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LES MATHS EN TETE Mathématiques pour M’ ALGEBRE Xavier GOURDON Ancien éléve de l'école polytechnique Avant-propos Cet ouvrage propose aux étudiants des classes de mathématiques spéciales (programme M’) des rappels et des compléments de cours assez complets, ainsi ‘que des exerciges et des problémes corrigés. Il pourra également intéresser les éléves préparant Pagrégation. L’ouvrage est orienté sur la relation étroite qui existe entre le cours et les exercices. Dans le fond, une bonne lecture du cours améne & s’interroger sur chaque résultat présenté : & quel niveau intervient-il dans articulation du cours, quelles en sont les conséquences, que se passe-t-il si on modifie les hypothéses? Dans cet esprit, de multiples remarques ponctuent les parties de cours, mettant en avant ses subtilités, et faisant le lien avec les exercices qui suivent. Les parties de cours ne sont pas un substitut au cours du professeur, mais-plutot un résumé exhaustif qui l’éclaire d’une facon différente. Les compléments sont ded résultats trés classiques qui ne figurent pas au programme mais dont la connaissance est utile et parfois indispensable pour mener & bien un exercice ou un probléme. Les résultats présentés sont démontrés lorsqu’ils sont a la limite du programme ou lorsqu’ils constituent un point important dont la démonstration met en place des techniques instructives que l’étudiant doit connaitre et savoir maitriser A la fin de chaque section, on trouve une liste d’exercices de difficultés progressives, classiques ou parfois originaux, qui constituent une illustration du cours qui les précéde. Je me suis efforcé 4 chaque fois de passer en revue tous les problémes qui tournent autour du theme de l’exercice. Les nombreuses références au cours sont la pour inviter le lecteur a.s’y reporter, le but étant de savoir et de comprendre précisément les résultats que l’on utilise. Une liste de problémes ponctue la fin de chaque chapitre, ces problémes étant des exercices plus longs, plus difficiles ou plus originaux que les précédents et faisant appel & Pensemble du cours du chapitre. A la fin de certains chapitres, on trouve des sujets d’étude introduisant des théories élégantes dans le theme du chapitre. Deux annexes présentent des curiosités mathématiques liées au programme ¢l’algébre. Les résultats du cours ow les exercices les plus importants sont indiqués par une fiche dans la marge de gauche. Je tiens enfin & remercier toutes les personnes qui m’ont aidé, Erwan Berni, Georges Papadopoulo et Alexia Stefanou pour la relecture de certains chapitres, le PROJET ALGO- RITHMES grace qui j’ai pu donner 4 mon ouvrage sa version typographique actuelle et la collection ELLIPSES pour avoir accueilli mon travail. Je serais reconnaissant A ceux de mes lecteurs qui me feront parvenir leurs remarques sur cette premitre édition. Xavier Gourdon (INRIA-Rocquencourt, 78153 Le Chesnay) Table des matiéres Avant-propos 3 Chapitre I. Arithmétique, Groupes et Anneaux 7 1. Arithmétique sur les entiers 7 2. Groupes 7 3. Anneaux 28 4. Problémes 34 5. Sujets d’étude 43 Chapitre II. Corps, Polynémes et Fractions Rationnelles 53 1. Corps, polynémes et arithmétique dans K[X] 53 2. Fonction polynéme, racines d’un polynéme 59 3. Fractions rationnelles 70 4. Polynémes & plusieurs indéterminées 7 5. Problémes 82 6. Sujets d’étude 97 7, Le nombre x 103 Chapitre III. Algebre linéaire : généralités 107 1. Espaces vectoriels 107 2. Applications linéaires 12 3. Matrices 7 4, Dualité 126 5. Formes multilinéaires, déterminants 134 6. Problémes 150 Chapitre IV. Réductions d’endomorphismes 159 1. Diagonalisation, trigonalisation 159 2. Polynémes d’endomorphismes 172 3. Topologie sur les endomorphismes 181 4, Sous espaces caractéristiques - Réduction de Jordan 189 4. Sous espaces caractéristiques - Réduction de Jordan 189 5. Problémes 203 Chapitre V. Espaces euclidiens 223 1. Formes quadratiques - Formes hermitiennes 223 2. Espaces préhilbertiens 236 3. Compléments de cours (réduction des endomorphismes unitaires, normaux, inégalité d’Hadamard et matrices de Gram) 252 4. Problémes 263 ‘Annexe A. Résolution des équations du troisiéme et du quatritme degré 275 Annexe B. Invariants de similitude d’un endomorphisme et réduction de Frobenius 279 Index des notations 283 Index terminologique 285 CHAPITRE I Arithmétique, Groupes et Anneaux usqu’av début du vingtiéme siécle, l’algebre désigne essentiellement l'étude de la résolution d’équations algébriques (en témoigne la dénomination du théoréme fondamental de Palgebre). Avec la résolution des équations algébriques apparait, de maniére plus ou moins confuse, la notion de nombre complexe : on utilise le symbole /—I. Parallélement, la théorie des congruences se développe. Ainsi, de nouveaux objets mathématiques entrent en scéne. Bientét, les mathé- maticiens y voient des analogies étroites qu’ils cherchent expliquer : Valgébre va progressivement devenir l'étude abstraite des structures algébriques, jusqw’a ce que connait Pétudiant d’anjourd’hui 1. Arithmétique sur les entiers Nous supposons acquises les notions de base sur ensemble des entiers naturels N et des entiers relatifs Z, ainsi que les calculs dans V'anneau quotient Z/nZ. Une étude plus approfondie de ce dernier fait Yobjet de la section 3 de ce chapitre. LL. Divisibilité - pged, ppem DEFINITION 1. Soient a et b deux entiers relatifs. On dit que a divise b (ou que 6 est un multiple de a), et on note a | b, s'il existe un entier n tel que b = an. Si a ne divise pas b, on note a{b. PROPOSITION 1 (DIVISION EUCLIDIENNE). Soient a € Z,b€N*. Il eriste un unique cou- ple (q,r) € ZXN tel que a=by+r, avec 0Sr 2 est un nombre premier si ses seuls diviseurs sont p,—p,1 et ~1. TuéoREME 3 (THEOREME FONDAMENTAL DE L’ARITHMETIQUE). Tout entier naturel n > 2 s’éerit de maniére unique & Vordre prés sous la forme ne py Pe, (+) ot les p; sont des nombres premiers distinets et les a; des entiers naturels non nuls. La relation (*) s’appelle la décomposition de n en facteurs premiers. Remarque 4. = Tout entier n, |n| > 2, est divisible par un nombre premier. — Sin = pf'-+-py* et m pr, ot les p; sont premiers distincts et les a;, 6; entiers naturels, alors pged(n,m) = p]'--- pf et ppcm(n,m) = pit -+-pyt od y= inf(ay, B;) et 6; = sup(a, Bi). PROPOSITION 6. Si un nombre premier p ne divise pas un entier a, alors p et a sont premiers entre euz. PROPOSITION 7. Si un nombre premier divise un produit d’entiers ay-+-dn, il divise au moins Pun des facteurs a; de ce produit. PROPOSITION 8. L’ensemble des nombres premicrs est infini. Démonstration. Raisonnons par Pabsurde et supposons qu’il y ait un nombre fini de nombres premiers. Soit NV le plus grand d’entre eux. Posons M = N!+1 et désignons par p un nombre premier divisant M. Comme p < N, on a p.|(N!), done p | (M — N!) = 1, ce qui est absurde. O PROPOSITION 9. Soit p un nombre premier et k uh entier, 1 < k < p—1. Alors p| Cp. PROPOSITION 10. Soit n > 2 un entier. L’anneau Z/nZ est un corps si et seulement sin est premier. Tukoréme 4 (FERMAT). Soit p > 2 un nombre premier. Alors Va eZ, a’ =a (mod p) et VaeZ,pta, a?" =1 (mod p). TuforétMe 5 (Witson). Un entier p > 2 est un nombre premier si et seulement si (p-D!= Démonstration. Condition nécessaire, Si p = 2 on p = 3, c'est évident. Pour traiter le cas p > 3, on commence par rechercher les éléments x du groupe multiplicatif (Z/pZ)* égaux a leur inverse. Ils vérifient x? = T, c’est-a-dire (x ~ 1)(r +1) = 0. Les seuls éléments de (Z/pZ)* égaux & leurs inverses sont done z = T ‘I. On range les autres 9,3,...,p—2 en ®5* paires d’éléments {2i, yi} telles que ay; = T. Si k = 25%, on pent écrire z (mod p). E 2.3.--p=B=[](eim)=T done (p—1)!=~-1 (mod p). Condition suffisante. Supposons p non premier, et notons a un diviseur de p vérifiant 1 2 deux entiers naturels non nuls premiers entre eux. Montrer que AN(uo, %) EN?, uga — vb avec to 2, on tire 0 < vy 2 et n > 2 denx entiers. Si a” — 1 est un nombre premier, montrer que a= 2et que n est premi b) Nombres de Fermat, de 2. it n € N*. Si 2"+1 est premier, montrer que n est une puissance (©-1)1+24---+2"71) montre que Solution. a) La relation 2” WrEN,r>2, — (z—1) divise (x” — 1). (*) 2 2” —1 = (28)? — 1 de sorte pnisque a” — 1 est premier Lentier a” — 1 étant premier, on en déduit a —1= 1, c’est-a-dire a Ecrivons n = pq oit p et q sont deux entiers naturels. On a a” — que (2 — 1) divise a” — 1 d’aprés (*), ce qui entraine g = 1 ou g Lentier n est done premier. b) Lorsque n est: impair, la relation 2” +1= (1+2)(1—2+27—---+2"~) entraine Vr €N,Vn€N,nimpair, — (x + 1) divise (x" +1). (+*) Si n n’est pas une puissance de 2, n a au moins un facteur impair p > 1. Ecrivons n = pg avec @€N*. L’entier 2" +1 = (29)? +1 est divisible par (2 + 1) d’aprés (**), donc non premier. Ainsi, n doit étre une puissance de 2. Remarque. Nombres de Mersenne (nombres de la forme 2° — 1 avec p premier). La ré- ciproque de a) est fausse (ce serait trop facile). Par exemple, 21! — 1 = 23 x 49 n’est pas premier. Cependant, on peut tester facilement la primalité des nombres de Mersenne grace au test suivant (test de Lucas). Soit (Yq) la suite définie par Yy = 2 et Yng1 = 2¥2 -1. Sin > 3, 2"-1 est premier si et seulement si (2 — 1) | Yn—2- C'est en utilisant ce test que l'on a tronvé le plus grand nombre premier connu en 1992 : 2786839 _ 1 (nombre & 227832 chiffres «lécimanx). On ignore s'il y a une infinité de nombres de Mersenne premiers ou pas. Notons que les nombres de Mersenne apparaissent dans les nombres parfaits (voir l’exercice 10). 12 I. Arithmétique, Groupes et Anneaux ~ Nombres de Fermat. Fermat avait vérifié que 2?” + 1 était premier pour 0 0 ( cunt) a, oi les a, et c,,. sont entiers, avec 1 < ay < az <--> < Gm. Comme limpoo f(n) = +00, on peut supposer f(N) > am > --- > a; > 1 (quitte & augmenter N). Notons p le nombre premier p=f(N). Ona WEEN,WSEN, [N+ 4(p— 1) = N* (mod p), et. d’aprés le théoréme de Fermat Wrl 0, x(2) désigne le nombre de nombres premiers inférieurs d x, on n(x) ~ 2/log(2) lorsque « tend vers Vinfini. Il fut démontré pour la premitre fois et presque simultanément par J. Hadamard et C. De la Vallée Poussin en 1896. La plupart des démonstrations font appel & la fonction ¢ de Riemann (voir le tome Analyse sur les séries de fonctions) et exigent des techniques qui sont d'un niveau supérieur au programme des classes préparatoires. ~ Citons enfin le théoréme de Tchébycheff (voir le sujet d’étude 1) qui exprime que Vn € N,n > 4, entre n et 2(n— 1) se trouve au moins un nombre premier. EXERCICE 10 (NOMBRES PARFAITS). a) Pour tout entier naturel non nul n, on note o(n) la somme des diviseurs de n. Exprimer a(n) en fonction des termes intervenant dans la décomposition de n en facteurs premiers. Montrer que nAm=1 => a(nm)=o(n)o(m). (+) 2 tel que n 2-1 avec m impait. Le fait que 2°-! A m = 1 nous autorise & utiliser (*), de sorte que #(n) = 0(2°-)o(m) = (2? — 1)a(m). Or o(n) = 2n = 2m done (2? —1) | 2?m, et comme (2° — 1)A2” = 1, d'aprés le théoréme de Gauss on a (2?—1) | m. Autrement dit, il existe ¢€ N* tel que m = (2?—1)é. La relation 2?m = 2n = o(n) = (2” — 1)o(m) entraine o(m) = 2°€ = m +E. Si £> 1, maau moins trois diviseurs distincts qui sont 1, Let m, d’oit o(m) > m+£+1, ce qui est absurde. Done é = 1, m = 2? — Let o(m) = m4 = m+ 1; onen déduit que les seuls diviseurs de m sont 1 et m, done m est premier. En résumé, n = 2°-1(2? — 1) avec 2? — 1 premier. Remarque. On ne connait aucun nombre parfait impair, on ne sait méme pas s’il y en a. Cependant, on connait certains résultats sur les éventuels nombres parfaits impairs. On sait par exemple que s°il en existe un, il a au moins 300 chiffres décimaux, il a au moins 8 facteurs premiers distincts et son plus grand facteur premier est supérieur & 100110. EXERCICE 11. Soit p > 5 un entier. Montrer que l’équation en m € N* (p-1)!+1=p™ n'a pas de solution. (Théoréme de Liouville) Solution. Comme p > 5, (p—1)!+ 1 est impair donc p” est impair, c’est-a-dire p est impair. Or p> 5 done 2< 231 < p—1, doa o- v2 (24) 0-9 divisee (p— 1). Ceci étant, supposons (p— 1)! + 1 = p™. Comme (p — 1)! = p™ — 1, (p — 1)? divise p™— 1 = (p11 + pt + +p), done (p— 1) divise 1+ p+ +--+ p-4. Or p = 1 (mod p— 1) done l+p+---+p™-! = m (mod p— 1), ce qui prouve (p — 1) | m. Ceci montre m > p — 1 done p> p> > (p— 1)P-} > (p— Det finalement (p — 1)! +1 < p™ et Péquation proposée n’a pas de solution. EXERCICE 12 (CRITERE DE FACTORISABILITE DES NOMBRES DE MERSENNE). a) Soit p un nombre premier de la forme 4k + 3 avec k € N*. Montrer que 20-/? = (—1)*#? (mod p). b) On rappelle que les nombres de Mersenne sont les nombres de la forme M, = 2? — 1 ot pest un nombre premier (voir Pexercice 4). Si p est un nombre premier de la forme 4k +3 (k EN") et si 2p + 1 est premier, montrer que M, n'est pas premier. Solution. a) Posons N= 20-2 (5 *) b= 20-D/2(2k 41). 2 L’astuce est de donner une autre expression de N modulo p. On écrit que wege-nrg.g... 2a! 2-4---(p—1) (mod p), ou encore NS (2-4---(2k)) (2k +2) (4k) - (4k +2) (mod p). Les congruences M42 = -(2k-+1) (mod p) 244 = -(2k-1) (mod p) 4k +2 = (mod p) 16 I. Arithmétique, Groupes et Anneaux entrainent (2k + 2) - (2k + 4): -(4k) - (4b + 2) = (—1)*#4(2k + 1) - (2k —1)---3-1 (mod p) done N= (2-4---(2k)) -(—1)F#4((2k + 1)---3-1) (mod p), ott 20-/2(2k 41)! = N =(-1)**!(2k + 1)! (mod p), d’ot le résultat car comme p est: premier et 2k +1 2p+1 et Mp n’est pas premier. Remarque. En appliquant b) aux petits nombres premiers, on montre que M, n’est pas premier pour p= 11, 23, 83, 131, 179, 191, 239, 251. EXERCICE 13. Résoudre 2? + y? = 2%, avec (1,y, z) € (N*)®. (Indication : se ramener au cas oit x,y et z sont premiers entre eux, puis étudier leur parité.) Solution. Quitte a tout diviser par pged(z, y, z)°, on peut supposer z, y et z premiers entre eux dans leur ensemble, On vérifie alors facilement que 2, y et z sont. premiers entre eux deux deux. ~ Btudions la parité de 2, y et z. Tout nombre impair N = 2n +1 vérifie N? = 4n?+4n+1=1 (mod 4). Done si z et y sont impairs, x? + y? = 2 (mod 4), done z est pair et on aboutit & une absurdité car 2? = 0 (mod 4). L’un des entiers ou y est donc pair, par exemple z. Comme 2, y et 2 sont premiers entre eux deux & deux, y et = sont impairs, = (2) 4) 2 2 2 (= et y étant impairs, 4% et £4 sont entiers). Ceci montre que 254 et #42 sont des carrés @entiers. Si tel n’était pas le cas, la décomposition de ($)* en facteurs premiers entrainerait Pexistence d’un nombre premier p divisant (254) et ($4). L’entier p diviserait (#54 + *$4) = z et (24Y — 5) = y ce qui est impossible car yA z = 1. ~ On écrit ~ Finalement, il existe (n,m) € N?, tel que 45% = n? et 44% = m?. On en déduit s = 2mn, y =m? —n? et 2 = m? +n?, Réciproquement, ce triplet est solution. La solution du probleme général est done (2kmn, k(m* — n?)); k(m? +n?) KEN*, (m,n) EN?,m>n. (2,9) 01 (2) Remarque. Cet exercice est un cas particulier de l’équation 2" + y" = 2". Fermat énonga en 1637 que pour tout entier n > 3, cette équation n’a pas de solution (2, y, z) € (Z*)®, et affirmait qu’il en possédait une démonstration, On n’a malheureusement jamais retrouvé la soi-disante preuve, et cette équation a fait objet de tres nombreuses recherches aux cours des siécles suivants. On a longtemps séché, et le premier résultat vraiment significatif date de 1983 et dit que pour tout n, cette équation n’a qu’un nombre fini de solutions (ce résultat est une conséquence d’un théoréme de topologie algébrique du mathématicien allemand Faltings; cette découverte lui value d’ailleurs la médaille Fields). Une preuve complete du théoreme de Fermat semble avoir été trouvée trés récemment (juin 1993) par le mathématicien anglais Andrew WilesInutile de dire que la niveau de la preuve dépasse largement celui des classes préparatoires. 2. Groupes 7 = Pour ceux que la théorie des nombres intéresse, on ne peut que conseiller excellent ouvrage de Hardy et Wright : An Introduction to the Theory of Numbers. 2. Groupes 2.1. Généralités DéFINITION 1. On appelle groupe un ensemble G muni d’une loi interne + telle que (i) La loi + est associative (i. ¢. pour tous 7,y,z dans G, (2 * y)*2 = 2+(y*2z)). ) existe un élément neutre e (i.e. pour tout: €G,z+e=e4n = 2). (iii) Tout élément a un symétrique (i.¢. pour tout z € G, il existe y € G tel que rey =yer=e). Sila loi + est commutative, on parle de groupe commutatif (ou abélien). Remarque 1. ~ Le neutre ¢ de (G,) est unique. — Pour tout « € G, # a un unique symétrique, souvent noté z DérINITION 2. Soit (G,+#) un groupe; on dit que H C G est un sous groupe de G si la restriction de la loi + & H Ini confére une structure de groupe. Eremple 1. L’ensemble Z des entiers, muni de la loi d’addition, est un groupe. Pour tout n€N, nZ est un sous groupe de (Z,+). Réciproquement, on peut démontrer que tous les sous groupes de (Z,+) sont de la forme nZ avec n €N. Dorénavant, la loi + d’un groupe sera notée multiplicativement (la notation additive est réservée aux groupes abéliens). PROPOSITION 1. Soit G un groupe et H CG. L’ensemble H est un sous groupe de G si et seulement si H # @ et pour tout couple (x,y) € H ona zy" € H. PROPOSITION 2. Une intersection de sous groupes d’un groupe G est un sous groupe de G. Remarque 2. Le résultat est fanx dans le cas d’une réunion (voir lexercice 2). DéFINITION 3. Soit (G,-) un groupe. On appelle centre de G, noté Z(G), ensemble des déments de G commutant avec tons les éléments de G. L’ensemble Z(G) est wn sous groupe de G. DEFINITION 4. SiG est un groupe fini, Card(G) s’appelle Vordre de G. TuéorBME 1 (LAGRANGE). Soit G un groupe fini. L’ordre de tout sous groupe H de G divise Vordre de G. Démonstration. La relation z Ry ¢=> ry7} € H est une relation d’éqnivalence. Si on note # la classe de 2 €G, on ad = Hx = {22,2 € H). (Eneffet : yes <=> yRe > yr eH => ye Hz) Pour tout 2 € G, V'application H — Hz y ++ yx est une bijection comme on le vérifie facilement, done Card(H:r) = Card(H). Ainsi, les classes ont toutes Card(H) éléments. Les classes @équivalences formant, une partition de G, on a donc Card(G) = n Card(H) of n = Card(G/®) désigne le nombre de classes d’éqnivalence. a 18 I. Arithmétique, Groupes et Anneaux Remarque 3. ~ Les classes de la relation d’équivalence définie dans la preuve du théoréme sont appelées classes & droite suivant le sous groupe H (elles sont de la forme Hr). On aurait tout aussi bien pu considérer la relation d’équivalence définie par zRy <> z7!y € H, dont les classes sont de la forme 2H et sont appelées classes & gauche suivant H. = Lrentier Card(G/R) est appelé indice de H dans G, et noté [G : H]. On a Card(G) = [G : H] x Card(H). Sous groupes distingués. DériniTion 5. Soit G un groupe. Un sous groupe H de G est dit distingué (ou normal, ou invariant) dans G si pour tout z €G, 2H = Hz. Eremple 2. — Tout sous groupe d’un groupe abélien G est distingué dans G. — Le centre Z(G) d’un groupe G est distingué dans G. Plus généralement, tout sous groupe de Z(G) est un sous groupe distingué dans G. Remarque 4. Lorsque H est un sous groupe distingué de G, on note parfois H a G. IL faut prendre garde a cette notation qui n’est pas transitive. Autrement dit, si L dH et si HAG, ilest faut Wécrire L4G. Le résultat qui suit est parfois un moyen pratique de montrer qu’un sous groupe est distingué. PROPOSITION 3. Soit G un groupe. Un sous groupe H de G est distingué dans G si et seulement si pour tout x € G, zH2-'C H. Groupes quotient. Soit G un groupe. On recherche les relations d’équivalence R sur G telles que G/R soit un groupe. Un moyen naturel de faire de G/R un groupe est de le munir de la loi F-7 = (ey) (la notation 7 désigne la classe de l’élément 2). Encore faut-il que (zy) ne dépende pas des représentants « et y des classes 7 et J, c’est-a-dire que si tRa! et yRy/, on veut (cy) R(x'y’). Si tel est le cas, on dit que R est compatible avec la structure de groupe. On montre que les relations d’équivalence compatibles avec la structure de groupe sont les relations zRy <=> xy"! € H, oh H est un sous groupe distingué de G (dans ce cas, les classes & gauche suivant H coincident avec les classes a droite suivant H). Muni de la loi quotient définie plus haut, Pensemble quotient G/R est alors un groupe appelé groupe quotient et noté G/H. Si G est fini, on a Card(G) = Card(G/H)- Card(H). Eremple 3. Sin est un entier naturel non nul, nZ est un sous groupe du groupe additif (Z, +). Ce dernier étant commutatif, on est méme assuré du fait que nZ est un sous groupe distingué de Z. Ainsi, on peut définir le groupe quotient Z/nZ (défini tel quel, Z/nZ ne posséde qu’une structure additive; la structure d’anneau de Z/nZ n’est introduite que lorsque ’on parle d’anneau quotient. — voir exemple 3 de la partie 3.2). Morphismes de groupes. Dans ce paragraphe, G et G' désigne deux groupes, dont les éléments neutres sont notés respectivement ¢ et ¢'. DériniTIoN 6. Soit ~ : G — G! une application. On dit que y est un morphisme de groupes si pour tous x,y € G, y(ry) = p(x)yly). — Si vest bijective, on dit que y est un isomorphisme de groupes; si de plus G’ = G, on dit que y est un automorphisme du groupe G. = L’ensemble y-*({e"}) est appelé noyau de y et noté Kerg. Le morphisme ¢ est injectif si et seulement si Kery = {c}. Proposition 4. Soit p: @ — G! un morphisme de groupes, H et H! deux sous groupes de G, G'. Alors 2. Groupes 19 = p(H) est un sous groupe de Gi, distingué si H est distingué dans G et sig est surjectif. - y"1(H") est un sous groupe de G, dis En particulier, {e"} étant distingué dans G’, Kerp = 7 '({e"}) est distingué dans G. De plus, le groupe quotient G/Ker¢ est isomorphe é o(G). ingué dans G si H’ est distingué dans G'. Remarque 5. Ce dernier résultat est important. En particulier, sig : G — G' est un morphisme surjectif, le groupe G’ est isomorphe & G/ Ker ¢. Cet isomorphisme est souvent utilisé lors de la résolution d’un exercice ou d’un probléme sur les groupes. Groupe des automorphismes intérieurs. DEFINITION 7. Soit G un groupe. Pour tout a € G, l’application y,:G—4>G 2+ araé? est un automorphisme de G. L’ensemble A = {a,4 € G}, muni de la loi de composition, est un groupe (on a d’ailleurs 2,0 = Pas), appelé groupe des automorphismes intérieurs de G. 2.2. Génération d’un groupe Dans toute cette partie, @ désigne un groupe, dont l’éément neutre est noté e. DéFINITION 8. Soit AC G. Iexiste un plus petit sous groupe H de G contenant A, qui est Yensemble des éléments de G qui s’écrivent comme le produit d’éléments de A et d’inverses @’Aéments de A. On Pappelle sous groupe engendré par A et on note H =< A >. Lorsque A= {21,... stn} est fini, on note aussi H =< 21... 5tn >. Ezemple 4. Pour tout a € G, < a >= {a",m € Z}. Si deux éléments a et b de G commutent, alors < a,b >= {a™b", (m,n) € Z*}. DéFINITION 9. — Un groupe G est dit monogéne s'il existe a € G tel que G =< a >. Si de plus G est fini, on dit que G est cyclique. — Un groupe G est dit de type fini s'il existe un nombre fini d’ééments a1,... , aq de G tels que G =< ,... 4, >. Un tel n-uplet (a1,...,d,) est appelé systéme de générateurs de G. Remarque 6. = Tout groupe monogene est abélien. ~ Pour tout entier naturel non nul n, (Z/nZ, +) est un groupe cyclique. De plus, tout groupe cyclique & n éléments est isomorphe & (Z/nZ, +). DEFINITION 10. Un élément a de G est dit d’ordre p € N* si < a > est fini d’ordre p. Lordre de a est aussi le plus petit entier naturel non nul p tel que a” = e, et on a = {e,a,...,a°-"}. TuéorbME 2. SiG est fini d’ordre n, alors Vordre de tout élément de G divise n. En particulier, tout élément a de G vérifie a” TuboREME 3. Soit a un élément de G Wordre p. On a Véquivalence (a! = ¢) <> (p|4)- TuborEME 4. Si Vordre de G est un nombre premier, le groupe G est cyclique, engendré par tout élément différent de Vélément neutre. Proposition 5. SiG est cyclique d’ordre n, G =< a >, alors (=G) <> (kAn=1). Démonstration. Comme G =< a >, lassertion < a* >= G est équivalente & l’existence d’un entier v tel que at = a. Ce t aussi at”? = e, ou encore n | (kv — 1), c’est-a-dire Ju, v € Z| kv —1= un, ce qui équivant daprés le théoréme de Bezout & k An = 1 a 20 I. Arithmétique, Groupes et Anneaux 2.3. Groupe symétrique DEFINITION 11. Pour tout entier naturel x non nul, on note S, le groupe des permutations de {1,...,n} (tmuni de la loi de composition). Le groupe S, est appelé groupe symétrique indice n. Sis € Sa, on note # = (44) 2) 2. sy) Remarque 7. On a Card(S,) = n!. DEFINITION 12. On appelle transposition sur i, j la permutation notée 7,,; permutant les éléments i et j : moa(ho itd i itd ee G-l Gti own We i fe ee Get Tuforbe 5. Tout élément de S, se décompose en produit de transpositions. DEFINITION 13. Sis € S, et a € {1,...,n}, on appelle orbite de a suivant s Pensemble O,(a) = {s*(a),k € Z}. DEFINITION 14. Soit 7 € S,. On dit que 7 est un cycle si parmi les O,(a), 1 2 et @€ {1,...,n} tels que O,(a) = {a,7(a),- “May et Ve ¢ O,(a), y(z) = 2. Liorbite O,(a) est appelé support du cycle, son cardinal la longueur du cycle, et on note 7 = (4,9(4))--- (a). Exemple 5. ~ Une transposition est un cycle de longueur 2. = Dans Ss, s = (1,3,5) = (3224) est un cycle de support {1,3, 5} et de longneur 3. — Lélément s = (3734) de S, nest pas un cycle (deux orbites, {1,2} et {3,4}). Remarque 8. ~ Des cycles & supports disjoints commutent. ~ ordre d’un cycle dans le groupe S,, est sa longueur. TuéoréiME 6. Toute permutation s 4 Id se décompose de maniére unique 4 Vordre prés en un produit de cycles de supports deux a deur disjoints. Exemple 6. ~ (1334) = (1,2): (3,4) = (3,4)-(1,2). ~ (2831547) = (1,2,6,4)- (3,5) = (3,5) - (1,2, 6,4). Signature d’une permutation. DEFINITION 15. Soit s € Sq. On appelle signature de s le produit s(9) - s() a= TL Sa" 1gicign On a e(s) € {-1, 1}. Si e(s) = 1 (resp. e(x) = —1), s est dite paire (resp. impaire).. PROPOSITION 6. Sis et t sont deux éléments de S, alors e(st) = e(s)e(t)- Remarque 9. ~ Une transposition est. de signature —1. — La proposition précédente exprime le fait que ¢ : S, + {—1,1} est un morphisme de groupe. L’ensemble A, = €~1({1}) = Kere est un sous groupe distingué de S,, indice 2: on a Card(A,,) = n!/2 et A, s*appelle le groupe alterné d'indice n. Proposition 7. La signature d’un cycle de longueur p est (-1)°-1. Démonstration. Soit = (a1,d2,--+ dp) wn cycle de longueur p. Le cycle s peut se décomposer sous la forme # = (ctx, dp) - (4, 4p-1) *+ (441,43) - (a1, 2), est le produit de p— 1 transpositions. Une transposition étant de signature —1, on en déduit le résultat. a 2. Groupes 21 2.4, Groupe opérant sur un ensemble Dans cette partie, G désigne un groupe dont l’élément neutre est noté e, X un ensemble quelconque. DEFINITION 16. On dit que G opére sur X s'il existe une application GxXoX (s2)4e-2 telle que (i) V(s,t) € G2, We EX, s-(t- (i) Ve EX, en =a. (st)-2 (Remarquer Panalogie avec un espace vectoriel sur un corps K.) Exemple 7. — Le groupe G opére sur Ini méme par application GxGoG@ (s2)r se. — Le groupe des permutations $' d’un ensemble X opére sur X par Papplication SxX 4X (s,2)+ (2). Equivalence d’intransitivité. Dans ce paragraphe, G est un groupe opérant sur un ensemble X. DériniTIon 17. La relation sur X définie par aTy => AseGysern est une relation d’équivalence, appelée relation d’intransitivité. La classe d’équivalence d'un élément x de X est G, = {s-7, s € G}, on Pappelle classe d’intransitivité (ou orbite, ou trajectoire) de x. DEFINITION 18. Le stabilisateur d’un élément x de X est le sous ensemble de G défini par S,={s€G, s- rt}. Proposition 8. Pour tout élément « de X, S_ est un sous groupe de G. Démonstration. L'ensemble Sz w’est pas vide car ¢ € Sz. Par ailleurs, pour tout s,t € G on a ter=zdoncr=t7}-(t-2) =¢7!-x, Ainsi, (st7!)-2 = 8-(t7} 2) = 5-2 =a, dot st"! €S,.0 TuoréME 7. SiG est fini, pour tout 2 € X on a Card(G) = Card(G,) - Card(S:). Demonstration. On fixe . Soit Re la relation d’équivalence sur G définie par:s Ret <=> 8-7 = tez.Ona s Ret => (t7's)-2 oz <> t's © Sp <=> 5 €1S,. Les classes d’équivalences sont done de la forme tS,, € G, ce qui montre qwelles sont toutes de cardinal Card(Sz). Il y a autant de classes d’équivalences que de valeurs prises par 5-2, 7 € G, cest-a-dire qu'il y a Card(Gz) classes d’équivalence. Done Card(G@) = Card(Gz) - Card($z). a COROLLAIRE 1 (EQUATION AUX CLASSES). Si X est fini, si G est fini, si @ désigne une partie de X contenant cractement un représentant de chacune des classes d’intransitivité, ona Card(X) = 0 Car(G,) = O Gay 268 268 22 I. Arithmétique, Groupes et Anneaux Application auz automorphismes intérieurs. THEOREME 8. Soit G un groupe fini. I existe une famille finie de sous groupes stricts de G (i.e. F {e} et $G) (Hier telle que ran Card(@) Card(G) = Card(Z(G@)) + y Gard) oti Z(G) désigne le centre du groupe G. Démonstration, Faisons opérer G sur lui méme par les antomorphismes intérieurs : Gx G —> G, (8,2) g(x) = sas"! Siz € G,onaG, = {srs~!, s € Ghet S, = {8 EG, sz = x5} (dans ce cas, Sp est aussi appelé centralisateur ou normalisateur de z). D’aprés le corollaire précédent il existe © CG tel que Card(G) = zy 2 oan Or S,=G => Vs€G, sr=zs => 2 € Z(G). En notant 6 = © \ Z(G), on a donc . - Card(G) Card(G) _ Card(G) Cate) = 3 carats) * 2 TGard(Szy = CBU) + 2 GardS) ard(S.)" d’oi le théoréme car les (Sz)ree" constituent. une famille finie de sous groupes stricts de G (ce sont déja des sous groupes d’aprés la proposition 6, différents de G car x ¢ 2(G), différents de {e} car {e,z} C Ge). Oo Remarque 10. Ce dernier résultat est trés puissant car il permet d’avoir des renseignements sur Card(Z(G)) connaissant a priori la forme des ordres des sous groupes de G (voir Pexercice 10 et les problemes 7,9). Cependant, cette formule n’est pas ati programme de mathématiques spéciales et il faut au besoin savoir la redémontrer. 2.5. Exercices EXERCICE 1. Soit G un groupe quelconque, soient , y € G. On suppose que zy est d’ordre fini p dans G. Montrer que yz est également fini d’ordre p. Solution. Siz et y commutent, c’est bien siir évident. Plagons nous maintenant dans le cas général. On commence par remarquer que pour tout. n €N*, (zy)” = (2) ---(eu) = 2 (yz) --- (uz) = 2(yz)"*y. termes ai tories Ainsi, en désignant. par ¢ |’élément neutre de G, on a (ay) se <=> (yr) y= 6 > yelyr)y sy <> (yx)" =e ce qui prouve que les ordres de ry et de yx sont identiques. EXERCICE 2. Soient G un groupe et Hy, Hy deux sous groupes de G. a) On suppose que H, U H; est un sous groupe de G. Montrer que Hy C Hz ou Hy C My. b) Si les ordres de H, et Hy sont finis et premiers entre eux, que dire de Hy A Hs ? 2. Groupes 23 Solution. a) Raisonnons par l’absurde, Si Hy ¢ Hy et Hy ¢ Hh, il existe x1 € Mh, 1 ¢ Ha et il existe 29 € Hy, t2 ¢ Hi. Comme Hy U Hy est un sous groupe, le produit 2122 appartient & HU Ho. Si z1z2 € Hy, alors zz = 27'(z122) € Hy, ce qui est absurde. De méme, on parvient & une absurdité en supposant. 2122 € Hy. D’oit le résultat. b) On sait que Hy M Ha est. un sons groupe de Hy et Hy. Ainsi, Vordre de Hy M Hz divise ordre de Hy et Pordre de Hz, et vaut donc 1. Finalement, en désignant par ’élément neutre de G, on EXERCICE 3. Soient G un groupe et Hy, Hz deux sous groupes de G. On pose Hi Hz = {ry, 2 € Hi,y € Ha}. a) A quelle condition nécessaire et suffisante H,H; est-il un sous groupe de G? b) Si Hy et Hy sont finis et si H; Hy = {c} (ole désigne élément neutre de @), montrer Card(H,Hz) = Card(H,) - Card(Hz). c) On suppose G abélien, H; et Hz Wordres finis p et q, oh p et q sont deux nombres premiers distincts. Montrer que H, Hz est. un sous groupe cyclique de G. Solution. a) Nous allons montrer que H,Hz est un sous groupe de G si et seulement si Hi Hz = Hal, Condition nécessaire. Soit a @ HiH. Alors a~! € Hi Hz autrement dit 3(z,y) € Hy x H2,a7 zy. Ainsi a= y7'27?, @oi a € HyHy. Done Hi Hz C Hal Il reste & montrer inclusion réciproque. Soit a= yr € HzH; avec z € Hy et y € Hz. Comme a7} = 2-1y"! € Ay Hy, on aa € Hy Hy car Hy Hy est un sous groupe. Ainsi, H2H, C HiH2 Condition suffisante. Bien stir, HyHz # @. Soient a,b € Hy Hz. Il s'agit de montrer ab“? € Hi Hz Ecrivons a = ayap et b = bybz, avec a1,b; € Hy et a,b € Hz. On a ab“! = ayagby ‘by? = aye avec y = aby! € Hy et x =b;! € Hy. Comme Hy Hy = Holy, il existe (2',x/) € Hi x Ho tel que yt =r'y. Done ab! = ayr'y! = (a2’)(y!) € Hi Hs, d’oi le résultat. b) Considérons l’application ei Hix Hy HH (z,22) > mite. Elle est surjective (par construction de Pensemble d’arrivée Hi Hz), et injective car si p(r1, 72) = (v1.42); alors x22 = yiye done yytz1 = yer z', dot yytm € Hi O Hy = {e}, done a1 = yi et alors z2 = ys. Finalement, p est une bijection, donc Card(H;) - Card(H2) = Card(Hi Hz) ¢) Le groupe G étant ici abélien, on a Hi Hy = HyH; donc Hy Hz est un sous groupe de G d’aprés a). Par ailleurs, on a Card(H; Hz) = py d’aprés b) car Hy 0 Hz = {e} (voir Pexercice précédent, question b)). Les sous groupes H; et H sont cycliques car leur ordre est. un nombre premier. Soient 2 € Hy et y € Hy tels que Hy =< x > et Hy =< y >. Montrons que Hy Hz =< zy >. Il s’agit de montrer que élément xy est d’ordre pq = Card( Hy Hz). Le fait que (zy)" = ¢ entraine 2" = (y7')". Or H, Hy = {e}, done 2" = (y-!)" =e, donc p| net q | n, et pet q étant premiers entre eux (car premiers et distincts), pq | n. Done Vordre de zy est supérieur & pq et comme il est toujours inférieur @ Card(H, Hz) = pq, son ordre est. biew py. EXERCICE 4. Soient Gy,...,Gn des groupes cycliques Wordres respectifs o1,.+- yn. A quelle condition nécessaire et suffisante portant sur les a; le groupe G = Gy x +++ x Gu est-il cycliqne? Solution. Commencons par montrer le résultat suivant LeMME, Pour tout i, soit x; un élément de G; Wordre ij. Alors x = (11,...,3n) est dordre ppem(f1,.-. Bn) dens Gy x --- x Ga. 24 I. Arithmétique, Groupes et Anneaux Preuve, Pour 1 (Vi,2? = 6) <=> (Vi, & | p). Le plus petit entier naturel non nul p tel que 2? =e est donc le plus petit multiple communs aux fj, d’oit le lemme. Montrons maintenant la condition nécessaire et suffisante Le groupe G est cyclique si et sculement si les ay sont premiers entre eux deur é deuz. Condition nécessaire. Soit x = (z1,... , tn) engendrant G. Il est clair que pour tout i, 2; engendre Gi, done est. d’ordre a. D’aprés le lemme, Pordre de x est ppcm(a1,... ,@n). Comme z engendre G, son ordre est aussi Card(@) = a1-+-trq. Done ppem(ai,..- ,@n) = @1-*-@n, ce qui entraine que les a; sont premiers entre eux deux denx. Condition suffisante. Pour tout i, considérons x; € G; d’ordre a (2; existe puisque Gi est cyclique par hypothése). D’aprés le lemme, x = (71,...,n) est ordre ppem(a1,-..,an) dans G, et ce dernier terme égale ay ---¢, = Card(G) pnisque les a; sont. premiers entre eux deux & deux. Finalement, G =< r > est cyclique. EXERCICE 5. Soit G un groupe, e son élément neutre. On suppose que tout élément z de G vérifie x? = e. a) Montrer que G est un groupe abélien. b) Si G est fini et si G # {e}, montrer qu’il existe un entier n tel que G soit isomorphe aut groupe [(Z/2Z)", +]. 7, Si x et y sont dans G, on a done zy = (zy)"! = Solution. a) Siz € G, x? =« ou encore yolan? = yz. b) Soit (m1,...,7n) un systéme de générateurs minimal de G (il en existe car G est fini). Sid = 6 dans Z/2Z, alors 2| « — B done pour x € G, 2” = 24. Ceci permet d’affirmer que ’application e:[(Z/2Z)", 4] (cia, pein) af est. bien définie. Le groupe G étant, abélien, g est. un morphisme de groupe, et il est surjectif par définition d’un systéme de générateurs. Montrons que g est injectif. Soit (a1,... jn) € Kerg. S’il existe i tel que a; = i, par exemple a, = 1, légalité x{*---25*j'z, = € entraine zy -#4°7", Done (r1,... #1) est un systéme de générateurs, ce qui est absurde puisque . sn) est un systéme de générateurs minimal. Finalement Ker = {(0,... ,0)} et y est injectif. C’est un isomorphisme. EXERCICE 6. On rappelle que le groupe alterné A, d'indice n est le sous groupe de S,, con- stitué des permutations paires. Sin > 3, montrer que les cycles de longueur 3 engendrent An Solution. Puisque tout élément de S, peut s’écrire comme un produit de transpositions et qu’une transposition est de signature —1, Ay, est aussi ensemble des produits pairs de transpositions. Appelons A’, le sous groupe de Sq engendré par les cycles de longueur 3. On a A’n C Ay car un cycle de longueur 3 est de signature 1 (voir la proposition 7). Montrons maintenant An C A'n. D’aprés la remarque précédente, il suffit de prouver que le produit de deux transpositions est dans Alm. Ceci est vrai car : — Si i,j,k, sont distinets deux a denx, (i, j)(k,)) = (5, 4)(G,4,) i,j,k sont distincts deux & deux, (i, j)(i,&) = (i, k, 3). ~ SFG, G5)G.1) =I. 2. Groupes 25 EXERCICE 7. On rappelle que si G est un groupe fini et H un sous groupe de G, Vindice de H dans G est Ventier [G: H] = G56. Soit p > 5 un nombre premier. Si H est un sous groupe du groupe symétrique S, tel que [S, : H] < p— 1, montrer que [S, : H] € {1,2}. (Indications : Montrer que H contient tous les cycles de longueur p puis utiliser le résultat de ’exercice précédent.) Solution. Montrons d’abord que H contient tons les cycles de longueur p. Soit 7 € Sp un cycle de longueur p. Pour tout entier i, Vensemble 7H est. de cardinal Card(H). Comme H est d’indice S22} Card(7 H) = p-Card(H)). Done il existe deux entiers i et j,0 Wordre p (voir le théoréme 4), ce qui entraine y €< 7! >C H. ~Montrons maintenant. que H contient. tous les cycles d’ordre 3. Commep > 3, il suffit de remarquer que H contenant tous les cycles d’ordre p, on a (5,8) = (by 58, 41, ay - thp—s) (is by dy Op ay «1 42,1) € HL —D'apris le résultat de lexercice précédent, H contient donc Ap, le groupe alterné d’indice d’indice p. Done Card(H) > Card(A,) = 3Card(Sp), d’oi [Sp : H] € {1,2}. Remarque. En appliquant ce résultat & p = 5, on voit qu’il n’existe pas de sous groupe de Ss Vordre 30 ou 40, bien que Card(S;) = 120. Le fait qu’un entier divise l’ordre d’un groupe fini n’est donc pas une condition suffisante pour qu'il existe un sous groupe d’ordre cet entier. Exercice 8. Soit G un groupe fini d’ordre pair 2n (n € N*). a) Soit H un sous groupe de G d’ordre n. Montrer que H est distingué dans G. b) On suppose qu'il existe deux sous groupes H, et Hz de G d’ordre net tels que Hi NH2 = {c}, oi € désigne élément neutre de G. Montrer que n = 1 ou n = 2. c) On suppose qu'il existe deux sous groupes H, et Hz de G, distincts et tout deux d’ordre n. Montrer que H = HH; est un sous groupe distingué dans G. En déduire que ordre de G est un multiple de 4. Solution. a) I s’agit de montrer : cH = Hz pour tout x € G. ~Siz@H,onacH =Hr=H. =Sir gH, cHOH = 2 (en effet, si y € 2H OH, il existe a € H tel que y = 2a donc r= ya-! € H, absurde), c'est-a-dire rH C G\ H. Or rH et G~ H sont de cardinal n, donc 2H = G\ H. On montrerait de méme que Hz = G~ H, done rH = He. b) Comme Card( Hy U Hz) = Card( Hy) + Card( Hz) — Card(H1 9 Hz) = 2n— 1, il existe a € G, ag Hy, ag Ha, tel que G = Hy U Hy U {a}. Si n = 1, c'est terminé, Sinon n > 2. On remarque alors que VW, u) € (Hh S {e}) x (Has {e}), ty = (Bn effet. Si zy € Hy, alors y € 2-1Hy = Hy done y € Hi 0H = {e}, done y = ¢, ce qui est absurde; de méme, ry ¢ Hz.) Ceci n’est possible que si Card(Hi \ {e}) = Card(Hz {e}) = 1, cest--dire n = 2, D’oi le résultat. ¢) D’apris a), Hy et Hy sont distingués dans G done pour tout x € G, 2H = 2H; O2H2 = Ayr Haz = Hz, ce qui prouve que H est distingué dans G. Notons * la surjection canonique de G dans le groupe quotient G/H. Comme H est un sous groupe de Hy, 7(H1) = Hi/H est de cardinal ee = amlicny: De meme, x(H2) = Hz/H est de cardinal gaigay: Or (Hi/H) A (He/H) = (Hi 0 H2)/H est réduit a Pélément neutre de G/H. Le 26 I. Arithmétique, Groupes et Anneaux , dod (2?)” = 2?” = e, done m | pn. Or mAn = 1 done d’aprés le théoréme de Gauss, m | p. De méme n | p et les entiers m etn étant premiers entre eux, mn | p. Or (xy)™" = (x™)"(y") =e, Vordre de xy est done mn. b) Par définition de r, il existe un élément x de G d’ordre r et on ar | Card(G) d’aprés le théoréme 3. Soit y € G, q son ordre. Il s’agit, de montrer que q | r. Supposons q { r. En écrivant la décompo- sition en facteurs premiers de q et r, on voit qu’il existe un nombre premier p vérifiant g= peg ho (aes avec a>f>0 et pq =pAr' Or a = 2°" est d’ordre ret b = y' est. ordre p". D’aprés a), ab est. done d’ordre r/p* > r, ce qui contredit la définition de r. Done q | r c) Soit (x1,...,%,) un systéme de générateurs de G. Notons r1,... 7% les ordres de 21,...,2n- Considérons ’application PSM > KK SPE (Myth) OM Tne Le groupe G étant abélien, y est un morphisme de groupes. De plus, p est surjectif (puisque (21,...,2n) est un systéme de générateurs de G), done G est: isomorphe au groupe quotient (<1 > x ---x < tn >)/ Ker y, done Card(@) x Card(Ker y) = Card(< 21 > x ---x < tq >) = ry---tq, done Card(@) | ry++-rq. Or tous les ry divisent r daprés b), done Card(@) | r®. On en déduit que tout facteur premier p de Card(@) divise r. Soit p un facteur premier de Card(G). On vient de prouver que p | r donc on peut éerire r= pr’ avec 1! entier. Sion choisit un élément x de G d’ordre r, ’élément 2"" est d’ordre p, d’oi le résultat. Remarque. Les résultats de cet exercice permettent de montrer que si K est un corps commutatif et G un sous groupe fini du groupe multiplicatif (IK*, x), alors G est cyclique. En effet. Soit r exposant de G. KK étant. un corps commutatif, ’équation 2” = 1 a au plus r solutions dans K, donc au plus r solutions dans G. Or Vz € G,2" = 1 d’aprés b). On en déduit Card(G) 1 car ¢ € Z(G), ceci entraine Card(Z(G)) > p. b) Sia = 1, G est cyclique d’apris le théoréme 4. Sia = 2, Z(G) stant un sous groupe de G, différent de {e} d’aprés a), on a Card(Z(G)) € {p,p?}. Nous allons montrer que Z(G) = G en raisonnant par ’absurde. Supposons Card(Z(G)) = p. 2€G,2¢ Z(G). L’ensemble S; = {u € G | ur = zu} (appelé normalisateur de z) est un sous sroupe de G. Or z € Sz et Z(G) C Sz, donc Card(Se) > p+ 1. Comme Card(S-) | p? = Card(G), ceci entraine Card(S-) = p? done S; = G, et par définition de Sz, on a z € Z(G), ce qui est contradictoire. Finalement Card(Z(G)) = p?, c’est-&-dire G est abélien, ¢) Nous allons montrer ce résultat par récurrence sur a € N*. (Le principe est de quotienter par un sous groupe distingué d’ordre p pour se ramener & ’hypothése de récurrence). ~ Sia = 1, le résultat est évident. = Supposons le résultat. vrai pour «, montrons le pour « +1. Soit m, 0 1. D’aprés a), Z(G) est. différent. de {e}. Soit x € Z(G),z # «. L'ordre de x divisant p**", il est de la forme PP avec 8 > 1. Donc y = 2?"”* est d’ordre p, et le yroupe H =< y > est d’ordre p. Par ailleurs, c'est un sous groupe de Z(G) et il est donc distingué dans G. Le groupe quotient G/H est d’ordre p* et d’aprés P’hypothése de récurrence, il existe un sous groupe K de G/H d’ordre p-!. Six désigne la surjection canonique de G dans G/H, 7 est un morphisme de groupes done K = x(F) est isomorphe & F/Kerx = F/H ce qui entraine Card(F) = Card(K) x Card(H) = p”. D’oit le résultat. Remarque. Ce résultat est un cas particulier du théoréme de Sylow (voir le probléme 7). Exercice 11 (UN THEOREME DE CAUCHY SUR LES GROUPES FINIS). On suppose que la théorie des groupes opérant sur un ensemble est connue (voir la partie 2.4). Soit G un groupe fini (non forcément abélien) d’ordre h, et soit p un nombre premier divisant h. On note 5 = {(a1,...,4)) € G? | a-+-ay = c}, ot e désigne l’élément neutre de G, et on note 7 le cycle (1,2,...,p)- a) On fait opérer < y > sur S en posant Ve EZ, pars. yep) = (ayeeayy e+ 9 4q4p))- Déterminer le cardinal des orbites. b) Démontrer le théor8me de Cauchy : Le nombre de solutions dans G de ’équation 2? = € est un multiple de p. En déduire qu'il existe an moins un élément (ordre p dans G. Solution. a) Pour tout z € G, on note Gz Vorbite de x et Sz son stabilisateur. On sait que Von a p= Card(< 7 >) = Card(Gz) x Card(Sz), et p étant premier, Card(Gz) = 1 ou Card(Gz) = p. 28 L Arithmétique, Groupes et Anneaux b) L’application f : S —> GP! (a1... 4p) + (i,--» 1 4p1) est bijective puisque chaque Ament (a1,... ,dp-1) de GP-! aun unique antécédent par f qui est (a,..- ,dp—1, (a1 **-4p-1)"*)- Done Card($) = Card(G?-?) = P=? Soit © une partie de S contenant exactement un représentant de chaque orbite Ge. Soit A = {2€S | Card(Gz) = 1}. Soit O/ = @\ A, D'apris a), Vr € @', Card(Ge) = p. Or WP} = Card($) = > Card(Ge) = Card(A) + YS Card(Gz). 260 160" Comme de plus p | h, on en déduit que p | Card(A) = h?-!—pCard(@'). Par définition de A, A est Pensemble des p-uplets (z,... ,) tels que 2? =e. Le nombre Card(A) représente done le nombre de solutions de 2? = e, et comme p | Card(A), on en déduit le théoréme de Cauchy. On ae? =e, ce qui entraine Card(A) > I, et comme p | Card(A), Card(A) 2 p. Done il existe 2EG, ze tel que z? =e. Le nombre p étant premier, z est d’ordre p. Remarque. Ce résultat entraine que lorsqu’un nombre premier p divise Pordre d’un groupe, il existe un sous groupe de cardinal p. On savait que c’était déja vrai dans le cas d’un groupe abélien (voir Pexercice 8). - Le probléme 7 généralise ce dernier résultat. 3. Anneaux 3.1. Définitions DéFINITION 1. Soit A un ensemble muni de denx lois internes notées “+” et “.”. On dit que (A, +,-) est tin anneau si : (i) (A, +) est un groupe abélien, (ii) la loi + est associative, (iii) le loi - est distributive par rapport & la loi +. Si la loi - admet un élément neutre, on parle d’anneau unitaire; si la loi - est commutative, on parle d’anneau commutatif; un élément de A est dit inversible s'il Vest pour la loi - de A. Notation. Le neutre de la loi + est souvent noté 0, celui de la loi - est noté 1 (ou e). Dans toute la suite, (A, +,-) désigne un annean. DériniTion 2. Un élément a de A est dit diviseur de 0 & droite (resp. 4 gauche) si a #0 et s'il existe b £0 tel que ab = 0 (resp. ba = 0). DEFINITION 3. Un anneau A est dit intégre s'il est sans diviseur de zéro, autrement dit si (a £0, £0 => ab #0). DEFINITION 4. Un élément a € A est dit nilpotent s°il existe un entier naturel non nun tel que a” = 0. L’indice (ou Vordre) de nilpotence de a est le plus petit entier naturel non nul n tel que a” = 0. DEFINITION 5. Un sous ensemble B de A est dit un sous anneau de A si (B,+,-) est un anneau. Eremple 1. ~ Zest un anneau unitaire integre. ; = Z/8Z est un anneau non integre (2-4 = 0), et dans cet anneau, 2 est nilpotent @indice 3. ~ M,(R) est un anueau unitaire non integre. 3. Anneaux 29 3.2. Idéaux DEFINITION 6. Soit JC A. On dit que J est un idéal de Vanneau A si (i) (J, +) est un sous groupe de (A, +); (ii) V(e,a) € 1 x A, ar € Let cae I. Remarque 1. ~ Un idéal est un sous anneau. — La notion d'idéal est en quelque sorte Panalogue pour les anneaux de la notion de sous groupe distingué. Par contre, la notion de sous anneat est beaucoup moins utilisée que la notion de sous groupe. — $i A est commutatif, pour tout x € A Vensemble +A = {2a,a € A} est un idéal de A. ~ Si A est unitaire et sil € I ot J est un idéal de A, la propriété (ii) d’un idéal entraine que I = A. Si un idéal J de A posséde un élément inversible de A, alors 1=2-'z € J daprés (ii) et done I= A. ~ Lorsque J C A vérifie (i) et vérifie seulement ar € I (resp. za € I) pour tout (2,4) € 1 x A, on dit que I est un idéal d gauche (resp. & droite) de A. Si I est & la fois idéal & gauche et idéal A droite de A, J est donc un idéal de A (on précise parfois en disant que I est tin idéal bilatére). Proposition 1. Une intersection d’idénux de A est un idéal de A, Une somme finie didéauz de A est un idéal de A. DEFINITION 7. Soit (A,+,-) un annean commutatif. Un idéal I de A est dit principal s'il existe z € A tel que I = A. On note alors I = (x). L’annean A est dit principal s'il est commutatif, unitaire, intégre et si tous les idéaux de A sont principaux. Ezemple 2. Les anneaux Z et R[X] sont principaux. Anneauz quotients. Comme pour les groupes, on peut définir la notion de quotient sur les anneaux. Etant donnée une relation d’équivalence R sur A, on cherche & faire de A/R un anneau en le munissant des lois FF y = F + 7 et F-7 (ot F désigne la classe de x). Si ces lois sont bien définies (c’est-a-dire que 7 + y et ZY ne dépendent pas des représentants choisis de 7 et 7), on dit que R est compatible avec la structure d’anneau. On montre que les relations d’équivalence compatibles avec la structure d’anneau sont de laformez Ry <> r—y € J, ou J est un idéal de A. Si tel est le cas, A/R est un anneau (muni des lois définies plus haut) appelé anneau quotient et noté A/T. Exemple 3. Pour tout entier n > 0, nZ est un idéal de Z et on peut définir anneau quotient Z/nZ. Morphismes d’anneauz. DEFINITION 8. Soient A et. A! deux anneaux. On appelle morphisme d’anneauz de A dans A‘ toute application f : A+ A’ telle que f(z-+y) = f(2)+J(y) et f(y) = f()s(y) pour tous x,y € A. Lorsque f est bijective, on parle d’isomorphisme d’anneaux. L’ensemble noté Ker f = f-1({0}) est appelé noyau de f. C’est un idéal de A qui vérifie : (f est injective <=> Ker f = {0}). Proposition 2. Soient A et A! deuz anneaur et f: A— A’ un morphisme d’anncauz. = SiT est un idéal de A et si f cst surjectif, alors f(I) est un idéal de A. = Sil’ est un idéal de A’, f-"(I") est un idéal de A. ~ Limage et Vimage réciproque par f d’un sous anneau est un sous anneau. = f(A) est isomorphe & Vanncan quotient A/Ker f. 30 I. Arithmétique, Groupes et Anneaux Remarque 2. La derniére assertion de la proposition est importante. C’est souvent le moyen le plus pratique pour montrer qu’un anneau est isomorphe a un anneau quotient. Caractéristique d’un anneau. DEFINITION 9, Soit A un anneau unitaire dont l’élément neutre pour la loi - est noté e. Soit le morphisme d’anneaux f: ZA ne ne. — Si Ker f = {0}, (ie. ne =0 => n=0), on dit que A est caractéristique 0. ~ Si Ker f {0}, alors Ker f étant un idéal de Z principal, il existe un unique entier naturel non nul c tel que Ker f = cZ. L'image f(Z) est isomorphe & Z/cZ. L’entier c est aussi le plus petit entier > 0 tel que ce = 0. On dit alors que A est de caractéristique c. On a dailleurs ne =0 +> c|n. Proposition 3. La caractéristique d’un anneau unitaire intégre est 0 ou un nombre pre- mir. Démonstration. Si la caractéristique c d’un annean A unitaire intégre est non nulle et si c n’est pas premier, on peut écrire ¢ = ab avec 1 0 tel que ce = 0. 0 3.3. Groupe des inversibles d’un anneau unitaire On rappelle que les élément d’un anneau unitaire (A,+,-) inversibles pour la loi « sont appelés les inversibles de l'anneau A. Proposition 4. L’ensemble des inversibles d’un anneau unitaire A, muni de la loi mul- tiplicative, est un groupe appelé groupe des inversibles de A. PROPOSITION 5. Soit un entier n > 2 et k un entier. L’élément k (classe de k dans Z/nZ) est inversible dans Z/nZ si et seulement sik An TuéorEME 1 (DES CHINOIS). Soient m et n deuz entiers naturels non nuls premiers entre euz. Les anneaur (Z/mZ) x (Z/nZ) et Z/mnZ sont isomorphes. Démonstration. On considére V’application fs LaZfmLxZ/nZ x (%,) Crest un morphisme d’anneaux, de noyan Ker f = {z €Z|m|2 et n| x}. Comme mAn= 1, on a aussi Ker f = {x € Z| mn | 2} = mnZ. Done f(Z) et Z/mnZ sont isomorphes. En particulier, Card(f(Z)) = Card(Z/mnZ) = mn et, done f(Z) = Z/mZ x Z/nZ. Finalement, on vient de montrer que Z/mnZ et Z/mZ x Z/nZ sont isomorphes. o Remarque 3. En procédant par récurrence sur p, on montre que si m,... ; ip sont premiers entre eux deux & deux, alors Z/n,+++n,Z et Z/mZ X +++ X Z/nyZ sont isomorphes. — La surjectivité de application f prouve que si mA n= 1, alors (Va,b€Z,3r€Z), r=a (modm) et r=b (mod n). Dans la pratique, la méthode de recherche d’un tel élément 2 pent se faire comme su © On cherche w et » tels que um + vn = 1 grace A Valgorithme d’Euclide (voir Pexercice 2 de la section 1.3) « Il suffit alors de prendre z = a + um(b — a) (par exemple). 3, Anneaux 31 Indicateur d’Euler. DEFINITION 10. Soit un entier n > 1. Notons G, le groupe des inversibles de Z/nZ. On appelle indicateur d’Euler de n Ventier y(n) = Card(G,). D’apres la proposition 5, y(n) est aussi le nombre d’entiers & € {1,2,---,n} tels que kAn=1. Remarque 4. En vertu de la proposition 5 de la partie 2.2, le nombre de générateurs d’un groupe cyclique d’ordre n (typiquement Z/nZ) est y(n). TuéoRéME 2 (EULER). Soit un entier n > 1. Sik est un entier premier avec n, on a ke) = 1 (mod n). Démonstration. Si k An = 1, alors & est élément du groupe Gy des inversibles de Z/nZ d’aprés la proposition 5. Comme Pordre de Gn vaut y(n), on en déduit b*) = i dans Z/nZ, d’oit le résultat. o Ce dernier résultat généralise le théoreme de Fermat. Vu son importance, on aimerait pouvoir calculer y(n). Ceci fait objet de la proposition suivante. PROPOSITION 6. Soit n > 2 un entier, n = pi? «--py* sa décomposition en facteurs pre- miers. Alors on) = pt pe (py — L)++-(pe = 1) = nd - za _ 2. Démonstration. Soit p un nombre premier et. « € N*. Alors k west pas premier avec p* si et seulement si p | k. L’ensemble des nombres premiers de {1, 2, ... ,p*} non premiers avec p est donc {p,2p, 3p, ..- (p?-!)p}. Ce dernier étant. de cardinal p*-!, on en tire g(p") = p* — p*-" (+) = Si met n sont. premiers entre eux, d’aprés le théoréme des Chinois, Z/mZ x Z/nZ est isomorphe &Z/mnZ. En restreignant. Pisomorphisme & Gm X Gn, on voit que Gm X Gn est isomorphe & Gmn- Done y(mn) = o(m)y(n) (+) - Si maintenant n > 2est un entier dont la décomposition en facteurs premiers est n = pi ---py", on ad’apris (**) y(n) = p(pi")--- (pe), doit le résultat d’aprés (*) a Remarque 5. En particulier si p est un nombre premier, y(p) = p — 1 et on retrouve le théoréme de Fermat avec le théoréme 2. Proposition 7. Pour tout entier n > 2, onan = > o(d). Démonstration. Considérons les fractions Nous cherchons & les mettre sous forme irréductible 4 ou d doit nécessairement diviser n. Pour chaque d divisant n, il y a g(d) numérateurs a possibles (puisque le nombre d’entiers a tels que aAd= 1 est g(d)). Comme il y a en tout n fractions, on en déduit le résultat o 32 I. Arithmétique, Groupes et Anneaux 3.4, Exercices EXERCcICE 1. Soit A un anneau unitaire dont l’élément neutre pour la loi - est noté 1. a) Soit x € A nilpotent. Montrer que 1 — z est inversible. b) Sin € N° (et z toujours nilpotent), simplifier expression Un = (14+ a2) ta7) (+2) = Ta +27), io Solution. a) Soit. p Vindice de nilpotence de x, de sorte que 2” = 0. On a (L-a)tate tah!) =(Ltetet2P (lz) =1- doit le résultat car on a prouvé que zy = yr = Lavec y=1+2-+---+2P-2 b) On va montrer par récurrence sur n € N que Up = (1 — 2)"*(1 — 22"). = Pour n = 0 c’est vrai car (1— z)Uy = (1—2)(1+ 2) =1-27, dot Uo = Supposons Up—1 = (1— )71(1 — 2#"). Alors Up = Un-1(1 + 22") = (1— 2)" - 2?"") Remarque. En particulier, le résultat du a) reste vrai pour les matrices carrées : si N est nilpotente, alors J — N est inversible (en fait, ce résultat reste vrai dés que ||N||i1 — ot ||-I] est une norme d’algebre sur les matrices, voir le tome analyse sur les espaces vectoriels normés). EXxercice 2 (ANNEAU DE BooLe). Soit A wn anneau tel que tout élément de A soit idempotent (i.e. Wz € A,z? = 2). a) Si z € A, montrer que 2z = 0. Montrer que A est commutatif. b) Montrer que si zy € A alors zy(x + y) = 0. Que dire si A est intégre? Solution. a) Siz € A, alors (27)? = 2 done 4z? = 2z, ce qui entraine 4z = 2r puis 2z = 0. Ceci s'écrit encore x = —z Siz,ye A,(zty)? =rty donc 2? t+aytyrt+y? =rty =z? +y", dot on tire cyt yz = done zy = —yz = yz. b) Si z,y€ A, alors zy(x-+ y) = xyz t+ ry? = 22y + 2y? = Bry = 0. ~ Si A est intégre, alors A a au plus deux éléments. En effet, sinon il existe z, y € A distinets et différents de 0. Done (7 + y) # 0 (sinon + = —y = y) et A étant integre zy(z + y) # 0, absurde. EXERcIcE 3 (RADICAL D’UN IDEAL). Soit A un annean commutatif unitaire et J un idéal de A. On appelle radical de J ensemble noté VI = {2 € A | 3n €N*,2" € I}. a) Montrer que VT est un idéal de A. b) Déterminer le radical d’un idéal de Z. Solution. a) - Montrons tout: d’abord que (VI, +) est un sous groupe de (A, +). Il est clair que 0 € VI puisque I C VI. Par ailleurs, si z € VT alors —r € VT puisque le fait que 2” € I entraine (-1)"2" = (—2)" € J. Prenons maintenant z,y € VI. Il existe m et n € N° tels que 2™ € J et y € I. L’anneau A étant commutatif, on peut écrire mtn=1 (ety = Shy aatymnn io

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