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ES: Sear Laas?
SUR LES PLAIES FAITES A L'ESTOMAC,
PAR ARMES BLANCHES;
PRESENTE
Er soutenu aux Ecoles de la Société de Médecine ,
Chirurgie et Pharmacie de Toulouse,
Pour le concours des Brix du Cours de Ghirurgie
‘Théorique et Pratique, fait par le Citoyen R. TARsEs,
ancien Prévét et Professeur du ci-devant Collége de
Chirurgie de Toulouse, actuellement membre et
Professeur de Pathologie externe , nommé par la
Société de Médecine de la méme ville ; associé
correspondant des Sociétés de Médecine de Paris , de
Bruxelles , de Tours, de Bordeaux , et de la Société
de (Médecine-Pratique de Montpellier; des Sociétés
des Sciences et Arts de Montauban , d’Alby , du
Lycée de Vaucluse , etc.
Par le Citoyen JeaN-Bartiste DOUSTIN,
de Larazet , Département de la Haute-Garonne,
le Lundi-28 Thermidor an 10. (1802.)
a
A TOULOUSE,
Chez FACES, MetLHAc , et Comp'. Imprimeurs-Libraires, rue Saint-Rome,een EE LEA SE
AUX CITOYENS
RESSAIRE ET MORY,
Docteurs en Médecine 4 Castelsarrasin ,
Département de la Haute-Garonne.
Cuers AMIS DE “LHUMANITE,
ME proposant @exercer (Art de guérir dans la Committe
que vous habitex , j'ai cru devoir vous offrir les prémices de
mes travaux. Heureux' Si en marchant , quoique de loin,
sur vos traces , je parviens & mériter votre estime , et celle
que vos concitoyens ont accordée a vos talens et a vosvertus.
j. B. DoustTin.Ev S: SA’ I.
DES PLAIES DE L’ESTOMAG.
Lesiquac cate venesonte ese jeclon Schl 5 la poomiienefficineide
Ia santé chez "homme. C'est un visedre creux , dont tout le monde connoit
Yusoge y'situé en partie dans Tépigastre , et en partie dans 'hypocondre
gauche,
Sa figure a été comparée & celle d'une cornemuse : mais elle varie sclon
quill est plein ou vide. Dans ce dernier cas Pestomac est comme aplani , sa
petite couirbure est en haut et sa grande courbure est en bas ; de ses deux
faces 5 lune est antérieure et l'autre est postérieure.
‘Mais lorsque 'estomac se remplit, la grande courbure se reltve et se
porte en avant , de maniére que la face antérieure se trouve quasi en haut,
gandis que la postérieure lui est diamétralement opposée.
La grande extrémité de ce viscére* est logée dans 'hypocondre gauche ,
et son orifice supérieur ou le cardia est presque vis-a-vis le milieu du corps
des vertébres dorsales. La petite extrémité du ventricule ne va pas jusqu’
Thypocondre droit. Son orifice inférieur ou le pylore est plus bas et plus en
devant que l'autre denviron deux travers de doigt.
Lrestomac est fort dilaté chez ceux qui mangent beaucoup : ceux qui
mangent peu , ou qui ont resté long-temps a la didte , font trés-petit.
Les anatomistes ont beaucoup varié sur le nombre des tuniques qui com-
posent Festomac, Cependant on n’en voit que trois , qui sont la membra-
neuse, la charnue et la veloutée. Cette dernitre , qui est interne , se trouve
humectée par le suc gastrique.
Les principales artéres da ventricule sont la coronnaire-stomachique , la
gratrique droite et la gastrique gauche. La premiere esta plus considerable ;
elle régne tout le long de la grande courbure.
‘Les veines , qui répondent 4 pen prés aux artbres , vont se dégorger ordi-
nairement dans la splénique et la mésentérique supérieure,(4)
Les nerfs sont fournis 4 l'estomac par la huititme paire de la moelle
allongée, dite la paire vague. Les deux troncs accompagnent T'esophage ,
et forment un plexus qui embrasse ‘orifice supérieur de l'estomac.
Ce viscére est soumis a l'action des muscles abdominaux , et a celle du
diaphragme au-dessous duquel il se trouve situé, Cette action est telle que
Je ventricule est comprimé dans tous les points de son étendue.
DIFFERENCES.
Tovures les parties da véntricnle sont susceptibles d’tre atteintes par
tun instrument piquant , ainsi que par un instrument tranchant : il arrive
ant est tout 4 la fois piquantet tranchant.
souvent que le corps wu)
Le ventricule peut se trouver superficiellement atteint, sans que Ja plaie
pénttre dans la cavité de ce visctre. Mais il est plus ordinaire de voir la
plaie intéresser toutes les tuniques de Pestomac , ce qui peut arriver plurét
dans Vétat de plénitude , que dans l'état de vacuité.
Ces plaies pénétrahtes penvent se trouver accompagnées de la sortie de
Yestomac on de 'épiploon ; de lissue , des matiéres contenues dans T'esto-
mac; d’hémorragie et d’épanchement de sang ou’ des matiéres alimentaires
dans la cavité abdorninale.
DIAGNOSTIC
Le signes qui penvent nous faire présumer quune plaie pénétre dans
Testomat , sont la situation , Ia direction et la profondeur de la plaie, en
ayant égard si Vestomac est plein ou vide. La douleur aigué , gravative et
profonde dans P’pigastre ; le hoquet , Je vomissement d'alimens , qui sur
afin sont mélés de sang 5 lorsqu'il y a quelque gros vaisseau d'ouvert , le
blessé vomit beaucoup de sang pur & différentes reprises ; il éprouve des
frissons , des cardialgies et des syncopes; son pouls est foible , concentré
et par fois intermittent ;aleération devient considérable ; si Vorifice supé:
riear de Pestomac est blessé, il survient des convulsions. La sonde seroit un
moyen aussi infidelle que dangereux.
‘Mais les_signes pathognomoniques de l'ouverture de l'estomac , sont le
vomissement de sang, et issue des alimens par la plaie extéricure.
Sil restoit quelque doure sur les matiéres qui sortent, il seroit bon de(3)
les sentir pour savoir si Yodeur est conforme a ce que le malade «
pris, ou ce qu'il vomit.
Enfin, 'épanchement de sang et @alimens dans labdomen , ne peut
€tre connu que dans les suites.
PRONOSTIC
Less plaies de lestomac sont tellement fichenses , qu‘elles ont été jugées
mortelles par Hippocrate (1). Cependant il ya quelques exemples contraires
4 la décision du divin vieillard de Tile de Cos; ce qui prouve seulement
que les plaies de Pestomac ne sont pas essenticllement mostelles, lorsqu’elles
niont pas une grande étenduc.
Sile ventricule est blessé dans état de vacuité , Ia plaie peut se trouver
oit déja
plus grande que T'instrament qui laura faite; diaillénrs les deux parois
defce viscére peuvent alors étre intéressées avec plus de facilité; ce qui
‘augmente considérablement la gravité de la blessure.
‘Aa contraire , si 'estomac est plein, le danger ne sera pas si grands
parce qu'une plaie qui auroit six lignes d’étendue , nen aura pas deux
aprés ‘Tévacuation du ventricule, Aussi a-t-on observé que les. sujets qui ont
snryécu & certe blessure, avoient Festomac plein lorsquils font recue.
Dailleurs Phémorragie est bien plus disposée a s’arréter , lorsque ce viscere
est-vide, parce que les v:
Les plaies qui avoisinent des deux orifices de Yestomac , sont plas dan-
gereuses que les autres : celle du pylore Test moins que celle du cardia, &
jseaux y sont alors tortueux.
cause da plexus nerveux qui occupe ce dernier orifice.
Sil ya hémorragic , il est rare que le sang qui est fourni par les vais-
seaux de lestomac , sorte par la plaic des tegumens. Mais il peut sépancher
dans 'estomac ou dans l'abdomen. Dans le premier cas , le malade pourra
vomir le sang ; ce qui fait quion 2 moins & craindre qne quand il passe dans
la cayité abdominale. Quant a l’panchement des alimens , il est répuré
mortel.,
Lorsqu' ne survient point inflammation & estomac , ni d’épanchement
a Tabdomen , que la douieur siaffoiblit, que le pouls se bonifie, on peut
espérer de guérir le malade, pourm quill soit docile aux avis quon Ini
donne.
(4) Liv. 6 dos Ap!
frangaise par le dot
‘ames ne, 28, ou tomo 2, page 165, de Ia traduction
professeur en médecine & Toulouse,(6)
cURE
Les auteurs ont proposé plusieurs moyens pour guérir les plaios de
Pest
cipaux.
mac: le vomitif, la suture et le traitement débilitant , sont les prin-
§& PREMIER
Sx Lestomac plein dalimens est ouvert par une blessure médiocre (1) 5
con pourra le vider par quelque vomitif. C'est pour prévenir l'épanchement
des alimens dans le ventre, que Lafaye a conseillé le vomitif, hors le
cas de blessure au cardia.
‘Mais le vomitif devient inutile lors d'une plaie & lestomac, puisque le
blessé vomit alors de lui-méme. Bien plus ,Tirritation de lestomac érant
aigmentée pat le vomiitif, a douleur et les autres accidens augmenteront
aussi. Conséquemment ce moyen n'est pas convenable aux blessures de
ce viscare,
& IL
S1 la plaie du ventricule est petite, Ia suture n'est pas nécessaire , de
Taven méme de ses partisans et si elle est grande, le malade mourra
bient6t. Ce n’ese done que pour une plaie moyenne que Ia suture a été
conseillée.
Quelquiintention que fon puisse avoir de coudre Westomac , on ne
pourra pas le faire lorsque la plaie sera située a sa petite courbure, A ses
deux orifices, ou aux endroits qui avoisinent ces parties, parce qu'il
seroit impossible de faire assez sortir ce visctre par Ja plaie abdominale ,
quoique fort dilarée.
Cette manceuvre qui a été conscillée par de bons chirurgions , notamment
par Bell (2), est trop difficile et trop dangereuse, Disillenrs Faction de
Testomac présenteroit des difficultés qui n’ont pas lieu sur le cadavre.
On peut aussi compter pour beaucoup la nouvelle irrisation que la
pigiire des aiguilles occasionneroit 4 un vise’re qui ne Test déja que
trop , pat l'efffet de la plaie. Ensuite les fils sont autant de corps étrangers
qu'on y laisse , ce qui peut augmenter les accidens. Le citéyen Lassus dit
(1) Lafaye, dans ses notes sur Dionis
(2) Couis complet de Chirurgie, traduit de TAnglois , par Bosquillon
EE Gone 2c(78)
avoir vu un malade moutir de doulenr et de convulsion» pew
e jours
aprés quiun chirurgien instruit lui eut cousu Vestomac. Si tous les cas
de cette nature étoient connus , ils seroient bien plus nombreux que les
succts quion n'a gure manqué de publier.
Quauroit-on a craindre en ne faisant pas la suture? L’hémorragie , lors-
quelle a lieu, verse le sang dans Pestomac ; car la pression des parois abdo~
minales sur les visctres qui se trouvent contenus dans cette cavisé » Soppose
ordinairement a la chute da sang dans cet endroit.
En laissant la plaie de lestomac entiérement libre ce viseére » qui n'
plus dilaté par les alimens , tend tonjours & diminuer de yolume , ai
que'sa division dont les bords se rapprocheat et peuvent s'adbérer entr’eux
ou avec les parties environnantes , avec lesquelles ils sont en contact.
On ne doit accorder que trés-peu de boisson au malade pendant les
premiers jours. Ensuite le bouillon et les autres aliens ne doivent étre
permis que par gradation , et avec les plus grands ménagemens. Le défiat
de régime a causé la mort 4 un jeune homme, qui, aprés avoir recu un
coup d'épée a Festomac , voulut manger le septitme jour de sa blessure,
parce qu’il se trouvoit trés-bien. Ce fait est rapporté dans les obser-
vations. de chirurgie par Ledran.( 1 )
esa
Lx traitement anti-phlogistique et débilitant doit étre employé pour
routes les plaies de Lestomac 5 mais on doit 1é rendre plus ou moins
Figoureux , selon la violence et Ia durée des accidens.
Les saignées doivent étre mises en usage dés que le pouls du malade
est um peu revenu: leur nombre ne sauroit étre, déterminé que d’aprés
Jes circonstances.
Comme il y auroit & craindre que le bouillon ne passe par la plaie
iu yentricule , il ne faut pas en donner par la bouche , jusqu’a ce que
les accidens soient passés: car il est bon d’viter a Pestomac le travail
de la digestion.
En conséquence, il faut se contenter de donner au blessé des lave-
mens nourrissans et par fois émolliens. Il fout aussi faire des applications
émollientes sur le ventre , et prescrire le plus grand repos, dans le lit.
(4) Tome 2, observation 89.(&)
Pout auitant quill est possible , on fait souvent rincer
lk boul che, et on laisse avaler, de loin en loin y
quelque cuillerée a café d'eau miellée ou sucrée,
Le bouillon et les aucres alimens , doivent étre ensuite permis par gra-
dation, afin de ne pas déranger les adhérences de Ja plaie de lestomac.
‘est dans les mémes vues que le sujet doit toujours évicer les excts.
ions, ov si une douleur insupportable se faisoit
sentir A la région épigaserique,, il faudroit y appliquer de opium et dans
Je cas de non succés, on pourroit faire avaler quelque cuillerée & café
de co médicament délayé dans de eau de fleur d’orange.
Sil y avoit des convul
as
Si un grand vomissement de sang avoit lieu, on pourroit donner au
Dlessé tun pen dean alumineuse, ou de l'eau de rabel.trés-mitigée.
Crest par un pareil traitement que notre: professeur est parvenu a
guérir, il y a douze ans, ua citoyen qui ent Lestomac ouvert par la
pointe d'un sabre: la plaie avoit un pouce de longueur. Le blessé vomit
environ uit livres de. sang y différentes reprises. Il éprouva les. symp~
tomes qui accompagnent les blessures de Vestomac , et ils ne disparurent
totalement qu’au bout de quinze jours.
Le convalescent eut ses digestions laboricuses pendant quelque temps,
avec des renvois 4 la bouche, et des tiraillemens a 'estomac. Peu-2-peu
tout rontra dans ordre , et le sujet reprit son embonpoint.
i wi, depuis peu, Ja cicatrice qui résulte de cette blessure , et
aujourd'bui le citoyen Péloux n’éprouye rien de ficheox, méme lorsqu’il
commet quelque petit excts a table.
Ce cas que’ le citoyen Tarbés a rapporté dans ses legons de chirurgie
théorique et pratique, a été communiqué & la société de médecine de
Paris, ainsigqu'on peut le voir dans le recueil périodique de cette sociéxé
savante, tomer, page 416, n°. 82.
Les épanchemens de sang érant communs aux lésions des autres viscéres
cootenus dans abdomen, je ne parlerai pas ici da traitement. Je ne
dirai rien non plus de [épanchement des alimens , parce qu'il est mortel.
Je soubaite que cet essai puisse plaire & mes deux mécénes, & mes
professcurs, et @ tous ceux qui cultivent Part de guérir.
FIN