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Doctrine Sociale
Doctrine Sociale
Dans cette partie du cours sur la doctrine sociale de l’Eglise, en nous appuyant exclusivement
sur le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, nous mettrons un accent particulier sur
quelques points : la dignité de la personne humaine, le bien commun, la subsidiarité et la
solidarité, la famille et le travail humain. La méthode utilisée ici est celle des questions
réponses.
I. DEFINITION
La doctrine sociale de l’Eglise est l’enseignement de l’Eglise sur la manière dont les hommes
doivent vivre entre eux au sein de la société en conformité avec la volonté de Dieu et son
projet sur eux.
La doctrine sociale de l’Eglise a pour but de nous révéler le dessein, le projet d’amour de
Dieu pour l’humanité. Dieu a crée le monde au cœur duquel se trouve l’homme, de manière
gratuite et par amour. Suite au péché de nos premiers parents Adam et Eve, il va mettre sur
pied un plan de salut, de libération de l’humanité. Commencée par l’élection du peuple
d’Israël et mis en lumière par la libération de ce peuple de l’esclavage en Egypte et
l’installation dans la Terre Promise, ce plan de libération va s’accomplir de façon totale et
définitive en Jésus Christ son Fils, par son incarnation, sa vie et son ministère publiques et
surtout par ses souffrances, sa passion, sa mort, sa résurrection, son ascension et le don de
l’Esprit Saint. Jésus est donc celui qui révèle de façon totale et définitive, l’amour de Dieu
aux hommes et c’est à son Eglise que revient de poursuivre cette mission aujourd’hui dans le
monde.
En ayant un caractère général et fondamental, ces principes englobent la réalité sociale dans
son ensemble c’est-à-dire les relations interpersonnelles, quelles soient proches ou
immédiates jusqu’aux relations favorisées par la politique, l’économie et le droit. Ils
englobent également les relations entre communautés, ou groupes, et les rapports entre les
peuples et les nations.
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Ces principes permettent aussi d’avoir les critères de discernement et de conduite de
l’action sociale, en tout domaine. Ce sont ces principes qui posent les fondements ultimes
qui ordonnent la vie sociale.
C’est la personne humaine qui est au cœur de la doctrine sociale de l’Eglise. La personne
humaine trouve son origine et sa fin dans l’amour de Dieu. C’est parce que Dieu aime la
personne humaine qu’il l’a créée et qu’il prend soin d’elle et le projet de Dieu est que tous
les hommes et tout l’homme soient sauvés.
C’est à l’Eglise que revient la mission de prendre soin de la personne humaine. En tant que
demeure de Dieu avec les hommes, elle doit féconder et fermenter c’est-à-dire travailler à la
transformation de la société, et à la promotion de la personne humaine, grâce à l’Evangile.
Ce péché a été transmis à tous les hommes mais Dieu dans son amour va chercher à sauver
tous les hommes (Gn 3, 15). Commencé dans l’AT à travers le peuple d’Israël, ce plan de
salut atteint son point culminant en Jésus Christ dans le NT ; par ses souffrances, sa passion,
sa mort et sa résurrection, il a sauvé le genre humain. La personne humaine trouve toute sa
grandeur et sa noblesse du fait que Jésus Christ, par le mystère de l’incarnation, s’identifie à
tout homme et spécialement à ses disciples et aux pauvres (Mt 25 ; Ac 9 ; 1 Co 8, 11 ; Rm 14,
15)
6. Quels sont les cinq principaux éléments qui caractéristiques de la personne humaine ?
a. L’unité de la personne humaine : toute personne est constituée d’un corps et d’une âme.
Ces deux dimensions de sa personnes sont unies et indissociables.
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d’entretenir une relation personnelle avec Dieu. Chaque personne est un être unique et
inimitable et doit être respectée.
c. La liberté de la personne humaine : chaque personne humaine est libre : la vraie liberté
consiste à vivre et à agir selon sa conscience droite, dans l’observance et le respect de la loi
naturelle inscrite dans les choses, dans le respect et l’observance des lois justes de la nation
et surtout dans l’observance et la mise en pratique des commandements de Dieu, de la
Parole de Dieu ; dans l’accomplissement de la volonté de Dieu.
d. L’égale dignité de toutes les personnes : toutes les personnes sont égales en dignité
devant Dieu indépendamment de leur sexe, de leur rang social, de leurs biens matériels…
e. La sociabilité humaine : toutes les personnes humaines sont faites pour vivre en société,
en communauté, ensemble et doivent promouvoir tout ce qui peut leur permettre de vivre
ensemble dans la paix et dans le bonheur.
- Le droit à la vie : la vie de chaque personne humaine doit être respectée depuis les
premiers instants de sa conception jusqu’à sa fin naturelle ; il est interdit de porter atteinte à
la vie, de mettre fin à une vie, de tuer même si c’est un embryon d’une tierce, d’une
seconde… Les avortements (IVG), l’euthanasie (bonne mort pour une personne qui souffre…)
sont des atteintes graves à la vie.
- Le droit à la liberté religieuse : aucun individu, aucun groupe social, aucun pouvoir humain
en matière religieuse, ne doit forcer une personne à agir contre sa conscience, ni empêcher
d’agir dans de justes limites selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé
aux autres.
Plusieurs droits sont reconnus à chaque peuple dans l’enseignement social de l’Eglise entre
autres :
- Le droit à l’existence.
- Le droit de mener sa vie suivant ses traditions propres (ne pas violer les droits humains
fondamentaux comme l’oppression des minorités).
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- Le droit de construire son avenir en donnant une éducation appropriée à ses jeunes
générations.
Pour être à même de respecter les droits des uns et des autres peuples, les nations ont le
devoir de veiller sur l’équilibre entre particularité et universalité. Leur devoir est de vivre
dans une attitude de paix, de respect et de solidarité entre les nations.
10. Quelles sont les différentes formes de violation des droits de l’homme et des peuples ?
Malgré cette proclamation des droits de l’homme et des peuples, diverses formes de
violations apparaissent : les guerres et les violences notamment les génocides, les
déportations en masse, l’esclavage sous des formes variées, le trafic d’êtres humains, les
enfants soldats, l’exploitation des travailleurs, le trafic illégal de drogues et la prostitution.
La mission de la promotion des droits de l’homme et des peuples est une mission que l’Eglise
accomplit en collaboration avec les autres confessions religieuses (les Protestants, les
Anglicans…) et les autres religions (Judaïsme, l’Islam, le Bouddhisme…), avec les organismes
gouvernementaux et non gouvernementaux, nationaux et internationaux quand cela est
opportuns. Mais c’est surtout le Seigneur et l’Esprit Saint qui sont les principaux
protagonistes de cette mission de l’Eglise.
Le bien commun est l’ensemble de conditions sociales (la paix, la justice…) qui permettent,
tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus
totale et plus aisée ; le bien commun est tout ce qui permet d’améliorer, d’élever, de
parfaire la condition humaine.
Tous les hommes ont le droit de bénéficier des conditions de vie sociale qui résulte de la
recherche du bien commun ; il faut que chacun ait ce qui lui revient et que les biens quels
qu’ils soient, soient bien distribués à tous.
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La recherche et la poursuite du bien commun engage tous les membres de la société. Mais
c’est aussi et surtout la responsabilité de l’Etat, car le bien commun est la raison d’être de
l’autorité politique. Sa finalité est de rendre accessible aux personnes les biens nécessaires
(matériels, culturels, moraux, spirituels) afin que tous puissent mener une vie vraiment
humaine.
Mais cette recherche du bien commun de la société doit se faire en se référant à Dieu qui est
la fin dernière de l’homme, le Bien suprême de l’homme. L’effort personnel ou collectif pour
élever la condition humaine, commence et culmine en Jésus Christ ; c’est grâce à lui, par lui
et pour lui que toute réalité, y compris la société humaine peut être conduite au Bien
suprême, à son achèvement.
Le principe fondamental des biens est celui de la destination universelle des biens de la
terre ; tous les biens de la terre appartiennent à tous les hommes sans exclusion, parce que
c’est Dieu lui-même d’après Gn 1, 28-29 a créé la terre et l’homme, et qui la lui a confiée
avec toutes ses richesses. Chaque homme a le droit de jouir du bien-être nécessaire à son
plein développement et les nouvelles techniques doivent être mises au service des besoins
primordiaux de l’homme, afin que le patrimoine commun de l’humanité puisse
progressivement s’accroître.
Ce droit est naturel parce que inscrit dans la nature de l’homme ; originaire puisqu’il
remonte aux origines de l’homme et il est prioritaire par rapport à tous les autres droits liés
à l’intervention humaine sur les biens (propriété, libre commerce…) ; même le droit à la
propriété privée lui est subordonné.
Dans cette destination universelle des biens, une attention particulière doit être accordée
aux pauvres : c’est l’option préférentielle pour les pauvres qui sont les frères de Jésus (Mt
25, 31-46). Il s’agit alors de tout mettre en œuvre afin que les pauvres aient le nécessaire qui
leur permet de vivre de manière décente suivant le principe de subsidiarité.
Suivant le principe de subsidiarité, toutes les sociétés d’ordre supérieur doivent aider,
soutenir, promouvoir le développement des sociétés d’ordre inférieur. Cela implique la
participation de tous de manière individuelle ou collective et un grand élan de solidarité.
Étant donné qu’au sein de la société les hommes sont interdépendants, la solidarité est l’un
des principes qui doit régir la gestion du bien commun. Il est question d’être solidaires les
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uns des autres, de prendre soin les uns des autres ; de se sentir concerné et interpellés par
les conditions de vie de l’autre. Il s’agit de s’appuie sur l’exemple de Jésus Christ qui par le
mystère de l’incarnation s’est fait l’un de nous (Jn 1, 14) au point de donner sa vie pour tous
les hommes (Ph 2, 8). Nous avons tous une dette les uns envers les autres et nous devons
prendre soin les uns des autres.
Pour qu’une vie sociale soit harmonieuse et paisibles, quelques valeurs fondamentales sont
requises : la vérité (tous nous devons rechercher la vérité, tendre vers la vérité, vivre selon la
vérité) ; la liberté (permettre à chaque membre de la société de réaliser sa vocation
personnelle ; être capable de refuser ce qui est moralement négatif, sous quelque forme que
ce soit) ; la justice (donner à Dieu et au prochain ce qui leur revient de droit, ce qui leur est
dû). Mais toutes ces valeurs surtout la justice, naissent et se développent dans la vertu de la
charité qui est l’amour du prochain. Il s’agit alors de travailler à l’amélioration de sa vie et
d’éliminer les facteurs sociaux qui causent son indigence, par amour pour lui.
La famille est la première société naturelle parce qu’elle est la première société humaine
instituée par Dieu (Gn 1, 26-28 ; 2, 7-24 ; Mt 19, 5-6) ; Jésus lui-même est né, a grandit et a
vécu au sein d’une famille. Elle est l’église domestique, la petite église.
La famille est importante parce que c’est en elle que l’on apprend à connaître l’amour et la
fidélité au Seigneur et la nécessité d’y correspondre (Ex 12, 25-27 ; 13, 8.14-15 ; Dt 6, 20-25 ;
13, 7-11 ; 1 S 3, 13) ; c’est dans la famille que les enfants apprennent les premières leçons
fondamentales de la vie, la sagesse, la pratique des vertus (Pr 1, 8-9 ; 4, 1-4 ; 6, 20-21 ; Si 3,
1-16 ; 7, 27-28) ; à vivre en communion avec les autres ; à se donner aux autres. C’est au sein
de la famille que toute personne apprend à vivre en société.
Pour l’Eglise, la famille qui est la cellule de base de la société constituée trouve son
fondement dans le mariage entre un homme (époux et père) et femme (épouse et mère). Il
n’est pas question du mariage entre un homme avec un autre homme ou une femme avec
une autre femme.
Le mariage entre un homme et une femme est une institution divine (Gn 1, 26-28 ; 2, 7-24 ;
Mt 19, 5-6) élevé à la dignité de sacrement et s’inspire de l’amour du Christ pour son Eglise
(Ep 5). Il comporte des propriétés essentielles :
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- L’unité : l’homme et la femme devienne une chair.
- L’amour des conjoints : l’homme et la femme se marient avant tout pour s’aimer et vivre
en communion.
- La procréation : l’homme et la femme acceptent d’avoir des enfants dans le mariage. Les
méthodes de contraceptions artificielles, les avortements (IVG) sont interdits, de même que
la procréation médicalement assistée (PMA) diverses formes de fécondation (in vitro, in
vivo) qui sont de graves atteintes à la vie et à la dignité de la personne humaine.
V. LE TRAVAIL HUMAIN
Dès la création, Dieu a confié à l’homme le devoir de cultiver et de conserver la terre (Gn 2,
15). Le travail appartient à la condition originelle de l’homme. Il comporte donc une dignité
et ne devient pénible qu’après la chute, le péché d’Adam et Eve (Gn 3, 6-8). Jésus lui-même a
travaillé (Mt 13, 55 ; Mc 6, 3) et enseigné la valeur du travail. St Paul lui-même abonde dans
le même sens.
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Le respect du droit des travailleurs, Il y a le droit au travail en lui-même, à la propriété
privée, au repos des jours fériés (Gn 2, 2), le droit à une juste rémunération et de
distribution de revenu, le droit à la grève, le droit à l’organisation en syndicats (solidarité des
travailleurs).
29. Quels sont les travailleurs qui méritent une attention spéciale ?
Les travailleurs qui méritent une attention spéciale sont : les femmes, les enfants et les
migrants. Les femmes sont importantes dans la vie sociale et pour ce faire ont le droit de
travailler. Mais tout travail doit respecter la dignité et la vocation de la femme. Le travail des
enfants dans ses formes déshumanisantes est inadmissible. Tout en admettant que les
immigrants sont une ressource et non un obstacle au développement, il est important que
les institutions des pays qui accueillent les migrants, veillent à ce que la main d’œuvre
étrangère ne soit pas exploitée en la privant des droits garantis aux travailleurs nationaux,
qui doivent être assurés à tous sans discrimination.