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MR SEYDI - Contrat Social de Rousseau-1
MR SEYDI - Contrat Social de Rousseau-1
M. C h r i s t o p h e S E Y D I,
professeur de philosophie
(+221) 78 28135 26 / 77 547 69 20
DU CONTRAT SOCIAL
DE JEAN JACQUES ROUSSEAU
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INTRODUCTION
Le Contrat Social de Rousseau, dont le titre complet est Du contrat social ou Principes du droit
politique (1762) est une analyse de la relation contractuelle pour tout gouvernement légitime, de telle sorte que soient
articulés les principes de justice et d’utilité, afin de concilier l’aspiration au bonheur avec la soumission à l’intérêt
général. Le propos du texte, élabore un modèle théorique: l’idée pure de Cité- indépendamment de toute circonstance
historique. Il ne s’agit donc pas, pour Rousseau, de faire la genèse du pouvoir politique, ni même de proposer une
histoire hypothétique de l’humanité, comme c’est le cas dans le Discours sur l’origine de l’inégalité, mais d’énoncer
la règle selon laquelle on doit juger tous les régimes existants, de déterminer le fondement du droit.
Il s’agit de l’ouvrage majeur de Jean-Jacques Rousseau, au cœur de sa philosophie. Rousseau y exprime son
idéal républicain en quatre parties :
– renonciation à nos droits naturels au profit de l’Etat, qui, par sa protection, conciliera l’égalité et la liberté.
– le peuple tout-puissant sauvegarde, par le truchement d’un législateur, le bien-être général contre les groupements
d’intérêts.
– la démocratie doit maintenir sa pureté par des assemblées législatives.
– création d’une religion d’Etat, ou religion civile.
Le Contrat social n’est pas pour autant, cependant, une utopie, laquelle renvoie toujours à la description
concrète d’une société imaginaire, mais bien au contraire un texte abstrait. Ce n’est pas non plus un plan de
gouvernement ni un projet de constitution, mais le préalable théorique à toute constitution légitime.
Rousseau emprunte l’idée de contrat aux auteurs de théorie politique et aux juristes du 17e et 18e siècle, mais
la transforme radicalement : chez ses prédécesseurs en effet, le contrat est un pacte de soumission par lequel, en se
donnant à des chefs, un peuple renonce à toute indépendance, abdique tous ses droits entre les mains du
gouvernement. Le contrat selon Rousseau désigne au contraire l’acte par lequel une multitude d’Hommes, agrégées
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Christophe SEYDI, Professeur de philosophie 77 547 69 20 // 78 281 35 26
Année Scolaire 2018-20189
par les circonstances et les nécessités, se transforme en un corps politique consistant, c’est-à-dire l’acte volontaire par
lequel un peuple se constitue comme peuple, avant même de choisir un mode particulier de gouvernement, quel qu’il
soit. Par le contrat le peuple est « souverain », il détient le pouvoir de faire la loi, tandis que les chefs du
gouvernement ne sont nommés que pour la faire appliquer: ils sont en ce sens les serviteurs du peuple, non ses
maîtres.
Rousseau expose les principes fondamentaux de sa philosophie politique. Les bases de la société et du corps
politique étant posées et l’origine du pouvoir fondé, Rousseau s’emploie dans le Livre III (dix-huit chapitres) à
examiner les mécanismes politiques, les différents de régimes avec leur force et leur faiblesse, l’essence du pouvoir et
sa légitimation, les rapports entre les citoyens et l’autorité, la notion de représentant, l’essence du Gouvernement, les
moyens de prévenir ses dérives etc. Dans le souci de ne rien laisser au hasard Rousseau s’est même employé, dans le
livre IV (neuf chapitres), à mettre en exergue le caractère indestructible de la volonté générale, la fonction et la portée
des élections, les quelques cas historiques de régimes spécifiques et même les rapports que la religion doit entretenir
avec l’État.
I- ANALYSE DU LIVRE I :
L’ordre du texte est le suivant : dès le premier chapitre du livre I, Rousseau indique que le motif du contrat
est l’intérêt ; il vient porter remède à la situation de détresse, de violence et d’inégalité où l’Homme se trouve. Plus
précisément il s’agit d’allier « ce que le droit permet avec ce que l’intérêt prescrit », de joindre la justice à l’utilité.
Une fois énoncé l’essentiel de ce projet – fonder en droit l’ordre politique- le livre I remonte vers l’idée d’une
première convention (chapitre V), après avoir éliminé successivement les objections que l’on pourrait tirer de
l’existence de prétendues sociétés naturelles. Il le fait par trois argumentations différentes :
1- La famille (chapitre II) est bien une société naturelle mais elle ne peut fonder une cité. L’autorité de
l’adulte sur l’enfant disparaît dès que l’enfant devient lui-même adulte- c’est pourquoi on ne peut la comparer à celle
qu’un chef a sur son peuple.
2- L’autorité du maître sur l’esclave (chapitre IV) est un fait dénué de droit.
3- Le chapitre III : Plus général, montre l’absurdité d’un droit qui prétendrait se fonder sur la force. De là vient
la nécessité d’une première convention ou pacte social (chapitre V), consistant en une forme d’association « par
laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant » (chapitre VI).
Rousseau met alors en place le concept central, celui du Souverain (chapitre VII). Puis il indique les conséquences
morales (chapitre VIII) et matérielles (chapitre IX) du pacte social.
Questions
4- Dans ce cas que signifie la phrase : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être
Il n'existe pas une forme de gouvernement absolument idéale, mais des formes de gouvernement plus ou
moins adaptées selon les cas.
Nombre de magistrats dans le D'un seul citoyen à De quelques citoyens à De la moitié des citoyens à
gouvernement : quelques-uns la moitié la totalité
Ces formes sont les « formes simples » de gouvernement, elles peuvent être combinées au travers des
différentes parties du gouvernement pour donner des « formes mixtes » de gouvernement.
Chapitre 4 : La démocratie :
Ce chapitre (sans doute un des plus importants du Contrat) s’ouvre sur un principe théorique qui établit que
dans la mesure où celui qui fait la loi est mieux indiqué à l’exécuter et à l’interpréter, la constitution la meilleure est
celle où « le pouvoir exécutif est joint au législatif ». Ce principe pertinent sur le plan théorique bute cependant sur les
FAITS car « un Gouvernement sans Gouvernement » c’est-à-dire l’idéal démocratique, est irréalisable. La difficulté
est que si celui qui fait les lois est le même que celui qui les exécute, les abus sont toujours à redouter car, « Rien n’est
plus dangereux que l’influence des intérêts privés dans les affaires publiques, et l’abus des lois par le Gouvernement
est un moindre mal que la corruption du législateur, suite infaillible de vues particulières ». L’une des tares de la
démocratie est que les intérêts particuliers menacent constamment l’intérêt général : « un peuple qui n’abuserait
jamais du Gouvernement n’abuserait pas non plus de l’indépendance ; un peuple qui gouvernerait toujours bien
n’aurait jamais besoin d’être gouverné ». C’est pourquoi la conclusion de Rousseau est sans appel car il déclare que
la démocratie n’existe pas : « À prendre le terme dans la rigueur de l’acception, il n’y a jamais existé de véritable
Démocratie, et il n’en existera jamais ». Dans la mesure où le peuple ne peut s’assembler et délibérer en permanence,
seule la délégation (ou système de la représentation) s’impose, or la représentation comporte le risque de trahison. Les
conditions requises pour réaliser une Démocratie véritable sont presque irréalisables et celle qui est la plus hors de
Chapitre 5 : l’Aristocratie :
Le texte s’ouvre sur une sorte d’archéologie de l’aristocratie, c’est-à-dire qu’il explique comment on est passé
de l’aristocratie naturelles (selon l’âge) à celle élective (par choix) [l’inégalité sociale a pris le dessus sur celle
naturelle] et de celle-ci à celle héréditaire. Il y a donc trois formes d’aristocratie : celle naturelle qui convient « aux
peuples simples », celle élective qui est selon Rousseau la meilleure et celle héréditaire qui est la pire de toutes.
L’aristocratie comporte trois avantages : il y a d’abord une nette distinction (de fait) entre le législatif et l’exécutif,
elle permet ensuite d’empêcher la promotion de médiocres et enfin, les assemblées y sont plus faciles à réunir et les
délibérations y sont plus sérieuses. La faiblesse de l’aristocratie est cependant le fait que la classe dirigeante tend
inévitablement à confondre sont intérêt avec celui de la volonté générale. C’est ce qui explique en partie la divergence
entre Rousseau et Aristote : celui-ci préfère l’aristocratie des riches tandis que Rousseau préfère celle des meilleurs
(en termes de vertu et de lumière) pour servir de modèle au peuple.
Chapitre 6 : la Monarchie :
Le principe de la monarchie est que l’unité morale (le Prince) est identique à l’unité physique (monarque, Roi)
pour plus d’efficience et d’efficacité. De l’apologie de la mécanique de la monarchie, Rousseau passe subitement à la
critique acerbe de la déficience morale (immoralité) de celle-ci : la monarchie comporte le risque fatal d’aliénation du
peuple. Rousseau en profite d’ailleurs pour reprendre les préceptes du réalisme, mais pour en dénoncer implicitement
le principe, il se permet même d’ironiser Machiavel « En feignant de donner des leçons aux Rois il en a donné de
grandes aux peuples. Le Prince de Machiavel est le livre des républicains ». Ceux qui sont élevés pour diriger sont
les pires dirigeants et cela veut dire que la dynastie corrompt parce qu’elle ôte la notion de bien public et le respect de
la volonté populaire aux futurs monarques. Et même si certains monarques ont été bons, la monarchie reste cruelle en
soi car elle corrompt inévitablement ou érige le règne des bornés. « Pour ce qui est du Gouvernement [monarchique]
en lui-même, il faut le considérer sous des Princes bornés ou méchants ; car ils arrivent tels au trône ou le trône les
rendra tels ». Le texte se ferme sur la critique de Bossuet dont la maxime, devenue populaire, a suggéré que « les
peuples n’ont que les rois qu’ils méritent ». Bossuet qui suggère au peuple de supporter le mauvais Roi comme une
punition divine est tourné en dérision par Rousseau : « On sait bien qu’il faut souffrir un mauvais Gouvernement
quand on l’a ; la question serait d’en trouver un bon ».