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Chapitre I La Fatigue
Chapitre I La Fatigue
L’endommagement s’écrit
�
�=
�
(I.1)
On appelle endurance la capacité de résistance à la fatigue des pièces que l’on étudie.
Figure I.3 : Exemple de machines de fatigue utilisées à partir des années 50 et celle récente
Figure I.4 : représentation de la courbe de fatigue (ou endurance )
- Zone d’endurance limitée : c’est le cas le plus fréquent dans les problèmes de fatigue.
La rupture apparait après un nombre limité de cycles sans qu’il y ait de déformations
plastiques mesurables. Les contraintes appliquées sont largement inférieures à la limite
d’élasticité du matériau.
-
- Zone d’endurance illimitée : Pour de nombreux matériaux, il est possible de tracer
une asymptote à cette partie de la courbe . Elle correspond à la limite d’endurance ou
de fatigue �� . Pour les aluminium, généralement, il n’y a pas d’asymptote. La limite
d’endurance sera toujours déterminée avec une certaine erreur. On parle alors de
probabilité d’atteindre �� .
-
On définit alors :
*La limite d’endurance théorique : c’est la limite supérieure de la contrainte
périodique pouvant être appliquée indéfiniment sans produire de rupture.
*la limite conventionnelle : c’est la valeur maximale de la contrainte qui
n’entraîne pas la rupture avant un nombre de cycles donné ;
I.3/ Amorçage et propagation de fissure
La durée de vie en fatigue d’un matériau métallique peut se décomposer en deux stades
Stade d’amorçage d’une fissure : c’est le nombre de cycles nécessaire à créer une
fissure à partir du mouvement des dislocations. Ces dernières sont mises en
mouvement par le chargement mécanique. Ces mouvements sont complexes et sont
liés à la microstructure du matériau. En général les dislocations s’arrangent sous forme
de bandes de glissement situées dans des plans particuliers de la structure cristalline
(figure I.5 ). Ces bandes comprennent des millions de dislocations jusqu’à atteindre un
stade critique où une fissure est crée pour accomoder la déformation plastique locale.
A partir d’un certain de saturation de la déformation plastique il y a localisation de la
déformation, c’est-à-dire que cette dernière va se concentrer dans les bandes de
glissement. A partir de ces bandes de glissement, une fissure peut apparaître soit le
long d’une bande, soit le long du joint de grain. Ce stade d’amorçage peut prendre
jusqu’à 90% de la durée de vie totale de la pièce.
Stade de propagation :la fissure existe et se propage dans le matériau jusqu’à la
rupture complète.
La figure (I.4) montre un exemple d’essais de fatigue avec plusieurs éprouvettes testées à un
même niveau de contrainte. On remarque qu’il y a toujours de la dispersion qui devient plus
importante lorsque le niveau de contrainte est faible. Les points représentes en étoile avec une
flèche sont les essais arrêtes après un nombre de cycles supérieur à 106 cycles pour lesquelles
les éprouvettes n’ont pas rompues.
Figure I.6 : Disposition sur un graphe s-N (log) des résultats d’essais en fatigue
b/ Les méthodes qui conduisent à une bonne approximation, mais qui nécessitent
aussi un plus grand nombre d’éprouvettes d’essais.
• méthode d’itération,
• méthode des probits,
• méthode de l’escalier.
Parmi toutes ses méthodes on étudiera la méthode de l’escalier
Nous avons fait une estimation théorique de la limite d’endurance en utilisant les propriétés
mécaniques d’un matériau donné dans une des formules théoriques proposées par différents
auteurs (I.2), (I.3):
Les essais de fatigue sont effectués à différents niveaux de contraintes pendant un nombre de
cycles choisi a priori (c’est-à-dire que l’on se fixe un nombre de cycles maximal 106 ou 107
par exemple), chaque contrainte diffère d’une valeur d, choisie elle aussi a priori (ici nous
avons par exemple d= 2 daN/mm2 ), de la contrainte précédente.
•Soit ��la valeur de la contrainte au i ème essai, la valeur ��+1 sera telle que :
��+1 = �� − � si une rupture est observée pour l’essai i
��+1 = �� + � si une non rupture est observée pour l’essai i
On détermine le type d'évènement, rupture ou non rupture, qui s'est produit le moins
fréquemment.
• On compte le nombre �� de réalisations de cet évènement à chaque niveau d'essai puis on
numérote ces niveaux en attribuant la valeur i = 0 au plus faible de ceux auxquels il a été
observé au moins une fois.
• On calcule : � = �
�� (I.2) � = �
��� (�. 3) � = �
�2 �� (I.4)
� 1
• On déduit : �� = �0 + �( � ± 2 ) (I.5)
�0 est le niveau d’indice 0 , c’est le plus faible des niveaux utilisés auquel n ait obtenu
au moins un résultat de type retenu)
• + 1/2 si calcul effectué sur éprouvettes non rompues
• - 1/2 si calcul effectué sur éprouvettes rompues
Appliquons cette démarche pour le notre exemple : Pour les essais de fatigue, nous avons
utilisé 21 éprouvettes . A partir de la limite d’endurance calculée analytiquement en fonction
des propriétés mécaniques du matériau, nous avons débuté l’essai avec une première
éprouvette. Cette contrainte appliquée correspond à 22 daN/mm2 est déterminée à partir des
relations d’estimation de �� (relation I.2). Le pas choisi est d= 2 daN/mm2
26 X
24 0 X X X 0
22 0 X 0 0 0
20 0
�(daN/mm2) 13 14 15 16 17 18 19 20 21
26 X
24 X X X X
22 0 0 0 0
20
X : éprouvettes rompues 0 : éprouvettes non rompues=11
Cette éprouvette ne s’est pas rompue après par exemple 106 cycles. Cet essais sera compté
comme éprouvette non rompue et donc pour le second essai j’augmente la charge de d qui est
pour cet exemple d=2 daN/mm2. Pour 24 daN/mm2, la seconde éprouvette est sollicitée
jusqu’à dépassée 10 6 cycles. Elle ne casse pas . J’augmente encore la contrainte de d =2
daN/mm2 et je teste la troisième éprouvette à 26 daN/mm2. A ce niveau de chargement, la
troisième éprouvette se rompe avant 106 cycles. Cette fois ci je descends en valeur de
contrainte de d= 2daN/mm2 j’aurais donc 24 daN/mm2 pour cette quatrième éprouvette. Je
continue avec la même procédure jusq’à utiliser pour cet exemple 21 éprouvettes (voir le
tableau). De ce même tableau je compte les éprouvettes rompues et celles qui ne sont pas
rompues. Pour les rompues je trouve 10 éprouvettes, pour les non rompues je trouve 11
éprouvettes.
Je vais choisir donc l’événement le moins fréquent c’est-à-dire les rompues. Le plus faible
22 ���
niveau de contrainte correspondant à la rupture avec i=0 est donc �0 = ��2
. Pour i=1 (en
suivant le tableau nous trouvons une éprouvette rompue) , c’est le niveau plus haut
24���
correspondant à la contrainte appliquée �1 = ��2
(nous trouvons 7 éprouvettes rompues).
Puis pour i=2 on trouve 2 éprouvettes rompues.
On dresse un tableau (I.2):
On trouve donc
11 1
�� = 22 + 2 10
− 2 = 23.2 ���/��2 (I.6)
I.6/ Influence de la contrainte moyenne sur la limite en fatigue
Il est important de souligner l’influence de la contrainte moyenne sur la limite en fatigue (ou
l’endurance). Plusieurs modèles ont été proposés pour tenir compte de cette influence lorsque
la contrainte moyenne n’est plus nulle. On peut citer le diagramme de Haigh (figure ), ou les
diagrammes de Goodman, Soderbeg ou Gerber (modèle quadratique (figure ) utilisé dans
l’industrie automobile.
La courbe reliant les points A et B est déterminée soit expérimentalement soit à partir
d’estimation. Lorsque le point de fonctionnement est situé en dessous de la courbe AB, on est
certain de ne pas avoir de rupture.
Figure I.8 : Variation de la limite en fatigue (endurance) en fonction de l’amplitude de
contrainte et de la contrainte moyenne (selon les auteurs cités dans le graphe)
Figure I.9 : représentation des lignes et leurs pentes pour approximer la courbe de Wöhler
1
� = � (I.7)
A partir des données � − � et pour le point (�1 , �1 ), la pente b invese de la pente K peut être
utilisée pour déterminer le nombre de cycles �2 équivalent à l’endommagement
correspondant à une amplitude de contrainte �2 comme suit :
�1 −1/� �1 �
�2 = �1
�2
ou �2 = �1 �2
(I.8)
En général, si le comportement en fatigue est dominé par le mécanisme de propagation de
fissure (exemple : joint de soudage, entaille aiguisée..), la courbe � − � a souvent une pente
raide(� ≈− 0.3; � = 3). Si le comportement en fatigue est contrôlé par le mode d’amorçage
de fissure (exple : fissure émoussée) , la courbe � − � va avoir une pente plus plate (� ≈−
0.15; � = 7).
A partir de l’équation précédente et dans le cas où � =− 0.15, l’accroissement de l’amplitude
de contrainte de 10% fera décroitre le durée de vie en fatigue de 53%.
A travers différents travaux et résultats d’essais, des relations empiriques ont permis de relier
les données de la résistance à la fatigue à la contrainte ultime �� . Ces relations n’ont pas de
base purement scientifique mais sont simples et constituent souvent des outils pour
l’ingénieur afin d’estimer la résistance à la fatigue pour une pièce dans la région
correspondante à un nombre de cycles élevé.
Alors, l’estimation de la résistance à la fatigue correspondante aux deux périodes de vie en
fatigue (exemple 103 ������ �� 106������) pour les éprouvettes de référence seront discutées.
Si la pièce où les conditions de chargement s’écartent de la configuration des tests standards
utilisée pour générer les données sus-mentionnées � − � , il est nécessaire de modifier la
courbe de base pour tenir compte des différences. De tels ajustements sont accomplis en
utilisant les facteurs de modification. La figure ci-dessous illustre les effets de modification
des facteurs sur la courbe de référence � − �.
σ1000 est la résistance en fatigue conventionnelle en en flexion à 103 cycles, basée sur les
tests standards d’éprouvettes sous différentes conditions de chargement et CR est un facteur de
modification tenant compte de la spécificité du niveau de fiabilité. Le tableau ci-dessous
donne une estimation de σ1000
Le tableau I.3 estime la limite conventionnelle en fatigue en flexion pour différents matériaux .
Lorsqu’une pièce est soumise à une température élevée en plus du chargement cyclique, il
faut tenir compte également de ce facteur de correction pour déterminer la limite d’endurance
�� = 1 pour une température 0≤ � ≤ 80°�
1680
�� = 1600+� (I.15)
Fiabilité CR
0.50 1.000
0.90 0.897
0.95 0.868
0.99 0.814
0.999 0.753
0.9999 0.702
0.99999 0.659
0.999999 0.620
Exemple : générer la courbe � − � avec 90% de fiabilité pour un arbre en acier forgé sollicité
en torsion. L’arbre a un diamètre de 20 mm et une contrainte ultime �� =1000 Mpa.
Solution : Pour un chargement en torsion, la résistance en fatigue à 1000 cycles est estimée à
partir du tableau I.2 pour le cas de l’acier par :
����� = �. �� �� �� (I.18)
On aura donc :
�� = �. �� �. ��� ���� = ��� ��� (I.19)
Comme on suppose que la température n’est pas élevée, pas de corrosion et pas de traitement
de surface , nous aurons la limite en fatigue pour le chargement en torsion qui va se réduire à :
�� = ��� �� �� �� �� (I.20)
��� est la limite en fatigue en flexion, pour les aciers forgés avec comme donnée �� =
1000 ��� <1400 Mpa (voir tableau I.3) est :
��� = �. ��� = �. �(����)=500 Mpa (I.21)
� �
� = � = �� (I.24)
Pour la plaque trouée, la contrainte loin du défaut est identique à celle décrite avant. A la
différence de la première, cette contrainte est nommée contrainte globale. Elle s’écrira :
� �
�� = =
� ��
(I.25)
Cette contrainte subira des perturbations aux frontières du perçage car la section va changer.
Au niveau du plan de symétrie du trou (direction r) la contrainte sera nommée contrainte
nominale, elle vaudra :
� �
�� = �' = �(�−2�) (I.26)
Remarque : Ici la contrainte nominale est simple à calculer. Pour certaines pièces avec des
défauts particuliers il est difficile de calculer la contrainte nominale analytiquement. On
pourra la déterminer par la méthode des éléments finis.
���� ����
��� =
��
et ��� = ��
(I.27)
La contrainte ���� est la contrainte la plus élevée au niveau du défaut. Pour l’exemple de la
figure avec la plaque trouée, la contrainte maximale se trouve aux points A et B.
La présence d’entaille dans une pièce sollicitée cycliquement réduit la résistance en fatigue de
la même pièce sans défaut d’un facteur Kf.
Remarque : Lorsque la pièce est entaillée, trouée ou comporte des raccords suite au
changement de section sa limite en fatigue diminue par rapport à la même pièce lisse ou
vierge d’un facteur Kf.
Le site https ://kupdf.net/download/peterson39s-stress-concentration
factors_596c9123dc0d601860a88e7f_pdf donne les facteurs de concentrations de
contraintes statiques Kt pour différents configuration de défauts et en fonction des
sollicitations statiques.
�� −1
�= �� −1
avec 0 ≤ � ≤ 1 (I.29)
On peut aussi écrire �� = 1 + �� − 1 � (I.30)
Figure I.16 : Evolution de l’effet d’entaille q en fonction du rayon d’entaille et du chargement
Différents auteurs ont exprimé ce facteur de sensibilité à l’entaille. On notera donc cette grandeur
avec un indice correspondant à l’auteur.
Peterson trouve que la résistance à la fatigue dépend de la contrainte régnant à une certaine
profondeur de la surface et suggère l’équation :
�� −1 1
�= �� −1
= �� (I.31)
[1+ ]
�
2079 1.8
Avec �� = 0.0254 ��
(I.32)
�� 1
�� = ��
= �� (I.33)
1+2
�
�� est une constante du matériau, pour les aciers �� est fonction de la contrainte ultime du
matériau.
1077
��� = �2�
(I.35)
�� 1
��� = =
�� 1 + 2 ��
�
�� est une constante du matériau, pour les aciers �� est fonction de la contrainte ultime du
matériau.
1077
��� =
�2�
Gradient de contrainte relatif
Siebel et Stieler ont introduit un nouveau paramètre appelé gradient de contrainte relatif noté
GCR
Ce paramètre s’exprime comme suit :
1 ��(�)
��� =
�(�) �� �=0
Figure I.17 : Gradient de contrainte
Ces auteurs relient le rapport du facteur de concentration de contrainte statique sur le facteur
de concentration de contrainte en fatigue(ou facteur de réduction en fatigue) au gradient par la
relation :
��
= 1 + �� ���
��
Pour une plaque entaillée de rayon � et de longueur de ligament (longueur restante dans le
plan de l’entaille) voir figure :
2
1/ chargement axial �� = �
2 2
2/ Chargement en flexion : �� = � + �
Gradient de contrainte relatif :
pour un arbre de diamètre externe D, avec gorge de rayon � et un diamètre intérieur d (figure
I.19 )
2
1/ Pour le cas d’un chargement axial : ��� = �
2 2
2/ Pour la flexion : ��� = +
� �
1 2
3/ pour la torsion : ��� = +
� �+�
Figure I.20 : Evolution du facteur de sensibilité d’entaille selon Heywood à 1000 cycles en
fonction de �� et du matériau
Estimation de la durée de vie en fatigue pour une pièce entaillée.
Exemple : un arbre avec gorge en acier a subit un polissage pour être commercialisé , il
possède une dureté de 400 BHN (dureté Brinell) avec un diamètre extérieur D= 28 mm et un
diamètre intérieur d=25.5 mm, le rayon d’entaille � = 1.28 ��. Les facteurs de
concentration de contrainte élastique pour la flexion, pour la traction et pour la torsion
peuvent être obtenues à partir des formules et abaques du livre de PETERSON. On aura :
��, ������� = 2.26 ��,�������� = 2.50 ��������� = 1.64
Comme l’arbre n’a pas subi un traitement thermique , en absence de corrosion et à température
ambiante on peut écrire :
��� �� �� ����
�� =
��
Et
�1000 ��
�'1000 =
�'�
Ici il faut diviser par le facteur de réduction en fatigue Kf et K’f puisqu’on est en présence d’entaille.
�1000 dépend du chargement (voir les formules précédentes)
�'� −1
On détermine �'�1000 = �
� −1
�'�1000 =0.5 , il est obtenu à partir de la courbe empirique pour les aciers pour
�� = 1380 ���
On calcul à présent les �'�
�'�, ������� = 1 + ��, ������� − 1 �'�1000 = 1.605
�'�, �������� = 1 + ��, �������� − 1 �'�1000 = 1.720
�'�, ������� = 1 + ��, ������� − 1 �'�1000 = 1.256
On calcule à présent les limites en fatigue pour la flexion, la traction et la torsion pour le cas
de l’arbre entaillé. La limite d’endurance
Le tableau I.3 permet d’avoir la limite en fatigue conventionnelle pour le type d’acier (ici
c’est un acier forgé ) donc ��, � = 0.5�� =0.5 1380=690 Mpa
Donc
��, � �� �� �� �� 690 (1) (0.85)(0.868)(0.753)
�'�, ������� = = = 173.490
��, ������� 2.2096