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Pharmaco Sylla
Pharmaco Sylla
de Bromatologie et de Nutrition
Université de Mons
humaine Faculté de Médecine
Professeur P. Duez et de Pharmacie
Université Libre de
Bruxelles
Institut de Pharmacie
Charles Catherine
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Avertissement
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Pharmacognosie
Chapitre 1 : introduction
Aujourd’hui, les plantes font souvent l’objet d’automédication (on vend tout et
n’importe quoi n’importe où). Il y a donc une nécessité de contrôles des matières
végétales vendues.
Les phytomédicaments devraient idéalement passer par le circuit pharmaceutique pour
assurer une bonne qualité et standardisation du produit. Il faudrait aussi pouvoir
réaliser des études pharmacocinétiques et des études cliniques pour prouver l’efficacité
des phytoproduits.
Aspects historiques
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reprise par les médecins arabes et plus tard par les apothicaires. On en prenait même
quand on n’était pas malade pour rester en bonne santé ; c’est donc à la fois un
médicament de guérison et de prévention. La Thériaque a été fabriquée en France
jusqu’en 1908 !
Pour Avicenne (médecin arabe du 11ième siècle), il n’est pas possible de réaliser des
remèdes spécifiques ; on peut seulement rajouter à une base (comme la Thériaque) des
substances permettant un traitement symptomatique.
Du végétal au médicament
La vie est apparue il y a 3,5 milliards d’années, d’abord dans l’eau puis à l’interface
eau-terre.
Vers -900 000 000, la vie s’est développée sur la terre ferme.
Le milieu de la terre primitive est un milieu hypermutagène (UV, pas d’ozone,
radicaux libres, …). Au début, il n’y avait pas d’O2, donc les organismes vivants
étaient anaérobies. Puis l’O2 est apparu et avec lui la couche d’ozone, ce qui a
nécessité pas mal d’adaptations de la part des organismes, devenus ainsi aérobies.
Peu à peu 2 mondes se sont développés : celui des animaux et celui des végétaux.
Il y a une co-évolution entre ces 2 mondes, chaque espèce devant survivre et s’adapter
aux autres espèces et à leurs changements.
Le but des végétaux est de se reproduire, se nourrir (élaborer de substances) afin de
s’imposer dans un écosystème. Les végétaux sont immobiles, ils ont donc développé
des systèmes de communication chimique, qui sont le résultat de sélections
successives sous-tendues non pas par une finalité précise mais par le hasard.
Les lipides, glucides et protides sont des composés élaborés résultant du métabolisme
primaire (photosynthèse, glycolyse, cycle de Krebs). Des erreurs se sont produites
dans ce métabolisme : des mutations sporadiques ont permis l’apparition de nouveaux
composés. Les composés les plus intéressants pour la plante sont conservés (sélection)
et peu à peu la production s’affine.
Ces substances particulières sont les métabolites non-primaires ou secondaires et sont
l’objet de ce cours.
Les premiers phytochimistes pensaient que ces substances ne jouaient pour les
végétaux qu’un rôle marginal. On s’est rendu compte que cela était faux et qu’au
contraire elles exerçaient une action biologique essentielle pour les végétaux.
Ces substances sont de structures très variables. Les précurseurs de ces substances sont
directement pris du métabolisme primaire. Les métabolites secondaires sont donc
asservis au métabolisme primaire, ce qui explique les variations qualitatives et
quantitatives observées quand on étudie les plantes médicinales. En effet, le
métabolisme primaire varie au cours du cycle végétatif et en fonction des paramètres
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physico-chimiques imposés (altitude, température, eau, rayonnement) ; cela engendre
de grandes variations au niveau des substances primaires et donc au niveau des
substances secondaires également.
Comment comprendre que des substances élaborées par le végétal pour le végétal
puissent agir sur nos systèmes à nous ?
Il existe des récepteurs communs chez les animaux et chez les végétaux, par exemple
le récepteur au glutamate (transmission nerveuse chez les animaux, transmission du
signal lumineux chez les végétaux). En fait, on a mis pas mal de récepteurs (donc de
gènes car les récepteurs sont des protéines codées par des gènes) communs aux
végétaux et aux animaux.
Les plantes ne peuvent pas accumuler dans leurs cellules de substances qui leur
seraient toxiques mais ces substances peuvent être toxiques pour les animaux (par
exemple Conium maculatum).
Chez les animaux, l’action du métabolite secondaire se manifeste vis-à-vis de systèmes
physiologiques et biochimiques (SN, système respiratoire, système cardiovasculaire),
qui font la différence avec les végétaux (qui ne possèdent pas de systèmes comme
ceux-là).
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les éventuels prédateurs, conférer une résistance contre l’envahissement par des micro-
organismes (certaines substances élaborées ont une action antibactérienne ou
antifongique), … Ex : la galle du chêne (épaississement des parois cellulaires et
production d’enzymes et de phytoalexines qui bloquent le développement des
parasites)
Les phytoalexines sont des substances sécrétées suite à une situation de stress (+
métabolisme primaire et secondaire). Elles peuvent être synthétisées sous forme
inactives dans la plante et acquérir leur toxicité une fois à l’extérieur du végétal.
Ex : les hétérosides cyanogènes contenus dans des vésicules chez certaines plantes ne
révèlent leur toxicité que lorsqu’un prédateur mange la plante
La toxicité des phytoalexines apparaît en général en présence de micro-organismes
et/ou de prédateurs. Ex : le resvératrol (IS dans l’eau) qu’on retrouve dans la peau du
grain de raisin et qui a des propriétés anti-oxydantes et anti-tumorales (on en trouve
beaucoup dans le vin rouge).
Dans les forêts tropicales, il y a compétition pour atteindre la lumière. Les plantes font
donc de grandes et longues tiges pour atteindre la canopée. A la canopée, la production
de phytoalexines est activée. Les substances élaborées par la même plante en-
dessous et au niveau de la canopée sont différentes (souvent, les substances
synthétisées au niveau de la canopée sont plus actives) !!!
Les exigences des animaux regroupent les mêmes exigences que les végétaux + celles
liées à un niveau de conscience qui fait qu’il y a nécessité de se soigner (éveil de la
conscience chez les premiers hommes).
Le choix des espèces végétales pour se nourrir et se soigner a résulté de tâtonnements
complexes, heureux et malheureux.
C’est à la suite de ces nombreux tâtonnements qu’ont pu être déterminés quelles
plantes étaient alimentaires, médicinales ou toxiques.
Ces tâtonnements étaient inspirés par l’observation de ce que faisaient les autres
espèces. Au sein d’un même biotope, les choix peuvent converger ou diverger selon
les espèces.
Il peut y avoir préférence pour certaines espèces de végétaux contenant des nutriments
particuliers à certains moments. Par exemple, les singes colores mangent de l’argile ou
du charbon de bois (alors que ces 2 substances n’ont pas d’effet attracteur sur le singe)
pour neutraliser les tanins des plantes alimentaires qui précipitent les protéines et
engendrent donc des carences nutritionnelles. Besoin de se soigner pour ces
singes !
Quand les chimpanzés ont des problèmes gastro-intestinaux parasitaires, ils
consomment de la Vernonia amygdalina qui présente des propriétés anti-parasitaires.
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La nécessité de se soigner est quelque chose de très primitif !
La rencontre entre l’homme et la plante amère, astringente et irritante (quand on en
consomme, il y a action immédiate : on vomit) a permis de découvrir le concept de
cause à effet.
On peut considérer que la pharmacie est plus ancienne que la médecine : les agents
curatifs ont été utilisés bien avant la découverte des maladies. Les
pharmaciens/médecins étaient (et sont encore dans certains endroits du globe) ce qu’on
appelle des guérisseurs traditionnels. Ceux-ci se transmettent leur savoir par voie orale
(on parle de tradition orale). Par exemple, les guérisseurs connaissaient les curarisants
(médicaments à effet paralysant) ; les pointes de flèche en étaient imprégnées ;
l’animal était ensuite tué avec ces flèches puis mangé ; cela signifie qu’ils avaient
découvert par expérience (grand courage de la part des premiers goûteurs) que les
curarisants n’étaient pas résorbés au niveau intestinal.
Le concept de cause à effet immédiat (il mange la plante, il meurt cette plante est
toxique) permet le processus de sélection. Si l’effet est non détecté ou non immédiat
(néphrotoxicité, hépatotoxicité, tératogénicité, …) la relation de cause à effet n’est pas
établie. Ex : Crotalaria retusa est une plante qu’on trouve en Guadeloupe provoquant
de graves affections hépatique car elle contient des alcaloïdes toxiques
(pyrolysinidine).
Préhistoire du médicament
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Plantes alimentaires : innocuité démontrée par un usage fréquent ; la toxicité de
certaines espèces est écartée par l’usage sélectif de certains organes ou par les
traitements culinaires.
Plantes médicinales et alimentaires : les bénéfices nutritionnels de certaines de ces
plantes ambivalentes (par exemples les plantes aromatiques) sont accompagnés d’une
réduction des risques de maladies chroniques et dégénératives (effets à confirmer).
Plantes médicinales de type a : l’usage traditionnel de ces plantes est l’indice d’une
toxicité faible qui reste cependant à confirmer ; leurs bénéfices et effets indésirables
sont tels que l’utilisation d’extraits totaux ou partiellement purifiés, correctement
standardisés, est envisageable.
Plantes médicinales de type b : pour ce groupe, les bénéfices et effets indésirables
sont tels que l’isolement du ou des constituants actifs est indispensable (hémi-
synthèses, synthèses totales, modifications structurales).
Plantes toxiques : la valeur du rapport bénéfices thérapeutiques / effets indésirables
est défavorable ; donc il n’y a pas d’exploitation directe en thérapeutique de ces
plantes sans d’éventuelles modifications structurales.
Le risque provient des plantes qui se situent à l’interface entre les différentes
catégories présentées ci-dessus.
750 à 1258 : C’est l’apogée de l’Empire arabo-musulman qui est un empire immense
avec Bagdad comme centre culturel et commercial (activité très intense).
Un grand nombre de marchandises provenant de partout y circulaient. Les remèdes
traditionnels ont ainsi commencé à circuler.
Avicenne a traduit les manuscrits de médecine grecs. Il a également conceptualisé
l’ensemble des connaissances sous le nom de « médecine arabe ». Le développement a
été énorme : en 1249, 1700 plantes sont décrites ! A cette époque, les premiers Codex
(pharmacopées) apparaissent.
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pharmacothérapeutique des anciens, surtout dans les monastères
et
dans les premières universités (qui sont créées à cette époque).
La
médecine arabe et les épices sont introduites grâce aux Croisés.
16ième siècle : Paracelse pense qu’il peut extraire d’une plante ce qu’il appelle la
quintessence, càd le principe actif.
Ensuite, il y a une plus grande ouverture de monde avec introduction de
nouvelles drogues (par exemple le tabac).
18ième siècle : Les premières spécialités apparaissent (par exemple l’eau de mélisse des
Carmes qui existe toujours aujourd’hui), ainsi que la notion de propriété.
L’industrie pharmaceutique naît.
Pour avoir les mêmes effets aux mêmes doses, il faut assurer la standardisation des
plantes médicinales.
Vers 1800, des méthodes d’extraction apparaissent ; puis, vers 1850, les structures sont
progressivement analysées. On a ainsi pu réalisé des hémi-synthèses puis des
synthèses. Les chimistes se sont peu à peu écartés des produits naturels pour
synthétiser des molécules originales.
Vers 1990-92, les biotechnologies apparaissent : production d’Hb par des plantes,
production de vaccins par des bananes, …).
Les plantes sont des modèles chimiques originaux et méritent donc d’être encore
étudiées car il reste beaucoup de choses à découvrir.
Les plantes médicinales constituent un champ d’investigation très large pour les
recherches futures.
On peut utiliser :
- plante entière (tisanes, infusions, …)
- partie de la plante (tisanes, infusions, …)
- extrait (teintures, …)
- constituants actifs (alcaloïdes de la belladone par exemple)
- constituants actifs purifiés (hyoscyamine, scopolamine)
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et pas centrale.
- l’isopropylatropine est indiquée dans le traitement de l’asthme.
Il y a 2 catégories de médicaments :
médicaments de clinique et d’urgence
Ces médicaments traitent généralement des maladies graves et/ou aiguës.
Les phytomédicaments y tiennent une place réduite. En effet, on privilégie
l’administration du principe actif purifié seul : on donne du taxol et pas de l’écorce
d’if, on donne de la digoxine et pas de la digitale, …
Le graphe nous montre que le marché des médicaments est très important dans les
pays industrialisés (Europe et Amérique du nord) et l’est beaucoup moins dans les
pays en voie de développement.
Les recherches pharmaceutiques sont surtout axées sur les maladies rentables, càd les
maladies « endémiques » et fréquentes des pays industrialisés telles que
l’hypercholestérolémie, l’insuffisance cardiaque, les cancers, … Les maladies typiques
des pays en voie de développement, telles que les maladies parasitaires sont laissées
pour compte ; les PVD doivent donc recourir à la médecine traditionnelle. L’OMS
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souhaiterait faire des phytomédicaments sur base de la médecine traditionnelle
destinés à ces pays afin d’égaliser un peu le marché.
D’autres maladies « abandonnées » par la recherche pharmaceutique sont les maladies
orphelines, qui, comme leur nom l’indique, ne touchent que très peu de personnes (
pas rentable).
Il y a donc une question de rentabilité là-dedans : les recherches pharmaceutiques sur
telle ou telle maladie sont orientées en fonction de la rentabilité qu’auront les
médicaments développés.
On constate qu’une bonne partie des nouveaux médicaments enregistrés entre 1983 et
1994 est d’origine naturelle.
Peu de médicaments biologiques ont été enregistrés mais leur place devrait augmenter
peu à peu.
Théorie de la signature
Cette théorie dit qu’une plante soigne ce à quoi elle ressemble.
Ex : - le bulbe de la colchique ressemble à un orteil de goutteux colchique
OK
pour traiter la goutte.
- le saule a ses racines dans l’eau saule OK pour traiter les
rhumatismes.
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Chapitre 2 : les voies de biogenèse
1. Méthodes d’étude
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- Il faut administrer le marqueur à la plante mais ce marqueur peut être contaminé
par des bactéries ; une métabolisation par ces bactéries est possible !
- Les marqueurs peuvent être contaminés par de la radioactivité.
- Les marqueurs peuvent ne pas arriver au site de biogenèse désiré !
NB : les marqueurs sont en fait des précurseurs de molécules biologiques.
On produit les traceurs par incorporation de radioactivité (a) ou d’isotopes stables (b).
a) Beaucoup de composés (traceurs) sont obtenus naturellement : on cultive le
végétal dans une atmosphère chargée de CO2 marqué par du 14C . les
composés synthétisés par la plante seront marqués par le 14C ! Un autre
marqueur fréquent est le tritium 3H, un gaz qui permet une hydrogénation
catalytique marquée.
b) Les isotopes, tels que 2H, 13C, 15N ou 18O, ont une abondance naturelle très
faible. L’utilisation du 13C a un avantage : on peut utiliser la RMN en 13C et
savoir ainsi très facilement où sont les 13C dans la molécule ; mais cette
méthode a quand même un désavantage : il faut une grosse quantité de produit
(3-4mg) pour pouvoir faire la RMN, ce qui n’est pas pratique au point de vue
expérimental (alors que pour la spectrométrie, une très petite quantité de produit
est suffisante).
Double incorporation
Après introduction d’un traceur radioactif précurseur dans la plante, ce n’est pas parce
qu’il y a radioactivité dans la plante que c’est gagné ! En effet, le précurseur peut être
dégradé ou entraîné dans une autre voie de biogenèse qui n’est pas celle désirée.
Il y a détournement de notre marqueur.
Dans ce cas, les métabolites du précurseur introduit présentent des atomes marqués à
des endroits bizarres (càd pas là où on s’attendait à les voir).
Pour éviter ces problèmes, on peut réaliser un marquage avec le même isotope à 2
endroits différents ou avec 2 isotopes différents. C’est la double incorporation !
Ex (voir transparent) : on désire savoir quel N ferme le cycle.
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1ier cas : on réalise un double marquage du C et du N de gauche.
Le N marqué disparaît du métabolite obtenu (anabasine), le C marqué reste.
2ième cas : on réalise un double marquage du C et du N de droite
Le N marqué et le C marqué sont toujours là : on retrouve le double marquage !
C’est donc le N de droite qui ferme le cycle de l’anabasine !
Administration compétitive
B
A* C* 1. A marqué C marqué = 100
B’ 2. A marqué + B non marqué C marqué << 100
Une partie des B s’incorpore dans C ; donc C* .
3. A marqué + B’ non marqué C marqué = 100
Quand on ajoute B’, c’est comme s’il ne se passait rien vu que
la voie ne passe pas par B’ !
B
A* C* 1. A marqué C marqué = 100
B’ 2. A marqué + B non marqué C marqué= 100
3. A marqué + B’non marqué C marqué << 100
Analyse séquentielle
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On met les coupes d’organe en contact avec une émulsion de nitrate d’argent puis on
fait une autoradiographie de la coupe. L’autoradiographie nous montre à quel(s)
endroit(s) le C radioactif a été incorporé.
Cette technique permet également de voir les translocations des principes actifs d’un
organe à l’autre de la plante. Par exemple, les alcaloïdes voient leur structure changer
(déméthylation, hydroxylation, …) lors des transferts d’un organe à l’autre.
NB : une variante de la technique consiste à autoradiographier la plante tout entière.
6. Greffes
Les greffes permettent d’étudier dans quels sites se font le métabolisme primaire et
secondaire.
Par exemple, des greffons de Datura stramonium (contient des alcaloïdes) ont été
placés sur des plants de tomate (ne contient pas d’alcaloïdes) et des greffons de tomate
ont été placés sur des plants de Datura stramonium.
Il en résulte que les feuilles de tomate provenant des greffons de tomate placés sur des
plants de Datura stramonium contiennent et accumulent des alcaloïdes ; alors que les
feuilles de Datura stramonium provenant des greffons de Datura stramonium placés
sur des plants de tomate n’en contiennent pas.
Ces résultats nous montrent 2choses :
1) le site de synthèse des alcaloïdes de la stramoine est la racine,
2) ensuite il y a translocation de ces alcaloïdes dans les feuilles.
7. Souches mutantes
Pour les micro-organismes, réaliser et cultiver des souches mutantes est une chose
aisée.
Les souches mutantes permettent d’inhiber certains enzymes et d’obtenir ainsi des
voies métaboliques déviées.
Pour les végétaux, les souches mutantes sont très difficiles à obtenir.
8. Apports de la chimiotaxinomie
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Plusieurs genres d’une même famille végétale produisent parfois des constituants assez
voisins. Par exemple, beaucoup de Solanaceae produisent des alcaloïdes anti-
cholinergiques ; beaucoup d’Apiaceae produisent des huiles essentielles ; et beaucoup
de Pinaceae produisent des résines.
Il existe donc un lien entre la position taxinomique d’une espèce et les métabolites
produits !
Certains métabolites caractérisent un nombre limité d’espèces, quelques familles ou
même un ordre tout entier. Ex : - la morphine se retrouve dans 2 espèces de Papaver
(somniferum et setigerum) distribution taxinomique étroite !
- la protropine se retrouve dans toutes les espèces de
Papaver.
Pour les constituants qui ont une biogenèse banale (et qui se retrouvent donc un peu
partout), la distribution taxinomique n’est pas utilisable. Par exemple, les précurseurs
de la nicotine sont l’acide nicotinique et l’ornithine (un acide aminé banal) ; ces 2
précurseurs sont omniprésents, donc on trouve la nicotine dans plein de plantes
(bryophytes, Asteraceae, …).
Chimiotaxinomie = systématique biochimique !
Cette classification permet de postuler les espèces à étudier en fonction des
constituants qui nous intéressent. Elle permet également de postuler sur le genre de
principe actif qu’on va retrouver dans une plante inconnue par rapport à sa position
chimiotaxinomique.
!!! Plus la voie de biogenèse est banale, plus le constituant est largement distribué dans
le règne végétale ; plus la voie est spécifique, moins c’est largement distribué !!!
La photosynthèse
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Les plantes sont des organismes phototrophes qui, à partir de CO2, H2O et de lumière,
sont capables de synthétiser tous les composés organiques.
La brique fondamentale élémentaire est donc le CO2, qui est en fait la source de C de
la plante. Les C permettent la synthèse de toutes les molécules organiques (acides
nucléiques, amidon, …).
Les pigments (le principal, la chlorophylle, et les accessoires, le caroténoïde et le
flavonoïde) permettent l’absorption de la lumière et donc le transport d’électrons à
travers des transporteurs liés aux membranes thylakoïdes des chloroplastes. Le résultat
net est l’oxydation de l’H2O en O2 ; cet O2 génère des électrons qui vont permettre la
synthèse de NADPH, et des protons qui permettent la synthèse d’ATP.
Les produits résultant de la photosynthèse sont le glycéraldéhyde-3-phosphate qui
s’interconvertit en dihydroxyacétone - phosphate. Ces molécules peuvent :
- entrer dans la glycolyse et fournir ainsi de l’énergie à la plante
- entrer dans le métabolisme osidique et permettre la synthèse d’oses.
La transaldolase peut combiner les 2 produits résultants : on obtient ainsi du fructose-
1,6-diphosphate. Celui-ci perd un phosphate (action de la fructose-1,6-diphosphatase)
et devient donc du fructose-6-phosphate qui peut suivre 2 voies :
1) il peut rentrer dans la synthèse des oses, des osides, de l’amidon, …
2) il peut se combiner à un glycéraldéhyde-3-phosphate pour donne un ose en C9
qui se décompose en erythrose-4-phosphate (C4) et en xylulose-5-phosphate
(C5).
L’érythrose-4-phosphate n’existe pas à l’état libre et constitue donc une brique
élémentaire entrant dans la constitution des métabolites secondaires.
La glycolyse
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une source pour la biogenèse des acides gras (carboxylation en malonyl-
CoA)
à l’origine de la synthèse de mévalonate (biosynthèse des terpènes).
Le cycle de Krebs
L’-cétoglutarate subit une amination réductive grâce à du NADH (le N est fourni
par une glutamine) pour donner de l’acide glutamique. L’acide glutamique se
transforme facilement en glutamine : ce couple joue un rôle important dans le transfert
de groupes aminés par réaction de transamination (synthèse d’acides aminés).
Généralement, les sources de N sont la glutamine et l’acide glutamique.
L’acide glutamique est l’origine de 3 acides aminés, qui permettent la synthèse
d’alcaloïdes :
o amination réductive de l’acide glutamique (le N est fourni par la glutamine)
ornithine
o cyclisation de l’acide glutamique proline
o l’arginine est produite par le cycle de l’urée, qui est une séquence complexe de
réactions : piégeage d’un ammonium par le carbamoyl-P, puis ce carbamoyl-P
ainsi azoté se condense avec de l’ornithine pour donner de la citrulline , et enfin
un groupe aminé supplémentaire (provenant de l’aspartame) est ajouté à la
citrulline.
L’histidine est un acide aminé intéressant car il entre dans la formation des alcaloïdes.
Cet acide aminé comporte un cycle imidazole provenant des bases nucléiques (AMP).
Il y a rupture du cycle imidazole de l’AMP et du ribose ; puis il y a une rupture
supplémentaire et on aboutit à l’histidine.
L’imidazole de l’AMP n’est pas l’imidazole de l’histidine (les 2 N de l’imidazole
proviennent de la glutamine et du glutamate) : il n’est pas repris tel quel pour former
celui de l’histidine, il subit des transformations !
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Le mévalonate, en empruntant la voie du squalène et du cholestérol (unités
isoprénoïdes), est à l’origine de la synthèse des terpènes.
2 acétyl-SCoA se combinent pour donner de l’acéto-acétyl-SCoA. Un 3ième acétyl-
SCoA se rajoute pour former le -hydroxy--méthylglutaryl-SCoA. Cette molécule est
réduite par le NADPH en mévalonate (structure en croix). Le mévalonate est ensuite
activé par du pyrophophate (provenant de 2 ATP) ; on obtient du 5-
pyrophosphomévalonate, qui est le substrat d’une décarboxylase ; il y a donc perte de
CO2 et de 2 H2O et formation d’une double liaison. Cela aboutit au pyrophosphate
d’isopentényle qui est lui-même le substrat d’une isomérase et qui peut donc
s’isomériser en pyrophosphate de diméthylallyle. Ces 2 dernières molécules
constituent des briques qui sont à l’origine de beaucoup de métabolites secondaires !
On a considéré que les terpènes pouvaient être formés à partir d’unités isoprénoïdes
(motif C4+C1 avec 5 C dont un est une ramification).
La règle de l’isoprène biogénétique (1953) est une théorie (règle empirique sans base
biochimique) selon laquelle l’apposition d’isoprènes permet d’expliquer la formation
de nombreux produits naturels (monoterpènes, triterpènes, stéroïdes, caoutchouc, …).
Sur le transparent, les molécules de droite sont des terpènes, constitués de
juxtaposition d’unités 4+1 :
2 unités terpéniques molécule en C10 = monoterpène
3 unités terpéniques molécule en C15 = sesquiterpène
6 unités terpéniques molécule en C30 = triterpène (par exemple le
squalène)
8 unités terpéniques molécule en C40 = caroténoïdes
beaucoup d’unités terpéniques longue chaîne linéaire comme le
caoutchouc.
Les champignons, les bactéries et les plantes sont capables de synthétiser des
composés aromatiques.
Les cycles aromatiques sont généralement très stables mais ne sont pas pour autant
présents dans l’environnement.
Les animaux utilisent des métabolites aromatiques mais ne sont pas capables de les
synthétiser.
Chez les organismes qui synthétisent des aromatiques, il y a 2 voies de genèse :
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1) La voie principale passe par l’acide shikimique :
Le phosphoénolpyruvate (PEP) provenant de la glycolyse se condense avec
l’érythrose-4-P pour donner une molécule en C7 comportant un cycle en C6, l’acide 3-
déhydroquinique. Puis il y a perte d’une molécule d’eau et donc introduction d’une
double liaison : on obtient l’acide 3-déhydroshikimique. Puis cette molécule est réduite
par le NADPH et on aboutit à l’acide shikimique, qui est l’intermédiaire principal de
toutes les molécules aromatiques.
Cet acide shikimique est activé par une kinase ; puis un 2ième PEP s’y additionne avec
perte d’eau et apport d’une 2ième double liaison : on aboutit ainsi à l’acide chorismique.
Ensuite, il y a 2 embranchements possibles :
a. Il y a réarrangement de l’acide chorismique ; le PEP change de C, puis il
y a une décarboxylation et une amination réductive qui introduit un NH2.
on aboutit à la phénylalanine et s’il y a ajout d’un –OH en para on
obtient la tyrosine.
Cette voie mène aux briques de base des tanins, des lignames, de la vanilline, … ; elle
apporte en fait un squelette carboné de type C6+C3 (unité phénylpropane =
phénylpropanoïde), qui constitue la base de nombreuses molécules telles que les
coumarines, flavonoïdes, alcaloïdes (par exemple ceux de l’opium), …
b. C’est la voie menant au tryptophane : il y a ajout, sur l’acide
chorismique, d’un NH (provenant d’une glutamine), d’un C avec double
liaison permettant la fermeture de l’hétérocycle (grâce à l’intervention
d’un phophoribosyl-pyroP) et d’une sérine.
Le tryptophane comporte donc un hétérocycle, l’indole, qui est la base de quelques
alcaloïdes dits indoliques (strychnine, réserpine, ceux de l’ergot de seigle, et ceux de la
Pervenche de Madagascar qui sont des anti-cancéreux).
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Beaucoup de voies et d’étapes intermédiaires sont encore mal connues car il est
difficile d’obtenir des intermédiaires marqués en quantité suffisante.
On sait par contre que sur base du métabolisme primaire (lui-même basé sur le
CO2, l’H2O et la lumière), tous les métabolites secondaires peuvent être
synthétisés.
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Chapitre 3 : systématique des métabolites secondaires
Classification
C’est un groupe qui rassemble aussi bien les substances énergétiques que celles de
réserve chez les végétaux. Ils tiennent donc un grand nombre de rôles différents !
Il y a 2 catégories : les oses simples et les osides ou oses combinés.
1) Oses simples :
Aldoses : sucres aldéhydiques
Cétoses : sucres cétoniques
Dérivés osidiques : acide uronique, polyalcools (sucres réduits),
esters d’oses, oses aminés.
2) Osides :
Hétérosides : oses couplés à quelque chose d’autre
Holosides qui sont formés uniquement d’unités osidiques :
- polyholosides : plus de 10 unités oses, homogènes s’ils
sont constitués du même sucre, hétérogènes s’il y a
différents sucres dans la séquence
- oligoholosides : max 10 unités oses
Chez les végétaux, les composés sont souvent liés à des sucres pour former des
hétérosides ; cela permet d’augmenter l’hydrosolubilité de la molécule MAIS cela peut
rendre la biodisponibilité de la molécule fort inégale. En effet, pour qu’il y ait une
bonne résorption intestinale, il faut une hydrolyse enzymatique par la flore intestinale
et comme cette flore intestinale n’est pas identique chez tout le monde, il y aura une
grande variabilité dans la biodisponibilité de la molécule.
Cela rend également les études pharmacologiques plus difficiles à mener vu qu’il n’y a
pas de flore intestinale dans les cultures in vitro !
Dans les médicaments synthétiques, on ne couple jamais les molécules actives à des
oses !
Rappel de nomenclature
23
La plupart des oses naturels sont D ; cependant, dans certaines bactéries, on peut
trouver des oses L.
L’appartenance à la série D ou L ne préjuge pas du pouvoir rotatoire de l’ose.
Les oses existent en fait sous forme cyclique.
Si cyclisation en C1-C5 : cycle pyranique avec 6C
Si cyclisation en C1-C4 : cycle furanique avec 5C
L’ose est dit quand le dernier –OH dans le cycle (le même que pour Fischer donc)
est en-dessous du cycle ; l’ose est quand ce –OH est au-dessus du cycle.
La forme « chaise » du cycle en C6 est la plus stable. Un isomère peut cependant être
favorisé par rapport à un autre de part des forces de répulsion moindres. Par exemple,
pour le glucose, c’est l’isomère qui est favorisé.
Ce qui caractérise les oses chez les végétaux, c’est leur grande diversité. Il y en a
plusieurs centaines de sortes : certains universels, d’autres spécifiques à une espèce.
Aldoses
Pentoses : arabinose, xylose, ribofuranose.
Hexoses : glucose (sucre le plus répandu), mannose (qu’on retrouve
surtout sous forme de polymères mananes), galactose (polyholosides
algues, mucilages, gommes).
6-méthylpentoses (le groupement hydroxyle du C6 est remplacé par un –
CH3) : rhamnose, fucose (constituant fréquent des polyholosides des
algues, qui se retrouvent souvent sous forme d’ester méthylique).
2,6-didésoxy-hexoses : digitoxose (hétéroside cardiotonique qu’on
retrouve surtout dans Digitalis purpurea ; ces hétérosides cardiotoniques
sont des sucres souvent méthylés).
Cétoses
On trouve abondamment le fructose à l’état libre dans les fruits, dans les fructosènes
(inuline) et dans les fibres alimentaires prébiotiques (fibres non digérées par l’homme
mais fermentées par des micro-organismes spécifiques de la flore intestinale).
Acides uroniques
Il y a oxydation de la fonction aldéhyde en –COOH (réactions redox possibles).
Acide glucuronique : on le retrouve dans les mucilages, gommes, parties
osidiques des saponosides.
Acide mannuronique : il se retrouve dans les polyholosides des algues.
Acide galacturonique : on le trouve dans les pectines, gommes,
mucilages.
Polyols
Ce sont des sucres réduits : il y a réduction de la fonction aldéhyde en fonction alcool.
Sorbitol
Mannitol
24
Inositol
Esters d’oses
Ester sulfurylé de galactopyranose : on en retrouve dans les
carraghénanes.
Ester acétylé de digitoxose : on en retrouve dans les hétérosides
cardiotoniques.
Oses aminés
Glucosamine : on en trouve dans les glyco-aminoglucanes, qui se
polymérisent en chitine (constituant des insectes : du coup, certaines
plantes, champignons et algues élaborent des chitinases pour se protéger
des insectes).
Quelques diholosides
Il y a donc une très grande diversité structurale dans les oses de par :
- de nombreuses possibilités d’isomérisation
- de nombreuses possibilités d’enchaînement
- les différents types d’enchaînement
Les polyholosides
25
C’est une association de plus de 10 unités osidiques.
Ils peuvent être :
homogènes hétérogènes
neutres acides (s’ils renferment de l’acide glucuronique, galacto-uronique ou
des oses sulfurylés)
linéaires ramifiés (branches le long de la chaîne)
Dans la séquence périodique, les oses sont répartis le long de la chaîne
généralement linéaire selon un schéma répétitif (ex : cellulose, amidon, …) ; la
conformation du polymère est déterminée par la configuration du lien osidique :
- Si liens 1-4 : polymère en ruban très étiré (ex : cellulose)
- Si liens 1-4 : polymère de structure hélicoïdale
- Si liens 1-6 : grande liberté de rotation, conformation lâche
et flexible
Dans la séquence interrompue, il y a alternance de zones périodiques et de zones
hétérogènes ; il y a donc de nombreuses possibilités d’interaction polymère-polymère,
ce qui favorise la gélification (ex : pectine).
Dans la séquence hétérogène, il n’y a pas tellement d’interactions polymère-
polymère mais plutôt des interactions polymère-solvant.
La gélification
26
Quand on a des chaînes linéaires avec des dérivés acides, il y aura des répulsions
électrostatiques qui tendent à amoindrir les liens intermoléculaires entre les chaînes.
Cela stabilise les gels qui ont tendance à précipiter.
Les polymères branchés sont difficiles à gélifier : il en faut une certaine concentration
mais ils ont tendance à coller (ce qui est bien quand on recherche des propriétés
adhésives).
Quand on veut extraire des polyholosides, on se base sur leur solubilité dans l’eau et
leur précipitation quand on ajoute de l’éthanol à la solution aqueuse les contenant
(diminution de la constante diélectrique de l’eau précipitation favorisée). On les
purifie par filtration sur gel, par passage sur des résines échangeuses d’ions ou par
électrophorèse (si les polymères sont cationiques ou anioniques).
Les hétérosides
Ils sont constitués d’oses et d’éléments non glucidiques appelés génines ou aglycones.
Il y a 4 types d’hétérosides :
I. O-hétérosides : + R-OH (alcool)
II. S-hétérosides : +R-SH (thiol)
III. N-hétérosides : +R-NH2 (amine)
IV. C-hétérosides : +R-H
Les réactions d’ajout sont entièrement réversibles.
Chez les végétaux, ces hétérosides sont synthétisés et hydrolysés par des enzymes plus
ou moins spécifiques.
Les hétérosides peuvent présenter une configuration ou ; le plus souvent, dans la
nature, on trouve la .
Plusieurs oses (de 1 à 7) peuvent être liés à la même génine. Le plus souvent, on
trouvera des bi-osides, mais on trouve aussi des tri- et des tétra-osides (jusqu’à 7 oses
chez les saponosides !).
27
Quand on récolte la plante, lors du séchage, il y a hydrolyse des hétérosides par des
enzymes. Si on veut étudier les hétérosides d’une plante, il faut éviter cette hydrolyse :
SOIT on dénature les enzymes (éthanol bouillant)
SOIT on travaille sur la plante fraîche.
Le séchage et l’extraction des hétérosides est une affaire délicate !
Par exemple, le purpuréaglucoside A est un hétéroside qu’on retrouve dans la Digitalis
purpurea fraîche ; quand la plante sèche, des enzymes coupent le glucose et il y a donc
hydrolyse en digitoxine.
28
Cette technique est facile et rapide et elle permet d’estimer globalement la
concentration en polyholosides (gommes, mucilages, …) et de mesurer directement
cette concentration dans la drogue végétale ou dans un extrait.
Certaines drogues végétales sont utilisées pour leurs propriétés purgatives car elles
gonflent dans l’intestin ; c’est ce gonflement qu’on met ici en évidence.
On place dans un tube une certaines quantité de drogue végétale et de l’eau ; on laisse
gonfler un certain temps puis on mesure le volume occupé par la drogue gonflée.
C’est un test rapide et directement relié à l’effet thérapeutique de la drogue.
On peut, comme essai complémentaire, déterminer le comportement rhéologique
(viscosité) de la solution de glucides.
Chromatographie
Planaire
Sur papier : on ne l’utilise pratiquement plus !
Sur couche mince (cellulose, gel de silice) :
Les sucres ne présentent pas de coloration naturelle et ni de spectre UV très
particulier ; donc, pour les révéler, il faut pulvériser une substance chromogène
(acide aminobutyrique ou phtalate d’aniline pour les sucres réducteurs ; la
limite de détection avoisine le microgramme) sur la plaque ; on peut aussi
utiliser des enzymes spécifiques qui révèleront un sucre précis.
Electrophorèse
Elle ne convient qu’aux dérivés ionisables (acides uroniques, oses aminés).
HPLC
C’est une très bonne technique pour séparer les oses sur phases aminées.
Les oses absorbent peu en UV (aux basses surtout), donc la détection n’est pas
aisée : généralement, on utilise un détecteur d’indice de réfraction, qui fournit une
détection peu spécifique et peu sensible (pas terrible donc). L’utilisation d’un détecteur
polarimétrique est possible aussi mais la détection est toujours peu sensible. On peut
aussi coupler l’HPLC au SM ou au ELSD (Détecteur Evaporatif à Diffusion de
29
Lumière ou Evaporative Light Scattering Detector : on évapore l’éluant puis un laser
mesure la diffraction dans la phase gazeuse). La détection avec ELSD est très sensible
et universelle mais le matériel est coûteux et peur répandu.
Sinon, on peut également réaliser des réactions de dérivation pré- ou
postchromatographique (entre la colonne et le détecteur) en greffant aux sucres des
groupes qui absorbent très bien dans l’UV (comme le 2,4-DNP).
Chromatographie d’exclusion
Elle est très utile pour séparer des polymères de différentes tailles. Il s’agit en fait d’un
tamis moléculaire sur lequel on fait passer notre mélange à séparer : les grosses
molécules ne sont pas retenues par le tamis et passent donc vite, alors que les petites
molécules sont retenues par le tamis
Le tamis moléculaire permet donc de séparer les polymères en fonction de leur taille et
de leur forme.
Méthodes physiques :
- Spectrométrie, notamment celle de masse
- Techniques de volatilisation particulières car les polymères
sont peu volatils : FAB, MaldiTOF
- RMN pour l’analyse de conformations (types de liaison)
Méthodes chimiques : Elles sont variées mais difficiles à mettre en œuvre ; elles
impliquent des hydrolyses partielles ou complètes, formations de
dérivés, et dégradations contrôlées de ces dérivés.
On doit déterminer la configuration élémentaire, les modes de liaison et la
configuration des liaisons pour pouvoir estimer la longueur des chaînes,
30
localiser les branchements et finalement déterminer la structure et la masse du
polymère.
enzymatique
L’hydrolyse enzymatique est relativement spécifique et souvent partielle. On peut faire
intervenir en séquence plusieurs enzymes et les produits obtenus permettront de
remonter au polymère d’origine (on procède donc un peu comme avec les enzymes de
restriction pour analyser l’ADN).
Ce type d’hydrolyse permet de repérer la nature des liaisons impliquées et les lieux
d’attache.
Le problème de l’hydrolyse enzymatique est que les enzymes utilisés possèdent des
caractéristiques et spécificités encore mal connues et qu’ils sont souvent contaminés
par d’autres enzymes.
Cette méthode d’hydrolyse est donc difficile à appliquer aux polysaccharides !
Dans un polysaccharide complexe, certaines liaisons sont plus fragiles que d’autres :
une sélectivité de l’hydrolyse est donc possible, ce qui permet d’établir des structures.
Ainsi, les liaisons sont plus résistantes que les et les liaisons 1-6 sont plus
résistantes que les autres ; l’hydrolyse des furanosides est plus rapide que celle des
pyranosides.
En choisissant soigneusement les conditions, on peut apporter une certaine sélectivité à
l’hydrolyse. Très utile pour l’analyse structurelle !
Les peptides, protéines et ADN (qui sont des polymères aussi) sont plus faciles à
étudier car la masse de toutes les unités sont bien particulières : la caractérisation par le
SM est donc aisée.
31
Dans le cas des sucres, c’est beaucoup moins simple ; en effet, si on a un polymère
formé de fructose et de glucose (même masse !!!), la SM ne nous aidera pas !
En outre, l’ADN et les peptides sont des polymères linéaires, alors que les
polyholosides présentent plein de possibilités de liaisons et de branchements sur la
chaîne !
Intérêt pharmaceutique
Polyholosides
Ils sont l’objet de nombreuses applications pharmaceutiques et industrielles, liées
surtout à leur pouvoir de gonflement et à la grande viscosité de leur solution.
Ces 2 caractéristiques sont en relation étroite avec leur structure et leur conformation.
Selon la structure, plusieurs actions sont possibles :
32
des sites d’inflammation) libérées par les granulocytes au niveau des
sites inflammatoires.
Augmentation du volume du bol fécal
- d’où une stimulation de l’activité motrice du colon (laxatif de
lest)
- d’où une régulation du transit intestinal (= un des intérêts
principaux des fibres alimentaires)
Activité immunostimulante
Les mosaïques d’antigènes permettant la reconnaissance Ag-Ac sont des
mosaïques de sucres. Il n’est donc pas surprenant qu’on retrouve des activités
immunostimulantes dans des polysaccharides provenant de végétaux.
On a découvert des polyholosides immunostimulants aussi bien chez les végétaux
supérieurs que chez les algues, champignons, et micro-organismes tels que les levures.
Aujourd’hui, on a mis en évidence 6 groupes de polyholosides pour lesquels des
actions immunostimulantes ont été démontrées :
homoglucanes neutres
hétéroglucanes neutres
arabinogalactanes acides qui contiennent de l’acide galacturonique
rhamnogalactanes acides
structures hybrides entre ces 2 derniers
AGPs = arabinogalactanes-protéines : en effet, des fractions protéiques
sont parfois associées et pourraient avoir un rôle dans l’activité
immunostimulante
Ces plantes sont très utilisées dans la médecine chinoise et japonaise. Chez
nous, elles sont encore peu utilisées mais cela va certainement évoluer !
A quoi les propriétés immunostimulantes peuvent être dues ? Y a-t-il un
rapport avec la structure ?
Activités diverses (ces activités font l’objet d’études mais il n’y a pas encore
d’applications cliniques sauf pour l’héparine)
33
Dérivés sulfatés : activité anticoagulante, thrombolytique, anti-
inflammatoire, antiproliférative, antimétastasique, antivirale,
antiangiogénique.
Constitution de biomatériaux : les biomatériaux sont des substances
destinées à rentrer en contact avec un système biologique afin d’évaluer,
traiter, augmenter ou remplacer des tissus, organes ou fonctions du
corps. Comme on a des biopolymères avec une microarchitecture
tridimensionnelle, cela constitue des matrices sur lesquelles les tissus
peuvent se régénérer. Certaines de ces polymères ont aussi une activité
biochimique et vont stimuler la régénérescence tissulaire (donc il y a
beaucoup d’applications en chirurgie). Beaucoup de biopansements sont
aussi apparus (destinés à soigner des escarres, des brûlures, …) ; entre le
pansement et la peau, on met des biomatériaux (souvent des
polyholosides) ; ce sont donc des pansements biocompatibles qui aident
activement la peau à cicatriser.
Excipients : on retrouve les polyholosides
- comme excipients dans les comprimés (surtout les formes
retard à libération prolongée), pour stabiliser des émulsions et
des suspensions ;
- comme matériaux d’enrobage et d’encapsulation (domaine
alimentaire et pharmaceutique) ;
- comme support quand on doit nébuliser des extraits secs : on
pulvérise l’extrait sous forme d’un spray dans un courant d’air
chaud, il y a alors évaporation quasi immédiate du solvant,
ensuite on récupère l’extrait sec ; pour une nébulisation plus
aisée, on mélange la solution à nébuliser avec des
maltodextrines.
Adhésifs pour prothèses dentaires : ils sont aussi à base de
polyholosides.
Dans l’industrie alimentaire, les polyholosides servent d’additifs
alimentaires ; par exemple, dans les yaourts à 0% de matière grasse (où
ils servent de gélifiant), dans les soupes en sachets (les polyholosides
permettent alors d’augmenter la viscosité de la soupe obtenue après
addition d’eau), dans les saucisses, … dans tout ce qui nécessite une
structure donc !
Hétérosides
Leur(s) action(s) est due(s) aux GENINES. Les oses constitutifs de la molécule
n’interviennent pas dans la bioactivité mais bien dans les paramètres
pharmacocinétiques (absorption, distribution, métabolisation, élimination). Selon les
oses, les paramètres pharmacocinétiques seront différents ; cela est très intéressant car
on peut moduler ainsi le médicament MAIS les synthèses chimiques de modulation
sont difficiles à réaliser (quand on veut accrocher un ose à une molécule, cette dernière
est souvent détruite !)
34
Il y a 3 origines possibles :1. paroi cellulaire
2. membrane
3. exsudats = polysaccharides généralement anioniques
qui s’écoulent naturellement ou après incision de certaines végétaux : ce sont les
gommes qui proviennent de la transformation de l’amidon ou des polysaccharides
pariétaux (ce sont des hypothèses, on ne sait pas très bien en fait).
Diverse ?
La paroi est l’agent déterminant de la croissance et du développement d’une plante.
Elle détermine la taille et la forme des cellules et participe au support mécanique de la
plante. Elle participe aussi au transport, aux mécanismes de défense et à de nombreux
évènements métaboliques, notamment la signalisation cellulaire.
Complexe ?
Elle fait intervenir de nombreux polysaccharides :
le plus important est la cellulose, aussi bien présent chez
les monocot que chez les dicot
les pectines présentes chez les dicot mais pas chez les
monocot
…
Les pectines représentent le constituant majeur des parois cellulaires de dicot et sont
constituées d’un ensemble de 3 domaines polysaccharidiques majeurs riches en acide
galacturonique :
1) domaine HGA : purement linéaire, non branché et constitué d’acides
galacturoniques (un seul type de sucres donc)
2) domaine RG-I : constitué d’une population de polymères hautement
diversifiée ; cette population sera diversifiée en fonction de la position spatiale
dans la plante et en fonction du stade de développement tissulaire de la plante ;
la différenciation joue au niveau de chaînes branchées qui peuvent être des
arabinanes (LM6) ou des galactanes (LM5) ; des arabinogalactanes (AGs) sont
également liés mais le mode de liaison n’est pas connu.
3) Domaine RG-II : hautement conservé.
On sait que dans les pectines, on a ces 3 domaines mais on ne sait pas si ces 3
domaines sont liés entre eux et s’ils sont liés, on ne sait pas par quels types de liaisons.
Leur biosynthèse a lieu au niveau de la membrane cellulaire et fait intervenir toute une
série d’enzymes mais on n’en sait pas plus !
35
Dynamique ?
La complexité de la paroi correspond à une structure dynamique : elle dépend de la
croissance.
Les AGs de type II sont des polymères polydispersés (càd qu’ils ont plusieurs chaînes
de longueur différente), à haut poids moléculaire, complexes et spécifiques des espèces
végétales.
Ils présentent une sorte de colonne vertébrale « blackbone » formée d’une chaîne de
galactane en 1-3 ou 1-6 et branchée régulièrement par des oligosaccharides
terminés en Araf(arabinose furanose)/Galp/Rhap/GlcAp.
Ils sont neutres et/ou acides (GlcA).
C’est tout ce qu’on sait !
Une question a été posée, à laquelle on a su répondre : y a-t-il un motif répétitif dans la
blackbone ?
Pour répondre, les auteurs ont comparé un AG de mélèze sans activité
immunostimulante et un AG d’Angelica présentant une activité immunostimulante. Ils
ont constaté :
- pas de motif répétitif dans les AGs de mélèze : les chaînes
latérales sont très variables
- motifs qui se répètent clairement le long de la structure dans les
AGs d’Angelica.
On pense que les motifs répétitifs sont une condition pour avoir un AG bioactif.
Comment voir si un polymère présente un motif répétitif ?
Il faut réaliser une hydrolyse partielle enzymatique ou chimique, qui va couper des
liens rares dans la molécule. Après cette découpe sélective, on étudie les fragments
générés par SM, MaldiTOF, électrophorèse (ici OK car les polymères sont
anioniques), …
Si on trouve plein de fragments différents pas de structure répétitive !
Si on trouve plusieurs fois les mêmes fragments structure répétitive !
36
Les AGPs
Dans le cas des AGPs, il y a liaison à des protéines. Les AGPs sont en fait des
glycoprotéines riches en hydroxyproline (// collagène chez les animaux).
Il y a 2 niveaux de structure pour les AGPs :
I. chaîne polyosidique
II. protéine riche en hydroxyproline.
On a aussi remarqué que ces polymères se liaient au réactif de Yariv. Ce réactif
colore les AGPs en rouge (on peut voir sur la photo les AGPs en rouge au niveau
pariétal).
On a donc un moyen de détecter, quantifier et précipiter ces AGPs tb pour leur
étude !
La plupart des AGPs et les AG-pectines d’Angelica donnent des réactions positives
avec le réactif de Yariv (voir tableau).
!!! Généralement, les substances colorées par le réactif de Yariv sont bioactives !!!
Les AGPs sont constituées d’un blackbone protéique sur lequel sont régulièrement
fixés des glycanes. A une extrémité, on trouve une ancre GPI ou phosphatidylinositol
glycosylé (= assemblage d’oses au bout duquel est accroché un phospholipide). Cette
ancre permet d’accrocher l’AGP dans la membrane cellulaire mais permet aussi une
grande mobilité de l’ancre de l’AGP dans la membrane.
Le fait d’être lié par une ancre GPI à la membrane confère souvent aux molécules un
rôle de signalisation cellulaire (l’ancrage dans la membrane déclenche un signal).
Il y a beaucoup d’hydroxyproline sur le blackbone : les AGs sont liés au blackbone via
ces hydroxyprolines.
Les AGPs ont des blackbone protéiques qui peuvent être différents. Il y a différentes
glycoformes sous lesquelles peuvent exister les AGPs.
Les AGPs sont des molécules messagers et de signalisation pour la plante !!!
Des Ac monoclonaux dirigés contre les AGPs et marqués nous ont montré qu’on
trouve des AGPs dans mais aussi hors des cellules (voir photo : la localisation des
AGPs est membranaire, pariétale ET extracellulaire) ; donc, les AGPs peuvent être
37
secrétés. Cela valide l’hypothèse selon laquelle les AGPs sont des messagers pour les
cellules !
Chez les animaux, on a pu montrer que les AGPs avaient une action sur le système
immunitaire inné et pas du tout sur l’acquis.
L’immunité adaptative relaie l’immunité innée et fait intervenir les LB, les LT, les
phénomènes de mémoire et la reconnaissance Ag-Ac.
Le lien entre ces 2 systèmes est le système du complément, qui peut être activé par 2
voies et dont l’activation aboutit à la formation d’un complexe de destruction
membranaire des « indésirables ».
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2. Les dérivés de l’acétylcoenzyme A
Lipides
Introduction
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Le terme général de « lipides » englobe les matières grasses proprement dites, les
esters et les dérivés d’acides gras qui présentent des propriétés analogues.
On retrouve des lipides dans toutes les cellules végétales sous forme de complexes
lipoprotéiques organisés en fines granulations. Quand il y a beaucoup de lipides dans
la cellule, ils apparaissent sous forme de gouttelettes, les oléosomes.
dans tout le Règne Végétal et dans tous les organes, on trouve des lipides !
En général, les lipides sont peu abondants dans les organes végétatifs ; ce sont souvent
les graines qui en renferment le plus. On en retrouve parfois beaucoup dans le
péricarde de certains fruits (olive, avocat, noix de palme).
Les graisses et huiles sont des réserves, des moyens de stocker l’énergie ; ces lipides
sont donc destinés à être catabolisés.
Les phospholipides ou sphingolipides sont des constituants des membranes cellulaires.
Les cires fournissent une enveloppe extérieure qui protège le végétal.
Dans la fraction lipidique, on a aussi des dérivés comme les tocophérols (vit E), les
stérols, les caroténoïdes, …
Production
Au niveau industriel, les lipides sont extraits à partir des graines nettoyées et broyées :
on obtient les huiles végétales (terme général qui regroupe tous les types de lipides)
par pression à froid (on parle alors d’ « huile vierge ») ou par pression à chaud à 90°C
(les protéines coagulent, les cellules éclatent et le rendement d’expression augmente
donc).
Pour le pressage, on utilise des presses hydrauliques ou à système de vis continu
(comme ça, la pression exercée est continue).
Quand on a pressé, il reste le tourteau qui est encore plein de matières grasses. Ces
matières grasses sont récupérées par des solvants apolaires (hexane, pentène,
trichloréthylène ou éthanol à chaud). Donc, il faudra par la suite vérifier que tout le
solvant aura bien été éliminé dans le produit fini.
Un solvant qui est de plus en plus utilisé est le fluide supercritique. Le CO2, dans
certaines conditions, dépasse le point critique : il n’est alors plus vraiment gazeux, ni
plus vraiment liquide. Le CO2 présente alors à la fois les propriétés d’extraction d’un
liquide et les propriétés de diffusion d’un gaz. Gros avantage !
On laisse ensuite l’extrait revenir aux CNTP. Le CO2 redevient alors gazeux t il nous
reste l’extrait. Avec cette technique, il ne faut donc pas trouver de solutions pour
éliminer les résidus de solvant dans le produit fini.
Malgré le coût des installations, le fluide supercritique est très intéressant ! On utilise
aussi les fluides supercritiques pour enlever la caféine du café et pour extraire des HE.
Après l’extraction, que ce soit par solvant ou par fluide supercritique, on obtient une
huile brute qui sera raffinée en fonction de ce à quoi on veut aboutir. Plein de
traitements sont possibles :
- Démucilagination : huile + eau + acide phosphorique élimination des
phospholipides et autres lipides polaires, des protéines et des éventuels métaux
lourds présents.
40
- Neutralisation : l’huile peut contenir des acides gras libres qui augmentent son
acidité ; en présence de NaOH, les acides gras libres sont éliminés sous forme
de sels.
- Décoloration : certaines huiles peuvent présenter une coloration jaunâtre peu
ragoûtante ; on les agite alors avec des adsorbants tels que le charbon actif.
- Désodorisation : on traite l’huile par la vapeur d’eau, à chaud et sous vide ;
cela permet d’enlever les odeurs désagréables (rance) qui peuvent provenir
notamment des produits d’oxydation des acides gras insaturés tels que les
aldéhydes ou les acides à chaîne courte ; cette technique permet aussi
d’éliminer les acides gras libres restés en trace.
- Chromatographie : quand on veut utiliser l’huile comme injectable, on la
purifie encore par chromatographie.
Classification
Voir transparent
1. Acylglycérols
1.1 Les triesters
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Si R1 = R2 = R3, on parle de triester homogène.
Si R1, R2 et R3 sont différents, on parle de triesters hétérogènes (c’est ce qu’on
rencontre le plus fréquemment) ; R1 et R3 sont le plus souvent des acides gras saturés
et R2 est le plus souvent un acide gras insaturé.
Ils sont en concentration très faible dans les produits naturels et seront préparés par
hémi-synthèse. On les retrouve surtout comme excipients dans les cosmétiques.
Ex : la mono-oléine (qui est un glycérol avec un acide oléique fixé dessus)
2. Phospho- et glycolipides
2.1 Les phospholipides ou glycérophospholipides
Un acide gras est remplacé par un phosphate estérifié par un X (voir tableau sur le
transparent).
Un acide gras est remplacé par un mono- ou disaccharide (plus rarement par un tri- ou
tétrasaccharide).
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Les cires sont des esters d’acides gras et d’alcools à longues chaînes ; elles sont très
utilisées en cosmétique, notamment les cérides, où on a réduit la longueur de la chaîne
d’un des 2 morceaux.
Nomenclature
1) Nomenclature chimique
On numérote à partir du C fonctionnalisé (càd le C portant le –COOH).
On indique la place des doubles liaisons : on donne le numéro du C à partir duquel
commence la double liaison.
La configuration des doubles liaisons est en CIS ; donc, dans l’espace, la molécule est
reployée.
2) Nomenclature en
Les nutritionnistes utilisent la nomenclature en . Dans ce cas, on numérote à partir du
–CH3.
« nombre de C » : « nombre de doubles liaisons » « numéro du C à partir duquel
commence la première double liaison »
!!! Dans les acides gras, les doubles liaisons ne sont pas conjuguées !!!
Nous devons trouver dans notre alimentation certains acides gras dit essentiels que
nous ne sommes pas capables de synthétiser.
Au niveau de l’alimentation, on doit avoir un apport suffisamment important en acides
gras 3, car ces derniers ont un effet protecteur sur le système cardiovasculaire.
La plupart des gens présentent un rapport 6 : 3 égal à 15 : 1 ; or ce rapport devrait
être égal à 5 : 1 ou même idéalement à 1 : 1 ! Pour atteindre ces valeurs, il faut changer
nos habitudes alimentaires.
Les acides gras sont synthétisés par un empilement de C fournis par le malonyl-CoA.
Le malonyl-CoA est synthétisé grâce à la vit B8 ou biotine, qui agit comme un
coenzyme pour les réactions de carboxylation et de transcarboxylation. La vit B8 est
fixée à un enzyme et cet enzyme permet la fixation du CO2 sur la vit ; ce CO2 est
43
ensuite transféré au substrat, l’acétyl-CoA ; on obtient le malonyl-CoA. La biotine est
ainsi régénérée et peut continuer à jouer son rôle de catalyseur.
Tout cela se réalise dans le complexe Fatty Acid Synthase. Un malonyl-CoA vient se
fixer sur ce complexe. 2 C sont ajoutés à la base puis il y a perte d’un CO2 et réduction
des 2 C terminaux. Le cycle se répète avec un nouveau malonyl-CoA : 2 C sont
ajoutés, il y a perte d’un CO2 puis réduction des 2 C précédents, … et ainsi de suite, le
cycle se répète jusqu’à ce qu’on atteigne le nombre de C désiré.
Le produit obtenu est le palmitate (acide gras en C 16).
Les acides gras grandissent donc de 2 C en 2 C. Dans la nature, on trouve d’ailleurs
une majorité d’acides gras à nombre pair de C.
La catabolisation (-oxydation) des acides gras se fait également de 2 C en 2 C.
Il existe des acides gras à nombre impair de C mais ils sont rares.
Le palmitate peut être désaturé (mais on n’est pas capable de les désaturer à tous les
niveaux, d’où l’existence des acides gras essentiels et la nécessité de les trouver dans
l’alimentation), allongé, condensé avec une sphingosine pour donner un sphinganine
qui est à l’origine des sphingolipides.
Le glycérol-3-P peut se condenser avec 2 acyl-CoA pour donner l’acide
phosphatidique, qui est à la base des phospholipides. L’acide phosphatidique peut
aussi perdre un P ; on obtient ainsi le diacylglycérol qui peut se condenser avec un 3ième
acide gras (provenant d’un acyl-CoA) pour donner les triglycérides (=
triacylglycérols). Le diacylglycérol peut aussi se condenser avec un sucre, on aboutit
ainsi au glycéroglyclipide.
Acide phosphatidique = brique de base pour former TOUS les lipides !!!
On peut facilement colorer les lipides avec des colorants lipophiles (par exemple, le
Rouge Soudan 3).
Quand on met de l’acide osmique en présence d’acides gras insaturés, un précipité noir
d’osmium métallique apparaît.
Une fois qu’on a obtenu la partie lipidique par extraction, on fractionne le mélange
lipidique par chromatographie sur couche mince ou sur colonne.
Par exemple, on peut déposer le mélange lipidique au sommet d’une colonne de silice
puis on élue par des solvants de différente polarité :
I. Éther : élution des lipides neutres
II. CHCl3/éthanol : élution des phopho- et glycolipides.
On peut étudier les 2 fractions obtenues par CCM en phase inverse ou on peut réaliser
une chromatographie directe des triglycérides par GC (vraiment pas top car les
composés lipidiques sont très très peu volatils) ou par HPLC (le plus souvent).
On peut aussi réaliser une transméthylation : on traite les acides gras par du méthylate
de Na, on rompt les liens avec du glycérol et on transforme ainsi les acides gras en
esters méthyliques. Après cette opération, on peut réaliser une GC efficace car les
composés obtenus sont plus volatils que ceux d’origine MAIS on perd de l’information
car on ne sait pas exactement d’où viennent ces esters.
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C’est pour cette raison que l’HPLC directe sur triglycérides est quand même très
utilisée !
A cette HPLC, on associe une détection par UV ou ELSD (car les lipides n’absorbent
pas bien dans l’UV).
On peut aussi réaliser une saponification (càd une destruction des liens esters) par une
hydrolyse en milieu alcalin. On obtient alors les acides gras et les insaponifiables :
Méthodes d’analyse
Caractériser une matière grasse est, comme nous l’avons vu ci-dessus, un boulot
énorme.
Dans l’industrie alimentaire et les contrôles de pharmacopées, on ne peut pas se
permettre de faire toutes ces opérations car elles exigent trop de temps et trop d’argent.
Donc, on va plutôt réaliser des déterminations, physiques et chimiques, simples et
rapides qui permettent, une fois mises en commun, de caractériser les lipides.
o Déterminations physiques
- solubilité
- densité relative
- indice de réfraction
- intervalle de fusion : souvent, on a affaire à des mélanges de triglycérides avec
des points de fusion différents ; donc on ne donne pas de point de fusion net
mais plutôt un intervalle assez large de températures ; de plus, les premiers
triglycérides qui fusionnent (ceux de bas PM) solubilisent les autres qui ne sont
pas encore en fusion.
- intervalle de solidification : idem ci-dessus.
o Déterminations chimiques
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On effectue un chauffage à reflux de la matière grasse dans du KOH
éthanolique ; puis on titre l’excès de KOH par HCl en présence de
phénolphtaléine.
- indice ester (IE) : le KOH dans la matière grasse neutralise les acides gras puis,
quand on chauffe, le KOH permet de rompre les esters IE = IS – IA !!
Avec IS, on mesure les acides gras et les esters ; avec IA, on mesure les acides
gras uniquement, donc (esters + acides gras) – acides gras = esters !
- indice hydroxyle (IOH) = nombre de mg de KOH nécessaires pour neutraliser
l’acidité qui se combine par acylation à 1g de matière grasse.
Cet indice nous renseigne sur la quantité d’alcool primaire, secondaire et
éventuellement tertiaire présente dans la matière grasse.
On traite la matière grasse par de l’anhydride acétique à chaud ; l’excès
d’anhydride acétique est ensuite détruit par addition d’eau ; il y a donc
formation d’acide acétique qu’on peut titrer par du NaOH. On réalise un essai à
blanc et par différence, on a la quantité d’acide qui a permis d’acyler la matière
grasse. Le résultat est exprimé en % d’alcool le plus abondant dans la matière
grasse.
- indice iode = quantité d’iode en g susceptible d’être fixée par 100g de matière
grasse On traite la matière grasse par l’iode qui va s’additionner sur les
doubles liaisons ; puis on titre l’iode en excès par du thiosulfate.
- indice peroxyde = quantité de peroxyde présente dans 1000g de matière grasse
L’indice peroxyde est un indice de qualité des huiles car les peroxydes sont des
produits de dégradation des huiles. Les acides gras insaturés sont très sensibles
à la peroxydation. L’indice peroxyde permet de calculer la quantité en peroxyde
qui sera exprimée en milliéquivalents d’O2 actif pour 1000g de matière grasse.
On ajoute du KI à la matière grasse ; il y a alors oxydation de I- en I2 et l’I2
libéré est titré par le thiosulfate.
L’identification d’une matière grasse repose en fait sur une combinaison de différentes
données physiques et chimiques : il n’y a pas 1 test d’identification.
La Pharmacopée Européenne fait procéder à une CCM directe avec les triglycérides.
Elle préconise aussi une saponification et une extraction des acides gras pour les
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étudier ensuite en CCM (cela permet de rechercher une huile étrangère falsification
fréquente). La GC précédée d’une transméthylation des acides gras permet également
de rechercher une huile étrangère.
On procèdera aussi à l’analyse des anti-oxydants. L’addition d’anti-oxydants est
autorisée par la législation dans certaines limites de concentration MAIS certaines
huiles contiennent beaucoup d’anti-oxydants naturels (tocophérols, dérivés
phénoliques). Pour contrôler la quantité d’anti-oxydants, on utilise les techniques
chromatographiques, notamment la CCM.
On peut aussi chercher des contaminants comme les pesticides des cultures (utilisés
aussi pour empêcher l’invasion des grains par les insectes ou les champignons) ou les
mycotoxines.
La législation vient d’imposer une norme pour le benzopyrène (polycyclique
aromatique CANCERIGENE qu’on retrouve dans les fumées de cigarette et de bbq),
qu’on peut retrouver dans les grains car ceux-ci sont parfois séchés à chaud (par feu de
bois, …). Donc cette substance est susceptible de se retrouver dans la matière grasse.
Il est très important de rechercher ces contaminants (pesticides, mycotoxines,
benzopyrène) car on consomme beaucoup de matières grasses !
L’intérêt majeur des matières grasses réside dans leur apport nutritionnel.
Les matières grasses végétales apportent des acides gras insaturés et des acides gras
essentiels.
Les huiles issues de la chair de poisson contiennent beaucoup d’acides gras en 3, qui
présentent une grande importance biologique.
Les lipides sont aussi les vecteurs des vitamines liposolubles (A, E, D). C’est le cas
notamment des huiles de poissons ou de certaines huiles végétales ; celle de germe de
blé, par exemple, est très riche en tocophérols (ou vit E).
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Beaucoup de matières grasses sont utilisées comme excipients, surtout dans les
médicaments à usage externe. Elles sont aussi très utilisées en cosmétique : plus de
80% des préparations cosmétiques contiennent une phase grasse, surtout constituée de
matières grasses lipidiques.
Certaines matières grasses sont aussi cicatrisantes et anti-inflammatoires ; elles sont
donc utilisées pour traiter les brûlures superficielles et autres atteintes.
On a parfois des solutés huileux injectables : on utilise alors de l’huile d’olive ou
d’arachide, telle quelle ou hydrogénée (par réduction des doubles liaisons).
Les lécithines (qu’on retrouve en abondance dans la jaune d’œuf) sont parfois utilisées
comme émulsifiant.
L’huile de germe de blé est très riche en alcools à longue chaîne (C24, C26,
C28,
C30) et on pense que ces alcools seraient responsables d’une activité stimulante de
ces huiles qui permettent notamment d’améliorer les performances des athlètes. Ces
alcools garantissent également un apport nutritionnel très important et sont bons pour
le système cardiovasculaire.
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L’efficacité du gossypol est liée à la destruction des tubules séminifères ; le gossypol
engendre donc des effets secondaires non négligeables, qui sont dose-dépendants et
apparemment liés à un seul des 2 isomères : hypokaliémie, troubles gastro-intestinaux,
stérilité prolongée.
Le gossypol est relativement toxique pour le bétail ; or, on nourrit le bétail avec des
tourteaux de coton ! On doit donc préalablement éliminer le gossypol en chauffant le
tourteau, le gossypol étant thermolabile !
Problèmes toxicologiques
Les matières grasses peuvent être les vecteurs de composés liposolubles indésirables ;
par exemples : les pesticides, les mycotoxines, les phtalates (plastifiants), …
Des contaminants peuvent également être introduits dans les matières grasses de façon
accidentelle (cfr affaire du poulet à la dioxine).
Donc, les matières grasses sont des vecteurs possibles de problèmes toxicologiques.
Poly-ènes-ynes
Les poly-ènes-ynes sont des acides gras dans lesquels on trouve à la fois des doubles et
des triples liaisons.
Qui dit doubles et triples liaisons dit beaucoup d’insaturations ; ces composés sont
donc très instables et facilement oxydables.
Ils peuvent être le support de certaines activités biologiques et notamment de toxicité.
On les retrouve dans certaines familles végétales : Apiaceae et Asteraceae.
Ex : la cicutoxine est une molécule qu’on retrouve en grande quantité dans la ciguë
aquatique, elle agirait par blocage des canaux potassiques ; l’intoxication avec cette
plante est rare (elle survient lorsqu’on confond cette plante avec une autre comestible)
mais souvent mortelle (fibrillation ventriculaire et arrêt respiratoire).
la cicutoxine possède une structure relativement banale MAIS exerce une action
violente !
Quinones
Les quinones sont des pigments très répandus dans la nature qui ne contribuent que
très peu à la coloration des végétaux supérieurs mais qui sont souvent responsables de
la coloration des champignons, bactéries et lichens.
Au niveau des Animaux, on retrouve des quinones chez les arthropodes et les
échinodermes.
Classification et composition
Chimiquement, les quinones sont des dicétones arèniques. Le chromophore de base est
la benzoquinone.
On retrouve ces quinones à l’état libre ou sous forme d’hétérosides. On observe
souvent des substitutions par des groupements hydroxyle qui peuvent être libres (-OH)
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ou combinés dans une fonction éther avec un méthyle souvent (-O-CH3) ou avec des
oses (-O-Ose).
En fonction du noyau de base, on distingue :
I. BENZOquinones 1 cycle aromatique
Les benzoquinones sont peu présentes chez les végétaux supérieurs mais on les
retrouve fréquemment chez les champignons.
II. NAPHTOquinones 2 cycles aromatiques accolés
III. ANTHRAquinones 3 cycles aromatiques accolés
Biogenèse
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1. La principale, qui consiste en une condensation linéaire d’acétates suivie d’une
fermeture de cycle.
2. On peut aussi partir d’acide shikimique : celui-ci est isoprénylé puis SOIT on va
vers les quinones isoprèniques, SOIT il y a des réarrangements complexes et on
va vers les anthraquinones.
3. La dernière voie part de l’acide para-hydroxy-benzoïque ; celui-ci est
isoprénylé pour aboutir aux quinones.
Méthodes d’analyse
Extraction
Les quinones libres (pas sous forme hétérosidique donc) sont quasiment insolubles
dans l’eau et sont donc extractibles par des solvants organiques.
!!! Les quinones sont sensibles à la lumière (photo-oxydation), donc il faut travailler à
l’abri de la lumière !!!
Certaines benzo- et naphtoquinones sont assez volatiles ; on peut donc les sublimer ou
les entraîner à la vapeur d’eau.
NB : vapeur d’eau = moyen d’entraîner tous les constituants volatils à partir d’une
drogue
végétale.
Réactions spécifiques
La réaction de Bornträger est utilisée pour trouver les anthraquinones dans les
végétaux.
On extrait la drogue par un solvant organique non miscible à l’eau (chloroforme, éther,
toluène, …) ; la phase organique ainsi obtenue est ensuite agitée avec une solution
aqueuse alcaline. Cette solution aqueuse se colore alors en rose, orange, rouge ou
violet (selon l’anthraquinone). Comme base, on utilisera souvent l’hydroxyde de
sodium ou l’acétate de magnésium. Pour les 1,8-dihydroxyanthraquinones, on obtient
des colorations plus stables qui permettent un dosage spectrophotométrique.
Donc on extrait l’anthraquinone avec un solvant organique, puis on ajoute une
solution aqueuse alcaline. Les bases vont arracher 1 H aux fonctions phénol des
anthraquinones : on obtient des formes tautomères qui présentent de nombreuses
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formes de résonance et donc une coloration intense.
Avec les formes réduites, dimérisées ou hétérosidiques, la coloration apparaît très
lentement, après chauffage ou longue agitation à l’air. Donc, pour toutes ces formes,
on réalise préalablement une oxydation par H2O2, HNO3 ou FeCl3. Pour les formes
hétérosidiques, il vaut mieux faire une hydrolyse en milieu acide avant la réaction : on
ajoute donc un acide et éventuellement du FeCl3 qui permet de couper les C-
hétérosides (plus difficiles à couper et formes réduites plus difficiles à oxyder).
Cette réaction de Bornträger est aussi observables in vivo, dans les urines des patients
qui prennent des anthraquinones. Si le pH de l’urine est supérieur à 7, les
anthraquinones (qui sont en fait éliminés en partie par les voies urinaires) donnent une
coloration rouge à l’urine.
Cette réaction (précédée d’une oxydation et d’une hydrolyse) permet également de
réaliser un dosage colorimétrique des anthranoïdes totaux d’une drogue végétale. On
dosera séparément les formes libres et hétérosidiques :
- les formes libres passent dans la phase organique colorimétrie
- les hétérosides restent en phase aqueuse on les hydrolyse, on extrait les génines,
puis on fait la colorimétrie.
52
maxima d’absorption seront influencés par la nature et la position des
substituants.
En CCM, la révélation est facile car ces substances sont souvent colorées ou
fluorescentes (la fluorescence permet de détecter des quantités très faibles de
substance). En alcalinisant la plaque chromatographique (en pulvérisant dessus
un réactif alcalin ou en l’exposant à des vapeurs d’ammoniac), on rend la
détection plus spécifique.
53
augmentation de l’AMPc dans les entérocytes : cela entraîne les Cl- vers la lumière
intestinale, le Na+ est entraîné aussi pour conserver l’électroneutralité. Les
concentrations en Na+ et Cl- augmentent dans la lumière intestinale, l’eau sort pour des
raisons osmotiques. action sécrétagogue (càd qui entraîne la sécrétion d’eau et de
sels). blocage
+ + +
de la pompe Na /K ATPase : il y a inhibition de l’absorption de Na et donc de H2O
aussi. action anti-absorbante
action sur la synthèse des PG
On parle de laxatifs de contact car l’effet laxatif est provoqué par un contact entre la
molécule et la paroi intestinale.
Relation structure-activité :
Il existe des différences importantes entre formes réduite et oxydée. Les
hétérosides d’anthranol et d’anthrone ont une activité plus drastique et sont plus
émétiques que les formes oxydées. On pense que le fait d’être réducteur permet
une absorption plus précoce dans le tube digestif (d’où une action plus haute
dans le tube digestif). Cela a des incidences sur les procédés de récolte. On
préfère oxyder les formes actives.
Pour avoir une activité à partir d’une anthraquinone, on a besoin d’au moins 2
fonctions phénol et la distance entre les 2 influence l’action sécrétagogue.
Les activités pour les génines ou hétérosides sont elles différentes ? On a
mesuré les effets après administration orale de génines et d’hétérosides :
l’hétéroside est plus actif que la génine. Par contre, quand on amène le produit
directement dans le colon, la génine est plus active. Cela signifie que les
bactéries de la flore intestinale sont responsables de la métabolisation et donc,
au niveau de l’intestin, les hétérosides sont transformés en génines. Si on prend
une génine par voie orale, comme elle est très peu solubles dans l’eau, la génine
a du mal à se solubiliser dans le bol. Si on administre un hétéroside, il se
solubilise bien dans le bol et est peu à peu hydrolysé en génine par les enzymes
intestinaux. On a pu vérifié cela en traitant des animaux par le
chloramphénicol ; sous chloramphénicol, la flore bactérienne est détruite et
l’activité des hétérosides diminue. Comme l’activité dépend de
la flore intestinale, il y a de grandes variations dans l’effet car la flore
intestinale est différente pour chaque personne.
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!!! C’est prescrit comme amaigrissant : prescription longue dans ce cas !
DANGER !!!
Contre-indication absolue en cas de colite, appendicite, douleur abdominale
d’origine inconnue, obstruction intestinale.
Sauf exceptions, ils ne devraient pas être administrés aux enfants de moins de
12-13 ans.
En cas d’utilisation prolongée, il y a apparition d’un phénomène de dépendance.
Cette dépendance peut être accompagnée de crampes abdominales, diarrhée,
troubles électrolytiques (surtout hypokaliémie), faiblesse musculaire,
inflammation et atonie du colon, albuminurie, hématurie, perte de masse
corporelle et désordre psychiatrique. Ces 4 derniers symptômes apparaissent
surtout chez les gens âgés : c’est la maladie des laxatifs.
Lors d’une utilisation prolongée, on observe également une pseudo-mélanose
du colon : il y a accumulation de pigments au niveau du colon et donc ses
parois présentent une coloration jaune bien installée. La coloration peut être
accompagnée de lésions épithéliales du colon. La pseudo-mélanose est
réversible lorsqu’on arrête le traitement mais on se demande si les lésions
observées ne sont pas un préliminaire à une cancérisation du colon.
En fait, ces laxatifs entraînent une accumulation hydrique dans l’intestin ; cela
se traduit par une débâcle diarrhéique responsable d’une perte en eau et en
électrolytes.
Certains hydroxyanthracènes sont carcinogènes in vitro et/ou génotoxiques. Il y
a donc un risque accru de développer un cancer du colon.
Chez la femme enceinte, ces dérivés sont actifs au niveau sanguin de l’utérus et
semblent augmenter le risque d’avortement. Ils passent aussi dans le lait
maternel mais aucune diarrhée n’a été observée chez les nourrissons exposés (à
éviter quand même pour ne pas exposer le bébé à des xénobiotiques inutiles).
Ces laxatifs de contact sont proscrits chez les femmes enceintes et
allaitantes : dans leur cas, mieux vaut utiliser les laxatifs de lest !
L’hypokaliémie qui résulte de l’abus de ces laxatifs potentialise l’action des
hétérosides cardiotoniques (index thérapeutique très étroit les conséquences
peuvent être très graves).
L’hypokaliémie interagit aussi avec les médicaments anti-arythmiques : cela se
traduit par des torsades de pointe (modifications de l’ECG qui se traduisent par
un désordre cardiaque pouvant être mortel !).
Il y a également interaction avec d’autres médicaments (corticoïdes,
diurétiques, hypokaliémants, amphotéricine B) qui induisent une hypokaliémie
et sont souvent utilisés en automédication. Donc le pharmacien doit intervenir
pour diriger les patients à risque vers les laxatifs de lest.
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3. Les terpénoïdes
Les terpénoïdes sont omniprésents dans la nature : on en retrouve chez les bactéries,
les algues, les champignons, les végétaux terrestres, les insectes, les oiseaux, les
mammifères, certaines météorites, …
De nombreux terpénoïdes ont une distribution limitée à une classe, un ordre, une
famille ou un genre (c’est donc une donnée utile pour les études chimiotaxinomiques).
Les terpénoïdes sont intéressants en eux-mêmes mais ce sont aussi des métabolites
intervenant dans différentes voies de biogenèse (par exemple : voie de biogenèse des
alcaloïdes, flavonoïdes, coumarines, unités isoprènes dans la voie des quinones, …).
Monoterpénoïdes et iridoïdes
Monoterpénoïdes
Les monoterpénoïdes sont les constituants majeurs des HE. Dans ces HE, on les
retrouve sous forme de mélanges complexes avec parfois 1 ou 2 constituants majeurs.
Les HE contiennent aussi
- des SESQUIterpènes,
- des acides organiques de faible poids moléculaire (acide acétique, acide
formique),
- des dérivés aliphatiques (alcools, aldéhydes, cétones),
- des dérivés aromatiques (phénols, alcools, acides estérifiés ou non) avec un
squelette C6+C1 ou C6+C3,
- des coumarines,
- des monoterpénoïdes sous forme hétérosidique (donc non volatils),
- …
Biogenèse
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Mécanisme du couplage
Le groupe PP est un moyen d’activer les molécules et est un très bon groupe partant
(sous forme d’anion PP).
La charge + qui résulte du départ du PP est délocalisée sur 3 C. Ensuite, on a une
addition électrophile sur les électrons de la double liaison de l’isopentényle (double
liaison = zone riche en électrons). On obtient alors un carbocation qui peut perdre 1
proton (H+). Il y a ainsi régénération d’une double liaison. La perte du proton est
stéréospécifique. La double liaison générée est en TRANS. On aboutit ainsi au PP de
géranyle.
Quelques exemples de monoterpènes :
- linalol = monoterpène acyclique
- menthol = monoterpène monocyclique
- cinéol/eucalyptol = monoterpène bicyclique
- tétrahydrocannabinol = monoterpène incorporé dans la molécule.
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Méthodes d’analyse
Pour réaliser convenablement une hydrodistillation, l’HE doit avoir une densité
suffisamment différente de l’eau ; ainsi, la différenciation entre les 2 phases se fait
aisément. Si la différence de densité n’est pas assez important, on ajoute un solvant
organique (comme le xylène ou l’isooctène) qui piège l’HE.
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- Le fait que l’eau soit constamment ramenée vers le ballon de distillation par un
système de siphon permet une extraction en continu de l’HE.
- La vapeur d’eau protège l’HE de l’air et son effet oxydant.
- Quand on macère la plante dans l’eau chaude, les cellules grossissent et
éclatent, libérant ainsi plus facilement leur HE.
- L’eau de distillation est saturée en dérivés aromatiques d’HE ; cette eau peut
être utilisée telle quelle (eau aromatique), ou être réutilisée pour l’extraction
d’une autre HE, comme ça, il y moins de perte de cette nouvelle HE puisque
l’eau est déjà saturée en HE (cohobage).
La teneur en HE d’une drogue peut être très variable : les conditions opératoires,
décrites dans la Pharmacopée Européenne, sont donc très variables aussi (elles sont
fonction de la plante à laquelle on a affaire). On peut faire varier plusieurs paramètres
de manipulation :
prise d’essai
vitesse de distillation
temps de distillation
ajout ou non de glycérine (la glycérine est peu volatile et permet d’augmenter la
température d’ébullition)
distiller la drogue entière (par exemple, fleurs de camomille) ou en poudre ou
en morceaux ou …
Contrôles physiques
Densité relative : l’HE est un mélange complexe et variable (en fonction des
conditions écophysiologiques dans lesquelles la plante a poussé) de
constituants ; donc, la Pharmacopée Européenne impose non pas un chiffre
précis mais une plage de valeurs pour la densité.
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Pouvoir rotatoire : angle de rotation optique ; la Pharmacopée Européenne
impose un intervalle de valeurs acceptables.
Solubilité dans le CS2 : cela permet de contrôler la présence d’eau dans l’HE
(l’eau est très insoluble dans le CS2) ; donc, s’il y a présence d’eau, il apparaît
un trouble dans la solution.
Contrôles chimiques
Avant, on faisait beaucoup de contrôles chimiques. Maintenant, ces contrôles ont été
remplacés par des contrôles chromatographiques et spectrophotométriques.
60
Ensuite, il reste dans l’HE les alcools tertiaires, les éthers et les hydrocarbures, qu’on
sépare ensuite par chromatographie.
CCM : c’est une technique rapide. La révélation se fait par des dérivés
aldéhydes aromatiques (vanilline ou anisaldéhyde) en présence d’acide
sulfurique ; on chauffe la plaque, les aldéhydes forment alors des carbocations
qui vont réagir avec les constituants des HE pour donner des produits colorés.
HPLC : elle est peu utilisée car les constituants absorbent peu dans l’UV et la
détection n’est donc pas aisée. Elle est plutôt utilisée pour les grands groupes
en remplacement ou complément du fractionnement chimique.
MAIS la GC et la CCM peuvent créer des artefacts. Si les constituants sont fort
fragiles ou labiles, on risque grandement de les détruire pendant les opérations de
chromatographie.
RMN : elle peut être utilisée pour repérer des falsifications (augmentation de
volume par ajout de constituants de synthèse). La constitution isomèrique des C
et des H peut être différenciée entre des molécules de synthèse et des molécules
naturelles. Par RMN, on quantifie ces isotopomères (par exemple, la quantité en
13
C est différente dans la molécule synthétique et dans la molécule naturelle).
Les falsifications sont de plus en plus ingénieuses, donc il faut des techniques de plus
en plus complexes pour les détecter ! Les HE concernent un marché important, les
falsifications sont donc nombreuses et diverses !
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Quelques constituants des HE
Les plantes qui possèdent le plus de terpènes sont les plantes à HE.
Généralités
Métabolisme de phase 1
C’est une biotransformation ayant pour but de rendre la molécule plus polaire et donc
plus simple à éliminer (hydroxylation, carboxylation, réduction). Dans certains cas, ce
sont ces métabolites qui sont actifs : les terpénoïdes contenus dans l’HE sont alors des
pro-drogues.
62
Classiquement, on forme des dérivés glucuronides ; mais on peut aussi former des
dérivés soufrés. Le but des réactions de conjugaison est également d’augmenter
l’hydrophilie de la molécule et donc de faciliter son élimination.
Dans les HE, il y a une grande hétérogénéité des composés et donc une
grande variété d’activités biologiques.
Les HE peuvent avoir l’action inverse de la plante entière : elles peuvent renforcer ou
contrarier l’action de la plante dont elle provient.
Il ne faut pas prendre des plantes à HE en gélules car il peut y avoir des pertes d’HE
(l’action diminue donc) et une toxicité éventuelle (qu’on ne retrouve pas avec l’HE
seule).
Malgré que l’usage des HE est de plus en plus populaire, les HE restent ignorées par
les pharmacologues.
Résorption
L’application par voie externe est réservée à des traitements locaux. La résorption
dépend de la lipophilie des constituants (monoterpènes). Vu que cette lipophilie est
importante, il y a une absorption percutanée (qui est abondamment étudiée
aujourd’hui). En général, la pénétration est rapide et varie en fonction des constituants
présents.
Ex : - L’HE de thérébentine et l’eucalyptol sont complètement résorbés en 20
minutes.
- L’HE de menthe et celle de citronnelle sont complètement résorbées en 120
minutes.
Dans ces conditions d’application, les molécules échappent à une éventuelle
métabolisation au niveau du tube digestif. Comme l’absorption est rapide, l’action est
également rapide, ce qui est un avantage pour les produits de massage et les huiles de
bain.
L’inhalation est considérée comme un usage externe ! Quand on administre une HE
par inhalation, on a montré qu’il y avait bien résorption.
63
élevée d’HE, il y a altération de la fonction barrière des membranes cellulaires,
irritation des cellules sous-jacentes et destruction des cellules épidermiques.
La vasodilatation observée provient d’un réflexe d’axone, stimulé par un récepteur
cutané lui-même stimulé par l’irritant. Ce réflexe entraîne la libération de médiateurs
chimiques (polypeptide substance P, histamine, PG, …) au niveau central et
périphérique.
L’action vasodilatatrice amplifie et propage l’érythème qui est donc inflammatoire.
Cette vasodilatation a un effet décongestionnant sur les tissus sous-jacents et
avoisinants la zone d’administration de l’HE.
Vasodilatation meilleur drainage des tissus
résorption d’un éventuel œdème inflammatoire
élimination plus rapide des déchets du métabolisme cellulaire
augmentation locale de la température qui peut être objectivée par
mesures
échauffement local
analgésie
Cet effet analgésique permet d’expliquer la présence d’HE dans des pommades,
baumes, solutions éthanoliques, … et autres préparations destinées à soulager les
algies rhumatismales, articulaires, musculaires et dues au sport (Reflex Spray).
Action anti-bactérienne
On connaît depuis longtemps l’usage des épices (riches en HE) comme conservateurs
des aliments. Cela signifie que certaines HE ont un effet inhibiteur sur le
développement des micro-organismes.
Avant les premiers antibiotiques (sulfamidés – années ’20), toute la thérapie anti-
infectieuse (surtout infections urinaires et des voies respiratoires) reposait sur
l’utilisation d’HE ou de drogues à HE.
Aujourd’hui encore, on utilise certaines HE comme désinfectants souvent actifs contre
des souches résistantes aux antibiotiques. Dans les HE, on a des composés lipophiles
avec des dimensions moléculaires réduites : ils peuvent donc facilement rentrer dans
les micro-organismes (surtout les bactéries à Gram-).
Le coefficient phénol nous renseigne sur l’activité anti-bactérienne d’HE par rapport à
celle du phénol, arbitrairement fixée à 1. Pour établir ce coefficient, il faut déterminer
64
la quantité d’HE qui a le même effet qu’une dose fixée de phénol. On peut faire cela
aussi bien pour l’activité bactéricide que pour l’activité bactériostatique des HE. C’est
peu précis et peu reproductible mais cela donne une bonne indication de la potentialité
des HE.
Certaines HE ont des propriétés anti-bactériennes très importantes : par exemple, l’HE
d’origan a une action bactériostatiques à une dilution de 1/50 000 et une action
bactéricide à une dilution de 1/4000.
Action anti-fongique
Certaines HE réduisent la croissance des champignons et la concentration en
mycotoxines dans les aliments.
Les HE concernées sont, entre autres, celles contenant des terpènes aldéhydiques :
ce sont des anti-fongiques très efficaces. Si l’aldéhyde est conjugué à une double
liaison, l’efficacité de l’action anti-fongique augmente fort (ex : cinnamaldéhyde).
Cette action anti-fongique des aldéhydes provient de la réaction entre un aldéhyde et
une fonction thiol présente sur un constituant essentiel des champignons.
Les terpènes avec alcool primaire présentent également une action anti-fongique,
alors que ceux avec alcool secondaire et tertiaire n’ont aucune action anti-fongique.
Les composés phénoliques (par exemples les phénols alkylés) ont aussi une action
anti-fongique ; pour les phénols alkylés, plus la chaîne alkyle est longue, plus l’action
anti-fongique est marquée.
Les hydrocarbures et les éthers sont inactifs sur les champignons à 2 exceptions
près, le méthyleugénol et le méthylisoeugénol.
Activité insecticide/insectifuge
Exemples : HE de citronnelle, d’eucalyptus, de giroflier, de cannellier, le citral, la
carvone, le cinnamaldéhyde, le camphre, la -asarone.
La -asarone, présente dans Asarum et dans Acorus calamus, est très active ; on
l’obtient généralement par extraction des racines d’Asarum. C’est une des substances
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les plus intéressantes au niveau de son activité. On a beaucoup étudié cette substance
pour son activité insecticide et insectifuge. C’est aussi un sédatif du SNC MAIS cette
substance est fortement mutagène, donc son utilisation est très dangereuse !
On utilise l’HE d’acore dans l’industrie alimentaire et cosmétique mais il existe
maintenant des concentrations limites autorisées par la législation.
Activité insectifuge
Exemples : extraits d’Achillea millefolium, de citronnelle, d’eucalyptus, de girofle, de
lavande, de muguet, de menthe et goudron de bouleau et de pin.
Activité acaricide
Exemples : HE de citron, de thym, de lavandin.
On retrouve ces HE sous forme de sprays anti-acariens. Ces HE sont moins efficaces
que le benzoate de benzyle (acaricide de référence) mais il est recommandé de les
utiliser dans les produits de nettoyage.
Excipient
Les HE permettent d’aromatiser les crèmes, baumes, sirops, … Certains terpènes (par
exemple le nérolidol, un sesquiterpène présent dans l’HE de néroli) permettent une
meilleure pénétration de certains médicaments comme les anti-inflammatoires.
Le plus souvent, c’est la voie orale qui est concernée : les HE sont diluées dans
l’éthanol ou dans une huile végétale comme l’huile de pépin de raisin qui contient
beaucoup d’anti-oxydants permettant de protéger l’HE.
L’action irritante peut aussi se manifester par voie orale. Pour éviter cette action, on
peut incorporer les HE dans des excipients pâteux qu’on introduit ensuite dans des
capsules ou des gélules. On peut aussi micro-encapsuler les HE dans des
cyclodextrines ou dans des polyholosides ; cela accroît leur stabilité et donc leur durée
de conservation. Ces micro-capsules peuvent ensuite être mises en gélules.
Après administration orale, on observe une résorption MAIS cela ne signifie pas qu’il
y a une action thérapeutique. La vitesse d’élimination de certaines HE est tellement
grande que la concentration en HE n’a pas le temps d’arriver aux concentrations
thérapeutiques plasmatiques et tissulaires.
Activité expectorante
Ce n’est jamais une action antitussive réelle qui passe par voie centrale (comme la
codéine). Ici, c’est plutôt une action expectorante due surtout à un effet sécrétolytique.
On a une augmentation des sécrétions glandulaires au niveau des voies respiratoires ;
cette action sécrétolytique peut être directe (action directe de l’HE sur les cellules des
voies respiratoires) ou indirecte (via une stimulation des glandes de la muqueuse
gastrique).
L’action expectorante est aussi due à un effet sécrétomoteur (càd une stimulation de
l’évacuation des sécrétions bronchiques) et à un effet spasmolytique au niveau de
bronches.
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Exemples : HE d’anis et de fenouil (anéthol), d’Eucalyptus sp et de Melaleuca sp
(cinéole-1,8), de thym, de serpolet et d’origan (thymol), hydrate de terpine, HE de
camomille, de fleurs d’oranger, d’écorces d’oranger, de menthe, de sauge et de
cannellier.
La terpine est à la fois un produit d’hémi-synthèse obtenu à partir de l’HE de
térébenthine et un métabolite de certains monoterpènes comme le cinéole-1,8.
Activité spasmolytique
Exemples : HE de camomille matricaire (-bisabolol), d’angélique, de carvi, de
fenouil, d’orange, de cannellier et de menthe
Quand une HE est spasmolytique, c’est en général par inhibition de l’entrée de Ca2+ au
niveau des membranes des cellules musculaires. Cela entraîne une diminution des
spasmes au niveau des muscles lisses (intestin, vésicule biliaire, bronches).
L’-bisabolol est un sesquiterpène à action anti-inflammatoire et spasmolytique.
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Certains fabricants d’HE commercialisent des HE chémotypées (càd reproductibles).
Tout phytothérapeute sérieux se doit de travailler avec des HE chémotypées.
Activité diurétique
Les HE concernées augmentent le volume de la diurèse par action irritante au niveau
des reins. L’action irritante provoque une vasodilatation et donc une augmentation de
la diurèse.
Cette vasodilatation peut être causée par l’HE de genévrier, qui contient des terpènes
non oxygénés. Cependant, mieux vaut ne pas utiliser cette HE comme diurétique car le
mécanisme d’action n’est pas très bien connu et un phénomène de toxicité est toujours
possible !
Activité sédative
Exemples : valériane (iridoïdes et HE), HE de mélisse, de lavande, d’Acorus calamus
(-asarone mutagène donc attention !!!), citronnellal, citrals, limonène et linalol.
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On retrouve cette activité chez des dérivés de plantes alimentaires (limonène, alcool
péryllique) responsables d’une chémoprévention (attaque par des carcinogènes
empêchée).
D’une part, les molécules concernées sont capables de stimuler l’enzyme gluthation-S-
transférase qui détoxifie les carcinogènes.
D’autre part, elles font régresser la croissance des tumeurs en induisant l’apoptose et
en inhibant des protéines qui régulent le cycle cellulaire.
Enfin, elles permettent une re-différenciation des cellules tumorales.
Action très importante !
Ces dérivés font partie de ce qu’on appelle les phytonutriments, càd des aliments qui
contribuent à améliorer/maintenir la santé.
Manger suffisamment de ces phytonutriments permet de diminuer significativement le
nombre de cancers !
Toxicité
Les HE ne doivent pas être utilisées de façon inconsidérée. Les effets indésirables se
manifestent quand les doses administrées sont trop importantes. Les HE à terpènes
insaturés (riches en doubles liaisons) sont les plus toxiques.
Allergénicité
Il s’agit surtout d’allergies de contact ; c’est le cas des HE contenant des terpènes
insaturés. On pense que les allergènes sont formés en cours d’extraction ou de
conservation des HE : il y a oxydation des doubles liaisons en peroxydes qui peuvent
se comporter comme des haptènes.
L’utilisation des HE est d’ailleurs de plus en plus règlementée pour une utilisation
optimale.
Exemples : HE de cannellier (aldéhyde cinnamique), de térébenthine
Phototoxicité
Les HE concernées sont celles contenant des fur(an)ocoumarines : HE de Rutaceae
(bergamote, Citrus aurantium ssp bergamia, et de Ruta graveolens) et de certaines
Apiaceae, eau de Cologne.
Ces fur(an)ocoumarines jouent le rôle de photosensibilisant ; quand elles sont
exposées à la lumière visible, elles génèrent des radicaux libres qui provoquent un
érythème. En réponse aux radicaux libres, il y a une pigmentation de la peau.
Exemple : les produits solaires Bergasol qui contiennent de l’HE de bergamote ; la
réparation des dégâts faits à l’ADN (cancer !?!) par la lumière induit un effet
bronzant.
Ce genre de formulation n’est pas à recommander !
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Pour la Sabine, après application locale répétée ou à haute dose, on peut avoir une
nécrose sévère. Si on l’administre par voie interne, on risque d’avoir des atteintes
rénales sévères. Le constituant impliqué est un monoterpène, l’acétate de sabinyle.
C’est pareil avec l’HE de genévrier et de térébenthine !
Propriétés abortives
Exemples : HE de thuya et de tanaisie (- et -thuyones), de sabines (sabinol et acétate
de sabinyle), de persil (apiol), de Ruta graveolens (méthylnonylcétone)
Ces HE, quand on les administre à haute dose, sont réputées pour leurs propriétés
emménagogues et abortives.
Avant, dans tous les jardines, on trouvait de la rue afin de réguler les menstruations et
les grossesses.
L’effet n’est pas sélectivement abortif : on a juste un effet toxique général très
important à haute dose. La toxicité entraîne la mort du fœtus, une forte contraction des
muscles lisses de l’utérus et une dégénérescence hépatique.
Pour l’HE de rue, on a une activité emménagogue importante ; mais vu sa toxicité, son
utilisation n’est pas recommandée !
Cancérogénicité,mutagénicité, hépatotoxicité
Exemples : Acorus calamus (-asarone), safrole pulégone, menthofurane
La -asarone possède des propriétés insecticides et sédatives mais on a montré chez
l’animal une cancérogénicité et une mutagénicité de sa part. Donc cette molécule est
vraiment à éviter !
La pulégone (contenu dans l’HE de menthe) est métabolisée par les cytochromes en
menthofurane qui est hépatotoxique.
!!! De façon générale, les HE et épices sont contre-indiquées chez les femmes
enceintes, surtout pendant les trois premiers mois (organogenèse du fœtus) !!!
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Iridoïdes
Méthodes analytiques
CCM
La CCM est très utilisée. On révèle les composants comme les monoterpènes par
pulvérisation d’un aldéhyde arènique (comme la vanilline ou l’anisaldéhyde) et
d’H2SO4 sur la plaque.
HPLC
Elle est utilisée pour l’analyse qualitative et quantitative.
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Avec les iridoïdes, on a souvent des activités biologiques intéressantes, ce sont
les constituants actifs d’un nombre non négligeable de plantes médicinales. On
a un large éventail d’activités biologiques qui dépendent des particularités
structurales des iridoïdes. palette d’activités biologiques très importante :
propriétés antimicrobienne, hypotensive, analgésique, antirhumatismale,
tonique amer, sédative, laxative, antitumorale.
Biogenèse
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Le parthénolide est un germacranolide qu’on retrouve dans l’HE de grande
camomille (Tanacetum parthenium) ; il serait le principe actif principal de l’HE. Cette
grande camomille a une large histoire dans le traitement de la fièvre, de l’arthrite, des
migraines, et des problèmes menstruels ; et aux parthénolides, on attribuerait une
action prophylactique des crises de migraine.
L’artémisinine se retrouve dans Artemisia annua ; c’est un sesquiterpène contenant un
endoperoxyde et un des agents les plus efficaces qu’on possède pour traiter la malaria
(parasite Plasmodium falciparum le plus souvent transmis par un anophèle). Ce
parasite est un organisme anaérobie se développant dans les globules rouges. Comme
le globule rouge est plein d’O2, il est en permanence à la limite du stress oxydatif. Le
but est donc d’apporter des radicaux libres supplémentaires dans le globule afin de tuer
le parasite. L’artémisinine est une source de radicaux libres utilisables dans ce but. Elle
permet de tuer rapidement le parasite (remède efficace) et il n’y a que peu d’effets
secondaires et de résistances qui y sont associées. L’artémisinine est donc un bon
remède à donner dans les zones où il y a des résistances à la chloroquine. MAIS les
taux de rechute est assez important et une neurotoxicité a été montrée chez l’animal à
forte dose (mais pas chez l’homme).
Méthodes d’analyse
Aujourd’hui, ces composés sont peut utilisés mais leur intérêt thérapeutique n’en est
pas négligeable pour autant.
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On a diverses activités biologiques : propriétés cytotoxique, anti-tumorale, anti-
inflammatoire, anti-migraineuse, anthelminthique, eupeptique (tonique amer),
analgésique anti-bactérienne, anti-fongique, cytoprotecteur gastrique, …
Certaines de ces molécules peuvent aussi se comporter comme des haptènes et donc
être allergisantes ; d’autres sont aussi neurotoxiques (comme Centaurea repens).
Toxicité
Propriétés allergisantes
Les Asteraceae contenant des lactones sesquiterpéniques sont souvent responsables de
dermites allergiques provoquées par contact direct avec la plante (rupture des glandes
contenant les lactones sesquiterpéniques qui touchent alors directement la peau) ou par
contact non direct (quand le vent dissémine des parties de plante sèches, notamment
les poils glanduleux).
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A nouveau, c’est une réaction de Michael qui est en jeu : les lactones
sesquiterpéniques se combinent avec des protéines pour former des haptènes
allergisants. La structure des lactones sesquiterpéniques impliquées est importante
pour la reconnaissance Ag-Ac.
Par exemple, lorsqu’on applique de la teinture d’Arnica montana pour traiter une
enflure ou une entorse, chez certaines personnes, il n’y aura pas de soulagement mais
une dermite allergique sévère !
Les espèces maraîchères (comme les artichauts), horticoles (comme les
chrysanthèmes, marguerites, asters, cosmos, …), médicinales (comme la camomille,
arnica, …), ornementales (comme Frullania), cosmétiques (comme l’arnica et les
camomilles), alimentaires (comme Laurus nobilis) présentent aussi un caractère
allergisant. Ces espèces peuvent être à l’origine de dermites papuleuses et de
conjonctivites (chez les horticulteurs, les fleuristes, …).
Propriétés neurotoxiques
On retrouve cette activité chez Centaurea repens et chez C. solstialis.
Biogenèse
Un acide diterpénique est un acide résineux avec beaucoup de doubles liaisons et donc
beaucoup de possibilités de polymérisation ( résine).
On retrouve des diterpènes dans certains alcaloïdes (par exemple, dans ceux de
l’aconit).
Méthodes analytiques
IDEM terpènes !
Activité pharmacologique
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Comme il y a beaucoup de structures possibles, il y a beaucoup d’activités biologiques
très diverses.
Triterpénoïdes
Triterpénoïdes et stéroïdes
Biogenèse
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- spirostanes (fermeture de 2 cycles supplémentaires) qui peuvent
former les saponosides stéroïdiques et, quand on incorpore 1 N dans la molécule,
les azastéroïdes (considérés comme des alcaloïdes) ;
- phytostérols (dans les margarines) ;
- pregnanes à l’origine des azastéroïdes quand on ajoute 1 N, des
hétérosides stéroïdiques (=squelettes de base des hétérosides cardiotoniques) quand
on incorpore des sucres, et des stéroïdes.
Les stéroïdes sont des triterpènes tétracycliques qui ont perdu quelques C.
Parilline
C’est un saponoside : squelette triterpénique + chaîne osidique fixée en position 3.
Dans ce cas, la chaîne osidique est constituée d’1 rhamnose et de 3 glucoses.
La génine s’appelle la sarsa-sapogénine.
On retrouve dans cette molécule un cycle spirane (tétrahydrofurane en C5 avec un
tétrahydropyrane en C6) ; ces 2 cycles sont liés par un enchaînement particulier avec
un seul C, l’enchaînement spiro (2 cycles qui se touchent par une pointe).
C’est un constituant de racine de salsepareille, une Liliaceae. Les saponosides de type
parilline sont, in vitro, fortement anti-fongiques et anti-bactériens.
La pharmacologie de ces dérivés est inconnue. Avant, on les utilisait pour le traitement
des affections cutanées et de la lèpre.
Ces composés sont aussi intéressants pour l’hémi-synthèse des stéroïdes.
Digoxoside
C’est un hétéroside cardiotonique avec un cycle particulier fixé.
C’est un cardénolide type qui existe dans la plante sous forme d’hétéroside (1 glucose
et 3 digitoxoses liés en position 3).
Condurangoside
Il provient de l’écorce d’une liane Condurango (Asclepiadaceae) originaire de la
Cordillère des Andes. Sa structure est proche d’un hétéroside cardiotonique. A part
une activité cytotoxique démontrée in vitro, ses actions ne sont pas très bien connues.
Conessine
Cette molécule possède des N dans sa structure ; c’est un alcaloïde stéroïdique extrait à
partir des écorces de Holarrhena (Apocynaceae d’Inde et Afrique). C’est un anti-
protozoaire notamment un anti-amibien assez répandu dans les pays du Sud.
Cette écorce est utilisée en Inde et en Afrique pour éviter les troubles gastro-
intestinaux. Cette molécule existe sous forme de spécialité en France (années ’60).
Solasodine
C’est l’alcaloïde stéroïdique (un azastéroïde en fait) des Solanaceae. Il y a 2 groupes :
- les spirosolanes : même structure avec un cycle oxoazaspirodécane (= cycle
spirane avec un N à la place d’un O) ; les structures possédant ce cycle sont des
saponosides azotés.
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- les structures avec un cycle indolysidine (1 cycle en C5 et 1 cycle en C6).
Une chaîne hétérosidique peut être liée en position 3. On parle donc de glycoalcaloïdes
stéroïdiques. Ils provoquent des altérations des membranes cellulaires. On pense qu’ils
interagissent avec les stérols des membranes par un effet tensioactif ; en effet, le côté
hétérosidique est polaire alors que la génine est apolaire. caractère amphiphile
marqué, d’où le nom de saponoside.
Ce type de molécule est potentiellement insecticide et molluscicide, ce qui est bien car
certaines parasites se transmettent par des mollusques (= hôtes
intermédiaires).Certaines molécules sont aussi cytotoxiques.
Ces glycoalcaloïdes stéroïdiques ne sont pas utilisés en thérapeutique mais doivent être
connus pour leur toxicité potentielle (qui peut se développer après consommation de
pommes de terre). La pomme de terre en contient peu, concentré dans la peau et la
couche cellulaire sous-jacente ; ils sont donc éliminés en grande partie lors de
l’épluchage. Dans certaines conditions (au moment de la germination, en cas
d’illumination, de verdissement, de traumatismes, …), la teneur en glycoalcaloïdes
augmente très fort. Ces alcaloïdes sont stables à la cuisson et s’avèrent toxiques
(nécrose des muqueuses gastriques et intestinales, et inhibition des choliestérases). Les
cas d’intoxication sont rares, ils se manifestent par des troubles gastro-intestinaux, de
la fièvre, de la confusion, et des chutes de tension. On suspecte aussi ces dérivés d’être
tératogènes (effet prouvé chez les animaux : quelques % de malformations
congénitales).
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Dammaranes
D’une part, les dammaranes sont à la base des cycles stéroïdiques, de molécules
comme l’euphol et ou le tirucallol, de triterpènes modifiés (quassinoïdes, limonoïdes)
et de saponosides triterpéniques tétracycliques (triterpènes avec chaînes
hétérosidiques).
D’autre part, les dammaranes sont à la base des lupanes. Les dammaranes peuvent
subir un réarrangement de cycles (surtout au niveau du 4ième cycle) : ouverture du
cyclopentane, re-fermeture en cyclohexane et fermeture d’un 5ième cycle (un
cyclopentane). C’est ainsi qu’on aboutit aux lupanes. Les lupanes peuvent être à
l’origine de triterpènes pentacycliques et de saponosides triterpéniques pentacycliques.
Glycyrrhizine
C’est le saponoside de la réglisse (Fabaceae). La génine principale est l’acide
glycyrrhétique pentacyclique. Quand la génine, l’acide glycyrrhétique donc, est
substituée par 2 acides glucuroniques, on obtient la glycyrrhizine.
Cet acide glycyrrhétique est caractérisé par une cétone -insaturée.
L’extrait de réglisse est classiquement présenté comme antitussif mais l’activité la plus
intéressante est une activité anti-ulcère gastrique. Le mécanisme n’est pas bien
compris : il semble y avoir 2 effets : anti-inflammatoire et inhibiteur de la sécrétion
acide. L’effet anti-inflammatoire est indirect ; càd qu’on a une inhibition compétitive
des enzymes dégradant des hormones stéroïdiques comme le cortisol, d’où une
augmentation de l’effet de ces hormones qui sont en fait des anti-inflammatoires
naturels !
Acide bétulinique
C’est un triterpène pentacyclique extrait de l’écorce du bouleau et du platane. Il a une
activité cytotoxique. On en a fait des dérivés amidiques (sur le carboxyle) qui sont
actifs contre le VIH en bloquant l’entrée du virus dans les cellules.
Asiaticoside
Cette molécule présente un dérivé hydroxylé, le madécassoside, en position 6. La
génine est l’acide asiatique qui est pentacyclique. Lorsqu’on substitue cette génine par
une chaîne osidique (2 glucoses et 1 rhamnose) fixée par un lien ester (ce n’est donc
pas un hétéroside de triterpène mais un ester de triterpène), on obtient l’asiaticoside.
Il est extrait à partir des hydrocotyles de Centella asiatica. Cette plante est utilisée pour
la cicatrisation des plaies car ses dérivés stimulent la production de collagène et des
mucopolysaccharides.
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extraite du genre Brucea, est une molécule pontée et estérifiée à propriétés
cytostatique, parfois anti-malarique et parfois aussi amoebicide.
Les Limonoïdes sont ici représentées par l’azadirachtine, extraite de l’Azadirachta
indica ou lilas de Perse (Meliaceae). Cette molécule est un facteur anti-nutritif à
l’encontre des insectes ; elle induit un retard de croissance, une inhibition de la mue et
des malformations. C’est donc un insecticide intéressant car l’impact sur
l’environnement est beaucoup moins important que pour les pesticides synthétiques.
Ces 2 classes de molécules présentent une structure tellement changée qu’on voit à
peine que ce sont des triterpènes (on ne doit pas savoir les reconnaître pour l’exam).
L’origine triterpénique de ces molécules est difficile à déterminer.
Méthodes analytiques
Réaction colorée
Le réactif général des triterpénoïdes est le réactif de Lieberman-Burchard mais il est
très peu spécifique. On dissout les terpènes dans un mélange acide acétique -
anhydride acétique et on obtient une coloration bleue à verte. En fait, il y a formation
d’un carbanion.
Réaction générale des triterpènes mais ne présentant aucune spécificité !
Chromatographie
De nombreuses techniques (HPLC, CCM) sont utilisables, même la GC. Si la
molécule est trop fonctionnalisée, on ne peut pas faire de GC. Des réactions de
dérivation peuvent être réalisées : silylation ou trifluoroacétylation. Elles permettent
d’obtenir des dérivés volatils et la GC devient donc utilisable.
Importance biologique
On pourra ainsi caractériser les phytostérols. Ces phytostérols font partie de
l’insaponifiable et permettent de caractériser une matière grasse. On ne connaît que
quelques organismes, comme certaines bactéries, qui peuvent se développer en
l’absence de phytostérols.
Les phytostérols et les triterpènes pentacycliques joueraient un rôle d’agent de
protection contre les insectes phytophages et les micro-organismes. En effet, ces
molécules ont des activités anti-bactériennes assez marquées.
Exemple : - et -amyrine ; acide ursolique et acide oléanolique ce sont des
triterpènes pentacycliques qu’on retrouve, eux et leurs dérivés, dans les cires qui
recouvrent les feuilles et les fruits.
Les phytostérols sont des phytonutriments mais aussi des hormones chez les insectes
(ecdysone).
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Les saponosides spirostanniques sont aussi intéressants ; ils présentent parfois des
propriétés anti-tumorales et sont surtout des matières premières tout à fait
indispensables pour couvrir les besoins de l’industrie pharmaceutique en hormones
stéroïdiques (hémi-synthèse des anabolisants, contraceptifs, anti-inflammatoires,
agents dopants, …).
Cardénolides et bufadiénolides
Structure
Cardénolides
C’est le groupe le plus largement représenté ; c’est ce groupe-là qui est utilisé en
thérapeutique.
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Toutes les génines possèdent en commun le noyau stéroïdique classique et portent en
17 un cycle lactonique insaturé (cycle buténolide).
Ces cardénolides possèdent 23 C et un cycle buténolide à 5 C.
La fonction carbonyle C=O est conjuguée avec la double liaison.
Bufadiénolides
Ce sont des homologues des cardénolides ; les bufadiénolides ont 1 C supplémentaire
dans le cycle lactonique, donc ils comportent 24 C et un cycle pentadiénolide à 6 C.
Les bufadiénolides sont les moins largement distribués ; on les trouvera dans quelques
Liliaceae et Ranunculaceae mais aussi dans les venins de certaines crapauds
(= « bufa » en latin). Dans les venins de crapauds, il y a des génines en partie libre et
en partie combinée avec une subéryl-arginine.
Extraction
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Avant, on utilisait directement ces extraits bruts de digitale. Aujourd’hui, avec les
techniques chromatographiques disponibles, on peut purifier et isoler les hétérosides
cardiotoniques : on n’a plus qu’1 hétéroside cardiotonique au lieu d’un mélange
complexe. Les paramètres pharmacocinétiques sont ainsi plus maîtrisables, ce qui est
très bien vu l’index thérapeutique très étroit de ces drogues.
Si on veut réaliser une extraction sur base de graines, on fait d’abord un dégraissage
avec de l’éther de pétrole (ce n’est pas un éther mais un mélange d’alcanes obtenus par
distillation du pétrole).
!!! PROBLEME !!! Une partie des hétérosides cardiotoniques s’additionnent sur le
précipité avec l’acétate de plomb. On perd donc une partie des hétérosides
cardiotoniques. De plus, le sous-acétate de plomb peut entraîner l’hydrolyse de
certains esters (par exemple l’ester formique présent dans certaines génines).
L’association terpène-lactone confère à la drogue une saveur amère. Une lactone est
assez fragile : elle peut s’ouvrir en milieu alcalin.
Si on veut analyser les oses et les génines séparément, il faut réaliser une hydrolyse
acide.
Dans certains cas, on peut faire des réactions de déshydratation, on obtient donc des
anhydrogénines qui peuvent être des artefacts. Entre la plante fraîche et la plante
séchée, il y a des différences au niveau des hétérosides cardiotoniques.
Méthodes d’analyse
Réactions chimiques
Cycle stéroïdique
Cycle lactonique
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coloration intense. Cette réaction est donc très sensible mais elle manque de
spécificité.
On obtient le même genre de
Réaction de Baljet avec l’acide picrique
complexes ; leur coloration est
Réaction de Kedde avec l’acide 3,5-nitrobenzoïque simplement un peu différente
Réaction de Raymond avec le m-dinitrobenzène selon le réactif utilisé !
Ces réactions sont tout à fait utilisables pour le dosage et la révélation de CCM.
Désoxyoses
Spectroscopie UV
Cardénolides : 230-240 nm
Bufadiénolides : 295-305 nm
Les bufadiénolides absorbent à des longueurs d’onde plus importantes que les
cardénolides car ils possèdent plus de doubles liaisons.
Dosage
SOIT colorimétrie
SOIT chromatographie, l’HPLC ou la CCM mais pas la GC car les génines se
dégradent en cours de dérivation ou dans l’injecteur (très haute température).
Essais biologiques
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Aujourd’hui, ce système n’est plus appliqué car on n’utilise plus les mélanges
complexes mais les produits purs. Et même si on devait utiliser un mélange complexe,
on se débrouillerait avec l’HPLC.
Activité biologique
85
excitations répétées. En effet, quelle que soit la fréquence des excitations qu’on
imprime au myocarde, il y aura des réponses distinctes pour chacune d’entre elles car
la contraction de chaque cellule est suivie d’une période réfractaire pendant laquelle la
cellule ne peut pas être excitée. Le myocarde donne donc une réponse à chaque
excitation.
Le muscle cardiaque est aussi doué d’automatisme : il peut se contracter de façon
autonome sans avoir besoin d’une excitation extracellulaire.
A l’état physiologique, les cellules du myocarde répondent à une stimulation
neurologique.
Cette excitation démarre dans le nœud sino-auriculaire (dans le haut de l’OD) ; les
impulsions électriques partent de ce nœud, se propagent aux oreillettes puis aux
ventricules. Le nœud sino-auriculaire est donc le pacemaker physiologique : il
déclenche les contractions cardiaques. Il est relié au nœud auriculo-ventriculaire, qui
est lui-même relié au faisceau de His prolongé par les fibres de Purkinje dans les
ventricules.
La contraction démarre au nœud sino-auriculaire, elle se propage ensuite aux
oreillettes, puis au nœud auriculo-ventriculaire, et enfin aux ventricules via le faisceau
de His. La propagation aux ventricules met +/- 0,1 seconde.
Les hétérosides cardiotoniques interviennent au niveau du nœud auriculo-ventriculaire
en ralentissant la conduction (effet dromotrope négatif). Il y a donc diminution de la
conduction intracardiaque de l’excitation. Ce ralentissement provoque un effet vagal
avec relargage d’Ach, ce qui entraîne une prolongation de la période réfractaire et un
effet chronotrope négatif (ralentissement et stabilisation du rythme cardiaque).
Les hétérosides cardiotoniques sont donc des agents anti-arythmiques efficaces dans
les arythmies supra-ventriculaires. Ils ont un effet anti-arythmique, de soutien et de
renforcement du cœur défaillant. Il y a donc une amélioration de la circulation
générale, ce qui tend à une augmentation du débit rénal et donc à un effet diurétique
par réduction de la rétention hydro-sodée responsable des oedèmes souvent associés à
une insuffisance cardiaque.
3. Toxicité
Les doses efficaces représentent 50 à 60% de la dose toxique, on est donc très proche
des doses toxiques (index thérapeutique très étroit).
Les effets indésirables sont : anorexie, nausées, vomissements, troubles visuels,
troubles psychiques, altérations du rythme et de la conduction cardiaques. Un suivi
rigoureux des patients traités est nécessaire (monitoring cardiaque, …), d’autant plus
que, selon les individus et leur flore intestinale (hydrolyse enzymatique), la résorption
varie.
La toxicité est telle qu’on a synthétisé des Ac anti-digoxine pour traiter les cas
d’intoxication éventuels.
Les hétérosides cardiotoniques ont un grand intérêt pour les problèmes cardio-
vasculaires, abondants dans nos pays. Ils font donc l’objet de nombreuses
recherches et études. On devrait finir par être capable de synthétiser des
médicaments à activité identique mais à toxicité moindre ; cependant, à l’heure
actuelle, rien ne peut remplacer les hétérosides cardiotoniques !
86
Relation structure-activité
Tout indique que la portion buténolide de la molécule la conduit dans le récepteur par
un mécanisme d’interactions électrostatiques. Il y a notamment une grande importance
de l’orientation du C=O dans la molécule. La double liaison du buténolide oriente
l’atome d’O accepteur vers un acide aminé donneur d’H. Cet acide amine fait partie de
la matrice du récepteur qui identifie la molécule.
On a fait beaucoup de modifications et d’hémi-synthèses pour tenter de réduire la
toxicité de ces molécules.
Les bufadiénolides sont trop toxiques pour être utilisés en thérapeutique. L’utilisation
en thérapeutique se limite donc aux cardénolides. Certains éléments sont
indispensables pour qu’il y ait activité :
- l’enchaînement conjugué de doubles liaisons dans la lactone : si pas de X=C-
C=X, pas d’activité,
- la stéréochimie des cycles : A et B doivent être en CIS, B et C en TRANS, C et
D en CIS,
- la lactone insaturée doit être en position 17-,
- il faut un –OH en position 3-,
- il faut un –OH en position 14 et la configuration du C qui le porte.
Comme on a des récepteurs pour ces molécules, on s’est demandé si on n’avait pas des
hétérosides cardiotoniques endogènes. On a montré que des digitaliques endogènes
existent. Ce sont des stéroïdes appelés EDLS. On se demande si ce n’est pas
l’ouabaïne (molécule présente dans le genre Strophantus) mais c’est très controversé !
On pense donc que les hétérosides cardiotoniques sont des analogues structurels de
molécules endogènes qu’on ne connaît pas encore.
En faisant des hémi-synthèses et des modifications, on n’est pas parvenu à diminuer la
toxicité tout en conservant ou augmentant l’activité.
Après hydrolyse de la chaîne osidique, la génine est toujours activée mais elle se fixe
moins bien sur le myocarde.
On sait aussi que ces hétérosides cardiotoniques sont très liés aux protéines
plasmatiques, elles sont donc un temps de demi vie plasmatique très importante.
Malgré tous les progrès réalisés en chimie de synthèse, tous les digitaliques sur le
marché sont d’origine naturelle (végétale).
Cardénolides et cancer
87
On a étudié in vitro les cellules de ces femmes : il a été montré que les cellules
cancéreuses avaient des facultés prolifératives réduites et que les cardénolides avaient
un effet cytotoxique non négligeable.
La Calotropis procera est une plante qu’on trouve en Inde et en Afrique. Elle a
beaucoup d’utilisations traditionnelles : anti-inflammatoire, anti-parasitaire,
analgésique, cytotoxique, … Il y a beaucoup de différents principes actifs dans cette
plante : alcaloïdes, flavonoïdes, diterpènes, triterpènes (stérols, pentacycliques), et
beaucoup d’hétérosides cardiotoniques de type cardénolides.
Son effet inhibiteur sur la pompe Na+K+ et ses effets anti-tumoraux ont été étudiés in
vitro et in vivo (sur l’animal) et démontrés.
On a fractionné les extraits de cette plante et on a pu ainsi purifier ses constituants : on
a isolé 5 cardiotoniques dont 4 à chaîne osidique curieuse (chaîne osidique liée au
stéroïde en 2 et 3 double liaison stéroïdique donc) et un cycle particulier, le
thiazolidine-one, fixé sur la chaîne osidique. Il y a également une lactone en 17 mais
cela n’a rien de particulier.
La molécule du transparent, isolée de la plante, a une action inhibitrice des cellules
cancéreuses à 10 nM et la dose maximale tolérée (chez la souris) est de 10 mg/kg.
Des dérivés ont été synthétisés par hémi-synthèse. On a constaté que la réduction de
l’aldéhyde (en rouge) en alcool (en rouge) diminue drastiquement la toxicité tout en
conservant l’activité anti-cancéreuse : il y a toujours inhibition des cellules
cancéreuses à 10 nM mais la dose maximale tolérée par la souris est alors de 120
mg/kg (12 fois plus !!!).
Mécanisme d’action
D’une part, la Na+K+ATPase est très active dans les cellules cancéreuses. La
prolifération rapide semble nécessiter des échanges ioniques importants. Inhiber cette
pompe est donc particulièrement néfaste pour ces cellules.
D’autre part, on sait que cette pompe est liée à la voie de signalisation intracellulaire
du NF-B. Cette voie est déclenchée en réponse à un stress cellulaire (UV, oxydatif,
inflammatoire, …). Lors d’un stress, toute une série de réactions de défense/protection,
médiées en grande partie par le NF-B, ont lieu. On sait que ce facteur joue un rôle
important au sein des cellules cancéreuses.
Les médicaments anti-cancéreux sont considérés comme des stress par les cellules. Si
le système du NF-B est très actif, les cellules peuvent résister aux médicaments.
Les cardénolides désactivent cette voie du NF-B : les cellules cancéreuses deviennent
donc moins prolifératives et moins résistantes. On a aussi montré que les cardénolides
peuvent augmenter la concentration intracellulaire en calcium (mobilisation du Ca2+),
ce qui désorganise complètement le cytosquelette d’actine.
88
Les cellules cancéreuses ont donc moins tendance à faire des métastases. Ces
molécules sont aujourd’hui très étudiées.
Saponosides
Ils sont caractérisés par le fait de pouvoir former des solutions colloïdales dans l’eau.
Ils présentent un caractère amphiphile : ce sont donc des composés qui ont une action
tensioactive. Physiquement, un tensioactif est un réducteur des tensions faciales et
superficielles.
« sapo » (latin) = savon les solutions de saponosides moussent très fort !
Les saponosides interagissent avec les membranes des cellules vivantes. Cette
interaction conduit soit à une destruction irréversible de la membrane ( mort
cellulaire), soit à une modification transitoire des propriétés membranaires qui se
manifeste par différents effets biologiques pouvant être au niveau des processus
sécrétoires ou au niveau des canaux ioniques (inhibition ou stimulation).
Les saponosides ont en général une saveur amère parfois sucrée (c’est le cas de la
réglisse) et un certain nombre d’entre eux peuvent provoquer une hémolyse des
hématies. L’hémolyse est liée à des interactions entre les saponosides et le cholestérol
de la membrane des érythrocytes ; ces interactions augmentent la perméabilité
membranaire et permettent la fuite de l’hémoglobine.
On trouve les saponosides dans les végétaux mais aussi dans certains organismes
marins d’origine animale.
Il existe des saponosides stéroïdiques qu’on retrouve surtout chez les Monocot
(Liliaceae, Dioscoreaceae) ; les saponosides tri-, tétra- ou pentacycliques sont eux
plutôt caractéristiques des Dicot (Fabaceae, Hippocastanaceae, Caryophyllaceae), on
ne les trouve que rarement chez les Monocot.
Dans les végétaux, les saponosides sont localisés au niveau des membranes des
systèmes cellulaires ; ils peuvent atteindre des concentrations élevées (jusqu’à 10%)
dans les végétaux.
Structure
89
COOH) et la chaîne osidique, qui sera alors de type branché ; dans ce cas, ce n’est pas
un lien éther qui est mis en jeu mais bien un lien ester !
On connaît des saponosides qui ont des liens osidiques en plus d’une position ; on
parle d’hétérosides bis-desmosidique, qui sont donc des hétérosides où les chaînes
osidiques sont liées à plus d’un endroit dans la molécule.
Les saponosides stéroïdiques sont souvent appelés saponosides neutres car ils ne
portent pas de chaîne carboxylique. Le noyau de base des saponosides stéroïdiques est
un stéroïde avec un cycle spirane (un tétrahydrofurane sur un tétrahydropyrane en
enchaînement spiro) accolé. Le stéroïde et le cycle spirane forment ensemble le noyau
spirostane.
Les saponosides triterpéniques ont souvent une fonction acide dans leur structure, on
les appelle donc les saponosides acides. Sur cette fonction acide peut venir se fixer une
chaîne osidique par un lien ester.
Les saponosides triterpéniques pentacycliques sont classés en 3 groupes suivant que le
squelette dérive de l’-amyrine, de la -amyrine ou du lupéol. Dans le lupéol, le 5ième
cycle est un cycle à 5 C, alors que dans les 2 autres cas, le 5ième cycle comporte 6 C.
Quand on a une fonction carboxylique, on la trouve fréquemment en position 28 ou 30.
Méthodes d’analyse
Réactions colorées
Chromatographie
- CCM
Elle est utilisable mais le dérivé est amphiphile (chaîne osidique polaire et génine
apolaire) et la migration est donc mauvaise. Après hydrolyse acide, les génines
libérées sont beaucoup moins polaires et peuvent donc être extraites par des solvants
organiques ; la séparation sur CCM sera beaucoup facile. Les génines sont souvent
faciles à cristalliser et donc à purifier. Il y a 2 possibilités pour la révélation :
SOIT révélation par les réactifs généraux des terpènes H2SO4, SbCl3, H2SO4 +
aldéhyde arènique ;
90
SOIT révélation par hémolyse : on pulvérise sur la plaque une suspension
d’hématies ou on coule sur la plaque une suspension d’hématies dans de la gélatine ; à
l’endroit des spots, il y a hémolyse, ce qui se traduit par l’apparition d’une tache
blanche.
- GC
Elle est utilisable avec les génines ; il faut donc réaliser préalablement une hydrolyse
pour les libérer et des réactions de dérivation pour les rendre plus volatiles.
- HPLC
On a un problème de sensibilité car il n’y a pas de chromophore important sur ces
molécules. Donc soit on réalise une dérivation préalable, soit on utilise un détecteur
universel.
Cependant, on retrouve ici aussi le problème rencontré dans la CCM : les saponosides
ne migrent pas bien à cause de leur caractère amphiphile.
- LC à contre-courant
Elle fonctionne très bien.
La phase stationnaire est une phase liquide. Cette phase stationnaire liquide est
contenue dans un tambour percé de microalvéoles et maintenue en place (plaquée dans
les alvéoles donc) par centrifugation. Puis on fait passer une phase mobile liquide dans
ces microalvéoles. Chaque petite alvéole se comporte comme une ampoule à décanter
dans laquelle il y aura partage. La séparation des constituants dépend de leur
coefficient de partage dans les 2 phases.
Cette méthode est difficile à mettre au point (chaque séparation est unique et différente
des autres) ; mais une fois installée, elle fonctionne très bien, notamment pour les
composés amphiphiles comme les saponosides.
Méthode chromatographique la plus adaptée aux saponosides !
Dosages
Gravimétrie
On réalise une hydrolyse en milieu aqueux, puis on extrait les génines par un solvant
organique, on évapore la phase extractive, et enfin on pèse le résidu.
Colorimétrie
On peut faire de la colorimétrie soit avec un réactif qui caractérise la génine (voir ci-
dessus), soit avec un réactif spécifique aux oses.
Titrimétrie en MNA
Cette méthode est applicable lorsque la génine porte une fonction acide. Le milieu non
aqueux permet d’exalter la force acide de la génine.
91
La détermination de cet indice fait l’objet d’une monographie dans la Pharmacopée
européenne. Elle vise à déterminer la concentration minimale qui permet encore
l’hémolyse d’une suspension de globules rouges dans des conditions bien déterminées.
La monographique dit de réaliser une extraction aqueuse de la drogue puis des
dilutions séquentielles de l’extraction ; chaque dilution est mise en contact avec une
solution d’hématies. Quand il y a hémolyse, le fait de centrifuger fait que la solution
reste rouge ; s’il n’y a pas hémolyse, la solution est limpide car les hématies
sédimentent.
Chaque hématie provenant d’un patient différent est différente ! On exprime donc
l’indice hémolytique par rapport à un standard, l’extrait de Quillaya. Cela permet
d’éliminer les interférences dues aux patients ; la valeur obtenue avec le Quillaya
permet de corriger l’autre.
Avec cet indice, on vérifie que l’hydrolyse est due aux saponosides et pas à autre
chose ; pour ce faire, on traite l’extrait par du cholestérol qui précipite les saponosides
sous forme de complexes insolubles, les digitonides : c’est la défécation. Si le filtrat
obtenu n’est pas hémolytique, c’est bien les saponosides qui étaient responsables de
l’action hémolytique de l’extrait.
Cette détermination d’indice est proche de celle de l’indice d’amertume (monographie
de la gentiane).
Activité biologique
A cause de leur caractère polaire, les saponosides sont peu résorbés au niveau du
tractus gastro-intestinal. Il y a donc peu d’effets systémiques si la drogue est
administrée oralement. Leurs propriétés sont diverses et nombreuses :
- Hémolytique Il
y a interaction avec les stérols de la membrane des GR, la perméabilité
membranaire augmente alors, du Na+ et de l’eau rentre, du K+ sort et la
membrane finit par éclater. La fuite de l’hémoglobine est ainsi permise.
Les monodesmosides sont beaucoup plus hémolytiques que les bisdesmosides
et l’action hémolytique décroît à mesure que la chaîne osidique s’allonge.
- Spermicide
Liées à cette activité hémolytique, on a aussi des propriétés spermicides ; des
crèmes vaginales à base de saponosides ont d’ailleurs été étudiées.
- Propriétés antimycotiques, antimicrobiennes et antivirales
Dans les végétaux, les saponosides participent à la défense du végétal contre les
attaques microbiennes et fongiques. Cela a été montré in vitro aussi bien pour
les phytopathogènes que pour les Candida ou les dermatophytes.
- Propriétés antitussives et expectorantes
C’est le cas pour le Polygala, la réglisse et la primevère. L’activité expectorante
serait médiée par une réduction de la viscosité du mucus, ce qui améliore son
évacuation, mais aussi par une irritation de la muqueuse gastrique (s’en suit une
stimulation réflexe par la voie parasympathique es glandes muqueuses
bronchiques). On retrouve donc de la teinture de Polygala dans certains sirops
pour la toux.
92
- Activité diurétique
Elle serait due à une irritation rénale, mais souvent, les drogues à saponosides
contiennent aussi des flavonoïdes et du potassium qui expliqueraient aussi cette
activité. L’action diurétique n’est donc pas forcément uniquement due aux
saponosides.
- Activité anti-inflammatoire et anti-oedémateuse
Cela concerne la réglisse, le marronnier d’Inde, le Polygala, le Solidage et le
Bupleurum. Cette action peut avoir différentes origines. Pour la réglisse, la
glycyrrhizine inhibe la destruction du cortisol endogène, il y a donc un effet
anti-inflammatoire indirect. Des tests in vitro ont montré des interférences des
saponosides avec le métabolisme des médiateurs de l’inflammation et celui des
cellules de l’inflammation (granulocytes, macrophages, …).
- Activité édulcorante
Elle est très intense pour la réglisse, mais généralement, il y a un arrière-goût
amer pas toujours apprécié. Donc l’utiliser comme édulcorant est quand même
peu fréquent.
- Activité cytotoxique
- Inhibition de la carcinogenèse induite
- Activité radio-protectrice
- Activité hypocholestérolémiante
- Activité hépato-protectrice
Toutes ces propriétés ont été démontrées in vitro. Mais qu’en est-il in vivo ? La
résorption des saponosides est très faible. Leur pharmacocinétique n’a jamais été
étudiée. On ne sait donc pas très bien si, in vivo, les activités sont aussi intéressantes
que celles décrites ci-dessus.
La résorption faible a un avantage : comme c’est peu résorbé, la toxicité peut être
considérée comme négligeable.
On retrouve ces saponosides dans les arachides, pois, lentilles, soja, betteraves,… Ils
confèreraient à ces aliments des propriétés anti-carcinogènes, immunomodulatrices
directes, anti-oxydantes, ainsi que toutes celles démontrées in vitro ( ?).
L’action hypocholestérolémiante est très intéressante : elle permet d’augmenter
l’excrétion fécale des acides biliaires et des stérols neutres ; le contrôle de la
cholestérolémie est donc amélioré.
Les plantes à saponosides sont donc considérées comme des phytonutriments.
Intérêt pharmaceutique
93
sapogénine, la diosgénine. Des chercheurs ont mis en place des voies de dégradation
de la partie spirane de cette molécule afin d’obtenir des hormones stéroïdiennes.
On ne parvenait cependant pas à synthétiser toutes les hormones. En 1949, on a pensé
utiliser des micro-organismes pour fermenter certains stéroïdes. Le catalogue
stéroïdique s’est alors agrandi et la demande n’a plus fait qu’augmenter.
On retrouve surtout les stéroïdes dans les pilules contraceptives (progestagène et
œstrogène), dans les anti-inflammatoires et dans les dérivés à action androgénique.
La totalité des dérivés sur le marché sont d’origine naturelle car la synthèse totale des
stéroïdes est très coûteuse : ils sont produits à partir de phytostérols, de cholestérol,
d’acides biliaires, de saponosides, …
En fonction du marché, les prix et sources des matières premières se sont diversifiés.
Aujourd’hui, ce n’est pas possible de préciser l’importance relative des différentes
sources. Les saponosides les plus utilisés sont ceux de Yucca, Trigonella et Dioscorea.
L’agave donne une tycogénine très utilisée aussi. On utilise aussi beaucoup le
stigmastérol, un phytostérol provenant de l’insaponifiable de l’huile de soja.
La pilule contraceptive
Elle permet de corriger des fonctions normales. En fait, la pilule contraceptive est issue
d’une petite expérience menée par un groupe très restreint de 4 personnes :
- Margaret Sanger, qui était une féministe convaincue ayant lutté pour rendre aux
femmes la maîtrise de leur vie et de leur corps (contrôle des naissances) ; elle a
fondé en 1923 à New York le premier centre de planning familial ; 3 ans plus
tard, plus de 250 centres aux USA ont ouvert leur porte.
- Katherine Dexter, qui a financé les recherches.
- Gregory Pincus, un endocrinologue ayant mené des expériences bizarres sur
l’endocrinologie de la reproduction.
- Carl Djerassi, un chimiste connaissant très bien la chimie des saponosides et des
stéroïdes.
Ils ont conclu qu’en injectant de la progestérone à des lapins, un effet contraceptif était
provoqué. C’était intéressant mais la voie par injections n’était pas des plus pratiques.
Ils ont donc voulu trouver un stéroïde administrable par voie orale.
Ils ont utilisé comme molécule de base la diosgénine, qu’ils ont modifiée pour aboutir
au noréthindrone, premier progestatif actif en administration orale à des doses très
faibles. Leur objectif était donc atteint.
Les premiers essais cliniques eurent lieu à Porto Rico en 1956 et se couronnèrent par
96% de réussite. La molécule fut mise sur le marché en 1960. Finalement, il y eut une
bagarre entre le chimiste et l’endocrinologue car le noréthinodrel, qui se transforme en
noréthindrone dans l’estomac, fut commercialisé en premier.
Aujourd’hui, mener ces expériences et ces études ne serait plus faisable pour des
problèmes d’éthique et de morale. A l’époque, tout a été très vite et l’information
circulait moins vite, donc cela a été possible (heureusement…) !!!
94
o Les saponosides sont également utilisés comme adjuvants dans la
formulation de vaccins. Un adjuvant a des propriétés immunomodulatrices et
permet donc d’améliorer la réponse immunitaire vis-à-vis des constituants du
vaccin, dont la puissance est ainsi augmentée.
Apparemment, certains saponosides peuvent s’associer avec les enveloppes des virus
pour former des structures particulières, les complexes immunostimulants, qui sont
mieux résorbés par les cellules immunocompétentes. Le QS-21 est un extrait de
Quillaya utilisé comme adjuvant de vaccins. C’est un triterpène pentacyclique avec
une fonction acide et portant 2 chaînes osidiques ; c’est donc un bisdesmoside. Une
des chaînes osidiques est liée par un lien éther classique, l’autre est liée par un lien
ester. Les 2 types de lien sont donc présents.
Les saponosides diminuent la charge d’Ag pour la même activité. Cette action
adjuvante a été découverte en 1936 ; d’ailleurs, certains vaccins vétérinaires contenant
des saponosides sont sur le marché depuis déjà très longtemps.
Toxicité
Par voie orale, chez les animaux à sang chaud, il n’y a pas de toxicité car la
résorption est quasi nulle. Par contre, chez les animaux à sang froid (animaux
poïkilothermes), la toxicité est très très importante ; par exemple, la toxicité envers les
poissons fait que les saponosides sont utilisés comme poisons de pêche. Cette toxicité
est intéressante pour la prévention de la bilharziose (Phytolacca decandra) ; en effet,
des mollusques (animaux poïkilothermes) sont impliqués dans la transmission du
parasite Schistosonte, ils constituent en fait les vecteurs de la maladie et sont présents
dans les réservoirs d’eau douce. Chez l’Homme, le parasite vit dans les veines
mésentériques. Quand les couples de Schistosontes se reproduisent, ils pondent des
œufs qui sont évacués dans les selles. Une fois dans l’eau, les œufs donnent naissance
à des larves qui nagent. Quand ces larves croisent un mollusque, elles y pénètrent et
s’y reproduisent. Ensuite, le mollusque libère plein de larves nageantes pouvant
pénétrer par la peau et ainsi infecter l’Homme.
Cette maladie est très présente en Afrique. Elle touche beaucoup d’organes mais le
foie est surtout concerné. Que faire ? Détruire les mollusques en mettant dans l’eau des
plantes à saponosides (surtout Phytolacca decandra) est une bonne solution, qui doit
bien sûr être associée au respect des règles d’hygiène élémentaires.
95
Toxicité parentérale
Cela se traduit par une néphrotoxicité et une action hémolytique. Cette toxicité est
générale mais ne se manifeste pas pour tous les saponosides, cela dépend de leurs
caractéristiques structurelles.
Allergénicité
Elle provient du fait que les saponosides peuvent se comporter comme des haptènes.
Azastéroïdes
Biogenèse
Un N est présent ; donc les azastéroïdes sont rattachés au groupe des alcaloïdes mais
comme le squelette carboné ne vient pas d’un acide aminé, ce ne sont pas des
alcaloïdes vrais.
Leur origine est isoprénique et l’amination est un phénomène tardif dans la biogenèse.
On retrouve fréquemment ces alcaloïdes sous forme d’hétérosides. Dans les plantes
qui les contiennent, on trouve également souvent des hétérosides stéroïdiques, ce qui
conforte l’idée que la biogenèse est commune.
Les azastéroïdes sont principalement les glycoalcaloïdes des Solanum.
On a 2 types de dérivés :
I. Dérivés de type spirosolane : ils sont analogues au spirane mais un O a été
remplacé par un N ; ils sont caractérisés par un 5ième cycle pipéridine et un 6ième
cycle tétrahydrofuranne, l’enchaînement de ces 2 cycles forme le oxo-aza-
spirodécane.
II. Dérivés de type solanidane : le N tertiaire est commun aux 5ième et 6ième cycles ;
en fait, ces 2 derniers cycles, une pyrrolidine et une pipéridine, sont accolés,
l’enchaînement des 2 s’appelle le cycle indolizidine.
Caractéristiques chimiques
96
Certains azastéroïdes peuvent être amoebicides.
Certains peuvent, au même titre que les saponosides, servir de base pour
l’hémisynthèse des corticostéroïdes, des stéroïdes anti-inflammatoires et des
hormones contraceptives.
Certains dérivés de plantes alimentaires sont responsables d’une toxicité qui
peut se marquer par une tératogénicité. Cela a été montré chez l’animal mais
pas chez l’Homme. N’empêche, ces dérivés sont à proscrire chez la femme
enceinte.
Tétraterpénoïdes ou caroténoïdes
Structure
97
la vit A que nous utilisons, qui nous est indispensable en petite quantité et qu’on ne
trouve que dans notre alimentation, est un caroténoïde !
Classification
Les caroténoïdes sont divisés en plusieurs groupes suivant que la longue chaîne de 40
C (symétrie centrale par rapport à la liaison 15-15’) soit linéaire, cyclisée aux 2
extrémités ou partiellement cyclisée (à une seule extrémité).
En effet, on peut cycliser à l’une, à l’autre ou aux 2 extrémités de la molécule. Les
cycles peuvent avoir 6 chaînons (par exemple, le cycle triméthylcylohexènyle) ou 5
chaînons.
Les doubles liaisons sont en E ou TRANS pour des raisons d’encombrement stérique.
Cela constitue une différence avec les acides gras ou les doubles liaisons ne sont pas
conjuguée et sont naturellement en configuration CIS.
Les doubles liaisons des caroténoïdes peuvent facilement s’isomériser de TRANS vers
CIS. Il y a donc un grand nombre d’isomères de position possibles en fonction de la
position et du nombre de doubles liaisons.
La plupart des xanthophylles des végétaux se retrouvent sous forme d’ester d’acide
gras (acide palmitique, acide linoléique, acide oléique).
On retrouvera rarement les xanthophylles sous forme hétérosidique ; par exemple, la
crocine du safran est un apocaroténoïde (caroténoïde dégradé) dicarboxylique lié à 2
molécules de gentiobiose. Comme il y a moins de doubles liaisons conjuguées, la
crocine confèrera au safran non pas une couleur rouge mais jaune. Les oses
98
augmentent l’hydrosolubilité, donc, la crocine mise en solution aqueuse donne une
solution jaune. Le safran a peu d’utilisations thérapeutiques (sédatif léger et traitement
des poussées dentaires douloureuses mais ces effets n’ont pas été prouvés), il est
surtout utilisé comme épice.
Extraction
Les caroténoïdes sont des pigments instables facilement oxydables (car beaucoup de
doubles liaisons) et isomérisables. Il faut donc être prudent quand à la manière de
travailler avec ces molécules.
On travaille avec du matériel végétal frais pour les éviter les oxydations.
On extrait les caroténoïdes par l’acétone ou le méthanol puis on ajoute de l’eau et on
extrait par l’éther diéthylique déperoxydé (fraîchement distillé). Les caroténoïdes sont
lipophiles et passent donc dans la phase éthérée. Cette phase est ensuite évaporée à sec
puis saponifiée par ajout d’éthanol et de KOH aqueux (rupture des liens ester). Puis,
on extrait à nouveau par l’éther diéthylique déperoxydé. Les acides gras restent en
phase aqueuse, alors que dans l’éther passent les caroténoïdes et les xanthophylles
libérés. On évapore alors la solution éthérée à sec puis on extrait par l’éther de pétrole,
où seuls les caroténoïdes passent (les stérols sont éliminés).
La solution obtenue peut être stockée à -10°C ou traitée :
SOIT par chromatographie sur colonne
SOIT par extraction - d’abord par un mélange méthanol : eau (9 : 1), où les
dihydroxycarotènes passent, tandis que les autres restent dans l’éther de pétrole
- puis par un mélange méthanol : eau (5 : 5) où les
monohydroxycarotènes passent alors que les carotènes restent dans l’éther de pétrole.
Toutes les solutions obtenues sont ensuite purifiées par chromatographie.
Méthodes d’analyse
Réactions colorées
99
On obtient des couleurs intenses dans les verts ou violets foncés ; c’est la réaction de
caractérisation des caroténoïdes permettant de les distinguer des autres pigments
naturels comme les anthocyanes.
Chromatographie
CCM
Les caroténoïdes peuvent facilement être oxydés lors des processus de CCM. Donc, on
rajoute un agent antioxydant dans la phase mobile (par exemple, 0,75% d’éthoxyquine
qui piège les O).
HPLC
Elle fonctionne très bien.
Activité biologique
Activité pro-vitaminique A
La molécule responsable est surtout le -carotène qui donne 2 vit A par hydrolyse. Les
autres carotènes ne donnent qu’une seule vit A par hydrolyse, donc leur activité pro-
vitaminique A est moindre.
Le clivage en 15-15’ est opéré par une enzyme de la muqueuse intestinale. In vivo, le
rendement de scission est faible.
Ces -carotènes se retrouvent en grande quantité dans les carottes et dans l’huile de
palme.
Le vit A est intéressante car elle diminue le risque de dégénérescence maculaire. Le
déficit en vit A est la première cause de cécité chez les enfants. Elle présente
également un grand intérêt dermatologique.
Activité antioxydante
La vitamine A piège les O singulets, qui sont des radicaux libres résultant de la photo-
oxydation. Elle exerce donc un effet préventif dans l’apparition de certains cancers et
de maladies dégénératives cardiovasculaires. Le lycopène de la tomate, par exemple,
100
est concerné par cet effet préventif. C’est un composé qui possède ces propriétés
antioxydantes, qui peut activer la communication cellulaire et contrôler la croissance
cellulaire. Le lycopène, qu’on retrouve en concentration très importante dans le
concentré de tomates, joue donc un rôle très important dans la prévention et le
traitement de certains cancers.
Il y a une association entre la consommation de fruits et légumes et la prévalence
moindre de certaines formes de cancer. Des études suggèrent un effet protecteur de la
part des caroténoïdes alimentaires MAIS ces fruits et légumes contiennent beaucoup
d’autres choses ; donc, on ne sait pas exactement à quoi cet effet est du.
On a montré aussi que quand la concentration sanguine en -carotène augmente, le
risque de développer un cancer du poumon diminue. Mais c’est le seul cancer qui
montre ça ; dans les autres cas, il n’y a pas de corrélation. On a fait des études
prospectives en administrant à l’homme du -carotène tous les jours ; il en découle que
le -carotène ne semble pas avoir d’incidences sur les néoplasmes et les tumeurs.
D’autres études ont même montré une incidence augmentée de mortalité chez les
personnes à risque (fumeurs et anciens fumeurs) consommant beaucoup de
caroténoïdes ! En effet, quand une cellule est trop atteinte, elle se suicide : c’est la
mort cellulaire programmée ou apoptose. Le fait de donner des -carotènes
antioxydants empêche ce suicide et empêche les cellules très amochées de mourir.
D’autres études ont aussi montré qu’il n’y a aucune relation entre l’incidence des
maladies cardiovasculaires et l’administration de -carotènes.
Un grand nombre d’études ont été réalisées, avec beaucoup de contradictions au
niveau des résultats ; donc, finalement, on ne sait pas très bien ce qu’il en est de
l’activité protectrice des caroténoïdes ! Mais de façon générale, on peut quand même
dire que la consommation de fruits et légumes diminuent le risque de cancer. Malgré
ces controverses, les caroténoïdes sont d’ailleurs considérés comme des
phytonutriments.
101
la carcinogenèse cutanée ; la prise de ces pilules ne dispense donc pas d’une
application régulière de crème solaire.
Enfin, les caroténoïdes peuvent être utilisés pour identifier et caractériser
certaines drogues (par CCM) ; ils sont donc utiles pour rechercher des
falsifications dans les drogues végétales coûteuses comme le safran ou le
capsicum.
NB : Les -carotènes peuvent être obtenus par synthèse ou par voie biotechnologique
(culture d’algues microscopiques).
Polyisoprénoïdes
Ils proviennent de la condensation d’un grand nombre d’unités isoprènes. Ce sont des
composés à propriétés élastiques. Les doubles liaisons présentes sont en configuration
E ou Z. On peut ainsi obtenir des polymères de PM très important (jusqu’à plusieurs
millions de Da).
On ne les trouve que chez les Angiospermes Dicot. Deux mille espèces de plantes
supérieures sont concernées et contiennent du caoutchouc dans leur latex. Les
Moraceae, Euphorbiaceae, Apocynaceae, Asclepiadaceae et Asteraceae sont les
familles surtout concernées. Seules 500 espèces contiennent une concentration
importante de caoutchouc, elles portent d’ailleurs le nom de « plantes à caoutchouc ».
Le latex est une émulsion H dans E où l’H est constituée de polyisoprènes. Les latex
ne sont cependant pas invariablement composés de polyisoprènes. La phase dispersée
peut être constituée d’autres terpènes (HE, saponosides, acides résineux, …) ou de
produits non terpéniques (lipides, protéines, …).
102
Il s’agit des dérivés des acides aminés arèniques et/ou aliphatiques.
On peut avoir des dérivés C6-C3, des coumarines, des tanins hydrolysables, des
alcaloïdes, des hétérosides cyanogènes, des flavonoïdes, …
Glucosinolates
Ce sont des S-hétérosides ou thiohétérosides, càd des oses avec une fonction sulfonate.
Ils constituent une classe homogène de plus de 90 composés, détectés dans 11 familles
de Dicot. La plupart des plantes cultivées en contenant sont des Brassicaceae (surtout
le genre Brassica) qui comportent aussi bien des épices (moutarde, …) que des
légumes (radis, choux, rutabaga, …).
Les glucosinolates sont responsables des odeurs fortes et caractéristiques, et leur
teneur varie en fonction de l’espèce, de la partie de la plante utilisée et des conditions
de culture et de climat. La teneur moyenne en glucosinolates est de 0,5 à 1g/kg, mais
dans certains choux de Bruxelles, elle peut monter jusqu’à 3,9g/kg ! Cette teneur n’est
pas très importante mais suffisante pour avoir l’odeur caractéristique.
Les glucosinolates coexistent dans la plante qui les produit avec la myrosinase (une
thio-glucosido-hydrolase), l’enzyme qui peut les dégrader en coupant un
thiohétéroside.
L’enzyme et le glucosinolate sont dans des compartiments séparés : il n’y a pas de
contact direct entre les 2. Quand la structure végétale est rompue et dilacérée
(lorsqu’on coupe ou écrase la Brassica), le substrat et l’enzyme viennent en contact et
sont dégradés en présence d’eau. Il y a libération d’une fraction volatile, qu’on appelle
« HE non préformée » (càd que l’HE apparaît en cours de dégradation).
Structure
Les glucosinolates dérivent directement des acides aminés. Leur diversité structurelle
dépend de celle des acides aminés dont ils sont originaires.
L’acide aminé perd sa fonction carboxyle puis subit une dizaine d’étapes avec
incorporation d’un S et d’un ose pour aboutir à un thiohétéroside (=glucosinolate).
En rouge, le R provient de l’acide aminé. Ce R peut être soit une chaîne aliphatique,
soit une chaîne possédant un radical aromatique ; il peut lui-même contenir du S sous
forme de sulfure, sulfoxyde ou sulfone.
Le glucosinolate est un anion existant dans la plante sous forme de sel avec le
potassium ou avec la sinapine (ester entre l’acide sinapique et la choline) qui est
chargée positivement.
L’ose intervenant dans la structure est quasi toujours le glucose, à l’exception du
glucosinolate du radis qui contient un sinapoylglucose (= un glucose lié à un acide
sinapique).
Quand on lèse les tissus de la plante, la myrosinase attaque le glucosinolate et le coupe
au niveau de l’ose. Il y a donc libération d’un ose et d’une génine instable qui se
réarrange selon les conditions d’hydrolyse :
103
- A pH 7 : le R saute sur le N et on obtient un isothiocyanate.
- A pH 3,6 en présence de Fe II ou d’autres cofacteurs : on obtient un nitrile.
- En présence de cofacteurs non encore identifiés : le R saute sur le S et on
obtient un thiocyanate.
Ces dérivés sont volatils et présentent une odeur très forte.
La variabilité des glucosinolates réside au niveau de la chaîne latérale R.
Il y a déjà plus d’un siècle, la sinigrine et la sinalbine ont été découvertes sous forme
de cristaux dans la moutarde noire et blanche.
Dans les espèces qui produisent les glucosinolates, beaucoup sont présentes dans notre
alimentation et utilisées en médecine traditionnelle.
Les graines de moutarde noire sont riches en mucilage (elles contiennent 20% de
mucilage et polyholosides) et en lipides insaturés. Quand on les broie et qu’on les
laisse macérer dans l’eau, la myrosinase hydrolyse la sinigrine et donne 0,7 à 1,3%
d’HE non préformée, à action révulsive et composée à plus de 90% d’isothiocyanate
d’allyle. Ce composé est fortement volatil et donne son goût et son odeur piquante à la
moutarde. Il confère également son action aux cataplasmes de farine à moutarde.
La moutarde blanche, lorsqu’elle est broyée puis macérée dans l’eau, donne un
composé à propriétés révulsives par hydrolyse de la sinalbine mais il n’y a pas
d’odeur piquante car le produit d’hydrolyse majoritaire, l’isothiocyanate d’acrinyle, est
plus lourd et beaucoup moins volatil.
La progoitrine est un glucosinolate -hydroxylé ; cela lui permet, après hydrolyse, de
cycliser pour donner la goitrine à propriétés toxiques.
Dans le radis noir, on trouve la glucobrassicine, où la chaîne latérale R est un noyau
indole provenant du tryptophane ; c’est donc un glucosinolate alcaloïde. Certains tests
in vitro montre que ce composé pourrait avoir une action immunomodulatrice mais les
données in vivo sont quasiment inexistantes.
Méthodes d’analyse
Extraction
Chromatographie
CCM
Elle est tout fait utilisable pour analyser les glucosinolates.
104
Comme il y a un sucre dans la structure, c’est sur cellulose que le glucosinolate salifié
migrera le mieux.
La révélation/détection peut se faire en lumière UV si on a un chromophore dans la
structure, ou par pulvérisation de nitrate d’argent ammoniacal (mise en évidence du
caractère réducteur du sulfonate). On peut aussi révéler la plaque en caractérisant les
génines. Donc, dans ce cas, on fait agir une myrosinase (celle de la plante ou une autre
si celle de la plante a été inactivée), puis on extrait les produits d’hydrolyse
(isothiocyanates) par un solvant organique ou par entraînement à la vapeur d’eau. On
fait ensuite réagir le mélange obtenu avec de l’ammoniac ; on obtient ainsi un dérivé
R-NH-C(NH2)=S, qui est un dérivé de la thio-urée :
NH2
Ces dérivés migrent très bien en CCM ; ils sont donc simples à séparer.
La révélation se fait par un mélange de chlorure ferrique et de ferricyanure. Il y a en
fait formation de sulfocyanures qui, en présence de chlorure ferrique, donnent des
complexes rouges.
GC
On peut séparer les glucosinolates par GC, mais, comme il y a un ose dans la structure,
on doit faire des réactions de dérivation préalables (surtout des silylations).
HPLC
Elle est aussi utilisable. Il y a juste un petit problème pour la détection car il n’y a pas
de chromophores UV intenses. Les colonnes (phases stationnaires) le plus
fréquemment utilisées sont des échangeuses d’anions. En effet, comme les
glucosinolates sont des anions, elles permettent une très bonne rétention et donc
séparation.
Activité biologique
Ces molécules sont considérées comme inoffensives pour l’humain et sont très
probablement protectrices vis-à-vis du développement de certaines formes de
cancers. Donc, les glucosinolates sont considérés comme des phytonutriments.
Ce caractère inoffensif n’est bien sûr valable que si on les consomme en
105
quantité raisonnable. Lors de l’administration de quantités élevées, des effets
toxiques se manifestent ; par exemple, il y a des intoxications de bétail nourri
massivement avec des végétaux à glucosinolates.
Les produits d’hydrolyse des glucosinolates sont, dans certains cas, irritants.
Ils peuvent donc être utilisés comme révulsifs à usage local (par exemple, la
farine de moutarde) et comme expectorants. Les structures des glucosinolates
ont d’ailleurs servi de modèles pour la synthèse des gaz de combat et des agents
anti-cancéreux.
Dans le radis noir, on a des glucosinolates, principalement la glucobracissine, mais
aussi de la carboxy-méthyl-cystéine qu’on appelle aussi acétyl-cystéine (c’est un acide
aminé cystéine qui porte un acétate). Cette molécule est une substance muco-
régulatrice qui régule la production de mucus au niveau bronchique. Aujourd’hui, on
l’obtient par synthèse et elle est incorporée dans différentes spécialités comme le
Lysomucil. Le radis noir est également abondamment utilisé en phytothérapie pour
améliorer la sécrétion biliaire et en usage topique pour traiter les brûlures superficielles
(érythèmes fessier ou solaire).
106
La plupart des génines ont une activité antimicrobienne, diurétique et
stimulant de l’appétit.
Toxicité
II. Pour certains glucosinolates, les glucosinolates -hydroxylés, on a une autre action
anti-thyroïdienne qui ne peut pas être levée par un apport d’I.
Les composés obtenus après hydrolyse par la myrosinase sont susceptibles de cycliser
assez facilement (lien C-O facilement formé) pour former un cycle thiooxazolidone et
ainsi aboutir à la goitrine. La goitrine, comme son nom l’indique, provoque des
goitres ; elle interfère donc directement dans la synthèse des hormones thyroïdiennes.
Cette activité anti-thyroïdienne n’est pas levée par un apport d’I.
La cyclisation n’est possible que si on est en présence d’un -hydroxyle.
On a observé des troubles de la thyroïde chez les patients ayant eu une consommation
excessive de colza, choux, rutabaga. C’est surtout pendant les périodes de guerre (2ième
guerre mondiale) que ces troubles se manifestaient car il n’y avait, dans nos régions,
quasiment que des Brassicaceae à manger.
Hétérosides cyanogènes
Structure
107
Biogenèse
La base de la molécule est un acide aminé. Celui-ci subit un grand nombre d’étapes
avant d’aboutir à l’hétéroside cyanogène.
R1 et R2 dépendent de l’acide aminé de départ ; ils peuvent être arèniques ou
aliphatiques, ou peuvent, plus rarement, faire partie d’un cycle.
Le C est assez souvent asymétrique (*) et on a donc des paires d’énantiomères
prévisibles. En général, les énantiomères sont élaborés par des plantes différentes. En
fait, suite à ce C chiral, un des isomères se retrouve plus fréquemment dans la plante.
L’ose intervenant dans la structure est quasiment toujours le glucose.
L’enzyme qui dégrade les hétérosides cyanogènes est également présente dans la
plante. S’il y a dilacération des tissus végétaux, l’enzyme entre en contact avec le
substrat ; il y a formation des produits d’hydrolyse qui sont libérés et forment une HE
non préformée. Les lésions tissulaires peuvent être produites par des phénomènes
physiques (comme la mastication) ou par des infections fongiques. Différentes
substances volatiles peuvent être libérées mais HCN est toujours présent. Cette
libération joue très certainement aussi un rôle dans la défense du végétal contre les
prédateurs.
Il existe des hétérosides pseudocyanogènes, qu’on retrouve dans les graines des
plantes appartenant à la famille des Cycadaceae (surtout dans Cycas circinalis). Ces
plantes sont des palmiers dont la moelle et l’amande fécondée sont riches en amidon et
traditionnellement utilisées dans l’alimentation humaine, surtout dans les régions
asiatiques. On connaît des cas d’intoxication aiguë due à la consommation de ces
Cycadaceae. Des glucosides sont responsables de ces intoxications ; leur structure est
différente de celle des hétérosides cyanogènes. Ce sont en fait des hétérosides du
méthyl-azoxy-méthanol. On pensait d’abord que c’était le CN- libéré qui était
responsables des intoxications mais on s’est rendu compte que les glucosides étaient
des agents alkylants de structure proche des nitrosamines ; càd qu’ils peuvent aller
alkyler l’ADN ou les protéines, d’où un effet neurotoxique et cancérigène. Ces dérivés
seraient responsables de toute une série de maladies neurodégénératives apparaissant
lors des intoxications. Le glucoside surtout concerné est la cycasine, libéré par la flore
intestinale. Normalement, la cycasine est éliminée des farines. Les intoxications
proviendraient donc d’une contamination des farines par ce composé. Un acide aminé
particulier présent dans la plante serait aussi impliqué dans la pathologie de
l’intoxication.
108
1. Attaque par l’amygdalase : il y a libération du premier glucose et du
pruranoside (dérivé mono-osidique aussi présent dans la plante).
2. Libération du second glucose et donc de la génine par la -glucosidase ; cette
génine est le mandélonitrile (nitrile phénylglycolique).
3. L’oxynitrilase coupe le groupement nitrile ; il y a libération de HCN et de
benzaldéhyde. Ces 2 dérivés ont une odeur caractéristique de frangipane.
On retrouve assez fréquemment le groupe mandélonitrile dans les hétérosides
cyanogènes.
Méthodes d’analyse
Extraction
Les hétérosides cyanogènes sont très fragiles ; cela rend leur extraction et leur
purification très délicates.
Il faut commencer par inhiber les enzymes. Pour faire cela, on ne peut pas chauffer
(sinon il y a destruction des hétérosides cyanogènes) ; donc, on a trouvé une autre
technique : on trempe la plante fraîche dans de l’azote liquide, ensuite on réalise une
extraction par l’alcool, et enfin, on purifie les hétérosides par chromatographie.
On caractérise les hétérosides cyanogènes en mettant en évidence les CN- libérés par
des réactifs chromogènes :
- acide picrique – carbonate de sodium
- benzidine – acétate cuivrique.
On peut aussi caractériser les cyanures libérés après séparation sur couche mince : on
réalise une CCM avec les hétérosides cyanogènes, puis on pulvérise une solution
d’enzymes et on caractérise les CN- libérés en pulvérisant, par exemple, du chlorure
ferrique.
Chromatographie
GC
On peut réaliser une GC après dérivation, mais souvent, les hétérosides cyanogènes
sont détruits en cours de dérivation car les réactions de dérivation nécessitent un
chauffage.
Dosage
109
On peut doser les cyanures.
On réalise une hydrolyse enzymatique des hétérosides cyanogènes ; il y a donc
libération de CN-, puis on distille en milieu acide (CN- HCN), on obtient alors un
distillat contenant de l’acide cyanhydrique HCN qu’on peut doser par titrage
argentimétrique (méthode de Mohr, ...). Ce dosage est décrit dans la Pharmacopée
européenne pour le laurier-cerise.
Usages pharmaceutiques
Ils sont obsolètes vu la toxicité des dérivés obtenus ; la libération de HCN, gaz
toxique, réduit fortement leur intérêt pharmaceutique.
Une seule plante est intéressante : c’est le laurier-cerise ou prunus laurocerasus, qui
sert à la préparation de l’ « eau de laurier-cerise », titrée à 100 mg % d’HCN total.
Cette eau est toujours utilisée comme aromatisant, anti-spasmodique et stimulant
respiratoire. Donc, elle entre dans la composition magistrale de sirops, gouttes nasales,
... et autres préparations destinées au traitement des infections broncho-pulmonaires.
Toxicologie
Quand on absorbe la plante contenant des hétérosides cyanogènes, l’HCN est libéré
dans les intestins par l’intervention d’enzymes, qui peuvent être des enzymes présentes
dans la flore intestinale ou des enzymes présentes dans les aliments ingérés (il faut
rappeler ici que les enzymes d’hydrolyse coexistent avec les hétérosides cyanogènes
dans la plante).
110
L’HCN inhibe des enzymes respiratoires, notamment la cytochrome oxydase. La re-
oxydation du cytochrome C est donc interrompue et l’oxygène moléculaire ne peut
plus être utilisé par les cellules.
En cas d’ingestion massive, les symptômes, troubles de la conscience puis mort, se
déclarent très rapidement. Beaucoup d’empoisonnements sont accidentels. Pour faire
du massepain par exemple, il ne faut surtout pas confondre l’amande amère et la douce
et utiliser l’amère au lieu de la douce !!!
On connaît des populations qui, de par leur alimentation, sont exposés tous les jours à
des hétérosides cyanogènes en quantité variable parfois importante ! Par exemple, la
cassave, qu’on obtient avec différentes espèces de manioc, est consommée en Afrique
de l’ouest ; dans 750g (ration journalière) de cassave, on peut avoir jusqu’à 75 mg de
cyanures : c’est une fois et demi la dose mortelle si la ration est ingérée en une
fois !!!). Comme ces cyanures sont incorporés dans l’organisme en plusieurs repas, ce
n’est pas mortel MAIS cela engendre des problèmes.
Les traitements culinaires traditionnels (fermentation, cuisson à l’eau, torréfaction, ...)
éliminent les cyanures. Mais les coutumes ancestrales se perdent car il n’y a plus de
transmission du savoir et, en Afrique de l’ouest, beaucoup d’intoxications ont été
signalées.
Notre corps est capable de se débarrasser de grandes quantités d’HCN mais les
intoxications répétées mènent à des désordres neurologiques sérieux.
L’HCN est métabolisé par les acides aminés soufrés en thiosulfate et sulfocyanure
SCN- qui provoque une inhibition de la pompe à iodures (réversible s’il y a un apport
en excès d’I) et donc l’apparition d’un goitre.
Dans ces populations d’Afrique de l’ouest, on peut voir des goitres apparaître chez les
foetus et les nouveaux-nés ; c’est donc un facteur important dans la pathogénicité.
Les neuropathies s’expliqueraient par une carence en acides aminés soufrés puisqu’ils
sont utilisés pour détoxifier les cyanures. Cette utilisation entraîne une diminution des
acides aminés soufrés disponibles et donc des troubles neurologiques.
Le problème est que ces populations souffrent aussi souvent de déficiences en
protéines, d’où un apport réduit en acides aminés de toutes sortes, ce qui ne fait
qu’accentuer les troubles. Des prises de sang ont d’ailleurs montré des concentrations
élevées de sulfocyanure.
Alcaloïdes
Ce sont les composés les plus anciennement caractérisés, on les connaît déjà depuis
longtemps. Ce sont les premiers composés végétaux à avoir été extraits et purifiés.
Les alcaloïdes sont les substances les plus largement représentées dans le métabolisme
secondaire. Ils ont des effets, toxiques ou médicamenteux, à doses très faibles et
présentent un grand intérêt pharmaceutique et thérapeutique.
La notion d’alcaloïde est récente (fin du 19ième siècle) mais la potentialité et la toxicité
des plantes à alcaloïdes sont connues depuis très longtemps. Par exemple, le Papaver
somniferum (opium), la coca, l’aconit, la belladone, la colchique, le quinquina et le
curare sont des plantes à alcaloïdes utilisées depuis plusieurs siècles, voire plusieurs
millénaires (pour l’opium).
111
Les premières purifications d’alcaloïdes ont été décrites au 19ième siècle et ont suivi
l’introduction des plantes à alcaloïdes en pratique médicale et le développement des
techniques de percolation. Le premier alcaloïde végétal (narcotine) a été isolé de
l’opium en 1803 en France et en 1816 en Allemagne, des chercheurs ont isolé la
morphine. Entre 1816 et 1826, d’autres alcaloïdes ont rapidement suivi et été isolés
(strychnine, émétine, brucine, pipérine, caféine, quinine, colchicine, coniine) car les
méthodes d’extraction sont les mêmes quel que soit l’alcaloïde concerné.
En 1870, la première structure d’un alcaloïde (en l’occurrence, la coniine) est établie ;
puis, en 1889, la première synthèse totale est réalisée.
Par contre, il a fallu 130 ans pour que la structure de la strychnine, très complexe et
polycyclique, soit établie.
La synthèse complète de la morphine n’a pu être réalisée qu’en 1952.
Entre 1800 et 1945, plus de 800 alcaloïdes différents ont été isolés. De 1945 à nos
jours, on a isolé 16 000 alcaloïdes, qui ont été caractérisés. Cette différence d’un
facteur 20 provient des évolutions techniques survenues ces dernières années.
Définition
Il n’y a pas de définition simple et précise. C’est parfois difficile de séparer les
alcaloïdes des autres métabolites azotés.
On distingue 3 groupes : les alcaloïdes vrais, les pseudo-alcaloïdes et les proto-
alcaloïdes.
Les alcaloïdes vrais sont des substances azotées, basiques, d’origine naturelle, de
distribution restreinte et de structure complexe. Leur N est inclus dans un système
hétérocyclique et ils possèdent une activité pharmacologique importante ; pour certains
auteurs, ils sont issus du seul règne végétal. Ils existent dans la plante à l’état de sel et
sont biosynthétiquement formés à partir d’un acide aminé.
Les pseudo-alcaloïdes présentent toutes les caractéristiques des vrais alcaloïdes mais
ils ne dérivent pas d’un acide aminé. Dans la majorité des cas, ce sont des isoprénoïdes
qui ont intégré un hétéroatome de N en fin de biogenèse. On parlera, dans ce cas,
d’alcaloïdes terpéniques (mono-, sesqui-, di- et triterpéniques, notamment des
alcaloïdes stéroïdiques).
On peut aussi avoir des substances azotées hétérocycliques issues du métabolisme des
acétates ; càd des polyacétates qui incorporeront un N en étape tardive de biogenèse.
C’est le cas notamment de la coniine (alcaloïde présent dans Conium maculatum, une
Apiaceae) qui possède un cycle pipéridine dans sa structure. Classiquement, ce cycle
pipéridine dérive d’un acide aminé, la lysine. Mais dans la grande ciguë, c’est
particulier : la coniine dérive d’un acide gras en C8 (acide caprique), et une
transamination tardive introduit le N et permet la fermeture du cycle. La grande ciguë
est toxique de par la coniine (empoisonnement de Socrate pour corruption de la
jeunesse en 399 ACN).
!!! Il ne faut pas confondre la grande ciguë et la ciguë aquatique ; cette dernière est
également toxique mais en raison de la présence d’autres principes actifs !!!
112
Les proto-alcaloïdes sont des amines simples : le N n’est pas inclus dans un
hétérocycle. Ce sont des substances présentant une réaction basique et dont l’origine
biogénétique est un acide aminé. Différentes substances répondent à cette définition,
par exemple la sérotonine (neurotransmetteur) et la mescaline (dans les cactus Peyotl).
La molécule d’origine est un acide aminé : le tryptophane pour la sérotonine et la
phenylalanine-tyrosine pour la mescaline. Donc, dans le cas des proto-alcaloïdes, le N
n’est pas incorporé dans un cycle même si la molécule est originaire d’un acide aminé.
La distinction entre les alcaloïdes vrais, les pseudo- et les proto-alcaloïdes semble ainsi
relativement nette, mais en fait pas mal de substances sont difficiles à classer.
Par exemple, la caféine présente un N dans un cycle mais ne dérive ni d’un acide
aminé, ni d’un terpène, ni d’un acétate ; c’est en fait une base purique. Donc, selon les
définitions ci-dessus, la caféine n’est ni un alcaloïde vrai, ni un proto-, ni un pseudo-
alcaloïde ! Pourtant, c’est un alcaloïde !
Un autre exemple est la colchicine ; cette molécule possède un N sous forme d’amide
mais n’a pas de propriétés basiques ; elle ne rentre donc pas dans nos définitions alors
que c’est bien un alcaloïde !
Donc, on établit une définition a contrario : on définit tout ce qui n’est pas un
alcaloïde.
Ne sont pas des alcaloïdes : les amines simples, les bétalaïnes, les peptides, les acides
aminés, les oses aminés, les porphyrines, les alkylamines et les arylalkylamines, du
moins celles qui sont largement distribuées.
Certaines arylalkylamines sont des alcaloïdes car elles ne sont pas universellement
répandues. Exemple : dopamine universelle ce n’est pas un alcaloïde.
éphédrine distribution restreinte c’est un alcaloïde
alors que sa structure est proche de la
dopamine.
Avec cette définition a contrario, la colchicine et la caféine sont bien des alcaloïdes.
Une fois qu’on sait ce qui n’est pas un alcaloïde, on peut établir une définition finale
de ce qu’est un alcaloïde, qui regroupe les caractéristiques de tous les alcaloïdes
connus.
Un alcaloïde est un composé organique d’origine naturelle (le plus souvent végétale),
azoté, plus ou moins basique, de distribution restreinte et doué, à faible dose, de
propriétés pharmacologiques marquées.
Le critère des propriétés pharmacologiques à faible dose est difficile à détecter.
D’autres substances autres que les alcaloïdes ont aussi un effet faible dose.
Cette définition n’est pas encore tout à fait satisfaisante !
Donc les alcaloïdes forment un groupe hétérogène qui regroupe d’une part de
substances contenant un ou plusieurs N faisant généralement partie d’un hétérocycle,
d’autre part des substances dont la biogenèse fait généralement appel à des acides
aminés, et enfin dont le(s) N est(sont) inclus le plus fréquemment dans une fonction
amine tertiaire, parfois secondaire ou primaire, une fonction amide ou un iminium.
Quand le N est extracyclique, c’est parfois difficile de discerner les alcaloïdes de
113
l’ensemble des métabolites azotés. Dans ce cas, on se base plutôt sur l’origine
biogénétique pour les classer.
Par exemple, l’alcaloïde de l’if est le taxol ; en fait, le taxol est plutôt un diterpène
amidifié et, au lieu de parler d’alcaloïde de l’if, on devrait plutôt parler de pseudo-
alcaloïde de l’if.
Le regroupement d’un tas de substances aussi différentes dans un ensemble est
confirmé par des réactions de précipitation commune avec les réactifs généraux des
alcaloïdes (réactif de Draggendorff par exemple).
Dans ce cours, on incorpore les proto-alcaloïdes dans les alcaloïdes vrais. Donc, on
parlera d’alcaloïdes dérivés d’acides aminés et de pseudo-alcaloïdes.
On a considéré pendant longtemps que les alcaloïdes étaient d’origine végétale mais
maintenant, on en a découvert dans certaines espèces animales. Les alcaloïdes animaux
peuvent être exo- ou endogènes. Quand ils sont exogènes, ils proviennent des végétaux
qui ont été ingérés par l’animal. Par exemple, le castor mange des nénuphars, ce qui lui
permet de former l’alcaloïde castoramine.
Certaines espèces animales fabriquent eux-mêmes des alcaloïdes, qui sont donc de
véritables produits du métabolisme de l’animal ! Par exemple :
- la coccinelle produit des alcaloïdes à action cardiotonique.
- on peut retrouver de la morphine et des alcaloïdes dérivant de la quinolizidine et
de la pyrrolidine dans la peau de certaines grenouilles.
- dans les éponges, on peut avoir des hétérocycles azotés.
On a démontré récemment que des alcaloïdes se forment spontanément chez les
mammifères par condensation de substances aminées endo- ou exogènes avec des
carbonyles, ce qui conduit à la formation d’alcaloïdes de mammifères. Ces alcaloïdes
ont des structures assez variées ; on y retrouve des isoquinoléines, des thiazolidines,
des -carbolines, ...
L’apparition de ces alcaloïdes dans l’organisme peut être accidentelle, par exemple, à
la suite de l’administration de certains médicaments comme la L-dopa (traitement de la
maladie de Parkinson). Cela peut aussi être observé lors de l’administration chronique
d’éthanol ; dans ce cas, on pense qu’il se forme des alcaloïdes pouvant interagir avec
les récepteurs morphiniques. Certains auteurs ont pensé à induire la formation de ces
alcaloïdes dans un but thérapeutique mais il n’y a pas encore d’applications.
Les alcaloïdes sont exceptionnels chez les bactéries et rarement rencontrés chez les
champignons (avec une exception remarquable, l’ergot de seigle), les Thallophytes, les
Ptéridophytes et les Gymnospermes.
Les alcaloïdes sont surtout présents chez les Angiospermes Dicot. On en retrouve
dans certaines Monocot comme les Liliaceae, mais de façon générale, les alcaloïdes
sont peu fréquents chez les Monocot. Chez les Dicot, on en retrouve abondamment,
surtout dans les Centrospermales, les Ranales, les Magnoliales, les Rhoedales et les
Rosales.
114
La distribution des alcaloïdes est irrégulière et restreinte à certaines familles. Mais des
recherches sont encore nécessaires pour avoir une idée de leur répartition exacte.
On estime que 10 à 15% des plantes vasculaires synthétisent des alcaloïdes. Cette
répartition très irrégulière peut répondre ou non à des critères taxinomiques.
Par contre, la morphine provient d’une voie métabolique très spécialisée n’est
présente que dans 2 espèces de Papaver (somniferum et setigerum) ; et encore, certains
auteurs pensent que ces 2 espèces n’en forment qu’une seule avec 2 variétés.
Ceci n’exclut pas que des séquences partielles de la biogenèse de la morphine puisse
se dérouler dans d’autres espèces qui n’appartiennent pas forcément au même genre ou
à la même familles.
D’autre part, au sein d’un même genre, on peut voir coexister des espèces à alcaloïdes
et des espèces sans alcaloïdes.
115
Pour ce qui est de la localisation dans la plante, il faut séparer les lieux de production
et les lieux de stockage. On sépare les alcaloïdes du reste du métabolisme parce que
même une très petite quantité d’alcaloïde est susceptible d’altérer les métabolismes
vitaux, ne serait-ce que par son caractère basique.
Au niveau de la localisation cellulaire, les alcaloïdes sont contenus dans des
vacuoles intracellulaires.
En général, il n’y a pas de structure organisée pour stocker les alcaloïdes ; mais
dans quelques espèces, on les retrouve au niveau des laticifères, épidermes, faisceaux
libéro-ligneux et d’une manière générale, dans tous les tissus en voie de croissance
(jeunes racines, jeunes feuilles, ...).
La répartition est différente en fonction de l’espèce considérée ; ainsi, le
Rauvolfia
vomitoria présente des alcaloïdes surtout dans l’écorce des racines, et les alcaloïdes du
colatier et du caféier se trouvent surtout dans les graines.
Il arrive souvent que les alcaloïdes s’accumulent dans des lieux différents des
endroits de biogenèse : la translocation via le phloème avec éventuellement des
modifications de structure est fréquente. Par exemple, pour le tabac, les alcaloïdes sont
synthétisés dans les racines puis migrent via le phloème dans les parties aériennes
(feuilles) : c’est la translocation. Lors de la floraison/fructification, les alcaloïdes se
localisent souvent dans les pièces florales, les fruits ou les graines. Au cours de la
translocation, des modifications de structure peuvent apparaître. Ainsi, toujours chez
le tabac, une partie de la nicotine est déméthylée en ornicutine lors de son transfert des
racines vers les feuilles ; l’hyoscyamine (atropine) est transportée des racines vers les
feuilles où elle est époxydée en scopolamine.
Rappel : Le xylème transporte la sève brute des racines vers les feuilles ; le phloème
transporte la sève élaborée des feuilles vers les racines. Le phloème va aussi
bien
montant que descendant, donc il peut transporter des composés des racines
vers
les feuilles.
A l’état naturel dans les végétaux, les alcaloïdes existent sous forme de sels avec des
acides organiques de type classique (malique, tartrique, citrique) ou plus particulier
(méconique dans l’opium et quinique dans le quinquina).
On peut aussi retrouver les alcaloïdes en combinaison avec des polyphénols ou des
tanins ; le type de combinaison conditionne les conditions opératoires d’extraction et
d’isolation des alcaloïdes.
Dans le quinquina, les alcaloïdes sont très proches de polyphénols ; des conditions
drastiques seront donc nécessaires pour libérer les alcaloïdes des polyphénols.
Classification
Le nom des alcaloïdes se termine par –ine car il s’agit de substances azotées. Très
souvent, la dénomination est basée sur le nom de la plante dont ils ont été extraits pour
116
la première fois : quinine pour le quinquina, aconitine pour l’aconit, caféine pour le
caféier, papavérine pour le papaver, ... Par contre, l’appellation « morphine » vient du
dieu du sommeil Morphée.
Comme les alcaloïdes présentent une grande diversité (au niveau de l’origine
botanique, de la structure chimique et de l’activité pharmacologique), on a proposé
différents systèmes pour les classifier : les 2 classifications principales sont d’une part
en fonction de la structure chimique, et d’autre part en fonction de l’origine
biosynthétique.
Cette classification se base sur les acides aminés précurseurs et recouvre largement la
classification structurale. Cependant, cette classification biogénétique est plus
intéressante et c’est une donnée essentielle en chimie structurale car elle permet de
117
rapprocher des structures apparemment très différentes qu’on peut retrouver dans des
plantes très voisines (au niveau espèce ou genre). Elle est aussi intéressante comme
préliminaire pour des synthèses chimiques biomimétiques (càd qui suivent une voie de
biogenèse). Le seul problème est que cette classification est difficile à réaliser.
Alcaloïdes vrais dérivés d’un acide aminé (cela inclut les proto-alcaloïdes)
Le squelette de base a pour origine une molécule non azotée, donc ni un acide aminé,
ni une base purique. Il y a trois types d’alcaloïdes dérivés de :
l’acétate
la phénylalanine désaminée (alcaloïdes de type éphédrine)
terpènes et stéroïdes.
Réactions biosynthétiques
118
intermoléculaire. Ce processus peut passer par la formation d’une base de Schiff
(moyen simple pour rapprocher des précurseurs) ou par une réaction de type Mannich.
1ière ligne
Il y a formation d’une base de Schiff par réaction entre une amine et un carbonyle.
Dans le carbonyle, on a un C + ; dans l’amine, on a une paire électronique libre (pel)
sur le N. Le C + s’additionne sur la pel, puis il y a déshydratation et formation d’une
imine ou d’un iminium. Le lien C-N ainsi formé peut être intra- ou intermoléculaire en
fonction de l’enzyme qui réalise la condensation. La cadavérine est une lysine
décarboxylée pouvant subir une désamination oxydative, ce qui introduit un aldéhyde
dans la molécule. La pel du N réagit avec le C + pour former une base de Schiff
intramoléculaire ; il y a ainsi fermeture du cycle et formation d’une pipéridine mono-
insaturée, la 1-pipéridine.
Pour fabriquer un alcaloïde, on peut faire intervenir 1 acide aminé, 2 acides aminés
identiques ou plus rarement 2 acides aminés différents, ou même plus de 2 molécules
du même acide aminé.
119
Exemple réel : l’émétine ou synthèse d’un alcaloïde tétrahydroisoquinoléique
monoterpénique
L’émétine est un alcaloïde de l’ipéca. Dans les officines, on doit avoir de la teinture
d’ipéca car c’est un émétique puissant utile en cas d’empoisonnement.
L’ipéca contient 2 alcaloïdes majeurs très proches : l’émétine et la séphaline. Les
premiers chercheurs pensaient que le premier alcaloïde découvert faisait vomir, ils
l’ont donc appelé « émétine ». Mais en fait, c’est faux : l’émétine est un anti-amibien
pas un émétique ! En réalité, c’est la séphaline qui est émétique mais les noms ont
persisté.
Le sécologanoside est, comme cela a déjà été dit plus haut, un sécoiridoïde. Donc,
quand il subit une hydrolyse enzymatique (ose coupé), la génine obtenue est instable et
s’ouvre pour libérer 2 fonctions aldéhyde. Cela peut arriver dans le cas présent : le
sécologanoside incorporé dans la molécule peut facilement perdre son glucose et
s’ouvrir pour donner 2 fonctions aldéhyde. Ces fonctions aldéhyde tombent bien car,
pour aboutir à l’émétine, on doit encore faire des cycles !
120
Ensuite, on fait intervenir une 2ième dopamine. D’abord, il y a formation d’une base de
Schiff (imine) entre un des aldéhydes libérés et le N de la dopamine ; puis le C + de
l’imine et le C - tout proche se condense, il y a donc fermeture de 2ième cycle
isoquinoléine.
Jusqu’ici, 2 cycles tétrahydroisoquinoléines ont donc été fermés.
Dans ce cas, on réalise les mêmes réactions mais en partant non plus de la dopamine
mais de la tryptamine.
A partir d’un aldéhyde ou d’un acide -carbonyle (décarboxylé pour donner un
aldéhyde), on a exactement les mêmes possibilités de réactions : formation d’une base
de Schiff (lien C-N) par réaction entre la pel de l’amine primaire de la tryptamine et le
C + de l’aldéhyde. Le lien C-N de la base de Schiff est fortement polarisé : le C est
très +.
Dans la tryptamine, on a 2 C - (par jeu de délocalisation) en et du NH. Donc, on a
2 possibilités de fermeture du 3ième cycle :
- fermeture en du N formation d’une -carboline avec 3 cycles accolés.
- fermeture en du N formation d’une indolénine avec 2 cycles accolés et un
3ième cycle collé par la pointe = noyau de base des alcaloïdes indoliques.
Ces noyaux formés à partir de la tryptamine se retrouvent dans les alcaloïdes qui sont
indolomonoterpéniques ; les C proviendront quasiment toujours du sécologanoside.
Dans ces alcaloïdes indolomonoterpéniques, le sécologanoside peut s’incorporer de 3
manières différentes :
a) Le 1ier mode d’incorporation consiste en une incorporation du
sécologanoside tel quel : on ne garde que le squelette carboné à qui
on fait subir une rotation autour d’une liaison C-C simple. On obtient
ainsi les alcaloïdes de type Corynanthe.
Ces sécologanosides Corynanthe peuvent s’incorporer :
SOIT en configuration -carboline : on obtient alors un pentacycle qu’on retrouve dans
les alcaloïdes Corynanthe comme la réserpine ou le yohimbine ; ici, on est en présence
121
du noyau hétéroyohimbane ; si le O de ce cycle est remplacé par un C, on obtient le
noyau yohimbane ;
SOIT en configuration indolénine : on retrouve dans la structure le sécologanoside tel
quel ; ici, on a un noyau strychnane qu’on retrouve dans la strychnine. Encore une fois,
la strychnine présente une structure très complexe alors qu’elle est constituée de
structures simples : sécologanoside + tryptamine + 2 C supplémentaires qui
proviennent d’une acétylation au niveau du N suivie de la fermeture d’un cycle
supplémentaire.
Dans quelques plantes qui ont un métabolisme luxuriant, on peut retrouver les 3 types
d’alcaloïdes, par exemple dans la Pervenche de Madagascar (Catharanthus roseus,
Apocynaceae). On ne sait pas pourquoi cette plante est capable de synthétiser en grand
nombre les 3 types d’alcaloïdes indolomonoterpéniques. Ce n’est pas tout à fait
étonnant puisque de manière générale, les Apocynaceae ont souvent surtout des
alcaloïdes indolomonoterpéniques.
La Pervenche de Madagascar contient 2 alcaloïdes principaux, la vinblastine et la
vincristine. Ces alcaloïdes sont 2 des principaux agents utilisés en chimiothérapie anti-
cancéreuse (intérêt thérapeutique très important donc).
La vinblastine et la vincristine sont en fait des alcaloïdes dimères constitués d’une
catharanthine et d’une vindoline. La Pervenche de Madagascar est connue en usage
traditionnel pour son action anti-diabétique. En étudiant la plante, on n’a pas su
démonter cette action mais par contre, on a découvert beaucoup d’alcaloïdes qui
présentaient, de façon tout à fait inattendue, des propriétés anticancéreuses. Ces
alcaloïdes sont en fait des antimitotiques : ils se fixent sur la tubuline et empêchent la
formation des microtubules, bloquant ainsi les cellules en métaphase. Les cellules
bloquées en métaphase s’accumulent et ne sont plus capables de se multiplier !
Comme les microtubules jouent également un rôle important dans la
122
neurotransmission au niveau des axones, la toxicité principale de ces alcaloïdes est une
neurotoxicité.
La vincristine est l’alcaloïde présentant les propriétés anticancéreuses les plus
efficaces ; son utilisation donne des taux élevés de rémission pour les leucémies
touchant les enfants. Elle est aussi utilisée avec succès dans les cancers du sein et de
l’utérus.
Le problème est qu’on a maximum 0,0003% de vincristine dans la plante, cela fait 3g
de vincristine par tonne de plante ! C’est très très très peu ! Donc, le coût de
production est très élevé ! On essaye donc de produire la vincristine par hémisynthèse
à partir des autres alcaloïdes de la plante comme la vinblastine (anticancéreux moins
puissant que la vincristine). Pour passer de la vinblastine à la vincristine, il faut réaliser
une oxydation chimique ou biologique pour transformer le méthyle en aldéhyde.
Alcaloïdes vrais
123
On part de la N-méthyl-putrescine (ornithine décarboxylée et méthylée).
D’abord cette N-méthyl-putrescine subit une désamination oxydative qui transforme
l’amine primaire CH2-NH2 en aldéhyde CH2-CHO. Il y a donc dans la molécule une
amine secondaire (pel sur le N) et un aldéhyde (C +). Une base de Schiff
intermoléculaire peut alors facilement être réalisée, ce qui permet la fermeture d’un
cycle à 5 chaînons.
Sur ce cycle, on fixe un acéto-acétate à partir de 2 acétyl-CoA : il y a alors une chaîne
latérale de 4 C sur le cycle.
Dans l’acéto-acétate, le C entre les fonctions carbonyle C=O porte une charge partielle
négative. Or, le C de la liaison iminium C=N est fortement +. Si l’enzyme
nécessaire est présente dans la plante, elle peut réaliser une réaction de Mannich entre
ce C + et ce C -; il y a formation d’un lien C-C qui permet la fermeture du cycle en
C7 englobant le cycle à 5 chaînons.
Suivant la plante à laquelle on a affaire, ce n’est pas la même enzyme qui réalise la
biogenèse. Chez les Solanaceae mydriatiques, l’enzyme réalise en plus une
décarboxylation (perte d’un CO2) : on obtient le noyau tropinone, qui est à l’origine
de l’hyoscyamine et de la scopolamine. Dans la coca, l’enzyme présente ne réalise pas
de décarboxylation : on aboutit au noyau méthyl-ecgonine qui est à la base de la
cocaïne.
Ces noyaux se ressemblent fort mais ont des actions très différentes :
o Alcaloïdes des Solanaceae mydriatiques : action anti-cholinergique
o Alcaloïdes de la coca : action anesthésiante et stupéfiante.
Alcaloïdes dérivés de la lysine, cadavérine, acide pipécolique
124
La tyrosine est un précurseur d’alcaloïdes, mais comme elle est elle-même dérivée de
la phénylalanine, on devrait plutôt parler d’alcaloïdes dérivés de la phénylalanine.
La phénylalanine provient de l’acide shikimique. Elle peut être hydroxylée en para (on
a alors la tyrosine) ou en méta et en para (on aboutit alors à la dopa).
La décarboxylation de la phénylalanine fournit la phénéthylamine, la tyramine et la
dopamine respectivement.
La phénylalanine est un donneur d’unités C6-C2-NH2 (phényl-éthyl-amine), qui sont à
l’origine du cycle isoquinoléine. On la retrouve aussi, quand elle est désaminée,
comme donneur d’unités C6-C3 (phényl-méthyle). Mais la grosse majorité des
alcaloïdes sont formés à partir du squelette C6-C2-NH2, qui peut facilement cycliser
pour donner une tétrahydroquinoléine ou tétrahydroisoquinoléine.
« Tétrahydro » car le 2ième cycle est saturé et « simple » car rien n’est attaché au C
incorporé.
La fermeture de cycle se fait simplement par apport d’un C.
Dans le cas présent, la fermeture se fait par apport d’un C (point bleu) suite à une
décarboxylation de l’acide glyoxylique ; en effet, ce C permet la formation d’une base
de Schiff car il est +, puis la réalisation d’une réaction de Mannich à l’origine du lien
permettant la fermeture du cycle.
L’anhalamine se retrouve dans le cactus Peyotl. Cette molécule a une structure simple
dérivée de la mescaline et exerce aussi un effet psychoactif.
125
c) les benzylisoquinoléines et benzyltétrahydroisoquinoléines
Pour fermer le second cycle, on utilise ici des unités C6-C2 ou phényl-éthyle. Ces
unités viennent de l’aldéhyde correspondant, càd C6-CH2-CHO. Cet aldéhyde provient
d’une phénylalanine, et plus précisément d’une dopa.
La dopa est décarboxylée puis subit une désamination oxydative (inverse d’une
transamination) qui transforme le CH2-NH2 en CHO. Elle se transforme donc en
phényl-CH2-CHO.
On incorpore cette unité C6-C2 (structure verte) à notre molécule. La formation d’une
base de Schiff entre l’aldéhyde nouvellement formé et une amine peut aisément se
faire ; ensuite, une réaction de Mannich peut se réaliser, et on a donc la formation d’un
lien C-C qui permet la fermeture du second cycle (cycle rouge de droite).
On obtient ainsi des alcaloïdes benzylisoquinoléiques (si le second cycle est insaturé,
comme la papavérine) ou benzyltétrahydroisoquinoléiques (si le second cycle est
saturé, comme la noscapine).
On retrouve ces motifs dans une série d’alcaloïdes importants au point de vue
thérapeutique.
La papavérine est un des alcaloïdes de l’opium ; on l’extrait du pavot. Elle est assez
différente des alcaloïdes morphiniques (morphine, codéine et thébaïne), qui sont aussi
des alcaloïdes de l’opium mais basés sur le cycle morphinane. La papavérine n’a pas
de propriétés analgésiques ni hypnotiques ; c’est un spasmolytique et un
vasodilatateur ! L’autre dérivé est la noscapine ; c’est aussi un alcaloïde de l’opium.
Elle porte une lactone (ester interne). Elle provient, comme la narcéine, de la rupture
d’une protoberbérine.
Quand on a isolé la noscapine, aussi appelée narcotine, on pensait qu’elle avait des
propriétés narcotiques, d’où le nom « narcotine ».En fait, la noscapine/narcotine n’a
aucune propriété narcotique : c’est un puissant antitussif ! Du coup, l’alcaloïde a
changé de nom au profit de « noscapine », afin de ne pas semer la confusion.
d) les bisbenzyltétrahydroisoquinoléines
Ces molécules peuvent dimériser. Le fait de dimériser fait que les molécules seront
appelées des « bisbenzyltétrahydroisoquinoléines ».
1 bisbenzyltétrahydroisoquinoléine = assemblage de 2 benzyltétrahydroisoquinoléines.
Aujourd’hui, on connaît plus de 400 dimères répartis en une trentaine de classes. On
peut distinguer les classes sur base de 4 critères :
I. Configuration du dimère : le dimère peut être en configuration tête à queue
(liaison entre le noyau benzénique et le noyau benzylique) ou en
configuration queue à queue (lien entre les 2 noyaux benzyliques). Sur le
transparent, on a un dimère tête à queue renversé l’un par rapport à l’autre.
II. Le nombre de pontages : on peut avoir 2 ou 3 pontages entre les monomères.
Dans l’exemple ici, on a 2 pontages.
III. Le type de liaison entre les molécules : liens de type éther (comme sur le
transparent) ou de type biphénylique (lien C-C simple entre les cycle).
IV. Les substances portées.
126
On connaît plus de 400 molécules différentes et on trouve fréquemment de nouvelles
variations !
Comme ces molécules possèdent des C*, cela complique encore la classification et la
nomenclature de ces alcaloïdes.
La tubocurarine est un dimère tête à queue biponté avec 2 liens éther. Elle a été
extraite des Menispermaceae à curare et était utilisée comme poison de flèche.
Actuellement, on l’utilise en chirurgie comme relaxant musculaire non dépolarisant ;
cela permet d’éviter les réflexes et mouvements musculaires incontrôlés lors des
interventions chirurgicales.
A l’heure actuelle, elle est toujours extraite des Menispermaceae. On a cherché des
analogues synthétiques, comme le décaméthonium ou le pancuronium, qu’on préfère
utiliser à la place du produit de base.
Le décaméthonium a une structure qui ne ressemble pas fort à celle de la
tubocurarine. En fait, on a étudié la relation structure/activité et on s’est rendu compte
qu’il fallait 2 N chargés séparés par 1,4nm (distance curarisante voir CPO). Au pH
physiologique, les 2 N sont chargés et sont séparés ainsi de la bonne distance pour
venir agir sur les récepteurs de la plaque neuromusculaire. Les chimistes se sont rendu
compte qu’en mettant 10 atomes entre les 2 N chargés, la distance entre les N était la
bonne.
C’est la même chose pour le pancuronium, qui possède un noyau stéroïde au centre
de la molécule : il y a la bonne distance entre les 2 N.
En étudiant la relation structure-activité, on peut considérablement simplifier
les molécules !
Le pontage est obtenu par couplage oxydatif phénolique. Ce couplage peut servir
notamment à modifier le squelette benzyltétrahydroisoquinoléine : on obtient alors des
benzyltétrahydroisoquinoléines modifiées.
La réticuline présente dans sa structure une tétrahydroisoquinoléine avec 2 –OH
provenant de la dopa ainsi qu’un benzyle.
On retourne cette molécule dans l’espace et on la regarde par le bas : on s’aperçoit que
les 2 noyaux aromatiques sont très proches. Il y a donc facilement moyen de faire un
lien C12-C13 pour arriver à la morphine. Ce lien peut être réalisé par le mécanisme de
couplage oxydatif phénolique. Ce couplage passe par des réactions radicalaires. Un
radical libre est une molécule très instable qui présente 1 ou 2 électrons non appariés.
L’enzyme qui réalise le couplage arrache 1 électron à chacun des noyaux
benzéniques : il y a donc une oxydation monoélectronique. On obtient un radical libre
instable. Dans le cas présent, comme on est en présence de phénols, on peut écrire
plusieurs formes mésomères ; le radical est donc délocalisé et ainsi en partie stabilisé.
Ensuite, les 2 électrons libres sont mis en commun pour former un lien covalent C-C.
En formant ce lien covalent, on forme le squelette morphinane qui est à la base des
alcaloïdes morphiniques.
Pour la morphine, on a une réduction partielle du noyau aromatique rouge, ce qui
déguise l’origine tétrahydroisoquinoléique du noyau.
Le couplage oxydatif se fait en para du C=O du phénol rouge et en ortho du C=O du
phénol vert.
127
Si on traite la morphine avec un acide à chaud, on favorise un réarrangement
intramoléculaire (rupture du lien 13-15 et refermeture du cycle) et on forme
l’apomorphine. Cette apomorphine a perdu les propriétés analgésiques de la
morphine mais présente des propriétés émétiques exaltées par rapport à la morphine.
Donc, on change partiellement l’activité pharmacologique de la morphine.
L’apomorphine peut être injectée en urgences lors d’empoisonnements. On peut faire
basculer cette apomorphine pour obtenir le cycle de base aporphine. Il y a également,
dans les plantes, des alcaloïdes basés sur ce cycle. Au niveau de la biogenèse, ils
viennent aussi d’un couplage oxydatif phénolique en para du phénol et en ortho du
benzyle.
Les alcaloïdes qu’on retrouve dans l’opium son tous basés sur le motif simple Phe-
Tyr-
Dopa ; et le couplage oxydatif permet d’avoir des structures plus complexes.
f) les phénéthylisoquinoléines
On condense une dopamine avec une unité C6-C3 ; donc, on allonge d’un C la chaîne
entre les cycles par rapport aux cas précédents (unités C6-C2).
On peut réaliser des fermetures de tétrahydroisoquinoléines. C’est le cas de
l’autumnaline, qui a le même squelette que la réticuline mais avec un C
supplémentaire dans la chaîne latérale.
Comme dans l’aporphine, on peut fermer un cycle supplémentaire en C7 par couplage
oxydatif phénolique. Si on tourne la molécule, qu’on la regarde par en bas, et qu’il y a
ouverture du cycle isoquinoléine, on obtient un cycle à 7 chaînons :
1. couplage oxydatif phénolique
2. ouverture du cycle isoquinoléine avec perte d’un C
3. fermeture d’un noyau à 7 chaînons.
128
Un noyau aromatique en C7 porte le nom de tropolone.
On peut ainsi synthétiser la colchicine : le C marqué d’un X bleu est perdu en cours de
route ; à la suite de coupures, le N devient extracyclique ; puis il y a incorporation
tardive d’un acétate.
L’autumnaline et la colchicine se retrouvent dans le bulbe de Colchicum autumnale.
La colchicine est l’alcaloïde majeur, à raison de 0,6 à 0,8% dans le bulbe et dans les
graines. C’est un alcaloïde qui réduit de manière très spécifique la réponse
inflammatoire à l’acide urique ; il est donc très utile pour traiter les crises de goutte
(plus de 95% d’efficacité).
C’est tellement efficace qu’on utilise la colchicine pour détecter la goutte : si la
douleur inconnue est inhibée par la colchicine, c’est que la douleur est bien due à une
crise de goutte.
La colchicine est purement un anti-inflammatoire qui n’affecte pas le taux d’acide
urique circulant. Pour réduire ce taux d’acide urique (uricémie), on utilise un inhibiteur
de la xanthine oxydase comme l’allopurinol.
La colchicine est aussi un cytotoxique très toxique : elle bloque la mitose en se fixant
sur la tubuline, empêchant ainsi la formation des microtubules et donc du fuseau
mitotique. La mitose sera donc bloquée au stade de la métaphase : les chromosomes
sont formés mais les cellules-filles ne se séparent pas. La colchicine est donc
notamment utilisée pour réaliser des caryotypes mais aussi pour induire la polyploïdie
dans les plantes (ce qui est intéressant car la polyploïdie semble influencer la teneur en
principes actifs du végétal).
A nouveau, ici, le précurseur est banal mais le réarrangement remarquable de
l’isoquinoléine permet de complexifier considérablement la molécule.
129
Dans ces alcaloïdes, on a un facteur de variation supplémentaire : on peut incorporer
un C supplémentaire par un lien éther ; on a aussi la possibilité de faire un lien éther
intramoléculaire et donc couplage oxydatif supplémentaire.
La galanthamine est formée par couplage oxydatif phénolique de type lien éther. Elle
a été isolée du bulbe de la jonquille, du narcisse, du perce-neige, ... C’est un alcaloïde
inhibiteur compétitif des cholinestérases et on a montré qu’il pouvait améliorer les
fonctions cognitives dans la maladie d’Alzheimer (ne guérit pas la maladie mais en
retarde les effets). En effet, la maladie d’Alzheimer est expliquée par une déplétion des
neurones cholinergiques dans certaines zones du cerveau ; si on inhibe les
cholinestérases, on augmente la concentration en Ach dans le cerveau ; donc, on réduit
les symptômes de la maladie.
130
On y rencontre notamment les alcaloïdes de psilocybes (champignons hallucinogènes),
la psilocine et la psilocybine.
On connaît plus de 80 espèces de Psilocybe qui sont psychoactives et une 50aine
d’espèces qui n’ont pas d’activité. On a décrit 30 espèces hallucinogènes au Mexique
mais on en trouve un peu partout dans le monde. Dans plusieurs civilisations présentes
ou passées, les chamanes, prêtres et guérisseurs en consommaient lors de leurs
cérémonies rituelles à des fins divinatoires. L’usage le plus ancien remonte aux
civilisations Maya et Aztèque.
L’ingestion du champignon provoque des hallucinations visuelles avec changements
rapides de formes et de couleurs, et une altération des perceptions spatiales et
temporelles. L’effet se réduit graduellement. On ne connaît ni dommages ni assuétude
à l’usage de ces champignons, qui constitueraient donc la « drogue parfaite ». Mais
tout est relatif, la consommation de ces champignons n’est quand même pas
inoffensive...
Le problème est que ces champignons, vendus librement au Pays-Bas, sont souvent
falsifiés par de simples champignons séchés et peuvent être saupoudrés de n’importe
quoi. C’est ce « n’importe quoi » qui peut être dangereux. L’idéal serait d’avoir un
marché contrôlé (c’est le même problème que pour le cannabis).
Un 2ième problème est qu’il peut y avoir confusion dans l’identification des
champignons lors de la cueillette ; on peut donc avoir des intoxications (troubles
gastro-intestinaux sévères, ...) à la place des hallucinations.
Les alcaloïdes psilocine et psilocybine, qui ont tout 2 une activité psychoactive,
constituent le principe actif des psilocybes hallucinogènes. Ce principe actif a été
découvert par le même chercheur que celui ayant trouvé le LSD, Albert Hoffman.
La psilocine et la psilocybine sont proches, structurellement parlant, de la sérotonine,
un neurotransmetteur. Ces alcaloïdes miment donc la sérotonine, ce qui expliquerait
l’effet psychoactif.
Dans le champignon séché, on a 0,3% de principe actif. La dose active est comprise
entre 6 et 20mg d’alcaloïdes.
c) les indolomonoterpéniques
131
fermeture en -carboline. On a ainsi la formation de strictosidine, qui est
l’intermédiaire commun à toutes les familles d’indoles monoterpéniques.
Dans la strictosidine, le sécologanoside peut s’ouvrir facilement pour libérer 2
aldéhydes. Si on coupe le sucre, le sécologanoside s’ouvre. Cela donne des possibilités
supplémentaires de réactions, notamment la fermeture d’un nouveau cycle (vu qu’il y a
encore une amine dans la molécule).
Dans ces alcaloïdes indolomonoterpéniques, beaucoup ont un grand intérêt
pharmacologique ; c’est, par exemple, le cas des alcaloïdes de la Pervenche de
Madagascar (voir page 111).
d) les quinoléiques
Biogenèse
Elle commence par la formation d’une strictosidine. Ensuite, il y a rupture de l’ose du
sécologanoside et ouverture du cycle pour libérer 2 aldéhydes –CHO. Un des ces
aldéhydes peut former le 4ième cycle par réaction (formation d’une base de Schiff) sur
l’amine : on obtient un intermédiaire (en bas à droite du transparent 47) qui a encore
un aldéhyde dans sa structure. Il y a donc possibilité de refaire une base de Schiff à
condition de rouvrir le -carboline. Celui-ci s’ouvre alors à 2 endroits. Au passage, on
perd un C (décarboxylation) et on arrive à un intermédiaire où on a une liaison C-C
simple permettant la rotation de la molécule. En réalisant cette rotation, on s’aperçoit
que le carbonyle –CHO est très proche de l’amine ; il y a donc à nouveau formation
aisée d’une base de Schiff qui permet encore la fermeture d’un cycle supplémentaire.
Enfin, il y a aromatisation de ce cycle. On aboutit ainsi au noyau de la quinine.
132
D’autres alcaloïdes sont aussi basés sur le noyau quinoléine ; par exemple, les
alcaloïdes pyrroloquinoléiques qui comportent une quinoléine sur laquelle se greffe un
pyrrole. On part de la strictosidine. Le noyau -carboline se réarrange pour passer
d’une structure C6-C5-C6 à une structure C6-C6-C5. Encore une fois, on a une
extension du noyau indole pour aboutir au noyau quinoléique.
Parmi ces alcaloïdes pyrroloquinoléiques, on a la camptothécine, un anticancéreux
provenant de Camptotheca acuminata. Il y a 20 ans, cet alcaloïde avait été jugé trop
toxique mais on a réussi à modifier les paramètres d’administration et cette molécule
retrouve aujourd’hui beaucoup d’importance. Elle agit par inhibition des
topoisomérases I, enzymes permettant la réplication de l’ADN simple brin (la
topoisomérase II permet la réplication de l’ADN double brin). Le camptothécine
stabilise le complexe ADN-topoisomérase, ce qui empêche la réplication des cellules.
Par ce même mécanisme, la camptothécine est aussi un antiparasitaire actif contre les
Leishmanioses et les Trypanosomiases. En fait, au départ, cette plante était utilisée en
médecine traditionnelle comme antiparasitaire.
Dans la structure de la camptothécine, on trouve un sécologanoside incorporé tel quel ;
la camptothécine est donc un alcaloïde de type Corynanthe.
e) les pyrroloindoles
133
La partie importante de cette molécule est la fonction carbamate car elle lui permet
d’estérifier la Sérine du site actif de l’enzyme cholinestérase : il y a formation d’un
ester relativement stable qui bloque la cholinestérase.
Dans les amides simples, on a le LSD, qui est un dérivé synthétique diéthylamide. Le
LSD est un composé psychotrope à dose très faible. L’effet se marque à des doses de
30 à 50 µg. Il a été découvert par Albert Hoffman. Le LSD est la « drogue des
hippies » : Lucy in the Sky with Diamonds (titre des Beattles) ; c’est un stupéfiant à
éviter. Il n’est pas naturel car on n’en trouve pas dans les plantes.
Dans les amides peptidique, plus complexes, on a incorporation d’un fragment
tripeptidique (3 acides aminés). Dans ce tripeptide, on a toujours une proline qui
permet le reploiement de la chaîne tripeptidique et une cyclisation supplémentaire.
L’un des acides aminés est également toujours sous forme d’un acide-aminé -
hydroxylé. Le fait d’avoir un –OH permet la formation d’un lien éther
intramoléculaire.
L’ergotamine est l’exemple type des amides peptidiques. Elle comporte dans sa
structure un acide lysergique amidifié par un tripeptide :
- acide lysergique : unité isoprénoïde en vert + atomes venant du Trp en rouge
- tripeptide : alanine + phénylalanine + proline
Tous les alcaloïdes de l’ergot sont des amides du COOH de l’acide lysergique. Les 3
acides aminés sont enchaînés par des liens peptidique : alanine -hydroxylée +
phénylalanine + proline (acide aminé cyclique). Cette proline permet un reploiement
de la chaîne, ce qui permet au COOH de la proline d’amidifier le NH2 de la
phénylalanine. Il y a ainsi formation d’un cycle supplémentaire.
On a aussi la formation d’un éther interne, càd un hémiacétal, et donc encore d’un
cycle supplémentaire.
134
Encore une fois, les précurseurs (noyau indole, unités isoprénoïdes en C5 et 3
acides aminés protéiques) sont simples et présents un peu partout alors que les
molécules d’arrivée possèdent des structures très complexes.
L’ergot est généralement causé par Claviceps purpurea, un parasite du seigle. Quand il
se développé, on a des structures en forme d’ergot noir (voir ci-dessus). Il a créé de
grandes épidémies en Europe (la première en 856, la dernière en 1926 en URSS). La
maladie porte également le nom de « Feu sacré » ou « Feu de Saint-Antoine » (Saint-
Antoine était le saint auquel on s’adressait quand on perdait un membre).
En 1676, on se rend compte que la maladie vient de l’ergot. Elle se déclare quand il y a
ingestion de graminées contaminées (surtout le seigle). Les dernières épidémies se sont
déclarées lors de périodes de disette, quand on avait plus que du seigle contaminé sous
la main.
Elle se manifeste par des gangrènes, à cause de l’effet vasoconstricteur des alcaloïdes
qui se manifeste au niveau des membres qui ne sont alors plus irrigués, noircissent et
finissent par tomber sans douleur, mais aussi par des crises épileptiformes, à cause de
l’action des alcaloïdes au niveau du SNC.
Toutes les femmes qui ont été brûlées pour sorcellerie au 16ième et 17ième siècle
présentaient des crises d’épilepsie qui seraient dues en fait à l’ergotisme et non pas à
un quelconque contact avec des forces obscures.
Ces grandes épidémies ont été suivies d’une baisse de la fertilité.
Les alcaloïdes de l’ergot ont aussi une activité ocytocique (reconnue vers 1880) ; on
connaît d’ailleurs la poudre d’ergot sous le nom de « poudre des parturientes ». A
l’époque, les mères mouraient beaucoup avant, pendant et après l’accouchement ;
l’utilisation de l’ergot, qui est à l’origine du contrôle des hémorragies post-partum, a
permis de diminuer cette mortalité. L’ergométrine notamment est un puissant
ocytocique : il augmente le tonus et la séquence des contractions de l’utérus, d’autant
plus que celui-ci est dans un état de gravidité avancé. L’ergotamine est également un
ocytocique.
L’ergotamine et ses dérivés sont également des vasoconstricteurs des vaisseaux
crâniens utilisés comme antimigraineux.
135
Les alcaloïdes ont été identifiés en 1918 et sont toujours utilisés aujourd’hui. Leurs
propriétés sont tellement intéressantes qu’on a fait des schémas de synthèse et
d’hémisythèse.
Les alcaloïdes puriques sont des bases xanthiques ; on les différencie par le nombre et
la position des méthylations. On retrouve ces bases xanthiques dans le thé, le café, le
maté, le cacao : caféine, xanthine, théophylline, théobromine, ...
Ils sont rares. On pense qu’ils viennent d’une histidine mais cela n’a pas encore été
démontré.
La pilosine et la pilocarpine sont des alcaloïdes présents dans les feuilles de
Jaborandi, un arbuste d’Amérique latine (Pilocarpus microphyllus, Rutaceae). La
pilocarpine est utilisée comme collyre à action pro-cholinergique, myotique donc. Elle
agit en stimulant les récepteurs muscariniques de l’œil et en améliorant le flux de
l’humeur aqueuse. De par ces 2 actions, c’est un agent utilisé dans le traitement du
glaucome, parfois en association avec la physostigmine. Cependant, sa biodisponibilité
est faible, il est rapidement éliminé. Son effet est donc de courte durée.
Pseudo-alcaloïdes
136
L’exemple type est la synthèse de la coniine (principe actif très toxique de Conium
maculatum). La structure de la coniine comporte une pipéridine. Habituellement, les
pipéridines proviennent de la cyclisation d’une lysine. Dans le cas de la coniine, la
pipéridine vient du métabolisme des acétates. L’alcaloïde est construit à partir d’un
acide gras dérivé de l’acétate, l’acide octanoïque (acétate + malonate). Il lui arrive une
série de modifications : le COOH est réduit en CHO et une oxydation fait apparaître
une cétone dans la molécule, puis une transamination sur l’aldéhyde incorpore un NH2
dans la structure. Il se fait que le C + de la cétone est proche du N avec sa pel ; il y a
donc formation d’une base de Schiff, qui permet la cyclisation de la molécule et donc
la naissance de la pipéridine.
Des marquages ont été nécessaires pour pouvoir déterminer cette filiation
biogénétique.
La tyrosine et la dopa sont des précurseurs importants pour toute une série
d’alcaloïdes. La phénylalanine elle-même est moins fréquemment utilisée.
Souvent, la phénylalanine n’apporte pas son N mais est un donneur d’unités C6-C3,
C6-C2 ou C6-C1. Elle apporte donc son squelette carboné sans son N.
Par exemple, dans la synthèse de la colchicine, la phénylalanine fournit son squelette
carboné mais pas son N.
Le squelette carboné donné par la phénylalanine désaminée, un C6-C3 ici, sera aminé
tardivement pour donner les alcaloïdes de type éphédrine.
Dans l’éphédrine, on a un squelette C6-C3, mais, en réalité, il n’y a dans ce squelette
que la partie C6-C1 qui vient de la phénylalanine. La Phe est dégradée pour aboutir à
une unité C6-C1 activée (dérivé ScoA), qui réagit avec un acétate, permettant ainsi
l’incorporation de 2 C supplémentaires ( unité C6-C3).
Après la dégradation, on a donc la re-synthèse d’un dérivé C6-C3 qui peut ensuite
subir une transamination (incorporation d’un NH2). On obtient ainsi la cathinone qui
est réduite au niveau du carbonyle et qui peut éventuellement être méthylée au niveau
du N. La réaction de méthylation éventuelle et de réduction fait apparaître un C*. On a
donc 2 couples d’isomères :
o Pseudoéphédrine/éphédrine dérivés méthylés
o Norpseudoéphédrine (cathine)/noréphédrine dérivés non méthylés.
La classification se recoupant, on a ici des phénéthylamines : C6-C2-N ou phényl-
éthyl-amine.
En voyant la structure finale de ces alcaloïdes, on ne sait pas dire quelle voie de
synthèse en est à l’origine. Cette voie biogénétique a donc été établie grâce à des
marqueurs.
L’Ephedra est une plante connue en Chine depuis longtemps. Les feuilles contiennent
0,5 à 2,5% d’alcaloïdes. Selon l’espèce, l’éphédrine représente 30 à 90% des
alcaloïdes totaux.
Ces alcaloïdes ont une action sympathicomimétique : donc on a des effets similaires à
la NA (bronchodilatation et vasoconstriction efficaces). On utilise notamment la
137
pseudoéphédrine comme décongestionnant nasal. Ces alcaloïdes sont aussi des
stimulants du SNC.
L’Ephedra fait partie des drogues présentes sur les marchés parallèles sous le nom
d’ecstasy naturelle. En effet, à dose élevée, la consommation d’Ephedra engendre des
hallucinations, des paranoïas, des psychoses, ...
Le khat est un stimulant abondamment consommé en Afrique (surtout au nord). Dans
les feuilles fraîches de la plante, on trouve la cathinone qui, après séchage (réduction
enzymatique), devient de la cathine. Avec les feuilles sèches du khat, on a donc une
grande chance d’effet. L’effet de la cathinone est comparable à celui des
amphétamines.
Alcaloïdes terpéniques
a) monoterpénoïdes et iridoïdes
La gentianine est un artefact : cet alcaloïde n’est en fait pas présent dans la plante. On
extrait souvent les alcaloïdes sous forme basique par une base comme le NH4OH. Dans
la plante fraîche, on a le gentiopicroside, un iridoïde. Traité par du NH4OH, celui-ci
réagit pour donner la gentianine, un alcaloïde. L’apparition de gentianine est donc un
artefact de laboratoire !
Cependant, dans certaines plantes, on a isolé la gentianine sous pour autant les avoir
traitées avec du NH4OH. Donc, la gentianine est aussi un alcaloïde naturel provenant
du sécologanoside ou du loganoside MAIS le plus souvent, c’est un artefact !
b) diterpénoïdes
138
aussi bien périphériques qu’au niveau des centres bulbaires. Cela se traduit par un
ralentissement respiratoire et une dissociation auriculo-ventriculaire.
On connaît une espèce du genre Delphinium (Ranunculaceae) qui accumule les
alcaloïdes de type atisine (alcaloïdes non réarrangés donc), moins toxiques que
l’aconitine. Il y a un usage traditionnel d’une décoction de graines de Delphinium pour
éliminer les poux.
Ces Delphinium sont quand même responsables de pas mal de pertes dans les
troupeaux en Amérique du nord.
Les Aconitum sont des espèces herbacées ornementales. Ce sont les plantes les plus
toxiques que l’on peut rencontrer chez nous. Les alcaloïdes sont situés dans les racines
séchées qui en contiennent 0,3 à 1,5%. Dans ces alcaloïdes totaux, il y a environ 30%
d’aconitine.
On utilise l’aconit comme poison de flèche depuis 3000 ans autant en Orient qu’en
Occident. D’ailleurs, le nom « aconit tue-loup » rappelle ce genre d’usage.
C’était un poison populaire chez les Romains ; il l’est d’ailleurs encore de nos jours en
Chine. La dose mortelle pour l’humaine est de 2 à 4g de racine ou de 5ml de teinture,
ce qui équivaut à 3mg d’aconitine. En cas d’empoisonnement, les manifestations
suivantes se déclarent : angoisse, myasthénie, engourdissement, nausées, altération
profonde du rythme cardiaque ; ces manifestations évoluent vers une défibrillation
ventriculaire irréversible et donc vers la mort. C’est un empoisonnement irréversible
et foudroyant, pour lequel il n’existe pas d’antidote !
Chez nous, on utilise la teinture comme anti-congestif dans les sirops contre la toux
sèche non productive de mucus. En Orient, on utilise des préparation hydrolysées
d’aconit : les racines sont trempées dans l’eau puis cuites ou traitées à la vapeur. Ce
traitement hydrolyse les esters ; et étant nettement moins toxiques, les produits
d’hydrolyse sont utilisés pour lutter contre l’arthrite et les rhumatismes.
Il y a régulièrement, en Asie et chez les immigrés chinois, des accidents dus à une
mauvaise préparation ou à un dosage non respecté.
c) triterpénoïdes et stéroïdes
On peut aussi avoir des alcaloïdes formés sur des triterpènes. On les appelle
« azastéroïdes » (voir chapitre des triterpènes).
139
Le N-oxyde de pyrrolysidine se retrouve dans le genre Senecio et est responsable de
dégâts hépatiques importants, notamment chez les animaux qui se nourrissent de ces
plantes.
Dans la plante, on retrouve la sénécionine, alcaloïde dérivé de l’ornithine, et son dérivé
N-oxyde. Les 2 sont métabolisés au niveau hépatique (aromatisation d’un des 2 cycles)
et on obtient un dérivé ester alkylant. Les dérivés alkylants peuvent alkyler l’ADN et
former des adduits sur celui-ci. Ces alcaloïdes ont donc un effet mutagène et
carcinogène.
Toutes les plantes à alcaloïdes dérivés de la pyrrolysidine sont à éviter à cause de leur
effet carcinogène.
On a pu démontrer qu’il existe des N-oxydes pour d’autres alcaloïdes, comme la
réserpine, la strychnine et les alcaloïdes des Solanaceae mydriatiques (sous forme de 2
isomères N-oxydes dérivés de l’hyoscyamine).
Ces N-oxydes pourraient être des intermédiaires de biogenèse. Ils pourraient aussi
faire partie d’un mécanisme redox important pour les plantes. Une autre hypothèse dit
qu’ils pourraient être, de par leur solubilité dans l’eau, des molécules de transport et de
translocation.
Actuellement, il n’y a plus de N-oxydes utilisées en thérapeutique ; ils ne nous
intéressent plus beaucoup.
Les alcaloïdes sans O dans leur structure sont le plus souvent liquides, parfois
volatils ; et quand leur structure n’est pas trop complexe, ils sont entraînables à
la vapeur d’eau.
Leur premier nom fut « alcalis végétaux » ; il nous rappelle que les alcaloïdes
se comportent comme des bases : ils fournissent avec les acides des sels qui
cristallisent beaucoup mieux que les bases correspondantes. Donc, en
thérapeutique, on retrouve souvent des chlorhydrates, des sulfates, ...
d’alcaloïdes. En plus, sous forme basique, les alcaloïdes sont plus sensibles aux
dégradations. On a donc tout intérêt à les utiliser sous forme de sels.
La forme base est insoluble dans l’eau et soluble dans les solvants organiques.
La forme acide (sel) est soluble dans l’eau, dans les alcools de faible poids
moléculaire et insoluble dans les solvants organiques. Cette propriété est mise à
profit pour isoler les alcaloïdes de la plante.
140
n’est pratiquement pas basique.
Le noyau hétérocyclique de base, avec ses contraintes stériques, peut aussi
modifier la basicité. Dans la pyridine, la quinoléine et l’isoquinoléine, le cycle
est aromatique sans avoir besoin du dnl du N, le dnl est libre et n’entre pas dans
l’aromaticité : l’alcaloïde est donc une base forte. Dans le pyrrole et l’indole, le
dnl est nécessaire pour l’aromaticité du cycle, le dnl est donc délocalisé et les
alcaloïdes dérivés de ces cycles sont nettement moins basiques que les
précédents. Parfois, l’imbrication des cycles provoque
des contraintes stériques qui rendent le dnl moins disponible.
Si on a une fonction particulière (N-oxyde, iminium), la basicité est aussi
modifiée.
Extraction
141
4’) Reprise du résidu par un acide dilué : les alcaloïdes sont alors sous forme acide
et
passent dans la phase aqueuse. D’autres composés comme les résines passent
aussi dans la phase aqueuse ; donc, on filtre ce qui ne s’est pas solubilisé.
5’) Introduction d’un solvant de lavage qui entraîne tout ce qui ne nous intéresse
pas,
càd tout sauf les alcaloïdes.
L’étape initiale (soit alcalinisation, soit acidification) est justifiée par le fait que les
plantes contiennent les alcaloïdes sous forme de sels d’acide minéral ou organique (par
exemple, l’acide méconique et l’acide quinique), ou en combinaison avec des
polyphénols, en particulier les tanins. Par exemple, pour le quinquina, il est difficile de
séparer les alcaloïdes de leur partenaire, l’acide quinique ou des tanins ;
l’extraction nécessite donc des conditions drastiques.
Pour l’alcalinisation, le choix de la base est très important. On utilisera souvent le
NH4OH. Si on a une fonction labile en milieu alcalin (par exemple une fonction ester),
on préfère utiliser les carbonates afin de ne pas avoir un pH trop haut.
Si les alcaloïdes à extraire sont fort basiques, il est nécessaire d’avoir un pH élevé ;
donc, on utilise plutôt du NaOH, du Ca(OH)2 ou du Mg(OH)2.
En cas d’alcaloïdes fortement basiques en combinaison avec des tanins, on doit utiliser
des bases fortes pour les libérer.
!!! Si on est en présence d’un alcaloïde combiné à un phénol, le fait de monter trop
haut en pH transforme le phénol en anion phénolate soluble dans l’eau, qui ne pourra
pas être extrait par un solvant organique. Cette caractéristique permet de séparer les
alcaloïdes phénoliques des autres alcaloïdes. Par exemple, dans l’opium, on a un seul
alcaloïde avec une fonction phénol : la morphine. A pH fortement alcalin, seule la
morphine reste en phase aqueuse, les autres alcaloïdes de l’opium sont extraits par une
phase organique. Donc, cet inconvénient des phénols peut être mis à profit pour
séparer spécifiquement
les alcaloïdes phénoliques des autres alcaloïdes !
Reprenons...
La solution aqueuse est alcalinisée puis extraite par un solvant organique. Après
évaporation, on obtient un résidu d’alcaloïdes bruts. On peut peser ce résidu et on
obtient ainsi le % m/m des alcaloïdes totaux présents dans la plante. C’est donc un
moyen de standardisation.
142
Les méthodes décrites ci-dessus sont générales et applicables à beaucoup de plantes
différentes.
Dans certains cas, il faut adapter la méthode. L’adaptation est nécessaire :
Si les alcaloïdes bases sont trop solubles dans l’eau (éphédrine, colchicine, ...).
Si les sels d’alcaloïdes sont peu solubles dans l’eau et/ou solubles dans les
solvants organiques : dans ce cas, les sels restent en phase organique au lieu de
passer en phase aqueuse.
143
alcaloïdes. On précipite généralement des sels dans des mélanges de solvants
appropriés. Certains sels sont plus solubles que d’autres. En choisissant bien le
sel et les solvants, on peut faire des précipitations sélectives. Ainsi, les sulfates,
les chlorhydrates et les bromhydrates d’alcaloïdes sont souvent plus solubles
que les autres.
Méthodes d’analyse
Réactifs de précipitation
144
Certains de ces réactifs, comme l’iodoplatinate ou le Draggendorff, sont utilisables
pour la révélation sur couche mince (lorsque les précipités obtenus sont colorés).
Ces méthodes de précipitation sont applicables à plein d’alcaloïdes.
Certains de ces réactifs sont également utilisés pour réaliser une analyse gravimétrique
des alcaloïdes ; c’est le cas du sel de Reinecke et de l’acide phosphotungstique, mais
aussi de l’acide picrique.
Réactifs de coloration
En général, ces réactifs de coloration sont intéressants quand les alcaloïdes sont
suffisamment isolés et purs. En effet, d’autres substances accompagnant les alcaloïdes
dans les extraits bruts obtenus à partir d’une plante peuvent donner des réactions
pouvant être interprétées comme faussement positives. Par exemple, avec le réactif de
Draggendorff, on peut avoir des faux positifs avec des protéines, des coumarines, des
hydroxyflavones ou des lignanes.
En toxicologie, les ptomaïnes (produits de putréfaction) peuvent aussi donner des faux
positifs.
Tous ces réactifs sont utiles, mais en général on ne peut pas se passer des techniques
de chromatographie !
Caractérisation chromatographique
En CCM, on peut révéler les alcaloïdes avec des réactifs généraux comme
l’iodoplatinate de K ou le Draggendorff ; on peut aussi parfois utiliser des réactifs plus
spécifiques. Par exemple, il y a un nombre non négligeable d’alcaloïdes indoliques qui
réagissent avec la diméthylaminobenzaldéhyde ; et pour les phénéthylamines, on peut
utiliser la ninhydrine.
Détermination quantitative
145
La concentration en alcaloïdes dans les végétaux peut varier très fort : de
quelques
ppm (par exemple pour Cataranthus) à plus de 10 % (par exemple pour le Quinquina).
Les teneurs varient en fonction de l’espèce/genre auquel on a affaire mais elles sont
également très sensibles aux conditions écophysiologiques. Par exemple, la
photopériode (alternance jour/nuit) peut fortement modifier la teneur en alcaloïdes ;
cela a été très bien montré chez les alcaloïdes du Datura.
Cela fait que la détermination quantitative des alcaloïdes doit être adaptée aux
caractéristique structurales des alcaloïdes à doser mais aussi à la drogue dont ils sont
extraits : on n’utilise évidemment pas la même méthode si on doit doser quelques ppm
ou plus de 10 % d’alcaloïdes !
On peut aussi réaliser un titrage acide base en milieu aqueux ou, et c’est
préférable,
en milieu non aqueux qui exalte la force des bases ; on travaille alors dans l’acide
acétique anhydre et on titre par l’acide perchlorique. Ce type de méthode est applicable
si les alcaloïdes sont présents en grande quantité dans la plante.
Toutes ces méthodes nous donnent un totum alcaloïdique. Les alcaloïdes de ce totum
peuvent présenter des activités pharmacologiques très différentes et inégales. Il est
donc nécessaire de doser séparément soit l’alcaloïde principal, soit l’alcaloïde le plus
actif sur le plan biologique. Par exemple :
- la poudre d’opium est standardisée en morphine,
- la poudre de quinquina est standardisée en quinine.
Pas mal de méthodes anciennes existent, qui consistent en des séparations plus
ou
moins précises. Mais peu à peu, on a substitué ces méthodes par des méthodes
chromatographiques, surtout l’HPLC, nettement plus spécifiques. Une bonne partie
des alcaloïdes absorbent dans l’UV ; on peut donc utiliser un détecteur UV. Si ce n’est
pas le cas, soit on dérive les alcaloïdes en leur ajoutant un chromophore qui absorbe
dans l’UV, soit on utilise un détecteur spectrométrie de masse.
146
Intérêt pharmaceutique et thérapeutique
Ces dérivés sont phénoliques, non azotés et le(s) cycle(s) aromatique(s) sont
principalement issus du métabolisme de l’acide shikimique, mais aussi parfois de la
voie des acétates (c’est plus rare).
Les tanins
Introduction
147
hydrosolubles, et dont le poids moléculaire s’étage entre 500 et 3000.
Ils présentent les réactions classiques des phénols, et surtout les propriétés de
s’associer facilement avec des macromolécules (protéines ou certains polyholosides).
Le test le plus simple pour les identifier est de regarder si l’extrait aqueux du végétal
obtenu précipite une solution de gélatine.
Les tanins sont situés dans des vacuoles intracellulaires, où ils peuvent atteindre
des concentrations élevées. Ils y sont fréquemment en combinaison avec des protéines,
des polyholosides, parfois des acides nucléiques ou encore des alcaloïdes.
Quand la concentration en tanins dans la plante devient très grande, ils tendent à
se localiser dans une partie spécifique du végétal comme les fruits, les feuilles, les
écorces ou les racines ; ils se concentrent donc généralement au niveau des cellules
épidermiques. On les retrouve parfois dans des cellules spécialisées, les idioblastes à
tanins.
Classification et structure
Il y a 3 types de tanins :
- les tanins hydrolysables
- les tanins condensés ou procyanidols, qui sont des polyflavonoïdes
- les tanins complexes qui sont des tanins présentant, dans la même structure,
un tanin complexe et un tanin hydrolysable.
148
l’acide m-digallique : 2 acides galliques liés par un lien ester entre un –COOH
et un –OH ; on parle de lien depsidique, qui peut être en configuration para
ou meta.
l’acide p-digallique : le lien depsidique est en configuration para.
l’acide hexahydroxydiphénique (HHDP) : 2 acides galliques liés par un lien C-
C
l’acide déhydrodigallique : 2 acides galliques liés par un lien éther
Il existe donc 3 modes de liaison possibles entre 2 acides galliques.
En réalité, la distinction entre ces 2 sous-groupes ne tient pas la route. En effet, l’acide
ellagique correspond à une lactonisation de l’acide HHDP (estérification interne avec
apparition de fonctions lactone).
Dans la plante, avant hydrolyse de l’HHDP, on a 2 –OH liés à des glucoses. Après
hydrolyse, il y a lactonisation spontanée. Il y a différentes possibilités de lactonisation
pour l’acide chébulique. L’acide valonéique correspond à 3 acides galliques estérifiés
(2 fonctions lactone et un lien éther).
Les tanins galliques donnent, par hydrolyse, beaucoup d’acide gallique et très peu
d’ellagique ; alors que l’hydrolyse des tanins ellagiques fournit beaucoup d’acide
ellagique et très peu de gallique.
Biogenèse
149
La polycondensation de l’acide gallique avec un UDP-ose (ose activé) aboutit à la
formation de tanins galliques.
Deux acides galliques peuvent se coupler oxydativement pour donner de l’acide
HHDP, celui-ci se lactonise spontanément en acide ellagique.
L’acide ellagique ou l’acide HHDP peuvent ensuite co-polymériser avec des UDP-
oses : aboutit ainsi aux tanins ellagiques.
Assemblage phénol-oses
Les tanins sont des polymères. Pour synthétiser ces polymères, il faut créer des liens.
Ce sont souvent des liens ester entre un –COOH de l’acide phénolique et un –OH. Ce
–OH peut être une fonction alcool d’un des sucres ou une fonction phénol d’un autre
acide phénolique. Le tanin grandit par formation de ces liens ester.
Sur le transparent, la molécule présentée est le pentagalloylglucose. C’est un
pentaester du glucose : les 5 fonctions –OH du glucose sont estérifiées par 5 acides
galliques. Ce pentagalloylglucose est le tanin le plus commun ; il occupe une place
importante dans le métabolisme des tanins. C’est une molécule de base pouvant
évoluer vers des molécules plus lourdes, via des liens depsidiques et esters (on aboutit
alors aux tanins galliques) ou via des couplages oxydatifs phénol-phénol (on se dirige
alors vers les tanins ellagiques). Dans certains cas, on peut avoir des couplages
oxydatifs phénoliques avec des flavonoïdes : on aboutit alors aux tanins complexes.
Extraction
150
Propriétés générales et méthodes d’analyse
Solubilité
Les tanins sont souvent solubles dans l’eau, où ils forment des solutions colloïdales.
La solubilité est en fait fonction du degré de polymérisation. Les tanins sont souvent
aussi solubles dans l’éthanol, le méthanol et l’acétone.
Oxydables
Les polyphénols sont des molécules facilement oxydables ; l’oxydation est favorisée
en milieu alcalin et lors du séchage (enzymes polyphénoloxydases).
Réactions colorées
Avec les tanins, les réactions de coloration des phénols sont positives :
- avec FeCl3, on obtient une coloration bleu-vert
- avec le ferricyanure de K et l’ammoniac, on obtient une coloration rouge
- avec l’iodate de K, la coloration obtenue est rose.
Réactifs de précipitation
On a également des réactifs permettant de précipiter les tanins :
o excès de métaux lourds
o solution aqueuse de dichromate de potassium
o phosphomolybdate d’ammonium
o urotropine (à pH 5-6 et en présence d’ions métalliques)
Caractérisation chromatographique
Les tanins se trouvent dans les plantes sous forme de mélanges complexes comprenant
différents isomères, différents types de liaisons et différents degrés de polymérisation ;
et la séparation chromatographique, quand les poids moléculaires sont importants,
n’est pas facile à réaliser.
La CCM n’est faisable que si les tanins de faible poids moléculaire sont majoritaires
dans le mélange. Par exemple, dans l’écorce d’hamamélis, on retrouve surtout
l’hamamélitanin avec un ose et 2 unités galliques (faible poids moléculaire donc).
Phase stationnaire : cellulose ou polyamide
Révélation : UV ou réactif des phénols
On peut également utiliser des colonnes d’exclusion avec un tamis moléculaire pour
séparer les tanins.
L’HPLC est également une bonne méthode pour séparer les tanins.
Déterminations structurales
Les tanins sont difficiles à analyser au niveau structural.
Avec le FAB-MS et l’électrospray-MS, on a fait pas mal de progrès : on a pu ainsi
déterminer les poids moléculaires et observer une fragmentation significative.
Avec la RMN, on peut repérer les monomères constitutifs et les modes de liaison.
Malgré ces méthodes, l’étude structurale des tanins doit quand même faire appel à des
dégradations chimiques, telles que l’hydrolyse des oligomères, les dégradations et la
détermination des degrés de polymérisation, de réticulation, ...
151
Les premiers auteurs qui ont étudié les tanins les hydrolysaient complètement et n’ont
donc pu qu’étudier les produits d’hydrolyse.
Dosages chimiques
On précipite les tanins par des sels de métaux lourds ou des protéines (gélatine
ou caséine) puis on isole le précipité obtenu et on le pèse ; on peut également
travailler avec un excès de réactif de précipitation et déterminer ainsi, après
précipitation, la quantité de réactif qui a été nécessaire.
La méthode biologique est basée sur le fait que les tanins se fixent sur les
hématies et les agglutinent. On recherche la quantité minimale d’extrait ayant
toujours ce pouvoir agglutinant. Comme pour la détermination de l’indice
hémolytique, les conditions sont bien définies et on opère par rapport à une
substance de référence, l’acide tanique, qui permet de gommer les différences
entres donneurs. Pour évaluer l’agglutination, on utilise une méthode visuelle
ou colorimétrique. Cette méthode est très bien car elle est plus en relation avec
l’activité biologique des tanins.
!!! Cette méthode n’est pas applicable à des drogues qui, en plus des tanins,
contiennent des saponosides car ces derniers provoquent l’hémolyse des
globules rouges ; il n’y a donc plus rien à agglutiner !!!
Activité biologique
Les tanins interagissent avec les protéines, ils exercent donc de nombreuses
activités biologiques. En fait, ils interagissent surtout avec des enzymes ; on peut alors
avoir inhibition de l’activité enzymatique.
On a une co-précipitation des tanins avec les protéines et cette co-précipitation
implique 2 mécanismes successifs :
152
I. Le premier résulte d’une combinaison entre les tanins et les protéines par
formation de ponts H entre les –OH des tanins et différents groupements des
protéines (surtout les groupements C=O des liens peptidiques).
Si on a des petits tanins (par exemple les galloylglucoses), il faut au moins 3
unités galloyl sur le glucose pour avoir une liaison significative.
II. Quand il y a suffisamment de groupes –OH pour les liaisons et en fonction
du degré de polymérisation des tanins, des complexes s’établissent. Ces
complexes sont dissociables (la réaction de complexation est réversible).
Dans ces complexes, les tanins forment une couche moins hydrophile à la
surface des protéines plus hydrophiles : il y a donc co-précipitation (il faut
que le nombre d’unités galloyl soit suffisant).
De par cette co-précipitation avec les protéines, les tanins peuvent se fixer sur le
collagène de la peau, la rendant ainsi imputrescible.
Les industries de tannage les ont beaucoup utilisés pour améliorer la
conservation des peaux et permettre l’utilisation des cuirs.
Dans l’industrie alimentaire, les tanins permettent de co-précipiter des
solutions colloïdales d’origine protéique ; cette propriété est, par exemple, mise
à profit pour clarifier des boissons telles que la bière.
153
o Les propriétés antiseptiques s’expliquent par le fait que les bactéries sont
privées d’un milieu de culture favorable (comprenant notamment des protéines)
puisque les tanins le précipitent. Ces propriétés sont utiles pour traiter les brûlures
superficielles. Les protéines précipitant en surface, les couches cutanées sous-jacentes
s’en retrouvent ainsi protégées.
o Comme les tanins sont vasoconstricteurs capables d’agglutiner les
hématies
et, ils sont également hémostatiques. On les utilise d’ailleurs en médecine
traditionnelle pour traiter l’épistaxis.
o Les tanins sont des polyphénols ; comme tous les phénols, ils possèdent
donc des propriétés antimicrobiennes. Certains tanins inhibent même la réplication
des virus et leur pénétration dans les cellules. On a montré que certains tanins avaient
des propriétés anti-VIH.
!!! Comme les tanins ont la faculté de précipiter les protéines, on peut croire que tous
les tanins précipitent les enzymes et les inactivent, mais c’est faux : certaines
spécificités peuvent apparaître. On peut avoir une affinité beaucoup plus marquée pour
certains peptides et protéines, surtout ceux riches en proline. Si ces peptides possèdent
des activités biologiques (comme les angiotensines par exemple), ces activités seront
modifiées in vivo en présence de tanins : il y a une action sélective sur ces peptides et
protéines.
154
mitochondries et des microsomes hépatiques. Ils sont donc également hépato-
protecteurs et anti-hépato-toxiques. Cela a été notamment démontré pour la racine de
chicorée. Les tanins sont des antioxydants,
ils ont donc une activité favorable sur la résorption de l’acide ascorbique en le
protégeant dans le tractus intestinal.
o Certains tanins ont une activité facteur P ; càd qu’ils ont une action
veinotrope (renforcement de la paroi des capillaires).
o Certains tanins ellagiques présentent une activité immunostimulante
mais
aucun intérêt thérapeutique n’a encore été établi.
o Ces molécules sont des polymères. Au niveau du tube digestif, elles sont
hydrolysées (cela a été démontré in vitro et in vivo) intensément par les enzymes et les
pH. Les ellagitanins notamment peuvent libérer de l’acide ellagique. On a montré que
cet acide pouvait lier des carcinogènes éventuellement présents dans les intestins.
Cette propriété permet d’inhiber la mutagénicité et la carcinogénicité de certains
composés ingérés. Certains tanins peuvent ainsi s’avérer être antimutagènes.
Consommer des aliments contenant des ellagitanins constitue une prévention contre le
cancer colorectal surtout. ellagitanins = phytonutriments
On retrouve de l’acide ellagique dans les fraises, framboises, raisins, cassis et noix.
Pour vérifier cette anti-mutagénicité, on a injecté en intra-péritonéal à des souris des
ellagitanins. On a ainsi montré qu’ils permettent de faire régresser la croissance de
certaines tumeurs. Le mécanisme d’action consiste en la diminution de sécrétion des
cytokines pour les cellules tumorales.
Toxicité
Il est bien établi qu’il y a une interaction avec le fer ; il y a donc une
diminution
de la biodisponibilité du fer bioalimentaire. Ainsi, si on suit un régime alimentaire
riche en tanins pendant longtemps, on risque de souffrir d’une anémie.
155
Les lignoïdes
Introduction et classification
Les lignoïdes sont très répandus dans les végétaux. Ce sont notamment les précurseurs
de la lignine (polymère imprégnant la membrane cellulaire de certains tissus comme
les vaisseaux et les fibres).
Aujourd’hui on distingue 5 groupes de lignoïdes :
Ils résultent de la liaison 8-8’ (C latéraux ) de 2 unités C6-C3 ; ce sont donc des
molécules en C18.
Trois exemples sont illustrés sur le transparent. Les 3 molécules ont l’air complexe
mais en réalité, ce sont juste des combinaisons de 2 unités phénylpropanes plus ou
moins réarrangées.
- L’acide guaiarétique est le constituant majeur de la résine de gaïac ; c’est un
réactif utilisé en labo permettant de caractériser les peroxydases, les
oxydases et les cyanures.
- La cubébine qu’on retrouve dans les Cubeba a longtemps été utilisée comme
substitut du poivre noir. Elle possède des propriétés analgésiques.
- La podophyllotoxine est le constituant majeur de la résine de podophyllum
obtenue par précipitation de l’extrait alcoolique de la racine : on ajoute de
l’eau jusqu’à précipitation de la résine. La racine contient 15 à 60 % de
lignanes cytotoxiques et glucosides correspondants. La podophyllotoxine est
le composé majoritaire. Ces lignanes sont des antimitotiques qui lient la
tubuline du fuseau et empêchent ainsi la polymérisation et l’assemblage des
microtubules (même mode d’action que la colchicine). Ce sont donc des
poisons du fuseau.
La podophyllotoxine est aussi un toxique violent, ce qui empêche son
utilisation clinique comme anticancéreux.
Les glucosides sont moins actifs que les génines mais ont des effets
secondaires moins marqués.
On a fait des hémi-synthèses à partir de la podophyllotoxine. Le plus
important des dérivés hémi-synthétiques est l’étoposide, qui est la molécule
de base d’une classe d’anticancéreux très utilisés en médecine humaine.
L’étoposide contient 2 molécules d’oses et est obtenue par hémi-synthèse à
partir d’un glucoside naturel (podophyllotoxine). Curieusement, ces dérivés
ne sont plus des poisons du fuseau mais des inhibiteurs de topoisomérases
II. La podophyllotoxine peut être utilisée en
topique pour traiter les verrues (surtout les condylomes).
La grossesse et l’allaitement sont des contre-indications absolues pour
l’utilisation de la podophyllotoxine et ses dérivés. Un moyen de
contraception doit d’ailleurs être associé au traitement.
156
2) Les néolignanes
3) Les oligomères
4) Les nor-lignanes
157
Ces molécules (les lignanes) sont peu solubles dans l’eau. On en fait donc des
complexes avec, par exemple, la phosphatidylcholine.
Dans les différents groupes de lignanes, il existe différentes molécules. En effet, on
peut avoir des substitutions par des –OH, des –OCH3, par des fonctions méthylène-
dioxy (pont méthylène entre 2 –OH). On a aussi la possibilité de faire des lactones ou
des esters internes.
Ces métabolites peuvent également se présenter sous forme d’hétérosides ou de
polymères.
Exemple : la lignine du hêtre
Biogenèse
Activité biologique
Activité antioxydante
De part la présence de phénols
Activité antibactérienne
158
Activité antimitotique et antinéoplasique
Etc...
Les coumarines
Structure et biogenèse
159
La structure coumestane, dans laquelle un cycle aromatique est fixé sur le noyau
coumarinique, se rencontre de temps en temps.
Méthodes analytiques
La plupart des coumarines présentent une fluorescence, sauf la plus simple des
coumarines, non fluorescente (voir transparent). Cependant, par hydrolyse de la
lactone en milieu alcalin et par exposition sous une lampe UV, on provoque une
réaction photochimique (isomérisation de la double liaison) et on obtient ainsi un
dérivé TRANS fluorescent.
Les autres coumarines sont quasiment toutes fluorescentes. La fluorescence varie du
bleu, jaune au pourpre en fonction des substituants sur le cycle. La fluorescence
s’intensifie en milieu alcalin. On a donc un moyen sensible, après la CCM ou
l’HPLC, pour détecter les coumarines, mais aussi un moyen de traçage : on utilise
souvent les coumarines comme traceurs pour caractériser les plantes médicinales.
De plus, le spectre UV-visible caractéristique des coumarines est très caractéristique,
fortement influencé par les substituants présents et modifié profondément en milieu
alcalin (càd par ouverture de la lactone).
Les dérivés des coumestanes ont des activités oestrogéniques, ce sont en effet
des phyto-oestrogènes.
Toxicité
Les coumarines sont apparemment non toxiques in vivo ; mais on ne peut plus les
utiliser pour aromatiser les aliments. En Allemagne, la concentration en coumarines est
fortement règlementée ; par exemple, pour le Maitrank, la concentration maximale en
coumarines est de 5 mg/l.
Le mélilot est une plante fourragère. Quand elle est stockée dans de mauvaises
conditions, elle peut subir des contaminations fongiques. En réponse à ces
contaminations, la plante synthétise des substances de protection, telles que les
phytoalexines, parmi lesquelles l’acide ortho-hydroxy-cinnamique. Cet acide est
métabolisé en dicoumarol, qui possède de fortes propriétés anticoagulantes. Le bétail
qui consomme ce mélilot gâté présente donc des phénomènes hémorragiques.
D’ailleurs, le dicoumarol a servi de modèles pour les anticoagulants coumariniques de
synthèse, qui sont des antagonistes de la vit K1.
Les dérivés coumariniques ont en général une activité anticoagulante et pourraient
passer dans le lait maternel. Les mères allaitantes doivent donc éviter les
phytomédicaments contenant des dérivés coumariniques (marronnier d’Inde, piloselle,
mélilot, ...).
160
Dérivés des aminoacides arèniques et de l’acétyl-CoA
Les flavonoïdes
Introduction
Les flavonoïdes ont une structure basée sur le cycle flavanne ou 2-phénylchromane.
Cette structure est à l’origine de plein de constituants (plus de 4000) connus sous le
nom de flavonoïdes (flavus = jaune en latin).
Ils sont répandus dans tout le Règne Végétal car présents dans toutes les cellules qui
font de la photosynthèse. Donc, on ne les trouve pas dans les champignons !
Certains flavonoïdes sont ubiquitaires : on les retrouve partout ; alors que la présence
d’autres flavonoïdes particuliers est réduite à certains genres ou espèces. En général, la
répartition est différenciée au niveau des organes de la plante.
Les insectes peuvent accumuler et/ou synthétiser des flavonoïdes. Mais tous les autres
organismes d’origine animale sont incapables de synthétiser le flavanne et
d’accumuler les flavonoïdes dans les tissus car ils les métabolisent trop rapidement ;
donc, pour tous les autres animaux que les insectes, les flavonoïdes sont exogènes.
Localisation
Dans toutes les cellules végétales, les flavonoïdes sont présents essentiellement au
niveau des chloroplastes, et plus précisément au niveau des thylakoïdes (lieux où se
déroule la photosynthèse). Cela signifie que les flavonoïdes jouent un grand rôle au
niveau redox et au niveau de la régulation des échanges ioniques, importants dans la
photophosphoryla-
tion.
La plante les accumule dans des vacuoles et les flavonoïdes sont surtout abondants
dans les organes jeunes.
Variations structurales
Les flavonoïdes possèdent une structure de base sur laquelle beaucoup de variations
peuvent avoir lieu :
substitutions par un hydroxyle (position déterminée par la biogenèse), un
méthoxyle ou un méthyle ; la production des flavonoïdes oxygénés est favorisée
par la lumière
introduction d’un cycle furanne grâce à un isoprène ( furocoumarines)
conjugaison avec des oses ; les flavonoïdes se trouvent donc sous forme
d’hétérosides O ou C
acylation de ces oses par un acide aliphatique ou aromatique
les oses peuvent être des mono-, di-, ou trisaccharides ; par exemple, on peut
avoir le rhamnose, l’apiose, le xylose, l’arabinose, le galactose, le glucose, ...
sulfurylation et/ou estérification des oses
161
polymérisation des flavannes : plusieurs degrés de polymérisation sont
observés : di-, tri-, tétra-, ..., polymères.
Interconvertibles
Biogenèse
Avec les flavonoïdes, on est dans les dérivés des acides aminés aromatiques.
Cette chalcone est assez instable et en état d’équilibre avec la forme flavanone ; en
fait, on a une isomérase dans la plante capable de transformer la chalcone en flavanone
(réaction réversible).
Pour la fermeture du cycle central, une enzyme prend les électrons de la double liaison
puis lie le C avec le O de façon covalente. Dans certaines plantes, la fermeture ne se
fait pas avec le C du cycle mais avec le : on obtient alors une aurone.
162
Les aurones sont parfaitement conjugués ; ce sont d’ailleurs des pigments rouges-
orangés qui colorent les fleurs, en particulier chez les Asteraceae et les
Scrophulariaceae.
1. déshydrogénation
On obtient une flavone, où il y a de nouveau de la conjugaison. Les flavones sont des
pigments jaune pâle, qu’on retrouve dans les fleurs, les feuilles, les graines et les fruits.
La flavone sans –OH ne se retrouve pas dans la nature ; par contre, on retrouve
fréquemment des dérivés naturels hydroxylés et méthoxylés. Les flavones jouent un
rôle important dans la photosynthèse ; dans la plante, ce sont des facteurs de
croissance. Ils jouent un rôle dans la différenciation cellulaire et dans le
développement des cotylédons et des feuilles.
2. hydroxylation :
L’hydroxylation se fait en position 3 par l’intervention d’une hydroxylase ; on obtient
un flavonolol ou dihydroflavonol. Ce flavonolol peut aussi être déshydrogéné pour
donner un flavonol.
Les flavonols peuvent également être directement formés par une hydroxylase qui
introduit un –OH sur une flavone.
Les flavonols possèdent des cycles parfaitement conjugués : ce sont donc des pigments
colorés en jaune pâle, très largement distribués dans le Règne Végétal et surtout
présents quand les plantes sont pauvres en flavones.
Toutes ces molécules sont interconvertibles et jouent un rôle redox important pour
la plante !
163
I. Ceux qui le possèdent sont particulièrement instables et ont
tendance à polymériser rapidement ; on ne les retrouve donc
qu’à l’état de traces dans les plantes. Ces dérivés
trihydroxylés ont donc un phénol en R3 ; cela active la
fonction du C4, augmente son caractère électrophile, et lui
permet de réagir avec des centres nucléophiles d’autres
molécules de leucoanthocyanidols. Cela permet la
polymérisation.
II. Ceux qui n’ont pas de –OH en R3 sont nettement plus
stables ; on les retrouvera partiellement sous forme de
polymères.
164
violette et les fruits de cassis peuvent ainsi être caractérisés grâce à leurs
anthocyanidols, notamment par des CCM en milieu acide (permet de stabiliser les
molécules).
Les biflavonoïdes sont des dimères de flavonoïdes obtenus par couplage oxydatif
phénolique à partir de monomères de flavones ou de flavanones.
Ces biflavonoïdes sont plutôt caractéristiques des gymnospermes. On les retrouve par
exemple dans les principes actifs du Ginkgo biloba.
Le scoparoside se retrouve dans le genêt à balai. Cette plante contient des alcaloïdes
quinolysidiques. L’effet diurétique associé au genêt à balai est purement marginal.
Cette plante n’a donc plus beaucoup d’intérêt thérapeutique.
Le rutoside est un flavonol très répandu. C’est en fait un hétéroside : la génine est le
quercétol (c’est le flavonol le plus répandu) et le sucre est le rutinose.
Le rutoside était utilisé pour teindre la soie et aujourd’hui, on l’utilise pour ses
propriétés facteur P, donc pour le traitement des manifestations d’origine vasculaire :
fragilité capillaire, crise hémorroïdaire, insuffisance veineuse et lymphatique.
On associe parfois ce rutoside à la vincamine (alcaloïdes modifiant la forme des
globules rouges et améliorant l’oxygénation des organes dont le cerveau).
L’association vincamine-rutoside est parfois utilisée pour améliorer les symptômes du
déficit intellectuel.
Le cyanidol est la génine la plus répandue. Ce type de composé est utilisé comme
colorant dans l’industrie alimentaire (confitures, confiseries, boissons, ...). On les
utilise aussi pour traiter les problèmes d’origine vasculaire.
Certains biflavonoïdes sont plus rares mais sont utilisés pour leur intérêt
thérapeutique. C’est notamment le cas de ceux retrouvés dans les feuilles de Ginkgo.
Dans le Ginkgo, on trouve également des diterpènes actifs. Les flavonoïdes participent
à l’activité de la drogue car ce sont de très bons antioxydants. Ainsi, on trouve dans le
commerce beaucoup d’extraits de Ginkgo standardisés en diterpènes et en
biflavonoïdes.
Intérêt chimiotaxinomique
165
L’identification des flavonoïdes dans les végétaux présente un double intérêt :
- d’un point de vue chimiotaxinomique
- en raison de leur intérêt thérapeutique.
Photo de la CCM
Tous les Equisetum présentés (9 espèces en tout) sont vendus sous forme d’extraits
« Equisetum ». Ils présentent un effet diurétique, mais il est cliniquement très faible.
La prêle est aussi reminéralisante ; en fait, elle contient du silicium organique qui
interviendrait dans le métabolisme phospho-calcique et dans la régénération des tissus
conjonctif. Mais cliniquement, on n’a pas su mettre en évidence ces effets.
C’est une drogue très populaire !
La CCM nous montre à quel point les extraits vendus sous le même nom sont
différents du point de vue composition. Cette CCM permet d’identifier les espèces
auxquelles on a affaire mais aussi de repérer les falsifications.
Les flavonoïdes nous permettent donc de déterminer, pour certains genres, l’espèce à
laquelle on a affaire.
Extraction
Les hétérosides sont solubles dans les solvants polaires (éthanol, méthanol) et
insolubles dans les solvants apolaires (éther, chloroforme, toluène).
Les génines ont des propriétés de solubilité inverses à celles décrites ci-dessus :
insolubles dans les solvants polaires (en particulièrement dans l’eau) et solubles dans
les solvants apolaires.
Les flavonoïdes (les plus oxygénés surtout) sont relativement peu stables. Ils se
dégradent facilement à la chaleur, la lumière et en milieu alcalin.
Les polyols peuvent facilement être oxydés en quinoïdes. Cette oxydation est favorisée
par les enzymes mono- ou polyphenoloxydases présentes dans les plantes. Pour
certains dérivés, le fait d’être oxydés entraîne une polymérisation oxydative.
Quand on veut caractériser les flavonoïdes dans une plante, il faut faire attention !
166
A voir au cas par cas !
Réactions de coloration
Test de Shinoda
Le test de Shinoda porte également le nom de réaction à la cyanidine.
On traite les flavonoïdes par un fragment de Mg en présence d’HCl concentré. Ce sont
donc des conditions réductrices. On obtient ainsi un dérivé flavylium de type
anthocyanidol, coloré en rouge ou en violet (la coloration précise dépend des
substituants présents au départ).
Réactif de Neu
Ce réactif est un complexe entre le diphénylborate et l’aminoéthanol.
Avec les flavonoïdes, il y a formation de diphénylborchélates de flavonoïdes. Ce
réactif est utilisé pour la révélation en CCM. La complexation avec le diphénylborate
rigidifie les flavonoïdes, ce qui augmente la fluorescence.
En fait, pour la révélation en CCM, on pulvérise le diphénylborate d’aminoéthanol,
puis un polymère (le propylène glycol) qui protège la plaque de l’oxygène et des
photodégradations oxydatives qui y sont associées.
Sur la photo de la CCM d’Equisetum, la révélation a été réalisée avec le réactif de
Neu. On constate que la fluorescence est très différente en fonction des substances.
Chlorure ferrique
C’est un réactif classique des phénols. En fonction du pH, on a des colorations
différentes.
A part la réaction de Shinoda, toutes les réactions présentées ci-dessus peuvent être
utilisées pour la révélation en CCM.
Spectres
Dosages
167
Méthodes chromatographiques
- sur papier
- sur couche mince (silice, cellulose, polyamide)
- électrophorèse (si les dérivés sont chargés)
- HPLC (très souvent utilisée)
- GC pour les molécules (uniquement les génines, pas les hétérosides) qu’on
peut facilement dériver pour rendre volatiles.
La chimiotaxinomie utilise les flavonoïdes pour identifier des espèces très proches, par
exemple, les prêles.
Métabolisation
Tous ces dérivés subissent de profondes modifications dans l’intestin. Or, les effets
thérapeutiques ont été étudiés sur les flavonoïdes eux-mêmes (pas leurs dérivés de
métabolisation intestinale) in vitro.
Mais ce qui se passe in vitro est-il ce qui se passe in vivo ?
Seule une très petite partie des flavonoïdes ingérés est absorbée sans modifications
structurales, le reste est intensément métabolique.
Les effets attribués aux flavonoïdes sont-ils dus aux structures initiales ou à leurs
produits de dégradation (mis en évidence dans le plasma, l’urine, ...) ???
Les voies de métabolisation sont différentes suivant que les flavonoïdes sont
hydroxylés en 3 ou non.
Si pas de –OH en 3
C’est le cas des flavanones et des flavones. On a montré qu’il y a dégradation du cycle
central à 2 endroits. Parmi les métabolites, on a pu identifier des dérivés C6-C3, des
trihydroxybenzènes, ainsi que des produits de clivage des unités C6-C3.
Si –OH en 3
Le clivage se fait de manière différente : entre C3 et C4 ; et on retrouve comme
métabolites des unités C6-C2 et des unités C6-C1.
Ces métabolites peuvent encore être déhydroxylés et méthylés par la flore intestinale.
Une bonne partie des flavonoïdes est dégradée par la flore intestinale et une petite
partie est résorbée intacte. Une fois dans le foie, cette petite partie subit une
métabolisation hépatique : conjugaison avec l’acide glucuronique, méthylation,
sulfurylation, oxydation en forme quinoléique.
Si on absorbe des dimères ou des polymères, ils sont dépolymérisés dans les intestins.
168
I. trouver une voie d’administration où la résorption est meilleure que par la
voie orale
II. on ne parvient pas à maintenir une concentration plasmatique suffisante
pour avoir une action.
Et 2 problèmes se posent toujours quant à la démonstration de cette action :
1) l’effet est-il du aux métabolites ou aux molécules initiales ?
2) l’activité in vitro correspond-t-elle à l’activité in vivo ? Par exemple, le rutoside
présente une action antispasmodique in vitro, mais in vivo, il n’y a plus du tout
cet effet !
Activités pharmacologiques
Les flavonoïdes sont des composés très réactifs.
Au point de vue biochimique, cela se marque par une grande affinité envers les
enzymes.
quinones qui forment des produits de condensation avec les acides aminés et les
protéines (fonctions amine et thiol).
Les flavonoïdes peuvent être métabolisés en structure de type quinones, qui vont se
lier aux protéines et ainsi inactiver des enzymes.
Dans le tableau du transparent, toutes les enzymes citées peuvent être inactivées par
les flavonoïdes ; mais en fonction de la structure du flavonoïde, on a une action
inhibitrice plus ou moins spécifique.
Les flavonoïdes ont une grande affinité pour les métaux lourds, avec lesquels ils
forment facilement des complexes, les chélates.
Cette affinité dépend de la structure des flavonoïdes. Les structures favorisant cette
affinité sont :
- Carbonyle en 4
- Hydroxyle en 3 ou 5
- Double liaison en C2-C3
- Hydroxyles libres sur les cycles A et B
Cette affinité pour les métaux lourds est à la fois une propriété générale des
flavonoïdes ET une propriété dépendant de la structure des flavonoïdes.
Toutes les propriétés vues ne sont pas communes à tous les flavonoïdes.
Les particularités structurales influencent les propriétés.
Apports alimentaires
Il y a 2 types d’apports possibles : alimentaire et médicamenteux.
A part les lipides et les glucides, les flavonoïdes sont les métabolites secondaires les
plus absorbés par l’alimentation. Donc, de par notre alimentation, nous sommes
soumis aux activités biologiques potentielles des flavonoïdes. C’est le métabolite
secondaire qu’on prend en plus grande quantité dans notre alimentation quotidienne.
On ne sait pas exactement quelle quantité de flavonoïdes on ingère chaque jour.
169
Mais une étude réalisée aux USA en 1971 a permis de se faire une petite idée sur la
question : on absorberait 1 g de flavonoïdes par jour.
Une autre étude a conclu qu’on absorbe à peu près 25 mg de quercétol par jour.
Selon les habitudes culturelles et alimentaires et les aliments disponibles, la quantité
absorbée est différente ; par exemple, en Hollande, les flavonoïdes sont apportés par le
thé, les oignons et les pommes, alors qu’en France, ils sont surtout apportés par le vin
rouge (source importante de flavonoïdes).
Mais, peu importe les habitudes, tout le monde en absorbe en grande quantité.
On ne connaît pas exactement le rôle joué par les flavonoïdes au niveau de l’organisme
mais on pense que ce rôle est important. Les flavonoïdes sont donc des
phytonutriments.
Les flavonoïdes, non-indispensables à la vie, exercent une fonction plus ou moins
spécifique sur l’organisme et, par l’observation, on commence à avoir la preuve que
les flavonoïdes contribuent à maintenir les individus en bonne santé.
Quelles sont les origines de ces contributions ?
- On a montré que les flavonoïdes interviennent dans le métabolisme des
xénobiotiques lipophiles (médicaments, carcinogènes alimentaires ou
environnementaux, polluants, ...).
- On a montré sur l’animal un effet anti-carcinogène pour les chalcones.
- On a montré que certains flavonoïdes ont une activité antiproliférative vis-à-
vis des tumeurs, càd un rôle de désactivation de la carcinogenèse.
- On a montré aussi que certains flavonoïdes inhibent la transcriptase reverse
de certains virus pouvant être à l’origine de tumeurs.
- Les flavonoïdes sont des polyphénols, ils sont donc antioxydants par
neutralisation des radicaux libres, impliqués dans beaucoup de processus
pathologiques (inflammation, irradiation, hypoxie tissulaire, ...). Ce fait de
neutraliser les radicaux permet de protéger l’organisme. Cela reprend le rôle
redox (transporteurs d’électrons) des flavonoïdes qu’on retrouve dans les
végétaux. Pour que les flavonoïdes soient de bons piégeurs de radicaux,
certaines structures doivent être présentes :
o Structure dihydroxy du cycle B
o Double liaison en C2-C3 conjuguée à la fonction oxo en 4
o Hydroxyle en 3 ou 5.
Avant, on savait que les flavonoïdes étaient de bons antioxydants et on pensait que cet
effet antioxydant était responsable de toutes les activités biologiques des flavonoïdes.
On s’est rendu compte que c’était faux. Comme cela a déjà été dit plus haut, on ne sait
pas bien à quoi est dû l’effet des flavonoïdes ! De plus, on a montré que les
flavonoïdes n’augmentent pas le pouvoir antioxydant total du sérum.
Aujourd’hui, on ne sait pas très bien quoi ! En effet, il semble que les produits
d’oxydation des flavonoïdes peuvent même être des pro-oxydants !
On a encore beaucoup de questions à propos de ces molécules !
Activité oestrogénomimétique
Les isoflavonoïdes sont aujourd’hui très vantés pour leur propriété
oestrogénomimétique. Ce sont donc des phyto-œstrogènes, au même titre que les
170
coumestanes et les lignanes. Cette propriété est liée à la distance entre les 2 –OH aux
extrémités de la molécule et à l’orientation de ces –OH. La distance et l’orientation des
–OH terminaux des isoflavonoïdes sont identiques à celles de l’œstradiol. Les
isoflavonoïdes sont donc capables de se fixer aux récepteurs aux œstrogènes.
Le diéthylstilboestrol est une molécule synthétique qui était utilisée, dans les années
’60, pour éviter les fausses couches. Cette molécule provoquait des problèmes au
niveau de l’appareil reproducteur chez les filles des mères traitées et chez les garçons
de ces filles. Elle a été prescrite dans nos pays jusqu’en 77-78, alors que sa toxicité est
connue depuis 68-69 !
Ces observations ont mené à recommander des grosses doses d’isoflavonoïdes pour
lutter contre les troubles liés à la ménopause. Actuellement, un grand nombre de
compléments alimentaires contenant des isoflavonoïdes de soja existent sur le marché.
Pour diminuer les troubles de la ménopause, le traitement habituel est le traitement
hormonal substitutif. Celui-ci a été beaucoup étudié et est très bien connu ; des études
ont montré qu’il augmenterait l’incidence de maladies cardiovasculaires. Beaucoup de
femmes ont donc arrêté ce traitement et se sont rabattues sur les compléments
alimentaires contenant des isoflavonoïdes.
Finalement, pour l’augmentation de l’incidence des maladies cardiovasculaires, on ne
sait plus très bien quoi car les chercheurs ayant réalisé l’étude ont avoué s’être trompés
dans les statistiques.
Avec les isoflavonoïdes, on n’a aucun recul et on a montré que l’effet clinique est
complètement négligeable. On ne sait absolument pas ce que l’administration de doses
massives d’isoflavonoïdes risque d’engendrer : le rapport bénéfice/risque est
totalement inconnu !
De plus, l’effet gênant principal de la ménopause est l’ostéoporose. Or, on n’a aucune
idée de l’effet des isoflavonoïdes sur l’ostéoporose.
Propriétés facteur P
Il faut savoir que l’administration de flavonoïdes résulte d’un certain empirisme : on
connaît l’usage avant l’activité !
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Les flavonoïdes auraient des propriétés facteur P.
Certains pharmacologues accordent très peu d’importance à cette propriété.
N’empêche que le Daflon, un médicament veinotrope et capillarotrope contenant des
flavonoïdes, est très vendu.
Certains cliniciens admettent des effets positifs uniquement quand la dose est
importante et l’administration prolongée.
On utilise ainsi les flavonoïdes dans diverses affections circulatoires.
Ces propriétés facteur P sont dues à l’inhibition de toute une série d’enzymes comme
les protéases, élastases et catéchol-O-méthyltransférases.
Ces propriétés consistent en une diminution de la perméabilité des capillaires et un
renforcement de la paroi capillaire.
Les indications sont les suivantes : fragilité capillaire (prévention d’accidents
hémorragiques), maladies veineuses (amélioration des troubles fonctionnels des
maladies variqueuses ou varices), problèmes d’hémorroïdes, en gynéco-obstétrique
dans les cas de métrorragie liées à certains dispositifs de stérilité, en ophtalmologie
pour l’amélioration de la circulation au niveau de la rétine.
Activité diurétique
Certains flavonoïdes ont une action diurétique par inhibition de l’AMP
phosphodiestérase.
Activité hépato-protectrice
Cela concerne les flavolignanes.
172
Activité anti-ulcère gastrique
Les propriétés pouvant expliquer cette action sont :
- inhibition des COX et des lipooxygénases dans les phénomènes
inflammatoires
- inhibition de la pompe à proton
- effet antioxydant
- effet inhibiteur vis-à-vis de la croissance d’Helicobacter pylori.
Souvent, les flavonoïdes ne sont pas les principes actifs majeurs d’une drogue, mais
interviennent d’une manière ou d’une autre dans l’activité de la plante.
Toxicité
Les flavonoïdes sont particulièrement atoxiques. Aucun effet toxique n’a été observé
chez l’adulte pour des doses allant jusqu’à 1 g/jour.
Néanmoins, un effet mutagène pour les molécules courantes (flavonolol comme le
quercétol) a été montré in vitro, mais n’a jamais été constaté in vivo.
Les procyanidols
Structure
On les trouve dans les tissus végétaux lignifiés et dans les tissus végétatifs (parties
tégumentaires des fruits murissant auxquels ils communiquent leur astringence).
Ils portent d’autres noms : tanins condensés, tanins catéchiques, tanins flavaniques,
proanthocyanidols.
Quand on traite ces molécules en milieu acide (hydrolyse), on obtient des
anthocyanidols pour presque tous les anthocyanidols. On devrait donc plutôt les
appeler « polyflavonoïdes » mais « procyanidols » est le nom qui prévaut aujourd’hui.
Ces molécules dérivent des flavonoïdes par une réaction de réduction. Les
leucoanthocyanidols obtenus peuvent être réduits (-OH -H2) ou oxydés (apparition
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d’un –OH supplémentaire) en un dérivé instable qui perd une molécule d’eau et
aromatise son cycle central.
On obtient ainsi les catéchines et les anthocyanidols qui, lorsqu’ils polymérisent,
donnent des procyanidols. La polymérisation se fait par couplage oxydatif
phénolique.
D’un point de vue chimique, les procyanidols sont donc des oligo- ou polymères de
flavan-3-ol et de flavan-3,4-diol. Dans ces oligomères, on trouve des liaisons
interflavannes, entre le C4 d’un cycle et le C8 (le plus souvent) ou le C6 d’un autre
cycle.
Leur masse moléculaire est généralement comprise entre 500 et 3000 mais
elle peut parfois dépasser 15 000 !
La liaison flavanne est simple mais assez rigide, elle prend donc différentes
hélicités en fonction des constituants.
Exemple de l’aubépine
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On trouve également des C-hétérosides de flavanes comme la vitexine, et son
dérivé rhamnosidé, le vitexine-O-rhamnoside, qui est le flavonoïde principal
des fleurs.
L’aubépine est réputée pour son action sur le myocarde, qui résulterait d’une synergie
d’action entre les flavonoïdes et les procyanidols (en fait, on ne sait pas très bien ce
qui se passe).
L’aubépine ralentit le rythme cardiaque, améliore la contraction donc l’éjection du
sang et accroît le débit de la circulation coronarienne et myocardique.
!!! Il y a beaucoup d’automédication avec l’aubépine, mais cela n’est pas du tout
recommandé car la prise peut masquer une pathologie grave.
Pour le médecin, l’aubépine constitue une bonne alternative à des traitements
beaucoup plus lourds.
Méthodes d’analyse
Elles sont les mêmes que pour les tanins hydrolysables (transparent 3-4-61).
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Métabolisation
Activités biologiques
Propriétés générales
Elles sont analogues aux propriétés des tanins hydrolysables MAIS la liaison
interflavanne est rigide et l’affinité pour les protéines est donc moindre.
Effet anti-arythmogène
Pour l’aubépine.
Liaisons spécifiques
Les procyanidols peuvent faire des liaisons non spécifiques avec les protéines du sang
et des reins mais aussi des liaisons spécifiques avec la peau, les parois vasculaires
(effet facteur P ?) et la muqueuse intestinale.
Activité anti-diarrhéique
Il y a, comme avec les tanins, inhibition de la motricité intestinale.
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Toxicité
A des doses normales, la toxicité est négligeable.
MAIS en Afrique du Sud, un grand nombre de gazelles ont été retrouvées mortes de
façon étrange.
Les autopsies n’ont pas montré de maladies mais les gazelles étaient émaciées, comme
si elles avaient manqué de nourriture. Or, cela n’est pas possible car leur
environnement était optimal. En fait, les gazelles étaient émaciées parce qu’à ce
moment-là, leur digestion était mauvaise car la production d’acides gras volatils
avaient diminué. Les gazelles ont donc commencé à cataboliser leurs propres réserves
et ont fini par mourir de faim.
Les responsables sont les acacias traumatisés qui, pour se protéger de l’appétit des
gazelles, produisent des procyanidols dans leurs feuilles. Les feuilles attrapent donc
mauvais goût et les gazelles vont voir ailleurs. MAIS dans notre cas, les gazelles
étaient dans un enclos ; elles n’ont donc pas pu aller voir ailleurs et ont du manger les
feuilles pleines de procyanidols. Ces procyanidols ont précipité les protéines ingérées
par les gazelles et ont donc grandement perturbé leur digestion.
Les acacias peuvent augmenter leur teneur en tanins de 94 % en 15 minutes et il faut
50 à 100 heures pour retrouver des taux normaux.
Cette réaction des acacias est essentiellement un phénomène de protection à l’encontre
des prédateurs. De plus, les arbres qui produisent des tanins dégagent un complexe
aromatique (phéromones) qui signale aux acacias voisins qu’il est temps d’augmenter
leur production de tanins. D’ailleurs, dans la nature, les gazelles broutent toujours dans
le sens opposé au vent.
Chez nous, le bétail qui mange des jeunes feuilles et glands présente des atteintes
rénales profondes graves et des constipations à cause des procyanidols.
Protéines
Les lectines
Certaines sont capables d’agglutiner les hématies. Cette propriété est utilisée en
clinique pour étudier les groupes sanguins.
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D’autres sont capables d’activer les mitoses (effet mitogène), surtout chez les
lymphocytes ; elles ont donc un rôle dans l’immunité. Certains pensent donc que les
lectines pourraient être des adjuvants en chimiothérapie.
La ricine
La toxicité est due à l’inhibition des synthèses protéiques mais le mode d’action exact
n’est pas totalement élucidé. Cela se passe en différentes étapes.
La chaîne B possède les propriétés des lectines, càd qu’elle permet à la protéine de se
fixer à la surface des cellules. Ensuite, il y a endocytose et la protéine se retrouve ainsi
dans le cytoplasme. La chaîne A entre alors en jeu : cette chaîne est une enzyme
capable d’hydrolyser la sous-unité ribosomiale 28s. Il y a donc inhibition de la
synthèse protéique. Cela entraîne, dans la cellule, des désordres menant à la mort.
Il n’y a pas d’antidote !!! Tout ce qu’on peut faire, c’est un traitement symptomatique
en croisant les doigts pour que la dose ingérée ne soit pas trop élevée. Si la dose est
trop importante, le patient mourra quoi qu’il advienne !
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Cette ricine constitue donc une arme biochimique de guerre et de terrorisme idéale,
développée par les USA à la fin de la première guerre mondiale.
Ricinus communis est simple à cultiver, la ricine est une protéine très toxique, stable,
et facile à extraire et à conserver. La dose mortelle est très faible : chez la souris, elle
est de 60 ng/kg !!! De plus, on peut facilement l’aérosoliser.
Vu les risques liés au terrorisme, on essaye actuellement de développer un vaccin
contre cette protéine mais les résultats ne sont pas encore probants.
On peut aussi utiliser la ricine de manière bénéfique ; on peut fixer sur la chaîne B un
médicament, permettant ainsi à ce médicament de pénétrer dans les cellules mais il y a
un grand manque de spécificité.
Aujourd’hui, on couple la ricine avec les anticorps monoclonaux pour donner une
certaine spécificité, par exemple à l’encontre des cellules cancéreuses.
Les enzymes
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