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UNIVERSITÉ « LUCIAN BLAGA » DE SIBIU

FACULTÉ DES LETTRES ET ARTS


SECTION LETTRES
SPÉCIALISATION FRANҪAIS-ROUMAIN

Véra (Contes cruels)


Villiers de l’Isle-Adam

Étudiantes:
Alina Maria Gherman
Maria Adelina Ciobanu
SIBIU
2020
Biographie:

 Ecrivain français, Auguste Comte de Villiers de l'Isle-Adam

est né le 7 novembre 1838 à Saint-Brieuc (France);

 Dramaturge et nouvelliste, pratiquant avec un égal bonheur

chronique réaliste et surnaturel, angoisse et humour noir,

fantastique et finesse intellectuelle;

 Il fait ses études en Bretagne avant de se rendre à Paris;

 Il publie d'abord des poèmes, puis des romans;

 Il tente de lier l'imaginaire à la logique;

 9 février 1883 : Villiers de l’Isle-Adam publie les "Contes cruels";


 Il est, avec Maupassant, le plus grand conteur français;

 Il fréquente les artistes de l'époque, notamment issus du mouvement

Parnasse, et se lie avec Charles Baudelaire. Grâce à lui, il découvre

Edgar Poe. Maupassant (1888)

Baudelaire (1863) Poe (1849)

 Son œuvre n'a été que tardivement connue: c'est plus d'un demi-siècle après sa disparition

qu'il a été redécouvert et apprécié à la mesure de son talent.

 Il est mort le 18 août 1889 à Paris (France).


Le volume “Contes cruels”:

 "Contes cruels", d'Auguste de Villiers de L'Isle-Adam est un recueil de nouvelles publiées dans

divers journaux et réunies pour la première fois sous ce titre en 1883.

 Les "Contes cruels" constituent un recueil, c'est-à-dire un livre unique regroupant une pluralité

de textes. La matérialité du livre, la présence d'un titre unique (et d'un auteur unique), invitent le

lecteur à aborder cet ensemble comme un tout, et à rechercher des relations, thématiques,

formelles, qui en justifient l'existence, au-delà de la simple juxtaposition formelle.


 Ce qui frappe le lecteur lorsqu'il aborde les "Contes cruels", c'est l'extrême diversité des

thèmes et des sujets abordés:

-histoire;

-religion;

-sentiments et incommunicabilité entre les amants;

-médiocrité des femmes;

-critiques du progrès scientifique, ou plutôt de la foi aveugle en ce progrès.

 C'est un fourre-tout, dans lequel Villiers semble avoir voulu tout dire.
 Pourtant, il n'est pas difficile de repérer des facteurs d'unité:

1. Une entreprise systématique de démythification du monde moderne, et une

dénonciation de l'idéologie positiviste et bourgeoise dans toutes ses composantes;

2. Des figures, et parfois des personnages récurrents, comme Maryelle, symbole de

la femme légère et vénale, présente dans la nouvelle qui porte son nom, mais

également dans "Le Convive des dernières fêtes"; la figure du "savant fou" et

criminel, si semblable dans "Le traitement du Docteur Tristan", "La Machine à

gloire", ou "L'Affichage céleste"; les "hommes supérieurs", eux aussi jumeaux,

physiquement et moralement, Maximilien, Félicien ou Xavier.


L’écriture de Villiers de l’Isle-Adam:

 Villiers croyait à la toute-puissance du langage; dans "Le traitement du Docteur Tristan", le

personnage principal, pour réduire ses clients à un état d'euphorie bourgeoise, détruit

systématiquement le sens de certains mots clés.

 Mais l'usage bourgeois de certains mots ("amour", "progrés", "humanité", etc.) les a

dévalorisés, alors que le poète aussi est contraint de les utiliser. La jeune sourde de

"L'inconnue" devine chaque mot de son amant, tout simplement parce que tous les hommes

tiennent le même discours.


 Villiers, et les symbolistes après lui, ont tenté de résoudre le problème en recherchant la

musicalité de la langue. Villiers, lui-même musicien, et fervent admirateur de Wagner, était

particulièrement sensible à cette musicalité. Les symbolistes ont reconnu en lui un poète, bien

qu'il écrivît en prose : celle-ci, poétique et cadencée, s'apparentait aux genres intermédiaires

qu'ils prisaient fort: poème en prose et vers libre.

 Si la contribution personnelle de Villiers au genre du poème en prose a été assez modeste, il a

beaucoup fait pour le développer. Il a fait connaître Aloysius Bertrand, et sa "Revue des Lettres

et des arts" s'était fait une spécialité du genre; il en a publié beaucoup, notamment des poésies

allemandes et chinoises traduites en prose par Judith Gauthier et Catulle Mendès. Il a donc

contribué à la vogue du poème en prose parmi les poètes de 1885.


La philosophie de Villiers de l'Isle-Adam:

 Villiers de l'Isle-Adam est considéré comme un symboliste et un parnassien; en réalité il se

désintéresse des mouvements littéraires, et des réflexions esthétiques. Certes, il a été l'ami de

Baudelaire, il est celui de Mallarmé et de Catulle Mendès, mais il se tient à l'écart des écoles, et

se considère plutôt comme l'héritier du Romantisme.

 Il rejette de toute son âme la littérature populaire du Second Empire et du début de la III-

ème République.
Il professe une véritable haine du réel:

-haine du mercantilisme et de l'obsession de l'argent (voir "Virginie et Paul");

-mépris à l'égard du progrès scientifique, et surtout envers la foi aveugle en ce même progrès,

incarnée par le positivisme: voir "L'Affichage céleste", "L'Appareil pour l'analyse chimique du

dernier soupir". Là encore, il est proche de Gogol;

-détestation du naturel;

-haine baudelairienne et flaubertienne de la bêtise et de la trivialité.


"Véra" de Villiers de L'Isle-Adam

"Véra" est une nouvelle fantastique d'Auguste de


Villiers de L'Isle-Adam.

Personnages principaux:
 Le comte Roger d’Athol
 Véra
 Un serviteur, Raymond
Résumé

 La scène se passe à la tombée de la nuit. Le comte d’Athol est en deuil: sa femme, Véra, est
décédée subitement. Après avoir passé la journée dans le caveau, il en a jeté la clé suite à sa
décision mystérieuse de ne plus revenir. Il se retrouve dans la chambre de Véra où rien n’a bougé.
Le comte n’a plus aucune raison de vivre. Il se remémore leur rencontre et leur six mois de
bonheur. Un serviteur venu voir son maître est empli de terreur car le comte fait comme si Véra
était toujours là. Le comte fait renvoyer tous ses serviteurs sauf Raymond afin de s’isoler encore
plus du monde avec sa belle.

 D’abord sceptique et inquiet, Raymond se laisse entrainer dans l’affreux mirage de son maître ce
qui lui fait peur. Le comte est persuadé d’être avec Véra à tel point qu’il semble effectivement y
avoir une présence supplémentaire dans l’hôtel particulier qu’ils occupent. Ils vivent ainsi durant
un an.

 Le soir de l’anniversaire de la mort de la comtesse, tout semble faire croire à son retour dans sa
chambre. Elle veut revenir vers celui qui l’aime tant. Elle doit absolument être dans sa chambre !
Le comte y croit tellement qu’il la voit et qu’il l’entend lui parler. Ils s’embrassent. D’un coup, il
se souvient qu’elle est morte et toutes ses illusions s’envolent. Alors qu’il pleure pour la retrouver,
un objet tombe: la clé du caveau.
Le fantastique dans "Véra"

 Réputé chef-d’œuvre du genre, ce récit fantastique-visionnaire fait partie du


recueil "Contes cruels" publié en 1883 et est accueilli par une critique unanime notamment
sur sa structure soigneusement construite et pensée.

 En nous faisant spectateurs de la douloureuse tentative du comte d’Athol de ramener à la


vie sa femme morte à l’improviste, Villiers décrit la manière dont l’union à la fois
charnelle et spirituelle des deux amants dépasse les limites de l’humain.

 Liés en vie par une passion totalisante, les deux protagonistes réussiront à se retrouver en
défiant les lois naturelles et à renouer le vieux lien symbiotique à travers la réapparition,
voire la "revivification", de la femme disparue.
 Tantôt vaguement plausibles, tantôt consommés dans une dimension onirique
et irréelle, ces brefs moments de communication du couple laisseront le
lecteur dans un état de doute permanent à l’égard d’un événement en
apparence surnaturel.

 Cependant l’auteur ne se borne pas aux stratégies narratives propres à


l’esthétique fantastique qui définissent généralement le pacte entre l’auteur
et le lecteur.

 Ce qui frappe davantage, c’est l’emploi de procédés opposés dont l’effet


est d’atténuer en quelque sorte l’Unheimlich et de conférer à la dimension
idéale et immatérielle une tangibilité et une audibilité presque incontestables.
 Le conte s’ouvre sur les moments qui suivent les obsèques de Véra, lorsque le comte
d’Athol retourne en voiture à sa demeure. La scène décrite, précisément située dans le
temps et dans l’espace, est scandée par le mouvement d’un trajet qui s’arrête devant le
portail du palais: « C’était à la tombée d’un soir d’automne, en ces dernières années, à
Paris. Vers le sombre faubourg Saint-Germain, des voitures, allumées déjà, roulaient,
attardées, après l’heure du Bois. L’une d’elles s’arrêta devant le portail d’un vaste
hôtel seigneurial, entouré de jardins séculaires ; le cintre était surmonté de l’écusson de
pierre, aux armes de l’antique famille des comtes d’Athol, savoir : d’azur, à l’étoile
abîmée d’argent, avec la devise Pallida Victrix, sous la couronne retroussée d’hermine
au bonnet princier. ».

 L’arrêt de la voiture devant le portail du palais, dont les éléments sont minutieusement
décrits, est révélateur: le seuil apparaît comme une barrière divisant l’espace du dehors
et celui du dedans et anticipant la structure dialectique du conte. Comme l’énonce la
citation initiale, l’Amour l’emporte sur la Mort ; c’est ce que le récit essayera de
démontrer, tout en se plaçant sous le signe de l’absence de l’aimée.

 Dans l’optique de cette antithèse foncière du conte, la question de l’espace s’impose


aussi pour son caractère antinomique : à l’espace ouvert s’oppose toute condition
d’enfermement dans un lieu délimité (tombeau, maison, chambre), dont l’accès passe
par n’importe quel seuil. C’est pourquoi l’entrée du palais est décrite dans le moindre
détail et anticipe l’importance dans l’œuvre de la matière et des objets tangibles.
La chambre « veuve » : le théâtre de l’invisible

 Dès ce moment, la pièce que d’Athol avait partagée avec sa femme devient le décor
d’une véritable représentation mimétique.

 Ainsi assiste-t-on à la « mise en scène » de la recréation préméditée d’une nouvelle vie,


dans un espace resté « suspendu » qui, tout imprégné de Véra, « parle » encore d’elle et
brille de sa lumière :

« Et maintenant il revoyait la chambre veuve.


La croisée, sous les vastes draperies de cachemire mauve broché d’or, était ouverte : un
dernier rayon du soir illuminait, dans un cadre de bois ancien, le grand portrait de la
trépassée. Le compte regarda, autour de lui, la robe jetée, la veille sur un fauteuil ; sur la
cheminée, les bijoux, le collier de perles, l’éventail à demi fermé, les lourds flacons de
parfums qu’Elle ne respirerait plus. Sur le lit d’ébène aux colonnes tordues, resté défait,
auprès de l’oreiller où la place de la tête adorée et divine était visible encore au milieu des
dentelles, il aperçut le mouchoir rougi de gouttes de sang où sa jeune âme avait battu de
l’aile un instant ; le piano ouvert, supportant une mélodie inachevée à jamais ; les fleurs
indiennes cueillies par elle, dans la serre, et qui se mouraient dans de vieux vases de Saxe ;
 Dans Véra, effectivement, il arrive que la chambre nuptiale se peuple au fur
et à mesure d’autres personnages animant la scène. Les effets personnels de
la femme comme les objets d’ornement de la chambre participent à la
réalisation du désir d’Athol et, de ce fait, à l’effacement de la limite entre
réel et imaginaire.

 Cela explique également le soin de l’auteur pour la description des détails


matériels : une fois que Véra a disparu, ce sont les choses qui la représentent,
parlent d’elle, ressentent pour elle. Et c’est comme si on voyait le comte
interagir avec toutes ces choses, qui, loin de rester immobiles et insensibles,
portent la trace d’un geste récent, attestent d’une survie possible.

 Le rôle capital que joue ici la matière affleure dans les trois traductions à
différents degrés ; l’attention aux détails concrets intervient au moment où
l’élément surnaturel fait irruption dans la dimension du quotidien. Villiers
s’en sert comme d’un moyen objectif pour souligner l’évidence d’une réalité
fictive.
Conclusion

 En dépit de son titre, « Véra » repose sur une contradiction


fondamentale, la question irrésolue/non résolue de la vérité d’où
dépend sa modernité. L’analyse menée démontre que la
restitution de l’œuvre originale en traduction ne va pas sans
quelques escamotages qui peuvent en altérer le sens ou les
nuances.

 Il n’en reste pas moins que, le plus souvent, un problème de


traduction apparemment insoluble peut faire affleurer des
difficultés d’interprétation. Tout choix de traduction particulier
témoigne d’un creusement du texte auquel chaque traducteur
littéraire est appelé.
Bibliographie
1. De Villiers De L‘Isle-Adam, A. (1883). Contes cruels. Editeur
Le Livre de Poche, Paris.

2. De Villiers De L‘Isle-Adam, A. (2014). Véra et autres contes


cruels. Editeur Le Livre de Poche, Paris.

Sitographie

https://journals.openedition.org/rief/684
http://www.litteratureetfrancais.com/2014/08/villiers-de-l-isle-adam-
vera-19e-siecle.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Contes_cruels
https://fr.wikipedia.org/wiki/Véra_(nouvelle_de_Villiers_de_L%27Is
le-Adam)

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