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 Les mutations du travail au XXIe siècle

 Louis-Charles Viossat
 Dans Commentaire 2023/1 (Numéro 181), pages 101 à 110

Les débats sur la définition et la nature du travail, sur son caractère aliénant ou, au
contraire, sur sa capacité à libérer les individus et à donner forme à la société, sur
sa dignité ou sur la relation inégale entre employeurs et employés n’ont pas cessé
depuis le xixe siècle. Ils trouvent une nouvelle actualité avec les nombreux
bouleversements qui défilent sous nos yeux. Dépassant le cadre strictement national,
les quelques réflexions qui suivent ont pour but d’identifier les tendances lourdes du
travail dans le monde à l’horizon d’une dizaine d’années, d’illustrer ses nouvelles
facettes les plus marquantes et de suggérer des mesures qui permettraient de mieux
ordonner le travail tout en humanisant le sort des travailleurs.
L.-Ch. V.

1 L a place du travail a beaucoup évolué au cours de l’histoire. Dans l’Antiquité, il était


considéré comme contraire à la véritable citoyenneté et à la dignité humaine. C’est seulement
à la fin du Moyen Âge, puis bien plus encore au xixe siècle, avec la révolution industrielle,
que sa valeur a été reconnue. Selon Hannah Arendt, l’identification de la société à une société
de travailleurs est même l’un des traits constitutifs de la modernité [1] En ce début
du xxie siècle, peu de monde conteste désormais, soit pour s’en féliciter soit pour le critiquer,
que le travail joue un rôle central dans la société : principale source de revenus des
travailleurs et de leur famille et facteur clé d’estime de soi, c’est un moyen fondamental de
construire et de définir notre identité sociale, d’exercer notre imagination et notre jugement,
d’agir et de collaborer en dehors du cercle familial et de contribuer positivement au bien
commun.
2Les débats sur la définition et la nature du travail, sur son caractère aliénant ou, au contraire,
sur sa capacité à libérer les individus et à donner forme à la société, sur sa dignité ou sur la
relation inégale entre employeurs et employés n’ont pas cessé pour autant. Ils trouvent même
une nouvelle actualité avec les nombreux bouleversements qui défilent sous nos yeux parfois
interloqués, qu’il s’agisse de la robotisation des usines et des entrepôts, du travail de
plateforme et du freelancing, de la généralisation du travail « n’importe où, n’importe
quand », du télétravail de masse et des formes multiples de travail hybride, de la nouvelle
géographie des bureaux ou de la « grande démission » présumée.

3Dépassant le cadre strictement national, alors que des Assises du travail se réunissent en ce
moment dans le cadre du Conseil national de la refondation sur les thèmes du rapport au
travail, de la santé et de la qualité de vie au travail et de la démocratie au travail, les quelques
réflexions qui suivent ont pour but d’identifier les tendances lourdes du travail dans le monde
à l’horizon d’une dizaine d’années, d’illustrer ses nouvelles facettes les plus marquantes et de
suggérer enfin des mesures qui permettraient de mieux ordonner le travail tout en humanisant
le sort des travailleurs.
Les tendances lourdes du travail

4Outre l’impact majeur de chocs imprévisibles mais récurrents comme les épidémies ou les
conflits, le travail va être affecté dans les années à venir par quelques tendances lourdes qu’il
est possible d’identifier. S’appliquant de façon différenciée selon les pays, certaines sont bien
documentées alors que d’autres sont plus incertaines.

5La démographie est une tendance clé reconnue qui va jouer à l’horizon des prochaines
décennies plutôt que des quelques années à venir. La plupart des pays de l’OCDE, en
particulier le Japon, l’Italie ou l’Allemagne, sont déjà dans une phase de transition
démographique avancée. Le vieillissement de leur population active est rapide, avec des
tensions fortes sur la disponibilité de main-d’œuvre qualifiée et sur les besoins de
compétences sectorielles. Entre 2023 et 2050, la population diminuera dans un État sur trois
environ dans le monde. La population active du pays le plus peuplé, la Chine, décroît déjà
depuis une dizaine d’années et les migrations internes des ruraux vers les villes ont très
fortement diminué. Cela signe la fin à brève échéance de la Chine comme atelier à bas coût de
la planète, ce qui aura des conséquences majeures sur l’emploi, les salaires et l’inflation dans
les autres pays du monde [2]. La diminution de la population active va être très prononcée dans
de nombreux pays de l’Est, dont la Russie. En France, la population active va continuer à
progresser dans les deux décennies à venir, mais à un rythme beaucoup plus lent que ces dix
dernières années, puis elle se mettra à baisser assez significativement.
6Une large partie de l’avenir du travail va donc se jouer au Sud chez les géants d’Afrique
(République démocratique du Congo, Éthiopie, Nigeria, Tanzanie) et d’Asie (Inde, Indonésie,
Pakistan). Leur population active va croître massivement et rapidement. Ces pays seront, en
même temps, confrontés au défi de former et d’intégrer de très nombreux jeunes sur leur
marché du travail. L’Afrique, qui pesait seulement 10 % de l’emploi mondial en 1990, en
représentera près de 20 % en 2030 et 40 % en 2100. 400 millions d’emplois devront être créés
dans le monde d’ici 2030 pour faire face à ce dynamisme démographique. Alors que les
diplômés du supérieur représentent déjà près de 30 % de la réserve de main-d’œuvre au
chômage au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, il en va du maintien de la stabilité de
nombreux pays du Sud.

7Dans ces conditions, imaginer que les flux migratoires des pays du Sud vers le Nord, qui
permettront d’ailleurs d’alléger la pression sur les travailleurs âgés et sur les employeurs
confrontés à des pénuries de main-d’œuvre, ne vont pas s’accroître, et ne pas s’y préparer en
adaptant nos outils, revient à faire la politique de l’autruche.

8La croissance à long terme et l’internationalisation des échanges sont devenues incertaines
dans le contexte chaotique actuel. Selon les dernières projections de l’OCDE, la croissance
mondiale a été de 3,1 % en 2022 et serait de 2,2 % seulement en 2023, de 2,7 % en 2024 puis
de 3 % environ à moyen terme [3]. Si le plein-emploi prévaut aujourd’hui dans la plupart des
pays industrialisés et est désormais une perspective affichée par les rares pays, dont la France,
qui restent encore frappés par le chômage de masse, on ne peut pas écarter la perspective
d’une énorme vague de pertes d’emplois si la hausse des taux d’intérêt entraîne une récession
mondiale de grande ampleur suivie d’une longue période de stagflation.
9Au moment même où l’admission de la Chine à l’OMC a entraîné la disparition d’un million
d’emplois aux États-Unis dans la première décennie des années 2000 [4], la mondialisation des
chaînes de production et d’approvisionnement, due à la recherche de main-d’œuvre à moindre
coût, est devenue un phénomène massif et complexe. Elle concerne la plupart des biens et des
services marchands et a un impact majeur sur la nature et la répartition du travail dans le
monde. L’arrêt des migrations des campagnes vers les villes en Chine, le ralentissement
structurel de son économie, la fragmentation géopolitique actuelle et le souhait de sécuriser
davantage les approvisionnements vont néanmoins modérer, voire inverser, cette
internationalisation des chaînes de valeur dans les années à venir. Les projections à moyen-
long terme, qui envisageaient une progression plus rapide du commerce mondial que du PIB
et une croissance de la part de la Chine, de l’Inde et des pays asiatiques, doivent même
désormais intégrer la possibilité de scénarios de démondialisation et de régionalisation au
moins partielle. Leur ampleur et leurs conséquences pourraient être importantes sur le travail
mais on sait encore mal les mesurer. La régionalisation des échanges de biens pourrait, au
demeurant, être sérieusement contrebalancée par une mondialisation très rapide des échanges
de services via le télétravail de masse, avec de lourds problèmes fiscaux et sociaux à la clé.
10Même si on aurait tort de penser qu’il existe un déterminisme technologique, l’avenir du
travail et la nature des emplois de demain dépendent beaucoup de l’automatisation de la
production et du tournant numérique. À l’œuvre depuis la première révolution industrielle
(1770-1830 au Royaume-Uni), le progrès technologique s’incarne désormais dans des
innovations comme Internet, les entrepôts robotisés et les applications de l’intelligence
artificielle.

11L’impact du progrès technique sur la quantité de travail est l’objet de débats depuis plus de
deux siècles. Pourtant, il n’y a toujours pas de preuve sérieuse que le progrès technique a
détruit plus d’emplois qu’il n’en a créé. Il altère certes significativement la nature des emplois
existants et des qualifications : la plupart des emplois d’aujourd’hui n’existaient pas dans les
années 1940, et bon nombre des enfants qui entrent cette année à l’école primaire occuperont
donc des emplois qui n’existent pas encore aujourd’hui. Mais, contrairement à ce que Richard
Baldwin ou le World Economic Forum soutiennent [5], les créations d’emplois ne sont pas
nécessairement inférieures aux destructions d’emplois induites par le progrès technique. Les
technologies qui ont le plus d’impact sur le travail aujourd’hui sont celles qui ont été
inventées il y a longtemps déjà : téléphonie mobile, Internet, Cloud… Et on ne constate pas de
disparition accélérée des emplois routiniers, des emplois peu ou pas qualifiés ou de
qualification intermédiaire du fait de la digitalisation et de la robotisation. Les pays les plus
utilisateurs d’intelligence artificielle et de robots (l’Allemagne, le Japon et la Corée du Sud)
sont même ceux qui connaissent les taux de chômage les plus faibles. Cela ne changera pas à
l’horizon 2030. Nous ne sommes pas encore à la veille du « deuxième âge de la machine [6] »,
ni de la fin du travail par la robotisation.
12À la différence des prévisions pessimistes de Frey et Osborne, qui prophétisaient que près
de la moitié des emplois aux États-Unis étaient menacés d’être remplacés par un robot ou un
algorithme à un horizon de dix à vingt ans, l’OCDE estime désormais que 14 % des emplois
seulement sont exposés à un risque élevé d’automatisation dans les quinze à vingt prochaines
années et qu’un tiers supplémentaire des emplois pourrait voir le contenu de leurs tâches et la
manière dont celles-ci sont réalisées profondément transformés. Le travail se maintient mais
se transforme. D’où l’importance de dispositifs efficaces de reconversion professionnelle et
de formation continue qu’il reste encore à inventer pour l’essentiel [7].
13D’après l’OIT, 1,2 milliard d’emplois dépendent aujourd’hui d’un environnement sain, en
particulier dans l’agriculture, la pêche et la sylviculture. La transition vers une économie plus
verte et frugale en énergie devrait entraîner des pertes d’emplois dans certains secteurs (au
total, entre 0,3 et 1 % de la main-d’œuvre seulement dans les pays industrialisés) et amplifier
la mobilité des travailleurs entre les entreprises. La plupart des scénarios suggèrent néanmoins
que l’effet net sera positif sur la quantité de travail : la mise en œuvre de l’accord de Paris
pourrait créer 24 millions d’emplois à l’horizon 2030, tout en en détruisant 6 millions. En
outre, le virage vers une économie verte aura de multiples effets positifs sur la santé des
travailleurs en faisant reculer la pollution de l’air, de l’eau et du sol ainsi que d’autres formes
de dégradation de l’environnement. Il permettra aussi la création d’emplois de qualité au Sud,
comme dans le secteur du recyclage des déchets.

14La technologie et la concurrence remodèlent l’organisation traditionnelle des entreprises,


comme en témoignent notamment l’élargissement de leur périmètre d’intervention, leur
moindre intégration verticale, leur recours accru à l’externalisation et leur recentrage sur leur
cœur de métier. La multiplication des types de plateformes en ligne, souvent hybrides et
« sans masse », avec des objectifs de domination rapide de leurs marchés mondiaux (à
l’exemple de Google, Meta, Netflix, Tesla ou Uber), en est un autre signe. De façon générale,
le travail en mode projet, moins hiérarchisé, plus horizontal, se diffuse, y compris dans les
organisations les plus traditionnelles, et ce mouvement va s’étendre. De même, la domination
croissante d’entreprises superstars sur l’économie (10 % des entreprises généreraient 80 %
des bénéfices) semble vouée à se poursuivre dans les dix prochaines années [8].
15Alors que les discriminations au travail demeurent élevées, les exigences de diversité et
d’inclusion sont de plus en plus fortes au Nord. Près de la moitié des employeurs ont mis à
jour ou sont en train de mettre à jour leur stratégie de recrutement pour attirer des talents plus
divers. Les cibles prioritaires sont diverses selon les pays et le resteront vraisemblablement :
aujourd’hui, le handicap en France, l’âge en Allemagne, le genre, la race et l’ethnie aux États-
Unis, le genre en Suède.

16L’élévation du niveau de formation initiale et continue des travailleurs est une autre
tendance lourde qui va se poursuivre et avoir un impact important dans les pays émergents.
En Chine, par exemple, le nombre moyen d’années à l’école, qui a déjà progressé de 4 à 7 ans
entre 1990 et 2020, passera à 10 ans en 2060 (et à 9 ans en Inde contre 3 ans en 1990). Au
total, la « classe créative » décrite par Richard Florida [9] va grossir, y compris dans les pays
émergents, et y changer les modes de vie et les attentes de centaines de millions de
travailleurs.
17Comme les politiques de flexibilisation du travail, qui sont pointées du doigt par les
adversaires du libéralisme, la baisse régulière du taux de syndicalisation est une tendance
lourde dont les conséquences ont été très importantes. Dans les pays de l’OCDE, ce taux a été
divisé par deux en soixante ans : il est passé de 33,6 % en 1960 à 16 % aujourd’hui en
moyenne. Et il est encore plus bas dans la plupart des pays émergents, qui sont encore
nombreux à interdire carrément les syndicats. Le travail de plateforme et le télétravail, en
disséminant et en isolant les salariés, jouent négativement pour les organisations et l’action
syndicales. Néanmoins, depuis quelques années, on constate des évolutions encourageantes,
comme une remobilisation aux États-Unis où des activistes sont parvenus à créer des sections
syndicales dans de grandes entreprises jusque-là désyndicalisées (à l’instar d’Amazon et de
Starbucks), ou bien, dans les pays nordiques, des accords collectifs qui couvrent les
travailleurs de la nouvelle économie même quand ils ne sont pas salariés. Mais le chemin est
encore long avant d’inventer l’action collective du xxie siècle.

Les fissurations du travail

18Ces différentes tendances lourdes auront des impacts nombreux et complexes sur le travail,
qui seront plus ou moins évidents selon les pays.
19La part des emplois industriels a baissé dans la plupart des économies avancées. Elle a
diminué de 7 points dans l’OCDE entre 1991 et 2019 (23 % en 2019), et de 11 points en
Allemagne (27 % en 2019). Le Royaume-Uni a vu deux tiers de ses emplois industriels
disparaître au cours des cinquante dernières années. Entre 1995 et 2015, l’emploi a diminué
dans l’OCDE de près de 70 % dans l’industrie textile et de plus de 30 % dans la fabrication
électrique et d’équipements optiques [10]. En même temps, on constate une montée rapide du
« capitalisme de la chaîne d’approvisionnement » ou du « travail du flux », avec une
concentration inédite de main-d’œuvre dans des « clusters » logistiques, équivalents des
usines d’autrefois. Ce mouvement de désindustrialisation va se poursuivre dans les années à
venir, même s’il est possible qu’il ralentisse en raison du recentrage de l’industrie sur
certaines activités stratégiques ou déterminantes dans la transition énergétique. La baisse de
l’industrie manufacturière au Nord tranche avec la stabilité constatée dans les pays à faible
revenu (10 % des emplois y sont industriels) et les pays à revenu intermédiaire de la tranche
supérieure (23 % d’emplois dans l’industrie). Alors qu’on n’a cessé de parler de la société
postindustrielle depuis des décennies, jamais autant de personnes n’ont été employées dans
l’industrie manufacturière à l’échelle mondiale [11].
20Alors que le taylorisme a de beaux restes dans une grande partie du monde en
développement, les employeurs du Nord recherchent désormais plus de compétences
cognitives (logique, réflexion critique, résolution de problèmes complexes) et
sociocomportementales non routinières (curiosité, créativité), et de capacités d’adaptation de
la part de leurs travailleurs. La demande de compétences peu spécialisées et substituables par
des outils technologiques ne cesse de décliner dans les pays industrialisés, et ce mouvement
va se poursuivre.

21Néanmoins, nul ne sait vraiment quelles compétences seront les plus recherchées,
lesquelles deviendront obsolètes et ce que seront les métiers les plus porteurs. Peut-on faire
confiance à France Stratégie et à la DARES [12] selon lesquelles les quatre métiers les plus
créateurs d’emplois seront, à l’horizon 2030, les ingénieurs informatiques, les infirmiers
sages-femmes, les aides-soignants et les cadres commerciaux, suivis de près par les aides à
domicile et les ouvriers qualifiés de la manutention ? Il est également difficile d’évaluer
l’ampleur du volume des changements de poste dans les années à venir. Elle sera
vraisemblablement très importante, se comptant par dizaines de millions dans les principales
économies. Les pénuries sectorielles et géographiques de main-d’œuvre, que l’on constate
aujourd’hui particulièrement dans le contexte post-Covid, demeureront fréquentes dans les
années à venir, en particulier pour les métiers les plus qualifiés, mais également dans
plusieurs métiers et secteurs à fort recrutement qui sont pénalisés par des conditions de travail
toujours médiocres. La guerre des talents ne fait que commencer.
22Les dernières décennies ont été caractérisées, aux États-Unis tout particulièrement mais pas
seulement, par la croissance d’une masse d’emplois mal payés, avec peu ou pas de sécurité, et
par une forte augmentation des inégalités salariales. Cette évolution s’est accompagnée,
surtout aux États-Unis, d’une « grande divergence » entre salaires réels médians et
productivité qui est attribuée à quelques facteurs clés : l’accélération du commerce et de la
mondialisation avec le déclin de l’emploi manufacturier, l’érosion des institutions du marché
du travail (syndicats, revenus minima, contrats de travail…), la concentration croissante à
l’intérieur des secteurs économiques et, enfin, la digitalisation du travail.

23Une forte polarisation des emplois est graduellement advenue sur le marché du travail au
profit, à un bout du spectre, des travailleurs très qualifiés à salaire élevé et, à l’autre bout du
spectre, des salariés peu ou pas qualifiés, et au détriment principal de la classe moyenne des
employés de bureau et des cadres moyens. Cette polarisation existe aussi, mais de façon
moindre, dans les pays en développement. Elle ne cessera pas rapidement d’elle-même. Et les
inégalités salariales vont progresser si des changements radicaux de politique économique
n’ont pas lieu : selon l’OCDE, en 2060, les pays à faible inégalité salariale atteindront des
niveaux d’inégalité correspondant à la moyenne des pays de l’OCDE, et la moyenne des pays
de l’OCDE atteindra des niveaux d’inégalité équivalents à celui des États-Unis aujourd’hui.

24Les inégalités des conditions de travail demeurent très fortes, notamment entre le Nord et
le Sud, où prévalent encore le travail forcé, le travail des enfants ou le système de parrainage
des travailleurs au Proche-Orient. Les conditions de travail se sont également détériorées pour
certains salariés dans les pays développés : l’économiste Angus Deaton a mis ainsi en
évidence la vague de « mort de désespoir » des ouvriers américains blancs et peu qualifiés à
partir des années 2000 ; on peut aussi évoquer la situation de certains travailleurs de
plateformes et celle des employés de la « première ligne » pendant la pandémie.

25Naguère caractérisé par son unité de temps, de lieu et d’action, ainsi que par l’unité
d’employeur, le travail subit, au Nord en tout cas, une longue série de fissurations [13]. Les
parcours professionnels sont caractérisés par de multiples ruptures. La fidélité vis-à-vis de
l’entreprise, en particulier si c’est un grand groupe, diminue. Le travail n’importe où,
n’importe quand et sur n’importe quel support s’est développé largement, grâce
aux smartphones et aux ordinateurs portables, avant que le télétravail ne prenne le relais de
façon massive à la suite de la crise épidémique et ne lézarde presque totalement – et
définitivement ? – la frontière entre bureau et domicile, vie professionnelle et vie familiale,
travail et congé. La localisation du travailleur s’efface de plus en plus au profit de sa capacité
à créer de la valeur et à communiquer cette valeur à ses partenaires à tout moment.
26Si la fin rapide du salariat est un leurre, le cadre du contrat de travail salarié, qui
représentait le mode privilégié de relation avec l’employeur, est indéniablement érodé sous
l’assaut des contrats « zéro heure », des relations triangulaires ou quadrangulaires d’emploi
(intérim, emplois de plateformes), des freelances et autres néo-indépendants ainsi que de la
possibilité nouvelle de gagner beaucoup d’argent par d’autres voies que le travail traditionnel
(cryptomonnaies, influence en ligne, jeu en ligne, etc.). La figure de l’employeur se brouille
également pour les travailleurs en raison du recours croissant à des cascades de sous-traitants
qui emploient des salariés et des travailleurs indépendants sur le même lieu, pour assurer les
différentes fonctions d’une unité de production ou de services, un hôtel par exemple. On
assiste également à un brouillage des frontières entre le travail rémunéré et formalisé, exercé
dans la sphère publique, et celui, gratuit, exercé dans la sphère privée, notamment sur Internet
ou sur le plan domestique. Alors qu’au Sud, la fissuration du travail est structurelle (en Inde,
la proportion de travailleurs informels progresse en dépit de la rapide modernisation du pays),
on assiste paradoxalement au Nord en ce début du xxie siècle, avec son hybridation et sa
flexibilisation, à une forme de convergence de la nature du travail dans les deux hémisphères.

27C’est aussi le sens même de la relation au travail qui est remis en cause aujourd’hui. Cette
interrogation et cette réévaluation du travail, liées à la progression rapide des niveaux de
formation et de l’individualisme dans la société, ne sont pas nouvelles : au-delà des
discussions des philosophes depuis Marx, la critique du travail et des « jobs à la con »
(bullshit jobs) par les jeunes générations a été une constante. Mais cette remise en cause prend
apparemment une nouvelle ampleur.

28Dans l’OCDE, le temps de travail a fortement diminué à mesure que les pays
s’enrichissaient, passant de 60 heures par semaine environ en 1900 à 35-40 heures
aujourd’hui en moyenne selon les pays. Les générations successives, qui ont une conception
de plus en plus polycentrique de leur existence, donnent une importance croissante au loisir
par rapport au travail [14]. Il n’est plus rare de voir des ingénieurs ou des cadres, tout juste
sortis d’école ou après quelques années d’expérience, abandonner des emplois bien payés
pour devenir boulanger, pâtissier, menuisier ou plombier. La notion de « faire carrière »
change voire devient, pour certains, obsolète. On voit aussi fleurir, sur un mode expérimental
et volontaire, des exemples de semaines de 4 jours ou de 30 heures dans certains pays (comme
le Royaume-Uni et les États-Unis) et des entreprises bien éloignés de la vision idéologique de
la gauche française ou du syndicalisme allemand.
29Les interrogations sur le sens et la place du travail dans la vie ont certainement été
exacerbées par la crise épidémique et les périodes inédites, et très longues, de confinement à
notre domicile : 60 % des travailleurs environ disent avoir reconsidéré l’équilibre entre vie
familiale et vie professionnelle à cette occasion. Près d’un jeune salarié sur trois se dit
désormais sceptique vis-à-vis des promesses faites par les employeurs sur sa carrière, sa
rémunération, ses primes et la culture d’entreprise. Les salariés ont, en tout cas, des attentes
beaucoup plus distanciées et hétérogènes qu’auparavant vis-à-vis du travail. Et, si la « grande
démission » annoncée est sans doute avant tout une accélération du turnover en période de
forte reprise, elle est néanmoins révélatrice des questionnements croissants des jeunes
générations [15].

Un travail aux multiples facettes

30Le travail est moins que jamais une réalité uniforme. Il présente ainsi de multiples facettes,
dont certaines sont préoccupantes.

31Le salariat est devenu de moins en moins monolithique et de plus en plus momentané et
atypique : intérim, contrats « zéro heure », groupements d’employeurs, travail à temps
partagé, portage salarial… Les zones grises se sont multipliées, notamment entre travail
salarié et travail indépendant. L’imagination des employeurs et des salariés est au pouvoir, y
compris dans le secteur public.

32Les plateformes d’emploi sont, dans l’imaginaire collectif, au cœur de cette évolution. Il en
existe deux catégories principales. D’abord, les plateformes de service à la demande,
dominées par les plateformes de mobilité (Uber) et de livraison à domicile (Deliveroo).
L’appariement et la gestion y sont réalisés en ligne mais le service y est rendu physiquement.
Ensuite, les plateformes de travail en ligne (de freelancing comme sur Upwork ou de
microtravail comme sur Amazon Mechanical Turk) fournissent des services entièrement
dématérialisés et à distance. La plateformisation, ou l’« ubérisation », et la gestion
algorithmique du travail ont été une crainte majeure au début des années 2010. Elles le
demeurent pour un Alain Supiot, qui parle du retour de nouvelles formes de servage, ou pour
d’autres qui critiquent l’atomisation et la tâcheronnisation du travail. Dix ans après, la
plateformisation des emplois s’est certes installée mais elle demeure encore cantonnée et
relativement marginale, notamment en France. Il y aurait 160 millions de profils
de freelances enregistrés sur les plateformes en ligne dans le monde, mais seulement 20
millions auraient obtenu du travail ainsi et 5 millions y auraient gagné plus de 1 000.
S’agissant des plateformes de service à la demande, comme Uber, leur viabilité réglementaire
et leur modèle économique sont toujours assez incertains. L’emploi de plateforme est souvent
un « job bonus », en complément d’un autre emploi. Le développement des plateformes au-
delà des secteurs de la mobilité et de la restauration, notamment dans les services à la
personne, est assez lent. Il faut également reconnaître que la plateformisation est aussi, au
Sud, une réelle source d’opportunités et de revenus pour des millions de travailleurs et leur
famille.

33Une menace plus sérieuse pour les salariés des pays industrialisés provient, en réalité, de la
massification en cours du télétravail. Né dans les années 1970 en Californie mais marginal
avant l’épidémie de Covid sauf dans quelques pays (comme les États-Unis et le Danemark), le
télétravail a explosé en 2020 dans la précipitation grâce aux solutions technologiques
efficaces et peu coûteuses désormais disponibles. Il répond indéniablement au désir de
souplesse de beaucoup de travailleurs et à leur volonté de limiter le temps passé dans les
transports en commun. C’est aussi une opportunité pour les employeurs de réduire fortement
les coûts fixes [16]. Il met néanmoins en péril l’étanchéité des temps personnel et
professionnel, le rôle de l’encadrement, la cohésion de la collectivité de travail et, surtout, le
lien à l’employeur de millions de salariés, naguère contraints mais protégés par la
subordination salariale et qui s’inscrivent désormais, nolens volens, dans une relation
distanciée et principalement transactionnelle. Son impact sur la productivité est probablement
négatif, même s’il varie selon les études publiées. Ce faisant, le télétravail est,
paradoxalement, à la fois un retour au travail domestique préindustriel et un pas de plus vers
une planétarisation du marché du travail et sa polarisation accrue. L’Institut Tony-Blair
estimait en 2021 que les « jobs de n’importe où », susceptibles d’être télétravaillés et d’être
mis en concurrence partout dans le monde, représentaient un cinquième du total des emplois
et que les risques de basculement étaient imminents.
34Des formes hybrides de travail, qui voient les salariés travailler un ou deux jours par
semaine à leur bureau et trois jours par semaine en télétravail, sont certes en train de se
répandre rapidement. 43 % des employeurs y verraient l’avenir. De même, certaines
entreprises autorisent désormais leurs salariés à travailler plusieurs semaines par an depuis
une filiale à l’étranger (voir l’initiative « Work Your World » chez Publicis), depuis des
espaces de coworking ou bien des agences locales, tels des nomades digitaux. Est-ce une
réponse suffisante aux risques de délocalisation de masse et, finalement, d’ubérisation du
cœur du salariat ? Non !

35Neuf entreprises sur dix affirment que le recrutement et l’intégration des nouveaux salariés
se font déjà en partie en ligne. Le recrutement par sms et par réseaux sociaux est désormais
fréquent dans de nombreux secteurs. La « datafication » des entreprises et la déréalisation du
travail, qui vont de pair avec sa ludification et avec le management algorithmique, n’en sont
probablement qu’à leurs débuts. Les techniques actuelles de data mining et de surveillance
des travailleurs peuvent faire sérieusement craindre, si elles ne sont pas très strictement
encadrées, des risques de dérive vers la société de contrôle postmoderne dénoncée à juste titre
il y a déjà plus de trente ans par Gilles Deleuze.

36Enfin, la configuration des bureaux a beaucoup évolué depuis quelques décennies : bureau
paysager, bureau cubicle ou à cloisons, open space… Aujourd’hui, c’est l’heure du bureau
flexible (flex office), du bureau nomade et des espaces de coworking. Naguère cantonnés
aux start up et aux cabinets de conseil, ces formats vont essaimer peu à peu dans toute
l’économie. Le bureau sera moins utilisé mais plus utile comme espace d’échanges, de
rencontres et de travail pour tous, selon des temps de présence réduits. La géographie du
travail évoluera également avec le télétravail ou avec les espaces de coworking. Les grands
centres urbains, qui se sont vidés pendant l’épidémie, n’ont d’ailleurs pas retrouvé toute leur
activité, notamment aux États-Unis. Au contraire, les villes petites et moyennes y auraient
attiré davantage de travailleurs. Mais la prospective est difficile en la matière : beaucoup
dépendra des mesures prises par les autorités locales et nationales.
La protection du travail au xxie siècle

37Il n’existe pas de recette toute prête pour faire face aux métamorphoses rapides du travail,
dont l’ampleur, et parfois les contours mêmes, nous échappent encore. Ce n’est pas une raison
pour baisser les bras. Essayer de mieux ordonner le travail tout en l’humanisant passe par
plusieurs orientations qu’il faudra adapter aux contextes nationaux.

38Adopter une politique macroéconomique de croissance et équilibrée est évidemment un


prérequis essentiel, comme l’est la mise en œuvre de politiques actives du marché du travail
efficaces. Cela est particulièrement délicat dans la période actuelle.

39Au Sud, alors que plus de 2 milliards d’adultes en âge de travailler n’ont encore qu’une
faible maîtrise de la lecture, la priorité doit aller à l’investissement dans la formation. Dans les
pays industrialisés, et la France au premier rang, c’est surtout la qualité des systèmes éducatifs
qui a besoin d’être significativement améliorée : les systèmes éducatifs doivent être mieux
articulés avec les besoins des marchés du travail, se concentrer davantage sur les compétences
et moins sur les diplômes, et mettre l’accent sur l’adaptabilité des futurs travailleurs (penser
en dehors du cadre et de façon intersectorielle, être agile…). De même, une refonte de la
pédagogie de la formation continue serait utile, en s’inspirant notamment de l’industrie du jeu
et des applications en ligne innovantes, afin que plus de travailleurs soient naturellement
enclins à se former.

40Dans de nombreux pays du Sud, la réglementation du travail est obsolète. Transposée en


copiant celle de l’Europe occidentale, elle fait l’hypothèse que la majorité de la population
active occupe un emploi salarié stable et à plein temps, ce qui n’est pas du tout le cas. Plus de
flexibilité de la législation y est indispensable, de même qu’une amélioration de l’accès aux
droits pour les indépendants et les travailleurs informels. Une flexibilité accrue du droit du
travail est nécessaire également dans beaucoup de pays industrialisés, dont la France. Cela
afin de permettre à ceux qui le souhaitent de travailler plus de lever les freins à l’embauche
qu’ont encore les employeurs, notamment vis-à-vis des chômeurs les plus éloignés de
l’emploi, et de lever les nombreux obstacles à la mobilité géographique et à la mobilité
professionnelle qui persistent. Nous avons aussi besoin de services publics de l’emploi plus
performants, ainsi que d’incitations plus fortes à l’activation rapide des demandeurs d’emploi
et des allocataires de minima sociaux (accompagnement dans l’emploi plus prescriptif,
assurance chômage moins généreuse).

41Cela n’est pas du tout antinomique avec la poursuite de l’objectif d’un travail décent.
L’insertion de clauses sociales dans les accords commerciaux bilatéraux et régionaux, et à
l’OMC au moins pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, ainsi qu’une
surveillance régulière par les ONG et les syndicats des pratiques sociales des filiales au Sud
des entreprises multinationales du Nord sont deux leviers qui devraient être actionnés à ce
propos.

42Pour ne pas être dépassés rapidement par la virtualisation mondialisée du travail, une
convention internationale du travail de plateforme, comme il en existe en matière de travail
maritime depuis 2006, devrait être élaborée, ainsi qu’à titre plus prospectif une autre
convention sur le travail dans le métavers. L’instauration par la loi d’un devoir de
déconnexion par les employeurs en dehors des heures légales de travail protégerait la vie
privée de centaines de millions de travailleurs, parfois contre eux-mêmes. Un principe
d’égalité de traitement entre les travailleurs au bureau et en télétravail et un encadrement
extrêmement strict des moyens de surveillance électronique par les employeurs sont
également souhaitables.

43Disposer d’un travail décent et souffrir de moins de discriminations, cela dépend largement
de la combativité retrouvée des syndicats et de la vitalité de l’action collective. Pour cela, il
faudra d’abord reconnaître la légalité des organisations syndicales dans tous les pays sans
exception, y compris en en faisant une condition de la signature des accords commerciaux. On
devrait également donner un cadre clair et stable à la négociation collective quand elle en
manque, systématiser la représentation des salariés dans les entreprises au-dessus d’une
certaine taille dans les pays du Sud, et leur donner peu à peu des pouvoirs de codécision au
Nord.

44On est encore loin de la mise en œuvre de dispositifs coût-efficacité de protection sociale,
même rudimentaires, dans beaucoup de pays émergents. La mise en place de mécanismes
universels et efficaces d’assistance et de sécurité sociale, en particulier dans le domaine de la
santé et des retraites, y est pourtant finançable par une hausse des recettes fiscales qui sont
aujourd’hui fréquemment à des niveaux très bas. Ce sera un outil très efficace pour faire
reculer l’informalité du marché du travail.

45Dans les économies émergentes les plus dynamiques et riches en emplois, l’accent doit être
mis sur la couverture des accidents du travail et des maladies professionnelles, ainsi que sur
des formes d’assurance contre le chômage, y compris en faisant appel à des mécanismes de
comptes individuels privés. Dans les pays industrialisés, comme la France, la réforme des
régimes qui ne sont pas viables financièrement, en particulier les régimes de retraite, le
financement d’une prise en charge adéquate de la perte d’autonomie et des soins palliatifs,
une protection sociale renforcée pour les travailleurs en ligne et, plus généralement, les
nouvelles formes d’emploi ainsi qu’un meilleur ciblage des prestations sociales sur ceux qui
en ont le plus besoin sont autant de chantiers qui restent devant nous. Il faut également ne pas
faire fi de l’expérimentation de formes innovantes de revenu universel, qui seraient
intéressantes afin de préparer le jour, lointain, où les machines nous remplaceront
effectivement.

46La fin du travail est-elle son avenir ? Certainement pas dans les dix prochaines années, ni
même ensuite. Au demeurant, si jamais cette hypothèse se matérialisait un jour, l’humanité
enfin émancipée ne retrouverait-elle pas du temps pour aimer, pour créer, pour se cultiver et
pour redevenir l’animal politique que décrivait Aristote ?

Le chaos politique en France ? Six inédits en 2022


1. La réélection d’un Président sortant (hors fin de cohabitation).
2. L’effondrement du parti de la droite (Les Républicains) à la présidentielle : Pécresse
4,8 %.
3. L’effondrement du parti de la gauche de gouvernement (PS) à la présidentielle : Hidalgo
1,7 %.
4. La disparition du « fait majoritaire » aux législatives, lequel était une constante depuis
60 ans.
5. L’institutionnalisation et la progression de la droite extrême. 41 % des suffrages
exprimés, plus de 13 millions de voix au second tour de la présidentielle, le 24 avril, un
record. 88 députés aux législatives de juin, le RN premier groupe d’opposition à l’Assemblée
nationale.
6. Le parti le plus radical (La France insoumise) dominant à gauche, inédit depuis un demi-
siècle et fait unique en Europe.
La Lettre OD, 30 décembre 2022.

Notes

 [1]

Voir H. Arendt, Condition de l’homme moderne (1958), traduit de l’anglais par G.


Fradier, Calmann-Lévy, « Liberté de l’esprit », 1961.

 [2]

Voir Ch. Goodhart et M. Pradhan, The Great Demographic Reversal. Ageing


Societies, Waning Inequality and an Inflation Revival, Londres, Palgrave Macmillan,
2020.

 [3]

Selon l’OCDE, la croissance, après 2,6 % en 2022, serait de 0,6 % en 2023 en France
(la Banque de France projette +0,3 %). Les toutes dernières prévisions en ce début
d’année 2023 sont plus encourageantes. La croissance potentielle à moyen terme serait
de 1 % par an environ dans notre pays selon le Haut Conseil des finances publiques.

 [4]

Voir D. Autor et al., The Work of the Future. Building Better Jobs in an Age of
Intelligent Machines, préface de R. M. Solow, Cambridge, MIT Press, 2022.

 [5]

Voir R. Baldwin, The Globotics Upheaval. Globalization, Robotics and the Future of
Work, Londres, Weidenfeld & Nicholson, 2019 et World Economic Forum, The
Future of Jobs Report 2020, consultable en ligne.

 [6]

E. Brynjolfsson et A. McAfee, Le Deuxième Âge de la machine. Travail et prospérité


à l’heure de la révolution technologique(2014), traduit de l’anglais par Chr. Jacquet,
Odile Jacob, 2015.

 [7]

Voir sur cette question de l’automisation un petit livre très éclairant : J. S.


Carbonell, Le Futur du travail, Éditions Amsterdam, 2022.

 [8]
Selon la Banque mondiale, in Le Travail en mutation, rapport sur le développement
dans le monde, 2019, consultable en ligne.

 [9]

Voir R. Florida, The Rise of the Creative Class. And How It’s Transforming Work,
Leisure, Community and Everyday Life, édition revue et augmentée, New York, Basic
Books, 2012.

 [10]

Pour une analyse récente du cas français, voir N. Dufourcq, La Désindustrialisation


de la France. 1995-2015, Odile Jacob, 2022.

 [11]

P. Veltz, La Société hyper-industrielle. Le nouveau capitalisme productif, Seuil, « La


République des idées », 2017.

 [12]

La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques est une


direction de l’administration publique centrale française, qui dépend du ministère du
Travail.

 [13]

D. Weil, The Fissured Workplace. Why Work Became So Bad for So Many and What
Can Be Done to Improve It, Cambridge, Harvard University Press, 2017.

 [14]

Néanmoins, par un renversement intéressant du sens de l’histoire, les travailleurs les


plus qualifiés et les mieux payés travaillent désormais (beaucoup) plus que les
travailleurs qui sont au bas de l’échelle.

 [15]

Pour une récente analyse sur le rapport au travail en France, voir Fl. Baumlin et R.
Bendavid, « Je t’aime, moi non plus : les ambivalences du nouveau rapport au
travail », Fondation Jean-Jaurès, janvier 2023.

 [16]

Pour des contre-exemples de grands patrons qui exigent le retour au bureau tous les
jours, voir les prises de position d’E. Musk, de J. Dimon ou du P-DG de Goldman
Sachs.

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