Facteurs associés à la prise de rendez-vous en ligne pour

une consultation de médecine générale

Sami Ellouze, Jean Lafortune, André Soares
Dans Santé Publique 2018/3 (Vol. 30), pages 371 à 382
Éditions S.F.S.P.
ISSN 0995-3914
DOI 10.3917/spub.183.0371
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 Pratiques et organisation des soins Recherche originale

Facteurs associés à la prise de rendez-vous en ligne

pour une consultation de médecine générale
Predictors of online medical appointments with general practitioners
1 2 2
Sami Ellouze , Jean Lafortune , André Soares

û Résumé
Introduction : Les modalités de prise de rendez-vous (RDV)
pour une consultation de médecine générale sont un maillon
important de la chaîne d’accès aux soins. Notre objectif était de
rechercher les facteurs sociodémographiques associés à la prise
de RDV sur plateformes internet des patients ayant pris un RDV
chez un généraliste parisien.
Méthodes : Une enquête épidémiologique transversale multi-
centrique a été réalisée de janvier à avril 2017 dans 61 pharma-
cies auprès de patients ayant consulté un généraliste, au sein
d’arrondissements parisiens à fort gradient social. Un question-
naire était proposé par les pharmaciens, visant à définir les
caractéristiques sociodémographiques des patients ainsi que le
mode de rendez-vous pris chez le généraliste. Une analyse
univariée et un modèle multivarié ont été utilisés pour déter-
miner les facteurs associés à la prise de RDV sur plateformes
Internet.
Résultats : Au total, 423 patients ont été inclus dans l’étude.
L’analyse multivariée a indiqué que la catégorie d’âge supérieure
à 40 ans (âge 40-59 ans : OR ajusté = 0,46, IC95 % = [0,236 ;
0,879], p = 0,02 et âge supérieur à 60 ans : OR ajusté = 0,023,
IC95 % = [0,109 ; 0,49], p = 0,0001), la non-utilisation d’internet
(OR ajusté = 10,55 [3,62 ; 45,04], p = 0,0001) et l’habitation dans
des quartiers parisiens définis sur le seul critère de pauvreté
(OR ajusté = 0,427, IC95 % = [0,23 ; 0,76], p = 0,004]) étaient
fortement associés de manière défavorable à la prise de RDV via
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û Abstract
context: Appointments with general practitioners constitute the
first point of contact with broader healthcare services for most
patients. This study assessed sociodemographic factors associated
with online appointments with general practitioners in Paris.
method: A multicentre cross-sectional epidemiological study was
conducted from January to April 2017 in 61 pharmacies in the east
of Paris, marked by a high social gradient. Pharmacists invited
patients who had consulted a general practitioner to fill in a ques-
tionnaire. The questionnaire helped define the sociodemographic
characteristics of the patients as well as how they made their
appointments.
Results: A total of 423 patients were included in the study.
Multivariate analysis indicated that the age category over 40 years
(age 40-59 years: ORajusted = 0.46, 95% CI = [0.236; 0.879], p = 0.02
and age over 60 years: ORadjusted = 0.023, 95% CI = [0.109; 0.49],
p = 0.0001), non-use of Internet (ORadjusted = 10.55 [3.62; 45.04],
p = 0.0001), and residents from priority areas of the city of Paris
(ORadjusted =0.227, 95% CI = [0.23; 0.76], p = 0.004]) were far less
likely to make online appointments with their general
practitioners.
conclusion: To provide equal access to care for all, traditional
appointment methods (open-door consultations and telephone
bookings) must be provided alongside new Internet appointment
services.

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une plateforme internet chez le généraliste.
Conclusions : L’utilisation des plateformes de prise de RDV en
ligne doit être couplée aux moyens organisationnels usuels
(consultation libre et prise de RDV téléphonique) afin de
proposer un accès aux soins égalitaire à tous.

Mots-clés : Disparités d’accès aux soins ; Médecins de première Keywords: Healthcare disparities; Physicians, primary care;
ligne ; Internet ; Rendez-vous et plannings ; Santé publique. Internet; Appointments and schedules; Public health.

1
Faculté de médecine Pierre et Marie Curie – 74 rue Dunois – 75013 Paris – France.
2
Département Enseignement et Recherche en médecine – Faculté de médecine Paris 6 – Saint-Antoine – Rez de Chaussée – couloir B –
27, rue Chaligny – 75571 Paris cedex 12 – France.
Correspondance : S. Ellouze Réception : 02/11/2017 – Acceptation : 26/02/2018
samellouze@gmail.com

Santé publique volume 30 / N° 3 - mai-juin 2018 371

 S. Ellouze, J. Lafortune, A. Soares

introduction

La transformation numérique des sociétés occidentales,

soutenue par les politiques publiques a modifié en profondeur
les usages des citoyens. Cet élan se poursuit avec près de 50 %
de la population mondiale, aujourd’hui connectée à internet
dont 94 % de jeunes âgés de 15 à 24 ans dans les pays déve-
loppés [1]. La diffusion croissante d’informations par le biais
d’internet a fait évoluer la relation entre les usagers et les
professionnels notamment dans le domaine de la santé [2].
Les technologies de l’information et de la communication se
développent également rapidement et influencent aussi bien
les pratiques médicales que l’organisation du système de soins
pour faire face à de nouveaux besoins [3]. Les nouvelles plate-
formes de prise de rendez-vous médicaux (RDV) en ligne en
font partie et s’inscrivent dans le cadre d’une optimisation Figure 1 : Diagramme de flux de l’étude comparant les groupes
organisationnelle des consultations médicales. Elles présentent rendez-vous (RDV) par téléphone et RDV par une plateforme
de sérieux atouts en termes de confort de travail pour le prati- (Paris, 2017).
cien et de facilité de prise de rendez-vous pour les patients.
Les modalités de prises de rendez-vous auprès des profes-
sionnels de santé constituent un maillon essentiel de l’accès de consulter un médecin généraliste parisien. Les patients
aux soins pour tous. L’adoption récente de cet outil par les pouvaient répondre de trois manières différentes, soit sur
médecins généralistes semble modifier le profil des patients place avec l’aide du pharmacien, soit de manière autonome
qui les consultent, privilégiant une patientèle plus jeune. au domicile avec la possibilité de renvoyer le questionnaire
L’utilisation des prises de rendez-vous en ligne a-t-elle un par voie postale à l’aide d’une enveloppe pré-timbrée ou
impact en termes d’inégalités d’accès aux soins ? Quels déter- enfin répondre sur internet via un lien dédié.
minants sociaux de santé favorisent ou constituent un frein à Au total, 717 patients ont répondu au questionnaire.
la prise du rendez-vous en ligne chez le généraliste ? L’objectif Parmi eux 589 avaient pris un rendez-vous (groupe avec
de l’étude est de comparer les profils sociodémographiques RDV) dont 442 par téléphone (groupe RDV téléphone),
des patients qui prennent un rendez-vous de consultation en 147 via une plateforme de RDV en ligne (groupe RDV plate-
médecine générale via une plateforme internet avec ceux qui forme) et 128 avaient consulté sans RDV (groupe sans
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prennent un rendez-vous par téléphone. RDV). Les patients inclus étaient ceux qui avaient pris un
RDV chez un généraliste et habitant le même arrondisse-
ment que les pharmacies sélectionnées (13e, 18e, 19e et
20e arrondissements de Paris) soit 423 patients (figure 1).
méthodes Le nombre de refus de participation n’a pas été relevé.

Il s’agissait d’une enquête épidémiologique, transversale, Sélection des pharmacies

quantitative, déclarative, multicentrique réalisée au sein de
pharmacies des 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements de Paris
pendant la période du 1er janvier au 1er avril 2017.
Population d’étude
Un questionnaire anonyme était proposé par des phar-
maciens aux patients âgés d’au moins 18 ans qui venaient
Il a été demandé aux titulaires de 80 pharmacies de l’est
parisien leur accord de participation à l’étude au mois de
décembre 2016. La sélection des pharmacies s’est faite de
manière aléatoire en fonction de l’approbation des phar-
maciens et de la localisation globalement homogène des
pharmacies sur chaque arrondissement.
Finalement 19 pharmacies n’ont pas participé à l’étude,
l’inclusion des patients s’est donc faite au sein de

372 Santé publique volume 30 / N° 3 - mai-juin 2018


61 pharmacies des 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements de
Paris (tableau I).
Le nombre de pharmacies a été ajusté de manière à ce
que 300 questionnaires soient distribués par
arrondissement.
Parmi les 61 pharmacies participant à l’étude, certaines
ont été choisies en fonction de leur localisation pour repré-
senter les pharmacies proches des quartiers prioritaires
de la ville de Paris définis sur la base du critère unique de
concentration urbaine de pauvreté tel que présenté par
l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) [4] (tableau II).
Tableau I : Pharmacies des 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements de Paris ayant participé à l’étude (Paris, 2017)
Pharmacies de l’étude
CODE 1 PH ILLOUZ 20 rue d’Avron 75020
CODE 2 PH BELGRAND 15 rue Belgrand 75020
CODE 3 PH GEODE 118 avenue de Flandre 75019
CODE 4 PH AQUARIUS 14 rue de Thionville 75019
CODE 5 PH LES ORGUES 7 rue Mathis 75019
CODE 6 PH POSTE 28 rue du Télégraphe 75020
CODE 7 PH CONSEIL BOLIVAR 38 avenue Simon-Bolivar 75019
CODE 8 PH BOTZARIS 72 rue Botzaris 75019
CODE 9 PH MÉNILMONTANT 51 rue de Ménilmontant 75020
CODE 10 PH DU 82 82 rue de Belleville 75020
CODE 11 PH NATIONALE 120 rue Nationale 75013
CODE 12 PH PÉLISSIER 3 rue de l’Amiral Mouchez 75013
CODE 13 PH THIAUCOURT 57 avenue des Gobelins 75013
CODE 14 PH MASSÉNA 50 avenue de la Porte d’Ivry 75013
CODE 15 PH MAISON BLANCHE 160 avenue d’Italie 75013
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CODE 16 PH TEMSET 5 square Dunois 75013
CODE 17 PH NOTELET 54 bd Saint Marcel 75005 (inclus 75013)
CODE 18 PH RACHIDI 401 rue des Pyrénées 75020
CODE 19 PH GOLDSTEIN 25 rue Pelleport 75020
CODE 20 PH BUTTES CHAUMONT 94 avenue Jean-Jaurès 75019
CODE 21 PH PLACE COCHET avenue de la Porte Chaumont 75019
CODE 22 PH MAMAN 29 rue Eugène-Jumin 75019
CODE 23 PH CENTRALE DES PYRÉNÉES 127 rue des Pyrénées 75020
CODE 24 PH SAINT BLAISE 1 rue Stendhal 75020
CODE 25 PH DE LA MAIRIE 1 rue Armand-Carrel 75019
CODE 26 GRANDE PH DE STALINGRAD 27 avenue de Flandre 75019
CODE 27 PH BRUNET 4 rue Ordener 75018
CODE 28 PH DADOUN 38 rue Clignancourt 75018
CODE 29 PH ANCIENNE RAMEY 2 rue Ramey 75018
CODE 30 PH JULES JOFFRIN 30 rue Hermel 75018
Limites de l’accès aux soins
Variables utilisées
Le questionnaire était composé de 17 questions visant à
définir les caractéristiques sociodémographiques ainsi que
le mode de prise de rendez-vous chez le généraliste par les
patients.
Les variables suivantes ont été recueillies auprès de
l’ensemble des participants :
•• Caractéristiques sociodémographiques : âge, sexe, natio-
nalité, habitation (code postal et quartier).
•• Situation familiale : seul ou en couple.
CODE 31 PH LES GDES CARRIÈRES 83 rue Damrémont 75018
CODE 32 PH LES ALIZÉS 78 avenue de Saint-Ouen 75018
CODE 33 PH MARÉCHAL GEORGEL 90 avenue de Saint-Ouen 75018
CODE 34 PH MATHIEU 23 rue Letort 75018
CODE 35 PH DE LA BUTTE MONTMARTRE 11 rue Lepic 75018
CODE 36 PH WELL ET WELL 62 rue Custine 75018
CODE 37 PH TAIEB 60 avenue de Flandre 75019
CODE 38 PH BOLIVAR 99 avenue Simon-Bolivar 75019
CODE 39 PH SECRÉTAN 19 avenue Secrétan 75019
CODE 40 PH ZALAY 34 rue Marx-Dormoy 75018
CODE 41 PH DE L’OURCQ 148 avenue Jean-Jaurès 75019
CODE 42 PH BENAMRAM 105 rue Manin 75019
CODE 43 PH HASSAN 7 rue Curial 75019
CODE 44 PH HADJ ALI 2 rue Léon 75018
CODE 45 PH SOUSSAN AIZENMAN 18 rue Simart 75018
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CODE 46 PH CHARBONNIER 2 place Jacques Froment 75018
CODE 48 PH LA FOURCHE 47 avenue de Clichy 75018
CODE 49 PH DU MARCHÉ DEJEAN 23 rue de Suez 75018
CODE 50 PH LA CHAPELLE 17 rue de la Chapelle 75018
CODE 51 PH DU SIMPLON 44 bd Ornano 75018
CODE 52 PH SEBAG 26 rue de Meaux 75019
CODE 53 PH DE LA PLACE DES FÊTES 10 rue Augustin-Thierry 75019
CODE 54 PH BUI NGUYEN 249 rue de Belleville 75019
CODE 55 PH SAINT-GERVAIS 1 rue Alphonse-Aulard 75019
CODE 56 PH PROVIDENCE 90 rue des Martyrs 75018
CODE 57 PH INTERNATIONALE 5 place Pigalle 75009 (inclus 75018)
CODE 58 PH CENTRALE DE MONTMARTRE 42 avenue Junot 75018
CODE 59 GRANDE PH MARCADET 141 rue Marcadet 75018
CODE 60 PH RADJA 63 rue Damrémont 75018
CODE 61 PH CHATEL 18 avenue de Clichy 75018
Santé publique volume 30 / N° 3 - mai-juin 2018 373
 S. Ellouze, J. Lafortune, A. Soares
Tableau II : Les pharmacies proches des quartiers prioritaires de la ville de Paris (Paris, 2017)
Pharmacies des quartiers prioritaires de la ville de Paris
CODE 15 PH MAISON BLANCHE 160 avenue d’Italie 75013
CODE 14 PH MASSÉNA 50 avenue de la Porte d’Ivry 75013
CODE 11 PH NATIONALE 120 rue Nationale 75013
CODE 34 PH MATHIEU 23 rue Letort 75018
CODE 50 PH LACHAPELLE 17 rue de la Chapelle 75018
CODE 27 PH BRUNET 4 rue Ordener 75018
CODE 40 PH ZALAY 34 rue Marx-Dormoy 75018
CODE 51 PH DU SIMPLON 44 bd Ornano 75018
CODE 44 PH HADJ ALI 2 rue Léon 75018
CODE 49 PH DU MARCHÉ DEJEAN 23 rue de Suez 75018
CODE 21 PH PLACE COCHET avenue de la Porte Chaumont 75019
CODE 26 GRANDE PH DE STALINGRAD 27 avenue de Flandre 75019
CODE 5 PH LES ORGUES 7 rue Mathis 75019
CODE 3 PH GEODE 118 avenue de Flandre 75019
CODE 55 PH SAINT GERVAIS 1 rue Alphonse-Aulard 75019
CODE 54 PH BUI NGUYEN 249 rue de Belleville 75019
CODE 9 PH MENILMONTANT 51 rue de Ménilmontant 75020
CODE 10 PH DU 82 82 rue de Belleville 75020
CODE 18 PH RACHIDI 401 rue des Pyrénées 75020
CODE 6 PH POSTE 28 rue du Télégraphe 75020
•• Situation socio-économique : activité (actif, inactif, au
chômage, retraité, étudiant), niveau de diplôme (inférieur
au baccalauréat, niveau baccalauréat, supérieur au bacca-
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lauréat), catégorie socio-professionnelle (basée sur la
nomenclature de l’Institut national de la statistique et des
études économique des professions et catégories socio-
professionnelles (PCS) 2003), logement (propriétaire,
locataire, hébergé à titre gracieux).
•• Couverture médico-sociale : aides sociales [sans aides,
revenu de solidarité active (RSA), caisse d’allocation fami-
liale (CAF), allocation adulte handicapé (AAH)], couver-
ture médicale [sécurité sociale, mutuelle, couverture
maladie universelle (CMU), aide médicale de l’État
(AME)], bénéficiaire de la prestation pour affection de
longue durée (ALD) (oui, non).
•• Recours aux soins : mode de prise de rendez-vous (sans
rendez-vous, par téléphone, sur plateforme Internet), le
médecin consulté (médecin traitant, autre médecin géné-
raliste), déclaration d’un médecin traitant (oui, non).
•• Utilisation d’internet : internet (oui, non).
374 Santé publique volume 30 / N° 3 - mai-juin 2018
Correspondance avec les quartiers prioritaires de la ville de Paris
Kellermann - Paul Bourget (13e)
Villa d’Este - Bédier - Boutroux (13e)
Jeanne d’Arc - Clisson (13e)
Blémont (18e)
La Chapelle - Évangile (18e)
La Chapelle - Évangile (18e)
La Goutte d’Or (19e)
Blémont - Porte Monmartre - Porte des Poissonniers (18e)
La Goutte d’Or (19e)
La Goutte d’Or (19e)
Danube - Solidarité - Marseillaise (19e)
Stalingrad - Riquet (19e)
Stalingrad - Riquet (19e)
Michelet - Alphonse Karr - rue de Nantes (19e)
Algérie (19e)
Compans - Pelleport (20e)
Compans - Pelleport (20e)
Grand Belleville (20e)
Grand Belleville (20e)
Compans - Pelleport (20e)
Cadre déontologique et éthique
Les patients inclus ont été ceux qui ont donné leur
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consentement oral à participer à l’étude. Le recueil de la
situation sociale a été réalisé dans le respect du patient et
dans la confidentialité.
Le recrutement et les modalités de présentation de
l’étude aux patients ont été réalisés par les pharmaciens, le
caractère anonyme et relatif à la réalisation d’une thèse de
médecine générale a bien été précisé de manière systéma-
tique et écrit sur les documents distribués, ni le nom ni les
initiales des patients n’ont été relevés, les patients ont été
identifiés par une double numérotation (numéro patient et
code de pharmacie) qui apparaissait sur les documents de
recueil des données. Une déclaration de conformité à une
méthodologie de référence MR n° 3 relative aux traitements
de données à caractère personnel mis en œuvre dans le
cadre des recherches dans le domaine de la santé a été
effectuée auprès de la Commission nationale de l’informa-
tique et des libertés (CNIL).

Calcul de la taille de l’échantillon
Le nombre de sujets nécessaire était basé sur l’objectif
principal, ici l’évaluation des facteurs associés à la prise de
rendez-vous sur plateforme internet. Avec trois témoins
pour un cas, une incidence des prises de RDV en ligne à 0,2,
un Odds Ratio attendu de 0,4, un risque alpha à 5 % et une
puissance de 80 %, le nombre de sujets attendu a été atteint
puisqu’il fallait 101 cas pour 303 témoins.
Statistiques
Les caractéristiques de la population ont été décrites puis
comparées selon le mode de prise de rendez-vous. Les résul-
tats descriptifs ont été exprimés en effectifs et pourcentages
de l’effectif. Les analyses comparatives ont fait appel au test
du χ² ou au test exact de Fischer lorsque les effectifs étaient
faibles. Pour tous les tests utilisés, le seuil de signification
statistique était défini à 0,05. Les variables explicatives
(caractéristiques sociodémographiques, situation familiale,
situation socio-économique, couverture médico-sociale,
recours aux soins et utilisation d’internet) associées à la
variable d’intérêt lors de l’analyse univariée ont été sélec-
tionnées avec un seuil de 0,05. Les résultats ont été exprimés
en odds ratio (OR) avec intervalle de confiance (IC) à 95 %.
Un modèle de régression logistique multivarié a ensuite été
réalisé (seuil de 5 %) pour établir le modèle final. Les résul-
tats ont été exprimés en odds ratio dits ajustés (OR ajustés)
avec leurs intervalles de confiance respectifs à 95 %.
Les données ont été intégrées initialement sur Microsoft
Excel 2017, la base de données a enfin été analysée à l’aide
du logiciel Rstudio.
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Résultats
Parmi les 423 patients inclus dans l’étude, ceux qui ont
pris rendez-vous par téléphone sont trois fois plus
nombreux que ceux qui ont pris rendez-vous sur une plate-
forme en ligne (n = 323 versus n = 100). Le nombre de refus
de participation n’a pas été comptabilisé. Le taux de retour
de questionnaires remplis en pharmacie avec le pharma-
cien et le taux de ceux remplis au domicile puis envoyés par
courrier étaient similaires : respectivement (n = 190, 45 %)
et (n = 178, 42 %). Les patients qui ont rempli le question-
naire sur internet étaient moins nombreux (n = 55, 13 %).
L’analyse statistique des modes de réponses n’a pas montré
Limites de l’accès aux soins
de différence significative entre le groupe de patients ayant
pris RDV par téléphone (groupe RDV téléphone) et le
groupe ayant pris RDV via une plateforme en ligne (groupe
RDV plateforme) (p = 0,22) (tableau III).
Caractéristiques sociodémographiques des patients inclus
L’échantillon était composé en majorité de femmes (61 %,
n = 258) et de 39 % (n = 165) d’hommes avec un sexe ratio :
0,64. La tranche d’âge supérieure à 60 ans était la plus repré-
sentée (n = 192, 45,4 %) suivie de la tranche directement
inférieure entre 40 et 59 ans pour un tiers de l’effectif
(n = 126, 29,8 %), 20,1 % pour la tranche 25-40 ans (n = 85),
les moins de 25 ans étaient sous représentés (n = 20, 4,7 %).
La majorité des patients étaient de nationalité française
(n = 392, 92,7 %). Le statut familial comptait 92,7 % de
patients en couple (n = 259) contre 7,3 % de célibataires
(n = 164). Plus de la moitié étaient locataires (n = 234,
55,3 %), 40 % étaient propriétaires (n = 172) et 4 % étaient
hébergés (n = 17). Plus des deux tiers de l’échantillon avaient
au moins le niveau baccalauréat 66,6 % avec en majorité des
personnes diplômées du supérieur (n = 266, 62,9 % de
l’échantillon), moins d’un quart avait un diplôme inférieur au
baccalauréat (n = 99, 23,4 %). Une majorité d’actifs consti-
tuait la population d’étude (n = 202, 47,8 %) dont les propor-
tions de cadres et d’ouvriers étaient les plus représentées
(respectivement n = 177, 41,8 %, et n = 161, 38 %) suivis des
retraités (n = 169, 40 %). Les étudiants et chômeurs étaient
minoritaires (respectivement n = 15, 3,5 % et n = 37, 8,7 %).
Enfin, plus d’un tiers de l’effectif était issu des quartiers prio-
ritaires de la ville de Paris (n = 141, 37 %) (tableaux III et IV).
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Caractéristiques médico-sociales des patients
La grande majorité des patients qui fréquentaient les
pharmacies de l’Est parisien avait déclaré un médecin trai-
tant (n = 400, 94,6 %). Parmi eux 82,7 % (n = 350) avaient
été fidèles à leur médecin traitant avant de remplir le ques-
tionnaire, 50 patients avaient consulté un autre généraliste
que leur médecin traitant.
La couverture médicale était maximale pour 77,3 % des
patients (Sécurité sociale (SS) + mutuelle, n = 327), 17,3 %
n’étaient affiliés qu’à la Sécurité sociale seule (SS, n = 73) et
5,4 % relevaient de la CMU (n = 23). Un peu plus du tiers des
patients bénéficiaient de l’ALD (n = 146, 34,5 %). Enfin
17,5 % des patients bénéficiaient d’aides sociales, dont 8 %
attribués au RSA, 16 % à l’AAH, 8 5 % à la CAF et 5 % à l’allo-
cation personnalisée à l’autonomie (APA) (tableaux III et IV).
Santé publique volume 30 / N° 3 - mai-juin 2018 375
 S. Ellouze, J. Lafortune, A. Soares

Tableau III : Caractéristiques sociodémographiques selon le mode de RDV : analyses univariées non significativement significatives
(p > 0,05) (Paris, 2017)

RDVa Téléphone RDVa Plateforme Total

Variables p ORb [ICc 95 %]
Effectif Proportion Effectif Proportion Effectif Proportion

Sexe 0,16
Femme 191 59 67 67 258 61 1
Homme 132 41 33 33 165 39 0,71 [0,44 ; 1,13]
Total 323 100 100 100 423 100
Nationalité 0,89
Étrangère 24 7 7 7 31 7,3 1
Française 299 93 93 93 392 92,7 1,06 [0,46 ; 2,75]
Total 323 100 100 100 423 100
Logement 0,69
Hébergé 13 4 4 4 17 4 1
Locataire 175 54 59 59 234 55,3 1,09 [0,37 ; 4,0]
Propriétaire 135 42 37 37 172 40,7 0,89 [0,29 ; 3,3]
Total 323 100 100 100 423 100
CSPe 0,19
Cadre 127 39,3 50 50 177 41,8 1
Intermédiaire 37 11,5 13 13 50 11,8 0,89 [0,42 ; 1,78]
Ouvrier 130 40,2 31 31 161 38 0,6 [0,36 ; 1,0]
Sans profession 29 9 6 6 35 8,4 0,52 [0,18 ; 1,26]
Total 323 100 100 100 423 100
Couverture médicale 0,58
CMU f
19 6 4 4 23 5,4 1
SSg + Mutuelle 251 78 76 76 327 77,3 1,43 [0,52 ; 5,07]
SSg
53 16 20 20 73 17,3 1,79 [0,58 ; 6,75]
Total 323 100 100 100 423 100
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Arrondissement d’habitation 0,92
75018 74 23 21 21 95 22,5 1
75019 63 20 22 22 85 20,1 1,23 [0,61 ; 2,45]
75013 109 34 32 32 141 33,3 1,03 [0,55 ; 1,95]
75020 77 24 25 25 102 24,1 1,14 [0,59 ; 2,23]
Total 323 100 100 100 423 100
Médecin traitant 0,08
Non 14 4 9 9 23 5,4 1
Oui 309 96 91 91 400 94,6 0,45 [0,19 ; 1,13]
Total 323 100 100 100 423 100
Mode de réponse 0,22
Au domicile renvoyé par courrier 140 43 38 38 178 42 1
Sur un lien Internet 37 11 18 18 55 13 1,79 [0,90 ; 3,47]
En pharmacie 146 45 44 44 190 45 1,11 [0,67 ; 1,82]
Total 323 100 100 100 423 100
a
: Rendez-vous ; b : Odd ratio ; c : Intervalle de confiance ; e : Catégorie socio-professionnelle ; f : Couverture maladie universelle ; g : Sécurité sociale.

376 Santé publique volume 30 / N° 3 - mai-juin 2018

 Limites de l’accès aux soins

Tableau IV : Caractéristiques sociodémographiques selon le mode de RDV : analyses uni-variées statistiquement significative
(p < 0,05) (Paris, 2017)
RDVa Téléphone RDVa Plateforme Total ORb [ICc 95 %]
Variables p
Effectif Proportion Effectif Proportion Effectif Proportion
Âge 0,0001
Entre 25 et 39 ans 46 14 39 39 85 20,1 1
Moins de 25 ans 12 4 8 8 20 4,7 0,78 [0,28 ; 2,09]
Entre 40 et 59 ans 92 28 34 34 126 29,8 0,43 [0,24 ; 0,77]
Plus de 60 ans 173 54 19 19 192 45,4 0,12 [0,06 ; 0,24]
Total 323 100 100 100 423 100
Situation familiale 0,02
Célibataire 135 42 29 29 164 7,3 1
En couple 188 58 71 71 259 92,7 1,75 [1,09 ; 2,88]
Total 323 100 100 100 423 100
Diplôme 0,0001
Bacd 48 15 10 10 58 13,7 1
Inférieur au Bacd 89 28 10 10 99 23,4 0,53 [0,2 ; 1,4]
Supérieur au Bacd 186 58 80 80 266 62,9 2,06 [1,03 ; 4,5]
Total 323 100 100 100 423 100
Activité < 0,0001
Actif 132 41 70 70 202 47,8 1
Au chômage 27 8 10 10 37 8,7 0,69 [0,3 ; 1,48]
Retraité 155 48 14 14 169 40 0,17 [0,08 ; 0,3]
Étudiant 9 3 6 6 15 3,5 1,25 [0,4 ; 3,62]
Total 323 100 100 100 423 100
Aide sociale 0,005
Non 276 85 73 73 349 82,5 1
Oui 47 15 27 27 74 17,5 2,17 [1,25 ; 3,7]
Total 323 100 100 100 423 100
ALDh 0,0001
Non 195 60 82 82 277 65,5 1
Oui 128 40 18 18 146 34,5 0,33 [0,18 ; 0,57]
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Total 323 100 100 100 423 100

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Habitation dans les quartiers prioritaires 0,02
Non 204 64 76 76 280 66,5 1
Oui 117 36 24 24 141 33,5 0,55 [0,32 ; 0,9]
Total 323 100 100 100 423 100
Pharmacie de quartier prioritaire 0,03
Non 172 60 60 73 232 63 1
Oui 114 40 22 27 136 37 0,55 [0,31 ; 0,94]
Total 323 100 100 100 423 100
Consultation du médecin traitant 0,0001
Non 43 13 30 30 73 17,3 1
Oui 280 87 70 70 350 82,7 0,35 [0,21 ; 0,61]
Total 323 100 100 100 423 100
Internautes < 0,0001
Non 112 35 3 3 182 43 1
Oui 211 65 97 97 241 57 17,16 [6,26 ; 70,89]
Total 323 100 100 100 423 100
a
: Rendez-vous ; b : Odd Ratio ; c : Intervalle de confiance ; d : Baccalauréat ; h : Affection de Longue Durée.

Santé publique volume 30 / N° 3 - mai-juin 2018 377

 S. Ellouze, J. Lafortune, A. Soares
Mesure de l’association entre les caractéristiques
sociodémographiques des patients et le mode de prise
de rendez-vous chez le généraliste en analyse uni-variée
L’analyse uni-variée réalisée sur les différentes variables
explicatives (caractéristiques sociodémographiques, situa-
tion familiale, situation socio-économique, couverture
médico-sociale, recours aux soins, utilisation d’internet)
(tableaux I et II) montre que les variables associées de
manière significative au mode de prise de rendez-vous en
médecine générale dans la population étudiée concernaient
l’âge (p < 0,0001), la situation familiale (p = 0,02), le
diplôme (p = 0,0001), l’activité (p < 0,0001), l’aide sociale
(p = 0,005), l’ALD (p < 0,0001), l’habitation dans les quar-
tiers prioritaires (p = 0,022), la fréquentation des pharma-
cies proches des quartiers prioritaires (p = 0,033), le fait
d’avoir consulté son médecin traitant (p < 0,0001) et l’uti-
lisation d’internet (p < 0,0001) (tableau IV).
En effet, certains déterminants étaient associés de
manière favorable à la prise de RDV sur les plateformes
internet. La probabilité de prendre un rendez-vous sur une
plateforme internet, comparée à la prise de rendez-vous par
téléphone, était 1,75 fois plus grande chez les patients en
couple (OR = 1,75, IC95 % = [1,09 ; 2,88]). De la même
manière, les diplômés du supérieur étaient associés de
manière positive à cette prise de RDV en ligne (OR = 2,06,
IC95 % = [1,03 ; 4,5]). Le fait de bénéficier d’aides sociales
était également associé de manière positive à la prise de
rendez-vous sur internet (OR = 2,17, IC95 % = [1,25 ; 3,7])
et enfin, de manière attendue, l’utilisation d’internet montre
une forte association avec l’utilisation des plateformes de
rendez-vous en ligne (OR = 17,16, IC95 % = [6,26 ; 70,89]).
Les déterminants associés de manière défavorable à la
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prise de rendez-vous sur internet étaient les suivants : un
âge avancé, supérieur à 40 ans (entre 40 et 59 ans : OR = 0,43,
IC95 % = [0,24 ; 0,77] et plus de 60 ans : OR = 0,12, IC95 % =
[0,06 ; 0,24]), le statut de retraité (OR = 0,17, IC95 % =
[0,08 ; 0,3]), la fidélité au médecin traitant (OR = 0,35,
IC95 % = [0,21 ; 0,61]) et les critères dépendants géogra-
phiquement des quartiers prioritaires de la ville de Paris :
les patients habitant les quartiers prioritaires de la ville de
Paris, ainsi que ceux qui fréquentaient des pharmacies liées
géographiquement à ces mêmes quartiers (respectivement
OR = 0,55, IC95 % = [0,32 ; 0,9] et OR = 0,55, IC95 % =
[0,31 ; 0,94]).
Les variables non liées au mode de rendez-vous (p > 0,05)
étaient : le sexe, la nationalité, le logement, la catégorie
socio-professionnelle, la couverture médicale, l’arrondisse-
ment d’habitation, l’arrondissement de la pharmacie, la
déclaration d’un médecin traitant (tableau III).
378 Santé publique volume 30 / N° 3 - mai-juin 2018
Mesure de l’association entre les caractéristiques
sociodémographiques des patients et le mode de
rendez‑vous pris chez le généraliste en analyse multivariée
Les principales variables liées de manière significative
au mode de prise de rendez-vous en analyse uni-variée
(p < 0,05) ont été sélectionnées pour construire un modèle
de régression logistique multivarié. Seules les variables
activité et fréquentation des pharmacies des quartiers prio-
ritaires ont été retirées de l’analyse pour des raisons de
colinéarité avec les variables âge et habitation dans les
quartiers prioritaires.
La prise en compte des facteurs de confusion potentiels
a permis d’isoler les prédicteurs indépendants du mode de
prise de rendez-vous. Les facteurs associés de manière non
favorable à la prise de rendez-vous via les plateformes
internet étaient l’âge supérieur à 40 ans (entre 40 et 59 ans,
OR ajusté = 0,46, IC95 % = [0,23 ; 2,27] et plus de 60 ans,
OR ajusté = 0,23, IC95 % = [0,109 ; 0,49]) et le fait d’habiter
les quartiers prioritaires de la ville de Paris (OR ajusté =
0,427, IC95 % [0,233 ; 0,757]). Le seul facteur associé de
manière positive à ce mode de prise de rendez-vous
était l’utilisation d’internet (OR ajusté = 10,55, IC95 %
[3,62 ; 45,04]) (tableau V).
discussion
Cette étude mêle à la fois les problématiques d’inégalités
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sociales de santé en lien avec les choix organisationnels des
généralistes et le phénomène de numérisation de la société
qui transforme les relations inter humaines. À notre
connaissance, la seule étude à avoir analysé l’impact de la
prise de rendez-vous en médecine générale sur les inéga-
lités de santé a fait l’objet d’une thèse réalisée par le
Dr Batsch datant de 2014 [5] inspirée de l’article du
Dr Pierre Foucras [6].
Choix de la méthode et force de l’étude
Le choix de réaliser une étude quantitative pour évaluer
l’association entre les facteurs d’inégalités sociales de santé
et les modes de rendez-vous (RDV téléphone versus RDV
plateforme) en médecine générale était adapté pour
répondre à la question posée.
 Limites de l’accès aux soins

Tableau V : Caractéristiques sociodémographiques selon le mode de prise de rendez-vous : analyse multivariée (Paris, 2017)

Variables ORb brut [ICc 95 %] ORb ajusté [ICc 95 %] p

Âge
Entre 25 et 39 ans 1 1
Moins de 25 ans 0,78 [0,28 ; 2,09] 0,74 [0,23 ; 2,27] 0,6
Entre 40 et 59 ans 0,43 [0,24 ; 0,77] 0,46 [0,236 ; 0,879] 0,02
Plus de 60 ans 0,12 [0,06 ; 0,24] 0,23 [0,109 ; 0,49] 0,0001
Couple
Célibataire 1 1
En Couple 1,75 [1,09 ; 2,88] 1,46 [0,83 ; 2,63] 0,19
Niveau d’études
Bacd 1 1
Inférieur Bacd 0,53 [0,20 ; 1,40] 0,7 [0,242 ; 2,027] 0,51
Supérieur Bacd 2,06 [1,03 ; 4,50] 1,06 [0,475 ; 2,516] 0,89
Aide sociale
Non 1 1
Oui 2,17 [1,25 ; 3,70] 1,656 [0,871 ; 3,132] 0,12
ALD h

Non 1 1
Oui 0,33 [0,18 ; 0,57] 0,781 [0,398 ; 1,501] 0,46
Quartiers prioritaires
Non 1 1
Oui 0,55 [0,32 ; 0,90] 0,427 [0,233 ; 0,757] 0,004
Consultation du médecin traitant
Non 1 1
Oui 0,35 [0,21 ; 0,61] 0,527 [0,280 ; 1,00] 0,05
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Internautes
Non 1 1
Oui 17,16 [6,26 ; 70,89] 10,55 [3,62 ; 45,04] 0,0001
b
: Odd Ratio ; c : Intervalle de confiance ; d : Baccalauréat ; h : Affection de Longue Durée.

Nous avons choisi comme population d’étude, les habi-
tants de l’est parisien pour les raisons suivantes : premiè-
rement s’affranchir du biais lié à la fracture du numérique,
grâce au haut niveau d’équipement des foyers et la présence
de bornes d’accès gratuites sur la capitale les Parisiens
souffrent beaucoup moins de la fracture numérique que le
reste de la population française. Deuxièmement les 13e, 18e,
19e et 20e arrondissements parisiens font partie des
quartiers à fort gradient social [7], ce qui nous permettait
de comparer des profils sociodémographiques variés de
patients vivant au sein de mêmes bassins de vie.
Le choix des 61 pharmacies de quatre arrondissements
de l’Est parisien confère à l’étude un caractère multicen-
trique. Le fait de ne pas avoir mené cette étude au sein de
cabinets de médecins généralistes a permis de s’affranchir
des biais inhérents à la patientèle propre à chaque praticien

Santé publique volume 30 / N° 3 - mai-juin 2018 379

 S. Ellouze, J. Lafortune, A. Soares
mais aussi aux habitudes organisationnelles des cabinets
de médecine générale (horaires aménagés, périodes de
vacances, etc.). D’autre part, l’inclusion des patients s’est
faite par l’intermédiaire de pharmaciens n’ayant pas de
conflits d’intérêts avec les pratiques organisationnelles des
médecins généralistes.
Le recrutement d’un grand nombre de pharmacies pour
inclure les patients a permis d’obtenir un échantillon consé-
quent de participants (n = 423).
Les variables explicatives de cette étude sont en majorité
des déterminants sociaux identifiés et validés par l’OMS
comme étant liés aux inégalités sociales de santé [8, 9]. La
composante territoriale et la prise en compte des quartiers
prioritaires de la ville de Paris [4] comme déterminant
social dans les problématiques organisationnelles de
consultation en médecine générale n’ont pas à notre
connaissance été précédemment étudiées.
Les limites de l’étude et biais méthodologiques
La répartition des pharmacies n’a pas pu se faire de
manière aléatoire car elle dépendait de la volonté des titu-
laires de pharmacies de participer à l’étude. Notamment,
l’homogénéité entre le nombre de pharmacies présentes
dans les quartiers prioritaires et celles présentes dans les
autres quartiers n’a pas pu être respectée dans chaque
arrondissement. Ceci était principalement dû au fait que les
patients qui fréquentaient les pharmacies des quartiers
prioritaires étaient en majorité d’origine étrangère, à faible
niveau d’étude, nécessitant davantage d’attention de la part
des pharmaciens pour les aider à remplir le questionnaire.
Cette implication représentait une charge de travail supplé-
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mentaire incompatible avec la gestion de l’activité
quotidienne.
Biais de sélection
L’inclusion des patients dans l’étude était sous la respon-
sabilité des pharmaciens. Les deux principaux biais de
sélection étaient liés à l’activité même de chaque pharmacie
ou à l’implication des pharmaciens dans le déroulement de
l’étude. En effet, il était plus difficile pour certaines phar-
macies d’honorer le nombre de questionnaires distribués
en raison de l’afflux soutenu de patients ce qui créait une
hétérogénéité du nombre de réponses par pharmacies. La
possibilité de retourner le questionnaire par courrier
depuis le domicile a aussi pu être proposée aux patients de
manière préférentielle par les pharmaciens au détriment
du mode de réponse en officine pour des raisons de
380 Santé publique volume 30 / N° 3 - mai-juin 2018
commodités évidentes liées à l’activité des pharmacies.
D’autre part, la possibilité de remplir le questionnaire avec
l’aide du pharmacien, à l’oral, pouvait induire un biais, lié à
la subjectivité de l’interrogateur. Ce mode de réponse
accompagnée permettait cependant de ne pas exclure les
patients ne parlant pas français, les patients présentant des
difficultés de compréhension écrite et les patients handi-
capés visuels, illettrés et analphabètes. Enfin l’étude ne
prenait pas en compte les patients qui ne fréquentent pas
les pharmacies de ville (patients relevant de la permanence
d’accès aux soins de santé).
Biais de mesure
Comme tout auto-questionnaire, les réponses étaient
soumises à un taux d’incertitude. Malgré l’anonymat
indiqué, les questions relevant de l’habitation : code postal
et quartier de résidence pouvaient paraître intrusives, les
réponses pouvaient être imprécises. Celles relatives au
statut social : catégories socio-professionnelles, niveau de
diplôme, aides sociales et médicales, ont pu mettre mal à
l’aise les patients qui ont répondu avec l’aide du pharma-
cien. La possibilité de ne pas répondre ou de cocher la case
« autre » était toujours possible.
Niveau de preuve
Enfin de par son caractère observationnel, transversal,
l’étude présente un faible niveau de preuves scientifiques
(niveau 4) ou grade C selon les recommandations de la
HAS [10] mais permet de préparer des études de plus
grande valeur méthodologique.
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Une population plus âgée moins concernée
par la prise de rendez-vous sur plateformes internet
L’analyse multivariée a conclu que l’âge était toujours
associé de manière significativement défavorable à la prise
de rendez-vous sur plateforme en ligne et ceci indépendam-
ment de l’utilisation d’internet. L’utilisation de ces plate-
formes de rendez-vous en ligne est bien générationnelle, la
probabilité d’y avoir recours est d’autant plus basse que
l’âge du patient est supérieur à 40 ans. Cette limite est en
accord avec les conclusions du Centre de recherche pour
l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC)
concernant les inégalités du numérique [11]. L’utilisation
exclusive par le généraliste de ce nouveau moyen organisa-
tionnel pourrait donc créer des inégalités générationnelles
d’accès aux soins.

Les habitants des quartiers prioritaires de la ville de Paris
écartés de la prise de rendez-vous médical numérique
Les résultats ont montré que les patients issus de ces
quartiers définis sur le critère unique de la pauvreté
n’étaient pas concernés par la prise de RDV en ligne chez
le généraliste. Il subsiste donc un réel enjeu d’inclusion de
cette population qui rencontre des difficultés d’accès et
d’utilisation aux nouvelles technologies [11]. Ces publics
doivent être d’autant plus accompagnés que la course au
numérique ne cesse de s’accélérer. D’autre part la popula-
tion étudiée était composée de Parisiens à niveau de vie
relativement plus élevé que les habitants de certains terri-
toires franciliens bien plus exposés à la pauvreté [12] et à
l’exclusion numérique [11].
La prise de rendez-vous médicaux sur plateformes en ligne
favoriserait l’infidélité vis-à-vis du médecin traitant
Les résultats de l’analyse univariée n’ont pas montré de
différence significative entre les groupes concernant le fait
d’avoir un médecin traitant. Toutefois même si la majorité
des patients interrogés étaient fidèles à leur médecin trai-
tant (82,7 %) l’analyse univariée a montré que le fait d’avoir
consulté un autre médecin était associé à la prise de rendez-
vous sur les plateformes. Ce résultat pourrait être lié au
fonctionnement des plateformes en ligne qui est de
proposer un rendez-vous médical sur la base de plannings
de plusieurs praticiens, les patients qui les utilisent pour-
raient s’intéresser davantage à la rapidité du rendez-vous
qu’au choix du praticien. Cette observation est relevée dans
une étude motivationnelle où la majorité des répondants
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centrent leur satisfaction sur le rendez-vous lui-même et
apprécient la possibilité de prendre un rendez-vous
24 h/24, 7 j/7 dans un délai qui leur convient [13]. D’après
le rapport de la HAS intitulé « le patient internaute » paru
en 2007, la relation médecin-malade n’était pas altérée par
l’utilisation d’internet par les patients [2]. Les nouveaux
usages numériques liés aux systèmes numérisés de prise
de rendez-vous en médecine générale pourraient cepen-
dant influer sur la perception des patients vis-à-vis de la
consultation et de leur relation avec les praticiens.
Proposition d’une transition numérique égalitaire pour
la prise de RDV en consultation de médecine générale
Une proportion croissante de la population (65 %) estime
aujourd’hui que l’accès à internet est devenu « un élément
Limites de l’accès aux soins
important pour se sentir plus intégré dans la société » (en
2009, ils étaient 54 % à le considérer) [14].
L’étude montre que la modernisation des moyens orga-
nisationnels en médecine générale à travers l’utilisation des
plateformes de rendez-vous en ligne tend à accroître les
inégalités d’accès aux soins. Ces inégalités semblaient déjà
être présentes dans le fait de prendre ou non un rendez-
vous chez le généraliste [5] mais les solutions des plate-
formes qui permettent de pallier à la barrière de la langue
et d’offrir aux plus jeunes un moyen de prendre un RDV
plus adapté à leur mode de vie créent d’autres inégalités.
L’organisation du cabinet de médecine générale doit
pouvoir proposer un éventail large de possibilités d’accès.
L’utilisation des plateformes de rendez-vous par le généra-
liste reste une solution d’avenir, mais doit être proposée en
parallèle d’un secrétariat téléphonique, tout en gardant des
plages de consultation libres (sans RDV) afin de garantir
l’égalité d’accès aux soins pour tous.
Aucun conflit d’intérêt déclaré
Remerciements
Nous tenons à remercier les pharmaciens qui nous ont accueillis
au sein de leur officine et qui ont contribué à la réalisation de
cette étude.
Références
1. Sanou B. ICT Facts and figures. ITU publications [Internet]. Geneva.
2017 july 31;1:1-2 [consulté le 28 août 2017]. Disponible sur :
© S.F.S.P. | Téléchargé le 05/01/2024 sur www.cairn.info (IP: 37.66.151.36)
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