SOMMAIRE
INTRODUCTION : LE CONTROLE DE GESTION :
nécessité, caractéristiques et limites
Section 1. La nécessité du contrôle de gestion
Section 2. Les outils du contrôle de gestion
Section 3. Les limites du contrôle de gestion
Section 4. Le contrôle dans les différentes
« configurations structurelles »
Section 5. L’évolution du contrôle en fonction du
développement de l’entreprise
Section 6. Le contrôle dans le secteur privé et dans le
secteur public
CHAPITRE 1: LA CONNAISSANCE ET L’ANALYSE DES PERFORMANCES
EFFECTIVES
Section 1. L’utilité de la comptabilité analytique
Section 2. Un peu de terminologie
Section 3. Les méthodes utilisées en comptabilité analytique
Section 4. Les méthodes de coût complet
1. La méthode traditionnelle
2. La méthode de l’imputation rationnelle
3. La méthode ABC (Activity Based Costing
Section 5. Les méthodes de coût partiel
1. Le direct costing ou méthode des coûts variables
2. Le direct costing évolué ou méthode des coûts spécifiques
Section 6. Quelles méthodes retenir? .
Section 7. La mise en place d’un système de comptabilité analytique
1. L’architecure du système d’information
2. De nouveaux modules de comptabilité analytique ABC
CHAPITRE 2: LA PROJECTION DANS LE FUTUR : LES PREVISIONS
BUDGETAIRES
Section 1. Le budget
1. Les origines historiques
2. La démarche budgétaire
3. La « liasse » budgétaire
4. Les aspects « flexibles » du budget
Section 2. La rentabilité d’un projet
1. Le classement des projets
2. L’évaluation de projet
3. Le cycle de vie du projet
4. Les critères de rentabilité d’un projet d’investissement
5. La prise en compte du financement
Section 3. La prise en compte des risques
1. Vers la gestion globale des risques
2. Les risques liés à un projet
3. Le risque d’exploitation
CHAPITRE 3: LE PILOTAGE
Section 1. Le contrôle budgétaire
1. Le calcul et l’analyse des écarts
2. Le principe de la gestion par exception
Section 2. Le suivi de projet
1. Le suivi technique
2. Le suivi des coûts
Section 3. Analyse du surplus de productivité
Section 4. Les tableaux de bord
1. Le contenu des tableaux de bord de gestion
2. La constitution du TDB
Section 5. La nécessité d’un « bouclage »
INTRODUCTION
Objectif
Décision Mise en oeuvre Résultat
souhaité
En fait il en va très rarement ainsi, pour une raison très
simple : le décideur est confronté à un environnement
adverse.
Dans cet environnement, d’autres décideurs poursuivent
leurs propres objectifs, contraires aux siens.
Par exemple :
- on peut faire attention à sa santé, et néanmoins subir le «
tabagisme passif » dans certains lieux publics ;
- un directeur commercial pense avoir pris les bonnes
décisions, et se heurte à des concurrents qui cassent les
prix.
Les décisions prises dans l’environnement interfèrent
avec celles prises en interne par le
gestionnaire, et viennent impacter négativement les
résultats, qui ont tendance à diverger par rapport aux
objectifs.
Environnement
Objectif
Décision Mise en oeuvre Résultat
souhaité
Le contrôle :
On risque donc de ne pouvoir maîtriser, contrôler la
situation. Face à cela, on peut avoir une
attitude passive : c’est le destin, je n’y peux rien …
On peut aussi avoir une attitude plus active, en
essayant d’anticiper, de prévoir l’évolution ou
la réaction de l’environnement, pour décider en
conséquence :
Prévision Environnement
ectif
Décision Mise en oeuvre Résu
haité
Par exemple, on fait une étude marketing pour étudier le
marché et la concurrence.
Mais comme le gestionnaire n’est pas un devin, toute
prévision est nécessairement imparfaite.
L’anticipation est donc nécessaire, mais insuffisante, et
il faut compléter cela par une attitude réactive. Il faut
être en état d’alerte, surveiller les performances, détecter
les écarts par rapports aux objectifs, pour pouvoir réagir
rapidement.
On peut ainsi contrôler la situation en instituant un effet
de rétroaction, un effet de « feedback» :
Environnement
Prévision
ctif
Décision Mise en oeuvre Résulta
aité
Rétroaction
Un système est dit sous contrôle quand ce mécanisme de
correction fonctionne efficacement
en permettant d’atteindre l’objectif quelle que soit
l’évolution de l’environnement.
Dans certains cas, ce mécanisme de contrôle peut jouer de
façon automatique. On a alors un
mécanisme de régulation qualifié de « cybernétique » (d’un
mot grec qui veut dire
« gouvernail », l’outil de pilotage par excellence …),
comme par exemple le mécanisme de
régulation thermostatique qui permet de réguler la
température dans un appartement :
Environnement
Prévision (température)
ectif Résulta
Décision
haité Mise en oeuvre (températ
(Marche-Arrêt)
9 °) intérieur
Rétroaction
Si la température extérieure baisse, la température
intérieure baisse aussi, par déperdition calorifique.
Le thermostat détecte l’écart, et remet en marche
automatiquement la chaudière.
Dès que la température est remontée, le thermostat
coupe la chaudière.
On peut évidemment transposer avec un climatiseur,
qui se mettra en marche quand il fera trop chaud.
On remarquera que le contrôle de la température est ici
assuré par une suite de décisions marche – arrêt –
marche – arrêt – etc …
La notion de contrôle implique l’idée de « vérification
» de la conformité à ce qui est « normal », désiré.
Etymologiquement, le terme vient du « contre-rôle »,
document qui servait dans les armées des siècles
passés à vérifier, par rapprochement, que la liste des
soldats présents, qu’il fallait payer, était bien conforme
à la liste des soldats « enrôlés », figurant sur le rouleau
de parchemin (le rôle) établi par le sergent recruteur.
Mais au-delà, contrôle signifie « maîtrise », grâce à la
correction par rétroaction.
Le contrôle de gestion :
Dans une entreprise, un mécanisme de ce type doit
fonctionner si on veut atteindre les objectifs (ventes
prévues, coûts prévus, résultats prévus ).
Le processus de gestion est un processus bouclé, cyclique,
qui implique :
- une phase de prévisions (essentiellement budgétaires),
pour exprimer où l’on va, quelles devraient être les
performances ;
- une phase d’évaluation des performances effectives, grâce
notamment à la comptabilité analytique ;
- et enfin une phase de contrôle, caractérisée par le calcul et
l’analyse des écarts entre les prévisions et les réalisations,
permettant de réagir en cas de divergence, de « dérapage ».
.
.
Prévisions budgétaires
Evaluation des
performances
Ecarts
Le contrôleur de gestion est le professionnel chargé
d’organiser efficacement ce mécanisme de régulation.
Selon les entreprises, son rôle peut être très restreint et très
technique, et se limiter à la production d’un certain
nombre d’états de contrôle, c’est-à-dire au calcul des
écarts entre les prévisions budgétaires établies par les
gestionnaires et les réalisations fournies par les
comptables.
Dans d’autres, il peut être beaucoup plus large, englobant
par exemple la supervision de l’établissement des budgets
ou l’appréciation critique des performances.
Tout ceci nous permet de proposer maintenant la définition suivante
du contrôle de gestion :
Le contrôle de gestion est le processus par lequel on s’assure que
les ressources sont convenablement utilisées en vue d’atteindre
les objectifs.
Notons que le contrôle de gestion n’apparaît véritablement de façon
formalisée (avec des procédures systématiques) que dans les
entreprises d’une certaine taille, du fait de la nécessité
de diviser le travail, de déléguer les responsabilités, et donc de
contrôler les résultats.
Le petit commerçant qui gère seul son magasin n’a pas besoin de
contrôle de gestion ;
la grande entreprise, avec plusieurs agences commerciales
régionales, si.
On parlera alors d’un SYSTEME de contrôle, qui utilise
principalement (mais pas uniquement) des informations
d’origine comptable.
Le contrôle de gestion permet « le contrôle à distance par les
Au plan théorique, on peut conceptualiser ceci en faisant
référence à la théorie de l’agence, qui explique comment un «
principal » doit et peut contrôler son « agent ».
Tout comme, dans la problématique de la gouvernance de
l’entreprise, les actionnaires doivent mettre en place des
procédures de contrôle et d’incitation des dirigeants,
les dirigeants doivent, en interne, mettre en place des procédures
de contrôle et d’incitation des responsables auxquels ils confient
la gestion d’une unité (usine, agence commerciale, etc.).
Section 2. Les outils du contrôle de
gestion.
Le contrôle de gestion utilise principalement des informations de
nature comptable et financière, parce que c’est la comptabilité
qui constitue souvent le système d’information le plus structuré
et qui fournit, même si elles sont biaisées, des informations
fiables parce que vérifiables grâce aux techniques d’audit.
On ne peut pas contrôler après coup par exemple un inventaire
physique, mais on peut contrôler après coup une dépense avec la
facture qui est
comptabilisée et archivée.
Le contrôle de gestion utilise donc beaucoup la comptabilité
(notamment la comptabilité
analytique), pour faire des rapprochements avec les prévisions,
notamment budgétaires.
Par exemple :
.
Groupe
Filiale
Usine
Atelier
A chaque niveau, le responsable doit avoir un feed-back sur
l’ensemble des unités qu’il coiffe.
Plus on est vers le bas, plus on peut se contenter d’indicateurs
physiques (les rendements dans les ateliers ou les volumes de
ventes par exemple).
Par contre, plus on est vers le haut, plus on a besoin d’indicateurs
synthétiques, donc nécessairement de nature comptable et
financière,
Au niveau de l’état-major d’un grand groupe, on s’occupe
essentiellement des problèmes de rentabilité du capital investi
dans les différents secteurs d’activité.
Entre les deux, c’est le pilotage par le contrôle budgétaire qui est
déterminant.
Au niveau du système d’information, la même donnée
élémentaire (une vente dans un magasin par exemple, ou une
charge dans un atelier) va être progressivement traitée par
agrégation et utilisée aux différents niveaux, pour que chaque
responsable puisse avoir l’information pertinente.
Faible Elevée
Answer machines
Rationalization Ou
Faible Learning machines
machines
“Answer machines” : les formules de calcul dominent et
permettent de contrôler l’organisation. La comptabilité est
utilisée de façon mécanique pour prendre des décisions
Produit principal
Produits finis
Sous- rebuts
déchets
produits
Section 3. Les méthodes utilisées en comptabilité
analytique
CHARGES CHARGES F IXES
VARIABLES
-coût complet -Coût complet
CH ARG ES -Coût variable -Coût spécifique
D IREC TES -Coût spécifique
-Co û t complet
CH ARG ES - coût variable - Coût complet
INDIREC TES - coût spécifique
Les informations à intégrer dans le système de comptabilité
analytique proviennent en grande partie du système de
comptabilité financière. Mais seuls les produits et charges qui
ont un lien avec l’objet normal de l’entreprise y sont
introduits.
Exemple :
Charges supplétives
CHARGES
DE LA
CHARGES Charges COMPTABILITE
DE LA incorporables DE
COMPTABILITE GESTION
GENERALE
Charges
Non-incorporables
Section 4. Les méthodes de coût complet
Atelier B R
P
M
Atelier A
VENTES
S
S
Atelier C
Coût d’achat de la matière M = prix d’achat + frais
d’approvisionnement, soit :
1 200 € x 90 + 40 000 € = 108 000 + 40 000 = 148 000 €
Coût de production de S à la sortie de l’atelier A =
- chiffre d’affaires sur la production fabriquée : 1 500 € x 8 = 12
000 €
- moins MOD atelier C : (1 500) €
- moins frais de l’atelier C : (10 000) €
Coût de production des 10 tonnes de S : 500 €
Le coût de production du sous-produit est calculé à partir de la
valeur de marché.
Coût de production de P :
- Coût d’achat de la matière M : 148 000 €
- MOD de l’atelier A : 280 000 €
- Frais de l’atelier A : 120 000 €
- Coût de production de la période : 548 000 €
- En-cours initiaux de l’atelier A : 54 000 €
- En-cours finaux de l’atelier A : (67 500) €
- Coût de production des 10 tonnes de S : (500) €
Coût de production des 75 tonnes de P : 534 000 €
Coût de production de R :
- Coût de production des 75 tonnes de P : 534 000 €
- MOD de l’atelier B : 220 000 €
- Frais de l’atelier B : 150 000 €
- Coût de la période : 904 000 €
- En-cours finaux de l’atelier B : (20 000) €
Coût de production des 200 tonnes de R : 884 000 €
Résultat analytique :
- Coût de la production vendue (200 tonnes de R) : 884 000 €
- Frais de distribution : 100 000 €
- Coût de revient : 984 000 €
- Chiffre d’affaires : 6 000 € x 200 = 1 200 000 €
Résultat : 216 000 €
2. La méthode de l’imputation rationnelle
Gantt, principal disciple de Taylor, remarque que le coût de la sous-activité ne peut pas être
imputé aux produits fabriqués. Cette sous-activité est constatée quand l’activité réelle est en
deçà de celle attendue (l’activité normale).
Gantt utilise cette image :
« Supposons qu’un industriel possède trois usines identiques également performantes et
fabriquant le même article et qu’elles soient toutes les trois employées à leur capacité normale
et dirigées également bien. Le montant de charges indirectes par unité produite sera à peu près
le même dans les trois usines, de même que leur coût total. Maintenant, supposons que les
affaires s’effondrent brusquement pour se limiter à un tiers de leur niveau précédent et que
l’industriel ferme les usines d’Albany et de Buffalo et continue à exploiter celle de Chicago
exactement comme auparavant. Le produit sorti de cette usine aura exactement le même coût
qu’auparavant, mais les frais liés à la détention des deux usines oisives peuvent se révéler
suffisamment élevés pour éliminer tout profit. En d’autres termes, les profits générés par
l’usine de Chicago peuvent être entièrement absorbés par les pertes faites par les usines
d’Albany et de Buffalo. Si ces usines, au lieu de se situer dans des villes différentes, étaient
dans la même ville, le même phénomène se produirait…Supposons maintenant que ces usines
ne font qu’une, que nous les rapprochions et que nous abattions les murs. La production de
l’usine unique sera d’un tiers de son niveau normal. Si on reprend les arguments précédents, il
paraît logique de ne charger à cette production qu’un tiers de coûts de l’usine ».
Le coût de production qui incorpore des charges
variables et des charges fixes est déterminé
pour une activité normale. Une quote-part de charges
fixes est donc calculé pour chaque unité.
Si le volume réellement produit est inférieur au
volume normal, une partie des charges fixes
n’est donc pas imputé aux produits : c’est le coût de la
sous-activité.
Avantages :
- permet de déterminer un coût de revient moyen
identique pour plusieurs périodes :
efface l’influence de la saisonnalité des ventes et de la
production sur le coût de
revient ; fixation de prix, prévisions possibles
- indique l’impact de la sous-activité éventuelle sur les
résultats de l’entreprise
- permet de mettre en évidence les autres facteurs
détériorant les résultats unitaires
(coûts variables unitaires en hausse)
Inconvénients :
- lourdeur du système
- comment fixer l’activité normale ?
- séparation délicate des charges indirectes fixes et
variables
La méthode consiste donc à « variabiliser » les charges
fixes.
3. La méthode ABC (Activity Based Costing)
Cette méthode a été conçue dans les années 80 par Kaplan, professeur à
Harvard.
La méthode traditionnelle des coûts complets n’est plus adaptée au contexte
actuel dans lequel
évoluent les grandes entreprises, c’est ce que remarque Kaplan. En effet :
- la production doit être de plus en plus diversifiée quantitativement et
qualitativement
- le produit incorpore de plus en plus de services relatifs au mode de livraison,
au mode
de paiement, à la garantie…
- le cycle de vie du produit se raccourcit ; il faut déterminer rapidement le coût
d’un
nouveau produit
- la part des coûts directs dans le coût d’un produit diminue. On ne peut plus
répartir les
charges indirectes en fonction des coûts directs.
Dans le système traditionnel, les séries longues
subventionnent les séries courtes car on leur
impute une bonne partie des charges indirectes. Par
ailleurs, de multiples activités nécessaires
à l’obtention de séries courtes ne sont pas prises en
compte dans la répartition des charges
indirectes : gestion des lots, composition de produits
complexes, contrôle.
Principe : LES PRODUITS CONSOMMENT DES
ACTIVITES QUI CONSOMMENT
DES RESSOURCES (qui ont un coût)
Un inducteur est choisi pour chaque activité ; c’est le
facteur de coût de l’activité.
Avantages :
- permet de déterminer la rentabilité des produits avec
plus d’exactitude qu’avec la
méthode traditionnelle
- permet de fixer un prix
- permet de suivre la traçabilité des coûts par activité
pour mieux les maîtriser. Prélude à
une stratégie d’externalisation ? Benchmarking possible
- permet de faire des prévisions de coût
Inconvénients :
- choix des inducteurs parfois arbitraire (inducteur de
l’activité administration ?)
- méthode coûteuse à mettre en oeuvre
- problème des charges fixes indirectes qui en fait ne
varient pas en fonction du volume
d’activité ; il peut être opportun de combiner
imputation rationnelle et méthode ABC
Cas d’illustration
La société d’études et de conseils en régulation et en
instrumentation (SECRI) est une société
d’ingéniérie spécialisée dans le domaine de la régulation de
process, la gestion de la
production et de contrôle de qualité. Sa spécialité est
l’acquisition de données par capteurs
installés sur des chaînes de production et leur traitement
informatisé en temps réel. La SECRI
travaille principalement avec l’industrie agroalimentaire et
l’industrie pharmaceutique. Elle
emploie principalement des ingénieurs hautement qualifiés.
La société est organisée en quatre services :
- le département « Ingénierie de process » (DIP) conçoit l’implantation
des capteurs sur l’outil
de production.
- Le département « Traitement de données » (DTD) emploie
principalement des spécialistes
de l’informatique industrielle.
L’activité de ces deux services se mesure en « jours-hommes » (J-H).
- le service « Documentation » a pour mission de tenir à jour la base de
connaissances
nécessaires à la réalisation des prestations. Le service archive et indexe
également les dossiers
des contrats terminés
- le service « Administration » traite tous les problèmes juridiques et
financiers.
Toutes les charges sont considérées comme des
charges indirectes. Pour la période N, la
répartition de ces charges par services est la suivante :