IIème PARTIE APPROCHE ECOLOGUE EN
ANTHROPOLOGIE MEDICALE
IIème PARTIE APPROCHE ECOLOGUE EN ANTHROPOLOGIE
MEDICALE
Etant donné la diversité croissante des patients devienne de plus en plus important
pour les médecins de comprendre que les facteurs sociaux et culturels qui
influencent leur santé et leur prise en charge. Dans un contexte multiculturel, une
prise en charge médicale centrée sur le patient pose des défis spécifiques et exige
que les cliniciens aient une « compétence transculturelle clinique », c’estàdire
qu’ils adoptent un comportement adapté et disposent de connaissances et de
techniques appropriées.
IIème PARTIE APPROCHE ECOLOGUE EN ANTHROPOLOGIE
MEDICALE
Les concepts et le point de vue de l’anthropologie médicale permettent de mieux
cerner la nature interculturelle de la consultation médicale et de concevoir et
appliquer des méthodes qui assurent un suivi médical judicieux. Le cours
apporter à la médecine clinique.
Chapitre 4. Contributions de l’Anthropologie a la definition et a la
mesure des problemes de sante
Le regard émiques porté sur la maladie signifiée et la maladie
socialisée ne résume pas à lui seul l’approche anthropologique.
sans nier le rôle des croyances et de systèmes de représentations dans le rapport
de l’homme à la maladie , elle élargira le revenant des facteurs explicatifs de
l’incidence et de la prévalence des maladies
4.1. Les composantes de bases de l’approche écologique : holisme et systemisme
(suite)
tout système est une entité (1ere composante) formée des parties
appréhende l’individu comme un tout et traite le corps comme une entité unique et non par
Ensuite, elle doit analyser les interrelations entre ces éléments, déterminer les
biologiques,
environnementaux et
socioculturels,
Selon Alland, ce milieu n’est pas figé mais largement conditionné par la
culture, et c’est à cet environnement culturellement conditionné que
l’être humain devra s’adapter.
4.3 Les déterminants biologiques et culturels dans l’approche
écologique
Selon une telle approche, l’événement étudié doit pouvoir être prédit par la
environnement.
Influencée non seulement par l’approche clinique dominante en médecine mais aussi par
éléments soutenu ex. âme et corps) des groupes en cas – témoins ou la production d’indices
de risque relatif de contracter ou non une maladie, l’épidémiologie aura tendance à séparer
les individus en deux catégories opposées : les cas et les non cas, les normaux et les
anormaux, les affectés et non affectés (ex. cancéreux et non cancéreux, hypertendus et
normaux).
Même dans les cas où les problèmes de santé pourraient être gradués, on traitera
Lilien feld, dans un article traitant des liens historiques entre l’épidémiologie et la
santé publique, montre qu’à ses débuts, et bien avant qu’elle n’acquière son
siècle.
4.6. Anthropologie, épidémiologie et prévention
→ Il cite , entre autres , l’américain Frost qui , dès 1923 , affirmait que
l’amélioration de la santé publique ne passe pas seulement par les recherches de
laboratoire analysant les réactions d’ organismes déterminés dans des
conditions contrôles en laboratoire mais qu’elle « requiert une connaissance de
la communauté , de psychologie des gens , de leur organisation sociale, des
conditions et des événements de leur vie quotidienne.
4.6. Anthropologie, épidémiologie et prévention(suite)
Dans l’un et l’autre cas, l’influence des facteurs sociaux et culturels est
Le savoir populaire relié à la santé et à la maladie représente
l’élément central de la culture populaire relié à la santé et à la
principaux objets.
5.1 Les fonctions, les objets et les niveaux du savoir
populaire relié à la santé et à la maladie
Les fonctions
bâti à partir d’un ensemble d’éléments de base (croyances, attitudes, valeurs, etc.)
des objets du savoir , qui sont classés non seulement en catégories diagnostiques
prévention.
scientifiquement validées que les croyances, les attitudes, les valeurs, les
il n’est aucunement réductible à une fraction du savoir savant qui serait transféré
du monde savant au monde profane, pas plus qu’il n’est la somme des vestiges
o explicites, ce savoir attribue un sens à tous les objets, à tous les individus, à
santé et à la maladie. sont concernés ici , à titre d’ exemples , tous les éléments
de la
ambulanciers, etc.),
champ du savoir populaire est délimité par les frontières très larges du champ de
symptômes ; il peut retenir divers autres éléments de définition tels que des
o Par exemple, une adolescente qui dit à un éventuel partenaire sexuel « j’espère
que tu as pensé à apporter un condom » transmet un message explicite, à savoir
qu’elle souhaite disposer un condom, mais elle se trouve, de plus, à informer
implicitement son partenaire éventuel qu’elle refusera, sinon, la relation
sexuelle, qu’elle craint certaines conséquences du refus d’utiliser le condom,
qu’elle considère que c’était à lui d’y penser, etc.
o Il s’agit d’un niveau plus explicite du savoir. Quant aux connotations, elles sont,
selon Shweder, des attributs ou des aspects extrinsèques, des dérivés d’un objet
le « savoir oublié ».
o Il ne s’agit pas du seul savoir inconsciente, mais du « savoir dont on ne veut rien
savoir : les dangers du tabac, les méfaits de l’alcool , la diminution des capacités
avec l’âge, etc. Pour Young, ce phénomène n’est pas le fruit du hasard.
o Constituant un savoir secret, il est le résultat d’un effort pour soustraire certains
Les connaissances et les croyances (ces derniers n’étant que des
connaissances jugées fausses dans le cadre d’un savoir donné)
constituent les premiers éléments de base du savoir populaire.
Relevant de savoir explicite , elles sont clairement énoncées dans
le discours populaire et sont facilement accessibles à la recherche,
Elles peuvent être mises en évidences par des questions précises
portant sur la nature, les causes ou les conséquences d’ un
symptômes , d’ une maladie , d’une thérapie ou d’ un
comportements .
Autre élément de base du savoir populaire, les attitudes constituent des
En tant que dispositions envers un objet (on peut parler, par exemple, d’attitudes
consommation des fruits), elles peuvent être discernées à partir de l’analyse des
comportements observables.
Alors que les connaissances représentent des croyances descriptives ayant une
membres de l’entourage des symptômes observés et du contexte dans lequel ils
se présentent. La distinction établie par Mechanic entre maladies « définies par
soi » et celles « définies par les autres »est ici d’une grande utilité.
L’exemple des cas de troubles mentaux, de toxicomanie ou d’alcoolisme, qui
sont fréquemment définis par l’entourage, place l’individu dans une position où
le statut de malade lui est imposé. L’individu peut résister et nier son problème,
ce qui retardera son recours aux services. Dans les cas, toutefois, l’influence du
réseau social et de la famille est déterminante.
Devenir malade constitue donc un processus social d’accession au statut
responsabilités.
Notons que, dans nos sociétés fortement médicalisées, la sanction
habituelles.
malade.
Certains modèles explicatifs font nettement ressortir
l’influence de l’entourage social, en complémentarité avec le
savoir populaire, sur le processus de maintien de la santé.
Pour Suchman , par exemple , qui s’inspire des travaux de
Freidson , les choix des services de santé consultés , de
même que la succession et l’espacement des demandes de
services , seraient conditionnés par les deux facteurs , soit :
1. Le niveau de cohésion présenté par le groupe social
d’appartenance de l’individu ; 2. les orientations envers la
santé .
Le premier facteur, le niveau de cohésion du réseau social,
s’exprimerait sur trois plans : ceux de la communauté, du
réseau d’amis et de la famille.
L’effet conjugué du degré d’exclusivité ethnique, du degré de
solidarité entre amis et du degré d’adhésion à l’autorité et
aux traditions familiales peut s’exprimer par un indice de
structure sociale bipolaire de type paroissial/ cosmopolite.
Le pôle dit « paroissial » y est défini par un haut degré de
Le modèle élaboré par Freidson, comble en partie cette lacune.
Freidson considère le processus d’utilisation ou non –utilisation des
services comme une réaction sociétale organisée face à la maladie,
soit comme le résultat des pressions normatives de l’environnement
social sur le comportement de l’individu.
Le comportement de quête de santé serait ainsi largement
conditionné par ce que Freidson appelle « système populaire de
référence ».
nous le savons parce que leurs traces ont été retrouvées sur les
ossements dans des sites préhistoires. Mais elles sont vécues très
connaissons aujourd’hui.
Pendant des siècles, les épidémies ont constitué les maladies dominantes au sein
des sociétés. Bien sûr, d’autres types de maladies ont toujours existé. Nous en avons
Par exemple, décrit longuement dans les Essais les maladies des reins et de la vessie
dont il souffre. Mais les épidémies avaient des conséquences majeures sur le
devenir des sociétés et elles s’imposaient aussi dans l’ordre des représentations :
épidémie pouvait modifier le visage d’une région ou d’un pays par le nombre
1347 aurait fait, à elle seule, 26 millions de victimes, c’est –à-dire le quart de la
de quelques heures ; elle est parfois subie avec fatalisme par les malades
noire à Florence : « Une telle éprouvante était entée dans les cœurs aussi
bien chez les hommes que chez les femmes , que le frère abandonnait
son frère , l’oncle son neveu, la sœur son frère et souvent la femme son
mari .
6.2. L’expérience de la maladie au temps des épidémies(suite)
Dès lors , la maladie , dans le cas de la peste surtout , signifie le plus
de quelques heures ; elle est parfois subie avec fatalisme par les malades
noire à Florence : « Une telle éprouvante était entée dans les cœurs
aussi bien chez les hommes que chez les femmes , que le frère
abandonnait son frère , l’oncle son neveu, la sœur son frère et souvent la
Et chose plus forte et presque incroyable , les pères et les mères refusaient de
voir et de soigner leurs enfants comme si ceux –ci ne leur eussent point
appartenu » des paniques se produisent ; ceux qui peuvent , les riches surtout
par la colère .
pouvaient échapper.
La messe de morts était dite dans l’église tendue de draps noires ; on jetait
divine.
6.2. L’expérience de la maladie au temps des
épidémies(suite)
D’ailleurs, les médecins eux-mêmes ont longtemps considère que la
religieuse.
6.2. L’expérience de la maladie au temps des épidémies(suite)
La pauvreté est l’un des facteurs qui favorisent le
détournement des malades des hôpitaux vers la prière et la
médecine traditionnelle. Le caractère coûteux des soins dans
les hôpitaux et les formations médicales sérieuses est un des
obstacles qui empêchent certains africains de recourir à la
médecine occidentale. Une jeune femme à Lubumbashi donne
son témoignage : « je souffrais des maux de ventre aigus pendant de
longues années; On m’a amenée pour des soins à l’hôpital où, après
l’échographie, le médecin a déclaré que le cas était grave et qu’il fallait
amputer une trompe. L’opération s’annonçait coûteuse par rapport aux
moyens financiers dont nous disposions.
6.2. L’expérience de la maladie au temps des
épidémies(suite)
crucial. Pour les médecins aussi, la relation avec les malades représente un
problème important et l’on peut penser qu’ils y sont de plus en plus attentifs.
Cette préoccupation peut être très pratique : il faut bien prendre en compte le
point de vue des patients si l’on veut que ceux –ci se conforment aux
prescriptions.
6.3Les relations médecin –malade (Suite)
D’autre part, les médecins n’ignorent pas que la principale raison de
mécontentement invoquée dans de nombreuses enquêtes par les
usagers des services de santé concerne la « communication » entre
malades et soignants.
6.3Les relations médecin –malade (Suite)
Pour certains cependant, l’attention portée à ce problème est d’un
autre ordre. Ainsi, Dès 1927, un médecin américain, le docteur
Francis Peabody, émettait l’idée qu’un nombre important de
patients souffrent de troubles dont les causes organiques ne peuvent
être déterminées. Seule la relation privilégiée du médecin avec son
malade, l’écoute attentive celui-ci, peut permettre de déterminer les
troubles émotionnels qui sont à l’origine du mal.
6.3Les relations médecin –malade (Suite)
Plusieurs décennies plus tard, la psychanalyse anglaise Michel Balint s’inscrit dans
cette filiation.
Il élaborera une théorie de l’efficacité thérapeutique fondée sur ce qu’il appelle le
« remède –médecin » : l’écoute et l’attention portées au patient peuvent guérir au
même titre qu’un médicament. Pour les anthropologues cependant, la relation
médecin- malade ne doit pas être approchée en termes uniquement
psychologiques.
La rencontre entre deux personnages n’est pas qu’interpersonnelle.
Elle met en présence des malades et leur entourage, appartenant à des groupes
sociaux divers, et des membres d’une « profession » caractérisée par un statut
très spécifique. Leurs orientations, leur prestige, leur pouvoir ; ils sont donc
inscrits dans les rapports structurels de la société globale.
Par le fait qu’ils mettent en jeu des valeur sociales centrales, simultanément la
santé et la science, les rapports des malades avec la médecine ont été l’objet, au
cours des dernières décennies , d’une grande attention de la part des
anthropologues et d’un important effort de théorisation aboutissant à des modèles
CONCLUSION GENERALE
Retenons qu’en Afrique en général et en République Démocratique du Congo en
particulier, la maladie est vécue comme une menace pour l’identité de la
dans la vie de l’individu.
Non seulement le malade cherche à éliminer la cause de la maladie et à se
protéger contre une éventuelle récidive, mais il est amené à se poser des
questions plus fondamentales. Aussi, la recherche des solutions amène certains
africains à remonter jusqu’aux causes de la maladie qui peuvent être d’ordre
plusieurs raisons.
Ainsi, nous avons épinglé entre autres raisons qui poussent certains
etc.
Etant donné que la diversité croissante des patients, il devient de plus en plus
important pour les médecins de comprendre les facteurs sociaux et culturels
qui influencent leur santé et leur prise en charge. Dans un contexte
multiculturel, une prise en charge médicale centrée sur le patient pose des défis
spécifiques et exige que les cliniciens aient une « compétence transculturelle
clinique », c’est-à-dire qu’ils adoptent un comportement adapté et disposent de
connaissances et de techniques appropriées.
Le présent cours d’Anthropologie médicale explique en quoi consiste son
apport sur les personnels soignants.