Vous êtes sur la page 1sur 15

SOMMAIRE

INTRODUCTION

I- FORMATION ET CONDITION DE VALIDITE DES


CONTRATS

A. Conditions de formation des contrats : l’échange de


consentement

a) L’offre de contracter
b) L’acceptation de l’offre
c) La rencontre de l’offre et de l’acceptation

B. Les conditions de validité du contrat

a) Le consentement des parties ne doit pas être vicié


1 L’erreur
2 Le dol
3 La violence

b) La capacité des parties


c) L’objet du contrat
d) La cause du contrat

C. La classification des contrats (Voir tableau)

D. Les différents types de contrat

a) Contrats à titre onéreux ou à titre gratuit.


b) Contrats unilatéral ou contrat synallagmatique.
c) Contrat commutatif, contrat aléatoire.
d) Contrat nommé ou innommé.
e) Contrat à exécution successive / contrat à exécution instantanée.
f) Contrat consensuel/ contrat formaliste
II- EXECUTION DU CONTRAT

A- L’effet obligatoire du contrat

a) Le contrat : loi des parties


b) La bonne foi dans l’exécution des contrats

B- L’effet relatif du contrat

a) Le principe
b) Les exceptions au principe

III- LES SANCTIONS RELATIVES A L’INEXECUTION DU


CONTRAT

A- L’exécution forcée ou par équivalent

a) L’exécution forcée
b) L’exécution par équivalent

B- La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle

a) Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité


contractuelle

b) Obligations de moyens et de résultat

1- L’obligation de résultat
2- obligation de moyens

c)- Les causes d’exonération du débiteur

1- La force majeure
2- Le fait de la victime
3- Le fait d’un tiers

d)- Le cas particulier des contrats synallagmatiques

CONCLUSION
INTRODUCTION

Le droit des obligations est l'ensemble des règles juridiques applicables aux obligations.
La notion d obligation est définie selon deux sens :
Un sens général, notion de devoir général qui pèse sur une personne (obligation pour
un père de déclarer la naissance de son enfant) et un sens particulier qui est celui du
droit des obligations et contrat ou la notion d'obligation se ramène au rapport de droit
en vertu duquel une personne que l'on appelle créancier est en droit d'exiger de l'autre
que l’on appelle débiteur, l'accomplissement d'une prestation.
Cette obligation peut avoir plusieurs sources parmi lesquelles figure le contrat. Le
contrat est une source légale, car réglementé par la loi et rend l’obligation plus ou moins
contraignante. Mais pour ce faire, nous analyserons les critères de formation du contrat,
ensuite son exécution et enfin les sanctions qui en découle en cas d’inexécution.

I- FORMATION ET CONDITION DE VALIDITE DES CONTRATS

A. CONDITIONS DE FORMATION DES CONTRATS : L’ECHANGE DE


CONSENTEMENT

a) L’offre de contracter

L’offre émane d’une personne qui fait connaître son intention (à une ou plusieurs
autres) de conclure un contrat dans des conditions déterminées.
L’offre doit être précise et indiquer notamment la nature de la chose vendue, le prix, les
conditions de paiement…
Elle se manifeste sous diverses formes :
– l’offre expresse peut être écrite (catalogue, affiche, annonce…), verbale (camelot), en
ligne (via Internet) ;
– l’offre tacite résulte d’attitudes. Exemple: menu affiché à l’entrée d’un restaurant.

b) L’acceptation de l’offre

L’acceptation est la manifestation de la volonté du destinataire de l’offre.


Elle prend différentes formes :
– l’acceptation est expresse lorsque la personne exprime sa volonté par un langage qui
peut être oral, écrit ou gestuel ;
– l’acceptation est tacite lorsque la personne exprime son consentement par une
attitude qui induit sa volonté de contracter.
L’acceptation ne peut résulter du silence du destinataire ; ce point de vue est adopté par
la Cour de cassation depuis 1870 : « Qui ne dit mot ne consent pas. » Il existe cependant
des exceptions : ainsi, un contrat d’assurance peut être renouvelé par tacite
reconduction.
c) La rencontre de l’offre et de l’acceptation

Lorsque les cocontractants sont en présence l’un de l’autre, le contrat est


instantanément formé dès la manifestation de l’acceptation.
Lorsque les cocontractants ne sont pas physiquement en présence l’un de l’autre
(contrat conclu par correspondance), il faut préciser le moment de la formation du
contrat.
Deux approches sont possibles :
– selon une première théorie, le contrat est conclu au moment ou intervient
l’acceptation (lorsque la lettre d’acceptation est expédiée) ;
– selon une seconde théorie, le contrat se forme au moment où l’offreur prend
connaissance de l’acceptation (lorsque la lettre d’acceptation est ouverte).
La Cour de cassation s’est prononcée en faveur de la première théorie car le cachet de la
poste permet de déterminer de façon précise le moment de la formation du contrat.
Lorsque les cocontractants recourent au contrat en ligne (sur Internet), le contrat est
conclu lorsque le destinataire de l’offre la confirme pour exprimer son acceptation.

B. LES CONDITIONS DE VALIDITE DU CONTRAT

Le Code civil (art. 1108) prévoit quatre conditions de validité des contrats.

a) Le consentement des parties ne doit pas être vicié

Il ne suffit pas que le consentement existe pour que le contrat soit valablement formé, il
faut aussi qu’il soit libre et éclairé. Cela suppose de vérifier l’absence de vices du
consentement tels que l’erreur, le dol ou la violence, comme le précise l’article 1109 du
Code civil.

1 L’erreur

L’erreur est une croyance fausse résultant d’une appréciation inexacte de la


réalité.
Deux types d’erreur constituent un vice du consentement :
· L’erreur sur la substance ;
· L’erreur sur la qualité substantielle de la chose.
L’erreur sur la substance porte sur la matière dont la chose est constituée (ex. : j’achète
un bijou plaqué or alors que je le croyais en or).
L’erreur sur la qualité substantielle concerne une qualité de la chose considérée
comme essentielle (ex. : un amateur d’art achète un Renoir qui se révèle être un faux).
L’erreur sur la personne du cocontractant n’est une cause de nullité que dans les
contrats conclus intuitu personae (en considération de la personne). En effet, dans ces
contrats, c’est la qualité personnelle du cocontractant qui a déterminé l’autre personne
à contracter.
2 Le dol

Le dol est un ensemble de manœuvres destinées à tromper l’autre partie et à la


pousser à contracter.
Le dol suppose une faute intentionnelle qui émane du cocontractant : la volonté
d’induire en erreur l’autre partie par des mensonges. Le dol doit avoir été
déterminant: sans ces manœuvres dolosives, le contrat n’aurait pas été conclu.

3 La violence

La violence est une contrainte physique ou morale exercée sur l’autre partie afin
d’obtenir son consentement.
La Cour de cassation retient une nouvelle forme de violence : la violence économique.

b) La capacité des parties

La capacité d’exercice est la possibilité pour une personne d’exercer seule les
droits dont elle est titulaire.
Dans un souci de protection de leur patrimoine, les mineurs non émancipés et les
majeurs en tutelle ne peuvent contracter seuls.

c) L’objet du contrat

L’objet du contrat est la prestation ou la chose sur laquelle porte le contrat.


L’objet doit répondre aux conditions suivantes:
– l’objet doit exister ou être futur,
– l’objet de la prestation doit être déterminé ou déterminable,
– l’objet doit être licite.

d) La cause du contrat

La cause du contrat est la raison pour laquelle les parties veulent contracter.
Elle doit être licite et morale.

C. LA CLASSIFICATION DES CONTRATS

Il existe, en droit des contrats, un grand principe : la liberté contractuelle. Les parties
peuvent définir librement le contenu du contrat, encore faut-il que ce soit licite. L'objectif est
d'appliquer un régime juridique correspondant. La classification permet une qualification. Ces
classifications peuvent se combiner voire s'additionner. Avant de rentrer dans le détail des
classifications, voici un tableau synthétique des différentes classifications :
Typologie Source Définition Exemples Intérêt de la
qualification
Contrat Art. 1102 Contrat faisant Contrat de vente, le * Preuve : art. 1325 C.c
synallagmatiqu C.c naître des vendeur est le créancier formalité du double.
e ou bilatéral obligations du prix et l’acheteur est le
réciproques à la débiteur du prix et * Exception d’inexécution
charge de chacune créancier de la chose. possible.
des parties.
* Résolution possible en
cas d’inexécution.

*Application de la théorie
des risques.
Contrat Art. 1103 Contrat faisant La donation. * Preuve art. 1326 C.c
unilatéral C.c naître des « mention écrite de la
obligations à la Seul le donateur s’oblige à somme ou de la quantité
charge d’une seule donner. en toutes lettres et en
des parties. Une chiffres ».
seule partie s’oblige
à l’égard d’une * Le contrat unilatéral
autre : l’une est doit être distingué de
créancière l’autre est l’acte unilatéral lequel
débitrice. naît de la volonté d’une
seule personne.
Contrat à titre Art. 1106 Contrat en vertu Le contrat de vente. Applications des règles
onéreux C.c duquel chaque partie de droit commun.
reçoit une
contrepartie de
l’avantage qu’elle
procure à l’autre.
Contrat à titre Art. 1105 Contrat par lequel La donation * Contrat intuitus
gratuit C.c une partie procure à personae : l’erreur sur la
l’autre un avantage personne est admise.
purement gratuit.
* La garantie des vices
cachés ne joue pas.

* La responsabilité du
débiteur pour
inexécution ou mauvaise
exécution est atténuée
du fait de l’absence de
contrepartie.

* La protection des
créanciers par l’action
paulienne est admise
facilement.

* Des règles fiscales


particulières
s’appliquent.
Contrat Art. 1104 Contrat par lequel Contrat de vente. * Contrat annulable pour
commutatif C.c chaque partie cause de lésion s’il existe
s’engage à donner ou Contrat d’échange. un déséquilibre lors de la
à faire une chose qui formation du contrat.
est regardée comme
l’équivalent de ce
qu’on lui donne ou
de ce qu’on fait pour
elle.
Contrat Art. 1104 Contrat par lequel Contrat de rente viagère. * Contrat jamais
aléatoire chaque partie annulable pour cause de
al 2 assume un risque de Contrat d’assurance. lésion (déséquilibre
gain ou de perte économique).
C.c identique dû à un
évènement incertain.
Contrat nommé Art. 1107 Contrat ayant reçu Contrat de vente. * Application des règles
de la loi une de droit commun et des
C.c dénomination Contrat de louage. règles spécifiques au
propre ainsi qu’une contrat considéré.
réglementation Contrat de société.
spécifique. * La qualification donnée
par les parties est
soumise à l’appréciation
souveraine du juge qui
peut requalifier le
contrat en cas d’erreur
ou de fraude.
Contrat Art. 1107 Contrat imaginé par Contrat de concubinage. * Application exclusive
innommé C.c les contractants, des règles de droit
n’ayant reçu aucune Contrat de transmission commun.
dénomination de savoir faire
officielle et soumis à
aucune
réglementation
spécifique.
Contrat à Contrat dont Contrat de vente au * Application des règles
exécution l’exécution des comptant. de droit commun.
instantanée obligations créées
est mise en œuvre Contrat d’échange.
instantanément
c'est-à -dire par une
seule prestation
Contrat à Contrat dont Contrat de travail. * Absence d’effet
exécution l’exécution rétroactif en cas
successive successive Contrat de bail. d’annulation ou de
s’échelonne dans le résolution. Il s’agit d’une
temps. résolution du contrat
ayant un effet pour
l’avenir.

* Du fait de
l’échelonnement
Contrat Contrat dont la * La plupart des contrats * Portée limitée aux
individuel conclusion n’engage parties contractantes
que les parties et (effets relatifs du
leurs ayants cause contrat)
Contrat collectif Contrat produisant * Convention collective du * Rayonnement
des effets juridiques travail important du contrat
à l’égard de faisant échec à l’effet
personnes n’y ayant relatif.
pas consenti
Contrat de gré à Contrat dont le * Contrat de vente * Liberté contractuelle
gré contenu est totale
librement négocié
par les parties
Contrat Contrat dont le * Contrat bancaire * Non contraire au
d’adhésion contenu n’est pas principe d’autonomie de
discuté par les * Contrat d’assurance la volonté car le s
parties, mais imposé contractants ont la
par un contractant liberté de ne pas
puissant (contrat contracter
type)
* Contrô le des clauses
abusives.
Contrat forcé L. 5 juillet Contrat dont la * Assurance automobile * Liberté contractuelle
1985 art. conclusion est quant au choix du
8 imposée par la loi cocontractant

Contrat avec Contrat dont la * Contrat de mandat * Contrat peut être


intuitu qualité du annulé pour erreur sur la
personae cocontractant est * Contrat de société des personne ou ses qualités
d’une importance personnes essentielles.
absolument décisive
* Contrat prend fin au
décès du cocontractant.
Contrat sans Contrat dont la * Contrat de vente * Application des règles
intuitu qualité du de droit commun.
personae cocontractant
importe peu
Contrat Art 1583 Contrat formé par le * Contrat de vente * Principe du
consensuel C.c seul échange des consensualisme.
consentements sans
aucune condition de
forme
Contrat réel Art. 1915 Contrat dont la * Contrat de dépô t * Principe de formalisme.
C.c formation nécessite
(en plus de l’échange * Contrat de prêt
des consentements)
la remise de la chose. * Contrat de gage

* Don manuel
Contrat Art. 2011 Contrat dont la * Contrat d’hypothèque * Acte authentique
solennel et 1832 formation nécessite obligatoire
un accord de * Contrat de donation
C.c volontés constaté * Acte authentique
dans un acte, sous * Contrat de société obligatoire
peine de nullité.
* Contrat de vente de * Acte sous seing privé
fonds de commerce. obligatoire

* Acte sous seing privé


obligatoire
Contrat Art. 1601 Contrat ayant une * Contrat de vente * Application des règles
principal et s. C.c existence autonome d’immeuble de droit commun.
et une fin en lui
même.
Contrat Art. Contrat lié à un * Contrat de * Si le contrat principal
accessoire 1984-5 contrat principal cautionnement est frappé de nullité, le
dont il garantit la contrat accessoire qui lui
C.c conclusion et * Contrat de mandat est adossé disparaît
l’exécution aussi.
Sous contrat Art. 1717 Contrat portant sur * Contrat de sous location Contrat possible si le
et 1799 tout ou partie de contrat principal ne
C.c l’objet d’un contrat * Contrat de sous- l’interdit pas
principal auquel il
Et loi est greffé, et conclu traitance
entre l’une des
31/12/75 parties à ce contrat
et un tiers.
Ensemble Loi Réunion de plusieurs * Une vente d’immeuble et * La promesse de vendre
contractuel 13/07/79 contrats conclus un prêt bancaire destiné l’immeuble est faite sous
pour la réalisation au financement de la condition suspensive
d’un même objectif l’acquisition de l’obtention du prêt
par l’acquéreur, et ce
prêt est octroyé sous la
condition résolutoire
delà non passation de la
vente
Chaînes de Série de contrats * Chaîne homogène : * La notion de groupe de
contrats conclu contrat successifs de contrat permet d’agir en
successivement même nature responsabilité
entre différentes contractuelle contre un
personnes et portant * Chaîne hétérogène : autre que son
sur la même chose contrats successifs de cocontractant
ou le même objet en nature différente
tout ou partie *Atteinte à l’effet relatif :
action sur le seul
fondement délictuel
arrêt Besse Ass. Plen.
12/07/91

D. LES DIFFERENTS TYPES DE CONTRAT

a) Contrats à titre onéreux ou à titre gratuit.

Contrat à titre gratuit ou contrat de bienfaisance : contrat dans lequel une partie
entend procurer un avantage à l'autre sans rien recevoir en échange (ex : la donation).

Contrat à titre onéreux : chacune des parties tire avantage du contrat (contrat de
travail, de vente, d'échange…).

b) Contrats unilatéral ou contrat synallagmatique.

Contrat unilatéral : obligation à la charge d'une seule partie (ex : testament, dons…).

Contrat synallagmatique : obligations réciproques et interdépendantes à la charge des


parties.

Contrat synallagmatique imparfait : contrat initialement unilatéral, ensuite


apparaissent des obligations à la charge de l'autre contractant : il se transforme en
contrat synallagmatique (ex : contrat de dépô t gratuit, mais qui peut engendrer des frais
de conservation et donc va devenir synallagmatique).

c) Contrat commutatif, contrat aléatoire.


Cette classification ne concerne que les contrats à titre onéreux.

Contrat commutatif : lorsque les prestations mises à la charge des parties sont définies
de manière définitive au moment de sa conclusion.

Contrat aléatoire : la prestation de l'une des parties dépend dans son existence ou son
étendue, d'un événement incertain (ex : contrat d'assurance).

d) Contrat nommé ou innommé.

Contrat nommé : spécialement réglementé par la loi (ex : contrat de travail).

Contrat innommé : aucune réglementation légale particulière (ex : contrat d'hô tellerie :
contrat de louage de services ou de biens, contrat de dépô t…).

Parfois, du fait de la liberté contractuelle, les parties créent des contrats atypiques :
contrat SUI GENERIS (= qui est son genre).

e) Contrat à exécution successive / contrat à exécution instantanée.

Contrat à exécution successive : les prestations s'échelonnent dans le temps (contrat


de travail, contrat de location, prêts…).

Contrat à exécution instantanée : il est accompli en un trait de temps (ex : contrat de


vente).

f) Contrat consensuel/ contrat formaliste

Contrat consensuel : il se forme par la seule volonté des parties, principe du


consensualisme en droit du contrat.

Le principe du consensualisme : principe selon lequel l'échange des consentements


suffit à la formation du contrat.

Contrat formaliste : le contrat suppose l'accomplissement d'une formalité (ex : établir


un acte notarié, inscrire une vente d'immobilier aux hypothèques), on parle parfois
même de contrat solennel.

II- EXECUTION DU CONTRAT

L’exécution est un moment important de la vie du contrat. Le contrat a un effet


obligatoire pour les parties et un effet relatif à l’égard des tiers. L’un et l’autre de ces
effets subissent néanmoins de profondes atténuations.
Le Code civil veille à l’exécution du contrat. À cette fin, il pose deux principes : celui de
l’effet obligatoire du contrat et celui de l’effet relatif du contrat.

A- L’EFFET OBLIGATOIRE DU CONTRAT

Le contrat est la loi des parties. Toutefois, dans un souci d’équilibre, le Code civil limite
la portée de cette « loi » en exigeant que les contrats soient exécutés de bonne foi.

a) Le contrat : loi des parties

Aux termes de l’article 1134, alinéa 1er, du Code civil : « Les conventions légalement
formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. »
Ce texte pose le principe de la force obligatoire des contrats passés entre les personnes.
Le contrat est donc la loi des parties, à condition, toutefois, qu’il ait été régulièrement
formé. En vertu de ce principe, les parties sont tenues d’exécuter l’arrangement
contractuel qu’elles ont négocié. De même, celles-ci ne peuvent pas modifier
unilatéralement le contrat.

b) La bonne foi dans l’exécution des contrats

Le dernier alinéa de l’article 1134 prévoit que les conventions « doivent être exécutées
de bonne foi ».
Est de bonne foi celui qui parle avec sincérité ou bien encore celui qui agit avec droiture,
franchise, honnêteté. La jurisprudence tire de cette disposition des conséquences
pratiques : les parties doivent exécuter loyalement les obligations mises à leur charge.
Par exemple, un chauffeur de taxi doit emmener son client à destination en empruntant
le chemin le plus court. Par ailleurs, les parties sont tenues à un devoir de coopération.
Par exemple, dans un contrat de travail, l’employeur et son salarié collaborent : ils
échangent des informations, travaillent ensemble.

B- L’EFFET RELATIF DU CONTRAT

Le contrat n’a d’effet qu’entre les parties contractantes. Ce principe dit de l’effet relatif
reçoit des exceptions.

a) Le principe

Aux termes de l’article 1165 du Code civil, « les conventions n’ont d’effet qu’entre les
parties contractantes ». Le contrat ne crée donc ni droits ni obligations à l’égard des
tiers (personnes étrangères au contrat).
Par exemple, le nouvel occupant d’un logement n’est pas tenu de poursuivre le contrat
de téléphone de l’ancien locataire ; ce contrat ne lie que les parties signataires.
b) Les exceptions au principe

Des tiers peuvent être concernés par le contrat. Un contrat peut créer une charge pour
autrui : par exemple, les héritiers qui acceptent la succession sont tenus par les contrats
passés par le défunt comme s’ils les avaient passés eux-mêmes; ils succèdent aux droits
et créances du défunt. Ils sont aussi tenus des dettes, sauf s’ils refusent la succession.
Un contrat peut profiter à autrui : il en est ainsi de la stipulation pour autrui. Dans cette
situation, une personne (le stipulant) obtient d’une autre personne (le promettant)
qu’elle s’engage envers une troisième personne (le tiers bénéficiaire) restée étrangère à
cette convention. L’assurance-vie utilise ce mécanisme : dans ce contrat, une personne
(le stipulant) convient avec son assureur (le promettant) que celui-ci versera une
somme d’argent à une troisième personne (par exemple, la fille du stipulant) à son
décès.

III- LES SANCTIONS RELATIVES A L’INEXECUTION DU CONTRAT

La liberté contractuelle laisse les parties libres de contracter ou de ne pas contracter.


Nul n’étant forcé de contracter, celui qui a donné sa parole contractuelle doit la
respecter. Dans le cas contraire, il peut être forcé à respecter son engagement ou à
indemniser son cocontractant (A). La question de l’indemnisation renvoie à celle de la
responsabilité contractuelle (B).

A. L’EXECUTION FORCEE OU PAR EQUIVALENT

a) L’exécution forcée

Au cas où le débiteur refuserait de s’exécuter, le créancier peut exercer sur lui une
contrainte pour l’obliger à respecter les obligations mises à sa charge. Par exemple,
l’acheteur oblige son vendeur à livrer le matériel ; dans ce cas, on parle d’exécution
forcée. Le créancier va donc réclamer l’exécution en nature du contrat. L’exécution
forcée suppose la réunion de deux conditions.
D’une part, il faut une mise en demeure. Il s’agit d’un acte qui constate le retard du
débiteur et qui apporte la preuve du caractère volontaire de ce retard. Ce constat est
effectué par divers moyens, notamment la sommation. Cet acte, signifié par huissier, a
pour objet de mettre le débiteur en demeure d’exécuter ses obligations.
D’autre part, il faut un titre exécutoire. Ce titre, qui prend la forme d’un jugement ou
d’un acte notarié, permet de recourir, si besoin, à la force publique (ex. : une saisie
mobilière).

b) L’exécution par équivalent

Dans certaines situations, l’exécution en nature n’est pas possible. Par exemple, une
pièce unique objet du contrat (tableau ou bijou) ne peut pas être remplacée par un objet
identique si cette pièce est perdue. Il faut avoir recours à une autre forme de réparation:
l’exécution par équivalent. Celle-ci se traduit par le versement de dommages-intérêts
par le débiteur au créancier. Les dommages-intérêts correspondent à une somme
d’argent versée au créancier et qui est destinée à compenser le préjudice subi du fait de
l’inexécution du contrat. Dans certains cas, les dommages-intérêts ne sont pas dus. Il en
est ainsi en cas de force majeure. Il s’agit d’un événement extérieur aux parties et
irrésistible. À titre d’exemple on peut citer la chute d’un arbre sain à la suite d’une
tempête.

C- LA MISE EN ŒUVRE DE LA RESPONSABILITE CONTRACTUELLE

Le débiteur qui ne respecte pas sa parole contractuelle engage sa responsabilité. La


mise en cause de cette responsabilité obéit à des conditions particulières (a). Elle exige
que l’on distingue les obligations de moyens et de résultat (b) et elle permet au débiteur
d’écarter, dans certains cas, sa responsabilité (c). Par ailleurs, le problème de
l’inexécution prend un tour particulier en matière de contrat synallagmatique (d).

a) Les conditions de la mise en œuvre de la responsabilité contractuelle

La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle suppose la réunion de trois


conditions : il faut un dommage, une faute contractuelle et un lien de causalité.
Le dommage est une atteinte subie par une personne dans son corps (dommage
corporel), dans son patrimoine (dommage matériel ou économique) ou dans ses droits
extrapatrimoniaux (atteinte à l’honneur, par exemple). Celui qui attend aujourd’hui une
marchandise qu’il ne reçoit pas subit un dommage. Il ne peut pas revendre la
marchandise ; il ne peut pas non plus en disposer.
La faute contractuelle provient d’une inexécution ou d’une mauvaise exécution du
contrat (ex. : non livraison ou livraison tardive de marchandise). La cause importe peu ;
le dommage tient au fait que les projets du cocontractant sont perturbés par cette
situation. Le lien de causalité est le troisième élément. En pratique, cela veut dire qu’il
existe entre la faute contractuelle et le dommage un lien de cause à effet. Le dommage,
par exemple la perte d’un client, a été provoquée par la faute contractuelle, par exemple
le retard de livraison.

b) Obligations de moyens et de résultat

La faute contractuelle n’est pas appréciée de la même façon selon qu’il s’agit d’une
obligation de résultat ou de moyens.

1 L’obligation de résultat

Dans l’obligation de résultat, le débiteur s’engage sur un résultat donné. Si ce résultat


n’est pas obtenu, le débiteur est présumé fautif. Par exemple, dans un contrat de
transport, le transporteur s’engage à faire parvenir une marchandise dans un lieu donné
et en un temps donné. S’il ne respecte pas sa parole contractuelle, il engage
automatiquement sa responsabilité. Toutefois, celle-ci peut être écartée si le débiteur de
l’obligation établit l’existence d’une cause d’exonération (force majeure, fait d’un tiers
ou du créancier).

2 obligation de moyens

Dans l’obligation de moyens, le résultat n’est pas promis. Le débiteur s’est seulement
engagé à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour y parvenir. Si le résultat
n’est pas obtenu, le débiteur n’est pas présumé fautif. Pour établir une faute éventuelle,
le créancier devra lui-même la prouver, en démontrant qu’il y a eu imprudence ou
négligence de la part du débiteur. Par exemple, si le médecin ne guérit pas son patient, il
n’est pas présumé automatiquement en faute. Le patient devra prouver que le médecin
a commis une négligence ou une imprudence. Il devra démontrer que le médecin n’a pas
mis au service de son patient toutes les ressources de ses compétences.

c)- Les causes d’exonération du débiteur

Pour échapper à la mise en œuvre de sa responsabilité, le débiteur dispose de trois


moyens : la force majeure, le fait de la victime et le fait d’un tiers.

1 La force majeure

La force majeure est un événement extérieur aux parties et irrésistible. Par exemple,
une tempête détruit un hangar dans lequel était entreposé de la marchandise
appartenant à une autre personne que le propriétaire.

2 Le fait de la victime

Lorsque le comportement de la victime apparaît comme la cause exclusive du dommage,


il supprime la responsabilité du débiteur. Par exemple, une personne munie d’un titre
de transport monte dans un train en marche ou bien traverse une voie de chemin de fer
au lieu d’emprunter le passage souterrain.

3 Le fait d’un tiers

Le tiers est toute personne autre que la victime (le défendeur). Si le fait du tiers est la
seule cause du préjudice subi par la victime, le défendeur doit être exonéré. Par
exemple, un voyageur agressé dans un train par un autre voyageur invoque la
responsabilité contractuelle de la compagnie ferrovière ; celle-ci pourra écarter sa
responsabilité en prouvant que le dommage a été causé par le fait d’un tiers,
imprévisible et irrésistible.

d) Le cas particulier des contrats synallagmatiques

L’inexécution d’un contrat synallagmatique, c’est-à -dire dont les obligations sont
réciproques, offre des voies de recours particulières. En effet, en cas d’inexécution de
ces contrats, il est possible de recourir à la résolution ou à la résiliation.
1 La résolution

Dans un contrat synallagmatique, les parties contractantes s’engagent réciproquement


l’une envers l’autre. Celui qui ne respecte pas sa parole perturbe donc les prévisions de
son partenaire. Le créancier qui ne réussit pas à obtenir satisfaction peut alors
demander au juge la résolution du contrat, c’est-à -dire l’anéantissement rétroactif du
contrat synallagmatique. La résolution repose sur une idée de bon sens : l’obligation de
l’un n’a plus de raison d’être lorsque l’autre n’en fournit pas la contrepartie. Elle remet
les parties dans leur état antérieur (ex. : l’acheteur restitue le bien au vendeur, qui le
rembourse).

2 La résiliation

Tous les contrats synallagmatiques ne sont pas susceptibles de résolution. Remettre les
choses au même et semblable état qu’auparavant est parfois impossible. Il en est ainsi
pour les contrats à exécution successive : par exemple, dans un contrat de travail,
l’employeur ne peut pas rendre au salarié sa force de travail. Dans ce cas, le contrat est
résiliable : ses effets passés demeurent, mais il ne peut plus produire d’effet pour
l’avenir. La résiliation est donc l’anéantissement pour l’avenir d’un contrat
synallagmatique à exécution successive.

CONCLUSION

Le contrat est, comme tout autre contrat, parfait lorsque les parties ont,
réciproquement et d’une manière concordante, manifesté leur volonté . L’accord
des parties doit porter sur les points essentiels du contrat.

Vous aimerez peut-être aussi