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Séminaire sur le Contentieux

I. Généralités sur le contentieux fiscal.


 Pourquoi un contentieux ?

Le contentieux est un ensemble de dispositions mis en place pour :


Réparer des erreurs commises dans l’assiette ou le calcul des impositions ;
Obtenir un droit prévu par la législation et la réglementation en vigueur ;
Solliciter un remboursement de crédit TVA lorsque les conditions sont réunies (articles 50et 50bis
50ter et 50 quater du CTCA).

 Qui va examiner le recours ?


L’administration fiscale est dotée de services compétents pour étudier les doléances des
contribuables.
Il s’agit des services contentieux installés dans chaque structure fiscale à l’échelle centrale est
locale.
A l’échelle centrale (DGI).
Le directeur du contentieux est chargé de coordonner les actions visant à améliorer le traitement des
réclamations.
Direction des grandes entreprises (DGE).
Le directeur des grandes entreprises est chargé du suivi des dossiers de réclamations relevant de sa
compétence
Dossiers fiscaux de sociétés dont le CA excède 500 000 000 DA.
Dossiers des sociétés étrangères.
Dossiers fiscaux des sociétés pétrolières.
 Quelles sont les dispositions qui encadrent les recours
d’ordre fiscal ?
Le CPF à prévu la partie III intitulée procédures contentieuses.
Il s’agit notamment des articles 70 à 141 soit 71 articles réservés au contentieux .
II. Recours préalable.
C’est la première phase de recours .
Compte tenu de son importance sur le sort de la requête, elle est encadrée par les
dispositions des articles 71à 79 du CPF soit 9 articles.

 Délais d’introduction de la réclamation.


Les réclamations sont recevables jusqu’au 31 décembre de la deuxième année
suivant celle de la mise aux recouvrements du rôle en cause ou de la réalisation des
événements qui motivent ces requêtes (ART72du CPF).

 Forme et contenu des requêtes (Art. 73 du CPF).


La recevabilité des réclamations est subordonnée aux conditions suivantes :
Les réclamations doivent être individuelles sauf cas des sociétés de personne (SNC….)
ou imposition collective.
Les réclamations ne sont pas soumises au droit de timbre.
Les réclamations doivent être introduites au niveau du lieu d’imposition
Les réclamations doivent contenir les éléments suivants:
Contribution contesté.
Avertissement fiscal en cause le N° de l’article du rôle.
Exposé sommaire des conclusions des réclamants.
Signature manuscrite des pétitionnaires.
Remarque:
Les services fiscaux habilités invitent les contribuables à compléter leurs dossiers
contentieux dans un délai de 30 jours, le cas échéant , une décision de rejet est
notifiée.

 Sursis légale de paiement (Art 74 du CPF).


Le contribuable qui conteste les droits en cause peut solliciter le bénéfice du SLP en
s’acquittant auprès de la recette des impôts territorialement compétente d’un montant
égale 20% de celui contesté .
En attendant la décision de l’administration fiscale, le receveur des impôts suspend
les poursuite à l’encontre du réclamant.

 Mandat (ART 75du CPF).


Toute personne qui introduit ou soutient une réclamation d’autrui est tenue de
produire un mandat régulier établi sur imprimé fourni par l’administration (non
soumis au droit de timbre et enregistrement )
La légalisation du document est nécessaire lorsque le mandataire n’intervient pas
directement dans l’activité .
Cas ou le mandat n’est pas exigé.
Avocats régulièrement inscrit au barreau.
Employé de l’entreprise .
 Instruction des réclamations ( Art 76du CPF).
Les réclamations sont instruite par les services ayant établi les impositions
contestées .
Le traitement des réclamations s’effectue comme suit :

  INDICATIONS DELAI D’INSTRUCTION


Réclamations viciées en la forme. Instruite immédiatement.
   
Réclamations pendantes au niveau du CDI et Délai de 04 mois à compter de la date de
CPI. réception de la réclamation.
   
Réclamation relevant des directions des Délai de 06 mois.
impôts de wilaya ou DGE.  
   
Réclamations requérant l’avis de Délai de 08 mois.
l’administration centrale.
Réclamation introduite par les contribuables Délais 02 mois
suivis à l’IFU
 Compétente d’attribution (Art. 77 et 78 du CPF).

Identification des
Seuil de compétence
services fiscaux
Administration central (direction Montant des droits contestés supérieur à :
des contentieux DGI). 150 000 000 DA(DIW).
  300 000 000 DA (DGE).
Direction des impôts de wilaya. Montant inferieur ou égal à 150 000 000
  DA.
Centre des impôts de wilaya.  
  Montant inferieur ou égal à 20 000 000 DA.
Centre de proximité (CPI).  
Montant inferieur ou égal à 10 000 000 DA.

 Notification de la décision .
Les responsables des services fiscaux à tous les niveaux (DGE ,DIW,CDI,CPI) sont
tenus de répondre aux réclamations qui leur sont adressées.
Les décisions rendues quelque soit leur nature (rejet ou dégrèvement partiel ou total
doivent indiquer les motifs et les dispositions des articles de référence.
Les décisions notifiées aux réclaments doivent être remises contre accusé de
réception.
III. Recours devant les commissions (Art 80,81, et 81 bis du
CPF).
 Dispositions régissant les commissions de recours.

Le réclament qui n’est pas satisfait de la décision rendue dans le centre du recours
préalable ouvre droit à la saisine de la commission de recours compétente dans le délai
de 4 mois à compter de la réception de la décision.
Le recours devant la commission n’est pas suspensif du paiement.
Néanmoins le réclament peut solliciter le bénéfice du SLP en s’acquittant à
nouveau d’un montant égal à 20% des droits et pénalités restant .
Le recours devant la commission n’est pas admis dans le cas de la saisine de
la juridiction administrative.
Le recours doit être adressé au président de la commission de recours
compétente.
Pour être recevable la réclamation doit obéir aux conditions de forme et de
fond édictées par l’article 73 du CPF (contenu de la requête)
Les commissions émettent des avis sur les demandes formulées par les
contribuables relatives aux impôts directs et taxes sur le chiffre d’affaires.
Les commissions doivent se prononcer dans un délai de 4 mois à compter de
la date d’introduction du recours ; le cas échéant, le silence vaut rejet implicite.
 Composition et attributions des commissions.
Dispositif en vigueur au 31/12/2016.
Commission de recours de Daïra (CRD).
La CRD est composée de :
Chef de daïra ou secrétaire général, Président.
Président de l’APC ou vice président.
Chef d’inspection territorialement compétant ou responsable du contentieux, du
CPI.
Deux membres titulaires et deux membres suppliants par chaque commune désignés
par les associations ou unions professionnelles.
La CRD émet des avis sur les cotes dont le montant ne peut excéder 2 000 000 DA.
La CRD se réunit sur convocation de son président une fois par mois.
Commission de recours de wilaya (CRW).
La CRW est composée de :
Magistrat désigné par le président de la cour, président.
Représentant du wali.
Membre de L’APW.
Responsable de l’administration fiscale.
Représentant de la CCI.
Cinq membres titulaires et cinq membres suppléants.
Représentant de la CAW.
La CRW émet des avis sur des cotes dont le montant total est supérieur 2 000 000
DA et inférieur ou égal à 70 000 000 DA.
Elle se réunit sur convocation du président une fois par mois .
Commission centrale de recours (CCR).
La CCR est composée de :
Ministre des finances ou son représentant, président.
Représentant du ministre de la justice avec rang de Directeur.
Représentant du ministère de commerce .
Directeur général du budget ou son représentant.
Directeur central du trésor ou son représentant.
Représentant de la CCI concerné ou la CACI.
Représentant de l’union professionnelle concerné.
Représentant de la CAW concerné ou chambre national de l’agriculture.
Représentant de la DGE.
Sous Directeur chargé des commissions de recours en qualité de rapporteur.
La CCR émet des avis sur les réclamations dont le montant excède 70 000 000 DA.
De même qu’elle est compétant pour les décisions rendues par la DGE.
Elle se réunit sur convocation de son président au moins une fois par mois.

Dispositif applicable à compter du 01/01/2017.


Commission de recours de wilaya (CRW).
elle est composée de :
Commissaire aux comptes désigné par l’ordre des experts comptables, CAC et
comptables agrées , président.
Membre de l’APW.
Représentant de la DCP ayant rang de sous Directeur.
Représentant de la direction de l’industrie.
Représentant de l’ordre des experts comptables, CAC et comptables agrées.
Représentant de la CCI.
Représentant de la CAW.
Responsable de la structure fiscale ( DIW ,CDI ,CPI).
La CRW est compétente pour les affaires contentieuses dont le montant des droits et
pénalités est inferieur ou égal à 20 0000 000 DA
Elle se réunit sur convocation de son président 2 fois par mois .

Commission régionale de recours.


La CRR est composées de :
Commissaire aux comptes, président.
Représentant de la DRT(rang de sous directeur ).
Représentant de la direction de l’industrie.
Représentant de la CACI.
Représentant de la CAW.
Représentant de l’ordre des experts comptables.
Représentant de la DRI (grade IC) assurant le secrétariat.
La CRR est compétente pour les affaires contentieuses dont le montant des droits et
pénalités est supérieur à 20 000 000 DA et inférieur ou égal à 70 000 000 DA.
Elle se réunit 2 fois par mois.
Commission centrale de recours(CCR).
La CCR est composées de :
Ministre des finances ou son représentant,président.
Représentant du ministère de la justice ( rang directeur ).
Représentant du ministère de l’industrie.
Représentant du CNC (rang Directeur).
Représentant de la CACI.
Représentant de la CNA.
Directeur des grandes entreprises (DGE).
La CCR est compétente pour les affaires contentieuses dont le montant des
droits et pénalités excède 70 000 000 DA.
Elle se réunit 2 fois par mois .
IV. Recours juridictionnel.
Lorsque le contribuable n’est pas satisfait de la décision rendue soit par le
responsable de la structure fiscale ou par la commission de recours compétente, celui-
ci peut saisir dans un délai de 4 mois à compter de la notification de la décision
incriminée, la juridiction administrative.
 Tribunal administratif.
Contrairement aux règles régissant le recours préalable, la procédure devant le
tribunal administratif est encadrée par le CPCA :
Obligation de constituer un avocat.
Demande introduite d’instance sur papier timbré.
Tentative de conciliation.
Dans la plupart des cas ,le juge chargé de l’affaire désigne un expert en la matière,
( expert comptable , CAC , conseiller fiscal…..) pour émettre un avis.

 Conseil d’Etat .
La décision du tribunal administrative peut faire l’objet d’appel devant le conseil
d’Etat dans le délai de 2 mois à compter de la notification du jugement du tribunal
administratif.
V. Autres procédures contentieuses.
 Contentieux de recouvrement .

Il s’agit de dispositions spécifiques qui encadrent la procédure des poursuites


engagées par les Receveurs des Impôts.
Les poursuites diligentées par les services de la perception sont diverses:
Lancement des ATD en direction des établissements bancaires.
Fermeture des locaux pendant 6 mois.
Saisies.
Saisie arrêt.
Saisie exécution.
Saisie immobilière.
a. Délai de recevabilité de la réclamation (Art. 153 bis du CPF).
Le réclamant qui s’oppose à l’acte de poursuite doit sous peine d’irrécevabilité
introduire sa requête dans un délai d’un (01) mois.
b. Contenu de la réclamation.
Le CPF n’a pas prévu de conditions spécifiques (papier timbré).
Toutefois la réclamation doit contenir des éléments de nature à éclairer les services
fiscaux destinataires et appuyée de toutes justifications utiles.
C. Instruction de la réclamation.
La réclamation est instruite par la Recette compétente après enregistrement auprès
de la Sous Direction du contentieux.

 Le recours gracieux.
Le CPF a prévu deux (02) procédures distinctes:
a. Recours gracieux proprement dit.
Cette procédure est mise en œuvre lorsque le réclamant se trouve dans
l’impossibilité de se libérer de sa charge fiscale; cette procédure peut concerner soit les
pénalités assiette ou recouvrement (remise de pénalités) soit la modération des droits
(Art.92 du CPF).
Demandes de remise introduites par les réclamants (Art. 93 du CPF).
Les réclamants visant à obtenir la remise des pénalités ou la modération sont
examinées par la commission de gracieux composée des fonctionnaires de
l’administration fiscale.
La loi a prévu deux (02) types de commissions:
Commission de gracieux auprès de la DIW.
Elle est compétente pour les affaires dont le montant n’excéde pas 5 000 000 DA.
Commission de gracieux rattaché à la DRI.
Cette commission est compétente pour les affaires excédant 5 000 000 DA ou après
appel des décisions de la commission locale.
Demandes formulées par les Receveurs (Art. 94 du CPF).
Il s’agit de deux procédures spécifiques:
Admission en non valeur des côtes irrécouvrables à compter de la 5 éme Année qui
suit la date de mise en recouvrement du rôle.
Admission en sur séance des côtes impayées à compter de la 10 éme Année.

b. La remise conditionnelle (Art. 93 bis du CPF).


L’administration fiscale peut accorder sur demande du réclamant et par voie
contractuelle une atténuation d’amendes fiscales, de pénalités ou majorations.
Le traitement de ces réclamations relève de la compétence de la commission de
gracieux de wilaya lorsque le montant des pénalités n’excéde pas 5 000 000 DA.
Le cas échéant la requête est transmise à la commission de gracieux installée au
niveau de la DRI .
L’instruction N° 217/MF/DGI/DCTX du 02/04/2013 a prévu les modalités
pratiques.
Le taux de remise conditionnelle est fixé comme suit:
Acquittement des droits (en totalité): 90% à 95%.
Échéancier de paiement:
80% pour un échéancier de 4 mois.
70% pour un échéancier de 8 mois.
60% pour un échéancier de 12 mois.

3. Procédure de dégrèvement d’office (Art. 95 du CPF).


Les responsables des structures fiscales (DGE, DIW, CDI, CPI) peuvent prononcer
en tout temps et d’office le dégrèvement des droits entachés d’irrégularités.
4. Contentieux répressif (Art. 104 du CPF).
En cas de manœuvres frauduleuses dûment constatées par la CRIF,
l’administration
fiscale (DGE, DIW) peut déposer plainte auprès de la juridiction répressive.
L’article 104 bis du CPF a prévu la possibilité de retrait de la plainte en cas de
paiement de 50% des droits et pénalités en cause.
Le reste des droits fera l’objet d’un échéancier de paiement fixé comme suit:
6 mois pour la dette fiscale dont le montant est inférieur à 20 000 000 DA.
12 mois pour la dette fiscale dont le montant se situe entre 20 000 000 DA et
30 000 000 DA.
18 mois pour la dette fiscale dont le montant excède 30 000 000 DA.

5. Prescription.
La prescription est un événement qui fait perdre un droit.
Elle peut être invoquée soit par l’administration fiscale soit par le réclamant après
écoulement d’un délai fixé par la loi à 4 ans ou exceptionnellement 6 ans dans le cas
d’utilisation de manœuvres frauduleuses.
Par ailleurs la prescription peut concerner:
L’assiette de l’impôt (Art. 105 à 142 du CPF).
Recouvrement de l’impôt (Art. 159 du CPF).
ETUDE DE
CAS
PRATIQUES
 Exercice pratique:
La SPA « JUFOR » limonaderie à SETIF envisage d’introduit auprès de
l’administration fiscale une réclamation à travers laquelle elle solliciterait la décharge
totale des droits TAP, TVA, IBS et IRG/RCM rappelés au titre de l’exercice 2010 suite
à une vérification ponctuelle de comptabilité entamée le 15/01/2015 et achevée le
30/03/2015 ; les résultats de la VPC ont été notifiés le 20/04/2015 :
N° rôle individuel : 190/2015.
Mise en recouvrement : 20/10/2015.
Date d’exigibilité : 30/11/2015.
Droits et pénalités constatés :
IBS : 1 800 000 DA.
IRG/RCM : 580 000 DA.
TAP : 420 000 DA.
TVA : 2 000 000 DA.
TAF : - le recours envisagé est il recevable d’après les dispositions du CPF ?
- Dans l’affirmative, quels seraient les arguments à développer pour obtenir
gain de cause ?
- Rédigez un projet de requête.
 QCM: (Voir pièce jointe).
Corrig
és
 Exercice pratique:

 La réclamation est recevable jusqu’au 31 Décembre de la 2éme Année qui suit celle
de la mise en recouvrement (Article 72 CPF).
Par conséquent, elle est recevable jusqu’au 31/12/2017.
 Les irrégularités pouvant être invoquées dans le recours envisagé sont :

La durée de la VPC ne peut excéder 2 mois.


Dans le cas d’espèce, ce délai est largement dépassé.
Exercice 2010 touché par la prescription quadriennale (Article 105 et suivants du
CPF). Sauf cas de manœuvres frauduleuses où le délai de prescription est prolongé
jusqu’à 6 ans (Article 193 du CIDTA et 118 du CTCA).
 Modèle de recours adapté au cas pratique.
 QCM: (Voir pièce jointe).

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