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La raison

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La raison possède deux définitions :

– La raison est la faculté de connaître : c’est ce sens qui renvoie à l’adjectif rationnel.
– La raison est la faculté de savoir bien déterminer sa conduite : c’est ce sens qui
renvoie à l’adjectif raisonnable.

I. Le propre de l’Homme

L’idée selon laquelle la raison est le propre de l’Homme revient à dire que c’est une
faculté qui lui permet de connaître. Ne pas connaître par la raison c’est par exemple
expliquer les phénomènes par la superstition et la magie. Connaître rationnellement
un phénomène c’est en donner la cause mécanique dans une perspective
scientifique. Pour illustrer cette thèse, on peut utiliser la figure de Descartes pour qui
toute connaissance doit être rationnelle. Descartes, fasciné par les mathématiques
qui, selon lui, constituent un domaine typiquement rationnel car il semblerait qu’il n’y
ait que la raison qui explique les mathématiques, explique qu’il faudrait appliquer la
méthode entièrement rationnelle de la déduction en mathématiques à l’ensemble
des connaissances. Dans Le Discours de la méthode, il parle des mathématiques de
la manière suivante : « Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont
les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles
démonstrations, m’avaient donné occasion de m’imaginer que toutes les choses, qui
peuvent tomber sous la connaissance des hommes, s’entre-suivent en même façon
». Selon Descartes, on peut donc connaître avec la raison toutes les choses.
Mais la raison permet aussi de bien agir. Kant affirme que consulter la raison permet
de savoir comment agir, ce qu’il faut faire. Si l’intention de l’action est rationnelle, on
peut agir ainsi. Selon Kant, ce ne sont pas les conséquences de l’action qui comptent,
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c’est toujours l’intention. L’intention est rationnelle si elle est universalisable. Par
exemple, il ne faut pas mentir, car un monde où tout le monde ment et où tout le
monde sait que tout le monde ment ne serait pas envisageable. C’est donc pour
cette raison que l’action de mentir est une action irrationnelle, et non morale. Il ne
faut donc pas mentir.
Ainsi, la raison est le propre de l’Homme, elle lui permet de connaître et de bien agir,
mais cette raison possède des limites.

II. Les limites de la raison

D’abord, d’un point de vue épistémologique. Comme précédemment vu, les


mathématiques, parce qu’elles sont entièrement rationnelles, constituent un modèle
pour la connaissance. Mais les mathématiques reposent-elles vraiment sur la
raison ? C’est la question que se pose Pascal dans De l’esprit géométrique. Pascal
dit que les mathématiques utilisent en grande partie la raison, mais les déductions
auxquelles la réflexion mathématique mènent partent d’axiomes, point de départ
d’une réflexion, qui eux ne sont pas démontrés, et ne sont donc pas connus par la
raison. Par exemple, le fait de dire que dans les éléments d’Euclide « le tout est plus
grand que la partie » est un axiome mathématique qui n’est pas démontré. C’est une
affirmation que l’on prend pour vraie car elle est semble évidente. Ce n’est donc pas
en faisant appel à sa raison qu’on connaît le point de départ des mathématiques dit
Pascal, on le connaît « en faisant appel au cœur ».
En effet, la célèbre citation de Pascal « le cœur a ses raisons que la raison ignore »
explique qu’il y a en nous deux facultés de connaissance : la raison mais aussi le
cœur qui permet d’atteindre certaines vérités spécifiques. C’est pourquoi dans le
domaine de la religion, Pascal affirme que c’est le cœur qui sent Dieu et non pas la
raison, car les vérités de la religion sont connues avec le cœur. Ainsi, les limites de la
raison ne sont pas les limites de la connaissance. La raison ne permet pas forcément
de tout connaître, il y a des connaissances que l’on possède et qui sont non
rationnelles, mais qui ne sont pas pour autant fausses d’après Pascal.
Rousseau, quant à lui, explique que c’est parce que l’Homme raisonne, qu’il a cette
capacité de réflexion, qu’il se comporte mal. Dans Discours sur l’origine et les
fondements de l’inégalité parmi les hommes de 1755 qu’on appelle aussi Le Second
discours, Rousseau dit que l’Homme, entrant en société et sortant de l’état de nature
a développé sa la raison, qui est une faculté de comparaison. Or cette faculté, dit
Rousseau, va étouffer un sentiment naturel, qui existe à l’état de nature et qui nous
permettait de compatir avec celui qui souffre. Autrement dit, la raison est quelque
chose qui, parce qu’elle nous met toujours à distance de la situation, va étouffer ce
qu’il appelle la pitié naturelle. Du fait de la raison, l’homme a perdu sa bonté
naturelle. Rousseau écrit que « l’homme qui médite est un animal dépravé » ce qui
veut dire que l’état de réflexion est un état contre nature. Il dévalorise donc la raison
au profit d’une réhabilitation de ce que l’on oppose souvent à la raison, c’est-à-dire le
sentiment. Contrairement à Kant qui dit que pour savoir ce qu’il faut faire, il faut
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s’appuyer sur la raison, Rousseau dit que pour savoir ce qu’il faut faire il faut
consulter sa conscience, cet instinct moral qui permet de savoir immédiatement ce
qu’est le bien et ce qu’est le mal sans avoir besoin de réfléchir. Selon Rousseau,
l’Homme porte en lui cet instinct moral qui permet de distinguer le bien du mal et qui
ne relève pas du tout de la raison qui l’étouffe au contraire.

III. L’Homme se comporte-t-il toujours rationnellement ?

C’est une question importante au regard de ce qui a été dit dans la première partie, à
savoir que l’Homme était un animal rationnel. Peut-on alors en déduire que l’Homme
se comporte toujours rationnellement ? Cette déduction selon laquelle l’Homme se
comporterait toujours rationnellement a été opérée par une science qui a justement
été reconnue en tant que telle à partir du moment où elle a prétendu pouvoir
expliquer rationnellement le comportement de l’Homme : la science économique. Elle
est apparue au XVIIIe siècle grâce à des économistes tels que Adam Smith. Les
économistes classiques qui ont fondé la science économique, disent que l’Homme, en
matière d’économie, est un individu rationnel. L’Homme est un agent rationnel car en
matière d’économie, il est un individu qui cherche toujours à maximiser son profit.
C’est pour ça qu’on le dit rationnel. On peut donc expliquer par cette perspective
classique tous les phénomènes économiques à partir de ce présupposé.
Cela permet d’expliquer beaucoup de phénomènes, mais on peut aussi se demander
si c’est le dernier mot du comportement humain en matière d’économie. Par
exemple, peut-on dire que l’Homme, quand il effectue un achat, se comporte
toujours de manière entièrement rationnelle, en ne cherchant qu’à maximiser son
intérêt ? Il semblerait que non. Quand l’Homme effectue un achat, il y a bien d’autres
facteurs que sa raison qui entrent en compte, la mode par exemple. Or la mode n’est
pas déterminée rationnellement, car la mode est fondée sur le mimétisme du désir
donc qui relève du sentiment, non de la raison. Les croyances aussi peuvent rentrer
en compte : la religion, la tradition, etc. Il y a donc des facteurs non rationnels qui
viennent largement influencer voire déterminer mon achat. Réduire l’Homme au
stade d’agent rationnel fait donc abstraction d’autres dimensions qui permettent de
le comprendre dans toute sa complexité. C’est la raison pour laquelle on peut
vraiment se demander si le comportement humain est toujours rationnel, et s’il n’y a
donc pas des limites à la raison.

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