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NOTIONS

ESSENTIELLES
DE DROIT
NOTIONS ESSENTIELLES DE DROIT

Marc BUGNON

Licencié en droit (1988)


Avocat (1993)
Substitut du Procureur général (1999)
Juge d’instruction (2003)
Procureur (2011) Spécialiste « Infractions violentes »
NOTIONS ESSENTIELLES DE DROIT

Plan sommaire du cours

I. Définitions et principes

II. Distinctions (droit public, droit privé)

III. Droit pénal – notions, principes et dispositions essentielles (accent


sur le mineur victime)

IV. Droit pénal des mineurs – notions et principes

V. Droit de la protection de l’enfant et de l’adulte

VI. Domaines particuliers (selon vœux des étudiants)


Définitions

Le droit: 4 acceptions principales:

1. Sentiment du droit ou de justice, fondé sur l’idée d’un


droit naturel immuable, supérieur au droit positif
dont il serait le soubassement et la référence

2. Synonyme de taxe ou d’impôt

3. Référence à une situation ou une attitude normale

4. Objet de la science des juristes (droit objectif)


Définitions

LE DROIT, AU SENS OBJECTIF:

L’ensemble des règles générales et abstraites


indiquant ce qui doit être fait dans un cas
donné, édictées ou reconnues par un organe
officiel, régissant l’organisation et le
déroulement des relations sociales et dont le
respect est en principe assuré par des moyens
de contrainte organisés par l’Etat.
Définitions

• La règle de droit dicte un devoir (caractère normatif).

• Le droit est un ensemble de règles générales et


abstraites

Générales: elles s’adressent à un nombre indéterminé


de personnes

Abstraites: elles régissent un nombre indéterminé de


situations concrètes
Définitions
La règle de droit est édictée ou reconnue par un organe officiel, ou
par des particuliers en vertu de la liberté laissée par la loi (contrats,
par ex).

Le juriste applique des règles formelles; le sociologue étudie


toutes les règles, officielles ou non, par lesquelles les hommes
s’organisent, résolvent leurs conflits, etc.

Le droit régit l’organisation et le déroulement des relations sociales.

« Ubi societas, ibi ius » : le droit est un phénomène de société


organisée. On parle de socialité ou d’altérité du droit (prise en
compte d’autrui).
Le droit n’a pas d’incidence sur l’individu, tant que le
comportement de celui-ci n’a pas d’effet sur les tiers ou la société.
Définitions

La règle de droit est sanctionnée par la contrainte.

La règle juridique est assortie d’une sanction pour inciter


à son respect et obliger ceux qui la violent à la respecter
à l’avenir.

Sanctions directes: rétablissement du droit violé, au


besoin par la contrainte

Sanctions indirectes: appliquées dans les cas où il est


impossible de rétablir le droit violé, mais en assurent
indirectement le respect
Quelques distinctions

DROIT PUBLIC / DROIT PRIVE

Le droit public englobe l’ensemble des règles concernant


l’organisation de l’Etat, son fonctionnement et ses
attributions. Il a quatre caractéristiques:

1. Il vise l’intérêt général.

2. Il est lié à la politique.

3. C’est un droit autoritaire.

4. Il est récent.
Quelques distinctions

Le droit public comprend:

1. Le droit constitutionnel
2. Le droit administratif
3. Le droit de procédure et de l’exécution forcée

Le droit pénal en possède la plupart des caractéristiques,


mais peut être considéré comme un domaine spécifique,
notamment pour des motifs historiques.
Le droit constitutionnel

Le droit constitutionnel comprend l’ensemble des règles


d’organisation et de fonctionnement, en général contenue dans
la loi fondamentale (Grundgesetz) qu’est la Constitution:

Les éléments concrets de l’Etat (territoire et population);


La structure de l’Etat: la Confédération, les cantons et
leurs rapports;
L’organisation de l’Etat (droits politiques, fonctionnement
des principaux organes);
Les règles sur les droits fondamentaux;
Les règles sur la procédure de révision de la Constitution.
Le droit administratif

Le droit administratif est l’ensemble des règles qui


régissent la gestion courante des affaires publiques par les
organes de l’administration. Il s’agit par exemple:

De l’organisation de l’administration;


Des grands services publics (justice, défense,
enseignement, ...)
Du droit fiscal;
Du droit économique (droit bancaire, droit de
l’énergie, droit rural, droit des télécommunications, ...)
Du droit social (droit du travail, droit des assurances
sociales, droit de la santé,...)
Etc...
Le droit de procédure et de l’exécution forcée

Le droit de procédure est aussi appelé droit formel, par opposition


au droit de fond, ou droit matériel.

Il a pour but la reconnaissance des droits et leur réalisation dans les


faits; c’est une exigence de la règle juridique puisqu’elle est dotée en
principe de force contraignante.

La procédure judiciaire règle trois sortes de question:

1. L’organisation des tribunaux (fixation de la composition des


autorités et de la répartition des compétences);
2. La procédure proprement dite (description des différentes phases
du procès, y compris les voies de recours);
3. Le droit de l’exécution (fixation des mesures de coercition qui
permettent de faire passer le jugement dans les faits).
Quelques exemples de droit de procédure

1. La procédure civile et l’exécution forcée

La procédure civile énonce les règles régissant


l’organisation et l’activité des juridictions appelées à
trancher les litiges survenant dans l’application du droit
privé. C’est un complément nécessaire du droit privé.

Le droit de l’exécution forcée contient l’ensemble des règles


permettant à un sujet de droit privé d’obtenir l’exécution
des jugements rendus en sa faveur, même contre la volonté
du débiteur (ex: droit de la poursuite et de la faillite).
Quelques exemples de droit de procédure

2. La procédure pénale

La procédure pénale contient l’ensemble des règles


régissant l’organisation et l’activité des organes chargés
d’appliquer le droit pénal. Elle règle:

• L’organisation des autorités (Ministère public, par ex)


et des tribunaux pénaux;
• Les différentes phases de l’instruction et du procès
pénal;
• L’exécution des peines.
Quelques exemples de droit de procédure

UNIFICATION DES DROITS DE PROCEDURE

Jusqu’au 1er janvier 2011, les droits de procédure relevaient pour


l’essentiel des cantons; il y avait donc 26 codes de procédure
civile et 26 codes de procédure pénale.

Dans un souci de simplification, d’harmonisation et d’efficacité,


ces règles de procédure font désormais l’objet de lois fédérales:

1. Code de procédure civile (CPC) du 19.12.2008

2. Code de procédure pénale (CPP) du 05.10.2007

3. LF sur la procédure pénale applicable aux mineurs


(PPMin)
Le droit privé

Définition:

Le droit privé englobe l’ensemble des règles applicables


aux rapports entre particuliers.

On le subdivise traditionnellement en trois branches:

1. Le droit civil

2. Le droit commercial

3. Le droit international privé


Le droit civil

Le droit civil (suisse) comprend les matières suivantes:

1. Le droit des personnes, qui fixe le statut des personnes


physiques et morales;
2. Le droit de la famille, qui régit la création, les effets et la
dissolution des liens de parenté (droit du mariage, droit de la
filiation, droit de la tutelle)
3. Le droit des successions, qui traite du sort des biens d’une
personne après son décès;
4. Les droits réels, qui régissent les rapports qu’une personne
peut avoir directement sur les choses mobilières et
immobilières;
5. Le droit des obligations, qui traite spécialement des créances
et des dettes (droit des contrats, droit de la responsabilité
civile).
Le droit commercial

Le droit commercial englobe l’ensemble des règles particulières


applicables aux relations de commerce (droit des affaires).

On peut le subdiviser en trois matières:

1. L’entreprise commerciale (statut du commerçant et des


sociétés commerciales, ou droit des sociétés)

2. Les biens et l’activité commerciale (par exemple droit de la


propriété immatérielle, droit des papiers-valeurs, ...)

3. Domaines spéciaux (droit des cartels, droit de la


concurrence, droit bancaire, droit des assurances privées, ...)
Le droit international privé

Le droit international privé comprend l’ensemble des règles de droit


interne qui déterminent le juge compétent et la loi applicable à un
conflit de droit privé comportant un élément d’extranéité. Il ne
résout pas la difficulté juridique sur le fond, mais deux catégories de
problèmes préliminaires:

1. Les conflits de juridictions: quel tribunal, national ou étranger,


est compétent pour connaître d’un litige
2. Les conflits de loi: quelle est la loi applicable à la solution d’un
litige déterminé?
En droit suisse, cette matière est essentiellement régie par la LF sur le
droit international privé (LDIP), du 18.12.1987.
Le droit pénal

Définition:

Le droit pénal englobe l’ensemble des règles déterminant les


atteintes à l’ordre social appelées infractions et établissant les
peines destinées à les réprimer.

Le droit pénal est une réaction de défense de la société contre


certaines atteintes à son organisation. Il est la garantie de la paix
sociale.

Traditionnellement, le droit pénal fait partie du droit public


puisque la sanction est exclusivement le fait de l’autorité publique
et qu’il a pour objet la défense de la société; mais en réalité, il
s’agit d’un troisième domaine du droit, à côté du droit public et
du droit privé.
Le droit pénal

En effet:

•Il a toujours existé des juridictions spécialisées en matière


pénale et une procédure pénale distincte;

•Certaines notions fondamentales ne sont ni celles du droit


privé, ni celles du droit public: responsabilité pénale, régime
des preuves, intime conviction, pouvoir d’adaptation du juge,
etc.;

•Le droit pénal se ramifie en branches spéciales (droit pénal


des mineurs, droit pénal économique) et fait appel à de
nombreuses sciences auxiliaires (criminologie, psychiatrie
forensique, médecine légale, sciences physiques (balistique,
etc.) et chimiques (toxicologie), etc.).
Le droit pénal

Deux particularités du droit pénal:

1. Il est dominé par le souci des Droits de l’homme, ou Droits


humains;
2. Il obéit au principe de la légalité des délits et des peines:
Nullum crimen sine lege (la loi définit les infractions
et le juge ne peut en créer de nouvelles)

Nulla poena sine lege (la loi définit les sanctions


applicables et ne peut en créer de nouvelles)
Le droit pénal

Distinctions:
 Le droit pénal commun est le droit pénal (essentiellement
contenu dans le Code pénal) appliqué par les juridictions
ordinaires
 Le droit pénal spécial traite des infractions qui sont soumises à
des juridictions spécialisées (droit pénal militaire, droit pénal
administratif).

 Le droit pénal international est du droit interne qui a pour objet


des infractions comportant un élément d’extranéité (ex: LF sur
l’entraide internationale en matière pénale, EIMP)
 Le droit international pénal est du droit international qui traite
de problèmes de droit pénal (ex: Convention européenne
d’entraide judiciaire en matière pénale)
Quelques principes du droit pénal

Le principe de l'égalité devant la justice : Le principe de


l'égalité des citoyens devant la justice signifie que toute
personne a une égale vocation à être jugée par les mêmes
juridictions et selon les mêmes règles, sans aucune
discrimination.
Quelques principes du droit pénal

Le principe de la légalité des délits et des peines signifie


que seuls les comportements préalablement qualifiés
d'infractions par la loi peuvent être poursuivis et seules
les peines préalablement fixées par le législateur
peuvent être infligées.
Quelques principes du droit pénal

Le principe de non rétroactivité des lois pénales est un


corollaire du principe de la légalité des délits et des
peines. Seuls sont punissables les faits constitutifs d'une
infraction à la date de laquelle ils ont été commis.
Peuvent seules être prononcées les peines applicables à la
même date.

Mais ...
Quelques principes du droit pénal

Une disposition pénale est cependant applicable aux


crimes et aux délits commis avant la date de son entrée
en vigueur si l’auteur n’est mis en jugement qu’après
cette date et si le présent code lui est plus favorable que
la loi en vigueur au moment de l’infraction (principe de
la lex mitior).
Quelques principes du droit pénal

Le principe de la présomption d'innocence signifie que


tant qu'une personne n'a pas été condamnée
définitivement par une juridiction pénale, elle doit être
considérée et traitée comme une personne innocente
(principe « in dubio pro reo »).
Quelques principes du droit pénal

Le principe de l'autorité de la chose jugée : autorité


attachée à un acte juridictionnel servant de fondement
à l'exécution forcée de la décision de justice et
interdisant que la même affaire entre les mêmes
parties soit à nouveau jugée (principe « ne bis in
idem »).
Quelques principes du droit pénal

Le principe de la force exécutoire du jugement est l'effet


attaché à une décision de justice qui peut faire l'objet
d'une exécution forcée à l'aide de la force publique
Le Code pénal suisse

La partie générale du Code pénal: dispositions applicables à


tout le droit pénal (art. 1 à 110 CP)

La partie spéciale du Code pénal: énumération des principales


infractions et des sanctions qui leur sont attachées (art. 111ss
CP)

Autres sources du droit pénal:

Les dispositions figurant dans des lois fédérales spéciales


(LStup, LCR, LEtr, LNI, LCD, ...)

Les dispositions de droit cantonal (exclusivement de


niveau contraventionnel)
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 3 CP

Conditions de lieu
Crimes ou délits commis en Suisse

1Le présent code est applicable à quiconque commet un crime


ou un délit en Suisse.
2 Si, en raison d’un tel acte, l’auteur a été condamné à

l’étranger et qu’il y a subi la totalité ou une partie de la peine


prononcée contre lui, le juge impute la peine subie sur la peine
à prononcer.

(...)
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 5 CP
Infractions commises à l’étranger sur des mineurs

Le présent code est applicable à quiconque se trouve en Suisse et


n’est pas extradé, et a commis à l’étranger l’un des actes suivants:
a. traite d’être humains (art. 182), contrainte sexuelle (art. 189), viol
(art. 190), acte d’ordre sexuel commis sur une personne
incapable de discernement ou de résistance (art. 191) ou
encouragement à la prostitution (art. 195), si la victime avait
moins de 18 ans;
b. acte d’ordre sexuel avec un enfant (art. 187), si la victime avait
moins de 14 ans;
c. pornographie qualifiée (art. 197, ch. 3), si les objets ou les
représentations avaient comme contenu des actes d’ordre sexuel
avec des enfants.
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 10 CP
Crimes et délits. Définitions

1Le présent code distingue les crimes des délits en fonction de


la gravité de la peine dont l’infraction est passible.
2Sont des crimes les infractions passibles d’une peine privative
de liberté de plus de trois ans.
3Sont des délits les infractions passibles d’une peine privative
de liberté n’excédant pas trois ans ou d’une peine pécuniaire.
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 103 - 109


Contraventions.

Sont des contraventions les infractions passibles d’une


amende.

Sauf disposition contraire de la loi, le montant


maximum de l’amende est de CHF 10’000.-.
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 11
Commission par omission

1Uncrime ou un délit peut aussi être commis par le fait d’un


comportement passif contraire à une obligation d’agir.

(...)

Ex:
Violation d’une obligation d’entretien (217 CP); violation du devoir
d’assistance ou d’éducation (219 CP); omission de prêter secours
(128 CP); etc.
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 128 Omission de prêter secours

Celui qui n’aura pas prêté secours à une personne qu’il a blessée ou à une
personne en danger de mort imminent, alors que l’on pouvait
raisonnablement l’exiger de lui, étant donné les circonstances,

celui qui aura empêché un tiers de prêter secours ou l’aura entravé dans
l’accomplissement de ce devoir,

sera puni d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une
peine pécuniaire
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 219 Violation du devoir d’assistance ou d’éducation

1 Celui qui aura violé son devoir d’assister ou d’élever une personne
mineure dont il aura ainsi mis en danger le développement physique
ou psychique, ou qui aura manqué à ce devoir, sera puni d’une peine
privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire.
2Si le délinquant a agi par négligence, la peine pourra être une
amende au lieu d’une peine privative de liberté ou d’une peine
pécuniaire.
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 12 CP
Intention et négligence. Définitions

1 Sauf disposition expresse et contraire de la loi, est seul


punissable l’auteur d’un crime ou d’un délit qui agit
intentionnellement.
2 Agit intentionnellement quiconque commet un crime ou un
délit avec conscience et volonté. L’auteur agit déjà
intentionnellement lorsqu’il tient pour possible la réalisation
de l’infraction et l’accepte au cas où celle-ci se produirait.
3 Agit par négligence quiconque, par une imprévoyance
coupable, commet un crime ou un délit sans se rendre compte
des conséquences de son acte ou sans en tenir compte.
L’imprévoyance est coupable quand l’auteur n’a pas usé des
précautions commandées par les circonstances et par sa
situation personnelle.
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 15 CP
Légitime défense
Quiconque, de manière contraire au droit, est attaqué ou
menacé d’une attaque imminente a le droit de repousser
l’attaque par des moyens proportionnés aux circonstances; le
même droit appartient aux tiers.
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 19 CP
Irresponsabilité et responsabilité restreinte

1 L’auteur n’est pas punissable si, au moment d’agir, il ne


possédait pas la faculté d’apprécier le caractère illicite de son acte
ou de se déterminer d’après cette appréciation.
2 Le juge atténue la peine si, au moment d’agir, l’auteur ne
possédait que partiellement la faculté d’apprécier le caractère
illicite de son acte ou de se déterminer d’après cette appréciation.
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 20 CP
Doute sur la responsabilité de l’auteur

L’autorité d’instruction ou le juge ordonne une expertise s’il


existe une raison sérieuse de douter de la responsabilité de
l’auteur.
Mandat du Procureur à un expert psychiatre

Affaire T. O. (assassinat)
Mandat du Procureur à un expert psychiatre
Mandat du Procureur à un expert psychiatre
Mandat du Procureur à un expert psychiatre
Mandat du Procureur à un expert psychiatre
Mandat du Procureur à un expert psychiatre
Mandat du Procureur à un expert psychiatre
Principales règles énoncées dans la partie générale du Code pénal

Art. 30 CP
Plainte du lésé. Droit de plainte

Si une infraction n'est punie que sur plainte, toute personne


lésée peut porter plainte contre l'auteur.

2 Si le lésé n'a pas l'exercice des droits civils, le droit de porter


plainte appartient à son représentant légal. Si l'ayant droit est
sous tutelle ou sous curatelle de portée générale, le droit de
porter plainte appartient également à l'autorité de protection de
l'adulte.

3 Le lésé mineur ou placé sous curatelle de portée générale a le


droit de porter plainte s'il est capable de discernement.

(...)
Les peines

Les différentes peines:

La peine pécuniaire


Le travail d’intérêt général
La peine privative de liberté
L’amende
Les peines

Peine pécuniaire

1Sauf disposition contraire de la loi, la peine pécuniaire ne peut


excéder 360 jours-amende. Le juge fixe leur nombre en fonction
de la culpabilité de l’auteur.
2 Le jour-amende est de 3000 francs au plus. Le juge en fixe le
montant selon la situation personnelle et économique de
l’auteur au moment du jugement, notamment en tenant
compte de son revenu et de sa fortune, de son mode de vie, de
ses obligations d’assistance, en particulier familiales, et du
minimum vital.
(...)
Les peines

Peine privative de liberté de substitution: dans la mesure


où le condamné ne paie pas la peine pécuniaire et que
celle-ci est inexécutable par la voie de la poursuite pour
dettes (art. 35, al. 3), la peine pécuniaire fait place à une
peine privative de liberté. Un jour-amende correspond à
un jour de peine privative de liberté.
Dispositif d’une ordonnance pénale
Dispositif d’une ordonnance pénale
Dispositif d’une ordonnance pénale
Les peines

Travail d’intérêt général

1 A la place d’une peine privative de liberté de moins de six mois


ou d’une peine pécuniaire de 180 jours-amende au plus, le juge
peut ordonner, avec l’accord de l’auteur, un travail d’intérêt
général de 720 heures au plus.
2 Le travail d’intérêt général doit être accompli au profit

d’institutions sociales, d’œuvres d’utilité publique ou de


personnes dans le besoin. Il n’est pas rémunéré.
Les peines

Conversion du travail d’intérêt général


1 Le juge convertit le travail d’intérêt général en une peine
pécuniaire ou en une peine privative de liberté dans la
mesure où, malgré un avertissement, le condamné ne
l’exécute pas conformément au jugement ou aux
conditions et charges fixées par l’autorité compétente.
2 Quatre heures de travail d’intérêt général correspondent
à un jour-amende ou à un jour de peine privative de
liberté.
Les peines

Peine privative de liberté

La durée de la peine privative de liberté est en règle


générale de six mois au moins et de 20 ans au plus.
Lorsque la loi le prévoit expressément, la peine privative de
liberté est prononcée à vie.
Le sursis

Art. 42 Sursis à l’exécution de la peine

Le juge suspend en règle générale l’exécution d’une peine


pécuniaire, d’un travail d’intérêt général ou d’une peine
privative de liberté de six mois au moins et de deux ans
au plus lorsqu’une peine ferme ne paraît pas nécessaire
pour détourner l’auteur d’autres crimes ou délits.
Le sursis

Art. 43 Sursis partiel à l’exécution de la peine

1Le juge peut suspendre partiellement l’exécution d’une peine


pécuniaire, d’un travail d’intérêt général ou d’une peine privative
de liberté d’un an au moins et de trois ans au plus afin de tenir
compte de façon appropriée de la faute de l’auteur.
2 La partie à exécuter ne peut excéder la moitié de la peine.
3 En cas de sursis partiel à l’exécution d’une peine privative de
liberté, la partie suspendue, de même que la partie à exécuter,
doivent être de six mois au moins. Les règles d’octroi de la
libération conditionnelle (art. 86) ne lui sont pas applicables.
Le sursis

Art. 44 Délai d’épreuve

1 Si le juge suspend totalement ou partiellement


l’exécution d’une peine, il impartit au condamné un
délai d’épreuve de deux à cinq ans.
2Le juge peut ordonner une assistance de probation et
imposer des règles de conduite pour la durée du délai
d’épreuve.
(...)
Fixation de la peine

Art. 47 Principe
1Le juge fixe la peine d’après la culpabilité de l’auteur. Il
prend en considération les antécédents et la situation
personnelle de ce dernier ainsi que l’effet de la peine sur
son avenir.
2La culpabilité est déterminée par la gravité de la lésion ou
de la mise en danger du bien juridique concerné, par le
caractère répréhensible de l’acte, par les motivations et les
buts de l’auteur et par la mesure dans laquelle celui-ci
aurait pu éviter la mise en danger ou la lésion, compte tenu
de sa situation personnelle et des circonstances
extérieures.
En résumé ...

Les différentes infractions:

Les contraventions:
 amende

Les délits:
 peine privative de liberté de moins de 3 ans
 peine pécuniaire

Les crimes:
 peine privative de liberté de plus de 3 ans
En résumé ...

Les contraventions:

Amende jusqu’à CHF 10’000.-


A la place de l’amende, possibilité d’infliger un TIG de 360
heures au plus
Pas de sursis possible pour l’amende ou le TIG
Le jugement doit mentionner le nombre de jours de
privation de liberté en cas de non-paiement de l’amende
En résumé ...

La peine pécuniaire:

Exprimée en jours-amendes (par ex. 300 jours à CHF 50.- par jour)
Fixation de la peine pécuniaire en deux temps:
•détermination du nombre de jours selon la culpabilité
•fixation du montant de l’amende par jour en fonction de la
situation financière
Valeur minimale du jour: CHF 10.- (fixation jurisprudentielle)
Maximum: 360 jours à CHF 3’000.-
Sursis et sursis partiel possibles
En cas de non-paiement: peine privative de liberté pour le nombre
de jours définis
En résumé ...

Critères de fixation de la valeur du jour-amende:

Revenu
Fortune
Mode de vie
Obligations d’assistance et familiales
Minimum vital
En résumé ...

Sources de renseignements pour la détermination de cette


valeur:

Les informations fournies par le prévenu lui-même


L’administration fiscale
Les employeurs
Les caisses de chômage
Les services sociaux
Etc.
En résumé ...

Le travail d’intérêt général (TIG):

A la place d’une amende (360 heures au plus)


A la place d’une peine pécuniaire de 180 jours-amende au
plus (720 heures)
4 heures de TIG valent un jour de PP ou de PPL
Nécessite l’accord du condamné
Sursis et sursis partiel possible
Conversion en PP ou en PPL en cas d’inexécution
En résumé ...

La peine privative de liberté (PPL):

En principe, minimum 6 mois

Exceptionnellement, inférieure à 6 mois si sursis pas possible


et si ni une PP ni un TIG ne peut être exécuté; nécessité de
motiver de manière circonstanciée

Maximum 20 ans, ou à vie si la loi le prévoit expressément

Sursis possible pour les peine inférieures ou égales à 2 ans

Sursis partiel possible pour les peines inférieures ou égales à


3 ans
Les mesures

Les mesures:

1. Mesures thérapeutiques et internement

1.1 Mesures thérapeutiques institutionnelles


1.1.1 Traitement des troubles mentaux
1.1.2 Traitement des addictions
1.1.3 Mesures applicables aux jeunes adultes

1.2 Traitement ambulatoire

1.3 Internement

2. Autres mesures
Les mesures

Art. 56 Principes

Une mesure doit être ordonnée:


a. si une peine seule ne peut écarter le danger que l’auteur
commette d’autres infractions;
b. si l’auteur a besoin d’un traitement ou que la sécurité
publique l’exige et
c. si les conditions prévues aux art. 59 à 61, 63 ou 64 sont
remplies.
Les mesures

Art. 59 Traitement des troubles mentaux

1 Lorsque l’auteur souffre d’un grave trouble mental, le juge


peut ordonner un traitement institutionnel aux conditions
suivantes:
a. l’auteur a commis un crime ou un délit en relation avec
ce trouble;
b. il est à prévoir que cette mesure le détournera de
nouvelles infractions en relation avec ce trouble.

2Le traitement institutionnel s’effectue dans un


établissement psychiatrique approprié ou dans un
établissement d’exécution des mesures.
Traitement des addictions

Art. 60 Traitement des addictions


1 Lorsque l’auteur est toxico-dépendant ou qu’il souffre d’une

autre addiction, le juge peut ordonner un traitement


institutionnel aux conditions suivantes:
l’auteur a commis un crime ou un délit en relation avec cette
addiction;
b. il est à prévoir que ce traitement le détournera d’autres
infractions en relation avec cette addiction.
2 Le juge tient compte de la demande et de la motivation de

l’auteur.
3 Le traitement s’effectue dans un établissement spécialisé ou,

si besoin est, dans un hôpital psychiatrique. Il doit être


adapté aux besoins particuliers de l’auteur et à l’évolution
de son état.
Mesures applicables aux jeunes adultes

Art. 61 Mesures applicables aux jeunes adultes

1 Sil’auteur avait moins de 25 ans au moment de l’infraction et


qu’il souffre de graves troubles du développement de la
personnalité, le juge peut ordonner son placement dans un
établissement pour jeunes adultes aux conditions suivantes:

a. l’auteur a commis un crime ou un délit en relation avec ces


troubles;
b. il est à prévoir que cette mesure le détournera de nouvelles
infractions en relation avec ces troubles.
Mesures applicables aux jeunes adultes

2Les établissements pour jeunes adultes doivent être séparés des


autres établissements prévus par le présent code.
3 Leplacement doit favoriser l’aptitude de l’auteur à vivre de façon
responsable et sans commettre d’infractions. Il doit notamment lui
permettre d’acquérir une formation ou un perfectionnement.
Traitement ambulatoire

Art. 63 Traitement ambulatoire


1 Lorsque l’auteur souffre d’un grave trouble mental, est toxico-
dépendant ou qu’il souffre d’une autre addiction, le juge peut
ordonner un traitement ambulatoire au lieu d’un traitement
institutionnel, aux conditions suivantes:
a. l’auteur a commis un acte punissable en relation avec son
état;
b. il est à prévoir que ce traitement le détournera de nouvelles
infractions en relation avec son état.
2Si la peine n’est pas compatible avec le traitement, le juge peut
suspendre, au profit d’un traitement ambulatoire, l’exécution
d’une peine privative de liberté ferme prononcée en même temps
que le traitement (...).
Internement

Art. 64 Internement

Le juge ordonne l’internement si l’auteur a commis un


assassinat, un meurtre, une lésion corporelle grave, un viol, un
brigandage, une prise d’otage, un incendie, une mise en danger
de la vie d’autrui, ou une autre infraction passible d’une peine
privative de liberté maximale de cinq ans au moins, par laquelle
il a porté ou voulu porter gravement atteinte à l’intégrité
physique, psychique ou sexuelle d’autrui et si:
Internement

a. en raison des caractéristiques de la personnalité de l’auteur,


des circonstances dans lesquelles il a commis l’infraction et
de son vécu, il est sérieusement à craindre qu’il ne
commette d’autres infractions du même genre, ou
b. en raison d’un grave trouble mental chronique ou récurrent
en relation avec l’infraction, il est sérieusement à craindre
que l’auteur ne commette d’autres infractions du même
genre et que la mesure prévue à l’art. 59 semble vouée à
l’échec.
Internement à vie

Le juge ordonne l’internement à vie si l’auteur a commis un assassinat,


un meurtre, une lésion corporelle grave, un viol, un brigandage, une
contrainte sexuelle, une séquestration, un enlèvement ou une prise
d’otage, s’il s’est livré à la traite d’êtres humains, a participé à un
génocide ou a commis un crime contre l’humanité ou un crime de
guerre (titre 12ter) et que les conditions suivantes sont remplies:
a. en commettant le crime, l’auteur a porté ou voulu porter une
atteinte particulièrement grave à l’intégrité physique, psychique ou
sexuelle d’autrui;
b. il est hautement probable que l’auteur commette à nouveau un de
ces crimes;
c. l’auteur est qualifié de durablement non amendable, dans la
mesure où la thérapie semble, à longue échéance, vouée à l’échec.
Autres mesures

Mesures non thérapeutiques:

Cautionnement préventif
Interdiction d’exercer une activité, de contact et
géographique
Interdiction de conduire
Publication du jugement
Confiscation d’objets dangereux
Confiscation de valeurs patrimoniales
Créance compensatrice
Allocation au lésé
Assistance de probation

Art. 93

L’assistance de probation doit préserver les personnes


prises en charge de la commission de nouvelles
infractions, et favoriser leur intégration sociale. L’autorité
chargée de l’assistance de probation apporte l’aide
nécessaire directement ou en collaboration avec d’autres
spécialistes.
La prescription

La prescription de l'action publique est le principe selon


lequel l'écoulement d'un délai entraîne l'extinction de
l'action publique et rend de ce fait toute poursuite
impossible. L'auteur d'une infraction ne pourra plus être
poursuivi.

La prescription de la peine est le principe selon lequel


toute peine, lorsque celle-ci n'a pas été mise à exécution
dans un certain délai fixé par la loi, ne peut plus être
subie.
La prescription de l’action pénale
Art. 97
L’action pénale se prescrit:
a. par 30 ans si l’infraction est passible d’une peine privative de
liberté à vie;
b. par quinze ans si elle est passible d’une peine privative de
liberté de plus de trois ans;
c. par sept ans si elle est passible d’une autre peine.

En cas d’actes d’ordre sexuel avec des enfants (art. 187) et des
mineurs dépendants (art. 188), et en cas d’infractions au sens
des art. 111, 113, 122, 124, 182, 189 à 191 et 195 dirigées
contre un enfant de moins de 16 ans, la prescription de l’action
pénale court en tout cas jusqu’au jour où la victime a 25 ans.
La prescription de la peine

Art. 99
Les peines se prescrivent:
a. par 30 ans si une peine privative de liberté à vie a été
prononcée;
b. par 25 ans si une peine privative de liberté de dix ans au
moins a été prononcée;
c. par 20 ans si une peine privative de liberté de cinq ans au
moins, mais de moins de dix ans a été prononcée;
d. d. par quinze ans si une peine privative de liberté de plus d’un
an, mais de moins de cinq ans a été prononcée;
e. par cinq ans si une autre peine a été prononcée.
Imprescriptibilité

Art. 101
Sont imprescriptibles:
a. le génocide (art. 264);
b. les crimes contre l’humanité (art. 264a, al. 1 et 2);
c. les crimes de guerre (art. 264c, al. 1 à 3, 264d, al. 1 et 2,
264e, al. 1 et 2, 264f, 264g, al. 1 et 2, et 264h);
d. les crimes commis en vue d’exercer une contrainte ou une
extorsion et qui mettent en danger ou menacent de mettre
en danger la vie et l’intégrité corporelle d’un grand nombre
de personnes, notamment par l’utilisation de moyens
d’extermination massifs, par le déclenchement d’une
catastrophe ou par une prise d’otage.
Imprescriptibilité

Initiative « Marche blanche » en faveur de


l’imprescriptibilité des crimes pédophiles, adoptée par le
peuple suisse le 30.11.2008. Processus législatif de mise en
œuvre en cours.

L'initiative populaire a la teneur suivante:


La Constitution fédérale du 18 avril 1999 est modifiée comme
suit:
Art. 123b (nouveau) Imprescriptibilité de l'action pénale et de la
peine pour les auteurs d'actes d'ordre sexuel ou pornographique
sur des enfants impubères.
L'action pénale et la peine pour un acte punissable d'ordre
sexuel ou pornographique sur un enfant impubère sont
imprescriptibles.

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