LA CHAINE PROTHETIQUE EN PROTHESE AMOVIBLE PARTIELLE / C. Archien & P.

Tavitian

LA CHAINE PROTHETIQUE EN
PARTIELLE
DE LA CLINIQUE AU LABORATOIRE
PROSTHETIC SEQUENCE IN REMOVABLE PARTIAL DENTURE CONSTRUCTION.
FROM THE CLINIC TO THE LABORATORY.

Claude Archien,
M.C.U. - P.H.
Faculté de Chirurgie Dentaire
Rue du Docteur Hendeyreich
54 000 Nancy.

La prothèse amovible partielle The removable partial denture

Abstract
Résumé

doit s’intégrer dans le complexe should become integrated into the

buccal du patient en préservant
l’intégrité des tissus de soutien.
Cette thérapeutique nécessite la mise
en œuvre d’un diagnostic précis
et d’un plan de traitement détaillé.
Le châssis métallique est constitué
d’un certain nombre d’éléments
interdépendants. Son tracé dépend
du type d’édentement, de l’anatomie
des zones concernées. Sa réalisation
Patrick Tavitian, au laboratoire nécessite une parfaite
Ex-assistant. collaboration entre le clinicien
Faculté de Chirurgie Dentaire et le prothésiste.
de Marseille
Service d’odontologie, Hôpital Nord
13 000 Marseille. Mots clés :
Prothèse amovible partielle
Plan de référence occlusal
Coronoplastie
Axe d’insertion
Connexions
patient’s mouth while maintaining
oral tissues in healthy condition.
This prosthetic treatment requires
a specific diagnosis and a detailed
treatment planning.
The metallic framework is formed
by several interdependants elements.
Its design depends on the type
of edentulousness and on the anatomy
of the concerned areas. Its execution
in the laboratory requires a total
colaboration between the dental surgeon
and the dental technician.
Keywords
Partial removable prosthesis
Occlusal reference plan
Coronoplasty
Insertion axis
Connections

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PROTHESE AMOVIBLE

M
algré le développement de l’im-
plantologie, la prothèse amo-
vible partielle à infrastructure
métallique est et demeure une thérapeu-
tique d’actualité. En effet, les contre-indi-
cations à la mise en place de systèmes
implantaires, qu’elles soient d’ordre médi-
cal, anatomique ou économique, sont les
indications mêmes de la prothèse amo-
vible partielle.
L’objectif de ce traitement est double :
– objectif direct : remplacer les organes
dentaires disparus,
– objectif indirect : préserver l’équilibre
des dents restantes, des tissus ostéo-
muqueux, du système neuro-musculo-
articulaire.
Pour atteindre ces objectifs, toutes
les disciplines odontologiques doivent
être mises au service de la prothèse amo-
vible partielle et cela sous la responsabi-
lité unique du praticien.
Le premier rôle de celui-ci consiste à ob-
server minutieusement et systématique-
ment l’ensemble de la cavité buccale.
Cette observation doit être visuelle et di-
gitale au niveau des dents et du substra-
tum ostéomuqueux (dépressibilité mu-
queuse, épaisseur osseuse).
L’examen radiographique, complé-
mentaire, permet de mieux évaluer la
qualité du tissu osseux, son niveau autour
des dents résiduelles et la valeur intrin-
sèque et extrinsèque de celles-ci. L’arti-
culation temporo-mandibulaire doit éga-
lement être observée par la palpation.
Cette analyse permet au praticien
d’évaluer les difficultés de chaque cas.
tissus ostéomuqueux. Ceci nous amène à
envisager l’existence d’un phénomène ro-
tationnel inévitable sur toute prothèse en
extension.
La rotation affecte à la fois la susten-
tation, la stabilité et la rétention.
Divers axes de rotation peuvent être
considérés :
– un axe transversal, lorsque les bases
prothétiques se rapprochent ou s’éloi-
gnent des tissus dans le plan vertical. Cet
axe passe par les deux taquets occlusaux
situés sur les dents bordant l’édentement.
– un axe longitudinal, si les forces sont
appliquées sur un seul côté, la prothèse
pivote selon un axe qui passe par le som-
met de la crête du coté opposé.
– un axe vertical, les forces horizon-
tales ou obliques font tourner la prothèse
autour d’un axe vertical.
Ce phénomène est incontournable et
plus ou moins accentué selon l’état des
dents et de la fibromuqueuse.
La répartition des forces engen-
drées par la prothèse doit tenir compte
de la particularité de chaque élément,
seule l’observation clinique peut rensei-
gner le praticien sur l’individualité de
chaque cas.
Pour compléter l’examen, il est né-
cessaire de posséder des modèles de tra-
vail issus d’empreintes réalisées aux
hydrocolloïdes irréversibles. Ces modèles
vont permettre une double analyse :
– analyse occlusale,
– analyse au paralléliseur.
L’examen de ces modèles permet de
mieux visualiser la portée des segments
édentés ainsi que les égressions, ver-
sions ou torsions des dents en place sur
l’arcade.
L’analyse occlusale met en évidence
les prématurités qu’il sera nécessaire de
corriger, ainsi que tous les éléments pou-
vant avoir une quelconque interférence
sur l’orientation du futur plan occlusal
prothétique (Fig. 1).

Le problème majeur de la prothèse amo-

vible partielle réside dans les classes
d’édentement libres (Classe I, II et IV)
mettant en jeu des appuis à dépressibilité
très différente, les tissus dentaires et les Fig. 1. Le plan occlusal prothétique (J. Schittly).

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Fig. 2. L’axe d’insertion est déterminé au paralléliseur selon les forces proximales des dents bordant
l’édentement.
L’utilisation du paralléliseur permet au
praticien de déterminer et de choisir un
axe d’insertion et de désinsertion à la fu-
ture prothèse. C’est un instrument d’ana-
lyse indispensable au cabinet pour la mise
en évidence du parallélisme ou de la di-
vergence des éléments en présence, qu’ils
soient dentaires ou ostéomuqueux. Il per-
met de réaliser le parallélisme des sur-
faces de guidage, l’équilibre des zones de
rétention ainsi que d’optimiser l’esthé-
tique de la future prothèse avec le mini-
mum de préparations coronaires (Fig. 2).
Une fois l’axe d’insertion déterminé,
le praticien choisit les éléments de réten-
tion en fonction du cas et de préparation
adéquate des structures destinées à le
recevoir.
Fig. 3. Crochet Nally-Martinet.
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Le châssis à infrastructure métallique est
composé de quatre éléments principaux :
les crochets, les selles, les connexions
principales et secondaires.
Les selles métalliques les plus cou-
rantes sont grillagées ou festonnées ou en
“arête de poisson”.
Les selles festonnées sont systémati-
quement indiquées à la mandibule pour
des raisons structurelles, les risques de
fracture n’étant pas négligeables au ni-
veau des liaisons.
Les différents types de crochets pou-
vant être utilisés sont au nombre de
quatre : sur les dents bordant des édente-
ments terminaux, nous utiliserons des
crochets RPI, RPC, ou des crochets Nally
Martinet (Fig. 3). Notre préférence allant
Fig. 4. Crochet R.P.I.
au crochet RPI (Fig. 4) ou RPC puisque
ce sont des crochets dissociés, chaque
élément, taquet, guidage et rétention est
indépendant de l’autre. Le crochet Ac-
kers (Fig. 5) est employé dans les éden-
tements encastrés, avec ses éléments
d’appuis placés du côté de l’édentement.
Le crochet Bonwill (Fig. 6) est utilisé
dans les Classe II du côté denté et dans
les Classe IV au niveau des segments pos-
térieurs.
Le système de rétention choisi, nous
réalisons les préparations coronaires cor-
respondantes aux systèmes rétentifs : lo-
gement de taquet, passage de potence,
zone de calage ainsi que la zone rétentive.
Ces préparations assurent une certaine
épaisseur aux éléments métalliques pour
éviter toute fragilisation et doivent éviter
toute interférence au niveau occlusal
(Fig. 7 et 8).
Les connexions principales sont les
éléments structurels destinés à réunir
tous les autres éléments. Au maxillaire, la
connexion principale est la plaque pala-
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Fig. 5. Crochet Ackers.

Fig. 6. Crochet Bonwill.

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Fig. 7 et 8. Les préparations coronaires.

Sur ces deux photos, on peut voir la différence entre une dent convenablement préparée et un dent non préparée.
La potence et le taquet doivent avoir une certaine épaisseur et ne pas troubler l’équilibre occlusal.

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tine. Elle joue un rôle important de sus-
tentation et de stabilisation. Elle est en
contact intime avec les surfaces d’appui
ostéomuqueux. Elle a généralement une
forme qui épouse le profil antéro-posté-
rieur en L de la voûte palatine.
Exceptionnellement, les entretoises
palatines sont utilisées car elles reportent
le poids de la prothèse vers l’arrière et gê-
nent la langue.
Les plaques en fer à cheval sont à évi-
ter, si possible, car elles prennent généra-
lement appui sur des zones considérées
comme indices négatifs par P. Housset.
A la mandibule, les connexions prin-
cipales ont un rôle de liaison sans appui
sur les tissus ostéomuquueux. Trois types
peuvent être considérés en fonction de
l’anatomie du versant rétro-incisif : la
barre linguale, le bandeau lingual, le ban-
deau coronocingulaire.
Généralement, lorsque la distance
entre l’anneau gingival et l’insertion du
frein est supérieure à 7 mm, la barre lin-
guale est indiquée si la région rétro-inci-
sive est de dépouille. Autrement, le prati-
cien préconisera le bandeau lingual ou le
bandeau coronocingulaire.
Les connexions secondaires permet-
tent de minimiser les mouvements de
bascule de la prothèse. Elles revêtent dif-
férentes formes : fil coronocingulaire,
bras de calage, appuis occlusaux.
La situation des appuis occlusaux, qu’ils
soient principaux ou secondaires, se fait
en fonction de chaque cas et de l’observa-
tion clinique.
Dans les cas d’édentements termi-
naux, les appuis occlusaux sur les dents
bordant les édentements seront générale-
ment situés en position mésiale. Sur les
dents bordant les édentements encastrés,
les appuis seront réalisés du côté de
l’édentement. En ce qui concerne les ap-
puis secondaires, ceux-ci seront réalisés
de façon symétrique pour que les diffé-
rents axes forment un triangle et que la
prothèse soit dite auto-équilibrée.
;
LA CHAINE PROTHETIQUE EN PROTHESE AMOVIBLE PARTIELLE / C. Archien & P. Tavitian
BRIEN M. ; Conception et tracé
Bibliographie
des prothèses partielles amovibles.
Prostha, Canada, 1996.
TAVITIAN P. et coll. ; La précision
en prothèse composite :
préparations et techniques
de coulée originales. Cah Prothese,
95 : 64-75, 1996.
DOUAL J.-M., VERMELLE G. ;
La réalisation pratique du châssis métal-
L’axe d’insertion en prothèse
lique fait appel à la technique de coulée adjointe partielle, sa place
conventionnelle. Celle-ci nécessite la dans la thérapeutique,
mise en œuvre d’un duplicata sur lequel détermination par la méthode
est élaborée la maquette en cire. Après globale. Cah Prothese, 84 : 64-78,
coulée, la pièce est sablée, grattée et po- 1993.
lie pour être essayée sur le modèle et en
situation clinique. LOUIS J.-P. et coll. ; Le châssis
A partir de ce stade, lorsque le châs- métallique à bandeau
sis métallique s’intègre parfaitement dans coronocingulaire : une alternative
intéressante dans le traitement
le berceau qui lui a été préparé, le prati-
des édentements distaux
cien peut procéder aux étapes finales :
mandibulaires. Cah Prothese, 82 :
empreinte fonctionnelle, enregistrement 7-18, 1993.
de l’occlusion, montage des dents artifi-
cielles, finition et équilibration.
Son rôle ne s’arrête pas à la mise en
bouche de la prothèse, mais il est pro-
longé par la maintenance. Celle-ci joue un
rôle primordial dans le maintien de l’équi-
libre prothétique, elle est indispensable
pour assurer la pérennité de la prothèse
et des éléments dentaires restants.
Comme on peut le constater au travers de
cet article, la prothèse amovible partielle
nécessite de la part du praticien un effort
de réflexion, une observation clinique
systématique, une analyse occlusale et
une analyse au paralléliseur pour mettre
en œuvre une conception personnalisée
de l’élément prothétique. Ceci doit se
faire en pleine collaboration avec le pro-
thésiste pour notre plus grande satisfac-
tion et surtout pour le bien être de nos
patients.
Demandes de tirés à part :
Dr Claude Archien
ADF
6, rue Guillaume-Tell
75017 Paris
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