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• Revue d'information & de vulgarisation


L'aviculture Algérienne
Rétrospective du secteur avicole en Algérie
OBSERVATOIRE DES FILIERES AVICOLES ALGERIENNES

ÊÊk l'occasion du cinquantième an- plusieurs structures pour remonter les filières et
nlversalre de l'Indépendance de la mise en place de nouvelles politiques d'orien-
tation et de restructuration pour une meilleure
M • l'Algérie, un constat s'Impose :
approche, en d'autres termes, il s'agit d'adapter
les filières avicoles algériennes restent
l'ensemble des structures avicoles à la mondiali-
à Inventer. Elles demeurent vulnérables sation par la réhabilitation de la triptyque «Pro-
face aux défis Imposés par la globalisa- ductivité / Compétitivité / Efficacité».
tion et la libéralisation des échanges qui Concrètement, cela consiste à réhabiliter la ra-
ne manqueront pas d'affecter les struc- tionalité économique dans le processus de prise
tures économiques mondiales et natio- des décisions de manière à réduire le gaspillage
des intrants tous en optimisant leurs utilisations.
nales. Le défi majeur de l'Algérie réside
Mais il s'agit, aussi, de savoir comment concilier
dans l'amélioration de la productivité et les impératifs de l'orthodoxie économique, la né-
la recherche de la compétitivité de son cessaire préservation de l'emploi au sein de ces
économie et de ses entreprises. filières et l'amélioration de la ration protéique
des populations.
Au niveau de la production avicole, des mesures
ont été prises en faveur de l'émergence de nou-
Le nouveau contexte conduit à reposer la lan- velles structures avicoles dans le secteur privé,
cinante question de la sécurité alimentaire. La viables et performantes intégrées dans des fi-
question est particulièrement importante pour lières cohérentes et organisées.
TEtat. Pour ce dernier, la libéralisation écono-
Par ailleurs, la question de la relance de l'inves-
mique ne doit pas signifier Tabandon de toute
tissement dans le secteur avicole, à toujours été
activité réglementaire, surtout pour les acti-
vités agro-alimentaires pour lesquelles l'expé- liée à la stabilisation du cadre institutionnel, du
rience de nombreux pays a bien montré que foncier et à la cohérence du dispositif de protec-
la régulation par l'Etat était souvent néces- tion de la production nationale, ce n'est que de-
saire. Ces questions se posent avec acuité pour puis quelques années que la prise en charge a été
les filières des produits alimentaires de base effective par les pouvoirs publics.
(Céréales, lait) régulées par l'Etat mais elles Enfin, l'adaptation du comportement des acteurs
concernent, aussi, celles largement libéralisées. de la filière devrait se faire dans le sens d'une
C'est précisément le cas des filières avicoles. meilleure organisation de la profession en amé-
L'aviculture algérienne a connu plusieurs étapes, liorant la qualité des systèmes d'information par
le passage d'une aviculture de type « familial » à une plus grande transparence de gestion de ces
une aviculture « intensive » avec la création de filières.

26 Revue de vulgarisation
L'AVICULTURE ALGERIENNE. De 1970 à 1980

Durant l'époque coloniale, le modèle avicole do- Cette période s'est caractérisée par la création
minant était l'aviculture fermière de type fami- de structures visant à organiser le secteur de la
lial. Après l'indépendance, l'aviculture a connu production.
un autre essor, l'Etat a opté pour le développe- C'est à partir de 1974, qu'il y a eu création des
ment d'une aviculture intensive, d'emblée cette coopératives avicoles de Wilaya (coopawi) qui
politique a été inscrite dans la perspective de devaient assurer :
l'autosuffisance alimentaire, en assurant un ap-
provisionnement des populations urbaines en
protéines animales de moindre coût. - La distribution des facteurs de production ;
L'aviculture intensive apparait à cette époque - Le suivi technique des producteurs ;
comme la conséquence de la réorientation de la - L'appui technique et la vulgarisation destinés
politique d'élevage entrepris par les autorités aux aviculteurs.
locales pour aboutir à la fin des années 1960 à la
création de l'office national de l'aliment du bétail Ces structures avaient été mises en place grâce à
(l'O.N.A.B). des initiatives locales et n'avaient de ce fait pas
reçu tout le financement et l'encadrement né-
C r é a t i o n de l'O.N.A.B en 1969 cessaires. De ce faite, ces coopératives n'ont pu
avait pour missions jouer pleinement le rôle qui leur fut attribué en
raison du manque de cadres spécialisés en avicul-
ture et de moyens matériels adéquats.
- La fabrication des aliments du bétail;
- La régulation du marché des viandes rouges; Malgré le manque de moyens durant cette pé-
riode, le secteur privé est resté le plus grand pro-
- Le développement de l'élevage avicole.
ducteur avec plus de 70 % de la production natio-
nale en poulet de chair et plus de 50 % d'œufs de
Dans le but de dominer l'activité avicole, l'ONAB consommation.
a installé d'importantes unités : Toutefois, suite aux insuffisances constatées, de
- En amont de la production, les objectifs étaient nouvelles orientations et une nouvelle organisa-
d'apporter la quasi-totalité des facteurs de pro- tion globale de l'aviculture fut dressé en 1980
duction ; avec la mise en place du plan avicole dictée d'une
- En aval, l'objectif était d'assurer une certaine part, par l'accroissement de la demande en pro-
part des produits finis afin de réguler quelque téines animales, induit à l'époque par une forte
peu le marché au niveau des grands centres ur- croissance démographique, une urbanisation de
bains et de mettre en place un réseau d'abattage la population et une salarisation massive de l'éco-
afin de commencer à moderniser ce circuit et de nomie, et d'autre part, par les difficultés d'ajus-
récupérer une part des produits finis. tement à court terme, de l'offre et la demande.

Editée par l'Institut National de la Vulgarisation Agricole Décembre 2013


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Tableau 1 : Importation des matières premières pour l'industrie des\
Le deuxième plan quinquennal (1985 -
aliments du bétail. 1989), plus ambitieux, constitue une conti-
Années Mais Tourteaux de soja nuité du plan précédent avec cependant
1980 une augmentation des objectifs de consom-
1990 987 686 380 000 mation et plus de coordination et une meil-
2000 1 435 957 339 660 leure maîtrise.
2010 2 283 718 814 338 Le nombre d'élevages avicoles s'est accru
Unité : Tonnes Source : OFA .AL et CNIS.
significativement durant cette période, à
la faveur de la politique avicole initiée par
La nouvelle politique consistait à rechercher la
l'Etat à cette époque, particulièrement
remontée des filières avicoles par l'implanta-
favorable au capital privé, ou un grand
tion de l'ensemble des maillons industriels de
nombre de poulaillers ont été construits
la filière, principalement ceux de l'amont. A cet
dont la capacité moyenne varie entre 3000
effet, de nouvelles structures ont été créées et
et 5000 sujets pour le poulet de chair et
l'ONAB, a été chargé uniquement de la fabrica-
4800 à 12000 poulettes pour l'élevage de
tion d'aliments.
pondeuse.
Cependant, le développement de la filière
Parmi ces structures chargées de l'appui avicole en Algérie, s'il a permis d'assurer
à la production avicole l'approvisionnement de populations ur-
baines en produits avicoles, n'a pas connu
une structuration et une organisation de la
^ (ONAPSA) : chargée de la distribution des ali-
profession durant cette époque où les condi-
nnents et les produits vétérinaires;
tions étaient réunies pour l'ensemble des
• Création de trois offices régionaux issus de acteurs des filières « chair » et « ponte ».
la restructuration de l'ONAB, chargés de fournir
les facteurs de la production; Dépendance économique.
• Renforcement des missions de l'institut de Forte intégration aux marchés mondiaux.
développement des petits élevages (IDPE) créé
en 1978 et chargé des expérimentations, parti- La production aviaire réalisée induit une
ciper au développement, au perfectionnement grande dépendance vis-à-vis de l'étranger^
et à la vulgarisation; due à l'adoption inévitable du modèle d'éle-
vage avicole de type industriel. Pour réali-
^ Généralisation de l'aviculture sur l'ensemble ser ses objectifs de production, l'Etat a eu
des Wilayas du pays, dans le but de faire pro- recours à d'importantes importations en
duire les produits finis par les producteurs (pri- matières premières alimentaires, en cheptel
vés et domaines autogérés) et non plus par les et en équipements d'élevages. Cette rapide
structures de l'Etat. évolution de l'aviculture a laissé ce secteur
Les résultats obtenus au cours du premier plan dépendant à ce jour de l'étranger à 80 %.
avicole (1980 - 1985) ont montré une meilleure L'aviculture algérienne aborde à présent une
prise en charge du développement de l'avicul- nouvelle phase, à savoir la recherche d'une
ture, qui s'est traduite par des niveaux de ré- meilleure productivité et une restructuration
alisation et des objectifs assez remarquables. pour une intégration nationale progressive.
Néanmoins, certaines insuffisances ont été en-
registrées comme la maîtrise de la conduite des 1. Parmi les matières premières qui composent cette ration,
environ 90% sont importées, à savoir, le mais, le tourteau de
élevages et l'entretien des bâtiments dus à une soja et autres intrants avicoles (M. Biologiques, Produits vété-
main d'œuvre insuffisamment qualifiée. rinaires).

28 Revue de vulgarisation et de communication


Filière
A partir des années 1990 L'année 2000

De grandes réformes économiques ont été entre- Avec le nouveau mil-


pris : Passage de l'économie planifiée vers l'éco- lénaire, le ministère
de l'agriculture a mis
nomie de marché. Les filières avicoles subissent,
en place durant cette
par ailleurs, les effets du P.A.S (Programme
année un programme
d'Ajustement Structurel) appliqué durant la pé-
ambitieux pour le dé-
riode 1994-1998. Ces réformes progressent dans veloppement agricole
le sens du désengagement de l'État de la sphère et rural le (P.N.D.A.R),
économique et du renforcement de son rôle de dont la perspective de mo-
régulateur et de puissance publique, en incitant derniser le secteur agricole par
le secteur privé à plus d'investissements par un une mise à niveau des différentes structures de
soutien pour la mise à niveau et la modernisation l'agriculture Algérienne, en mobilisant pour cela
des infrastructures : couvoirs; bâtiments d'éle- des fonds publics à travers le Fonds National de
vage; abattoirs et autres unités de fabrication Régulation et du Développement Rural (FNRDA).
d'aliments. L'objectif principal : relancer ce secteur vital
C'est ainsi que l'ONAB a connu une nouvelle res- pour assurer la sécurité alimentaire des popu-
tructuration en 1998, érigé en Groupe indus- lations et la souveraineté du pays.
triel: Les unités de production des offices (ONAB Le grand retard qu'a connu le secteur de l'agri-
et groupes avicoles) ont été érigées en filiales culture durant plusieurs années dues aux di-
(EURL) sous l'égide de groupes industriels régio- verses problèmes rencontrés par les agricul-
naux (GAO, GAE, GAC) dont l'actionnaire princi- teurs (les financements, le problème du foncier
pal n'est autre que l'ONAB. Ce dernier exerce, en agricole, les intrants agricoles, problème de
outre, les fonctions de centrale d'achat au profit sécurité, une mauvaise organisation de la pro-
des entreprises de la filière. fession, etc.) a incité les pouvoirs publics vu
la conjoncture financière^ favorable à prendre
en charge ce secteur de manière durable.
C'est ainsi qu'un grand nombre de programmes
rganisation de TONAB ont été élaborés par le ministère de l'agriculture
pour relancer le développement de l'agriculture
dans un but économique et social (relance des
EPE ONAB Spa devient la société mère;
métiers et activités agricoles, la création des
ONAB Trade chargé des achats d'intrants (mais/ emplois dans ce secteur longtemps délaissé).
soja) et la distribution vers les UAB;
Les offices régionaux (GAC, GAE et GAO)
avaient pour mission de gérer la production d'ali-
Année 2001
ments (chair, ponte et autres), CMV, les matériels
biologiques et le suivi de l'activité de quelques
abattoirs publics. Le secteur avicole à l'instar des autres secteurs
de l'agriculture a eu sa part de réforme, c'est ainsi
que les entreprises publiques impliquées dans les
^ Tableau 2
; Evolution des productior
15 avicoles.
filières avicoles ont de nouveau connu une nou-
Années Viandes blanches Œufs de consommation
(Tonnes) velle restructuration orientée vers la concentra-
(106 U)
1980 98 000 308 tion des actifs envisagées dans le cadre de l'ap-
1990 231 000 2 800 plication de l'ordonnance du mois d'août 2001
relative à l'organisation, la gestion et la privatisa-
2000 198 000 2 020
tion des entreprises publiques.
^ 2010 296 446 4 049
Source : MADR. 2. Le prix du baril du pétrole (2000) : 40 $.

ilgarisation Agricole Décembre 2013 29


Malgré tous les efforts consentis pour redyna- Dans le cadre de la réorganisation de la profes-
miser ce secteur, et les moyens financiers mis sion, les professionnels de la filière avicole étaient
en place par les pouvoirs publics dans le cadre dans l'obligation de relancer durant le deuxième
du PNDA, la restructuration n'a pas eu lieu dans semestre de l'année 2010 le Comité national inter-
le sens de la professionnalisation de ces filières. professionnel de l'aviculture (CNIFA) et d'élire un
nouveau bureau national.

L'année 2008

Pour combler les insuffisances du PNDAR, le mi-


nistère de l'agriculture a mis en place une nou- tara
velle politique agricole.
Appelé renouveau de l'économie agricole (R.E.A)
et renouveau rural (R.R) dans le but de redynami-
ser les différentes filières végétales et animales.
Concernant la filière avicole, une série de mesures
ont été prises pour impulser et donner un véri-
table essor à cette filière, en assurant un meilleur 4i||Mi|
revenu aux aviculteurs tout en améliorant la pro-
duction et la productivité des viandes blanches et
des œufs de consommation. Pour cela, la réacti- ^^^^ir§ii1«i3iBBir
vation du comité interprofessionnel de la filière
^ ^ ^ ^
avicole (CNIFA) devient une nécessité et consti-
tue un cadre idéal pour que les professionnels se
concertent et apporter les solutions idoines pour
une meilleure organisation de cette filière long- tJBJ4jfcBEMg3ahi:yiUjaffiKBBI!laatB^
temps marginalisée. jgiiiiigilBI

La politique de renouveau agricole et /ou le


défi du renforcement durable de la sécurité
alimentaire nationale, elle passe inévita-
IttiKttlilWSm^^^^ftUMiWtil
blement par la recherche, à moyen terme,
de changements et d'impacts significatifs
sur les bases structurelles qui fondent l'état
de sécurité alimentaire de la nation.
rai nJSnîni 11 M ^ H ^ K I W ^
Iiiaa<liiaMsiillWl!iMtf;irani^uI8W
A cet effet, des actions d'accompagnement tech- BmiiHil
nique sont intégrées dans le cadre du programme
d'appui des renforcements humaines et assistance fillP^l<WiMiIl!M3luinWI1i<slilsi»l
technique et pris en charge sur le fonds national
de développement de l'investissement agricole
(F.N.D.I.A), des crédits (Crédit RFIG et Fédérateur)
sont mis à la disposition des éleveurs au niveau des
banques (BADR et BNA) pour leur permettent de
rénover et moderniser leurs structures d'élevages.

Z
F mI mI mI e\. r e
WÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊÊmÊà
En fin de compte, beaucoup reste à faire, si
Le syrpalac : Le Système de régulation des produits
on veut que l'aviculture algérienne connaisse
agricoles de la large consommation, a été institué
par décision ministériel n°498 du 13 août 2008. Il un meilleur essor, il faut l'implication de l'en-
concerne la pomme de terre, l'oignon et l'ail. Ce pro- semble des acteurs de la filière (Eleveurs, ac-
gramme vise à exploiter le parc de chambres froides couveurs, producteurs d'aliments, abattoirs,
en stockant les surplus de produits agricoles afin de ingénieurs, techniciens et vétérinaires spéciali-
les mettre sur le marché pour faire face aux diminu- sés dans la filière), sans oublier le ministère de
tions saisonnières ou à une plus forte demande. l'agriculture pour le cadre constitutionnel et les
Le syrpalac a été élargi à la filière poulet de chair à banques pour les apports financiers.
partir du 4^^^^ trimestre 2009 et confié au SGP Proda Le regroupement en union de coopérative avi-
de prendre en charge l'opération. cole des accouveurs, des fabricants d'aliments
Le fait est universellement admis. La régulation et éleveurs, et où l'abattoir constituera le noyau
des filières avicoles « chair » s'opère dans le cadre central permettra à ces derniers (éleveurs) de
de système d'intégration-contractualisation piloté s'occuper uniquement de la conduite d'élevage
par les abattoirs avicoles industriels. L'éleveur est et de la production.
intégré au dispositif selon un cahier des charges C'est l'abattoir qui sera chargé d'encadrer tech-
établi avec l'abattoir, ce dernier s'engage à livrer niquement et de suivre les éleveurs jusqu'à la
le poussin et l'aliment et récupère la production récupération de leurs productions et sa trans-
en fin de bande.
formation en produit commercialisable.

Schéma simplifié recommandé de la filière avicole « Chair ».

Editée par Tlnstitut National de la Vulgarisation Agricole _ Décembre 2013 31

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