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Les ressources de l’Algérie

Tahchi Belgacem
Dans Outre-Terre 2016/2 (N° 47), pages 152 à 164
Éditions L’Esprit du temps
ISSN 1636-3671
ISBN 9782847953701
DOI 10.3917/oute1.047.0152
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Les ressources de l’Algérie
Tahchi Belgacem1

INTRODUCTION

L’Algérie se classe au quinzième rang mondial et au troisième en Afrique avec


9,2 milliards de barils de pétrole et des réserves prouvées de 0,9 % du total mon-
dial. La géologie du pays et sa proximité aux marchés européens sont propices. Le
Saharan Blend2 est idéal de par sa faible teneur en soufre, autour de 0,09 %, qui
le rend très facile à raffiner. Le sous-sol algérien ne se limite pas à cela, il regorge
de plus de 4 500 milliards de m3 de gaz, sans parler du gaz de schiste, très facile à
acheminer vers l’Europe via les nouveaux gazoducs (existants et à venir) et une flotte
de méthaniers. La majeure partie des exportations algériennes d’hydrocarbures sont
destinées aux principaux marchés européens soit par ordre de consommation : Italie,
Allemagne, France, Pays-Bas, Espagne et Royaume-Uni3. Les marchés asiatiques,
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dont la Chine, ont vu leur demande évoluer.

RICHESSES… SOURCE DE CONVOITISES :

L’Algérie produit du fer et de l’acier, des métaux précieux comme l’or et l’argent,
des minéraux industriels incluant la baryte, la bentonite, le ciment, la pierre concas-
sée, le gravier, le gypse, l’hélium, le calcaire, le marbre, les engrais d’azote, le phos-
phate, la pouzzolane, le quartz, le sel et le sable dans tous ses états. Elle dispose en
outre d’importants gisements de minéraux inexploités. On peut citer le diamant, le
manganèse, le quartz cristallin, des minéraux de terres rares, le tungstène et l’ura-
nium4. Sans oublier l’improbable découverte d’un gisement de six millions de tonnes
(mt) de silicium dans l’ouest du pays en 20155.

1 Docteur en géographie, Université de Paris-Sorbonne, Paris IV


2 Désigne un mélange de bruts provenant de plusieurs régions du Sud algérien ; il est léger avec une densité de 43,5
à 47,5 API (permettant d’exprimer la densité du pétrole brut), <www.mem-algeria.org/actu/com/pubt/sahara_blend.pdf.>
3 Cf. Cédric de Lestrange, Christophe-Alexandre Paillard, Pierre Zelenko, Géopolitique du pétrole : un nouveau marché,
de nouveaux risques, de nouveaux mondes, Paris, Technip, 2005.
4 Mining Journal, Algeria Supplement to Mining Journal, <www.mining-journal.com/data/assets/supplements_file_
attachment/0010/178876-scr.pdf>.
5 <www.aps.dz/economie/29242-energies-renouvelables-d%E2%80%99un-gisement-de-silicium-d%E2%80%99uner
%C3%A9serve-de-9-millions-de-tonnes-%C3%A0-sig>.
Les ressources de l’Algérie 153

Métaux

Or et Argent, les métaux précieux

Le ministère de l’Énergie et des Mines (Mem) estime les réserves d’or dans la
région du Hoggar à 121 tonnes. La production d’or à partir de la mine d’Ames-
messa6 par Entreprise d’Exploitation des mines d’Or (Enor) a augmenté de 54% en
2009 passant de 647 kg en 2008 à 999 kg. Les opérations d’extraction d’or à Ames-
messa ont commencé l’année 2008 en tant que processus de lixiviation (percolation
lente de l’eau à travers le sol permettant la dissolution des matières solides qui y sont
contenues) en tas avec une récupération d’or moyenne de 44 %. L’Enor était alors
en quête de moyens substantiels pour améliorer la mise en valeur du potentiel de la
concession d’Amesmessa-Tirek.

Carte no 1 : Mines et gisements aurifères en Algérie


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Source : U.S. Geological Survey (USGS),

D’autres compagnies ont exploré le sous-sol algérien afin d’y trouver de l’or. En
l’occurrence Gold Houria Rapheal SpA, Gold Industrial Minerals (Goldim) SpA, le
groupe Sovcom de travaux d’exploitation géologique et minière du Hebei, ainsi que
CGC Overseas Construction Co. Ltd, North China Geological Exploration Bureau, Poly
Science and Technology Co. Ltd et Shaolin Mining.

Le fer, richesses en abondance laissées à l’abandon

Le Mem a estimé les réserves de minerai de fer à Gara Djebilet (200 km au sud-est
de Tindouf, à proximité de la frontière avec la Mauritanie) et celles du gisement Me-

6 <www.enor.dz>.
154 Tahchi Belgacem

chri Abdelaziz (400 km à l’est de Tindouf ) à 3,5 milliards de tonnes, sans compter
les 189 mt d’Ain Temouchent (à l’extrémité occidentale du pays entre Oran et Tlem-
cen), de Djebel Anini (dans la wilaya de Sétif à 300 km à l’est d’Alger), d’Ouenza-
Boukhadra (dans la wilaya de Tébessa à l’extrême est du pays près de la frontière
tunisienne, plus précisément à 70 km de Tébessa, le chef-lieu de la wilaya) et de Sidi
Maarouf (dans la wilaya côtière de Jijel située au nord-est du pays à quelque 314 km
à l’est d’Alger).

Qatar International Co. qui est une joint-venture de Qatar Steel Co. et de Qatar
Mining Co. a construit une aciérie de 5 mt/an dans la zone industrielle de Bel-
lara (wilaya de Jijel) ; avec une capacité de démarrage de 2,5 mt/an. Ce partenariat
n’échappera pas à la règle algérienne du 49/51 confirmée par la loi de finance 2016
(LF2016) : 49 % à Qatar International et 51 % au gouvernement représenté par
l’Entreprise nationale de sidérurgie (groupe Sider) et le Fonds national d’investisse-
ment7.

Plomb et zinc, la valeur ajoutée


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Le Mem estime les réserves algériennes en zinc/plomb à 150 mt. Ce potentiel se
situe principalement au nord du pays. Des recherches sont menées sur des sites de
prospection dans la région est du pays (Batna, massif du Guergour etc...).

Fin 2009, le total des ressources (prouvées, probables et possibles) de la seule


mine d’Oued Amizour s’élevait à 68 mt avec un taux de 1,1% de plomb et de 4,6 %
de zinc8. Abed Maaden SpA est une joint-venture de Cecomines of China (90 %) et
de la Sonatrach (Société nationale pour la Recherche, la Production, le Transport, la
Transformation, et la Commercialisation des Hydrocarbures (10 %). Elle a rouvert
la mine de plomb-zinc d’El Abed dans la wilaya de Tlemcen, fermée en 2002. La
production de zinc et de plomb de cette mine était par le passé acheminée vers le
Maroc afin d’y être traitée et réexportée ensuite en qualité de concentré9. Les gise-
ments d’Ain Sedjra et de Boukhdema dans la wilaya de Sétif détiennent à eux seuls
des réserves estimées à 12 mt de minerais mixtes (plomb, zinc, cuivre)10.

7 <minerals.usgs.gov.minerals/pubs/country/2013/myb3-2013-ag.pdf>.
8 Ibid.
9 Cf. Nicole Grimaud, La politique extérieure de l’Algérie (1962-1978), Paris, Karthala, 1984, 345 p.
10 Mining Journal, Algeria Supplement to MiningJournal, <www.mining-journal.com/data/assets/supplements_file_at-
tachment/0010/178876/Algeria_scr.pdf>, op. cit.
Les ressources de l’Algérie 155

LES MINERAIS INDUSTRIELS

Ciment, l’enjeu de la relance

Le gouvernement a regroupé les douze cimenteries qui produisaient 11,5 mt/an et


représentaient 65 % des ventes du pays au sein de la société de holding Groupe indus-
triel des ciments d’Algérie (Gica). Le ministère de l’Industrie et de la Promotion de
l’investissement a investi 2,4 milliards de dollars dans le holding des cimenteries afin
d’établir sa production à 20 mt/an. Après le rachat des actifs d’Orascom Cement par
Lafarge dans huit pays dont l’Algérie en 2007, ce dernier groupe contrôle désormais
35 % du marché national du ciment, soit 8,7 m/t par an à travers ses trois filiales.
L’Égyptien Asec Cement, propriétaire du groupe Citadelle, est actionnaire majoritaire
d’Asec Algérie Cement SpA qui était en train de construire une nouvelle cimenterie
avec une capacité de 3,2 mt/an à Djelfa (300 km au sud d’Alger). Les travaux se
sont arrêtés en 2010 en attente d’un acquéreur potentiel. Aux dernières nouvelles, un
industriel algérien aurait entamé des discussions pour la reprise en main de l’usine11.

Afin de porter sa capacité de production annuelle de ciment à 18,5 mt à l’horizon


2017, Gica a prévu dans son plan de développement la modernisation et l’extension
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de deux usines ; la cimenterie d’Aïn El Kebira (Sétif ) et celle d’Oued Sly (wilaya de
Chlef ). Dans la même logique de développement, le groupe a prévu de construire
trois nouvelles cimenteries, en l’occurrence Sigus (Oum El Bouaghi), Beni Zireg
(Béchar) et El Bayadh. Elles auront une capacité de production annuelle globale de
4 mt de ciment12. Dans le cadre d’un programme complémentaire, une autre cimen-
terie a été démarrée en 2016 à Laghouat.

Kaolin, vers l’industrialisation

La Société des Kaolins d’Algérie (Soalka) exploite la mine d’El Milia dans la wilaya
de Jijel avec une capacité de traitement du kaolin à hauteur de 50 000 t/an. La mine
capitalise des réserves de l’ordre de 15 mt. La société exploite une unité de tri sur le
gisement de Jebel Debbagh dans la wilaya de Guelma qui détient quelque 200 000
tonnes de réserve de minerai. La Soalka a également lancé une campagne d’explo-
ration du kaolin sur le site de Tabelballa (Béchar, à 1 150 km au sud-ouest d’Alger)
dont les réserves sont estimées à un million de tonnes de minerai. Elle a élargi ses
activités d’exploration en 2008 pour inclure d’autres minéraux et reçu des permis
d’exploration pour le cuivre, le diamant, l’or et le calcaire13.
11 <www.lesoirdalgerie.com/articles/2015/05/06/article.php?sid=178225&cid=3>.
12 <gica.dz/>.
13 SOALKA, 2012, site officiel, <.soalka.com>.
156 Tahchi Belgacem

Azote, ammoniac et urée granulée. L’industrie des fertilisants

Consolidée par les deux usines de fertilisants de Fertial14 et Sofert15, la production


algérienne d’engrais a quasiment triplé en 2014. L’entrée en service d’AOA16 en tant
que troisième opérateur devrait confirmer une domination algérienne sur le secteur.

Les exportations d’ammoniac ont augmenté d’une année à l’autre atteignant les
421,7 millions de dollars entre janvier et septembre 2014. En 2014, l’Algérie a enre-
gistré une hausse considérable de 31,7 % sur les recettes à l’exportation hors hydro-
carbures, avoisinant les 2,05 milliards de dollars. L’exportation d’engrais a joué un
rôle significatif dans cette augmentation, même si elle ne représente que 5 % des
exportations totales17.

Phosphates, ce que redoutent les voisins

Selon le Mem, les phosphates sont l’une des plus importantes richesses natu-
relles du pays. Ils sont estimés à plus de deux milliards de tonnes de réserves qui se
concentrent essentiellement dans l’est de l’Algérie. Ils sont classés au troisième rang
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mondial en termes de réserves prouvées. Le grand gisement de Djebel Onk, au sud
de Tébessa, renferme à lui seul plus de la moitié des réserves du pays, alors qu’il est
faiblement exploité depuis plus de quarante ans.

14 Fertial, Société des Fertilisants d’Algérie, est issu d’un partenariat signé en août 2005 entre le groupe algérien Asmi-
dal et le groupe espagnol Grupo Villar Mir qui détiennent respectivement 34 % et 66 % du capital.
15 Sofert est une joint venture entre l’Égyptien Orascom et la Sonatrach.
16 AOA est détenue par l’Omanais Suhail Bahdwan Group (51%) et la Sonatrach (49%).
17 <www.oxfordbusinessgroup.com/news/l%E2%80%99alg%C3%A9rie-accro%C3%AEt-sa-production-d%E2%80%
99engrais-gr%C3%A2ce-%C3%A0-une-nouvelle-usine>.
Les ressources de l’Algérie 157

Tableau no 1 : Production et réserves mondiales de phosphates naturels


par pays en 2013

Source : U.S. Geological Survey


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Par ailleurs et au rythme de production actuel, très faible par rapport à celui de
nos voisins, l’Algérie dispose d’une sécurité d’approvisionnement qui dépasserait les
deux siècles. Et ces réserves ne constituent qu’une partie de celles que le bassin des
phosphates algérien recèlerait. Le gouvernement mise beaucoup sur le phosphate de
Djebel Onk qui doit devenir un centre de développement économique d’exploita-
tion et de transformation massif.

Ferphos, l’une des plus importantes entreprises minières d’Algérie, et le Mem ont
estimé la masse des réserves de phosphate d’Algérie toutes catégories incluses à 2,2
milliards de tonnes. Selon les responsables du secteur, le ministère algérien de l’In-
dustrie soutient quatre projets de transformation du phosphate qui sont en cours de
négociation avec des groupes étrangers pour la production de l’acide phosphorique
et de différents types d’engrais. Le but étant que ces projets, une fois achevés, per-
mettent de compléter la chaîne de production de l’état brut à l’état fini et de réduire
l’exportation à bas prix de ce produit minier à l’état brut, tout comme son impor-
tation à l’état fini à des coûts élevés18. Un projet de réalisation de hub de transfor-
mation de phosphorite ainsi que d’une usine d’engrais de phosphate ou fertilisants
phosphatés à Bouchegouf dans la wilaya de Guelma19 est en cours d’étude.

18 <www.aps.dz/economie/30143-transformation-du-phosphate-des-projets-en-discussion-avec-des-partenaires%C3%
A9trangers>.
19 Celle-ci se situe à l’est d’Alger, à 60 km au sud-ouest d’Annaba, à 110 km à l’est de Constantine, à 60 km de la Médi-
terranée et à 170 km de la frontière tunisienne.
158 Tahchi Belgacem

Les grandes inconnues, ou ce que l’algérie réserve


aux générations futures

Uranium, le métal radioactif à des fins pacifiques

L’Algérie dispose de quelque 29 000 tonnes de réserves prouvées20 qui se situent


principalement à Tamanrasset dans le Hoggar21 au sud. Cette dernière réserve étant
classée au 16e rang mondial avec 0,8 % des réserves (cf. tableau n° 2 infra). Il est clair
que le pays veut créer une filière nucléaire civile en exploitant ses réserves d’uranium
de Tamanrasset avec des entreprises étrangères. Mais il lui faut pour ce faire extraire
l’uranium et le mettre en circuit de production.

Tableau no 2 : Classement des réserves d’uranium par pays en 2009


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Source : <wikipedia.org>

L’Algérie possède en effet deux réacteurs expérimentaux à Aïn Oussera22 et à Dra-


ria23, l’un ayant été vendu par la Chine tandis que l’autre, dont l’existence a été long-
temps gardée secrète, était construit en partenariat avec l’Argentine. Cependant :
selon les données du ministère de l’Énergie les réserves prouvées de 29 000 tonnes
sont à même de faire fonctionner seulement deux centrales nucléaires d’une capa-
cité de 1 000 mégawatts (MW), chacune pour une durée de 60 ans. L’Algérie qui a
toujours défendu le droit des pays du Sud à disposer de l’énergie nucléaire à des fins
pacifiques dans le cadre du contrôle international envisage la mise en service d’une
première centrale nucléaire à partir de 2025.

20 <www.nuclearpowerdaily.com/reports/Algeria_claims_29000_tonnes_in_uranium_reserves_999.html>.
21 Cf. Assia Hireche, Algérie – l’après-pétrole : quelles stratégies pour 1995 et 2010 ?, Paris, L’Harmattan, 1989, 222 p.
22 À 200 km au sud d’Alger dans la wilaya de Djelfa.
23 Dans la banlieue sud-ouest d’Alger, à 12 km.
Les ressources de l’Algérie 159

Diamants et pierres précieuses, entre rêve et réalité

Depuis la découverte de trois petits diamants dans l’oued Rhumel de Constan-


tine, en 183324, les recherches géologiques se sont poursuivies de façon ininterrom-
pue. L’espoir de trouver un gisement de diamants ou de pierres précieuses a toujours
suscité les convoitises du pouvoir en place.

Selon le ministère de l’Énergie et des Mines, le diamant algérien se répartit sur


le Hoggar, la zone de Reggane et la zone du massif des Eglab. Dans le Hoggar, trois
zones d’occurrences diamantifères sont connues : le Hoggar occidental, le Hoggar
oriental et le Hoggar central25.

Carte no 2 : Zones d’exploitation du diamant


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Source : Ministère de l’Énergie et des Mines

Les deux découvertes des années 1970 relancèrent la prospection sur toute la
région couvrant plusieurs milliers de kilomètres. Cette dernière concerna les zones
24 Voir cependant « The reported occurrence of diamonds in the auriferous sands of the river Gumel, in the province of
Constantine, in Algeria, is unauthenticated ; the three stones were said to have be found here in 1833, but nothing more
has been heard of this reputed discovery », <www.minelinks.com/alluvial/diamondGeology1.html>.
25 Site officiel du ministère de l’Énergie et des Mines.
160 Tahchi Belgacem

de Touat au nord, le Tadmaït et le Tidikelt à l’est, le Tanezrouft et le Taoudeni au


sud et au sud-ouest. Les travaux qui suivirent dans la zone de Reggane permirent de
délimiter des zones d’intérêt dont la plus étudiée est celle de Bled El Mass26 où plus
de 1 500 diamants ont été retrouvés dans le secteur du Djebel Aberraz, mais l’effort
de recherche vise depuis peu à la découverte de sources primaires notamment sur la
partie du craton ouest-africain.

LES HYDROCARBURES, SOURCE DE REVENU, À QUAND


LES ÉNERGIES RENOUVELABLES ?

L’Algérie est devenue membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole


(Opep) en 1969, peu de temps après le début de la production de pétrole. Le pays
est aujourd’hui fortement tributaire de son secteur des hydrocarbures qui représente
selon le Fonds monétaire international près de 70 % des recettes et subventions du
budget et environ 97 % des recettes à l’exportation.

La Sonatrach domine le secteur des hydrocarbures du pays dont elle assure plus
de 70% de toute la production.
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26 Soit littéralement « le pays des diamants ». Les responsables du secteur croient que cette zone saharienne n’a pas
été appelée par hasard « pays du diamant » et qu’elle recèle réellement des pierres précieuses.
Les ressources de l’Algérie 161

Carte no 3 : Évaluation des ressources algériennes en gaz et


pétrole de schiste
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Source : Tahchi Belgacem à partir des données de l’Agence internationale de l’énergie 2012

Pétrole, or noir contre dollars verts

La majeure partie des réserves prouvées en pétrole de l’Algérie sont dans la région
d’Hassi Messaoud où se trouve le plus grand champ pétrolier du pays. Celui-ci est
situé dans l’est du pays. Le gouvernement a approuvé en février 2013 un texte modi-
fié de la loi sur les hydrocarbures avec des incitations fiscales devant conduire les
entreprises étrangères à investir dans les zones d’exploitation non opérées, notam-
ment en offshore et là où le sous-sol est susceptible de recéler des ressources non
conventionnelles.
162 Tahchi Belgacem

Selon la Sonatrach, environ 66 % du territoire algérien demeurent en effet inex-


plorés ou largement sous-explorés. Le potentiel ne s’arrête pas là ; reste encore la
possibilité d’accroître la production de champs dans les zones déjà exploitées, en
particulier les bassins d’Hassi Messaoud, d’Illizi et de Berkine. D’après la Sonatrach,
la province d’Hassi Messaoud-Dahar contient quelque 71 % des réserves pétrolières
du pays tous types confondus : prouvées, probables et possibles. Tandis que le bassin
d’Illizi, la deuxième plus grande zone, contiendrait environ 15 % de ces réserves. Les
bassins d’Illizi et de Berkine ont été le théâtre de nombreuses découvertes depuis les
années 1990 et ils détiennent toujours un potentiel important non exploité.

L’Algérie utilise sept terminaux côtiers d’exportation de pétrole brut, de produits


raffinés, de gaz de pétrole liquéfié (GPL) et de gaz naturel liquéfié (GNL). Ces ins-
tallations sont situées à Arzew, Skikda, Alger, Annaba, Oran, Béjaïa et Skhira en
Tunisie. Le réseau national de pipelines facilite le transfert du pétrole à partir des
champs de production intérieurs vers les infrastructures côtières. Les conduites les
plus importantes sont celles qui transportent du pétrole brut du champ d’Hassi
Messaoud en direction des raffineries et des terminaux transcontinentaux.
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Gaz naturel, l’or bleu

Le plus grand champ de gaz naturel d’Algérie, Hassi R’Mel, a été découvert en
1956 ; situé dans le centre du pays au nord-ouest d’Hassi Messaoud, il détient des
réserves prouvées d’environ 2,4 milliards de m3, soit plus de la moitié des réserves
prouvées de gaz naturel algérien. Le reste provient de champs de gaz associé aux
réserves de pétrole brut et des champs de gaz non associé dans le sud et les régions
du sud-est du pays.

L’Algérie détient en outre d’importantes capacités inexploitées de gaz de schiste.


Selon un document de la Sonatrach qui se fonde lui-même sur un rapport de l’AIE de
mai 2013, le pays occuperait la quatrième position mondiale en termes de ressources
techniquement récupérables, juste après les États-Unis, la Chine et l’Argentine, avec
4 940 trillions de pieds cubes (TCF) de réserves dont 740 TCF récupérables sur la
base d’un taux de récupération (TR) de 1527. Le bassin de Ghadamès, situé à cheval
sur l’est de l’Algérie, le sud tunisien et le nord-ouest libyen, a été identifié comme
un important bassin de gaz de schiste. En 2011, l’Ente nazionale idrocarburi (Eni)
et la Sonatrach ont signé un accord de coopération pour le développement des res-
sources non conventionnelles, mettant particulièrement l’accent sur le gaz de schiste,
et l’évaluation de la faisabilité technique et commerciale d’opérations. Il y a eu aussi
27 « Gaz de schiste : l’Algérie, 4ème plus grande réserve mondiale », AF Algérie-Focus.com, Eco-Business, Une, 1er février
2015 , <www.algerie-focus.com/.../gaz-de-schiste-lalgerie-4eme-plus-grande-reserve-mondiale/> [19 juin 2016].
Les ressources de l’Algérie 163

des conversations entre Shell et ExxonMobil, d’une part, et la Sonatrach de l’autre à


propos de l’exploitation des ressources de schiste.

L’Algérie exporte du gaz naturel par gazoducs et par méthaniers sous forme de
GNL. Elle dispose de trois gazoducs transcontinentaux destinés à l’exportation :
deux en Espagne et un en Italie. Le pays dispose de trois complexes de GNL dont
deux à Arzew et un à Skikda. L’Algérie a été le premier pays du monde à exporter
du GNL en 1964.

Énergie renouvelable, l’entrée dans le club des propres

Les énergies renouvelables

Le programme consacré à l’énergie renouvelable accorde une importance par-


ticulière à l’énergie solaire, car le potentiel en vent, en biomasse, en géothermie et
en sources d’hydroélectricité reste relativement faible. L’objectif est d’atteindre un
niveau de 37 % de la production nationale d’électricité à partir du solaire d’ici à
2030, 3 % provenant des centrales éoliennes. On vise à une production de 22 000
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MW à partir de sources d’énergie renouvelable d’ici 2030, dont 10 000 MW desti-
nés à l’exportation avec une préférence pour les marchés européens.

Électricité

Actuellement plus de 99 % de la production d’électricité d’Algérie proviennent


de sources de combustibles fossiles. Loin des objectifs affichés par le gouvernement,
l’Algérie a généré 42,8 milliards de kilowattheures (kWh) d’électricité en 2010.
Moins de 1 % provenaient de l’hydroélectricité. Comme le montre la Commis-
sion de régulation de l’électricité et du gaz (Creg), le système national d’électricité
consiste dans un réseau interconnecté qui assure la distribution aux parties nord et
sud du pays. Quelque 99 % de la population algérienne sont connectés au réseau
national.

L’énergie solaire

Afin d’entrer dans l’arène de l’écologie, le gouvernement algérien avait pour ob-
jectif d’atteindre d’ici 2015 un niveau de 5 % d’électricité à partir de sources écolo-
giques. Solar Power Plant One (SPP1), joint venture par accord conclu en 2006 entre
la société algérienne Neal (Sonatrach, Sonelgaz et le groupe privé Sim) et la société
164 Tahchi Belgacem

espagnole Abener, a construit à Hassi R’Mel la première usine hybride du pays et la


première de son type dans le monde ; celle-ci a été inaugurée le 15 juillet 2011, le
montage du projet s’articulant autour d’un contrat de vente et d’achat d’électricité
entre SPP1 et la Sonatrach. La centrale, fonctionnant au gaz naturel et à l’énergie
solaire, est hybride ; elle produit 150 MW avec un apport solaire de 20 % de la puis-
sance nominale, soit 30 MW ; elle est composée de deux parties, le champ solaire et
le champ combiné28.

CONCLUSION

En somme, hydrocarbures et minerais ont fait le bonheur de toute une nation


depuis plus de cinquante ans. Source de revenus et objet de convoitises, ils ont
modelé la vie économique et politique du pays. Ce tableau de bord nécessairement
partiel pour un pays de 2 381 741 km2 affiche les opportunités qui se présentent
aux entreprises étrangères dans un spectre aussi vaste et aussi riche. Certes, l’Algérie
repose sur un matelas de ressources de toutes natures, ce qui la rend attractive mais
la réglementation et le climat des affaires y restent piégés et nul ne peut s’y introduire
sans plan d’action si se n’est une clef.
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28 Portail Algérien des ÉNERGIES RENOUVELABLES, https://portail.ceder.dz/spip.php?article1960.

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