LA PLUS BELLE HISTOIRE DU MONDE.
Enfant timide, timorée, de complexion délieate, Louise
jeny naquit dans la Cité Ardente ot fur baptisée en
Saint-Nicolas, le jour ma
Belle famille chrétionne : huit
mourra en bas age ; un fils sera Jésuite ; un autre tome
bera gloricusement & I'Yser lors de la guerre 1418 ; un
troisiome en reviendra grand invalide. L'ainée dos filles
vverra quatre de ses fils monter a Tautel. Les siens, tous
lee chers sions, qu’elle aima pardela les grilles, une
affection si vive et si profondément surnaturelle {
M. Wigny, le pire, commercant en gros en textiles, ami
des arts, membre du conseil de fabrique et de la Con-
ference de Saint-Vincent de Paul de l'église SaintPholien,
ftsit un ehrétion d'une piéee. Ne
cnfants jeinassent des Tage requis ?
Lorsque, au cloftre, la nouvelle de sa mort inopinge
fondra sur elle, le eoup Vatteindra en plein ecur.
~ Quelle perte pour maman ! Les gargons sont encore
si jeunes !
Premier réflexe ct une des earactéristiques de sa vie +
‘a ce momenta Ja charge du noviciat.
chant Vabime de sa peine, s’étonna de
sa sérénité.
— Il ne suifit pas de lire et admirer Ia doctrine du
Pére de Caussade, lui répondivelle. Il sagit de la mettre
A quoi servirait In lecture des beaux livres,
si nous ne nous efforcons pas dy conformer nos actes ?
Fabandonne les miens a 1a Providence.
Second trait marquant : cette imperturbable égalité
@humeur, fruit de son abandon & Dieu.
Quant & Mime Wigny, tout aussi sinedrement ehrétienne
que son mari et vivant sa foi d'admirable fagon, elle aura
occasion et le courage de répéter en différentes circon-
stances :
— Mes enfants sont a Dieu ot & leur devoir, avant d'étro
ame
Sa fille Rédemptoristine, se faisant Yécho des viriles
lecons recues au foyer paternel, pourra dire en temps
de douloureases épreuves familial
— Maman connait son catéchisme. I faut aimer Dion
par-dessus toutes choses.
Aimer Diew pardessus toutes choses...
Or, depuis toujours peutétre, cest le désir de Ia fi
ete d’aimer Dieu uniquement, L’exeellence du miliew
domestique, Ia sérieuse formation au Sacr&Coeur — dont
elle gardera V'énergique empreinte — favoriseront Ie tou-
hait de son eceur.
Lapel du Christ en croix, du Rédempteur dépouillé,
relentit et Senracine. Elle se’donne toute. Elle se donne
pour apprendre, jour aprés jour, Tamoureux travail de
ressemblance, Cest li toute la vocation de la Rédempto-
ie: sortir delleméme pour faire place au Maitre
sppauvrir de soi pour senrichir de Lui, afin
Quand Diew éclaire notre ame. on voit ce
que Ton est, ou plutot ce qwon nest pas, et
en voyant ce néent pécheur on ne peut que
Sécrier: AVOIR ETE TANT AIMEE !
Sen
M
MarieStanislas de Jésu:
ile Rédemptoristine 1882-1952.
quill continue en elle sa in rédemptrice. En dépit
des défectuosités inhérentes & "humaine nature, malgré Ja
hastesse de ses humbles servantes, le ToutPuissant peut
accomplir en elles de sublimes choses. C'est sa gloi
Lui de se servir de notre limon pour qu’y paraisse son
wre et que se perpétue le salut des mes.
Le 29 septembre 1905, Lonise Wigny franchissait la
cliture du monastére Saint-Alphonse i Malines.
Crest la plus belle histoire du monde,
Cest Ta plus belle histoire Camour,
chantent nos Jeunes.
Sous le nom de Seur MarieStanislas de Jésus
choisi par dévotion — elle sembarque pour vivre la plus
belle histoire qui soit au monde : Ia passion amour de
Diew.
Elle n’ignore pas, avec Sainte Marguerite-Marie, qu'un
amour crucifié veut des erucifiés Pamour ; aussi niestce
pour goiter aux seules joies nuptiales spirituelles
quelle se livre. Sur terre, le Christ n'a prié, travaillé,
souffert que pour les ames. Elle priera, travaillera, souf-
frira avee Lui pour Tes ames. Sans aucun retour en ar-
Jamais. Elle ne s'appartient plus, Elle est & Lui.
rds levée >, «vie suchumaine » trace sa_plun
le Seigneur est Ta, avec sn grice, qui Pappelle i
cette vocation de co-rédemptrice. Et, « quand on a Dieu,
fon a tout».
Plus tard, une de ses enfants Ventondra dire :
— On entre pour Dieu. Qu’on Lo laisso faire !
Ge sera son mot dordre, son leitmotiv.
Coeur done intransigeante droiture, ime supérieure
voyant plus Join que Ii moyenne, esprit large, jugement
sir et pondéré, aux ntipodes des « dévotionnettes » —
telle nous Ia dépeint un de nos Péres qui I’'a particaliére-
ment connue, Ses Supérieures comprennent bien vite
‘quelles restources sont en elle.
Formation claustrale en conséquence, dés qu'elle est
sous la direction de la Mére Marie-Majella de bénie mé-
moire, autre ime élite. Aucune des bévues, des petites
faiblesses. propres aux novices ne lui sont passées. On
Yexorce do mille maniéres pour chasser timidité et mux
tisme. Il faut commencer par obéir humblement pour
commander un jour. Extrémement distinguée, d’éducation
parfaite, elle est maintes fois mort eause de son
port majestueux contraire au maintien religieux.
A cette école, le Seigneur forme sa petite vietime qu’ll
désire totalement abandonnée entre ces mains, virile, éta-
Blie dans sa paix. Ia de grands desseins sur elle.
A peine atelle émis ses vorux, qu'une pleurésie la
survenu quelques jours
plus tt, avant sa profession, Veitton gardée ? Mais Diew
Ja yeut. Il la yeut généreuse quoique de faible santé,
car ainsi restoravelle aprés sa longue convalescence.
En 1914, elle occupe déji le poste de Mere Vieaire ot
de Maitresse des novices. Et cest la fuite sous les boulets
300ss
et cest Poxil en Angleterre. A Wavre-Notre:
Dame, of 1a Communauté se réfugie momentanément,
elle « Ie bonheur de rencontrer, sous Tuniforme, celui
de ses fréres qui tombera a I'Yser.
Pais cest la Iourde responsabi Ini faut
mer en remplagant sa Supéricure souvent alitée. C'est,
‘en exil surtout, en Belgique ensnite, le souci de préserver
Ja vie réguliére et contemplative, celui de ne pas em-
piéter sur Tautorité. D'oit une sévérité que dancunes
trouvent excessive.
— Vai paru rigide, avoueratelle, mais songez i ma
position délicate : il me fallait veiller ne pas m'attirer
affection des Sours au détriment de Vautorité en charge.
Gette déférence envers Vautorité, comme elle la porte
haut! Qu’elle soit & Ia téte de la Communauté oi son
devoir est de Ja faire respecter en sa personne, qu'elle
soit subordonnée, ce sera toujours le méme calte, Te
de foi. Aussi, lorsque ses anciennes filles
wprocheront de son lit de malade, son influence sera
tout empreint de tact ot de scrupuleuse réserve.
le que tu sois Supérieure ¥
Sexclama son cher Jésnite rentré de = mission lointaine
et se souvenant sans doute de quelque Iaeune chez sa
Louise d'autrefois.
— Crest Te bon Di
a tout fai
Grende Mere, remarquait de son cété une Seeur,
vous n’étes plus Ta mémo-depuis votre élection.
— Gela ne doit pas vous étonner. Lorsque, agenouillée
devant la grille du chur, j'entendis Te représentant de
Dien m¥adresser ces paroles: «Nous vous confirmo:
Par notre autorité, afin que vous soyex Mire et Sup:
rieure de cotte famille de JésusChrist, au nom die Pre
et du Fils et du Saint Esprit», j'ai senti quelque cho:
de Ia paternité divine descondre en moi et m'envahir.
Ui faut avoir yéeu cela pour le comprendre.
Au nom du Pore, du Fils, du Saint-Esprit, Trinité
auguste 4 laquelle elle a une dévotion spéefale. Agoni-
sante, quelques instants avant de mowrir, elle ouvrira
les youx en entendant son inlirmiére terminer le Magni-
fieat par le Gloria Patri
‘A la téte de la Communauté, sa vertn s'exeren ot +
qui m’a changée, Le bon Diew
ise elle-méme, un oubli
complet de soi, un heureux esprit organisation et sa
belle humeur de Liggeoise, toujours égale, qu'elle af-
fronte diffiealtés et eroix de tous genres qui vont la
talonner sans cesse,
Maitrise ellemémo an point que certaines Ia eroiront
insensible, ce dont elle soufirira en silence.
Oubli complet de soi. Les éprouvées a ponvaient trou-
ver de jour et de nuit, au grand dam des infirmiéres
quand, quelques jours aprés sa réélection en 1981, 8
santé Tut si sérieusement atteinte qu’on Tadministra et
quielle fut condamnée i de continuels ménagements.
Oubli de soi encore dans sa conception du devoi
Celuici, une fois connu, rien ne Tarréte : ineompréhen-
sions, reproches, jugements erronés. Les sujets sont
néralement enclins i juger C'aprés Io seal bout qu'il:
voient, alors que Fautorité tient tous les fils, Une nature
comme Ia sienne, voguant en pleines eaux, tent double-
ment Tétroit horizon du rivage.
— D'an mot je pourrais éelaiveir telle situation, eon-
fiatelle un jour, ot co mot, je ne puis pas le dire!
Diseréte, prudente, aimant Ja paix jusqu’’s mécontenter
Jes deux parties par sa conciliation, elle ne cherche pas
BO
Sattirer affection. Ce détachementla est un hel hom-
mage a Tui rendre, paree qu'il exige dn conrage. Au dela
des caduques affections humaines, il y a le devoir, et
Te devoir c'est Dieu.
— Dieu seul est digne Pattirer nos regards... Qu’aucun,
désir ne sélove dans notre cur si ce n'est celui de Le
posséder, recommandait-lle, pratiquant elle.méme Ta pre-
midre ce qu’ello enseignait. ‘
Son grand esprit de pauvreté, extérieure pour ce qui
est a son usage, intérieure par un total détachement, Ta
fait monter, elle, dans la possession de Dieu. Et Dieu
no vient jamais sans Iumiére. Et Dieu est amour. « Avoir
416 tant aimée 1
Pour Ie hon ordre de la maison, pour observance,
elle gendarme. La cloche amnoncant la fin de la réeréx
tion est pour elle Tn voix du Bien-Aimé Tinvitant au
silence, au «soul & seule ». Au chorur, alors méme qu'une
défense médicale tras stricto Tempéche d'y donner de
la voix, elle suit attentivement le saint Office. Elle y a
attitude une ame unie au Maitre, lone
le Seigneur.
Son imposante et belle prestanee Jui fait un air raide
qui glace Tune ou autre, Une jeune Soeur, & qui elle
‘ochait doucement dene pas Sire ouverte plus tot,
ona en toute franchise la difficulté qu'elle ressen.
Taborder. Tmmédiatement Ia Mare se reeonnut :
— Je sais que je suis ain ‘est vrai.
La jeune Sour Geoutée, comprise, emporta de son en-
trotien de quoi l'aider, sa vie entiére.
Toutes celles qui pergaient Ia raideur de Venveloppo
Aécouvraient avee bonheur et profit sa véritable person-
nalité toute de bonté, dhumilité, de dévouement, de
droiture.
Rien de miévre dans ses encouragements, dans ses
exhortations. La Rédemptoristine est une ame aposto-
lique qui doit souffrir, peiner en yue de la Rédemption,
“Sans doute, In vie est dure et parfois bien difficile,
Ja lutte est pre tant du cété spirituel que oiatériel, con:
eédaitelle, mais ne nous laissons pas abattre, Estee digne
ames qui doivent vivre de fos er Wespérnnee 2...
Crest par des visées apostoligaes et Ia pensée du Ciel
qu'elle reléve et galvanise Tes eviurages.
Depuis quelques années lle vest installée i Vinfir-
merie, tout en présidamt eneore divers actes communs,
Dieu sait au prix de quelles souffranees morales et phy-
siques. Ainsi Pachéve son dernier 1
En 1940, Je régime des alertes passées en cave ui yaut,
tune congestion pulmonaire qui aggrave son état et Palite
définitivement.
‘Désormais, ee sera Yexistence en marge de sa chére
Communauté.
Enoore en charge, elle avait écrit & une de ses filles en
clinique : + Laissez-vous bien faire par Jésus, sentir son
indantiscement est tine grice >.
Progressivement, elle sentira le sien,
— La eroix, la sonffrance sont de grandes graces, avait-
elle dit aussi dans un chapitre. NotreSeigneur les a choi-
ies et quand Il aime une ame et qu'll veut Ini donner
Mor. Domets_visant
Sreur Morte - Stonislasune place bien élevée dans son ciel, I Ini donne Poe:
casion de beaucoup sontffrir.
Un jour souffrant plus, un jour souffrant moins, elle
vivra les douze années qui Iui restent, eouehée, dans une
méme température, ne se sustentant quavee du lait —
ce lait qu'elle na jamais pu boire ! — et quelques bis
cottes. Pendant douze ans. La moindre infraction est
payée de telles erampes qu'il faut y renoneer. Plus un
fruit, une doucour, plus une once de viande, plus un
Iégume. Plus rien que lait, lait, lait — biscottes. Pendant
douse ans. Te sourire,
Je n'ai qu'une chose i faire :
«Lui».
Voila unique nécessaire.
Aux jours loiniains Angleterre oti, aux dates d'ado-
ration Vexiguité du local vous tenait, entassées, des hei
res durant, a la chapelle, elle avait eu cette phrase sign
ficative pour une Sear qui geignait un peu sur Ia Ion
gucur de cos tétea-téte :
‘Vous ne connaissez pas encore votre Epoux, je
ime laisser envahir par
Selon Pusage de notre Ordre, chaque porte de cellule
a une sentence. La sienne est expressive avec ce texte de
: Le but de notre vie tout entidre doit
Gtre de nous unir & Dieu.
Stunir 4 Dieu? En épousant sa volonté sainte.
Entre les quatre murs de son infirm Ini est
toujours loisible d'aimer Dieu, de se sanctifier, de mé-
riter pour les ames, de penser aux autres en évitant ce
qui leur peut déplaire, en leur rendant tous les modestes
services encore en son pouvoir, en essayant do se suf.
fire le plus possible pour leur épargner la fatigue, —
en un mot de s‘oublier. Quelle féto ! Au deli dee contin.
genees humaines, est Ia plus belle histoire du monde
qui continue a Séerire.
= Quill mYenvahisse !
La charité divine se dévoilant 4 une ame, cest foreé
‘ment tout le prochain qu'elle embrasse.
Une des voisines de cellule, compugne de maladie,
sonne-telle ?
— Allezy vite, ditelle a son infin
drex apres.
Mais elle peut bien patienter un moment que j
fini chez vous ?
— Non, non, allez-y. Je puis bien attendre, moi
Les Sceurs converses sont surchargées — manque de
bras, santés qui flanchent —; il arrive que son pauvre
Init Tui soit servi avee quelque retard, Excuses. Regrets
Tl ne faut pas vous exeuser. Quiestce que ¢a peut
faire que je boive plus t6t ou plus tard?
Malade pas du tout exigeante,
vor Wabord les autres
pour moi, ca me presse
Humblement, elle demande pardon i son infirmiére
du moment quelle se eroit fautive, pour la moindre
me, pour des manquements qui nen sont pa
Le derni a Voceasion une fate intimo i la-
quelle chaque Seour participait par la composition de
quelques bouts rimés ayant trait & Ia charité elle sy
de Toin, Sur un billet, elle inscrivit =
‘Soublier en tout et toujours,
Voila la preuve de Pamour f
Lignes écho de sa vie !
Lors du terrible bombardement nocturne de mai 1944,
303
quelques Safurs se réfugient chez elle, se sentant plus en
sécurité 4 ses cétés que dans Pabri voaté oi elle est
intransportable. Les avions piquent et se déchargent de
eurs engins de mort. Le couvent branle, les ecours battent.
— Je pense i ces malheureux qui sont atteints, mar.
mure-telle. Pauyres. gens !
Ex ses Iévres remuent. Elle prie pour eux. Rivée & son
Jit, dans Timpossibilité de pourvoir as il
cllomémo, elle wa pas un retour sur sa
sonnelle. Aux Seurs qui tremblaient, elle
— Nous sommes entre lee maine de Dien,
Tout ce qui touche de prés ou de Ioin In Communauté,
Vimtérosse ; elle se tient au courant, non par curiosité,
mais par esprit de famille, Jusqu’a sa mort elle fera
partic du Conseil ; rien d'important ne se déeidera, sans
que les Supérieures la consultent.
De méme, une Sour atolle besoin de la parole qui
apaise 7 Une autre éprouvesvelle Ia nécessité d’épancher
son cwur? Une troisiéme sollicitetelle son
— Entrez
La parole qui apaise, Voreille compatissante qui
Je mot juste qui éclaire, on le regoit avec, en #
on sourire dans eette atmosphére de ealme qui baigne
sa cellule. Bon sourire, atmosphere sereine, humeur égale
qui ne feront jamais soupconner Ia Tassitude physique.
Paroles apaisantes et lumineuses pour les autres, alors
quelle connait des périodes de douloureux ot angoissants
serupules
Ne pas demander un serviee qui ne soit absolument
utile Ja hante jusqu’am bout,
Peu de somaines avant sa mort, stant Ievée, elle tom-
be. Crest Theure oii le souper est servi aux malades, L'in-
firmiére passe et repasse devant sa porte ; olle n’aurait
aw’a appeler pour quimmédiatement on vienne la rele-
vor. Mais le service des autres en serait retardé. Elle
attend qu'arrive son tour habituel. Alors, quand Vinfir-
mire entre, afin de no pas Palarmer, elle Tui dit de sa
voix la plus naturelle :
— Je suis par terre.
‘Vu son poids, il fallut trois Sours pour Ia relever.
Le matin de sa mort, Iucide, elle se rend compte que
Yagonie commence. Ici encore, elle maurait quan petit
gosto faire — qui lui est eneore possible — pour son-
ner. A quoi bon? Son infirmiére ne peut plus rien pour
elle. Vers quatre heures, Vinfirmidre ponsse Ia porte. La
chére agonisante tourne faiblement Ia téte et lui sourit
un sourire signifiant =
— Que je suis heureuse que vous voila !
Elle ne Tet pas dérangée pour un empire.
Elle qui a passé Ia majeure partie do sa vie religieuse
4 commander, est un modéle de soumission, Un mot
ministre de Diew et Jes eraintes de sa conscience déli-
cate sont refoulées. Une recommandation de sa Supé
rieure et tout est dit, Une prescription du médecin, elle
sera suivie i la lettre. Une défense de sa si dévouse
infirmiére et c'est un ordre,
C'était dans Jes derniers temps, aprés sa erise cardia.
que. A cause du coeur et des plaies qui se forment, on
Ya couchée sur Ie dos. La nuit, & bout, elle sonne, La
Seur de garde aecourt,
- Ne pourriezvous me tourner sur le e3té? Je nen
puis plus.
— Seeur X... a recommandé de vous Inisser sur Te dos,
mais, pour yous soulager, je vais aller Ia trouver,
Alors, elle, aussitét :
— Non, non, ne la réveillez pas ; elle est si fatiguée.
Ma bonne Mére Marie m’aidera.
304
SSChaque fois que la souffrance Ia tenaille, elle appelle
ainsi la Vierge 3 son secours.
Jamais elle n’abusa de a faculté de parler que donne
Ia Ragle a qu je. Lhheure du grand
silence Ia trou 1 temps of, debout
elle devait précher dexemple et veiller i le maintenir.
irmire Satiardat dans
sa cellule, Elle s'inquiétait :
yn sonné Ja priére du soir?
éponse elle arrétait net In conver-
sation:
— Ce n'est pas indispensable. Vous me direz cela de-
Fidéle encore, malgré son état, aux récollections et
retraites de Régie. Ces jours condamnée
ss, elle la véeut_en com
pagnie de Notre-Dame, «sa bonne Mére Marie ». C’est
en ces jours bénis quelle déconvrit la Légion et sou-
hhaita de s'y enrdler en tant que membre auxiliaire. La
Madone Ia fit sa Iégionnaire an Ciel.
fais deux mois, jour par jour, avant sa mort, elle eut
Ia_grice démottre les veenx tolennels, selon le désir de
VEglise.
Diimmolation en immolation, le Seigneur préparait son
Spouse aux noces éternelles.
— Mon état estil assez grave pour étre administrée
demanda-telle a Vinfirmiére. Que fories-vous ma place
— Crest tonjours une grace.
Je temps que ma vie ne tient qu’ un fil!
Je vie chaque jour dans Ia pensée de la mort.
Pour la quatritme fois, elle reeut Ie Sacrement des
mourants, Préeédemment, dans Tuno de oe
es, elle avai
— Vous verrez, je ne mourrai pas cette fois encore,
je Te sens.
Maintenant, Ie terme approchai
Le jeudi 31 juillet, en la féte de Saint Ignace, un de
ses saints de prédilection, elle acheva sa belle histoire
amour. C'éait A peu pré Theure of, chaque matin,
JésusEucharistie venait a elle, Exact au rendez-vous,
HI Temporta pour Ia communion éernelle.
Dépouillée, sur Ia croix nue, elle avait murmuré :
Cola m’est égal de vivre ou de mourir. Je wai plus
qu'un désir : 1a volonté de Dieu.
‘See dernitres paroles
supréme abandon :
Je nai plus aucun
Aésir,
Les condoléances autographes do Son Eminence le Car-
dinal van Roey — qui la visita a différentes reprises an
cours de ses années d'infirmerie — portent qu'elle ea
tant mérité et comme Supérieure et comme malade >.
“cAyant_véeu et souffert avee une conformité. si en-
i amourense au on plaisir de Dieu, lle sure
ioc Valse peated
les péchés des
Sa cellule
Son départ laisse un vide.
Son Ia plus belle, Péternell
Ja dileetion divine — réclame une repri
mode pent-étee, mais une reprise quand méme. Au cour
qui ceste de battre a Ia terre, il fant indispensable
relive.
Parco qu'il y a toujours des ame
de Ia plaine & soutenir.
Paree que Tamour de Dieu cherche toujours, pour
Je monde, des missionnaires de la priére et du
obscur.
Parce qu’enfin, dans la suite des sitcles, il faudra sane
esse Pautres Thérése de [Enfant Jésus pour serie
«Dans Ie ewur de PEglise, ma Mére, je serai amour
Cette histoire, ce chant d'amour ne. peuvent finir.
MONIALIS OSS.
& sauyer ot Varmée
L'EGLISE CATHOLIQUE
Crest sous ce titre que la «Bonne Presse» de Pa
vient de faire paraitre (104 p. 250 fr. fr.) un trés eurieux
petit livre du famous G. K. Chesterto
Robert Aouad. Aprés une savoureuse Pr
Belloc, nous trouvons ici six chapitres vivants, trés ima-
és pleins humour, nous parlant de VEglise Catho-
fique, des erreurs quant a elle, des obstacles réels sur
la route menant a elle, du sentiment de plénitude de
qui y entre et sy trouve tellement & Paise..
Bien diverses sont les voies qui y ménent, car:
. Les
remarques de Chesterton valent pour tous les cas de
is Sappliquent avec une pertinence spé-
le aux protestants anglais. «Les Protestants sont des
Catholiques qui se sont égarés; c'est ce qu'on exprime
vraiment en disant qu’ile sont chrétiens. Parfois, ils se
sont égarés tr2s loin ; mais ils ont rarement suivi tout
Aroit Je chemin de leur égarement particulier. Ainsi un
calviniste est un catholique obsédé par ‘de In sow
veraineté de Dieu. Mais quand il veut dire par Ti que
Diew désire Ia damnation de certaines personnes, on
peut dire sans exagérer qu'il est devenu un catholique
plut6t_morbide... Un Quaker est un eatholique obsédé
ET LA CONVERSION
par Tidée catholique de donee simplicité et de vé
Mais quand il veut dire par li que c'est un_mensonge
de dire «yous», et un acte d'idolitrie d'éter son char
peau devant une dame, i n'est pas exagéré de dire,
chapeau, son cervean eat. branlant, En
trouvé nécessaire de se dispenser de
pareilles excentricités (et du chapeau) et d'abandonner
Ia voie qui Paurait conduit tout droit a um asile Palié-
Seulement chaque pas sur Ie chemin du retour au
hon ens est un pas sur le chemin du retour au Catho-
Tieisme. Dans la mesure of il était dans le vrai, il était
Catholique ; et dans la mesure of il eétait égaré, il n'a
pas &é capable de demeurer protestant
Fr plus loin: «On a confusément confondu Tes remar-
ques spontanées des convertis sur la paix de V'ime, avec
Fidée de trouver un repos mental, au tens inaction
mentale. On pourrait prétendre tout aussi bien qu'un
homme qui vest complétement rétabli d'une attaque de
par de la danse de Saint-Cuy manifoste sa bonne
santé par une immobilité de pierre... Guérir de la para-
Iysie mest pas cesser de se mouvoir, mais apprendre i
se mouvoit. Pour la premiére fois, le eonverti catholique
un point de départ pour penser juste et sérieusement.a»
awavec on sa
a lui
306