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Université

Jean Lorougnon Guédé


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UFR Environnement

TRAITEMETEMENT DES EAUX DESTINEES


A LA CONSOMMATION

Dr EBLIN Sampah Georges


Enseignant-Chercheur, UJLoG-Daloa (Côte d’Ivoire)
Environnement – Hydrogéochimie
Qualité de l’Eau et Traitement de l’Eau
REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE
Ministère de l’Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique Union – Discipline – Travail

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Université
Jean Lorougnon Guédé
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UFR Environnement

SYLLABUS
Filière : Génie de l’Eau et de l’Environnement (GEE)
Parcours : Génie de l’Eau et de l’Environnement (GEE)
Semestre : Semestre 1
Niveau : Master 1
Option : Génie de l’Eau et de l’Environnement (GEE)

(1) Informations concernant le cours

Nom et code de l’UE : Traitement des eaux (TRE2251)


Nom et code de l’ECUE : Traitement des eaux de Consommation (TRE22511)
Nombre de crédits de l’ECUE : 2 crédits
Volume horaire : 24 H (10 H CM + 6 H TD + 8 H TP)
Enseignant Responsable de l’UE :
Enseignant chargé de l’ECUE : EBLIN Sampah Georges

Prérequis : L’apprenant doit avoir des notions de base en Hydrologie, Hydrogéologie, Chimie,
physiques et Mathématiques.

(2) Description du cours

L’eau est un élément primordial pour les êtres vivants et particulièrement l’homme. La
caractéristique essentielle des eaux de distribution urbaine est leur potabilité ; ce qui implique
l’élimination dans l’eau brute de départ de tout ce qui peut constituer un risque pour la santé ou pour
l’agrément du consommateur. Les étapes (ou procédés) de traitement désignent la mise en œuvre de
techniques en vue de traiter l’eau afin d’en modifier sa qualité physico-chimique et/ou
microbiologique, par l’injection dans l’eau de produits de traitement qui sont des substances et/ou des
préparations commerciales. Ces produits jouent essentiellement trois (3) rôles :
- le rôle de "destruction" (en clarification) : il consiste à éliminer les matières organiques, le fer, le
manganèse, l’ammoniac et les micro-organismes, généralement dans l’eau de surface ;
- le rôle de "ramasseur" (en clarification) : il consiste à regrouper sous forme de flocs décantables,
les différentes impuretés détruites ;
- le rôle de "protection" (en désinfection et mise à l’équilibre calco-carbonique) : il s’agit de
protéger l’eau contre d’éventuelles contaminations par les micro-organismes lors de son transport et de
préserver les conduites de transport de la corrosion et des entartrages.
Le taux de traitement de ces produits est déterminé suite aux essais de laboratoire appelé également
essais de floculation. C’est une procédure de routine dans les stations de traitement des eaux afin de
déterminer le dosage des produits chimiques utilisés dans le traitement. On peut dire que c’est une
simulation de ce qui se passe dans la réalité.

(3) Objectifs du cours

Objectif Général : Ce cours vise à Amener l’apprenant à appréhender les différents aspects du
traitement de l’eau destinée à la consommation.

Objectifs spécifiques : A l’issue de ce cours, l’apprenant doit être capable de :

 Présenter les ressources en eau et la notion de potabilité de l’eau ;


 Décrire les différentes filières de traitement des eaux ;
 Décrire les différentes étapes du traitement ;
 Inventorier les produits de traitement et leur rôle ;
 Régler une unité de production d’eau potable.

(4) Contenu du cours

Chapitre 1. RESSOURCES EN EAU ET NOTION DE POTABILITE

1.1. Ressources en eau


1.1.1. Eaux des mers et Océans
1.1.2. Eaux continentales
1.2. Notion de potabilité de l’eau
1.2.1. Eau potable
1.2.2. Directives de potabilité
1.2.3. Indicateurs de potabilité

Chapitre 2. FILIERES DE TRAITEMENT DE L’EAU DE CONSOMMATION

2.1. Notion de traitement de l’eau de consommation


2.1.1. Définition
2.1.2. Objectifs
2.2. Filière de traitement
2.2.1. Prise d’eau
2.2.2. Station de traitement d’eau de consommation
2.3. Différentes filières de traitement des eaux de consommation
2.3.1. Traitement simple
2.3.2. Traitement semi-complet
2.3.3. Traitement complet
2.4. Traitements spécifiques
2.4.1. Dureté de l’eau
2.4.2. Métaux lourds
2.4.3. Nitrates
2.4.4. Ammoniac
2.4.5. Micropolluants organiques
Chapitre 3. ETAPES DE TRAITEMENT DE L’EAU DE CONSOMMATION

3.1. La Clarification
3.1.1. Les Prétraitements
3.1.2. L’Aération
3.1.3. La Pré-oxydation
3.1.4. La Coagulation-Floculation
3.1.5. La Décantation
3.1.6. La Filtration
3.2. La Désinfection
3.2.1. Développement des microorganismes
3.2.2. Effet des désinfectants sur les bactéries et virus
3.3. La Neutralisation (ou la Mise à l’équilibre calco-carbonique)
3.3.1. Eaux agressives et eaux incrustantes
3.3.2. Répartition de l’anhydride carbonique dans l’eau
3.3.3. Corrosivité de l’eau

Chapitre 4. PRODUITS DE TRAITEMENT DE L’EAU DE CONSOMMATION

4.1. Les Coagulants-Floculants


4.1.1. Le Sulfate d’aluminium
4.1.2. Le chlorure ferrique
4.1.3. Les adjuvants de floculation
4.2. Les Oxydants et Désinfectants
4.2.1. L’Hypochlorite de calcium
4.2.2. Le Chlore gazeux
4.2.3. Le Bioxyde de chlore
4.2.4. Le Permanganate de potassium
4.3. Produits de filtration
4.3.1. Le Charbon actif
4.3.2. Le Sable
4.4. Les Neutralisants et Reminéralisants
4.4.1. Le Carbonate de sodium
4.4.2. La Dolomie
4.4.3. La Chaux éteinte
4.5. L’ordre d’injection des produits chimiques de traitement

Chapitre 5. REGLAGE DE LA STATION DE PRODUCTION D’EAU DE CONSOMMATION

5.1. Clarification de l’eau


5.1.1. Jar-test
5.1.2. Calcul du taux de Sulfate d’Aluminium
5.1.3. Préparation du Sulfate d’Aluminium
5.1.4. Application du taux de Sulfate d’Aluminium
5.2. Désinfection de l’eau
5.2.1. Demande en chlore ou "Break-point"
5.2.2. Calcul du taux de chlore
5.2.3. Préparation du chlore
5.2.4. Application du taux de chlore
5.3. Neutralisation ou mise à l’équilibre calco-carbonique
5.3.1. Essai au marbre
5.3.2. Calcul du taux de chaux
5.3.3. Préparation de la chaux
5.3.4. Application du taux de chaux
(5) Méthodes et stratégies pédagogiques

- Support du cours (version électronique et version papier) mis à la disposition des étudiants
- Utilisation de Vidéos pédagogiques

(6) Modalités d’évaluation

- Devoir de maison (TD) = 40%


- Examen (CM) = 60%

(7) Bibliographie

Celerier L-L. & Faby J-A. La dégradation de la qualité de l’eau potable dans les réseaux. Document
technique FNDAE, hors-série, n°12. 98 p.
DINEPA (Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement) (2013). Directive
Technique : Réactifs utilisés dans le traitement de l’eau de boisson. Extrait du référentiel technique
national EPA, République d’Haïti : Fascicule technique/directives techniques/etc. 2.5.1 DIT1 (projet
DINEPA-OIEau-UNICEF 2012/2013), 22 p.
Diop K. & Ioseille L. (2015). GRET : Manuel d’exploitation des petites stations de potabilisation dans
la vallée du fleuve Sénégal. Manuel pour les opérateurs de stations, 38 p.
Mujawamariya M. (2012). Optimisation de la décantation primaire par ajout de produits chimiques – Jar-
Tests. Master en Sciences de l’Ingénieur Industriel en Chimie, Institut Supérieur Industriel de Bruxelles, 65 p.

Thévenot D. & Varrault G. (2005). Traitement des eaux potables. Université Paris XII-Val de
Marne, ENPC, ENGREF (UMR-MA 102), 40 p.
Chapitre 1.

RESSOURCES EN EAU
ET
NOTION DE POTABILITÉ
Chapitre 1. Ressources en eau et notion de potabilité

1.1. Ressources en eau

L’eau couvre environ 70% de la planète (environ 1,4 milliards de Km 3) : d’où


l’appellation de la Terre de planète bleue. Dans toute cette eau, 97,2% est de l'eau
salée et seulement 2,8% est de l'eau douce.

1.1.1. Eaux des mers et Océans


Les mers et les océans représentent près de 97,2% du volume d’eau sur la
planète Terre ; le reste (eau douce) est la part des eaux continentales (eaux
souterraines et superficielles). Les eaux de mers sont caractérisées par une forte
salinité. Elles sont appelées aussi « eaux saumâtres », ce qui rend leur utilisation
difficile, notamment leur coût très élevé pour leur traitement.

1.1.2. Eaux continentales


L'eau douce qui constitue 2,8% de l'eau de la planète se présente
essentiellement sous forme gelée dans les glaciers et les calottes glaciaires (2,15%).
Le reste de l’eau douce est principalement stockée dans les nappes souterraines
(0,63%) et seule une petite partie se trouve en surface (0,02%).

1.1.2.1. Eaux de surface


Le terme "eaux de surface" englobe toutes les eaux qui circulent ou stockées
à la surface des continents. Elles comprennent les eaux de rivières ou fleuves,
retenues ou de barrages. La composition chimique des eaux de surface dépend de la
nature des terrains traversés par l’eau durant son parcours dans l’ensemble des
bassins versants. Au cours de son cheminement, l’eau dissous les différents éléments
constitutifs des terrains. Par échange avec l’atmosphère, ces eaux se chargent en
gaz dissous (oxygène, azote, gaz carbonique).
Les eaux de surface sont plus vulnérables car elles sont sujettes aux activités
anthropiques. Ainsi, ces eaux sont le siège, dans la plupart des cas, d’un
développement d’une vie microbienne à cause des déchets qu’elles reçoivent. C’est
pourquoi elles doivent forcement subir un traitement pour être potables.

1.1.2.2. Eaux souterraines


Ce sont les eaux qui sont retenues au sein d’une formation souterraine et qui
peuvent généralement être récupérées. L'eau de pluie est légèrement acide du fait de
sa teneur en dioxyde de carbone (CO2) dissous. Au contact des divers terrains
traversés (ruissellement en surface, infiltration, écoulement souterrain) lors de ses
déplacements, l’eau se charge en éléments minéraux et organiques dont l’importance
dépend fondamentalement de la nature du terrain mais aussi des conditions
climatiques. Ainsi, ces eaux sont plus ou moins minéralisées en fonction :
- de la nature des roches traversées et des minéraux rencontrés au cours de
l'infiltration ;

2 UJLoG_Master 1 GEE_ECUE Traitement des eaux destinées à la consommation


Chapitre 1. Ressources en eau et notion de potabilité

- du temps de contact de l'eau avec les minéraux, donc de la vitesse de


percolation de l'eau dans le sous-sol ;
- du temps de renouvellement de l'eau de la nappe par l'eau d'infiltration.
Dès lors apparaît l'importance des minéraux solubles des roches et de la perméabilité
de l'aquifère dans la minéralisation de l'eau :
- Dans l'aquifère, il s'établit un équilibre entre la composition chimique de l'eau et
celle des roches : l'eau prend une minéralisation qui demeure stable dans le
temps et sert à caractériser un faciès hydrochimique.
- Dans les terrains cristallins (granitiques), sableux et gréseux ; c'est à dire riche
en minéraux siliceux et silicatés, les eaux sont douces : elles sont peu
minéralisées mais acides et agressives pour les conduites (cas des eaux du
socle et du bassin sédimentaire côtier de la Côte d’Ivoire).
- Dans les réservoirs calcaires, les eaux sont dures, moyennement à fortement
minéralisées en sels de calcium et magnésium. Elles entartrent les conduites
de distribution : c'est le cas des eaux de la nappe de la craie.
- Au contact du gypse, fréquent dans les terrains tertiaires, l'eau se charge en
sulfate de calcium et devient dure (séléniteuse) et impropre à la consommation.
- En bordure de mer, les aquifères peuvent être en contact avec l'eau de mer. Il
y a donc échange au niveau du biseau salé, avec contamination de l'eau
d'infiltration par les embruns salés. L'eau de la nappe devient plus ou moins
saumâtre. L'invasion de la nappe d'eau douce par l'eau salée est accélérée par
les pompages excessifs et le rabattement de la nappe.
- L'eau des nappes alluviales a une qualité qui dépend de celle de la nappe qui
l'approvisionne et de celle de la rivière.
Quand une eau souterraine contient une concentration en certains minéraux
dépassant les normes de potabilité mais qui représente des propriétés thérapeutiques,
alors elle est dite eau minérale.

1.1.2.3. Caractéristiques générales des eaux


Les eaux de surface se distinguent généralement des eaux souterraines par :
- la présence quasi-générale de gaz dissous, en particulier l’oxygène ;
- une concentration importante en matière en suspension, tout au moins pour les
eaux courantes ;
- la présence de matières organiques d’origine naturelle provenant de la
décomposition des organismes végétaux et animaux ;
- la présence de plancton : les eaux de surface sont le siège d’un développement
important de phytoplancton (algues…) et de zooplancton ;
- les variations journalières (différence de température, d’ensoleillement) ou
saisonnières : variations climatiques, variations de végétation ;
- la pollution organique conduisant à l’eutrophisation des eaux (Tableau 1.1).

3 UJLoG_Master 1 GEE_ECUE Traitement des eaux destinées à la consommation


Chapitre 1. Ressources en eau et notion de potabilité

Tableau 1.1. Principales différences entre eaux de surface et eaux souterraines

Paramètres Eaux de surface Eaux souterraines


Température Variable suivant les saisons Relativement constant
Turbidité, MES (vraies ou Variable, parfois élevée Faible ou nulle (sauf en
colloïdales) terrain karstique)
Couleur Liée surtout aux MES Liée surtout aux matières
(argile, algue…) sauf dans en solution (acides
les eaux très douces et humiques par exemple)
acides (acide humiques)
Minéralisation globale Variable en fonction des Sensiblement constante en
terrains, des précipitations, général nettement plus
des rejets… élevé que dans les eaux de
surface de la même région.
Fe et Mn divalents (à l’état Généralement absents, sauf Généralement présents
dissous) en profondeur, des pièces
d’eau en état
d’eutrophisation
Co2 agressif Généralement absent Souvent présent en grande
quantité
O2 dissous Le plus souvent au Absent la plupart du temps
voisinage de la saturation.
Absent dans le cas d’eaux
très polluées
H2S Généralement absent Souvent présent
NH4 Présent seulement dans les Présent fréquemment sans
eaux polluées être indice systématique de
pollution bactérienne
Nitrates Peu abondants en général Teneur parfois élevée
Silice Teneur en général modérée Teneur souvent élevée
Micropolluants minéraux et Présent dans les eaux de Généralement absent, mais
organiques pays développés, mais une pollution accidentelle
susceptibles de disparaître subsiste beaucoup plus
rapidement après longtemps
suppression de la source
Eléments vivants Bactéries (dont certaines Ferrobactéries fréquentes
pathogènes), virus, plancton
(animal et végétal)
Solvants chlorés Rarement présents Souvent présents
Caractère eutrophe Fréquent accentué par les non
températures élevées
Source : Degrémont (1989) : Mémento Technique de l’Eau ; tome1.

1.2. Notion de potabilité

1.2.1. Eau potable

La caractéristique essentielle des eaux de distribution urbaine est leur


potabilité ; ce qui implique l’élimination dans l’eau brute de départ de tout ce qui peut
constituer un risque pour la santé ou pour l’agrément du consommateur. Cette
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Chapitre 1. Ressources en eau et notion de potabilité

élimination concerne les organismes pathogènes (les bactéries, les virus, les
parasites, les champignons), les matières en suspension et en solution.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit l’eau potable comme une
eau qui ne contient pas d’agents pathogènes ou d’éléments chimiques à des
concentrations ne pouvant nuire à la santé du consommateur (OMS, 2011). C’est dans
ce sens que des directives de qualité ont été définies pour juger de la potabilité des
eaux de consommation et ce, au niveau de chaque pays (régionale) ou à l’échelle
continentale (directives européennes) et mondiale (directives de l’OMS).
L’éventuel dépassement d’une norme ne veut pas dire nécessairement qu’il
existe un risque pour la santé du consommateur. La plupart des normes sont fixées
au microgramme par litre (µ/l) près ; ce qui équivaut à 0,000 001 gramme par litre
d’eau. Dans ces quantités, la nuisance de l’un ou l’autre paramètre n’est possible que
par exposition constante et à très long terme à ce paramètre.

1.2.2. Directives de potabilité

Une eau est dite non potable si elle présente en son sein des éléments à une
dose pouvant entrainer des maladies graves, voire mortelles. On peut donc s’attendre
à ce que les qualités d’une eau potable ne se définissent pas dans l’absolu, ni d’une
manière inconditionnelle. Aussi voyons-nous les normes des pays se différencier les
unes des autres. En effet, le concept de « potabilité » varie à travers le monde, fruit
d'un contexte historique, scientifique et culturel local. Chaque paramètre ne doit pas
dépasser une valeur limite qui est égale généralement à la "concentration maximale
admissible" (CMA). C’est ainsi qu’est employé la notion de « valeurs guides » qui
correspond à un niveau de qualité à atteindre.
De nos jours, toutes les normes se rapprochent de celles de l’OMS. Cependant,
il convient de savoir que les normes internationales ne tiennent pas parfois compte
des exigences très diverses de tous les milieux naturels.

1.2.3. Indicateurs de potabilité

Une eau potable est définie au regard de toute une série de paramètres. Un
paramètre est un élément dont on cherche à révéler la présence et connaître la
quantité. Il existe 63 critères de potabilité de l’eau, que l’on peut regrouper en cinq (5)
grands paramètres (Tableau 1.2) :
- Paramètres organoleptiques : ce sont ceux que le consommateur perçoit
immédiatement (qualités sensibles de l’eau) : la couleur, le goût, l’odeur et la turbidité.
- Paramètres physico-chimiques liés à la structure naturelle des eaux : ils
correspondent aux caractéristiques naturelles des eaux et délimitent les quantités
maximales à ne pas dépasser pour certains composants.
- Paramètres liés aux substances indésirables : ils concernent les
substances dont la présence est tolérée si elle est inférieure à un certain seuil.
- Paramètres liés aux substances toxiques : ce sont les micropolluants ainsi
que certains hydrocarbures. Ils sont soumis à des normes très sévères à cause de leur
toxicité. Leur teneur tolérée est de l’ordre du millionième du gramme.

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Chapitre 1. Ressources en eau et notion de potabilité

- Paramètres microbiologiques : ils permettent de contrôler que l’eau ne


contient aucun germe pathogène, comme les virus, les bactéries ou les parasites,
pouvant provoquer des maladies, voire des épidémies.

Tableau 1.2. Principaux groupes de paramètres physico-chimiques et chimiques

C1 C2-C2* C3 C4a C4b


Paramètres - Couleur - Couleur
organoleptiques - Turbidité - Turbidité
Paramètres physico- - pH - pH - pH - Sodium (Na+)
chimiques liés à la - Conductivité - Potassium (K+)
structure naturelle - Chlorures (Cl-)
des eaux - Sulfates
(SO42+)
- Silices (SiO2)
- Calcium (Ca2+)
- Magnésium
(Mg2+)
- Température
- Oxygène
dissous
- TAC
- TA
Paramètres - Ammonium - ammonium - Hydrocarbures
concernant les (NH4+) (NH4+) pétroliers dissous
substances - Fer total - Fer (Fe2+) - Agents de surface
indésirables - Manganèse - Fer total - Indice phénol
(Mn2+) - Aluminium - Bore
- Aluminium (Mn2+) - Baryum
(Al3+) - Nitrates (NO2-) - Chlorite
- Oxydabilité
(KmnO4,
acide, chaud)
- Hydrogène
sulfuré (S2-)
- Cuivre (Cu2+)
- Zinc (Zn2+)
- Phosphates
(PO43-)
- Fluor (F-)
paramètres - Cadmium (Cd2+) - Arsenic
concernant les - Plomb (Pb2+) - cyanure
substances toxiques - Nickel (Ni2+) - Chrome
- Bromate - Mercure
- Molybdène
- Sélénium
Autres paramètres - Chlore - Chlore libre - Chlore libre - Monochloramine - Organo- halogénés
libre (NH2CL) volatiles
- Ethènes chlorés - Acides
- Chlorobenzènes Chloroacétiques
- Formaldéhyde - Acétonitriles
(HCHO) halogénés
- Constituants - Pesticides
radioactifs

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Chapitre 2.

FILIERES DE TRAITEMENT
DES EAUX DE CONSOMMATION
Chapitre 2. Filières de traitement des eaux de consommation

2.1. Notion de traitement de l’eau

2.1.1. Définition

L’eau pure n’existe pas à l’état naturel. Dans son parcours jusqu’à nos robinets,
elle se charge d’éléments à la fois indispensables à notre santé mais peut également
rencontrer des substances potentiellement toxiques pour l’organisme. C’est pourquoi
l’eau doit subir plusieurs traitements avant d’être considérée comme potable.
La potabilisation consiste en divers processus qui mènent à une purification
de l'eau pour la rendre fiable et sûre quand on la boit, lui donner les vertus de l'eau
potable d'une eau douce en suivant des normes de potabilité.

2.1.2. Objectifs
L’eau destinée à la consommation humaine doit être produite en continu, en
quantité suffisante et présenter une qualité appropriée pour les usages sanitaires
(consommation, préparation des aliments, douches, etc.). Ainsi, l’eau fait l’objet de
traitements spécifiques de potabilisation qui évoluent au fil des innovations. L’objectif
du traitement de l’eau est de produire une eau exempte de risque pour le
consommateur, via l’élimination des substances indésirables éventuellement
présentes dans l’eau et des micro-organismes potentiellement pathogènes.
Il est nécessaire d’assurer l’innocuité et l’efficacité des traitements mis en
œuvre afin qu’ils ne dégradent pas la qualité organoleptique, chimique et
microbiologique de l’eau. La réglementation encadre donc l’utilisation des produits et
procédés de traitement employés pour la production d’eau destinée à la consommation
humaine. Ainsi faut-il déterminer le procédé de traitement le mieux adapté pour rendre
cette eau potable. Ce procédé doit être évalué en tenant compte de la variabilité de la
qualité de l’eau au cours des années précédentes (variations journalière, saisonnière,
climatique).

2.2. Filière de traitement

C’est un procédé mis en place selon le type et la qualité de l’eau brute à traiter.
Ce procédé donne les différentes étapes parcourues par cette eau dans le but de sa
potabilisation. Selon l’origine de l’eau à potabiliser, l’importance relative des différentes
opérations à mener ne sera pas la même. La composition exacte de la filière de
traitement est par conséquent variable d’un cas à l’autre.

2.2.1. Prise d’eau

Les eaux produites sont d’origines diverses : forages, barrages, seuil, rivières.
Les eaux issues de ces différentes prises se résument aux deux types d’eaux (eaux
de surface et eaux souterraines). La conception de la prise d’eau constitue le point de
départ de la filière de traitement :
- Captage de l’eau souterraine : il doit entrainer moins de grains de sable avec
l’eau, dans un périmètre de protection bien délimité ;
2 UJLoG_Master 1 GEE_Traitement des eaux destinées à la consommation
Chapitre 2. Filières de traitement des eaux de consommation

- Captage de l’eau de surface : la pompe immergée est installée sur un radeau,


avec sa prise à 0,5 m de profondeur. Ainsi, la prise suivra la montée et la
descente des eaux suivant les saisons et l’eau captée sera moins chargée en
matières en suspension (MES) et colloïdales, en fer, manganèse et plancton.

2.2.2. Station de traitement d’eau de consommation

Une station (ou unité/usine) de traitement/production d’eau de consommation,


est une installation de traitement d’eau destinée à la consommation humaine. Elle doit
produire en toutes circonstances, une eau répondant aux normes de potabilité. Elle
dispose de :
- une prise d’eau située sur le site même de l’usine ou très loin ;
- un bâtiment d’exploitation dont la constitution est fonction de la filière de
traitement (salles de préparation et de stockage des produits de traitement) ;
- ouvrages (aérateur, décanteur, filtre, bâche de stockage, saturateur de chaux) ;
- un espace d’extension (si possible) ;
- logements d’agents d’exploitation (si nécessaire) ;
- un poste de transformateur électrique MT/BT.

2.3. Différentes filières de traitement

La filière de traitement est fonction du type d’eau (eaux souterraines ou eaux


de surface) et de son origine (surface : rivière, lac, etc…/ souterraine : nappe profonde,
nappe superficielle). En effet, les traitements dépendent de la qualité de l’eau
recueillie. C’est pourquoi, elle est systématiquement contrôlée au moment de son
captage de manière à lui appliquer le traitement de potabilisation adapté.

2.3.1. Traitement simple

La station de traitement simple est une unité de production d’eau potable qui
comprend :
- un captage d’eau souterraine par forage ;
- une désinfection.
L’eau traitée est directement distribuée ou stockée au château avant
distribution.

2.3.2. Traitement semi-complet

La station de traitement semi-complet est une usine de production d’eau qui


comprend :
- un captage d’eau souterraine (forage) ;
- une étape de désinfection ;
- une étape de neutralisation.
L’eau traitée est soit distribuée directement soit distribuée à partir d’un château
d’eau.

3 UJLoG_Master 1 GEE_Traitement des eaux destinées à la consommation


Chapitre 2. Filières de traitement des eaux de consommation

2.3.3. Traitement complet


La station de traitement complet est une usine de production qui comprend :
- un captage d’eau brute de surface (rivière, barrage…) ;
- une étape de clarification ;
- une étape de désinfection ;
- une étape de neutralisation.
L’eau traitée est soit reprise dans une bâche soit distribuée à partir d’un château.

2.4. Traitements spécifiques


Il s’agit surtout de l’élimination d’éléments indésirables couramment détectés
dans les eaux, conduisant suivant leur nature à un éventail de technologies très
diversifié et à des filières plus ou moins complexes si plusieurs d’entre eux sont
présents simultanément (Fe, Mn, NH4, NO3, H2S…). Suivant le cas, leur élimination
sera assurée soit par l’un des procédés généraux définis ci-dessus, soit par une étape
supplémentaire de traitement que l’on intégrera dans les filières de base.
Certains éléments susceptibles d’être présents dans tous les types d’eau (MO,
métaux lourds, métalloïdes, éléments radioactifs…) sont examinés. Leurs rendements
d’élimination par les méthodes habituelles peuvent être très différents suivant leur
nature, conduisant dans certains cas à utiliser des matériaux spécifiques (As (III) et As
(V), F-, etc.)
Certaines substances ou paramètres physico-chimiques ne sont pas modifiés
par le seul traitement « classique ». Lorsque le respect des normes l’impose, un
traitement particulier est nécessaire.

2.4.1. Dureté de l’eau


Les eaux souterraines et superficielles contiennent différents éléments
chimiques naturels dissous (lors de l’infiltration des eaux de pluie dans les sols). Selon
leurs concentrations, ils confèrent à l’eau des caractéristiques particulières. Ainsi, une
eau peut être dure ou douce : la dureté de l’eau provient d’une concentration
excessive en sels de calcium et de magnésium.
Une eau dure (ou entartrante) entartre les canalisations, lavabos, cuvette de
WC, chaudières etc., consomme du savon (il en faut d’avantage pour obtenir de la
mousse) et n’est pas favorable à la cuisson des légumes.
Une eau trop douce (agressive) peut corroder les réseaux de distribution et les
réseaux domestiques.
Pour réduire la concentration en calcium et limiter les risques de dépôt calcaire,
plusieurs méthodes sont possibles : l’adoucissement par des résines échangeuses
d’ions, ou la décarbonatation à la chaux. Pour augmenter la dureté de l’eau en
revanche (ou la mettre à l’équilibre pour diminuer son pouvoir agressif ou corrosif),
dans la plupart des cas, du gaz carbonique et de la chaux sont injectés. Une simple
filtration sur carbonate de calcium (calcaire) peut conduire à une mise à l’équilibre de
l’eau.

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Chapitre 2. Filières de traitement des eaux de consommation

2.4.2. Les métaux

A l’exception du fer et du manganèse qui sont présents dans la nature, la plupart


des métaux rencontrés dans les eaux brutes proviennent de rejets industriels.
Généralement présents sous forme d’ions ou liés à des matières organiques, il faut les
rendre insolubles pour pouvoir les éliminer au cours de la phase de clarification. La
technique mise en œuvre consiste à augmenter le pH avant filtration, et parallèlement
à utiliser un oxydant (cas du fer et du manganèse) ou un réducteur (cas du chrome).
Cette opération les transforme en hydroxydes insolubles.
Le fer et le manganèse sont les métaux dont la présence est la plus fréquente,
notamment dans les eaux souterraines. Leur élimination s’effectue par oxydation
chimique ou biologique (de plus en plus utilisée), suivie d’une rétention des hydroxydes
formés :
- L’oxydation chimique du fer est obtenue par injection d’air ou d’oxygène. Le
manganèse nécessite un oxydant plus puissant, le plus souvent du permanganate de
potassium.
- L’oxydation biologique fait intervenir des actions bactériennes qui
transforment le fer et le manganèse en hydroxydes. Cette oxydation permet de les
éliminer par décantation ou par filtration.

2.4.3. Les nitrates (NO3-)


Les deux principaux traitements utilisés actuellement pour éliminer ou
transformer les nitrates sont :
- La dénitratation par résines échangeuses d’ions (procédé physico-
chimique) : l’eau à traiter traverse les résines, qui fixent les ions nitrates, et les
remplacent en libérant des ions chlorures ou hydrogénocarbonates en quantité égale.
L’eau dénitratée est mélangée avec de l’eau brute dans une proportion qui permet de
respecter les objectifs de qualité.
- La dénitrification biologique (procédé biologique), qui utilise des micro-
organismes présents dans le milieu naturel et qui consiste en une réduction en azote
gazeux, en l’absence d’oxygène. Dans le cas de l’eau potable, les bactéries sont fixées
sur un support qui sert également de filtre.
NB. Le traitement des nitrates n’est autorisé que pour les eaux souterraines ne
contenant pas plus de 100 mg/L. Il est interdit (sauf dérogation) pour les eaux
superficielles.

2.4.4. L’ammoniac (ion ammonium NH4+)


Deux (2) groupes de procédés sont utilisés pour éliminer l’ammoniac (NH3) :
- L’oxydation chimique par le chlore transforme l’ammoniac en azote
gazeux. Ce procédé peut entraîner la formation de sous-produits organochlorés
indésirables pour la santé et à l’origine de mauvais goûts. Ce traitement a été remplacé
progressivement par des procédés biologiques.

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Chapitre 2. Filières de traitement des eaux de consommation

- L’oxydation biologique (de l’ammoniac) est assurée par des bactéries


nitrifiantes sur un filtre à sable ou à charbon, qui transforment l’ion ammonium en
nitrites. Puis les nitrites sont oxydés en nitrates, qui peuvent être éliminés par les
procédés évoqués ci-dessus, si leur concentration est élevée (en fait la nitrification de
l’ammoniac ne conduit jamais ou rarement à des concentrations en nitrates
nécessitant une dénitrification finale).

2.4.5. Les micropolluants organiques


Cette catégorie de substances comprend notamment les produits
phytosanitaires, les solvants chlorés (exemple : le trichloréthylène) et les
hydrocarbures aromatiques. Trois (3) groupes de procédés sont utilisés pour les
éliminer :
- L’oxydation par l’ozone, éventuellement associée au peroxyde
d’hydrogène (H2O2), permet d’éliminer les pesticides.
- Le "stripping" (ou aération forcée des molécules volatiles) pour les solvants
chlorés, consiste à transférer dans l’air les composés organiques devenus volatils.
Cette opération peut être effectuée en simple cuve d’aération, mais les meilleurs
résultats sont obtenus dans un appareil spécifique (tour d’aération). L’air ainsi chargé
d’éléments indésirables est ensuite filtré avant d’être rejeté dans l’atmosphère.
- L’adsorption sur charbon actif (en poudre avant la phase de floculation et
en grains comme matériau filtrant) permet d’éliminer un grand nombre de
micropolluants, mais le coût est important (2 à 3 fois supérieur au stripping pour les
solvants chlorés).

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Chapitre 3.

ÉTAPES DU TRAITEMENT DE
L’EAU DE CONSOMMATION
Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

Introduction

3.1. La Clarification
C’est l’ensemble des traitements destinés à éliminer les matières en suspension
(MES) et les particules colloïdales susceptibles de conférer à l’eau une mauvaise
couleur, odeur et un goût désagréable. C’est l’étape qui consiste à rendre l’eau claire.
Cette étape est importante dans le traitement des eaux de surface. Elle se décompose
en plusieurs sous-étapes.
A l’issue de ce point, l’apprenant doit pouvoir décrire les différentes sous-
étapes de la clarification, définir l’objectif de chaque étape et lister les produits
utilisés.

3.1.1. Les Prétraitements


Il débute par le « dégrillage », ensuite le « tamisage » et l’eau peut passer sur
un filtre à charbon actif avant l’étape de la « pré-oxydation ».
3.1.1.1. Le Dégrillage
C’est un procédé mécanique, indispensable aussi bien en traitement des eau
de surface que des eaux résiduaires et qui permet de protéger les ouvrages aval contre
l’arrivée de gros objets susceptibles de provoquer des bouchages dans les différentes
unités de l’installation.
L’entrée de la tour de prise est munie d’une grille et la pompe, d’une crépine qui
permettent de débarrasser l’eau brute des éléments grossiers (tout déchet solide de
dimension supérieure à 3 mm).

3.1.1.2. Le Tamisage
C’est également un procédé mécanique appliqué contre les particules encore plus
fines. On dispose des filtres à tamis dans la canalisation transportant l’eau brute à la
station pour éliminer les grains de sables ou particules de taille semblable (dimension
supérieure à 0,3 mm).
3.1.1.3. L’Adsorption sur charbon actif (CA)

Le charbon actif se présente sous forme de poudre noire pulvérulente (CAP)


ou de grains (CAG) avec un degré d’oxydabilité de 80%. Il permet d’améliorer les
caractéristiques organoleptiques en éliminant les goûts, odeurs, couleur, les matières
organiques dissoutes ainsi que les polluants organiques (pesticides) dans l’eau brute
par adsorption.
 Sous forme de poudre (CAP)
Il est mélangé avec l'eau brute avant sédimentation comme suspension
aqueuse avec un taux moyen de 20 g/m3 d'eau. Avec son pouvoir adsorbant des
matières en suspension et de plusieurs matières dissoutes dont les hydrocarbures, il
favorise la formation des flocs et rend plus complet le fonctionnement des décanteurs.

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Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

 Sous forme de grain (CAG)


Le charbon actif est utilisé comme matériau filtrant. Les filtres à charbon actif
sont identiques du point de vue construction et fonctionnement aux filtres rapides à
ciel ouvert. Comme milieu filtrant, ils combinent l'avantage des processus d'épuration
normaux des filtres et le pouvoir adsorbant exceptionnel du charbon actif. A ce titre, ils
sont très indiqués lorsqu'on a à faire à des eaux superficielles très polluées.
Le CAG est utilisé comme élément d'une série d'ouvrages de traitement ou en
double couche de matériaux dans un filtre, surmonté de sable. La vitesse de filtration
est généralement du même ordre de grandeur que celle des filtres dits rapides.
NB. Le CAG peut aussi servir à la déchloration et à la biodégradation.

3.1.2. L’aération
L’aération consiste à introduire l’air atmosphérique dans l’eau. En d’autres
termes, l’aération est un procédé qui permet d'augmenter la teneur en oxygène de
l'eau et réduire celle de dioxyde de carbone. Elle permet d’éliminer les mauvaises
saveurs dues à la présence de gaz initialement dissous dans l’eau tels que l’hydrogène
sulfureux (H2S), l’ammoniac (NH3), etc. ou certains composés organiques volatils
(toluène, éthylbenzène). D’autre part, l’aération permet d’oxyder certains composés
chimiques dissous tels que le fer, le manganèse en les transformant en hydrates
d'oxyde ferrique et manganiques pour les rendre séparables par précipitation. Ainsi, le
processus d'aération peut être défini comme étant un procédé d'oxydation physico-
chimique car il met en jeu des phénomènes physiques de transfert d'air (d’oxygène)
dans l'eau et éventuellement des réactions chimiques d'oxydation.
L'aération s'effectue couramment par ruissellement ou projection de l'eau dans
l'air : par cascades, pulvérisation, aérateurs rotatifs, tours de contact, mécaniques...

3.1.3. La Pré-oxydation
La pré-oxydation consiste à éliminer une partie des composés organiques et
minéraux (responsables de la couleur et des goûts désagréables) par l’utilisation d’un
oxydant, en vue de faciliter la coagulation-floculation. Elle empêche le développement
des algues, bactéries et animalcules dans les ouvrages en maintenant toujours un
résiduel de chlore. Elle s’applique selon la charge polluante contenue dans l’eau brute.
Le choix de l’oxydant dépend :
- de son pouvoir oxydant ;
- de sa vitesse de réaction avec les composés à éliminer ;
- de son coût et ;
- du fait qu’il n’introduit pas de composés parasites toxiques dans l’eau.
Les oxydants couramment utilisés sont l’hypochlorite de calcium, le chlore
gazeux, le bioxyde de chlore, le permanganate de potassium.

 Réactions du chlore gazeux (Cl2) sur les composés minéraux


o Azote ammoniacal (Ammoniac (NH3), Ammonium (NH4+))

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Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

Le chlore gazeux réagit avec l’azote ammoniacal pour donner des chloramines
(Figure 3.1). La formation des chloramines est très rapide et leur destruction est plutôt
lente (1 heure de temps de contact). Il faut 7,6 mg de chlore gazeux pour détruire 1
mg d’ammoniac.

Quelques définitions
 Chlore libre : Chlore présent sous la forme d’acide
hypochloreux, d’ion hypochlorite ou de chlore élémentaire
dissous.

 Chlore combiné : Fraction du chlore total présente sous


la forme de chloramines et/ou de composés organochlorés.

 Chloramines : Dérivé de l’ammoniac par substitution


d’un, deux ou trois atomes d’hydrogène par des atomes de
chlore et tous les dérivés chlorés des composés aminés.

 Chlore total : Chlore présent sous la forme de chlore libre


ou de chlore combiné ou l’ensemble des deux.

Figure 3.1. Différents états du chlore

o Nitrites (NO2-)
Il faut 1,54 mg de chlore pour détruire 1 mg de nitrites.
o Fer (Fe) et Manganèse (Mn2+)
Il faut 0,64 mg de chlore pour détruire 1 mg de Fer et 1,29 mg pour détruire 1
mg de Manganèse.

 Réactions du chlore gazeux (Cl2) sur les composés organiques


L’action du chlore sur les composés organiques peut produire des substances
toxiques telles que les chlorophénols et les trihalométhanes (THM, considérés comme
indicateurs de l’ensemble des composés halogénés formés). Pour ces raisons, l’OMS
a établi une norme portant sur la quantité de THM (THM totaux ≤ 100 µg/L). Il faudra
donc éviter la pré-chloration tant que les matières organiques n’ont pas été éliminées
de l’eau brute. Le charbon actif peut être un moyen de les extraire par adsorption, ainsi
que les THM de l’eau à traiter.
Remarques
 L’hypochlorite de calcium (Ca(ClO)2) produit les mêmes effets que le chlore
gazeux ; mais il est moins puissant.
 Le dioxyde de chlore (ClO2) ne réagit pas sur l’ammoniac et forme beaucoup
moins de THM que le chlore gazeux.

3.1.4. La coagulation-floculation
La coagulation-floculation est un procédé de traitement physico-chimique
d'épuration de l'eau, utilisé pour le traitement de potabilisation ou le traitement d'eau

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Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

usée. Son principe repose sur la difficulté qu'ont certaines particules à se décanter
(déposer) naturellement : les colloïdes.

3.1.4.1. La Coagulation

La coagulation consiste à détruire les charges électriques négatives portées


par les particules en suspension (sables, limons, plancton, débris organiques…) et les
matières colloïdales (agiles fines, kystes de protozoaires, bactéries,
macromolécules…) dans l’eau grâce à l’apport d’un produit chimique chargé
positivement. Généralement, ce sont des sels d’acide fort et de métal lourd trivalent).
Les critères de choix d’un coagulant sont nombreux : son efficacité à réduire la couleur,
la turbidité et les matières organiques d’une eau. Cependant, son prix et les effets
secondaires comme les fuites en Fe3+ et Al3+ ne sont pas à négliger.
Le coagulant le plus utilisé dans le monde est le sulfate d’alumine puisqu’il est
le moins cher des trivalents. Cependant, il présente des inconvénients :
- sanitaires : les résidus d’aluminium jouent un rôle dans des maladies telles
que l’Alzheimer ;
- environnementaux : il engendre des résidus métalliques traces ;
- techniques : il est peu efficace dans les eaux froides ; abaisse le pH en
consommant l’alcalinité (Tableau 3.1) ;
- économiques : le coût est élevé pour les pays en voie de développement.

Tableau 3.1. Incidence de l’ajout de sulfate d’alumine

Produit Dose de SA Production Doses usuelles


abaissant le de boues
TAC de 1°F
Eau
Sulfate Eau moyennement Eau
d’alumine 20 g/m3 1g claire chargée chargée
solide 20 g/m3 40 – 60 g/m3 > 80 g/m3
La plage de pH d’utilisation du sulfate d’alumine va de 5 à 8.

Leur action pratiquement instantanée, dépend :


- de la température ;
- du pH ;
- de la concentration en colloïdes ;
- de la présence d’inhibiteurs ou non.

Au niveau de la station, il faut une agitation violente au point d’injection du


coagulant pour assurer une homogénéisation rapide du mélange. Cela est réalisé
parfois par la seule turbulence créée par le déversoir, mais il est souhaitable de
disposer d’un système permettant un mélange rapide (agitateur mécanique).

3.1.4.2. La floculation

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Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

La floculation consiste à l’agglomération et précipitation des particules


colloïdales en suspension préalablement coagulées. En effet, le mélange de charges
opposées créées en présence du coagulant conduit spontanément à la floculation qui
a pour objet de réaliser le mûrissement et l’alourdissement des flocs. Les sels
métalliques produisent dans l’eau, des hydrates qui constituent des flocons et qui
ramassent au passage les particules en suspension.
La floculation s’étend de 20 à 45 mn et doit s’effectuer sous agitation lente
pour ne pas casser les flocs en cours de formation. Le système d’agitation utilisé peut
être similaire à celui utilisé en coagulation ou se composer d’un floculateur à chicanes.
Pour augmenter la taille des flocs, c’est-à-dire agglomérer le maximum de flocs
ensemble. On utilise parfois des adjuvants de floculation qui forment des ponts entre
les particules de flocs.

3.1.5. La décantation
C’est le dépôt des particules agglomérées au fond du décanteur par le seul fait
de la pesanteur. Le rendement de la décantation est lié à la taille et au poids des
flocons ainsi qu’à la température ambiante. Plus les flocons seront gros et lourds et
moins la température sera élevée, mieux se fera la décantation. Quel que soit le
décanteur utilisé, 80 à 90% des matières en suspension (MES) sont éliminées.
L’écoulement de l’eau aussi joue un rôle important. Il est nécessaire qu’il soit
homogène et sans turbulence pour éviter que les flocs déjà décantés soient remis en
solution.
Les types de décanteurs généralement rencontrés sont : le décanteur horizontal
couloir, le décanteur lamellaire, le décanteur cylindroconique.

3.1.5.1. Décanteur horizontal couloir


C’est un bassin en forme de parallélépipède rectangle (Tableau 3.2) dans lequel
les flocs formés dans la chambre de coalescence se déposent, avant que l’eau
n’atteigne la sortie vers les filtres. Pour cela, il est conçu de sorte que le temps de
décantation du floc (temps de chute) soit inférieur au temps de séjour de l’eau dans le
décanteur.
Tableau 3.2. Notion de vitesse de surverse ou vitesse de HAZEN

Paramètres Sigle Caractéristiques du décanteur Sigle


Vitesse de décantation U Hauteur du décanteur H
Volume du décanteur V Longueur du décanteur L
Débit de l’eau qui Q Largeur du décanteur l
traverse le décanteur

Temps de chute des flocs (Tc) < Temps de séjour de l’eau dans le décanteur (Ts)
Tc = H/U < Ts = V/Q
H/U < V/Q
U/H > Q/V
U > QH/V
U > QH/L*l*H

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Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

U > Q/L*l
U > Q/S
Avec S, surface du décanteur et Q/S, vitesse de surverse (Vs) ou vitesse de
HAZEN ou vitesse de l’eau qui traverse le décanteur.
Pour une meilleure décantation, la vitesse de chute des flocs doit être
supérieure à la vitesse de surverse qui est généralement comprise entre 1 et 1,5 m/h
pour éviter d’entraîner les flocs déjà décantés. La hauteur d’eau dans le décanteur est
toujours supérieure à 2 m.

3.1.5.2. Décanteur lamellaire


C’est un décanteur couloir dans lequel sont placées des lamelles et inclinées
de façon à ce que les flocs glissent, après les avoir touchées, vers le lieu de recueil
déterminé. Dans ce type de décanteur, la vitesse de surverse peut atteindre 5 à 6 m/h.

3.1.5.3. Décanteur cylindro-conique (à écoulement vertical)


L’eau suit un trajet vertical (ascension). L’eau brute admise dans la partie
centrale tronconique, reçoit les réactifs, coagule et flocule. Le mélange est réalisé sous
l’effet des turbulences qui assurent le brassage. L’eau ressort par le bas, pénètre dans
la partie périphérique et remonte jusqu’aux goulottes.
La vitesse de chute des flocs sera contrariée par l’ascension verticale de l’eau.
Il se forme alors un voile de boues (du fait de l’équilibre des vitesses), qui favorise le
grossissement des flocs par augmentation des contacts et se comporte comme un
filtre. La décantation se fera si la vitesse de décantation des flocs est supérieure à la
vitesse de remontée de l’eau vers les goulottes de récupération. Les vitesses
ascensionnelles sont en moyenne de 3 m/h. Le Décanteur à écoulement vertical a
l’avantage d’occuper moins d’espace.

3.1.6. La filtration

C’est la phase finale de cette étape de clarification. Après la décantation, l’eau


traitée contient encore des particules plus fines, non décantées ; il faut donc la filtrer.
Généralement, on utilise un filtre constitué d’une couche de sable non calcaire, de
granulométrie homogène, supporté par un plancher en béton poreux ou constitué de
dalles dans lesquelles sont vissées des busélures. Certains filtres utilisent une
combinaison de plusieurs matériaux (filtres multicouches).
L’eau à filtrer percole à travers un lit filtrant constitué d’un ou plusieurs
matériau(x) granulaire(s), dont les caractéristiques et la hauteur de couche doivent
être adaptées à l’eau à traiter et au type de filtre choisi. Les matières en suspension
sont retenues dans les espaces intergranulaires, sur la plus grande partie de la hauteur
de couche. Ainsi, les grains de sable de taille uniforme de l’ordre du millimètre (ø = 0,2
à 2 mm), forment un mélange dont les interstices piègent les particules apportées par
l’eau, à différentes profondeurs.
Si les grains de sable sont fins et la vitesse de l’eau faible, le colmatage se fera
dans les niveaux supérieurs du filtre, sinon il se localisera aux niveaux plus profonds

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Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

(pouvant même aller jusqu’à la traversée du filtre par les particules les plus fines :
perçage). Deux (2) principaux types de filtres sont couramment utilisés :
- Les filtres ouverts : ce sont les plus fréquents. A faible ou grande hauteur d’eau
et d’épaisseur de sable compris entre 0,8 et 1,2 m, ils supportent des vitesses de
filtration allant de 4 à 10 m/h (4 à 10 m3/h par m2).
- Les filtres sous pression (en général métalliques) : l’eau passe sous pression
à travers le sable à des vitesses pouvant aller jusqu’à 25 m/h.

3.1.6.1. Les filtres ouverts

 Les filtres lents à sable


Le filtre lent consiste en un bassin à ciel ouvert ; le plus souvent rectangulaire,
contenant du sable servant de matériau filtrant. La couche de sable, d'épaisseur allant
de 0,7 m à 1,5 m, est surmontée d'une couche d'eau de 0,7 m à 3 m, s'écoulant en
traversant le sable sous l'action de la pesanteur. L'eau filtrée est recueillie au fond du
bassin à l'aide d'un système de drainage.
Le nom de "filtre lent" vient du fait que la vitesse de percolation est très faible,
de l'ordre de 0,1 à 0,5 m/h, par opposition aux filtres rapides.

 Les filtres rapides à sable


Comme les filtres lents, les filtres rapides sont constitués de bassins à ciel
ouvert, contenant le sable filtrant sur une épaisseur d'environ 0,7 m à 1,5 m. C'est un
sable gabarité d'une granulométrie assez uniforme, avec un coefficient d'uniformité
des grains compris entre 1 et 1,8. La taille effective des grains varie de 0,4 mm à 1,2
mm selon le degré de traitement désiré et la qualité de l'effluent.
Le sable doit être choisi avec grand soin, exempt d'argiles, de poussière, de
racines et autres impuretés. Donc l'utilisation de sable tout-venant comme dans le cas
de la filtration lente est exclue. La couche d'eau surmontant le sable et provoquant la
percolation est d'une hauteur de 0,8 à 2 m et exceptionnellement de 3 m. Le filtrat est
recueilli au fond par l'intermédiaire de systèmes de drainage.
Le nom de "filtre s rapides" vient de l'importance des vitesses d'environ 20 à 50
fois plus élevées que celles des filtres lents. Ces vitesses de 2 à 25 m/h engendrent
des durées de traversée du matériau filtrant trop courtes pour permettre d'autres
phénomènes d'épuration que de type physique. Il en découle une réduction de la
surface de filtration, donc de la grandeur des ouvrages.

 Lavage des filtres rapides


Un filtre peut en principe retenir environ 1 kg de matières sèches par m 3 de
sable. Au-delà, le débit d’eau filtrée risque de ne plus être assuré ou la qualité de l’eau
filtrée ne peut plus être maintenue. Alors le filtre est régénéré par des lavages
périodiques à contre-courant, fonction de la fréquence de colmatage avant que le
perçage ne survienne. C’est une opération très importante car quand elle est mal faite,
le colmatage de certaines parties du filtre reste permanent et peut être le lieu de
développent de microorganismes préjudiciables à la qualité de l’eau traitée. A l’usage,

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Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

le sable s’use et les grains les plus fins sont éliminés lors des opérations de lavage.
Ces pertes sont compenser par l’apport de sable neuf (quelques centimètres par an).

3.1.6.2. Filtres sous pression


Contrairement aux deux premiers cas de filtres énumérés (écoulement
gravitaire dans des bassins à ciel ouvert), les filtres sous pression sont constitués de
coques d'acier fermées, équipées de systèmes de drainage et dans lesquelles est
chargé le sable filtrant. Elles sont horizontales ou verticales et fonctionnent avec une
pression de l'ordre de 10 atm. La vitesse de filtration étant du même ordre de grandeur
que pour les filtres dits "rapides", la perte de charge est quasiment négligeable. Ce qui
fait que le système de pompage double (avant et après traitement) peut être évité. Le
traitement se limite pratiquement à une opération de tamisage. C'est pourquoi il n'est
généralement utilisé que dans l'industrie.

3.2. Désinfection

C’est une étape décisive dans le traitement de l’eau de consommation avant


distribution. Elle permet d’éliminer tous les microorganismes pathogènes et de
maintenir la qualité microbiologique de l’eau traitée pendant son transport jusqu’à chez
l’abonné le plus éloigné.
Une bonne désinfection passe par une bonne clarification. Il faut au préalable
éliminer le maximum de matières organiques et minérales en suspension ou non qui
pourraient d’une part nourrir ou protéger les microorganismes et d’autre part
consommer par réaction chimique une partie du désinfectant. Les microorganismes se
répartissent en cinq (5) groupes principaux : algues, protozoaires, mycètes, bactéries,
virus.
A l’issue de ce point, l’apprenant doit pouvoir définir l’objectif de désinfection,
décrire les procédés de désinfection et lister les produits utilisés.

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Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

3.2.1. Développement des microorganismes

Pour se développer, les microorganismes ont besoin d’une source d’énergie et


de nutriments qui leur sont fournis par leur milieu. A ces facteurs s’ajoutent des
facteurs physiques comme la température, le pH, l’oxygénation, la pression osmotique.

3.2.1.1. Au niveau des retenues d’eau


Les précipitations entraînent une quantité importante de matières en
suspension qui viennent enrichir le milieu aquatique et servir à l’alimentation et au
support des microorganismes. Les corps en décomposition dans les retenues d’eau
sont un apport nutritif très important pour les microorganismes.

3.2.1.2. Au niveau du robinet de l’abonné


La présence des microorganismes est due à :
- l’eau souterraine non traitée ;
- une clarification insuffisante laissant l’eau trouble ;
- une mauvaise désinfection (taux de désinfectant insuffisant) ;
- une pollution dans le réseau (casse, infiltration d’eaux usées) ;
- un manque d’hygiène chez l’abonné.

3.2.2. Effet des désinfectants sur les bactéries et les virus

Généralement, le mécanisme de la désinfection consiste à pénétrer dans la


cellule et détruire le système enzymatique. L’attaque des bactéries peut porter sur leur
paroi ou leur membrane cytoplasmique provoquant la perte de l’activité enzymatique
et une modification de la perméabilité cellulaire. Dans le cas des virus, la paroi est
perméable et donc ne constitue pas le point sensible ; c’est l’acide nucléïque (ADN ou
ARN) qui est la cible à atteindre.
Pour définir les conditions pratiques d’une bonne désinfection, on étudie la
mortalité en fonction du temps, de microorganismes choisis, placés en suspension
dans l’eau contenant une concentration donnée de désinfectant. Il en ressort que pour
assurer l’efficacité d’un désinfectant, il faut respecter les critères suivants (Tableau
3.3):
- Le temps de contact ;
- La dose (taux de traitement).

Tableau 3.3. Temps de contact et taux en produit actif

BACTERIES VIRUS
DESINFECTANTS Dose (mg/L) Temps (mn) Dose (mg/L) Temps (mn)
Chlore gazeux 0,1 – 0,2 10 - 15 0,3 – 0,5 30 - 40
Dioxyde de chlore 0,1 – 0,2 5 - 10 0,3 – 0,5 30
Ozone 0,1 – 0,2 1-2 0,4 4
Remarque : Les champignons, levures et vers parasites sont très résistants. Leur
destruction demande des taux de traitement élevés (8 à 10 mg/L de chlore actif).

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Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

3.3. Neutralisation : Mise à l’équilibre calco-carbonique des eaux

La neutralisation, c’est un ensemble de procédés qui permettent de neutraliser


uniquement l’excès d’acidité dans l’eau. Elle consiste à ramener l’eau traitée à son pH
d’équilibre afin d’éviter la formation de gros dépôts qui pourraient boucher les
canalisations de petit diamètre (entartrage) ou que l’eau attaque les canalisations
(corrosion) ; ce qui causerait des dommages importants (fuites d’eau, installations hors
usage, etc.). Ces différentes propriétés de l’eau sont déterminées par l’« Essai au
marbre » et l’utilisation de plusieurs représentations graphiques dont le diagramme
d’Hallopeau et Dubin. En effet, le système de Hallopeau et Dubin (ou celui de Legrand
Poirier Leroy) permet de déterminer rapidement la dose de chaux devant être appliquer
pour ramener l’eau à son état d’équilibre.
A l’issue de ce point, l’apprenant doit pouvoir définir l’objectif de la mise à
l’équilibre calco-carbonique des eaux, déterminer les paramètres d’équilibre de l’eau
traitée et lister les produits utilisés
Les eaux naturelles contiennent de nombreux éléments en solution parmi
lesquels l’hydrogénocarbonate de calcium est le plus fréquent et le plus important. Ce
sel, non isolé à l’état cristallisé, dérive de l’acide carbonique (H2CO3). Cet acide
particulièrement instable se décompose dès sa formation pour libérer du gaz
carbonique et de l’eau selon la réaction 3.2 :

H2CO3 CO2 + H2O (3.2)


En solution aqueuse, l’hydrogénocarbonate de calcium et l’acide carbonique
participent à un équilibre appelé traditionnellement " équilibre calco-carbonique"
(équation 3.3) :

Ca(HCO3)2 CaCO3 + CO2 + H2O (3.3)

Cet équilibre met en jeu:


- Ca(HCO3)2 et H2CO3 tous deux à l’état dissous ;
- CaCO3 à l’état solide.
Il s’agit donc d’un équilibre hétérogène régi par les lois propres à ce type
d’équilibre. De ce fait, toute modification de la concentration de l’un des éléments de
cet équilibre (l’hydrogénocarbonate de calcium, acide carbonique, …) déplacera
l’équilibre.

3.3.1. Eaux agressives et eaux incrustantes


Quand la concentration en CO2 ne correspond pas à ce qu’elle doit être pour
que l’équilibre soit réalisé, celui-ci se déplace dans un sens tel qu’un nouvel état
d’équilibre soit atteint. Deux cas peuvent se présenter :
1er cas : Concentration en CO2 supérieure à celle existant à l’équilibre (équation 3.4).
Le déplacement de l’équilibre se fera alors vers la gauche ; c’est-à-dire dans le sens
d’une attaque de CaCO3 par le CO2 en excès.
Ca (HCO3)2 CaCO3 + CO2 + H2O (3.4)

11 UJLoG_Master 1 GEE_Traitement des eaux destinées à la consommation


Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

Une eau qui a la capacité de dissoudre ainsi le calcaire est appelée « eau
agressive ». Son pH est inférieur à 7. Le calcaire est un dépôt solide de carbonate de
calcium appelé également tartre. Ces dépôts contribuent à la protection des parois
internes des conduites contre la corrosion.
2ème cas : Concentration en CO2 inférieure à celle existant à l’équilibre (équation 3.5).
Le déplacement de l’équilibre se fera alors vers la droite, c’est-à-dire dans le sens
d’une précipitation de CaCO3 à partir du Ca (HCO3)2 en solution.

Ca (HCO3)2 CaCO3 + CO2 + H2O (3.5)

Une eau qui présente la propriété de précipiter ainsi le calcaire est appelée «
eau incrustante ». Une eau entartrante est une eau qui a la propriété de former sur les
parois internes des conduites une couche de tartre. C’est un dépôt généralement dur
et adhérent, quelquefois poreux et constitué essentiellement de sels (carbonates,
sulfates, silicates de calcium, etc.)
Schématiquement, on situe le problème de la façon suivante :
CO2 libre > CO2 d’équilibre = présence de CO2 agressif. Eau agressive.
CO2 libre = CO2 d’équilibre = absence de CO2 agressif. Eau en équilibre.
CO2 libre < CO2 d’équilibre = déficit en CO2 d’équilibre. Eau incrustante.

3.3.2. Répartition de l’anhydride carbonique dans l’eau (Figure 3.2)

CO2 TOTAL

CO2 libre CO2 des bicarbonates

CO2 agressif CO2 équilibrant CO2 semi-combiné CO2 combiné

(HCO3-) (CO32-)
Figure 3.2. Différentes formes de CO2 dans l’eau

3.3.3. Corrosivité de l’eau


Une eau corrosive est une eau qui a la propriété d’attaquer les métaux avec
lesquels elle est en contact. Cela se traduit par une tendance de l’eau à perforer la
canalisation. Les conséquences se ressentent à travers les fuites d’eau qui se
produisent sur les canalisations en fonte et en acier et aussi au niveau des robinets. Il

12 UJLoG_Master 1 GEE_Traitement des eaux destinées à la consommation


Chapitre 3. Etapes du traitement de l’eau

apparaît donc que l’agressivité et la corrosivité de l’eau sont deux caractères différents
mais complémentaires dus au même composé chimique : le gaz carbonique.
La neutralisation est donc une étape importante dans la filière de traitement de
potabilisation de l’eau.

Conclusion
La Clarification est une étape très importance dans le traitement de
potabilisation de l’eau (surtout les eaux de surface) car c’est elle qui va susciter
l’agrément du consommateur par l’élimination de la couleur, de la turbidité, du goût et
des odeurs dans l’eau ; et cela, à travers plusieurs sous-étapes.
La Désinfection qui consiste en l’élimination des germes pathogènes de l’eau
revêt une importance capitale, voire vitale, parce qu’elle permet de garantir la santé
par une meilleure hygiène de l’eau de consommation.
La Neutralisation est une étape importante de la filière de traitement. Son
objectif est d’obtenir, pour l’eau distribuée, le pH d’équilibre afin d’éviter la formation
de dépôts calcaires dans les canalisations (eau incrustante) ou que l’eau attaque les
ouvrages métalliques (eau corrosive) ; ce qui pourrait causer des dommages
importants aux installations.
L’eau produite ne passe pas systématiquement par ces trois grandes étapes.
Les étapes sont fonction du type d’eau et surtout de sa qualité physico-chimique et
chimique. Seule, la production d’eau potable à partir des eaux de surface s’adapte à
ces trois grandes étapes : on parle alors de filière à traitement complet.

13 UJLoG_Master 1 GEE_Traitement des eaux destinées à la consommation


Chapitre 4.

PRODUITS DE TRAITEMENT
Introduction

Les produits de traitement désignent des substances et/ou des préparations


commerciales destinées à être injectées dans l’eau afin d’en modifier sa qualité
physico-chimique et/ou microbiologique.
Les produits utilisés pour le traitement de l’eau (Tableau 4.1) jouent
essentiellement trois (3) rôles :
- le rôle de "destruction" (en clarification) : il consiste à éliminer les matières
organiques, le fer, le manganèse, l’ammoniac et les micro-organismes ; cela facilite la
coagulation-floculation ;
- le rôle de "ramasseur" (en clarification) : il consiste à regrouper sous forme de
flocs décantables, les différentes impuretés détruites ;
- le rôle de "protection" (en désinfection et mise à l’équilibre calco-carbonique) : il
s’agit de protéger l’eau contre d’éventuelles contaminations par les micro-organismes
lors de son transport et de préserver les conduites de transport de la corrosion et des
entartrages.

Tableau 4.1. Produits chimiques employés

Types d’eau
Produits chimiques Eaux de surface Eaux
souterraines
Sulfate d’alumine en granulé de 16 à 18% d’alumine X
Hypochlorite de calcium en granulé de 68 à 70% de X X
chlore actif
Chaux hydratée sous forme de fleur de chaux à 95% X X
de chaux éteinte
Chlore gazeux dans des bouteilles de 80 Kg X X
Chlorite de sodium en solution de 31% de chlorite X
Charbon actif en poudre (CAP) et en grains (CAG) X
Dolomie en grain de diamètre de 2 à 5 mm X
Carbonate de sodium solide (poudre) X

4.1. Les coagulants-floculants

………
4.1.1. Le sulfate d’aluminium (S.A)
Le sulfate d’aluminium ou d’alumine de formule chimique (Al2 (SO4)3, 14 H2O) se
présente sous forme de poudre blanche de diamètre 0,1 à 2,5 mm avec au minimum
17% de dioxyde d’aluminium (Al2O3). La réaction de base lors de l’ajout de l’ion Al3+
dans l’eau est la formation d’un précipité d’hydroxyde d’aluminium avec libération
d’une certaine acidité (Equation 4.1) :

Al3+ + 3 H2O Al (OH) 3 + 3 H+ (4.1)


Cette acidité peut réagir sur certaines espèces en solution, notamment sur les ions
bicarbonates entraînant une baisse du TAC (Equation 7).
HCO3- + H+ H2O + CO2 (7)

1°F correspond à 20 g/m3 de (Al2 (SO4)3, 14H2O) à 17 % de Al2O3


Les taux de traitement et les pH optima sont à déterminer par des tests de floculation pour
permettre l’élimination optimale des matières organiques, de la couleur, de la turbidité.
Les taux moyens de traitement, sur une filière avec décanteur sont :
- en eau claire : 20 g/m3 ;
- en eau moyennement chargée : 40 – 60 g/m3 ;
- en eau chargée : > 80 g/m3.

4.1.2. Le chlorure ferrique (FeCl3)


Le produit solide contient 40 % de chlorure ferrique. Il est plus efficace que le sulfate d’alumine
dans le cas des eaux colorées. La plage de pH d’utilisation va de 4 à 11.

4.1.3. Les adjuvants de floculation


Ce sont des molécules de poids moléculaires élevés pouvant former des pontages (amas) et
augmenter le poids des flocs (Amidon, Alginate, Silice activée, bentonite).

4.2. Oxydants et désinfectants

4.2.1. Hypochlorite de calcium

L’hypochlorite de calcium de formule chimique Ca(OCl)2 se présente sous l’aspect de solide


en grains. Le produit commercial solide contient 65 à 70 % de chlore actif. Il est utilisé à deux
niveaux du traitement :
- en préoxydation, il élimine le Fer, le Manganèse, l’ammoniac et favorise la coagulation-
floculation.
- en désinfection, il élimine les microorganismes.

4.2.2. Chlore gazeux


Le chlore gazeux (Cl2) est un gaz jaune verdâtre à odeur caractéristique irritante. Il est utilisé
sous forme d’eau chlorée après dissolution dans l’eau par l’intermédiaire d’un Hydroéjecteur.
La réaction de dissolution donne l’équilibre suivant (Equation 8) :
Cl2 + H2O HClO + H+ + Cl- (8)

L’acide hypochloreux (HClO) formé, s’ionise en donnant l’ion hypochlorite selon la réaction
de l’Equation 9.
HClO H+ + ClO- pKA= 7,5 à 25°C (9)

L’équilibre de la réaction est fonction du pH et de la température.


Le chlore gazeux est un composé oxydant pouvant avoir différentes utilisations :
En désinfection (0,5 mg/L après 30 minutes de temps de contact) :
- il est utilisé pour l’élimination de l’ammoniac dans l’eau, l’oxydation du fer et du
manganèse, des sulfures, des cyanures, des nitrites ;
- il permet d’éviter la prolifération d’algues, de bactéries, d’animalcules sur les parois
des réservoirs d’eau traitée, dans les canalisations et ouvrages de traitement d’eaux brutes, etc.
Il a pour effets secondaires la formation de chloramines agissant avec l’ammoniac ; de
chlorophénols avec le phénol, responsables du développement de goût ; d’haloformes ou
d’autres composés organohalogénés par réaction avec la matière organique et notamment avec
les matières humiques.

4.2.3. Bioxyde de chlore


Puissant oxydant chimique, le bioxyde de chlore (ClO2) se présente sous forme de gaz
jaune verdâtre. On l’utilise à l’état de solutions aqueuses préparées (sur le site de la station) car
l’injection d’un mélange ClO2 (air) dans l’eau présente des difficultés de réalisation
technologique. Le bioxyde de chlore est très soluble dans l’eau froide ; les concentrations
usuelles sont de 2 à 16 g/L. L’hydrolyse donne l’équilibre suivant (Equation 10) :

2 ClO2 + H2O ClO2- + ClO3- + 2 H+ (10)


En milieu neutre ou légèrement acide, la vitesse d’hydrolyse est très faible. Une solution
de 10 g/L de bioxyde de chlore maintenu à l’abri de la lumière ne perd que 1% de sa
concentration initiale après sept semaines.
En prétraitement ; il agit en réduisant la matière organique oxydable et en prévenant la
prolifération d’algues et de bactéries sur les ouvrages de traitement. Il évite la formation de
trihalométhanes, mais ne réagit pas avec l’azote ammoniacal et les amines primaires.
En traitement du Manganèse soluble et complexe (formation de MnO2 insoluble) et du
Fer (formation d’hydroxyde ferrique Fe(OH)3).
L’oxydation du Manganèse par le bioxyde de chlore est plus rapide qu’avec le chlore gazeux.
Du fait de son pouvoir rémanent, le chlore (chlore gazeux, bioxyde ou hypochlorite) est le
réactif le plus utilisé pour la décontamination des eaux. Sa dissolution dans l’eau conduit à la
formation d’acide hypochloreux (HClO) et d’ions hypochlorites (ClO-) :
- pH < 2, le chlore est sous la forme moléculaire ;
- 2 ≤ pH ≤ 5, le chlore est sous la forme d’acide hypochloreux ;
- 5 ≤ pH ≤ 10, le chlore se présente sous les deux formes ;
- pH ≥10, le chlore est sous la forme d’ions hypochlorites.

4.2.4. Permanganate de potassium


Le produit commercial (KMnO4) se présente sous l’aspect de cristaux violet foncé de
concentration supérieure à 99 %. Le permanganate est préparé à la température ambiante ; un
chauffage de l’eau de dilution est nécessaire pour obtenir des solutions plus concentrées.
Utilisé en préoxydation, le permanganate de potassium élimine le Fer et le Manganèse. La
réaction ci-dessous illustre l’oxydation du Manganèse par le permanganate de potassium.
3 Mn2+ + 2 MnO4- + 2 H2O 5 Mn O2 + 4 H+ (11)

En théorie, il faut 1,92 mg de KMnO4 pour oxyder 1 mg de Mn2+. Le taux de traitement est
souvent inférieur à la stœchiométrie d’autant plus que les pH sont élevés. Le fer peut être
également oxydé rapidement (0,94 mg KMnO4/mg fer) pour des pH de 6 à 9 selon la réaction
globale suivante :

MnO4- + 3 Fe2+ + 2 H2O + 5 OH- MnO2 + 3 Fe (OH)3 (12)


Le permanganate de potassium est également utilisé en désinfection de canalisation (100
mg/L pendant 24 heures). Il attaque les métaux ferreux. Le produit est aussi parfois utilisé pour
l’oxydation partielle des matières organiques et l’élimination de certains mauvais goûts.

4.3. Produit filtrant : le charbon actif


Le charbon actif (CA) utilisé par la SODECI est fabriqué à partir d’endocarpe de Cocos
nucifera. Il se présente sous forme de poudre noire pulvérulente (CAP) ou de grains (CAG)
avec un degré d’oxydabilité de 80% (LANEMA, 2001). La composition du produit
commercial est 100% (hors humidité). Il doit être conservé à l’abri de l’humidité » et des
vapeurs organiques. Le CAP contient 85% de carbone minimum et 15% de cendres maxima.
Il est utilisé pour l’élimination de goûts, odeurs, couleurs et des matières organiques
dissoutes par adsorption physique. Les taux de traitement seront de 2 à 10 g/m3 dans le cas du
charbon pulvérulent, taux qui peuvent dépasser 50 g/m3 en cas de pollution accidentelle.
Le charbon actif est introduit par pompe doseuse au niveau de l’étape de clarification sous la
forme d’une préparation aqueuse (barbotine de 50 à 150 g/L préparée avec de l’eau adoucie).
Cependant, le charbon actif en grains (CAG) est introduit dans des filtres gravitaires ou fermés
sous pression où transite l’eau vers l’étape de la désinfection.

4.4. Neutralisants et reminéralisants

4.4.1. Le Carbonate de sodium

Il se présente sous l’aspect de poudre cristalline blanche et inodore de granulométrie 0,1 à


1 mm. Il est connu également sous les noms de carbonate de soude et carbonate disodique.
Le produit commercial contient plus de 99% de Na2CO3 et est utilisé pour la correction de
l’agressivité de l’eau (pour la mise à l’équilibre calco-carbonique).

Na2CO3 + CO2, H2O 2 NaHCO3 (13)


Pour augmenter le TAC de 1°F, il faut 1°F de Na2CO3 soit 10,6 mg/L.
Fréquemment utilisé, il joue le même rôle que la chaux.

4.4.2. La Dolomie
C’est un double carbonate de calcium et de magnésium CaMg(CO3)2. Elle se présente sous
forme de granulés utilisés dans un tank comme un filtre. La dolomie joue le même rôle que la
chaux, le neutralisant le plus utilisé dans le traitement de l’eau produite par la SODECI.
Compte tenu de la présence des cations bivalents (Ca2+ et Mg2+), la dolomie joue également un
rôle de reminéralisant et peut donc être recommandée pour les eaux des aquifères du bassin
sédimentaire côtier de Côte d’Ivoire qui ont une faible minéralisation.

4.4.3. Chaux éteinte


4.4.3.1. Propriétés physicochimiques
Également appelée chaux hydratée, la chaux éteinte (Ca(OH) 2) est obtenue à la suite des
réactions physico-chimiques appliquées sur la pierre calcaire. Elle se présente sous forme de
poudre sèche blanche et pulvérulente, qui n’offre pas de réaction isothermique avec l’eau. C’est
un produit naturel non toxique. Cependant elle peut provoquer en contact avec la peau (présence
d’eau) des brûlures. La valeur limite tolérable est fixée à 5 mg/m 3 d’air ; au-delà, le port de
masque anti-poussière est recommandé.
4.4.3.2. Dérivés de la chaux éteinte
 Lait de chaux
La chaux éteinte est généralement utilisée sous forme de lait de chaux, qui est une
suspension aqueuse d’hydroxyde de calcium. La concentration est normalement comprise entre
50 et 100 g/L par commodité d’utilisation ; en effet :
- pour C > 100 g/L, risques de dépôts et bouchages ;
- pour C < 50 g/L, risques de carbonatation.
Le lait de chaux est préparé à concentration sensiblement constante dans des bacs délayeurs
à agitation mécanique. En raison de son caractère fortement entartrant et colmatant, l’agitation
se déroule de façon permanente jusqu'à ce qu’il soit totalement transféré.

 Eau de chaux
L’eau de chaux est une solution de chaux à aspect transparent et incolore. Elle est obtenue à
partir de lait de chaux et d’eau de service. Elle est fréquemment utilisée dans les stations d’eau
potable pour l’étape de la neutralisation. Son titre, qui dépend de la température de dissolution
est d’environ 220 °F de TAC à 20 °C ; ce qui correspond à une concentration en Ca(OH)2 de
220 x 7,4 mg/L, soit 1,6 g/L.
Lorsqu’on utilise la chaux pour l’ajustement du pH d’une eau potable, il y a intérêt à utiliser
un saturateur de chaux qui assure à la fois :
- le maintien en solution de la chaux ;
- l’élimination des impuretés et des boues de carbonates. Le saturateur retient les
impuretés (incuits) et fournit une eau de chaux limpide, alors qu’un lait de chaux confère
toujours à l’eau une turbidité dont l’intensité dépend du degré de pureté du produit commercial
et de la dose de chaux nécessaire.

4.4.3.3. Saturateur de chaux

Il a pour rôle de produire de l’eau de chaux à


partir du lait de chaux, en faisant passer de l’eau
de service à travers un lit de lait de chaux,
pendant un temps de contact suffisant pour
permettre la saturation de cette eau. Le saturateur
est alimenté en continu en lait de chaux et en eau
de "giclage". Cette eau est de l’eau brute issue du
circuit principal d’eau à traiter, admise à débit
constant à la partie inférieure de l’ouvrage. Il
existe un système de giclage permettant la remise
en suspension de la chaux afin d’éviter les dépôts
au fond de l’ouvrage.
Le saturateur a une forme cylindro-conique
(forme d’entonnoir) de quelques mètres de
diamètre et de hauteur (photo 1). L’eau de chaux
produite est reprise dans un bac de stockage ou
injectée dans la bâche de stockage ou dans la Photo 1. Saturateur de lait de chaux
conduite principale de distribution d’eau traitée. (Unité de production de Bonoua 2)
4.5. L’ordre d’injection des produits chimiques de traitement

Dans la filière de traitement, le point d’injection de chaque produit chimique a un effet sur la
qualité de l’eau traitée aussi fortement que la vitesse d’écoulement de l’eau brute et les
dimensions des ouvrages. Ainsi, au niveau de la vasque d’arrivée d’eau brute, la pré-oxydation
se fera avant l’injection du coagulant afin que la réaction chimique, qui permet d’éliminer une
partie des composés organiques et minéraux, ait le temps de se réaliser. Pour cela, il arrive que
le l’oxydant soit injecté sur la conduite, près du lieu de pompage (exhaure). L’oxydation se
produit sur le trajet, de la tour de prise à la station de traitement.

Conclusion

Comme tout produit chimique, ces produits doivent être manipulés avec beaucoup de
précaution. En effet, certains sont agressifs et d’autres corrosifs, pouvant ainsi conduire à des
cas d’extrême gravité. Il est donc recommandé le port de vêtements et d’appareils de protection
tels que les gants, le masque à gaz, la blouse, les lunettes et les chaussures de sécurité. Les
locaux de stockage doivent être aérés et loin des sources de chaleur.

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