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Sociologie

II – Intégration, conflit, changement social

2- La conflictualité sociale: pathologie, facteur


de cohésion ou moteur du changement social

Thème 2211 – La
conflictualité sociale,
pathologie ou facteur
d’intégration?
Les indications du programme

Indications complémentaires :
On montrera que les conflits
peuvent être appréhendés à
partir de grilles de lecture
contrastées : comme pathologie
de l'intégration ou comme
facteur de cohésion
Acquis de première : conflit
Notions : Conflits sociaux,
régulation des conflits,
mouvements sociaux,
I – Le conflit ,vu comme une pathologie sociale
A- Le conflit social vu comme le résultat
d’un défaut d’intégration
L’approche du conflit vue comme pathologie sociale est celle d’Emile Durkheim, et a été
prolongée par des auteurs comme Talcott Parsons ou Daniel Bell. Selon cette grille de lecture,
le conflit est perçu comme une pathologie, il est l’expression d’un défaut d’intégration
sociale.
Par conséquent, le conflit social :
• est perçu comme évitable (si l’intégration sociale n’avait pas été défectueuse, il n’y aurait
pas eu de conflit),
• est perçu comme négatif (le conflit est l’expression d’un défaut d’intégration et peut en lui-
même nuire à l’intégration sociale)
• et doit conduire à prendre des mesures pour renforcer l’intégration sociale (afin d’éviter
la survenance future de nouveaux conflits).
Source : Un document de formation sur les conflits sociaux (Boris Herbelot, Académie d’Aix-Marseille)
Questions:
1. Quelle analyse du conflit opèrent Durkheim et Parsons?
Le conflit est perçu comme résultant d’un défaut d’intégration sociale: s’il y a conflit c’est parce que la
socialisation d’une partie de la population a été défaillante , celle-ci n’a intériorisé les valeurs et les
normes dominantes de la société, donc elle a du mal à s’intégrer
Le conflit est perçu négativement , ses effets nuisent à la cohésion sociale.Il faut tout faire pour éviter le
conflit qui est vue comme une pathologie traduisant un dysfonctionnement du lien social
A- Le conflit social vu comme le résultat
d’un défaut d’intégration
L’approche du conflit vue comme pathologie sociale est celle d’Emile Durkheim, et a été
prolongée par des auteurs comme Talcott Parsons ou Daniel Bell. Selon cette grille de lecture,
le conflit est perçu comme une pathologie, il est l’expression d’un défaut d’intégration
sociale.
Par conséquent, le conflit social :
• est perçu comme évitable (si l’intégration sociale n’avait pas été défectueuse, il n’y aurait
pas eu de conflit),
• est perçu comme négatif (le conflit est l’expression d’un défaut d’intégration et peut en lui-
même nuire à l’intégration sociale)
• et doit conduire à prendre des mesures pour renforcer l’intégration sociale (afin d’éviter
la survenance future de nouveaux conflits).
Source : Un document de formation sur les conflits sociaux (Boris Herbelot, Académie d’Aix-
Marseille)
Questions:
1. Quelles conséquences en tirent-ils ?
Le conflit est évitable : Le conflit peut certes limiter la cohésion sociale, mais si tous les individus
intériorisaient des valeurs et des normes compatibles , il n’ y aurait moins de conflit. Il faut donc
trouver des solutions pour éviter le conflit: par exemple favoriser l’intériorisation des valeurs et des
normes.
B – et d’une situation d’anomie
Selon cette grille de lecture, le conflit social a pour origine un défaut d’intégration, qui peut être notamment être
interprété comme une situation d’anomie :
 - une situation d’anomie au sens de Robert K. Merton : un groupe partage les objectifs de la société, mais ne
disposent pas des moyens qui lui permettrait d’atteindre ces objectifs, ce qui peut conduire au conflit social ;
 une situation d’anomie au sens de Durkheim : absence ou déficience des normes sociales
communément acceptées (qui peut être chronique ou aigüe). L’anomie peut :
 concerner un groupe social donné (défaut d’intégration d’un groupe à la société), dont les membres
ont par exemple connu une socialisation défaillante qui fait qu’ils ne reconnaissent pas les normes
sociales en vigueur, ce qui peut conduire au conflit social ;
 être généralisée à l’ensemble de la société (défaut d’intégration de la société dans son ensemble). Il
peut s’agir d’une division du travail anomique, faute notamment d’institutionnalisation des relations
professionnelles, qui conduit à un conflit capital/travail. Il peut également s’agir d’une insuffisance de
valeurs et de normes communes à l’échelle de la société, qui peut par exemple être à l’origine de
conflits religieux ou ethniques.
Source : Un document de formation sur les conflits sociaux (Boris Herbelot, Académie d’Aix-Marseille)
Questions:
1. Les définition de l’anomie chez Durkheim et Merton sont-elles identiques ?
Les deux conceptions sont différentes et complémentaires :
Pour Durkheim, l’anomie est situation d'une société dans laquelle les individus ne savent plus comment orienter leurs conduites du fait de
règles sociales moins contraignantes et moins tolérées
Pour Merton: "si la société met essentiellement l'accent sur la réalisation des fins, sans assurer aux représentants des différentes couches
sociales des chances réalistes de les atteindre par les moyens légitimes, on risque d'avoir - comme c'est le cas aux Etats-Unis - un fort degré
d'innovation, surtout dans les groupes les moins favorisés : c'est-à-dire que les modèles prescrits seront abandonnés au profit de moyens
techniquement plus efficaces pour parvenir aux fins culturellement valorisées. On sera alors en présence d'un cas d'anomie
B – et d’une situation d’anomie
Selon cette grille de lecture, le conflit social a pour origine un défaut d’intégration, qui peut être notamment être
interprété comme une situation d’anomie :
 - une situation d’anomie au sens de Robert K. Merton : un groupe partage les objectifs de la société, mais ne
disposent pas des moyens qui lui permettrait d’atteindre ces objectifs, ce qui peut conduire au conflit social ;
 une situation d’anomie au sens de Durkheim : absence ou déficience des normes sociales
communément acceptées (qui peut être chronique ou aigüe). L’anomie peut :
 concerner un groupe social donné (défaut d’intégration d’un groupe à la société), dont les membres
ont par exemple connu une socialisation défaillante qui fait qu’ils ne reconnaissent pas les normes
sociales en vigueur, ce qui peut conduire au conflit social ;
 être généralisée à l’ensemble de la société (défaut d’intégration de la société dans son ensemble). Il
peut s’agir d’une division du travail anomique, faute notamment d’institutionnalisation des relations
professionnelles, qui conduit à un conflit capital/travail. Il peut également s’agir d’une insuffisance de
valeurs et de normes communes à l’échelle de la société, qui peut par exemple être à l’origine de
conflits religieux ou ethniques.
Source : Un document de formation sur les conflits sociaux (Boris Herbelot, Académie d’Aix-Marseille)
Questions:
1. Comment l’anomie peut-elle expliquer le conflit social ?
Pour Merton: comme une partie des individus ne peut utiliser les moyens légitimes, ils utilisent d’autres moyens qui sont
refusés par la société. Ils ne peuvent pas non plus atteindre les objectifs valorisés, cela crée du conflit (ex
Pour Durkheim, si un groupe (manif pour tous) ne reconnaît pas les normes qui vont être votées(ex : la reconnaissance du
mariage pour les homosexuels), il peut chercher à les remettre en cause, ce qui crée du conflit .
Si tous les individus ne partagent pas les mêmes valeurs , cela génère du conflit :
1. L’analyse de Durkheim

Tout en maintenant l'idée marxiste d'un conflit qui menace l'ordre social, la vision d'Emile Durkheim de l'évolution des
sociétés (De la division du travail social) est très opposée à celle de Marx. Elle interprète en effet le conflit comme un
phénomène résiduel révélant la présence de dysfonctionnements dans les rapports sociaux. Plus précisément, Durkheim
pense que le conflit est une conséquence pathologique d'un affaiblissement ou d'un excès de règles sociales. (…)
L'idée générale de la théorie de Durkheim consiste dans l'affirmation que les sociétés évoluent d'un type de solidarité
mécanique à un type de solidarité organique. Dans le premier cas, les éléments qui composent la société sont juxtaposés.
Dans le second, ils sont coordonnés. Le passage de la solidarité de type mécanique à la solidarité de type organique est
associé à l'apparition et au développement de la division du travail. Nos sociétés montrent que ce processus de division
du travail ne fait que croître.
Mais si, en théorie, l'intensification de la division du travail doit augmenter la solidarité et l'interdépendance entre les
membres d'une société, si l'interdépendance entre les individus a normalement pour conséquence la dépendance de
chaque individu particulier à l'égard d'un ensemble de règles implicites ou explicites, on constate cependant que la
division du travail peut avoir des conséquences inverses.
Source : http://www.melchior.fr/3-1-Les-conflits-une-menace.7516.0.html
Questions
1. Quelle conception du conflit révèle l’analyse de Durkheim
Le risque de conflit doit diminuer avec le développement de la sociologie qui a pour fonction de
solutionner les problèmes sociaux: le sociologue est le médecin du social qui en tant qu’expert doit
réformer la société . Le conflit traduit donc selon Durkheim un échec c’est-à-dire une pathologie qui est
signe soit d’un affaiblissement des règles sociales soit de leur excès, dans les deux cas elles sont rejetées
par une partie plus ou moins importante de la société
1. L’analyse de Durkheim
Tout en maintenant l'idée marxiste d'un conflit qui menace l'ordre social, la vision d'Emile Durkheim de
l'évolution des sociétés (De la division du travail social) est très opposée à celle de Marx. Elle interprète
en effet le conflit comme un phénomène résiduel révélant la présence de dysfonctionnements dans les
rapports sociaux. Plus précisément, Durkheim pense que le conflit est une conséquence pathologique d'un
affaiblissement ou d'un excès de règles sociales. (…)
L'idée générale de la théorie de Durkheim consiste dans l'affirmation que les sociétés évoluent d'un type
de solidarité mécanique à un type de solidarité organique. Dans le premier cas, les éléments qui
composent la société sont juxtaposés. Dans le second, ils sont coordonnés. Le passage de la solidarité de
type mécanique à la solidarité de type organique est associé à l'apparition et au développement de la
division du travail. Nos sociétés montrent que ce processus de division du travail ne fait que croître.
Mais si, en théorie, l'intensification de la division du travail doit augmenter la solidarité et
l'interdépendance entre les membres d'une société, si l'interdépendance entre les individus a normalement
pour conséquence la dépendance de chaque individu particulier à l'égard d'un ensemble de règles
implicites ou explicites, on constate cependant que la division du travail peut avoir des conséquences
inverses.
Source : http://www.melchior.fr/3-1-Les-conflits-une-menace.7516.0.html
Questions
1. Pourquoi le passage de la société à solidarité mécanique à la société à solidarité organique doit-il renforcer la
solidarité ?
La division du travail assure une complémentarité des individus qui étant spécialisés deviennent
interdépendants ils ont donc besoin les uns des autres, ils sont donc solidaires sans qu’on ait besoin de
recourir à la contrainte
1. L’analyse de Durkheim

Tout en maintenant l'idée marxiste d'un conflit qui menace l'ordre social, la vision d'Emile Durkheim de
l'évolution des sociétés (De la division du travail social) est très opposée à celle de Marx. Elle interprète
en effet le conflit comme un phénomène résiduel révélant la présence de dysfonctionnements dans les
rapports sociaux. Plus précisément, Durkheim pense que le conflit est une conséquence pathologique d'un
affaiblissement ou d'un excès de règles sociales. (…)
L'idée générale de la théorie de Durkheim consiste dans l'affirmation que les sociétés évoluent d'un type
de solidarité mécanique à un type de solidarité organique. Dans le premier cas, les éléments qui
composent la société sont juxtaposés. Dans le second, ils sont coordonnés. Le passage de la solidarité de
type mécanique à la solidarité de type organique est associé à l'apparition et au développement de la
division du travail. Nos sociétés montrent que ce processus de division du travail ne fait que croître.
Mais si, en théorie, l'intensification de la division du travail doit augmenter la solidarité et
l'interdépendance entre les membres d'une société, si l'interdépendance entre les individus a normalement
pour conséquence la dépendance de chaque individu particulier à l'égard d'un ensemble de règles
implicites ou explicites, on constate cependant que la division du travail peut avoir des conséquences
inverses.
Source : http://www.melchior.fr/3-1-Les-conflits-une-menace.7516.0.html
Questions
1. Est-ce toujours le cas ?
Dans certains cas, la division du travail peut nuire à la cohésion sociale, car elle produit de
l’individualisme égoïste qui entraîne un repli sur soi des individus donc une situation anormale ou
pathologique, qui selon Durkheim sera transitoire.
1. L’analyse de Durkheim
Mais si, en théorie, l'intensification de la division du travail doit augmenter la solidarité et
l'interdépendance entre les membres d'une société, si l'interdépendance entre les individus a
normalement pour conséquence la dépendance de chaque individu particulier à l'égard d'un ensemble de
règles implicites ou explicites, on constate cependant que la division du travail peut avoir des
conséquences inverses. Ainsi, la spécialisation dans le domaine des activités intellectuelles conduit le
savant non à la solidarité mais à l'isolement. Comme il lui est impossible d'embrasser la totalité de sa
discipline, le mathématicien va dans certains cas extrêmes, selon l'exemple de Durkheim, passer son
existence à la résolution d'une équation particulière. La baisse du prestige de la philosophie montre
d'ailleurs que la division du travail intellectuel entraîne une disparition des valeurs et des problèmes
communs : « La philosophie, écrit Durkheim, est comme la conscience collective de la science et, ici
comme ailleurs, le rôle de la conscience collective diminue à mesure que le travail se divise. »
Source : Raymond Boudon, « Anomie », Encyclopædia Universalis
Questions:
1. Pourquoi la spécialisation de la science fragilise-t-elle le lien social ?
Les scientifiques étant spécialisés ne travaillent plus sur la totalité de leur discipline. Comme
il n’ y a plus d’unité de la science, il n’ y a plus d’unités de valeurs et de culture. Cela
détermine une perte de prestige de la science. Par exemple : la philosophie avait pour
objectif d’étudier tous les problèmes humains. C’était une conscience collective qui diminue
avec la division du travail
1. L’analyse de Durkheim
Mais si, en théorie, l'intensification de la division du travail doit augmenter la solidarité et
l'interdépendance entre les membres d'une société, si l'interdépendance entre les individus
a normalement pour conséquence la dépendance de chaque individu particulier à l'égard
d'un ensemble de règles implicites ou explicites, on constate cependant que la division du
travail peut avoir des conséquences inverses. Ainsi, la spécialisation dans le domaine des
activités intellectuelles conduit le savant non à la solidarité mais à l'isolement. Comme il
lui est impossible d'embrasser la totalité de sa discipline, le mathématicien va dans certains
cas extrêmes, selon l'exemple de Durkheim, passer son existence à la résolution d'une
équation particulière. La baisse du prestige de la philosophie montre d'ailleurs que la
division du travail intellectuel entraîne une disparition des valeurs et des problèmes
communs : « La philosophie, écrit Durkheim, est comme la conscience collective de la
science et, ici comme ailleurs, le rôle de la conscience collective diminue à mesure que le
travail se divise. »
Source : Raymond Boudon, « Anomie », Encyclopædia Universalis
Questions:
En quoi cela est-il source d’anomie ?
Comme la conscience collective diminue, il n’y a plus de règles communément admises
qui soient acceptées par les individus. C’est un signe d’affaiblissement des règles donc
d’anomie
1. L’analyse de Durkheim
Mais il existe une autre forme de la division du travail anomique, c'est celle qui résulte du développement
économique. Le développement de la production et des marchés fait que l'harmonisation des actions économiques
devient impossible (n'oublions pas que Durkheim écrit en 1893). La règle du producteur est non plus, comme
autrefois, de produire en fonction de besoins repérables, mais de produire le plus possible. D'où les crises qui
agitent les systèmes économiques. D'où, aussi, les conflits sociaux qui résultent, d'une part, de ce que le travailleur
est limité à des tâches restreintes, d'autre part, de ce que les contacts entre les acteurs qui participent à la production
deviennent, par la division du travail, non plus étroits, mais plus lâches.
En résumé, il y a anomie au niveau de la division du travail social lorsque la coopération est remplacée par le
conflit et la concurrence, et lorsque les valeurs qu'acceptent ou les buts que se fixent les individus cessent d'être
collectifs pour devenir de plus en plus individualisés. Notons en outre la relation entre les deux aspects, car
l'individualisation des buts et des valeurs est une des sources principales des conflits.
Source : Raymond Boudon, « Anomie », Encyclopædia Universalis
Questions:
1. Expliquez en quoi les crises économiques génèrent une division du travail anomique?
Il y a division du travail anomique quand la division du travail n’assure plus le lien social et
qu’elle crée des conflits. En effet, les buts et les valeurs des individus n’étant plus collectifs,
mais individuels ils peuvent s’opposer. Dans le cas d’une crise économique, les buts des
entreprises et des salariés peuvent être contradictoires : les entreprises veulent licencier une
partie des salariés pour conserver la rentabilité. Alors que les salariés veulent conserver leur
emploi et leur salaire
1. L’analyse de Durkheim
Mais il existe une autre forme de la division du travail anomique, c'est celle qui résulte du développement
économique. Le développement de la production et des marchés fait que l'harmonisation des actions
économiques devient impossible (n'oublions pas que Durkheim écrit en 1893). La règle du producteur est
non plus, comme autrefois, de produire en fonction de besoins repérables, mais de produire le plus possible.
D'où les crises qui agitent les systèmes économiques. D'où, aussi, les conflits sociaux qui résultent, d'une
part, de ce que le travailleur est limité à des tâches restreintes, d'autre part, de ce que les contacts entre les
acteurs qui participent à la production deviennent, par la division du travail, non plus étroits, mais plus
lâches.
En résumé, il y a anomie au niveau de la division du travail social lorsque la coopération est remplacée par
le conflit et la concurrence, et lorsque les valeurs qu'acceptent ou les buts que se fixent les individus cessent
d'être collectifs pour devenir de plus en plus individualisés. Notons en outre la relation entre les deux
aspects, car l'individualisation des buts et des valeurs est une des sources principales des conflits.
Source : Raymond Boudon, « Anomie », Encyclopædia Universalis
Questions:
En quoi cette division du travail anomique explique-elle l’apparition des conflits ?
La division du travail est anomique car au lieu de répondre aux besoins des individus , le but
des producteurs se limite à la recherche d’ une production croissante, maximale, ce qui génère
de la surproduction. La concurrence au lieu de rendre compatible les actions et les buts traduit
une montée de l’individualisme égoiste.
1. L’analyse de Durkheim
Mais il existe une autre forme de la division du travail anomique, c'est celle qui résulte du développement
économique. Le développement de la production et des marchés fait que l'harmonisation des actions
économiques devient impossible (n'oublions pas que Durkheim écrit en 1893). La règle du producteur est
non plus, comme autrefois, de produire en fonction de besoins repérables, mais de produire le plus possible.
D'où les crises qui agitent les systèmes économiques. D'où, aussi, les conflits sociaux qui résultent, d'une
part, de ce que le travailleur est limité à des tâches restreintes, d'autre part, de ce que les contacts entre les
acteurs qui participent à la production deviennent, par la division du travail, non plus étroits, mais plus
lâches.
En résumé, il y a anomie au niveau de la division du travail social lorsque la coopération est remplacée par
le conflit et la concurrence, et lorsque les valeurs qu'acceptent ou les buts que se fixent les individus cessent
d'être collectifs pour devenir de plus en plus individualisés. Notons en outre la relation entre les deux
aspects, car l'individualisation des buts et des valeurs est une des sources principales des conflits.
Source : Raymond Boudon, « Anomie », Encyclopædia Universalis
Questions:
1. Ces formes pathologiques sont-elles transitoires ou structurelles ?
Elles sont transitoires selon Durkheim; elles s’expliquent par une transformation des société qui
n’ont pas encore été capables de maîtriser les effets pervers de la division du travail; les
nouvelles normes n’ont pu encore être mises en place, ce qui peut générer une hausse transitoire
des conflits. Mais dans le long terme ces conflits disparaitront car la société mettra en place des
règles qui renforceront la cohésion sociale
2 – L’analyse fonctionnaliste
Cette idée est assez proche d'un certain sens commun qui voit dans la multiplication des conflits, surtout
s'ils sont ouverts et intenses, un « problème » ou un « dysfonctionnement ». (…)L'idée selon laquelle les
conflits constitueraient une forme de « pathologie sociale » se retrouve dans les approches fonctionnalistes
classiques, en particulier chez Parsons. Ceux-ci l'empruntent aux écrits de Durkheim sur la distinction
entre le « normal » et le « pathologique » » : l'idée qu'il y a derrière est qu'une augmentation du nombre et
de l'intensité des conflits signale un défaut d'intégration (anomie). D'autre part, et en prenant quelques
distances avec cette approche, dire que les conflits sont « pathologiques » revient à y voir une menace pour
la société, idée centrale du fonctionnalisme qui voit la société comme un corps biologique harmonieux
dont chaque organe a une fonction. (…)
On voit ici que l'approche fonctionnaliste met l'accent sur une vision très consensuelle de la société :
celle-ci exclurait simplement les conflits par la puissance de ses normes et de la socialisation, lesquelles
fabriqueraient des hommes incapables de dissensus. Dans cette vision surdéterminée du social, le conflit
ne peut découler que de défauts des normes (anomie) ou de la socialisation (déviance) et, de fait, ne
concernerait que des situations et des individus marginaux. Cette approche a été assez largement
abandonnée dans la sociologie contemporaine.
Source : Fiches SES Eduscol
Questions:
1. Quelle est la conception du conflit dans l’analyse fonctionnaliste ? Comment peut-on l’expliquer ?
Le conflit est analysé comme un dysfonctionnement, une pathologie sociale. Car l’analyse fonctionnaliste
a une conception particulière de la société: la société est vue comme un corps harmonieux où tout individu
a une place et une fonction : une société qui est bâtie sur le consensus
2 – L’analyse fonctionnaliste
Cette idée est assez proche d'un certain sens commun qui voit dans la multiplication des conflits, surtout
s'ils sont ouverts et intenses, un « problème » ou un « dysfonctionnement ». (…)L'idée selon laquelle les
conflits constitueraient une forme de « pathologie sociale » se retrouve dans les approches fonctionnalistes
classiques, en particulier chez Parsons. Ceux-ci l'empruntent aux écrits de Durkheim sur la distinction
entre le « normal » et le « pathologique » » : l'idée qu'il y a derrière est qu'une augmentation du nombre et
de l'intensité des conflits signale un défaut d'intégration (anomie). D'autre part, et en prenant quelques
distances avec cette approche, dire que les conflits sont « pathologiques » revient à y voir une menace pour
la société, idée centrale du fonctionnalisme qui voit la société comme un corps biologique harmonieux
dont chaque organe a une fonction. (…)
On voit ici que l'approche fonctionnaliste met l'accent sur une vision très consensuelle de la société :
celle-ci exclurait simplement les conflits par la puissance de ses normes et de la socialisation, lesquelles
fabriqueraient des hommes incapables de dissensus. Dans cette vision surdéterminée du social, le conflit
ne peut découler que de défauts des normes (anomie) ou de la socialisation (déviance) et, de fait, ne
concernerait que des situations et des individus marginaux. Cette approche a été assez largement
abandonnée dans la sociologie contemporaine.
Source : Fiches SES Eduscol
Questions:
Rappeler la conception de l’anomie de Merton :
c’est le fait que les individu cherchent à atteindre les objectifs légitimes valorisés par la société (exemple :
dans une société valorisant la mobilité : l’ascension sociale), mais ne peuvent utiliser les moyens légitimes
( le recours aux trafics pour s’enrichir)
2 – L’analyse fonctionnaliste
Cette idée est assez proche d'un certain sens commun qui voit dans la multiplication des conflits, surtout
s'ils sont ouverts et intenses, un « problème » ou un « dysfonctionnement ». (…)L'idée selon laquelle les
conflits constitueraient une forme de « pathologie sociale » se retrouve dans les approches fonctionnalistes
classiques, en particulier chez Parsons. Ceux-ci l'empruntent aux écrits de Durkheim sur la distinction
entre le « normal » et le « pathologique » » : l'idée qu'il y a derrière est qu'une augmentation du nombre et
de l'intensité des conflits signale un défaut d'intégration (anomie). D'autre part, et en prenant quelques
distances avec cette approche, dire que les conflits sont « pathologiques » revient à y voir une menace pour
la société, idée centrale du fonctionnalisme qui voit la société comme un corps biologique harmonieux
dont chaque organe a une fonction. (…)
On voit ici que l'approche fonctionnaliste met l'accent sur une vision très consensuelle de la société :
celle-ci exclurait simplement les conflits par la puissance de ses normes et de la socialisation, lesquelles
fabriqueraient des hommes incapables de dissensus. Dans cette vision surdéterminée du social, le conflit
ne peut découler que de défauts des normes (anomie) ou de la socialisation (déviance) et, de fait, ne
concernerait que des situations et des individus marginaux. Cette approche a été assez largement
abandonnée dans la sociologie contemporaine.
Source : Fiches SES Eduscol
Questions:
En quoi est-ce source de conflits ?
Comme tous les individus ne partagent pas les mêmes normes et valeurs, il y a conflit, ce qui qui menace
la cohésion de la société. S’il n’ y a pas de problème d’intégration, il n’y aura pas de conflit. En effet,
personne ne développerait de comportements déviants ou anomiques
3 – Les revendications d’indépendance de
la catalogne : la preuve d’un défaut
d’intégration ?
Les nationalistes catalans «modérés», principalement incarnés par le parti de centre droit Convergence et
Union (CiU), aujourd’hui au cœur de la coalition indépendantiste ont, au sortir du franquisme, non
seulement accepté la nouvelle Constitution espagnole et le modèle territorial qu’elle instaurait, mais
également participé à son élaboration. Ils avaient toutefois une ambition affichée: en partant des ambiguïtés
du texte constitutionnel, réussir à «changer l’Espagne» afin d’en faire un «Etat multinational». Cette
ambition se concrétisa avec le Statut d’autonomie de la Catalogne de 2006, qui définissait dans son
préambule la Catalogne comme étant une «nation» et augmentait son autonomie. Mais le Parti populaire
(PP) saisit le Tribunal constitutionnel espagnol (TC), qui réduisit à néant en 2010 les ambitions des
nationalistes catalans en jugeant notamment que la Constitution ne «reconnaît qu’une seule nation, la
nation espagnole». L’ambition historique des nationalistes modérés de faire de l’Espagne un Etat
multinational avait échoué.
Source : Crise catalane: comment en est-on arrivé là ?Par Anthony Sfez in Libération
1. Questions Montrez que le conflit trouve son origine dans deux lectures de la constitution espagnole qui
sont en réalité incompatibles ?
Les nationalistes catalans modérés avaient non seulement accepté mais aussi participé à l’élaboration de la
constitution au sortir du franquisme car elle allait déboucher selon eux sur un Etat multinational qui
permettrait à la Catalogne de bénéficier d’une large autonomie. Or un des principes fondamentaux de la
constitution de 1978 est le principe d’unité indissoluble de la nation espagnole qui ne reconnaît pas le
caractère multinational de l’Espagne
1. Quand cette ambigüité fut-elle levée ?
2. En 2010 quand « le Parti populaire (PP) saisit le Tribunal constitutionnel espagnol (TC), qui réduisit à
néant en 2010 les ambitions des nationalistes catalans en jugeant notamment que la Constitution
ne «reconnaît qu’une seule nation, la nation espagnole». L’ambition historique des nationalistes modérés
de faire de l’Espagne un Etat multinational avait échoué. »
3 – Les revendications d’indépendance de
la catalogne : la preuve d’un défaut
d’intégration ?
Le discours de ces derniers changea alors du tout au tout. Les nationalistes «radicaux», qui avaient rejeté la Constitution dès
1978, avaient donc eu raison depuis le début: l’Espagne est «irréformable»,elle refuserait toujours d’admettre son caractère
plurinational. Ne subsistait plus qu’une seule solution: l’exercice, par référendum, du droit à l’autodétermination. Mais le
référendum étant une compétence de l’Etat, pour se conformer à la légalité constitutionnelle espagnole il fallait, suivant
l’exemple écossais, qu’il soit organisé de manière concertée. Or, malgré des demandes émanant du Parlement catalan, l’Etat
refusa d’organiser un référendum, arguant qu’il serait contraire au principe d’unité indissoluble de la nation espagnole
consacré par la Constitution. Les autorités catalanes s’orientèrent donc vers une seconde option, toujours en affirmant qu’elles
souhaitaient respecter la légalité constitutionnelle: la consultation citoyenne. La distinction, assez superficielle il faut dire, ne
convainquit cependant pas le TC, qui suspendit la loi et le décret catalan organisant la consultation du 9 novembre 2014. Celle-
ci eut quand même lieu mais fut déclarée illégale.
Elles constituent, à proprement parler, au sens juridique du terme, une véritable tentative de révolution, c’est-à-dire une
tentative de substitution d’une légalité – la légalité catalane – à une autre légalité – la légalité espagnole. La première loi ne se
contente pas, en effet, de prévoir l’organisation d’un référendum d’autodétermination en Catalogne, qu’elle fixe au 1er octobre
2017. Elle affirme également, et c’est en ça qu’elle est révolutionnaire, prévaloir «hiérarchiquement sur toutes les normes
pouvant entrer en conflit avec elle […]», disposition qui vise évidemment la Constitution espagnole. La loi pour le référendum
a donc pour prétention de remplacer la Constitution espagnole, du jour de sa publication jusqu’à la tenue du référendum, en
tant que norme suprême en vigueur sur le territoire catalan.
Source : Crise catalane: comment en est-on arrivé là ?Par Anthony Sfez in Libération
1. Quelle en fut la conséquence ?
Comme l’Espagne refusait de se réformer en reconnaissant son caractère multinational, les catalans
modérés et radicaux se sont alliés pour mettre en œuvre la seule solution possible selon eux : « l’exercice,
par référendum, du droit à l’autodétermination ». Mais l « ’Etat refusa d’organiser un référendum, arguant
qu’il serait contraire au principe d’unité indissoluble de la nation espagnole consacré par la Constitution ».
Dés lors le conflit se durcit et devint un conflit portant sur les questions de légalité et de légitimité
3 – Les revendications d’indépendance de
la catalogne : la preuve d’un défaut
d’intégration ?
Pour regarder la vidéo sur INDÉPENDANCE DE LA CATALOGNE : UN SUJET QUI DIVISE MÊME LES FAMILLES

Questions :
1. Montrez que le conflit catalan touche aussi les familles
La question de l'indépendance divise les familles catalanes. Le reportage donne la parole aux membres
d'une même famille. Certains restreignent leurs relations avec des membres de la famille qui sont
espagnols et qui vivent à Madrid; d'autres se déchirent sur cette question
1. Quelles solutions mettent-elles en oeuvre pour pacifier les relations ?
Un moyen d’éviter le conflit est alors d’éviter d’aborder le sujet en famille, mais alors le conflit ne
disparaît pas il devient latent
II– Le conflit, facteur de cohésion sociale
A - Les limites des analyses du conflit vu
comme une pathologie sociale
1– Les limites de l’analyse durkheimienne

Durkheim a ainsi identifié, à sa manière, les principaux problèmes sociaux auxquels sont confrontées les
sociétés industrielles : le degré d'organisation, de régulation ou de planification souhaitable, le travail en
miettes conduisant à l'aliénation du travailleur, l'inégalité des chances, la bureaucratie. Ce qui ne peut
manquer de surprendre, c'est l'optimisme dont il fait preuve sur tous ces sujets, surtout si on le rapporte à
la rareté ou à la faiblesse des arguments supposés le justifier. (….).
En définitive, l'optimisme de Durkheim trouve sans doute son fondement le plus général dans
l'identification qu'il fait entre le « normal » et l'idéal. Plus précisément, il associe le normal non pas à ce
qui est, mais à ce qui devrait être ou bien à ce qui finira nécessairement par être. On le voit
particulièrement bien dans le cas de la division du travail contrainte ou inégalité des chances. Il admet que
la division du travail spontanée, celle qui permet le « libre déploiement de la force sociale que chacun
porte en soi », est un caractère qui ne se rencontre « nulle part comme un fait réalisé » et ne se « présente
jamais à l'état de pureté ». Mais on est en droit de considérer ce trait comme normal, soutient-il, parce que
l'évolution sociale va dans le sens du nivellement des inégalités extérieures. D'ailleurs ce nivellement est
indispensable au bon fonctionnement de la solidarité organique et donc inévitable. Durkheim, dans la
même veine, voit dans les aspirations égalitaires « une anticipation de l'état normal à venir » .C’est ainsi
qu’il peut considérer comme anormal un phénomène aussi général que l’inégalité des chances .
Source : P Besnard, Les pathologies dans les sociétés modernes, in division du travail et lien social, PUF,
1993
Questions :
1. Pourquoi Durkheim est-il aussi optimiste sur la capacité de la société à solutionner les conflits
sociaux issus des formes pathologiques de la division du travail (prenez l’exemple des inégalités)
1– Les limites de l’analyse durkheimienne

Questions :
1. Pourquoi Durkheim est-il aussi optimiste sur la capacité de la société à solutionner les conflits
sociaux issus des formes pathologiques de la division du travail (prenez l’exemple des inégalités)
Durkheim met bien en évidence les problèmes des sociétés industrielles et les
possibles conflits. Mais ceux-ci sont transitoires car ils sont anormaux au sens de
pathologiques ils vont donc progressivement disparaître.
Selon lui, ces conflits vont « normalement » disparaître. Pour lui, normal ne signifie
pas ce qui est le plus fréquent , mais ce qui idéalement devrait arriver. Donc
Durkheim ne se pose pas vraiment la question de la réalité à venir de la baisse des
inégalités. Il la considère comme souhaitable, donc dans uns=e société consensuelle
elle doit devenir une réalité
On peut prendre l’exemple de l’inégalité des chances: cette inégalité des chances
existe, mais va peu à peu s’atténuer, car elle est indispensable au bon fonctionnement
des sociétés à solidarité organique. L’inégalité des chances est donc anormale selon
Durkheim. En réalité plus d’un siècle après la mort de Durkheim les questions
portant sur l’inégalité des chances occupent toujours une place centale dans nos
sociétés.
2 – les limites des théories
structuro-fonctionnalistes

La théorie sociologique du conflit reflète et accompagne cette évolution idéologique,


en repoussant comme un mythe dont il est nécessaire de se libérer la présentation d'une
société close et statique, privée de conflits et basée sur le consentement. Voici "l'utopie"
de laquelle Dahrendorf, dans un essai fameux, invite la sociologie à sortir . Dans cet
essai, Dahrendorf attribue au système social décrit par les théories structuralo-
fonctionnalistes les caractères constants des systèmes utopiques depuis Platon. Ce sont
toujours des systèmes isolés dans le temps et dans l'espace, des sociétés closes et auto-
suffisantes, c'est-à-dire où l'on ne constate ni changements, ni conflits mais où l'on a au
contraire un consentement universel à propos de valeurs commune
Source : A Baratta, Conflit social et criminalité. Pour la critique de la théorie du conflit en
criminologie, In: Déviance et société. 1982 - Vol. 6 - N°1. pp. 1-22.
Questions :
1. Quels sont les critiques opérés par Dahrendorf à l’encontre du système social décrit par
les théoriciens structuro fonctionnalistes ?
Les théories structuro-fonctionnalistes reposent sur une conception de la société iréalistes :
des sociétés isolées, repliées sur elles même qui n’évoluent pas (figées) , où il n’y a pas de
transformations sociales, car tous les individus partagent les mêmes valeurs; et il n’ y a pas de
remise en cause de ces valeurs, donc pas de conflit mais en contrepartie ces sociétés sont
incapables de se remettre en cause , donc de connaître du progrès.
2 – les limites des théories structuro-
fonctionnalistes

Les systèmes sociologiques qui, comme ceux de Parsons et de Merton, se basent


sur ces modèles de l'équilibre et transmettent une telle idéologie de la justice, sont,
selon Dahrendorf, des systèmes utopiques, tout à fait inadéquats pour comprendre
la réalité sociale contemporaine. Pour comprendre cette réalité, il faut procéder —
proclame Dahrendorf — à une révolution copernicienne dans la pensée sociologique :
comprendre le changement et le conflit non plus comme déviations d'un système
"normal" et équilibré, mais comme caractéristiques normales et universelles de toute
société. Il faut reconnaître que "les sociétés et les organisations sociales ne sont pas
tenues ensemble par le consentement, mais par la co-action, non par un accord universel,
mais par la domination exercée par certains sur d'autres" .
Source : A Baratta, Conflit social et criminalité. Pour la critique de la théorie du conflit en
criminologie, In: Déviance et société. 1982 - Vol. 6 - N°1. pp. 1-22.
Questions :
1. Quelle démarche préconise Darhendorf pour analyser les conflits ?
Il faut considérer les conflits comme un phénomène normal, voire souhaitable dans toutes
les sociétés : toutes les sociétés connaissent des conflits. C’est d’ailleurs des conflits et de
leur résolution que vont naître les transformations sociales caractéristiques d’une socité de
progrès
2 – les limites des théories structuro-
fonctionnalistes

Les systèmes sociologiques qui, comme ceux de Parsons et de Merton, se basent sur ces
modèles de l'équilibre et transmettent une telle idéologie de la justice, sont, selon Dahrendorf,
des systèmes utopiques, tout à fait inadéquats pour comprendre la réalité sociale
contemporaine. Pour comprendre cette réalité, il faut procéder —
proclame Dahrendorf — à une révolution copernicienne dans la pensée sociologique : comprendre
le changement et le conflit non plus comme déviations d'un système "normal" et équilibré, mais
comme caractéristiques normales et universelles de toute société. Il faut reconnaître que "les
sociétés et les organisations sociales ne sont pas tenues ensemble par le consentement, mais par
la co-action, non par un accord universel, mais par la domination exercée par certains sur d'autres" .
Source : A Baratta, Conflit social et criminalité. Pour la critique de la théorie du conflit en
criminologie, In: Déviance et société. 1982 - Vol. 6 - N°1. pp. 1-22.
Questions :
1. En quoi s’oppose-elle à celle des structuro-fonctionnalistes et de Durkheim ?
Cette démarche est plus représentatives des sociétés modernes que celle de Durkheim et des
structuro-fonctionnalistes.
Cette démarche s’oppose sur deux points à celle de Durkheim et des structuro-fonctionnalistes:
- Tous les membres d’une société ne partagent pas les mêmes valeurs : pas de consensus généralisé
- Certains ont un poids plus important : il existe des rapports de classe
- Cela permet alors d’expliquer pourquoi le conflit est normal dans toutes les sociétés
2- Les analyses du conflit comme facteur
de cohésion sociale
Introduction
Le conflit est donc perçu comme un facteur d’intégration sociale, et non
comme révélateur d’un défaut d’intégration. Par conséquent, le conflit :
 est perçu comme inévitable (il fait partie du fonctionnement normal de
l’organisation sociale),
 est perçu comme positif (puisqu’il contribue à l’intégration sociale) et il
peut conduire au changement social.
A partir de cette grille de lecture, le conflit social peut être perçu à la fois comme
un facteur d’intégration pour chacun des groupes en conflits et comme un facteur
d’intégration entre les groupes en conflit.
Source : Un document de formation sur les conflits sociaux (Boris Herbelot,
Académie d’Aix-Marseille
Questions:
1. Quelle conception du conflit est ici développée ?
Une conception éminemment positive . Le conflit assurant non seulement
l’intégration sociale à l’intérieur d’un groupe, mais aussi entre les groupes en
conflit. En outre il contribue au dynamisme de la société en la régénérant par un
processus de destruction créatrice adaptant les règles sociales aux évolutions .
Introduction
Le conflit est donc perçu comme un facteur d’intégration sociale, et non
comme révélateur d’un défaut d’intégration. Par conséquent, le conflit :
 est perçu comme inévitable (il fait partie du fonctionnement normal de
l’organisation sociale),
 est perçu comme positif (puisqu’il contribue à l’intégration sociale) et il
peut conduire au changement social.
A partir de cette grille de lecture, le conflit social peut être perçu à la fois comme
un facteur d’intégration pour chacun des groupes en conflits et comme un facteur
d’intégration entre les groupes en conflit.
Source : Un document de formation sur les conflits sociaux (Boris Herbelot,
Académie d’Aix-Marseille
Questions:
1. Quelles conséquences peut-on alors en tirer ?
- Le conflit est donc positif, car il assure l’intégration sociale et peut aussi être à
l’origine de transformations économiques et sociales positives
- Le conflit est normal ( et non pathologique) ; il ne peut y avoir de sociétés sans
conflit
1 - Le fondateur Simmel
C'est le sociologue allemand Georg Simmel qui, au début du XXe siècle, met le premier clairement
en évidence leur dimension socialisatrice. Il pointe ainsi le fait que l'affrontement, pourvu qu'il ne
vise pas l'élimination de l'opposant, implique plusieurs formes de reconnaissance: de l'adversaire
tout d'abord, auquel il s'agit de s'adapter, mais aussi de règles et, surtout, d'une cause commune
autour de laquelle on se confronte. Ce faisant, le conflit contribue à la réévaluation périodique des
règles qui fondent la vie sociale. En outre, à une échelle individuelle, il permet également
d'accepter l'altérité, notamment des personnes dont on juge les comportements insupportables,
tandis que la révolte permet d'éviter d'être complètement écrasé par la domination.
Source : La dimension socialisatrice de l'affrontement, Les Dossiers d'Alternatives Economiques
Hors-série n° 002 - septembre 2015
Questions:
1. Pourquoi le conflit crée-t-il du lien social ? A quelle conditions?
Le conflit a une fonction de socialisation :
- Il permet de mieux connaître l’adversaire qui n’est plus un étranger (au sens d’inconnu)
- tous les agents en conflit s’entendent sur plusieurs points: l’enjeu du conflit; les moyens
utilisables et légitimes de l’affrontement
- Les individus sont aussi mieux intégrés: le conflit leur permet de ne pas être totalement dominé
Une condition cependant : le but du conflit ne doit pas être l’élimination de l’adversaire
1 - Le fondateur Simmel
C'est le sociologue allemand Georg Simmel qui, au début du XXe siècle, met le
premier clairement en évidence leur dimension socialisatrice. Il pointe ainsi le fait
que l'affrontement, pourvu qu'il ne vise pas l'élimination de l'opposant, implique
plusieurs formes de reconnaissance: de l'adversaire tout d'abord, auquel il s'agit
de s'adapter, mais aussi de règles et, surtout, d'une cause commune autour de
laquelle on se confronte. Ce faisant, le conflit contribue à la réévaluation
périodique des règles qui fondent la vie sociale. En outre, à une échelle
individuelle, il permet également d'accepter l'altérité, notamment des personnes
dont on juge les comportements insupportables, tandis que la révolte permet
d'éviter d'être complètement écrasé par la domination.
Source : La dimension socialisatrice de l'affrontement, Les Dossiers
d'Alternatives Economiques Hors-série n° 002 - septembre 2015
Questions:
1. Que permet le conflit ?
Le conflit permet donc le changement social, puisqu’il assure une transformation
des valeurs et des normes. Il permet d’instituer de nouvelles règles qui s’adaptent
mieux évolutions sociales et à la diversité des comportements individuels
2 - Le conflit, facteur d’intégration au sein du
groupe

Le conflit social peut contribuer à l’intégration de chacun des groupes en conflit, pour les raisons
suivantes :
 le conflit renforce l’identité du groupe : l’opposition avec un autre groupe social permet
de mieux définir les traits caractéristiques du groupe et de mieux en délimiter les frontières
;
 le conflit renforce la cohésion du groupe : le sentiment d’appartenance des membres du
groupe est renforcé, le conflit renforce la nécessité d’être solidaires au sein du groupe ;
 le conflit renforce les liens sociaux au sein du groupe : le conflit conduit à des actions
collectives, qui créent des liens de sociabilité entre les membres du groupe.
Source : Un document de formation sur les conflits sociaux (Boris Herbelot, Académie d’Aix-
Marseille
Questions:
1. Comment le conflit peut-il assurer l’intégration des membres du groupe ?
Le conflit contribue à l’intégration car il renforce l’identité du groupe: les individus
maîtrisent mieux les normes, valeurs , les statuts et rôles définis par le groupe (in group) . Ils
connaissent les frontières qui les séparent des autres groupes, ce qui différencie les membres
du groupe des membres des autres groupes (out group)
Dans le conflit les membres qui entrent en lutte sont plus solidaires (c’est de la lutte que naît
la conscience de classe chez Marx) et développent des liens de sociabilité
3- Le conflit, facteur d’intégration entre les
groupes
Dans le but de renforcer leur intégration réciproque, les groupes sociaux peuvent mettre
périodiquement en œuvre des conflits sociaux ritualisés.
Le conflit social contribue également à créer davantage d’intégration sociale entre les
groupes en conflit, pour plusieurs raisons :
 le conflit social rapproche les groupes en conflit en créant une interaction entre eux
 le fait qu’il y ait un conflit social signifie que les groupes sociaux s’entendent sur la
légitimité de l’enjeu, ce qui constitue un point commun entre eux (par exemple, les champs
sociaux étudiés par Bourdieu sont structurés par le fait que les groupes en conflit s’entendent
sur la légitimité de l’enjeu) ;
 le conflit social peut créer des rapports entre les deux groupes, qui peuvent de ce fait
apprendre à mieux se connaître (comme cela peut être le cas dans le cadre de la démocratie
locale, par exemple) ;
Source : Un document de formation sur les conflits sociaux (Boris Herbelot, Académie d’Aix-
Marseille)
Questions:
1. Comment le conflit peut-il accroître le lien social entre membres de groupes différents ?
Les conflits sociaaux qui en apparence nuisent à la cohésion sociale , en créant du dissensus, ont au
contraire une fonction d’intégration sociale essentielle : ils définissent les enjeux légitimes sur
lesquels on s’entend pour entre en conflit. Dans le conflit on apprend à connaître les autres groupes ,
donc on tisse des liens ce qui renforce la cohésion sociale
Le conflit autour de la loi El Khomri,
un exemple de conflit intégrateur ?

L'opinion des jeunes est déjà bien tranchée sur le projet


de loi El Khomri pour réformer le droit du travail, alors qu’une
manifestation à l’appel du syndicat étudiant Unef est prévue ce
jeudi. Les 18-34 ans sont 78 % à y être opposés.
«C’est dommage pour une loi présentée comme voulant favoriser
leur entrée dans le monde du travail et surtout très inquiétant pour
un gouvernement qui craint plus que tout une explosion de la
jeunesse», souligne-t-on à Odoxa. Le président de l’institut de
sondage, Gaël Sliman, affirme que les jeunes sont notamment vent
debout contre l’assouplissement des motifs de licenciement
économique. «Ils ne sont pas opposés à l’esprit de la loi qui
consiste à ce que le salarié s’adapte davantage à son entreprise,
mais ils ont du mal à comprendre que licencier plus facilement
favorise in fine la création d’emplois», souligne-t-il.
«En diminuant leurs droits, cette loi ne fait que renforcer chez les
jeunes un sentiment d’instabilité alors qu’ils cumulent déjà les
emplois précaires et auront l’impression demain, s’ils sont engagés
en CDI, de l’être pendant plusieurs mois… en période d’essai»,
souligne le sociologue du travail Guy Friedmann
Source : 78% des jeunes sont opposés à la loi El Khomri, Le
Parisien, .13 Mars 2016
Le conflit autour de la loi El Khomri,
un exemple de conflit intégrateur ?

Ce mouvement peut assurer l’intégration des jeunes dans le groupe


 le conflit renforce l’identité du groupe : ce conflit met en
évidence les points communs qui rassemblent les jeunes : ils
sont certes relativement plus optimistes pour leur avenir que les
plus âgés. Mais ils sont victimes du déclassement et cette loi
pourrait rendre durable la précarité de leur emploi
 le conflit renforce la cohésion du groupe : pour pouvoir peser
, le mouvement doit être capable de mobiliser de nombreux
jeunes, y compris ceux qui n’adhèrent à aucun syndicat ou
mouvement politique
 le conflit renforce les liens sociaux au sein du groupe :le
syndicat étudiant l’Unef a lancé des manifestations contre cette
loi
Le conflit autour de la loi El Khomri,
un exemple de conflit intégrateur ?

Le conflit social contribue également à créer davantage d’intégration sociale


entre les groupes en conflit, pour plusieurs raisons :
 le conflit social rapproche les groupes en conflit en créant une interaction entre
eux : les deux camps sont obligés de tenir compte de l’autre
 le fait qu’il y ait un conflit social signifie que les groupes sociaux
s’entendent sur la légitimité de l’enjeu : le problème de l’emploi des jeunes est
considéré comme central par tous. Les jeunes ne sont pas opposés à l’esprit de la
loi qui consiste à ce que le salarié s’adapte davantage à son entreprise, mais ils
ont du mal à comprendre que licencier plus facilement favorise in fine la création
d’emploi
 le conflit social peut créer des rapports entre les deux groupes: ces
manifestations ont obligé le gouvernement à inviter les organisations étudiantes à
des réunions pour tenter d’expliquer la loi, puisque le gouvernement craint plus
que tout une explosion de la jeunesse»

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