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Imagerie de L'Arthrose
Imagerie de L'Arthrose
Imagerie de l’arthrose
D. Loeuille, I. Chary-Valckenaere
L’arthrose associe une symptomatologie clinique évoluant sur un fond mécanique, plus ou moins émaillée
d’épisodes inflammatoires, et des anomalies radiographiques, d’apparition plus tardive, mais
indispensables à son diagnostic (critères). Si l’examen radiographique fait intégralement partie des
critères diagnostiques actuels et représente la référence dans le suivi structural de la maladie, des travaux
récents soulignent les limites de cette technique, notamment pour le diagnostic précoce et le suivi évolutif
de cette maladie. Les techniques d’imagerie moderne permettent incontestablement un meilleur
démembrement des patients arthrosiques. L’arthroscanner visualise ainsi les lésions chondrales de
surface et la perte cartilagineuse au genou mais également dans d’autres articulations (hanche et
épaule). La scintigraphie osseuse offre une cartographie des destructions articulaires et prédit, au genou,
le pincement de l’interligne articulaire. L’échographie est un complément indispensable à l’examen
radiographique des articulations profondes (hanche) en précisant l’existence d’un épanchement
articulaire et/ou d’une synovite non décelés par l’examen clinique. Cet examen offre, de plus, des
informations complémentaires sur les lésions abarticulaires (ménisques, bourrelet, kyste, etc.) souvent
contemporaines des lésions cartilagineuses. Au cours de ces dernières années, l’imagerie par résonance
magnétique s’est imposée comme une technique d’imagerie de référence dans l’arthrose, permettant une
approche physiopathologique, diagnostique, pronostique et thérapeutique plus précise de la maladie. En
effet, en visualisant directement la perte cartilagineuse, l’IRM permet d’établir un diagnostic plus précoce
que l’examen radiographique, de cerner les différents facteurs de risque de la perte chondrale, et de
déterminer les structures articulaires ou abarticulaires responsables des manifestations douloureuses. À
l’avenir, cette technique d’imagerie devrait permettre de mieux démembrer les populations
d’arthrosiques, afin d’optimiser leur prise en charge thérapeutique mais aussi d’évaluer plus précisément
l’efficacité des médicaments à visée structuromodulatrice.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Arthrose ; Imagerie ; Radiographie ; Arthroscanner ; Scintigraphie osseuse ; Échographie ; IRM
Appareil locomoteur 1
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Figure 2.
A. Radiographie en charge et en extension du genou droit, pincement
modéré de l’interligne fémorotibial interne.
B. Sur l’incidence en schuss lyonnais, le pincement est nettement plus
sévère sur le compartiment médial.
2 Appareil locomoteur
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Appareil locomoteur 3
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Figure 5.
A. Le cartilage normal est en hypersignal sur cette
coupe sagittale pondérée T1 en écho de gradient.
B. Aspect normal du cartilage condylien et tibial en
arthroscopie.
C. Sur les coupes axiales en pondération T2 avec
suppression du signal de la graisse, le cartilage pré-
sente un hyposignal des couches profondes avec un
rehaussement progressif du signal juste avant la cou-
che superficielle qui apparaît en hyposignal (flèche).
L’os sous-chondral et le cartilage calcifié sont en
hyposignal sur les deux pondérations.
D. Le cartilage fémorotibial est bien mis en évidence ;
la couche superficielle, en revanche, n’est pas visible.
4 Appareil locomoteur
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Figure 6.
A. Grade 1 : hypersignal intramural du tissu cartilagineux sur la crête rotulienne (flèche longue) correspondant à une hyperhydratation du cartilage en
arthroscopie. Noter que la facette interne est en hyposignal (flèche courte).
B. Grade 2 : amincissement du tissu cartilagineux (inférieur à 50 % de l’épaisseur théorique) sur la facette externe de la rotule avec une géode d’hyperpression
en hypersignal de l’os sous-chondral et trabéculaire en regard (flèche courte). Le cartilage présente un aspect velvétique en arthroscopie correspondant à une
délamination des fibres de collagène.
C. Lésion chondrale sévère, à l’emporte-pièce, du condyle fémoral externe correspondant à une perte de substance de plus de 50 % de l’épaisseur théorique
du cartilage (flèche). En arthroscopie, cette lésion présente un aspect de « cratère ».
D. Mise à nu de l’os sous-chondral sur la facette externe de la rotule (flèche) en IRM et en arthroscopie (palpateur).
Approche volumique du cartilage sain sont généralement correctement évaluées (grade 3 et 4) [62].
Récemment Peterfy et al. ont présenté un score complet
Rapportés à des paramètres anthropométriques de normalisa- d’évaluation du genou en IRM, ou score WORMS (whole-organ
tion (poids, taille, produit du poids et de la taille ou encore magnetic resonance imaging score of the knee in osteoarthritis). Ce
surface du plateau tibial en regard de sa jonction os-cartilage), score permet de grader les lésions chondrales sur 14 régions
le volume du cartilage de la femme est identique à celui de d’intérêt [63] et présente une excellente reproductibilité interlec-
l’homme et n’est pas influencé par l’âge de l’individu [59] . teurs (ICC = 0,99) ainsi qu’une bonne sensibilité au
L’influence génétique semble importante et interviendrait pour changement [64].
près de 76 % dans l’estimation du volume cartilagineux [60]. Au
genou, ce volume se répartit différemment selon les surfaces Approche quantitative : approche volumique
articulaires étudiées : le volume cartilagineux fémoral (condyle
interne, condyle externe et trochlée) en représente de 54 à L’IRM permet d’obtenir une mesure du volume de cartilage,
69 % ; le volume patellaire varie de 11 à 22 % ; le volume du aussi bien en étude transversale que lors d’un suivi longitudinal
plateau tibial externe oscille entre 11 et 16 %, alors que le de cohorte. Exprimée en ml, la SDD est 1,3 ml pour le fémur et
volume du plateau tibial interne représente de 7 à 12 % du 0,4 ml pour le plateau tibial [64] . Malgré un coefficient de
volume cartilagineux total du genou. variation très faible de l’ordre du pour-cent, la sensibilité au
changement est faible. Ainsi, des variations de volume cartila-
gineux peuvent être considérées comme significatives à partir de
Évaluation des lésions cartilagineuses 4 % pour le cartilage patellaire, de 5 % pour le cartilage fémoral,
de 8 % pour le cartilage tibial interne et de 10 % pour le
Approche semi-quantitative
cartilage tibial externe [65] . La perte volumique semble
L’IRM permet une étude tridimensionnelle des lésions chon- linéaire [66] et se traduit dans le compartiment fémorotibial par
drales. Les lésions fémoropatellaires sont particulièrement bien une perte annuelle de cartilage de 5,3 ± 5,2 %. Cette variation
visibles sur les coupes axiales, alors que l’examen des lésions est étroitement corrélée pour les compartiments fémorotibiaux
chondrales fémorotibiales nécessite des coupes frontales et interne et externe et n’est pas influencée par le sexe, la prise de
sagittales. Les lésions cartilagineuses en IRM se classent en poids, le niveau d’activité, la déformation des membres infé-
lésions structurales (grade 1) et en lésions morphologiques rieurs et par l’importance de la production ostéophytique [65, 66].
(grades 2 à 4) [61] (Fig. 6). Le grade 1 est défini par la présence En revanche, la perte de volume du cartilage patellaire, qui est
d’une fibrose (hyposignal) ou d’un œdème (hypersignal) sans de même ordre de grandeur (4,5 % par an), n’est pas corrélée à
lésion de la couche superficielle du cartilage sur les séquences celle du compartiment fémorotibial [67].
pondérées T2. Le grade 2 est déterminé par l’existence d’un
aspect irrégulier de la couche superficielle ou par une perte
inférieure à 50 % de l’épaisseur du cartilage. Le grade 3 se
Histoire naturelle des lésions focales
définit par l’existence d’anomalies de signal atteignant toute L’histoire naturelle des lésions focales du cartilage est peu
l’épaisseur du cartilage et/ou par une perte supérieure à 50 % de connue. Elles s’observent chez 33 % des patients ayant des
l’épaisseur du cartilage. Le grade 4 correspond à l’absence radiographies de genou jugées normales, et essentiellement
étendue de cartilage, l’os sous-chondral étant mis à nu, avec localisées dans le compartiment fémorotibial interne [68] .
parfois un œdème associé de l’os trabéculaire. Les résultats des L’évolution spontanée de ces lésions s’effectue vers une aggra-
confrontations IRM/arthroscopie dans la littérature, ainsi que vation (33 %), une stabilisation (33 %) ou une diminution de
dans notre expérience personnelle, montrent une bonne leur taille (33 %). Sur un suivi à 2 ans, l’involution de ces
corrélation entre ces deux méthodes d’analyse, avec toutefois lésions, en termes de surface, est liée à une réduction de l’IMC
une tendance à la surestimation des lésions chondrales de bas du patient. L’impact de ces lésions focales sur le cartilage
grade par l’IRM (grade 1 et 2), alors que les lésions plus sévères avoisinant se traduit par une baisse volumique significative
Appareil locomoteur 5
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Figure 7.
A. Coupe histologique d’une biopsie synoviale arthrosique qui comporte trois assises cellulaires de synoviocytes (flèche), une infiltration de cellules
lymphocytaire associée à une fibrose (astérisque).
B. Coupe axiale pondérée T2 avec suppression du signal de la graisse. La synovite arthrosique est en isosignal (assise adipeuse et synovite enflammée) (flèche
jaune) bordée à sa périphérie par le liquide synovial en hypersignal.
C. Seule une séquence T1 avec injection de gadolinium permet de distinguer la synovite enflammée de l’assise adipocytaire.
Figure 8. Hypersignal de l’os trabéculaire et sous-chondral du condyle externe d’un genou droit sur une séquence pondérée T2 avec suppression du signal
de la graisse en coupes coronale (A) et axiale (B). On observe sur la coupe axiale un œdème osseux de la facette externe de la rotule.
(2,5 % par an) alors qu’elle n’est que de 1,3 % par an dans une paramètres macroscopiques et histologiques d’inflammation en
population normale appariée sur l’indice de masse corporelle particulier pour l’infiltration (r = 0,47 ; p = 0,05) [72]. Seules les
(IMC) et d’autres paramètres anthropométriques [69]. membranes synoviales inflammatoires, et donc épaissies, sont
rehaussées sur les séquences injectées, permettant de grader
Effet de l’exercice l’inflammation comme suit :
• stade 0 : synoviale normale ;
Les capacités de déformation du cartilage sont faibles in vivo • stade 1 : épaississement linéaire inférieur à 2 mm ;
au cours d’activités physiologiques, avec restitution ad integrum • stade 2 : épaississement linéaire compris entre 2 et 4 mm ;
de son volume initial dans les 90 minutes qui suivent l’arrêt de
• stade 3 : épaississement irrégulier, nodulaire et/ou supérieur à
la mise en contrainte [70] . Les possibilités de déformation
4 mm.
diminuent avec l’âge et ne sont influencées ni par le sexe, ni
Peterfy et al. ont également présenté une évaluation quanti-
par le niveau d’entraînement. L’augmentation des contraintes
mécaniques en charge n’est pas associée à une augmentation de tative de l’inflammation synoviale dans le WORMS, mais
l’épaisseur ou du volume du cartilage mais accroît la teneur en uniquement à partir des séquences protoniques. Ce score
protéoglycanes [71] . En revanche, après une immobilisation présente une moins bonne reproductibilité interlecteurs (ICC
prolongée (plâtre ou paraplégie), le cartilage s’atrophie. = 0,74), et cote à la fois la synovite et l’épanchement articulaire
qui ne peuvent être distingués du fait de la séquence utilisée.
L’évaluation de la synovite par un score IRM semi-quantitatif
Lésions extracartilagineuses survenant est sensible au changement avec une SRM de 0,32 [54]. Concer-
au cours de l’arthrose nant l’évaluation volumique de la synovite, Ostergaard et al.
ont montré que le volume de synovite arthrosique, bien
Inflammation synoviale et maladie arthrosique qu’inférieur à celui mesuré dans la polyarthrite rhumatoïde,
L’inflammation synoviale peut être présente à tous les stades peut atteindre jusqu’à 79 cm3 [73].
de la maladie, même dans les formes où la radiographie est
considérée comme normale, et s’étend à l’ensemble de l’articu- Lésions osseuses
lation. Sur les séquences pondérées T2, la synoviale apparaît Œdème osseux
comme un tissu en isosignal, où il est difficile de différencier
l’assise adipeuse des franges synoviales inflammatoires et Il se définit en IRM par une zone mal limitée, en hyposignal
vascularisées (Fig. 7). Les séquences T1 avec injection de produit sur les séquences pondérées T1 et en hypersignal sur les
de contraste (gadolinium) permettent d’apprécier le degré séquences pondérées T2 et T1 après injection de gadolinium
d’épaississement de la synoviale et plus précisément sa vascula- (Fig. 8). Fréquemment observé en IRM (de 50 % à 80 % des
risation. Nous avons proposé un score d’inflammation synoviale patients), il est situé préférentiellement dans le compartiment
qui présente une excellente reproductibilité intra- et interlec- fémorotibial interne sur un genu varum et sur le compartiment
teurs (ICC supérieur à 0,89), avec une bonne corrélation aux fémorotibial externe en cas de genu valgum [74]. La fréquence de
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Figure 9. a. Coupe coronale pondérée T2. Lésions de stade 4 du cartilage fémorotibial interne condylien et tibial (flèche). On peut observer une luxation
latérale des deux ménisques ; b. dégénérescence kystique du ménisque en hypersignal sur une séquence coronale pondérée T2 ; c. luxation sagittale de la
corne antérieure du ménisque interne ; d. lésion fissuraire instable de la corne postérieure du ménisque interne.
cet œdème est directement corrélée à la sévérité de la gonarth- Évaluation des structures ligamentaires
rose [51]. La traduction anatomopathologique de cette lésion
IRM correspond à un véritable œdème osseux histologique dans Les structures ligamentaires apparaissent en hyposignal en
seulement 4 % des cas ; mais, le plus souvent, l’aspect histolo- pondération T1 et T2. L’importance de ces structures a été
gique est celui d’un tissu osseux normal (53 %), plus rarement récemment confirmée par Gillquist et al. qui ont démontré les
d’une plage nécrotique (11 %), d’une zone fibrotique (4 %) ou conséquences d’une rupture du ligament croisé antérieur sur la
d’une sclérose des travées osseuses (8 %) [75]. Des travaux récents progression des lésions cartilagineuses [80] . Les ligaments
ont montré une augmentation du processus de remodelage croisés antérieur et postérieur sont évalués indépendamment
osseux, notamment de l’ostéoformation, avec une augmentation en structures intactes ou rompues à partir des séquences
du risque de développement d’ostéophytes (multiplié par 3,6) pondérées T2 [63]. En prenant l’arthroscopie comme référence,
lorsque cette lésion osseuse est préalablement présente [76]. En les séquences IRM en densité de proton permettent d’établir le
revanche, aucune corrélation n’a jusqu’ici été mise en évidence diagnostic de rupture du ligament croisé antérieur sur des
entre cette lésion de l’os trabéculaire et un déficit en vitamine coupes sagittales et coronales avec une sensibilité de 95 %,
D qui serait à l’origine d’une fragilité osseuse [77]. La présence de une spécificité de 98 % et une excellente reproductibilité
cet œdème trabéculaire, ainsi que son étendue, sont corrélées à interlecteurs (ICC = 1,0). Les ligaments collatéraux médial et
la sévérité des lésions chondrales, comme l’ont montré les latéral sont également gradés de façon binaire à partir des
études IRM versus arthroscopie [78]. Cette lésion joue un rôle coupes coronales pondérées T2 [63]. La fréquence des ruptures
délétère pour le cartilage adjacent et favorise sa disparition [79]. ligamentaires semble relativement élevée dans une cohorte de
L’évolution naturelle de cette lésion osseuse est la suivante : elle gonarthroses symptomatiques, de l’ordre de 30 % des
régresse dans 1 % des cas, se stabilise dans 73 % et s’aggrave patients ; elles sont, de plus, fortement associées à la présence
dans 27 % sur deux examens séparés de 30 mois. Carrino et al. de lésions cartilagineuses [81].
ont montré que les géodes osseuses sont toujours précédées
d’un œdème osseux [74]. L’œdème osseux peut également faire
l’objet d’une évaluation quantitative par le score WORMS [63]
Évaluation des structures méniscales
qui montre, pour cette lésion, une bonne reproductibilité Le ménisque est une structure fibrocartilagineuse qui aug-
interlecteurs (ICC = 0,74) avec une faible SRM [64]. mente la congruence articulaire. Le ménisque normal apparaît
en hyposignal quelle que soit la séquence étudiée. En patholo-
Géodes osseuses
gie, ces structures peuvent présenter des anomalies de signal
Elles apparaissent sous forme de lésions arrondies, aux limites intramurales n’atteignant pas le bord libre du ménisque (hyper-
nettes, en hyposignal en pondération T1 et en hypersignal en signal sur les séquences pondérées T2), s’affaisser, voire se luxer
pondération T2, avec un rehaussement périphérique sur les latéralement ou sagittalement (Fig. 9). L’IRM a montré une
séquences T1 injectées. Ces formations sont presque toujours sensibilité et une spécificité excellentes pour le diagnostic de
précédées d’une lésion de l’os trabéculaire et sont associées dans lésions méniscales, respectivement de 89 % et 72 % pour le
près de 90 % des cas à la présence de lésions cartilagineuses ménisque interne, et de 84 % et 93 % pour le ménisque
adjacentes. La cotation de ces géodes est réalisable et présente externe, avec une reproductibilité interlecteurs également
une excellente reproductibilité interlecteurs (ICC = 0,94) [64]. excellente (ICC de 0,86 à 0,93) [63, 82]. Les anomalies méniscales
Mise à nu de l’os sous-chondral sont gradées classiquement de la manière suivante :
• grade 0 : ménisque normal ;
C’est la phase ultime de l’évolution de la maladie. Le degré • grade 1 : hypersignal punctiforme ;
d’abrasion de la plaque sous-chondrale peut être gradé en
• grade 2 : hypersignal linéaire intraméniscal ;
montrant cependant une reproductibilité interlecteurs moyenne
• grade 3 : lésions méniscales définies par des anomalies de
(ICC = 0,65) [63, 64].
signal qui atteignent le bord libre du ménisque, visibles sur
Ostéophytes plusieurs coupes sagittales consécutives. Ces lésions peuvent
être radiaires, verticales, horizontales ou complexes.
Ils se présentent comme des formations osseuses, parfois
recouvertes de cartilage, localisées en périphérie des surfaces On sépare ainsi les lésions dégénératives, comportant les
articulaires aux zones d’ancrage capsuloligamentaires. La atteintes méniscales luxantes, fissuraires horizontales, et
présence de volumineux ostéophytes n’est pas corrélée à un kystiques des lésions traumatiques que constituent les déchiru-
risque de progression radiographique, mais elle est davantage res longitudinales ou verticales.
associée à un défaut d’alignement du genou. Ces formations Par ailleurs, les subluxations méniscales, appréciées sur les
osseuses peuvent être également évaluées avec une excellente coupes coronales ou sagittales [54], sont fréquemment associées
reproductibilité interlecteurs (ICC = 0,97), mais une faible à une désinsertion méniscale. Leur rôle pathogène dans l’aggra-
sensibilité au changement [63, 64]. vation des lésions chondrales a été récemment confirmé [54].
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Apport de l’imagerie par résonance Une méniscectomie partielle, qu’elle soit médiale ou latérale,
induit une diminution du volume cartilagineux fémorotibial à
magnétique dans la compréhension 28 mois (en moyenne : - 6,9 % par an) significativement
des manifestations cliniques supérieure à celle observée dans une population témoin appa-
Le cartilage est une structure tissulaire non innervée qui ne riée pour l’âge et l’IMC (en moyenne : - 2,3 % par an) [96]
peut être responsable des manifestations douloureuses articulai- (Fig. 9). Par ailleurs, la présence de lésions méniscales affectant
res. L’IRM permet d’explorer, comme nul autre examen, l’ori- la couverture de la surface articulaire par le ménisque, telle une
gine multifactorielle des douleurs et de déterminer la part subluxation ou un affaissement, jusqu’alors considérées comme
respective des lésions de la synoviale, de l’os et des structures banales et non pathogènes dans la gonarthrose, apparaissent
abarticulaires (tendinites, bursites, kyste poplité et lésions dorénavant comme des facteurs de risque de progression (risque
dégénératives méniscales) dans la genèse de ces douleurs. Ainsi, relatif de l’ordre de 2 à 6 selon le type de lésions) [97-99] (Fig. 9).
l’existence de lésions focales du cartilage sur les condyles La présence ou la progression de ces lésions méniscales expli-
fémoraux et la rotule est associée à une symptomatologie quent, pour près de 50 % des cas, la diminution de la hauteur
douloureuse au genou qui s’accentue avec la sévérité des de l’interligne fémorotibial interne [54].
lésions [83]. L’œdème osseux est également prédictif d’une aggravation
L’épaississement synovial et les épanchements articulaires de des lésions cartilagineuses ipsilatérales tant sur le compartiment
volume modéré à sévère sont plus fréquemment rencontrés au fémorotibial médial en cas de genu valgum que sur le compar-
cours d’une gonarthrose symptomatique [84, 85] avec un odd timent fémorotibial latéral en cas de genu varum [100] (Fig. 8).
ratio de 9,9 pour les formes sévères [86] (Fig. 7). Récemment, Le risque d’observer une progression des lésions cartilagineuses
nous avons montré que le volume de synovite à faible vitesse ipsilatérales à 30 mois est multiplié par 6,5 lorsqu’il existe un
de rehaussement (inférieure à 0,3 % par seconde) est positive- œdème sous-chondral pour le compartiment fémorotibial
ment corrélé à la douleur mesurée par échelle visuelle analogi- médial et par 6,1 pour le compartiment fémorotibial latéral.
que (r = 0,63 ; p < 0,03) et tend à l’être avec l’indice fonctionnel
de Lequesne [87]. Parmi les structures abarticulaires responsables
de manifestations douloureuses sont plus fréquemment retrou- Quel est l’intérêt de l’imagerie
vés la bursite du demi-membraneux, le syndrome de la bande- par résonance magnétique pour les autres
lette iliotibiale et le kyste de l’articulation fémorotibiale [88]. En articulations ?
revanche, la présence de lésions péripatellaires à type de
bursites, de tendinites patellaires ou quadricipital et la présence Les progrès technologiques permettent d’étudier plus précisé-
d’un kyste poplité ne semblent pas être liées à la survenue de ment les articulations profondes comme la hanche ainsi que les
douleurs ou de gêne fonctionnelle. La relation entre l’existence petites articulations des mains.
d’une lésion méniscale et la symptomatologie douloureuse n’est Les travaux sur la hanche demeurent encore peu nombreux :
pas prouvée [84, 89]. une seule étude volumique a montré une corrélation entre
Parmi les anomalies osseuses rencontrées en IRM, l’œdème l’épaisseur moyenne du cartilage en IRM et le score de pince-
semble le mieux corrélé à la présence de douleur (odd ratio de ment de l’interligne articulaire sur la radiographie de han-
3,31 pour un œdème osseux de petite surface et de 5,78 pour che [101]. La description IRM des formes d’arthrose à destruction
des œdèmes osseux classés comme importants) [90] (Fig. 8). rapide est, en revanche, bien mieux établie à la hanche qu’au
L’existence d’une mise à nu de l’os sous-chondral et d’ostéo- genou. L’épanchement articulaire est, dans ce cas, constamment
phytes a été récemment associée à une augmentation de la observé, s’associe à des anomalies osseuses à type d’œdème
douleur [84, 86]. Il semble à ce titre que la mise à nu de la plaque (96 %), d’aplatissement de la tête fémorale (92 %), de géodes et
osseuse sous-chondrale soit plus algogène que l’œdème osseux de defects osseux sous-chondraux (83 %) [102].
pris isolément [84]. Le développement d’antennes IRM dédiées a permis d’obtenir
des acquisitions avec une résolution spatiale de l’ordre de
Imagerie par résonance magnétique 100 µm, rendant l’examen accessible à des articulations aussi
petites que les articulations interphalangiennes proximales ou
prédictive de la perte du cartilage ? distales des doigts. L’arthrose des doigts se caractérise en IRM
Le volume cartilagineux initial est le principal facteur par des lésions classiques, amincissement du cartilage, ostéo-
prédictif d’une perte de cartilage du plateau tibial médial [91]. En phytes, synovite modérée, et d’autres plus inhabituelles :
dehors de la perte cartilagineuse liée, par exemple, à la présence épaississement ou rupture ligamentaires, œdème de l’os trabé-
de lésions focales du cartilage (cf. supra), d’autres facteurs tels culaire, ténosynovites des extenseurs faisant évoquer une
que l’œdème osseux, les lésions méniscales, la perte musculaire, maladie de type « enthésitique » [103]. Cependant, il est possible
l’aggravation des symptômes cliniques (augmentation de de différencier un doigt arthrosique, qui présente des lésions
l’enraidissement matinal), le faible niveau d’activité physique, inflammatoires focales, d’un doigt porteur d’un rhumatisme
un indice de masse corporelle élevé peuvent être considérés psoriasique, qui présente une inflammation intraligamentaire et
comme des facteurs prédictifs de perte cartilagineuse [92, 93]. enthésitique, un œdème osseux et une atteinte de la racine de
L’IRM permet de définir un groupe de progresseurs rapides, l’ongle plus sévères et diffuses [104].
caractérisé par une perte volumique fémorotibiale interne de .
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Loeuille D., Chary-Valckenaere I. Imagerie de l’arthrose. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Appareil
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