La Commission européenne propose les critères suivants :
La RSE couvre les matières sociales et environnementales. La RSE n'est pas et ne devrait pas être séparée de la stratégie et des opérations commerciales : puisqu'il s'agit d'intégrer les préoccupations sociales et environnementales dans ces stratégies et opérations. La RSE est un concept volontaire. Un aspect important de la RSE est la manière dont les entreprises interagissent avec leurs parties prenantes internes et externes (employés, clients, voisins, ONG, autorités publiques, etc.). • En pratique, la mise en œuvre d'une RSE consiste à produire un progrès continu dans les domaines du social, de l'environnemental et de l'économique. Elle couvre, par exemple, la qualité globale des filières d'approvisionnement, de la sous-traitance, le bien-être des salariés, leur santé, l'empreinte écologique de l'entreprise, etc. Cette mise en œuvre demande donc, outre une bonne perception de l'environnement de l'entreprise, des compétences en conduite du changement pour intégrer l'intérêt des parties prenantes, une connaissance fine des enjeux planétaires et de leurs déclinaisons politiques et réglementaires, et enfin, une connaissance des solutions techniques et managériales qui contribuent à l'amélioration des processus sanitaires, environnementaux et sociaux dans les organisations. • On observe depuis quelques années une demande sociale croissante adressée aux entreprises dans le sens d’une plus grande responsabilité attendue de leurs pratiques, sur le plan environnemental, mais aussi sur le plan des droits de l’homme, du respect des salariés, etc. Ces responsabilités sont aujourd’hui orientées sur la dimension sociale et sociétale. L’entreprise ne pourrait donc plus se contenter d’être un simple agent économique générateur de richesses (Bowen, 1953) mais serait appelée à devenir un acteur social engagé (Imbs, 2005). Rappelons que la Commission Européenne définit la RSE comme « l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes ». • Le concept de RSE est ici étroitement lié aux notions d’éthique et de développement durable ; il est fondé sur le triple bottom line : le volet environnemental, le volet économique et le volet social (Caroll, 1979). Cette « entreprise socialement responsable » est protéiforme. Elle doit notamment assurer l’employabilité de ses collaborateurs grâce à la formation, leur permettre de s’épanouir en veillant au bon équilibre entre vie professionnelle et privée, assurer l’égalité des chances entre hommes et femmes, respecter la diversité etc. (Chauveau et Rose, 2003). Et dès le début des années 2000, F. Ribout, PDG du Groupe Danone déclarait dans son Rapport de responsabilité sociale : « L’entreprise socialement responsable n’est pas celle qui fuit les responsabilités économiques. C’est celle qui met en œuvre tous les moyens nécessaires pour que chaque salarié ait une perspective d’évolution professionnelle dans ou hors de l’entreprise et pour minimiser le caractère douloureux de ces mutations pour les salariés et leurs familles ». On ne peut donc perdre de vue que les dynamiques d’une GRH responsable sont aussi et surtout animées par la vision des dirigeants. Ce sont eux qui donnent sens et impulsion à la GRH de l’entreprise. • La question des contributions de la GRH à la RSE est sensible, d’autant plus pour les PME. Certains pensent que la GRH est aujourd’hui réellement à l’épreuve de la RSE : « La DRH est à la croisée des chemins et elle se trouve dans la même situation que dans les années soixante dix, lorsqu’elle n’était encore que la direction du personnel : ou bien elle accepte de relever le défi de la RSE ou bien elle stagnera et régressera dans la hiérarchie des responsabilités notamment au sein des grands groupes » (Igalens, 2011). On peut en effet penser que la fonction RH en tant que gestionnaire des ressources humaines est placée au cœur de la transformation RSE/Développement Durable de l’entreprise ; et celle-ci ne peut se réaliser sans l’engagement durable de tous les salariés et l’activation de tous les leviers de GRH (Peretti et Uzan, 2011). Dès le début des années 2000, divers travaux formulent des recommandations quant au rôle que le DRH pourrait jouer dans la responsabilité sociale de l’entreprise. Ainsi, par exemple, les DRH pourraient mobiliser le développement durable pour raffermir leur position dans l’organisation et s’imposer comme les futurs directeurs de la responsabilité sociale, de par leur position stratégique (Igalens, 2011). • On peut alors lister les champs d’intervention possibles pour le DRH pour éviter que ce dernier ne se limite au rôle de fournisseur de statistiques pour satisfaire aux obligations déclaratives et aux sollicitations des agences de notation (Meignant, 2004). Ceci s’applique évidemment dans les ME dotées d’une GRH formalisée. Les concepts de justice organisationnelle et d’encastrement ont permis à Barett et Claydon (2010) d’expliquer la satisfaction des salariés dans les PME étudiées. La réflexion étendue aux PE et TPE braque les projecteurs sur le dirigeant-propriétaire sur lequel incombe la mise en œuvre de pratiques de GRH socialement responsables. Le style de management, les actions spécifiques entreprises pour améliorer le bien-être et la satisfaction du capital humain sont autant de préoccupations que ce dirigeant-chef d’orchestre devra considérer, indépendamment du coût qu’elles engagent. • Les référentiels et la labellisation. Les DRH ont à s’assurer de la prise en compte des droits humains fondamentaux et de la cohérence voire de l’harmonisation éventuelle entre les règles éthiques et les règles sociales à assurer en vigueur au plan national et international. Plusieurs référentiels coexistent, ce qui pose parfois des problèmes dans le choix des normes à adopter : EMAS ; ISO 9001, 14001, 26000 ; SA8000, guide AFNOR SD 21000 ; GRI ; AA1000 ; CJD, etc. Il importe par exemple, de sensibiliser les fournisseurs aux questions sociales et savoir intégrer les clauses sociales dans les contrats liant le donneur d’ordre et le fournisseur. Ainsi la GRH est amenée à coopérer avec de nouveaux acteurs traditionnellement externes à l’entreprise : cet engagement sociétal est largement recommandé par la norme ISO 26000 qui souligne que le premier domaine d’action de l’entreprise en la matière consiste en son ancrage territorial. A cette échelle, on observe aussi que les services RH des grands groupes contribuent aussi à la mise en place de partenariats avec des ONG, associations locales et pouvoirs publics internationaux qui se traduisent alors par des politiques d’éducation, de lutte contre la prostitution et contre le travail des enfants. Nous avons analysé les spécificités qui conduisent les PME à s’engager dans une démarche de labellisation : amélioration de l’image, mise en conformité par rapport aux normes en lien avec l’activité principale. Dans une étude récente auprès d’un centre d’appels téléphoniques,ont rapporté comment le souhait d’être labellisé SA 8000 a eu comme conséquence, le fait d’imposer une formalisation des politiques de GRH au sein de la PME, dans la finalité de satisfaire les exigences du cahier des charges. Cet exemple illustre les interrelations qui existent entre la RSE et les politiques RH. • La RSE et les pratiques de GRH socialement responsables : le modèle d’Ulrich. D’autres proposent de re-conceptualiser les rôles du DRH à l’heure de la RSE (Igalens, 2011). Sur la base du modèle de Dave Ulrich « Human ressource Champions », car à nouveau, les DRH sont soumis à de nouveaux défis et il convient d’assigner de nouveaux rôles à cette direction afin qu’elle puisse les relever. On note qu’à l’heure de la RSE, l’entreprise devient un lieu de délibérations et de réconciliation d’intérêts fragmentés et c’est à la lumière de cette fragmentation et de cette nécessaire réconciliation que les rôles de la DRH doivent être réévalués. Dans la déclinaison du modèle d’Ulrich, le DRH ou le dirigeant qui assume ce rôle dans les PE, est amené à devenir la vigie du développement durable, le champion des parties prenantes, le facilitateur de performance et enfin le développeur de capital humain. Mais ces recommandations en faveur du positionnement stratégique de la GRH à l’heure de la RSE sont à nuancer selon le rôle organisationnel et fonctionnel réservé à la GRH (Gond, Igalens, Swaen, El Akremi, 2011). Dans un certain nombre de situations, les professionnels de la RH comme les dirigeants de PME peuvent être considérés comme des « supporter » de la RSE ou bien perçus comme des suiveurs. En retour, la RSE peut être parfois considérée comme un alibi, ou bien un re-packaging de bonnes pratiques RH déjà mises en place. • Dans les cas de pratiques de RSE encore émergentes on constate des phénomènes de rapprochement voire de superposition. Enfin, un certain nombre de travaux tendent à rendre compte de la perception de la RSE par les salariés : on veut alors connaître les effets de pratiques socialement responsables perçues sur les attitudes et les comportements des salariés au travail. Il en ressort que la perception de ces pratiques est liée positivement à l’implication organisationnelle et à la satisfaction au travail (Closon et Leys, 2011) ; de même que l’axe social reste prioritaire dans la représentation de la responsabilité sociale des entreprises (Saulquin, 2004), les salariés sont surtout attentifs aux dimensions éthiques et légales de la RSE. Du reste dans la société française, les règles de droit définissent et garantissent des pratiques RH socialement responsables. Ainsi les entreprises ne développent pas forcément des pratiques RH originales qui iraient au-delà de l’application des règles de droit (Coulon, 2005). La contribution de la GRH à la RSE peut être riche dans son contenu mais rester souvent implicite (Gond, Igalens, Swaen, El Akremi, 2011). Ceci en retour plaide pour l’importance de mesurer clairement le rôle fonctionnel de la RH dans le déploiement des politiques RSE, en particulier dans les PME. • Les systèmes d’information simples et informels. En PME, Richcomme-Huet et d’Andria (2010) soulignent que tout serait proximité, que ce soit proximité hiérarchique, proximité fonctionnelle, proximité spatiale, proximité temporelle au sens de Torrès (2003). Si une PME affiche une bonne volonté de s’inscrire dans une démarche RSE en utilisant des systèmes d’information simples et informels, le manque de visibilité et d’anticipation face aux nouveaux enjeux, risques et opportunités peut aller à contre-courant des résultats escomptés. L’avantage pour une PME de s’inscrire dans une démarche formalisée réside principalement dans la visibilité vis-à-vis des stakeholders en termes d’image. Cette démarche est vivement préconisée afin d’éviter une faible dilution de l’information et une faible inertie (ou forte réactivité) au sens de Delchet (2007). • Les différents facteurs de contingence internes et externes que nous venons d’exposer sont loin d’être exhaustifs. Leur analyse nous a permis de prendre la mesure des spécificités des PME dans l’exercice et la mise en œuvre d’une démarche RSE. Plus généralement, les relations entre principes et pratiques de la RSE sont loin d’être linéaires ; au contraire elles peuvent renvoyer à des orientations spécifiques : ainsi, les principes de la RSE se traduisent dans la façon dont une entreprise dialogue avec ses parties prenantes et différents types d’orientation éthique peuvent être associés à ce mode de gestion. Par ailleurs l’alignement entre pratiques et principes de la RSE au sein d’une organisation n’est pas forcément spontané. Enfin le déploiement même des process RSE peut être approché à la fois comme un processus de changement organisationnel et/ou comme un processus stratégique dans l’optique de renforcer la chaîne de valeur (Igalens et Gond, 2012)… autant de facteurs de contingence liés à l’exercice même de la RSE. • La taille et le chiffre d’affaires. La taille en termes d’effectifs et le chiffre d’affaires sont les deux principales variables qui permettent de distinguer une PME d’une grande entreprise. Ces deux indicateurs sont par ailleurs souvent utilisés comme variables explicatives de performance financière ou satisfaction sociale (Barett et Claydon, 2010), s’agissant des PME. En ayant une grille de lecture de la démarche RSE en termes de coûts, des arguments liés à la taille et au chiffre d’affaires peuvent être évoqués pour expliquer en partie, la réticence de certaines PME à s’engager dans cette voie. En effet, s’agissant des PE ou des TPE en particulier où la survie de la PME constitue souvent l’objectif prioritaire des dirigeants, le coût d’un processus de labellisation RSE peut s’avérer rédhibitoire pour un engagement du dirigeant dans cette démarche. La problématique de la RSE dans les PME ne se réduit cependant pas uniquement à une différence de taille ou de moyens, les questions sous-jacentes s’inscrivent dans une réalité sociale complexe qui renvoie à une logique contextuelle : plusieurs facteurs de contingence interne ou externe impactent positivement ou négativement, sur la mise en œuvre d’une démarche RSE dans une PME.