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Archives de pédiatrie 13 (2006) 399–404

L’endoscopie digestive
interventionnelle chez l’enfant
Interventional digestive endoscopy in pediatrics

L. Michaud
Unité de gastroentérologie, hépatologie et nutrition, clinique de pédiatrie, hôpital Jeanne-de-Flandre, avenue Eugene-Avinee,
59037 Lille cedex, France

Disponible sur internet le 19 janvier 2006

Résumé

L’endoscopie interventionnelle recouvre l’ensemble des actes thérapeutiques réalisés par voie endoscopique au niveau du
tube digestif. Elle est réalisée sous anesthésie générale et a bénéficié des progrès récents du matériel (endoscopes et
accessoires). Certains gestes sont maintenant réalisés de façon courante en pédiatrie : dilatation des sténoses œsopha-
gienne, mise en place d’une gastrostomie, extraction de corps étrangers, ligature ou sclérose de varices œsophagiennes,
polypectomie ; d’autres, dont les indications sont plus rares, sont habituellement réalisés avec la collaboration des
endoscopistes d’adultes dont le champ d’activité en endoscopie interventionnelle est beaucoup plus large.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract

Interventional endoscopy concerns the therapeutic acts carried out by endoscopic way at the level of the digestive
tract. It is realized under general anaesthesia and it has profited from recent progress of the material (endoscopes and
accessories). Some acts are realized in a current way in paediatrics: extraction of foreign body, dilation of oesophageal
stenosis, gastrostomy. Other indications are rarer. In these cases, interventional endoscopy is usually done with the
collaboration of the adult endoscopists, whose field of activity in interventional endoscopy is far much broader.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Gastrostomie ; Sténose œsophagienne ; Hypertension portale ; Polype colique

Keywords: Gastrostomy; Oesophageal stenosis; Portal hypertension; Polyps

L’endoscopie digestive à tube souple a été introduite chez d’une sténose anastomotique survenant après le traitement
l’enfant dans les années soixante-dix. Initialement réservée à chirurgical d’une atrésie de l’œsophage (Fig. 1), d’une sté-
l’endoscopie diagnostique, son champ s’est progressivement nose peptique, plus rare chez l’enfant depuis l’intensification
élargi au fil des années et de l’expérience croissante des pédia- de la prise en charge du reflux gastro-œsophagien, d’une
tres endoscopistes au traitement non invasif d’un certain nom- sténose caustique compliquant une brûlure caustique sévère
bre de maladies digestives et hépatobiliaires de l’enfant [1]. de l’œsophage, beaucoup plus rarement d’une sténose post-
infectieuse (Cytomegalovirus ou herpès) survenant habituel-
lement chez un patient immunodéprimé, d’une sténose
1. DILATATION DE STÉNOSE ŒSOPHAGIENNE post-sclérose de varices œsophagiennes ou enfin d’une sté-
nose congénitale de l’œsophage.
Tous les types de sténose œsophagienne peuvent justifier
la réalisation d’une dilatation de l’œsophage. Il peut s’agir Deux techniques d’endoscopie interventionnelle sont ac-
tuellement utilisées chez l’enfant pour la réalisation de la
Adresse e-mail : l-michaud@chru-lille.fr (L. Michaud). dilatation œsophagienne.
0929-693X/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/S0929-693X(05)00677-9
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Fig. 1. Sténose anastomotique de l’œsophage avant dilatation œsophagienne. Fig. 2. Dilatation œsophagienne au ballonnet d’une sténose peptique.

1.1. Dilatation par bougies La perforation œsophagienne est la complication la plus


grave de la dilatation instrumentale de l’œsophage ; sa
La dilatation par bougies est la technique la plus ancienne. fréquence varie selon le type de sténose. Le syndrome
Les bougies de dilatation sont des sondes en polyvinyle hémorragique par lésion de la muqueuse œsophagienne est
rigide, très effilées à l’une des extrémités, dotées d’un canal fréquent et généralement d’évolution favorable. Une bactéri-
central permettant leur passage sur un fil guide. Leur diamè- émie est fréquemment notée au décours des séances de
tre varie de 5 à 20 mm. Le fil guide est placé sous contrôle dilatation et justifie une antibioprophylaxie chez les patients
endoscopique à travers la sténose (Fig. 1), puis est poussé à risque d’endocardite.
sous contrôle radioscopique dans l’estomac. L’endoscope La récidive de la sténose après dilatation est fréquemment
est retiré et le fil guide est maintenu en place, permettant observée, et dépend du type de sténose observée. Plusieurs
ainsi le passage des bougies de diamètre croissant, sous techniques ont été proposées afin d’éviter la récidive de la
contrôle radiologique. Lors de la dilatation, la sensation sténose après dilatation, mais elles ne sont pas réalisées de
d’une résistance et la présence d’un frottement, d’un res- façon courante chez l’enfant, qu’il s’agisse de la mise en place
saut, ou d’une hémorragie digestive sont notées. Au décours de prothèse œsophagienne ou de stent [3], d’infiltration de
de la dilatation, une vérification endoscopique est pratiquée, corticoïdes au sein de la lésion ou de tamponnement à la
permettant éventuellement de réaliser des biopsies et de mitomycine C [4]. La mitomycine est un antibiotique cytos-
visualiser l’œsophage sous-jacent à la sténose quand celle-ci tatique semblable aux agents alkylants, connue pour inhiber
peut être franchie par l’endoscope. la prolifération fibroblastique. Le but de ces traitements
locaux, qu’il s’agisse de l’infiltration de corticoïdes ou de
1.2. Dilatation par ballonnet tamponnement à la mitomycine C, consiste à éviter la for-
mation de fibrose et la récidive de la sténose. Leur utilisation
La dilatation par ballonnet introduit sur fil guide ou sous dans les sténoses œsophagiennes récidivantes reste encore
contrôle de la vue est une technique plus récente. Le ponctuelle et préliminaire en pédiatrie [4].
ballonnet exerce des forces de pression radiale circulaire
uniforme au niveau de la sténose au lieu des forces de
pression longitudinale et verticale des bougies (Fig. 2). Le 2. TRAITEMENT ENDOSCOPIQUE
ballonnet maintenu en aspiration passe dans le canal opéra- DES TROUBLES MOTEURS DE L’ŒSOPHAGE :
teur de l’endoscope, franchit la sténose sous contrôle en- DILATATION PNEUMATIQUE, INJECTION
doscopique et permet la dilatation. DE TOXINE BOTULIQUE
Le nombre et la fréquence des dilatations dépendent du
type de sténose, de son caractère serré ou non, du délai et de L’achalasie œsophagienne est une maladie neuromuscu-
l’efficacité de la dilatation précédente. Quel que soit le type laire caractérisée par un trouble de la motricité de l’œso-
de sténose, le choix entre l’utilisation de bougies de dilatation phage associant une absence de péristaltisme du corps œso-
progressive ou de ballonnets reste débattu ; aucune des phagien, une hypertonie et des anomalies de la relaxation du
techniques n’a montré une supériorité nette dans les études sphincter inférieur de l’œsophage. Le traitement chirurgical
rapportées chez l’adulte. Une seule série pédiatrique, rétros- classique de l’achalasie chez l’enfant est la cardiomyotomie
pective plaide en faveur des dilatations au ballonnet, qui extramuqueuse de Heller, associée à une intervention anti-
semblent moins traumatisantes et plus efficaces [2]. reflux de type Nissen. Le traitement endoscopique de
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l’achalasie repose sur deux techniques : la dilatation pneu-


matique ou l’injection intrasphinctérienne de toxine botuli-
que [5,6]. La dilatation pneumatique utilise des ballonnets de
faible élasticité (Rigiflex®). Ce geste, à haut risque de perfo-
ration œsophagienne, doit être réalisé par une équipe en-
traînée et peut être une alternative à la chirurgie chez
l’enfant, à laquelle il est possible de recourir ultérieurement
en cas d’échec. Le taux de succès de cette technique varie
entre 60 et 90 %, et plusieurs dilatations peuvent être
nécessaires. La complication principale de la dilatation pneu-
matique du cardia est la perforation œsophagienne, rappor-
tée dans 1 à 12 % des cas. La survenue d’un reflux gastro-
œsophagien peut également compliquer ce geste. L’injection
intrasphinctérienne de toxine botulique au niveau du sphinc-
ter inférieur de l’œsophage est une technique séduisante au
premier abord. Cependant, si l’efficacité à court terme chez
l’adulte et l’enfant est bonne, la récidive des symptômes à
moyen terme est fréquente. L’expérience pédiatrique de ce
traitement endoscopique par injection intrasphinctérienne Fig. 3. Gastrostomie mise en place par voie percutanée endoscopique
(collerette interne).
de toxine botulique reste donc limitée.
que, sténose duodénale néoplasique), la mise en place d’une
3. GASTROSTOMIE PERCUTANÉE gastrostomie pour une aspiration ou un drainage des sécré-
ENDOSCOPIQUE (GPE) tions gastriques peut éviter le maintien prolongé d’une
sonde nasogastrique et les troubles secondaires de l’oralité
La gastrostomie percutanée endoscopique (GPE) a pris tout en favorisant un retour rapide à domicile [7].
un essor considérable ces dix dernières années en pédiatrie
pour plusieurs raisons : perfectionnement et miniaturisation
des endoscopes qui permettent de réaliser une fibroscopie 4. AUTRES SONDES À VISÉE NUTRITIONNELLE
digestive haute et de mettre en place une gastrostomie
percutanée endoscopique dans des conditions techniques L’endoscopie interventionnelle peut permettre, beau-
satisfaisantes, y compris chez des enfants très petits ; com- coup plus rarement chez l’enfant, la mise en place d’autres
mercialisation de sondes et de boutons de gastrostomie types de sondes permettant une nutrition entérale : sonde
adaptés à l’enfant tant par leur diamètre que par leur lon- de gastrojéjunostomie mise en place par l’orifice d’une
gueur ; progrès dans la prise en charge des maladies chroni- gastrostomie préexistante et permettant une décompres-
ques de l’enfant (cancer, pathologie digestive, respiratoire et sion gastrique et une nutrition jéjunale, mise en place de
neuromusculaire), qui ont permis une augmentation de la sonde jéjunale par voie transpylorique ou percutanée endos-
durée de vie des patients avec, pour conséquence, l’appari- copique. Ces techniques de nutrition sont habituellement
tion de complications nutritionnelles dont le traitement proposées chez des enfants présentant un reflux gastro-
spécifique s’intègre dans le projet thérapeutique de l’enfant. œsophagien sévère associé à des troubles de la vidange
Sous réserve de l’utilisation de matériel adapté au poids de gastrique ; elles peuvent précéder ou être une alternative au
l’enfant, la réalisation d’une gastrostomie ne pose pas de traitement chirurgical du reflux.
problème spécifique à l’âge pédiatrique ; une sonde de
gastrostomie peut ainsi être posée sans difficulté technique
particulière chez un nourrisson de 2 kg. La technique du pull 5. EXTRACTION DE CORPS ÉTRANGERS
(de dedans en dehors) est le plus souvent utilisée (Fig. 3). La DIGESTIFS
GPE est le plus souvent mise en place dans un but nutrition-
nel et ses indications recouvrent celle de l’alimentation L’ingestion des corps étrangers chez l’enfant est le plus
entérale prolongée. La mise en place d’une GPE peut être souvent accidentelle et survient, dans la moitié des cas, avant
envisagée comme une alternative à une nutrition entérale l’âge de cinq ans [1–8]. Si la grande majorité des corps
par sonde nasogastrique quand la nutrition entérale dépasse étrangers ingérés traversent le tractus digestif sans complica-
deux à trois mois. Beaucoup plus rarement, la gastrostomie tion, 10 à 20 % d’entre eux vont nécessiter leur extraction par
peut être mise en place chez l’enfant dans le but d’une voie endoscopique et moins de 1 %, un traitement chirurgical.
décompression gastrique ou pour l’administration de médi- Le corps étranger ingéré peut s’incarcérer au niveau du
caments. Lorsqu’une aspiration ou un drainage prolongé des muscle cricopharyngien, dans l’œsophage cervical au niveau
secrétions gastriques sont nécessaires en raison d’un syn- de l’empreinte aortique, en amont de la jonction œsocardiale,
drome occlusif ou sub-occlusif chronique (trouble sévère de ou se bloquer au niveau du pylore, plus rarement au niveau de
la vidange gastrique, pseudo-obstruction intestinale chroni- la valvule iléocæcale. La majorité des corps étrangers ingérés
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Fig. 5. Lésions gastriques fundiques secondaires à l’ingestion d’une pile.


Fig. 4. Corps étranger traumatisant dans le tiers supérieur de l’œsophage.

sont radio-opaques, visibles sur une radiographie du thorax


élargie au cou et à la cavité gastrique. Lorsque le corps
étranger est radiotransparent, une endoscopie digestive haute
permet d’affirmer ou non l’ingestion suspectée cliniquement.
Tout corps étranger « mousse » non traumatisant, bloqué plus
de six heures dans l’œsophage (12 heures selon certains
auteurs), doit être enlevé endoscopiquement, en urgence s’il
s’agit d’un corps étranger traumatisant ou si l’enfant présente
des manifestations faisant craindre une complication. Les
corps étrangers intragastriques sont extraits sans délai s’ils
sont de grande taille (diamètre supérieur à 20 mm, longueur
supérieure à 5 cm, 3 cm pour le nourrisson) ou potentielle-
ment traumatisant (pointu, tranchant) (Fig. 4).
Les autres corps étrangers intragastriques dits
« mousse » ou non traumatisants (pièce de monnaie, billes...)
ne sont enlevés qu’en cas de persistance dans l’estomac trois Fig. 6. Tube plastique (Over-tube) permettant l’extraction de corps étranger
traumatisant.
à quatre semaines après l’ingestion.
L’ingestion de piles bouton justifie une attitude particu- symptômes cliniques [1–8]. L’utilisation d’une sonde aiman-
lière. Les piles peuvent être à l’origine de quatre types de tée peut faciliter leur extraction.
lésions : Différents instruments, plus ou moins adaptés à la confi-
• brûlures électriques par courant de faible voltage (le guration de l’objet à extraire sont disponibles : pince à corps
micro-environnement de la cathode d’une pile active étranger, anse à polypectomie, pince à griffe. En cas de corps
devient basique et le pH à l’anode, acide) ; étranger pointu ou tranchant, l’utilisation d’un tube plastique
• brûlures caustiques liées à la libération de substances (over-tube) placé à l’extrémité de l’endoscope en permet
potentiellement caustiques (soude, potasse, chlorure l’extraction sans danger de lésion de la paroi œsophagienne
d’ammonium) ; au moment du retrait (Fig. 6).
• lésions de nécrose par compression au niveau œsopha-
gien, comme pour tout corps étranger œsophagien ;
• effets toxiques exceptionnels dus à l’absorption de subs- 6. SCLÉROSE ET LIGATURE ENDOSCOPIQUE
tances contenues dans les piles (Fig. 5). DE VARICES ŒSOPHAGIENNES
Même si les complications liées à l’ingestion de piles
bouton sont rares, des perforations digestives, œsophagien- La rupture de varices œsophagiennes représente la prin-
nes ou intestinales ont été rapportées. Les piles intra- cipale cause de saignement digestif grave chez l’enfant, quelle
œsophagiennes doivent être extraites en urgence ; les piles que soit la cause de l’hypertension portale ; l’hémorragie est
gastriques doivent être extraites si elles restent en intra- fréquemment déclenchée par la prise d’acide acétylsalicyli-
gastrique plus de 24 heures, voire plus rapidement en cas de que ou d’anti-inflammatoires. La prévention des récidives
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après hémorragie fait appel aux bêtabloquants et/ou au cinq) pour permettre l’éradication des varices. Les principa-
traitement endoscopique. Deux techniques endoscopiques les complications de la sclérose des varices œsophagiennes
permettent la thrombose des veines œsophagiennes : la sont l’hémorragie digestive, une dysphagie douloureuse et, à
sclérothérapie et la ligature élastique. La ligature des varices distance, la survenue d’une sténose œsophagienne accessi-
œsophagiennes est une technique plus récente qui a sup- ble à la dilatation. Plus rarement sont rapportées des com-
planté la sclérose des varices œsophagiennes. Il est possible, plications infectieuses.
dans le même temps endoscopique, de mettre en place
jusqu’à six élastiques (Fig. 7). Cette technique peut cepen-
dant être limitée chez l’enfant par le calibre de la bouche de 7. TRAITEMENT ENDOSCOPIQUE DE L’ULCÈRE
Killian et la taille du matériel de ligature qui rend son GASTRODUODÉNAL HÉMORRAGIQUE
utilisation traumatisante, voire impossible en dessous d’un
poids de 10 kg. Plusieurs études ont montré la supériorité L’hémorragie digestive est une complication sévère des
de la ligature par rapport à la sclérose, en termes de rapidité ulcères gastroduodénaux mais ceux-ci sont très rares chez
d’obtention de l’éradication des varices, de complications et l’enfant, et le recours à un traitement endoscopique de
de risques de récidive de l’hémorragie. La sclérothérapie, l’ulcère gastroduodénal hémorragique reste exceptionnel en
technique plus ancienne, consiste à injecter, habituellement pédiatrie. Ce traitement endoscopique repose sur l’injection
en intravariqueux, un produit sclérosant qui va être à l’ori- périulcéreuse ou sur deux méthodes thermiques (électro-
gine d’une thrombose de cette varice. Plusieurs séances de coagulation bipolaire et par plasma d’argon). L’injection
sclérothérapie sont habituellement nécessaires (quatre à périulcéreuse est habituellement réalisée en trois ou quatre
points au pourtour de la lésion hémorragique, en utilisant
soit des vasoconstricteurs (adrénaline diluée à 1/10 000)
soit, plus rarement, des produits sclérosants.

8. POLYPECTOMIE ENDOSCOPIQUE

La polypectomie endoscopique est le traitement habituel


des polypes rectocoliques chez l’enfant. La résection endos-
copique est faite à l’aide d’une anse diathermique ou d’une
pince diathermique (très petits polypes sessiles), sous
contrôle endoscopique. L’anse qui traverse le canal opéra-
teur permet d’enserrer la base du polype à distance de la
base d’implantation et d’appliquer un courant permettant la
section et la coagulation du pied du polype (Fig. 8). Après
résection, le polype est récupéré à l’aide d’une pince pour un
examen anatomopathologique. La plupart des polypes de
l’enfant sont des polypes juvéniles. Les deux principales

Fig. 7a et b. Ligature de varices œsophagiennes. Fig. 8. Polypectomie (polype juvénile).


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complications de la polypectomie sont l’hémorragie diges- injection de matériel au niveau du cardia afin de recréer une
tive (immédiate ou secondaire) et la perforation. La surve- fonction sphinctérienne. Le but de ces traitements endosco-
nue d’un saignement au niveau du pied du polype réséqué piques est de réduire ou d’arrêter la prise d’inhibiteurs de la
peut conduire à une injection d’adrénaline au niveau du pompe à protons. Ce type de technique pourrait représen-
pédicule ou, en cas de saignement important, en jet, à ter dans l’avenir, pour certains grands enfants, une alterna-
réaliser une électrocoagulation à nouveau avec l’anse dia- tive au traitement chirurgical du reflux. Cependant, une
thermique après strangulation du pédicule restant. Les hé- seule étude utilisant la suture endoscopique a été réalisée
morragies tardives intervenant cinq à dix jours après la chez l’enfant [9]. Ces nouvelles techniques endoscopiques
résection par chute d’escarre sont, le plus souvent, bénignes nécessitent encore une évaluation chez l’adulte, en particu-
mais justifient de prévenir les parents et l’enfant de la lier en ce qui concerne leur efficacité à moyen et long terme.
possibilité de leur survenue.

11. CONCLUSION
9. CHOLANGIOPANCRÉATOGRAPHIE
RÉTROGRADE ENDOSCOPIQUE (CPRE) L’endoscopie digestive interventionnelle s’est développée
depuis une dizaine d’années chez l’enfant, grâce notamment
La cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique à la miniaturisation des endoscopes et du matériel. La fré-
(CPRE) est fréquemment utilisée chez l’adulte pour le dia- quence de certaines indications chez l’enfant a permis aux
gnostic et le traitement des pathologies biliopancréatiques. équipes pédiatriques d’acquérir suffisamment d’expérience
En revanche, la rareté des affections biliopancréatiques chez pour maîtriser certains gestes (mise en place de gastro-
l’enfant, les progrès des techniques d’imagerie (cholangio- stomie par voie perendoscopique, traitement endoscopique
graphie, IRM), les difficultés techniques éventuellement liées des varices œsophagiennes, dilatations des sténoses œso-
à la taille des endoscopes et du matériel utilisé et les risques phagiennes). En revanche, d’autres techniques, telles que la
de complications en limitent les indications et donc la possi- cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique
bilité d’acquérir une expérience suffisante pour la réalisation (CPRE) et le traitement endoscopique de l’achalasie, justi-
de ce geste. La cholangiopancréatographie rétrograde en- fient une expérience importante et nécessitent donc une
doscopique permet d’introduire un cathéter au niveau de collaboration étroite avec nos collègues endoscopistes
l’orifice papillaire et d’obtenir une pancréatographie, une d’adultes.
opacification simultanée des voies biliaires et pancréatiques
ou une cholangiographie sélective et, si nécessaire, un pré-
lèvement de bile (dosage des acides biliaires, étude biochi- RÉFÉRENCES
mique et bactériologique des sécrétions biliopancréatiques).
Comme chez l’adulte, la CPRE peut permettre chez l’enfant [1] Mougenot JF, Liguory C, Chapoy P. Endoscopie digestive pédiatrique
des gestes thérapeutiques : sphinctérotomie avec extraction « interventionnelle ». Arch Fr Pediatr 1991;48:571–9.
de calculs biliaires, dilatation des voies biliaires, mise en place [2] Lang T, Hummer HP, Behrens R. Balloon dilation is preferable to
de prothèses biliaires (stent). La nécessité d’une expertise bougienage in children with esophageal atresia. Endoscopy
suffisante et la rareté des indications pédiatriques expliquent 2001;33:329–35.
que la quasi-totalité de ces gestes chez l’enfant sont réalisés [3] Zhang C, Yu JM, Fan GP, Shi CR, Yu SY, Wang HP, et al. The use of a
par des médecins endoscopistes d’adultes. retrievable self-expanding stent in treating childhood benign
esophageal strictures. J Pediatr Surg 2005;40:501–4.
[4] Uhlen S, Fayoux P, Michaud L. Mitomycin C as an alternative to stent
for conservative management of esophageal strictures in children. J
10. TRAITEMENT ENDOSCOPIQUE DU REFLUX Pediatr Gastroenterol Nutr 2005;40:235–6.
GASTRO-ŒSOPHAGIEN
[5] Hussain SZ, Thomas R, Tolia V. A review of achalasia in 33 children.
Dig Dis Sci 2002;47:2538–43.
Le reflux gastro-œsophagien est la pathologie œsopha- [6] Babu R, Grier D, Cusick E, Spicer RD. Pneumatic dilatation for
gienne la plus fréquente, chez l’enfant comme chez l’adulte. childhood achalasia. Pediatr Surg Int 2001;17:505–7.
De nombreux patients nécessitent un traitement médica- [7] Michaud L, Guimber D, Carpentier B, Sfeir R, Lambilliotte A,
menteux prolongé pouvant associer prokinétique, anti-acide Mazingue F, et al. Gastrostomy as a decompression technique in
children with chronic gastrointestinal obstruction. J Pediatr
ou antisécrétoire, parfois un traitement chirurgical. Depuis
Gastroenterol Nutr 2001;32:82–5.
quelques années se sont développées chez l’adulte des tech-
[8] Arana A, Hauser B, Hachimi-Idrissi S, Vandenplas Y. Management of
niques endoscopiques de traitement du reflux gastro- ingested foreign bodies in childhood and review of the literature. Eur
œsophagien, alternatives possibles au traitement chirurgi- J Pediatr 2001;160:468–72.
cal : valvuloplastie ou suture endoscopique, radiofréquence [9] Thomson M, Fritscher-Ravens A, Hall S, Afzal N, Ashwood P,
qui induit des lésions thermiques et un œdème, ainsi qu’une Swain CP. Endoluminal gastroplication in children with significant
fibrose au niveau du sphincter inférieur de l’œsophage ou gastro-oesophageal reflux disease. Gut 2004;53:1745–50.

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