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Elle relit à certains moments des conversations

entières. C’est des moments où elle se sent


glisser vers ça, vers une nostalgie ok. Là elle se
sent bien, elle a pas mal bu et tout le monde
s’est endormi autour d’elle. Elle est au fond
d’un canapé. Relire ses sms = le plus facile des
voyages dans le temps. Elle relit les messages
échangés avec une fille avec qui elle sortait à un
moment où ça lui paraissait important d’aimer
beaucoup et les sms vont dans ce sens. Il lui
faut quelques secondes pour que la lecture la
fasse passer à nouveau par le chemin qui l’avait
conduite à écrire chaque message.

Quand elle pense à ce que ça lui fait, elle a


l’impression d’entendre un crépitement. Elle se
dit c’est l’image de mes neurones-souvenirs
s’allumant un peu partout qui a fait ce son dans
ma tête. Écrire un sms et être amoureuse c’était
comme essayer de contrôler des forces
contradictoires, mes pouces sur l’écran, jusqu’à
ce que quelque chose sorte. Je pouvais pas la
laisser sans réponse trop longtemps.
Elle descend le fil des messages. Il y a des
blancs, des trous sans message. Elles se
voyaient souvent à ce moment-là. Ce temps-là
ne fait pas partie de l’archive et elle s’en
rappelle vaguement. Le texte des messages
vient se poser sur le flou de sa mémoire et le
cisèle d’un coup, comme si un fragment de réel
tombait d’une réalité très concrète légèrement
au-dessus de sa tête.

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