile Fixe
– Droit à la santé et au développement : « Familles en errance »
Extrait du film de Christine DAVOUDIAN et Jeanne LORRAIN. Témoignages des personnes (femmes et enfants) aux prises avec cette
réalité, mais aussi des professionnels qui les rencontrent au quotidien. Quel accueil et quels soins possibles dans les lieux institutionnels et
associatifs pour faire face à la violence de l’errance et de ses conséquences sur la vie psychique et sur l'organisation familiale ?
– Droit au logement et à la vie décente : « Un toit sur la tête »
Extrait du film d’Olivier COUSIN : la mobilisation des travailleurs sociaux du Samu social de Toulouse pour sortir par des « réquisitions
citoyennes », des dizaines de familles de la rue, en créant, en collectif avec de nombreux bénévoles, des solutions alternatives, puis en
interpellant l’État pour les faire reconnaître.
– Table ronde n° 1
Débat avec Thomas COUDERETTE , Christine DAVOUDIAN, Sylviane GIAMPINO, Annabelle QUILLET
4. Sortir de l’Aide sociale à l’enfance
– Table ronde n° 2 : Droit à l’autonomie. Débat avec les membres de REPAIRS
A partir d'une recherche de l’ONED (Observatoire National de l’Enfance en Danger) , de jeunes chercheurs « pairs » sortant de la
protection de l'enfance ont pu analyser leur vécu d'enfant et leur sortie de la protection au regard de leurs droits fondamentaux.
L’association REPAIRS (ADEPAPE 75) qu’ils ont crée récemment à un double objectif : être un lieu d’entraide pour ceux qui sortent
aujourd’hui et faire partager leurs expériences, afin de réfléchir à des politiques publiques respectueuses de l'intérêt de l' enfant.
5. Nouvelle définition du travail social et accès aux droits fondamentaux
Quelles formations, pratiques, protection de la mission professionnelle pour favoriser l’accès des enfants, des jeunes, des familles en
situation de pauvreté à l’ensemble de leurs droits fondamentaux ?
–Table ronde n°3
Débat avec Régis SÉCHER et Joran LE GALL

6. Conclusion
– Si l’on devait en retenir 3 axes forts...

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1. Présentation de l’après-midi
par Sophie Graillat, présidente de DEI-France

Qui est DEI-France ?

DEI-France est la branche française de l’ONG Défense des enfants international. Elle veille à l’application par notre pays de
ses engagements internationaux au titre de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (ou CIDE) et de
ses protocoles additionnels. Les actions que nous menons depuis bientôt 20 ans, pour faire évoluer nos lois, nos politiques
nationales comme territoriales, et nos pratiques envers les enfants, visent à un meilleur respect effectif de l’ensemble de leurs
droits pour tous les enfants sur le territoire, où qu’ils se trouvent et quelle que soit leur situation.

Nous sommes convaincus que seule une approche globale de la personne de chaque enfant, considéré comme un sujet de
droit et non seulement comme un petit être vulnérable avec des besoins spécifiques, permettra d’avancer vers un meilleur
respect de la dignité de tous et vers une société plus humaine et démocratique.

DEI-France attache beaucoup d’importance à la diffusion de cette connaissance auprès des enfants, des jeunes, des parents,
des professionnels et à leur appropriation comme des droits de l’homme. La création en 2017, d’ un outil pédagogique, une
exposition interactive intitulée « Des droits de l’homme aux droits de l’enfant » à retrouver sur le site « Educadroit » du
Défenseur des droits https://educadroit.fr/centre-de-ressources/des-droits-de-lhomme-aux-droits-de-lenfant , nous permet de
nombreuses rencontres dans toute la France avec ces publics. Et chacun de vous peut venir se former à l’animation de
l’exposition ou être porteur d’un projet de diffusion.

Nous savons par ailleurs que les droits sociaux – à un logement, à des revenus suffisants, à des conditions de vie dignes –
conditionnent tous les autres droits des enfants, à l’intimité, à une vie familiale, à suivre une scolarité, à accéder aux soins, à
la culture, à grandir et s’autonomiser en somme. Et que ce sont les enfants et leurs familles qui sont les mieux à même de
nous dire ce qu’ils vivent et ce dont ils ont besoin, c’est-à-dire que ces droits sociaux ne peuvent être respectés sans
l’exercice des droits à participation des personnes, y compris des enfants eux-mêmes.

Pourquoi cette « contribution vivante » ?

Le constat que notre pays régresse sur la lutte contre la pauvreté des enfants, avec des conséquences désastreuses pour
ces derniers.

Les droits de l’enfant ont progressé dans le monde, et particulièrement dans les pays en développement : la mortalité infantile
baisse, la malnutrition aussi, la scolarisation progresse, l’exploitation des enfants au travail est de plus en plus dénoncée, les
traitements préjudiciables et discriminatoires vis-à-vis des filles sont remis en cause, même s’il reste encore beaucoup à faire.
Paradoxalement, en France, alors que nous avons une tradition sociale ancienne, que les « grands » droits de l’enfant – à être
protégé au travail, contre les maltraitances, à être scolarisé ou à avoir un traitement en Justice adaptée à son âge – existent
depuis plus d’un siècle, alors qu’au début des années 2000, les lois, notamment au plan civil, ont été mises en conformité
avec les exigences de la CIDE, notre pays qui est pourtant la 6 ème puissance économique mondiale, semble marquer le pas
depuis une décennie.

Les inégalités sociales s’accroissent et pèsent sur leur développement des enfants, sur leur parcours scolaire, sur leur
insertion de jeunes adultes dans la société. Les inégalités d’accès à leurs droits fondamentaux en fonction du lieu où ils
résident sur le territoire sont également courantes, en Outre-Mer particulièrement, mais aussi en Métropole. L’accès au droit
commun est de plus en plus refusé à ceux qui, enfants étrangers pris dans la tourmente des migrations diverses, trouvent
refuge ou transitent par la France. La justice enferme de plus en plus les enfants en conflit avec la loi, fussent-ils victimes de
réseaux de traite des êtres humains…

Une situation devenue insupportable

Militants des droits de l’enfant, nous ne pouvons plus nous contenter d’un travail de plaidoyer qui, s’il produit ses fruits
parfois dans la législation et quelques grandes orientations politiques, ne se traduit pas concrètement in fine par un meilleur
respect effectif des droits des enfants au quotidien.

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Certains travailleurs sociaux qui accompagnent tous les jours les enfants, particulièrement les plus vulnérables, n’en peuvent
plus de « devoir » refuser aux enfants et familles, pour des questions de manque de volonté politique et de moyens, les
services que leur travail est censé leur procurer – avoir un domicile stable, aller à l’école, être soignés, protégés contre toutes
les violences, faire valoir leur projet d’émancipation et d’intégration dans la société…

Alors des travailleurs sociaux se mobilisent ici et là – en n’hésitant pas à se mettre en danger – pour mener des actions
peut-être illégales mais qu’ils considèrent légitimes au regard de la dignité des personnes qu’ils accompagnent, c’est -à-dire
au regard du respect des droits fondamentaux inconditionnels, et des tribunaux leur donnent raison, obligeant ainsi les
institutions en charge, État comme Collectivités, à parler à ces travailleurs sociaux, avec les familles accompagnées et à
trouver ensemble des solutions. C’est le cas de la formidable expérience d’accompagnement lancée par le GPS à Toulouse,
pour l’accès effectif à leurs droits des enfants, de leurs familles et d’autres personnes demandeuses d’un hébergement au 115.

Combattre la pauvreté des enfants passe par l’accès à l’ensemble de leurs droits fondamentaux. Le rôle du travail
social est de participer à cet accompagnement : une approche susceptible de fournir des propositions concrètes pour
diminuer la pauvreté des enfants

Alors que se déroule une concertation par le gouvernement sur la prévention et la lutte contre la pauvreté des enfants et des
jeunes, DEI a donc souhaité mettre cet accès aux droits fondamentaux des enfants comme référence forte, solide,
incontournable et universelle pour rebâtir le travail social sur ses nouvelles bases légales et repenser la prévention et la lutte
contre la pauvreté des enfants et des jeunes.

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2. Plaidoyer
« Pour un travail social au service des droits fondamentaux »
Appel à contribution suite à la nouvelle définition du travail social

Présentation de Colette Duquesne, administratrice de DEI-France

« Pour un travail social au service des droits fondamentaux des adultes et des enfants » http://travailsocial.wesign.it/fr est
l’intitulé d’un plaidoyer, qu’il y a un an seulement, DEI-France et le GPS (groupement pour la défense du travail social )
vous proposaient de signer et de diffuser. Ce plaidoyer se voulait être une double contribution.

La première, une contribution aux États généraux du travail social (EGTS), engagés par le président de la
République en janvier 2013, dans le cadre du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté, pour « redonner au travail social,
sens, un projet politique fort et les professionnels dont il a besoin ».

Du fait de l’organisation et des contenus pré-déterminés, les EGTS ne nous ont pas permis, malgré nos tentatives – plusieurs
d’entre nous à DEI-France étaient ou avaient été travailleur social – de mettre en débat la question essentielle : Comment
refonder le travail social sur l’accès des personnes adultes et enfants à leurs droits fondamentaux reconnus dans nos lois
nationales, notre constitution et nos conventions internationales ? A l’exigeante notion de droits fondamentaux des enfants de
la CIDE, on préférait celle de besoins fondamentaux, s’émancipant à la fois du principe d’indivisibilité entre les droits civils
et politiques et les droits économiques, sociaux et culturels, et des mécanismes juridiques d’application et de contrôle,
protecteurs de ces droits et fruits d’un combat collectif de plus d’un siècle.

Aborder par exemple, la question des conditions de vie indignes, voire dangereuses pour la santé et le développement des
enfants, c’était à tout coup, s’entendre dire que « Beaucoup vivent comme ça , l’important n’est pas là, la pauvreté matérielle
n’empêche pas un parent d’aimer son enfant, de préserver sa sécurité et son éducation... »

Une cécité sociale qui permet l’adaptation à la pauvreté, la relativisation de ses conséquences destructrices en termes de liens
familiaux et l’acceptation de son extension, puisqu’elle touche aujourd’hui, un enfant sur cinq. Des enfants qui ne sont plus
parfois des enfants, mais des « sans domicile fixe », « des enfants du 115 », des « extra-territoriaux » dont on refuse l’accès à
l’école, à la cantine, aux centres de soins, aux centres de loisirs ... parce que même nés dans notre République aux valeurs si
affirmées, ils n’appartiennent à aucun territoire. Une cécité sociale qui coûte cher aux enfants et aux parents, comme en
témoignent si profondément Sonia ( mère de 3 enfants ) et (Naïma, enfant de 8 ans), dans le film « Familles en errance » de
Christine Davoudian, médecin de PMI, confronté comme tous les professionnels du social, de la prévention, du soin à ce
véritable défi d’accompagner au quotidien de plus en plus d’enfants de familles en errance.

Et ce, en pleine conscience des graves répercussions psychologiques et psychopathologiques et sur plusieurs générations
qu’ils vont occasionner, comme le dit le pédopsychiatre Bernard Golse, chef de service en pédopsychiatrie à l’hôpital Necker.
Car l’enfant, dit-il, dont les parents sont dans un échec sociologique de cet ampleur, dans l’errance, exclus des systèmes de
soins et d’assistance... ne peut penser son histoire familiale qu’en termes de faute de ses parents, qui va lui faire honte.

La deuxième – après deux années de travail intensif au sein du collectif AEDE ( Agir ensemble pour les droits de
l’enfant ) qui réunit près de soixante associations pour construire ensemble un rapport alternatif au rapport gouvernemental –
une contribution pour accélérer la mise en œuvre des recommandations du Comité des droits de l’enfant de l’ONU qui,
préoccupé par l’accroissement de la pauvreté des enfants depuis 2008, notamment celle des sans domicile fixe et des jeunes
sortants de l’ASE, demandait à la France un plan d’urgence pour, au vu de sa puissance économique, trouver les moyens de
sécuriser les conditions d’existence de tous ses enfants, de protéger leur développement et leur santé et de les traiter avec
égale dignité.

Les membres de l’Association REPAIRS, l’ADEPAPE 75, sortis de la protection de l’enfance il y a quelques années,
témoigneront de leur action d’entraide vis-à-vis des jeunes sortants actuellement de l’ASE et de leur participation collective,
à partir de leur vécu d’enfant, à la réflexion sur les politiques publiques de la protection de l’enfance, pour un meilleur
respect de leurs droits fondamentaux.

En cours de rédaction du plaidoyer, en avril 2016, alors que s’éternisent les EGTS, paraît un article de TSA ( Travail social
Actualités » dans une rubrique intitulée « Travailleurs sociaux en quête de sens » sur Annabelle Quillet, travailleur social au
Samu social qui déclare « Quitte à travailler dans l’illégalité, autant que cela soit en faveur des publics ».

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En découvrant le GPS (Groupement pour la défense du travail social), leur action radicale, totalement inédite dans l’histoire
du travail social – marqué en France, par son effacement de l’espace public où se crée la citoyenneté – je pars immédiatement
à sa rencontre pour comprendre « Mais comment en êtes vous arrivés là ? »

Et Annabelle raconte. Elle raconte l’absurdité d’un travail social empêché pendant des années par la privation de moyens, les
contraignant, eux, les fonctionnaires du Samu social, chargés d’une mission d’hébergement d’urgence sociale, à renvoyer à la
rue jusqu’à 95 % des hommes des femmes, des enfants qui venaient à eux pour être mis à l’abri. Elle raconte que pour ne pas
tous démissionner ou devenir fous, ils vont créer leurs propres solutions, ces « réquisitions citoyennes » conjuguées avec un
accompagnement social fort qui ouvrent non seulement un toit, mais l’accès à tous les autres droits fondamentaux,
notamment la scolarisation des enfants dans de bonnes conditions. Elle raconte ce stupéfiant procès, suite à la première
réquisition, où dans son ordonnance le juge en avril 2011 reconnaît l’illégalité de l’occupation, mais rejette la demande du
préfet d’évacuer ses occupants, au motif que « Ce serait renvoyer des hommes, des femmes, des enfants, à l’état de survie
organisée pendant des années par l’inaction de l’État ».

Elle raconte aussi que rien n’aurait pu se faire sans la force du collectif, qui réunit à Toulouse, des professionnels, des
militants , des bénévoles, des parents, des enfants. D’ illégale, leur action est devenue exemplaire, car Toulouse aujourd’hui
grâce à l’action conjuguée des professionnels, des militants de la société civile et des institutions est la seule grande ville qui
a réduit drastiquement le nombre de ses sans abris.

On va emprunter au GPS leur détermination et leur maxime, celle de Marc Twain, « Ils ne savaient pas que c’était
impossible, alors ils l’ont fait ! » et ensemble porter le plaidoyer. 800 personnes , associations ou collectifs vont le signer :
des professionnels, des universitaires, des personnes concernées, quasiment tous les intervenants de ce jour et bon nombre de
ses participants. Et nous les en remercions encore vivement. Car, il nous a permis de nous connaître, de nous rapprocher. Le 6
mai 2017, le décret n° 2017-877 du 6 mai 2017 inscrit dans le CASF (Code de l’action sociale et des familles), la première
définition du travail social qui débute ainsi : « Le travail social vise à permettre l’accès des personnes à l’ensemble des droits
fondamentaux ». Nous saluons cette définition. Elle porte en germe un changement non négligeable, dans une société où
plusieurs millions de personnes ont recours aux services sociaux, à condition qu’elle s’accompagne d’un changement de
formation, de culture et de pratiques professionnelles. Bref d’une révolution culturelle. Le travail ne fait que commencer.
Évidemment qu’il ne sera pas facile !

C’est pourquoi, DEI-France et le GPS publient un appel – que vous trouverez dans votre dossier – à la mobilisation de
chacun d’entre vous. Nous avons besoin de contributions écrites, qu’elles viennent là encore de travailleurs sociaux,
d’universitaires, de personnes concernées, de militants, avec à la clé, l’idée d’en faire d’un recueil collectif pour amener du
débat public. Je peux me déplacer pour réaliser des interviews. Car il faut que l’accès des enfants et des adultes à leurs droits
fondamentaux deviennent bien au-delà du travail social l’affaire de tous.

Les extraits des documentaires que vous allez voir sont parfois très durs car ils s’approchent d’une réalité cruelle, qu’on
appréhende ordinairement que de loin, mais aussi porteurs d’espoir par l’engagement collectif de ceux qui s’organisent pour
y faire face. Vos questions et vos réactions seront un enrichissement lors de notre retransmission des débats à la Délégation
interministérielle chargée de la concertation de lutte contre la pauvreté des enfants.

Je vous remercie donc beaucoup d’être là, de votre attention et de votre participation.

Contact :
Colette.Duquesne@free.fr
tél. : 07 82 86 81 55

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3. Enfances Sans Domicile Fixe

– Droit à la santé, au développement, à la vie décente, à la santé


Présentation du film « familles en errances » par Christine Davoudian

Je suis médecin de PMI en Seine‑Saint‑Denis depuis 17 ans. Je m’occupe de Protection


maternelle et infantile, c’est‑à‑dire , des femmes enceintes, des mères et des bébés. On a vu
en PMI, l’augmentation de 30 % par an des familles en errance, dans les mêmes proportions
que le 115. Pour ces patientes qui n’avaient pas de domicile fixe, on a dû déroger à toutes les
règles de sectorisation, qui pénalisent énormément ces femmes et ces enfants, qui
n’appartiennent à aucun territoire et n’arrivent plus à entrer dans aucun système de soins.

On commence un suivi de grossesse, la dame va ailleurs, on la trimballe dans un autre endroit où elle reste trois jours. On la
trimballe comme un dossier. Elles résistent comme elles peuvent. Elles se battent pour leurs enfants. Certaines de ces familles
en arrivent à faire des heures de route pour ne pas changer leurs enfants d’école, pour garder la même PMI.
Je vous conseille de lire le rapport ENFANS de l’Observatoire du Samu Social de 2014, qui détaille les conditions de santé
déplorables de ces familles, avec des dénutritions graves confirmées par des prises de sang : une catastrophe sanitaire. Il rend
compte des ruptures de soins, parce qu’on a changé d’endroit et qu’on ne peut plus aller à l’hôpital du secteur : un suivi de
grossesse interrompu et un autre qui n’a même pas pu débuter.

Pour le suivi médical, les enfants ont la PMI : 75 % des enfants la fréquentent, voire l’ont uniquement comme lieu de soins.
Dans ma patientèle, beaucoup sont des sans papiers déboutés ou en attente d’examen de leur situation. Ils sont parfois au 115
ou en errance parce qu’il n’y a pas de place en CADA (Centre d’accueil des demandeurs d’asile). Qu’est-ce qu’ils leur restent
comme droits à ces enfants ? Qu’est-ce qui leur restent comme droits à leurs parents ? Est-ce que ce sont ceux reconnus par
la Convention internationale des droits de l’enfant ?

Il y a quelques années, le tribunal administratif a statué pour remettre ensemble une famille . Le père était envoyé en centre
de rétention, la mère laissée seule, l’enfant entré à la pouponnière départementale de l’ASE. Au nom du droit de vivre en
famille, la décision judiciaire a annulé la décision préfectorale. La question des droits se heurtent en fait de plus en plus
souvent aux politiques migratoires.

Dans le film, ma réalisatrice est allée à Saint Denis dans le centre d’accueil de jour de l’Amicale du nid, ouverte aux femmes
enceintes, aux mères et aux enfants en errance. Ils viennent pour se reposer, pour avoir un peu de socialisation. Désolée pour
les pères, je pense bien à eux, mais ils n’y ont pas droit. Ce centre unique dans toute l’île de France est archiplein. Moi, j’ai
beaucoup travaillé auprès des professionnels de la PMI. Je leur rends hommage, car elles tiennent, elles arrivent à faire face.
Comme dit le Bernard Golse, c’est un crève cœur, un désastre humanitaire, mais il faut rester calme si l’on veut faire changer
les choses.

– Droit au logement et à la vie décente : « Un toit sur la tête »


Présentation du film « Un toit sur la tête » d’Olivier Cousin par Annabelle Quillet

Je m’appelle Annabelle Quillet. Je suis travailleur social au Samu social de Toulouse depuis 2000.
A partir de 2008, pour lutter contre l’insuffisance des moyens en hébergement, avec les collègues,
nous nous sommes constitués en collectif :le GPS (Groupement pour la défense du travail social)
Nous avons fait pendant des années des grèves, des manifestations, des occupations… avec les
personnes concernées, pour dénoncer le manque d’hébergement, qui nous contraignait de
renvoyer de plus en plus de personnes à la rue, dont une majorité de familles. Des remises à la rue
violentes autant pour les personnes que pour nous et qui vidaient totalement de sens notre travail.

L’important pour les familles au départ, c’était de savoir que l’on s’inquiétait d’elles, que leur problème était très important
pour nous, même si au quotidien on ne pouvait pas les aider. Vivre à la rue, c’est très vite destructeur. Ça se traduit dans nos

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services par des enfants qui n’ont pas mangé de la journée, qui vomissent faute d’avoir dormi, une maman qui fait une
syncope avec son bébé dans les bras... Et puis avec la mort en nombre des grands précaires, ce n’était plus tenable...

Le sous-préfet de la Haute-Garonne de l’époque a voulu nous faire croire qu’il n’y avait pas de bâtiments vides à Toulouse et
nous a enjoint à trouver nos propres solutions. Nous l’avons pris au mot. Et commencé à réquisitionner des bâtiments vides
pour mettre les familles en sécurité. On s’est dit qu’en laissant des personnes vivre et mourir à la rue, on était en infraction
avec le droit (qui dit que toute personne appelant le 115 a le droit d’être hébergée, que les enfants doivent être protégés…) et
que quitte à être dans l’illégalité, nous avions tout intérêt à l’être en mettant nos publics à l’abri.

Comme l’a dit Colette, rien n’aurait pu se faire sans une sensibilité et une solidarité extrême à Toulouse entre tous les
acteurs : professionnels du social, du droit, bénévoles ou militants d’associations ou de collectifs très divers ... qui nous ont
permis de construire ces solutions alternatives, puis peu à peu, par la négociation de les faire reconnaître par les institutions.

–Table ronde n° 1
Débat avec Thomas COUDERETTE , Christine DAVOUDIAN,
Sylviane GIAMPINO, Annabelle QUILLET

Sylviane Giampino , psychologue, psychanalyste , auteure du rapport « Développement du jeune enfant, mode
d’accueil »: Il y a des expériences parce qu’elles sont collectives, parce qu’elles peuvent être relayées par d’autres, d’autres
organisations, des médias, des élus, d’autres fonctionnaires, des juges, qui, par capillarité, par refus de rester là sans rien
faire, peuvent produire des transformations, du changement, du progrès. Je vais citer ma chef de service, Jacqueline de
Chambrun, résistante à 18 ans, qui lorsque j’étais jeune psychologue de PMI, en Seine Saint Denis nous disait : « Lorsqu’on
s’engage en 1940, on ne sait pas qu’on va défiler avec les vainqueurs en 1945, mais on ne pouvait tout de même pas rester
là, plantés à ne rien faire ! » Cette phrase m’a servi de moteur dans les périodes où l’on se sent dans une totale obscurité dans
le travail avec les familles, où l’on se sent prise dans une série de mécaniques qui se bloquent les une dans les autres. Vous
ouvrez avec elles, enfin, une porte et une autre se reverrouille derrière .

Il y a des personnes « désastrées » par l’incohérence et le cumul des réglementations. Je suis est touchée par ce ce qu’on vient
d’entendre, car même si, nous utilisons nos mains, nos pieds , nos ordinateurs, nos capacités, il y a dans ces deux films
une pudeur des personnes qui racontent leur histoire. Elles sont dans un malheur, et sont obligées de se servir de leur propre
histoire pour promouvoir un changement. Il y a les mots bouleversants de cette mère : « Mon fils est né dans ma première
année de 115 » D’habitude , on n’est tous au moins nés quelque part. Quelle sera l’identité d’un enfant né « dans la première
année de 115 » ? Autre phrase terrible « Hébergés à l’hôtel X, les 115 n’ont pas le droit de prendre l’ascenseur, n’ont pas
droit à des serviettes... ». « Nous les 115 », serait-t-on dans une nouvelle forme de tatouage ? Et en regard , il y a pour le
coup cette phrase claire de rupture, d’une professionnelle du 115, qui ne veut plus être un maillon de la chaîne de
l’impuissance : « Je suis fonctionnaire , je sais que je bascule dans l’illégalité, mais en parfaite légitimité pour faire
appliquer la légalité de mes missions de service public ».

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Ces travailleurs sociaux ont su trouver des outils collectifs pour aller véritablement dans le sens du droit, des lois, pour aller
avec d’autres organisations, et devant le juge qui, lui aussi a introduit une transformation. Je me rends compte avec les
années, que légiférer est nécessaire, mais parfois la loi ne suffit pas quand les choses se bloquent, il faut qu’elle soit portée
par des personnes qui s’engagent en son nom.

Christine Davoudian : Je voudrais intervenir par rapport à la force du collectif. Cette PMI, qu’on voit dans le film, elle tient,
parce qu’ils sont tous d’accord : puéricultrice, médecin, psychologue, auxiliaire de puériculture. Leur cadre éthique est
solide. Dans d’autres PMI, on va trouver qu’on en fait trop pour les sans papiers. Ou que l’on ne peut pas s’occuper de tout le
monde, quand il y en a trop à prendre en charge. Il ne faut pas sous estimer le fait que les professionnels sont traversés eux
aussi par les discours socio-politiques.

Une assistante sociale s’est effondrée en pleurs en voyant mon film. Elle a dit, « Comme on me demande de ne pas recevoir
les sans papiers, je prends sur mes RTT pour le faire. Toute seule. » Mais combien de temps va-t-elle tenir ? Si nous aussi, on
doit devenir des clandestins pour pouvoir faire ce qu’on a à faire, ça n’a plus de sens. Tout ce qu’on fait seul dans notre coin,
nous isole. On finit par être en miroir avec ceux qu’on est censé aider.

Les réactions et questions dans la salle :


Jean Luc Rongé, directeur du Journal du droit des jeunes(JDJ): J’ai une réaction par rapport à l’usage du droit à partir
de l’expérience que nous en avons au travers des recours pour les mineurs isolés. Au départ, le Tribunal administratif rejetait
ceux introduits par les mineurs eux mêmes, pour se rendre compte que c’était contraire à une liberté fondamentale, eu égard à
leur grande vulnérabilité due à la fois à leur âge et à la situation dans lequel ils se trouvaient – qu’ils soient au parc des
Olieux à Lille ou autres.

Nous venons aussi d’obtenir du tribunal administratif de Paris une bonne décision qui impose au rectorat la scolarisation des
jeunes – mineurs ou majeurs, qu’importe, ce sont des jeunes – en attente de décision de prise en charge ou non prise en
charge par l’ASE. Quand on sait que le taux de refus de prise en charge à Paris est de 80 %, c’est une reconnaissance de leur
droit à l’éducation.

Une décision récente concernait une jeune fille de 16 ans enceinte dont la demande de prise en charge a été refusée par la
Croix rouge. Je l’ai orientée vers la PMI, en disant que sa situation nouvelle pouvait réenclencher une demande. Mais j’ai été
surpris de voir que personne n’avait fait cette orientation, alors que le suivi de grossesse est obligatoire.

J’ai une aussi une question à poser par rapport au service social qui refuse de recevoir les sans papiers. Quel est ce service
social ? Il convient de distinguer les droits accessibles à toute personne, quelque soit sa situation et les droits sociaux qui
nécessitent d’être français ou en situation administrative régulière sur le sol français. Ce n’est pas pareil.

Christine Davoudian : Il s’agit d’un service social municipal, comme il y en a beaucoup dans le 93, du fait des conventions
passées avec le département. Même lorsqu’on les reçoit au service social, on leur dit « On ne peut rien faire faire pour vous »,
ça dure 30 secondes et c’est fini. Il y a beaucoup de pratiques irrégulières dans les institutions et qui ne sont pas perçues
comme telles par les professionnels qui ne font qu’appliquer des consignes de travail données par leur employeur. Il y a
beaucoup de délinquants finalement...

Jean Luc Rongé : Mais c’est très grave.

Christine Davoudian : Vous prêchez une convaincue, mais moi je vous dis la réalité. Heureusement, ça ne se passe pas
toujours comme ça. Un exemple positif. Je ne dirai pas où ça c’est passé. Un camp roms a été expulsé dans la nuit. Au matin
les familles campaient devant une PMI. L’instruction a été donnée de ne pas recevoir les familles et leurs enfants. Ils étaient
dans une situation sanitaire désastreuse. La PMI leur a ouvert les portes. Elle n’a pas obéi à la consigne hiérarchique. Elle a
tenu. Elle a dit « C’est notre travail , c’est notre mission ».

Hervé Heurtebize, syndicaliste, éducateur spécialisé 94 : Ma réflexion part de ce que disait Colette tout à l’heure sur le
décret de mai 2016, qui dit en substance que « Le travail social vise à permettre l’accès des personnes aux droits
fondamentaux ». Vise, c’est pas tout à fait suffisant. Comme tu l’évoquais tout à l’heure, Colette, il faut partir de cette
définition pour amener une véritable révolution culturelle.

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Comme l’on fait les collègues de Toulouse, s’organiser des espaces collectifs pour se retrouver et aller vers cette effectivité
des droits. Le travailleur social n’y arrivera pas tout seul. C’est dans la complémentarité que les choses peuvent se faire. Les
travailleurs sociaux connaissent la réalité sociale, mais la parole juridique n’est pas la parole du travail social. Il y a un
ajustement des paroles à faire, entre travailleur social, citoyen, militant associatif, avocat… pour arriver à cette parole
juridique.

Et puis l’actualité est compliquée. D’un côté, il y a ce décret faisant du travail social un service public d’accès aux droits
fondamentaux, de l’autre la suppression de services publics ou les projets de mise sur le marché privé concurrentiel des
services sociaux, par le biais des contrats d’impact social.

Bonjour, une question un peu différente : Monter sur un immeuble à 3 heures du matin ou ouvrir un bâtiment vide, c’est
pas évident, c’est pas tout à fait une pratique courante du travail social. Comment avez vous fait ?

Annabelle Quillet : On s’est fait aider par un réseau de squatteurs. Ils nous ont montré comment ouvrir. C’est la même chose
que la question de la parole qui vient d’être évoquée, il faut des complémentarités, de la diversité pour agir.

Thomas Couderette, membre du GPS et du CEDIS (Collectif d’entraide et d’innovation sociale). De même, il faut
trouver la bonne manière de présenter les choses. Par exemple, à la préfecture, parfois le discours des travailleurs sociaux sur
le droit des gens est totalement entendu, parfois avec des personnes formées à la haute administration, blindées de
connaissances juridiques, il ne passe pas. Le discours plus entrepreneurial sur la responsabilité sociale des entreprises et des
administrations (RSE), tout un coup, ça va leur parler. Ça peut basculer sur quelques mots et on nous dit « C’est bon, on en
parle cet après-midi avec la Sous-Préfète ! ». C’est souvent ce qui manque, aux travailleurs sociaux des connexions avec
d’autres. Il faut tellement de compétence, de diversité dans un réseau. Des formateurs, des communicants, des journalistes
avec une certaine approche..., on en a besoin dans le réseau. Car, c’est cette grande diversité des personnes qui participent à
l’action qui va faire bouger les lignes.

L’expérience engagée au départ par les travailleurs sociaux est passée d’illégale à expérimentale pour la Ville de Toulouse,
qui aujourd’hui a réussi à diminuer de façon importante le nombre de familles sans abri.

Annabelle Quillet : Pour cela, il faut aussi dépasser nos images et nos peurs respectives : celle du travailleur social qui ne
veut pas être mêlé à l’image du squatteur et vice versa... Il faut utiliser nos compétences, sans trop de concurrence de
pouvoir, de rivalité de personnes. Être là ensemble pour une cause, pour que les gens ne vivent plus à la rue, c’est cette
extrême solidarité qui a fait la force de notre collectif et qui impressionne les institutions en face.

Sylviane Giampino : Vous avez raison d’évoquer la peur. Les questions d’enjeux de pouvoir sont souvent sous -tendues par
la peur de l’autre qui conduit à oppositions frontales ou d’incompréhension et à beaucoup d’autocensure dans les démarches
que chaque acteur pourrait engager pour aller vers l’autre.

Hélène Acquier , magistrate : J’avais une question sur la perte de sens. Lorsqu’il devient impossible d’exercer ses missions,
est-ce que vous avez un Code de déontologie, d’éthique que vous pourriez opposer à un moment donné à vos employeurs,
lorsque que les conditions d’exercice du métier ne sont plus conformes à ses principes ?

Joran Le Gall, président de l’ANAS ( Association nationale des assistants de service social) : Seuls les assistants sociaux
ont un code de déontologie, mais sans valeur juridique puisqu’il n’est pas inscrit dans le CASF. Néanmoins, il pourrait être
utilisé comme référence pour s’opposer à des sanctions disciplinaires, par exemple si la question s’était posée pour les
fonctionnaires du Samu social. Mais le décret qui redéfinit dans le CASF le travail social peut, il me semble, être opposable à
des employeurs ou à des institutions en cas de différences d’interprétation de la mission. Les éducateurs ont eux une charte
d’éthique. L’important est de travailler toutes ces questions avec les personnes elles-mêmes. Aller vers une participation
citoyenne, comme il l’ont fait à Toulouse, pour faire tomber les anciennes frontières.

Laurent Sochard, formateur, consultant en Recherche action collaborative :J’appartiens au Comité national de
déontologie et d’éthique. On travaille avec un code de déontologie, des références éthiques, mais qui n’ont pas de valeur
juridique. Ce sont des points d’appui. Ce qui interroge beaucoup dans vos deux pratiques, à Toulouse ou en
Seine-Saint-Denis, c’est que l’on revient de façon très forte à un moment instituant pour nos métiers. On a bâti des choses
pour répondre aux inégalités, à la pauvreté, à la précarité et on travaille, on fait le business, bon an mal an, dans nos
institutions. Et puis, là-dessus, les autorités nous disent « les questions politiques ne doivent pas entrer dans nos
institutions ! » Mais couillon, elles y sont déjà ! Elles se déversent dans nos institutions. Ce n’est pas notre faute. On ne leur a

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pas ouvert la porte. Il y a des moments apaisés où les positions des uns et des autres : professionnels, syndicalistes,
militants... peuvent se distinguer les uns des autres et des moments bouleversés où les positions ne doivent pas être disjointes.
Ce sont là, les moments instituants.

Il faut aussi penser aux convergences des luttes des gens discriminés, plus militantes cette fois, car elles permettent de
reconstruire le monde par la citoyenneté, non seulement dans l’espace socio-économique , mais aussi dans l’espace socio-
professionnel.

Annabelle Quillet : Je dirais que militant n’est pas un mot qui nous correspond, car on est pas venu travailler au Samu
social pour un idéal. On était fonctionnaire, on voulait juste faire bien notre travail. Et on reste travailleur social dans nos
bureaux, mais aussi dans les squats. Quand on s’occupe d’une famille, il y a une vraie continuité entre le travail dans nos
services et le travail dans le squat. Et c’est un vrai travail social. Un travail social alternatif. On n’est pas sorti du cadre, on a
fait juste un pas de côté.

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4. Sortir de l’Aide Sociale à l’Enfance

–Table ronde n° 2
Droit à l’autonomie.
Débat avec Léo, Fouzy , Alexandre, Brocéliande, Souad, membres de REPAIRS

Je me présente : Je m'appelle Léo, j'ai 26 ans, je suis ancien de l'ASE et président de l'association REPAIRS qui est
l'ADEPAPE de Paris. Des ADEPAPE, il y en a dans tous les départements. C'est l’Association Départementale d'Entraide des
Personnes Accueillies en Protection de l'enfance. Comme c’est long et moche, on a appelé ça REPAIRS, n'hésitez pas à liker
la page facebook qui s'appelle REPAIRS.

Des jeunes sortant de l'ASE viennent tous les mercredis à l'asso « Aux pieds dans le plat ». Malgré leurs difficultés de
logement, d’accès à la santé, d’accès au travail, on se rend compte que des choses ont été mises en place, des démarches
faites. Donc, première chose essayer de valoriser ça, puis à partir des expériences de chacun, échanger sur : Comment j'ai fait
moi, pour sortir de cette galère là ? Et qui peut prendre quelqu’un chez lui, pendant qu’on cherche une autre solution
d’hébergement ? etc. Donc c'est du bricolage, c'est artisanal, mais ça marche plutôt bien depuis 6 mois en tout cas. On va
vous montrer un extrait d'un reportage qui été passé au journal de France 2, il y a 2 ans. Il parle des jeunes sortant de l'Aide
Sociale à l'Enfance, à 18 ans ou même à 21 ans, avec ou sans contrat jeune majeur, sans soutien familial pérenne, parfois la
famille est plus une charge qu'une ressource et surtout sans soutien financier. On a crée l'association justement pour ça. Parce
qu’au final, malgré que tout monde dise, « Il faut continuer à soutenir jusqu'à 21 ans, de manière obligatoire ou même
au-delà », on se rend compte que sur le terrain, les choses s'aggravent d'année en année. En fait il y a des disparités qui se
creusent entre des départements qui sont toujours à la pointe et ceux où ça devient très compliqué d'obtenir un contrat jeune
majeur.

Moi je m'appelle Alexandre, j'ai 26 ans, ancien de l'ASE, pris en charge à l’âge de 7 ans, dans un contexte départemental qui
n'est plus le même aujourd’hui. J'ai pu bénéficier d'une prise en charge sur le long terme et aujourd'hui, après 4 ans de travail
salarié, j'ai repris des études d’ingénieur en environnement. J'ai connu l'association REPAIRS il y a un an. Il m'a fallu du
temps pour que l'idée mûrisse dans ma tête, mais aujourd'hui je suis administrateur et pleinement volontaire pour investir
mon temps, mes capacités et mon expérience.

Souad, j'ai 36 ans. Moi j'anime des ateliers théâtres à destination des jeunes. Je suis pas issue de l'ASE, je suis une alliée
comme je leur dis toujours. On a mis des ateliers théâtre en place. Et je fais du développement web, principalement de la
formation au code informatique et qui est destiné aux femmes qui sont éloignées de l'emploi. Bientôt on va aussi initier des
jeunes à la programmation, parce que demain, enfin même aujourd'hui, il y a beaucoup de métiers qui vont être créés, qui
vont surtout toucher les plus jeunes, donc on aimerait bien qu'ils soient aussi prêts à devenir des développeurs web. Et puis
autrement on se retrouve le mercredi, je participe en écrivant des courriers pour des jeunes qui ne savent pas forcément

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comment s'adresser aux institutions, en hébergeant, en préparant des ateliers cuisine, pour qu'on vive des moments de famille.
On essaye de trouver des activités, qui engagent, où on trouve un sentiment d'appartenance à un groupe qui nous unit !

Je m'appelle Fouzy, j'ai 29 ans, je suis aussi une ancienne de l'Aide sociale à l'enfance. Je suis aussi la sœur de Léo. Je suis
administratrice de Génération d'Avenir l’ADEPAPE 94. Et je suis administratrice depuis ce matin de DEI France. J’ai été
placée à la Fondation Grancher, créée historiquement pour accueillir les enfants orphelins de parents tuberculeux. Au départ,
on a été dans un foyer, le foyer de Sucy en Brie, qui appliquait la méthode Dolto. Ceux qui sont passés par là s’en rappellent.
C’était le foyer du bonheur. Le matin, on se levait pour aller ramasser les bonbons qui avaient poussé la nuit dans la cour...

Brocéliande : J'ai 21 ans, je suis une ancienne placée de l'ASE. Je suis sortie il y a 2 ans. Je travaille en tant qu'aide à
domicile depuis 2 semaines.

Fouzy:Tout on a commencé par une recherche par les pairs qui a été publiée par l'ONPE (Observatoire national de la
protection de l’enfance) sur la transition à l’âge adulte des sortants de l’ASE. On devait en tant que chercheurs « pairs »,
c’est-à-dire sortis de la protection de l’enfance depuis quelques années, interviewer les jeunes sortants, leur faire raconter
leurs histoires, en les questionnant avec des mots à leur portée. « Transition », ça veut rien dire pour un sortant de l'Aide
Sociale à l'Enfance. Cette expérience va durer 3 ans et être fondamentale, parce qu’elle va nous permettre de nous mobiliser.
En sortant, on est seul, un peu paumé. La honte nous habite car, dans l’imaginaire collectif, être de l’ASE est stigmatisant. On
n’en parle pas. La honte ça suffit, il faut s’appuyer sur la fierté ! En se retrouvant à 15 dans une salle, on s’est libéré, on a pu
oser une parole collective, partager nos expériences, chercher à peser sur le cours des choses. Moi j'aime pas parler de
militantisme, je préfère l’engagement.

On a choisi de se réunir autour d'un projet d’ ADEPAPE. Pourquoi ? Parce qu’on s'est tous retrouvé dans à un moment donné
dans une situation sociale compliquée. On a été extrêmement touché par le film Un toit sur la tête, car certains d'entre-nous
ont connu la rue, des périodes à devoir taper à toutes les portes, à devoir, faute de mieux, retourner dans notre famille, alors
qu’on a été très protégé de notre famille, défaillante ou maltraitante pendant l’accueil l’ASE. C’est Michèle Créoff qui nous a
proposé de revitaliser l’ADEPAPE 94. On la remercie ainsi que Chantal Rimbaud. On a commencé par un Café réponse. Des
jeunes, mais aussi des élus, des éducateurs s’y retrouvaient, tout le monde sur un plan d’égalité pour poser leurs questions et
trouver ensemble des réponses. Ça change la donne. Le jeune n’est plus en situation de quémander. Le Val-de-Marne a pris à
cœur notre action. Avec une subvention conséquente, on aide à l’alimentation, au loyer, au permis de conduire...

Ensuite, on a participé à une pièce de théâtre « Je ne suis pas comme eux, je n’ai pas le temps », une adaptation de la
recherche de l’ONED, qui montrait par exemple l’obligation des enfants de l’ASE de devoir sans cesse raconter leur histoire
devant une multitude de professionnels. J’ai été sensible à ça dans le film familles en errance pour les personnes qui
s’adressent au 115.

La dernière action est notre participation à la formation sur les droits de l’enfant en partenariat avec SOS village d’enfants.
L’idée c’est : les premiers concernés, qu’est-ce qu’ils en disent ?

Alexandre : Ce qui a été fait par mes éducateurs, je leur en suis reconnaissant. Mais pourquoi s’arrêter à 18 ans ? Moi je ne
voulais pas croire que tout ce qui avait été fait pour moi allait s’arrêter à ma majorité. Déjà, on est en décalage avec les autres
jeunes. Ils peuvent rester des enfants et nous, on est obligés de devenir des adultes. C’est très difficile. Je n’ai plus eu de
contact après ma majorité avec les services sociaux. C’est la bienveillance des gens qui m’a permis d’avancer. Mon proviseur
m’a hébergé au sein de l’établissement. Si on peut à notre tour faciliter les choses à ceux qui sortent , c’est important.

Léo : Actuellement on travaille sur l'obligation de créer des conseils de la vie sociale (CVS) – instance d’expression et de
participation collective – dans les établissements. C’est aussi le rôle des ADEPAPE de porter cette obligation et de l'outiller
concrètement. Les professionnels sont dans l'opérationnel, le quotidien. Ils ont l'impression que la participation collective,
c'est du cosmétique, de l’ accessoire. Nous on pense que c'est fondamental, parce qu’on arrive à avoir accès dans les collectifs
à des choses auxquelles on a pas accès dans la relation purement individuelle avec l'éducateur, l’assistante familiale ou le psy.
Voilà on est vraiment à fond sur ces questions là et ça va nous occuper pas mal en 2018.

On participe aussi aux commissions des statuts qui examinent la situation juridique des enfants confiés et aux commissions
d’agrément d’adoption des départements. On s'empare également de ce qui se passe à l'étranger. On a la chance avec
REPAIRS et Génération d'Avenir de travailler avec un institut à Glasgow qui s'appelle l'Institut pour l'Avenir des Enfants. On
compte aussi sur la Ville pour nous aider et sur des bénévoles. Souad ne fait pas partie du Club, elle n’a pas eu la chance
d’être placée, mais ça n’est pas inscrit sur nos têtes qu’on est des anciens placés.

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Christine Davoudian : J’ai été très sensible à vos témoignages. A la PMI, on s’est occupé d’une jeune majeure enceinte et
vivant dans un squat. L’équipe a donné du temps, mais aussi fait des choses qui n’entraient pas dans sa mission : remplir le
frigo, aller la chercher en voiture, aller acheter des vêtements... Elle a pu nous dire que ces fameux pas de côté, quand elle
était en galère, lui ont été essentiels. Cinq ans après, elle est aide soignante et tout va bien pour elle et son enfant. En vous
écoutant, je pense aussi à Pascalle Jamoul, chercheuse belge sur les territoires de pauvreté où les pères sont éclipsés. Les
services sociaux privilégiant la relation mère-enfant. Son idée est aussi de passer par des pairs aidants pour réintroduire la
figure paternelle vis-à-vis des enfants.

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5. Nouvelle définition du travail social et accès aux droits fondamentaux
Quelles formations, pratiques, protection de la mission professionnelle pour favoriser l’accès des enfants, des jeunes, des
familles en situation de pauvreté à l’ensemble de leurs droits fondamentaux ?

–Table ronde n°3


Débat avec Régis SÉCHER et Joran LE GALL
Joran Le Gall : Il y a de plus en plus une perte de sens du travail social, un grand manque d’orientations – depuis l’adresse
aux travailleurs sociaux de Nicole Questiaux en 1982 – que ni le plan d’action en faveur du travail social et du
développement social, ni la récente réforme n’ont comblés. On nous fait faire tout et n’importe quoi. Par exemple, des
enquêtes de moralité à la demande de certaines préfectures pour savoir si on doit ou non accorder la nationalité française aux
demandeurs de naturalisation. Lorsque l’on interroge le Président du Conseil Départemental, il répond que les travailleurs
sociaux sont « ses agents » sans prendre conscience de la question du sens donné à cette injonction aux travailleurs sociaux.
Cette situation de ne pas savoir ce qu’on attend de nous, de faire face à des injonctions paradoxales dans des métiers exigeant
un grand investissement émotionnel se traduit par beaucoup de mal être, de turnover, d’arrêts maladie... On retourne même
parfois contre nous la culpabilité de l’impuissance à agir sans jamais interroger l’organisation.

Et puis, on ne peut pas tout accepter. Ce n’est pas dans notre ADN, on n’a pas choisi le travail social pour ça. Si c’est pour
faire le travail de la préfecture, autant aller y travailler. À ce rythme, on nous demandera bientôt de faire le travail des impôts.
Quand j’ai lu le plaidoyer Pour un travail social au service des droits fondamentaux des adultes et des enfants, j’ai tout de
suite adhéré et signé. La nouvelle définition du travail social qui vise à l’accès des personnes à leurs droits fondamentaux est
de nature à redonner un sens, une direction à l’action sociale et une reconnaissance à ses professionnels.
Mais cette définition exigera beaucoup en matière de formation – initiale et continue – sur les droits fondamentaux. Il faut
impérativement se dégager de l’approche par les dispositifs qui finit par étouffer le travail social. Il faut engager une
réflexion sur les principes fondamentaux qui les sous-tendent et mobiliser le droit procédural – préservant ainsi les délais de
recours le temps d’assurer le lien avec des avocats – et permettre ainsi aux personnes d’exercer leur droit au recours en cas de
non-accès. On voit des situations où les professionnels disent : « Il n’y a plus rien à faire ! ». Or, quand on prend par exemple
le temps d’accompagner la personne dans un recours devant le juge, on se rend compte que le résultat est positif. Elle fait
reconnaître le droit qui est le sien tout en reconquérant une place de sujet dans la situation qui est la sienne. Il en est de même
des saisines du Défenseur des droits. Ce sont des moyens d’agir qu’il nous faut connaître et utiliser.

À l’ANAS, avec la FAS (Fédération des acteurs de la solidarité) et de nombreuses autres associations, nous avons exercé un
recours devant le Conseil d’État contre la Circulaire Colomb qui prévoit de revenir sur l’accueil inconditionnel des personnes
en hébergement d’urgence. On attend beaucoup de cette démarche pour montrer qu’en s’unissant, on peut arriver à faire
changer les choses.

Régis Sécher, chercheur en Protection de l’enfance, Pauvreté et Parentalité: Je note dans ce que j’ai entendu cet
après-midi, la pudeur des personnes qui expriment leurs difficultés derrière le mot galère. Il faut comprendre les difficultés
que ce mot recouvre. L’important est de ne pas rester indifférent aux personnes qui les vivent et les expriment. Leur colère est
normale. C’est la situation qu’ils vivent qui n’est pas normale.

Je suis admiratif devant l’expérience de Toulouse. Je ne la connaissais pas bien. Elle a redonné honneur au travail social à
travers le courage de ceux qui osent l’exercer ainsi. Les jeunes aussi montrent l’importance de se solidariser, de porter un
engagement commun. Ils ne sont pas abattus par les difficultés qu’ils ont traversées : ils sont debout.

Il faut redonner du sens au travail social et prendre en compte la souffrance des professionnels. Je me réjouis de la nouvelle
définition mais « vise » ne signifie pas obligation.

Le lien entre la pauvreté et le travail social est étroit. Il faut changer le travail social, réintroduire de la politique dans le
travail social qui ne doit pas être seulement une intervention technicienne ; reprendre les combats d’autrefois : « le travail
social vise à la disparition du travail social » ; il est à l’origine du développement social. Le public concerné a des
caractéristiques sociologiques tout comme le public de l’ASE : il faut prendre en compte ces caractéristiques spécifiques, ces
conditions de vie qui expliquent les difficultés.

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Le travailleur social doit aussi prendre en compte le savoir issu de l’expérience des personnes accompagnées. Le travail
social a besoin de l’apport intellectuel du chercheur, de l’expertise du professionnel et de l’expérience des personnes
accompagnées (usagers). La nouvelle définition du travail social prend en compte comme une nécessité, cette participation
des personnes. C’est ce croisement des savoirs universitaires, des savoirs d’action et des savoirs du vécu qui permettra de
construire des politiques publics dignes. Ils ne faut pas hésiter à mettre en débat, à mettre en tension ; ne pas craindre les
conflits d’interprétation de la mission. Les professionnels sont trop dans les « dispositifs ». Comme ils ne les voient pas
comme des dispositifs de droit, c’est-à-dire des dispositifs de mise en œuvre des droits fondamentaux, même en cas de non
accès, ils ignorent le contentieux.

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6. Si l’on devait en retenir 3 axes forts :

– Faire de l’accès aux droits fondamentaux une culture commune pour donner au
travail social les moyens d’exercer sa mission légale :
• Former à la connaissance des droits fondamentaux, des principes qui les sous-tendent , de leur déclinaison dans la
loi, de leurs procédures d’accès et de recours (souvent très complexes) administratifs et judiciaires.

• Rapprocher par des formations les professionnels du social et les professionnels du droit pour renforcer leurs
compétences et leurs articulations dans de nombreuses missions communes.
• Lutter contre le creusement des inégalités sociales et scolaires des enfants en luttant contre le non-recours, pas
seulement aux prestations sociales, mais à l’ensemble des droits sociaux, économiques, culturels des familles :
domiciliation, DALO et DAHO, prévention des expulsions, scolarisation, accès à la cantine, à la santé...
• Réintégrer ainsi les familles et leurs enfants à la communauté de droit à laquelle ils appartiennent. Le taux de non
recours au DALO par exemple, est estimé par l’ODENORE (Observatoire des non-recours aux droits et services), à
près de 90 %, alors que les familles défavorisées sont par ailleurs dans leur grande majorité connues des services
sociaux départementaux. Le manque de formation des professionnels au DALO et DAHO, le manque de
représentation des professionnels dans les instances de décision comme la commission de médiation préfectorale
(COMED), où siège un seul membre du département, parfois nommé « l’inconnu », car sans lien avec les
professionnels de terrain, les consignes hiérarchiques d’injonction à ne pas accompagner, au motif que ces
dispositifs relèvent de la compétence de l’État, laissent des enfants et leurs familles dans des situations très
préjudiciables à leur santé et à leur devenir. Des situations qu’il conviendra à un moment ou un autre de prendre en
charge et de façon bien plus longues et coûteuses sur le plan humain et financier (voir le rapport ENFANS de
l’observatoire du Samu social).
• Les droits de l'homme et droits de l'enfant ne sont pas "des gros mots", ni un truc réservé aux juristes, ni du droit
"mou" : une jurisprudence est en train d'émerger dans le droit interne. Les travailleurs sociaux peuvent aider à la
construire et faire évoluer les politiques et les pratiques préjudiciables aux enfants.

– Permettre la concrétisation ou la préservation des droits fondamentaux, « en allant


vers » les familles et leurs enfants et « en allant vers » d’autres acteurs sociaux pour :
• Accompagner les familles vers des lieux ressources d’information ou de médiation (Délégué du défenseur, Conseil
départemental d’accès aux droits) ou d’accès aux moyens du droit (accès aux dossiers, à l’avocat, à l’aide
juridictionnelle…), actuellement très peu saisis pour des questions relatives à la pauvreté.
• Créer, avec d’autres acteurs du monde professionnel et citoyen, un maillage solidaire avec et autour des familles,
pour négocier collectivement avec les institutions ( Ville, Etat, Département) des solutions alternatives comme, à
Toulouse, l’occupation sous bail précaire des batiments vides. Décloisonner ainsi l’action du travail social qui
connaît « la réalité du terrain », mais reste souvent seul et silencieux devant son impuissance ou des pratiques
abusives. Favoriser sa mission d’accès aux droits fondamentaux des familles et des enfants, en l’associant à tout
projet social local de cette nature, sortant du même coup les professionnels d’une souffrance au travail qui se
traduit par un repli sur soi, une désaffection des métiers, une augmentation forte du turnover et des arrêts maladies.
• Éviter la répétition transgénérationnelle de la pauvreté, en ouvrant les enfants à d’autres expériences de vie
familiale, comme le parrainage, à des espaces d’accueil collectif parents-enfants, à des espaces d’accompagnement
scolaire, à des espaces de renforcement de leur créativité, de leur imagination, de leur sociabilité, (sports,
théâtre…), les libérant ainsi de la charge de soutien à leurs parents, qui ampute très jeunes leur propres capacités et
les conduisent à emprunter la même trajectoire sociale.

– Renforcer la participation des personnes concernées, adultes jeunes enfants, par la


prise en compte de leur expertise d'expérience, le développement de leur pouvoir
d'agir, la transition du statut d'enfant à adulte et l’acquisition de leur pleine
indépendance et autonomie, particulièrement pour les jeunes majeurs.

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Soutenir les associations, les collectifs, les réseaux de solidarité issus de personnes concernées, mais ouverts à d’autres, qui,
comme Repairs ADEPAPE 75, permettent de :

• passer du marquage social – né de la dépendance à un dispositif d’aide sociale, « ceux du 115, de l’ASE, du
RSA… » – à des formes collectives d’entraide, de sociabilité, d’expression, de participation à l’action publique,
porteuses d’émancipation et de désir d’avenir pour les adultes et les enfants.

• sortir de l’isolement relationnel, familial, amical, pour passer de la « honte d’en être » à la « fierté d’être », en
changeant son regard sur soi, grâce à la bienveillance des autres, et en changeant son regard sur les autres, grâce à la
confiance en soi.

• partager ses émotions, ses expériences, ses parcours d’enfance, de jeunesse, de vie d’adulte, toujours singuliers, en
se les réappropriant, par la création d’une histoire sociale commune, forcément partie intégrante de la grande
histoire.

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