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Vieillissement

et
activité physique
Vieillissement et activité physique
Dans le contexte où la population vieillit et l’AP est
reconnue comme un déterminant de santé, il est
important de déterminer les mécanismes par
lesquels l’AP peut améliorer la santé, la capacité
fonctionnelle, la qualité de vie et l’autonomie des
personnes avançant en âge. Le vieillissement est un
processus complexe impliquant plusieurs variables
(ex. : hérédité, habitudes de vie, maladies
chroniques), qui interagissent et influencent
grandement la manière de vieillir.
La participation à une AP régulière, diversifiée à la
fois en aérobie, d’équilibre et de force occasionne
de nombreuses réponses favorables qui
contribuent à un vieillissement en santé et qui
peut participer à la moindre perte d’autonomie
chez les sujets avançant en âge et malades.
Un des grands défis du vieillissement est en
particulier de limiter au maximum la survenue de
la perte d’autonomie et des pathologies reliées à
l’avancée en âge.
Il existe plusieurs façons de vieillir, trois profils d’état de
santé dans les populations occidentales:
1/ le vieillissement optimal (successful aging) ( 25 %) : le
sujet garde la plénitude de ses capacités fonctionnelles ;
2/ le vieillissement usuel (du successful aging au frailty
people)(50 %): les capacités fonctionnelles se réduisent
avec l’âge;
3/ le vieillissement pathologique ( 25 %) : il concerne les
sujets atteints de pathologie chronique, on y trouve une
autre sous-classe appelée sujets fragiles ou frail elderly en
raison de besoins de santé accrus.
La proposition d’AP pour ces trois situations est:
1/ pour le premier groupe: éducation à la santé et
prévention
2/dans le second cas, en plus de l’aspect éducatif,
repérage des facteurs de risque de morbidité
3/Dernier groupe, on utilise l’AP comme
«médicament» en soins et en limitation de la perte
d’autonomie
Les maladies incapacitantes rendent compte de
l’augmentation de la dépendance avec l’âge qui est
observée chez 2 % des sujets de 60 à 69 ans et chez
42,5 % chez les plus de 90 ans.
La politique de limitation du handicap et de la
dépendance passe par une approche globale de
stimulation sensorielle, cognitive, d’équilibre
nutritionnel et aussi de pratique régulière d’AP.
Tous les moyens pour inciter les personnes avançant
en âge à faire de l’AP sont importants à mobiliser. La
consultation de prévention à 70 ans permet
d’envisager un temps de prescription des APS quel
que soit l’état de santé de la personne.
Au niveau de l’offre de pratique, il faut développer les
lieux d’accueil et de pratique aptes à réaliser une AP
adaptée aux personnes avançant en âge, en tenant
compte de leurs spécificités et attentes
Physiopathologie et effet des
activités physiques et
sportives sur le vieillissement
I- Physiopathologie
1/ Avancée en âge et fonction cardiovasculaire:
La TA ↗
La FC ↘
La VO2 max ↘
la fréquence des problèmes cardiovasculaires
comme l’athérosclérose, augmente avec l’âge,
ainsi 30 % des plus de 75 ans ont des troubles
coronaires, on est donc prudent, plus l’âge du
pratiquant augmente, dans la prescription et le
bilan pré-inclusion à l’AP et au sport.
2/ Avancée en âge et appareil locomoteur:
Les articulations en vieillissant présentent une diminution
de la quantité d’élastine et de collagène avec des tendons
et des ligaments moins élastiques et plus fragiles.
Sur le plan osseux, l’équilibre de cycle résorption– formation
est rompu et donc la perte osseuse semble inéluctable.
L’évolution ultime étant les ostéoporoses féminine et
masculine avec leur risque de fracture et de mortalité.
Les facteurs de risque de chute dont le facteur musculaire
(sarcopénie) sont à évoquer systématiquement et à
prendre en compte pour limiter les conséquences
sociales, de handicaps, de morbidité et psychologiques.
3/ Avancée en âge et fonctions cognitives:
L’inactivité physique, intellectuelle et sociale accélèrent le déclin
des systèmes d’adaptation physiologiques, majore les risques
d’altération sensorielles et de difficulté de concentration,
favorise une tendance à la dépression, à la désorientation spatio-
temporelle, et une baisse de la mémoire à court terme, parfois
des troubles du caractère, voire de la confusion intellectuelle.
L’influence négative de l’âge sur le sommeil, sur les troubles de
l’attention sélective, les capacités visuo-spatiales.
Le vieillissement intellectuel est influencé par le niveau
d’instruction et par l’entourage et ses capacités de stimulation
Il faut limiter le désintéressement, le repli sur soi et dépister
l’apparition de troubles pathologiques comme les démences.
Le cerveau étant un organe plastique, il doit être stimulé tant par
l’AP que par le lien social (intérêt des clubs sportifs)
4/ Avancée en âge sur le plan hormonal:
diminution de la sécrétion de la plupart des hormones
anaboliques :GH, IGF-I et SDHEA.
Chez la femme, la sécrétion des hormones ovariennes
s’arrête après la ménopause
Chez l’homme la sécrétion de testostérone diminue avec l’âge
la réponse hormonale à l’exercice est diminuée, mais reste
stimulable par l’exercice.
De plus, si l’AP régulière modifie peu les concentrations au
repos de la plupart de ces hormones, les concentrations
plasmatiques sont corrélées positivement au niveau d’AP, à
la masse musculaire et aux scores de bien être chez le sujet
âgé.
II- Effets des APS

Une AP régulière contribue à réduire ou prévenir


certains processus délétères liés à l’avancée en
âge, mais aussi à améliorer la qualité de vie, la
capacité fonctionnelle des sujets âgés et à
retarder l’entrée dans la dépendance en
maintenant leur autonomie.
1/ Entraînement en endurance:
Effets de l’AP en endurance chez les personnes avançant en âge sur :
• Le cœur : amélioration de la perfusion, diminution de l’ischémie, et un rôle
sur le remodelage qui est discuté ;
• Les vaisseaux coronaires : vasodilatation au repos et à l’effort,
amélioration de la fonction endothéliale, augmentation du débit coronaire
à l’effort, amélioration discutée de l’angiogénèse.
L’AP favorise la régression des lésions, ou limite leur progression;
• Le système nerveux autonome : diminution de l’activité sympathique et
augmentation activité parasympathique d’où diminution de la FC;
• Le muscle périphérique : augmentation du débit local, de la capacité
oxydative, de l’endurance musculaire et préservation de la masse maigre
musculaire;
• Les poumons : augmentation de la ventilation maximale volontaire;
• L’os : ralentissement de la perte osseuse;
• Les capacités cognitives : amélioration des symptômes dépressifs, des
capacités d’attention et de mémorisation.
Au niveau de l’aptitude aérobie:
L’entraînement réduit environ de moitié le déclin
physiologique de l’aptitude aérobie.
Ainsi, des sujets âgés soumis à un programme de
course identique à des jeunes athlètes ont une
VO2max de 15 % inférieure à celle de sujets
jeunes, mais deux fois supérieure à celle de
sujets sédentaires du même âge.
2/ Entraînement en résistance:
Effets de l’activité physique de renforcement musculaire
chez les personnes avançant en âge:
• Sur le muscle périphérique : retarder la perte
musculaire (sarcopénie) et renforcer la force et la
puissance maximale, augmenter la capacité
fonctionnelle, la vitesse de déplacement, le fait de
monter des marches d’escalier.
• Sur l’os : ralentir la perte de densité minérale osseuse.
• Sur les risques de chute et de fracture : diminuer ces
risques par amélioration de la stabilité posturale, plus
de souplesse, une plus grande vitesse de marche.
Sur le plan cognitif et sur la santé mentale:
Concernant le fonctionnement cognitif, un entraînement physique léger et des
stimulations intellectuelles, affectives et émotives freinent les effets du
vieillissement cognitif.
Soulagement des symptômes et du comportement de dépression et une
amélioration du contrôle personnel et d’efficacité personnelle. L’AP joue un rôle
important pour maintenir l’état fonctionnel global et pour stabiliser ou
améliorer des fonctions cognitives déjà altérées.
L’AP joue un rôle sur les processus d’attention, l’effet bénéfique des APS sont
l’amélioration de l’utilisation de l’oxygène et/ou du débit sanguin cérébral, une
activité trophique directe neuro-synaptique par stimulations sensorielles et
motrices, une réduction de l’insulino-résistance et/ou une amélioration de
l’estime de soi.
Dans le domaine des démences, on sait que l’inactivité est associée à un risque
augmenté de 250 % pour la maladie d’Alzheimer et que l’AP peut être
considérée comme un agent protecteur (diminution de 32 % du risque d’avoir
cette pathologie chez les sujets âgés s’entraînant plus de 3 fois/semaine).
Une relation négative entre l’AP et les démences, et un effet positif sur l’ensemble
des tâches exécutives (la préparation, l’organisation, la mémoire de travail, les
multitâches)
Qualité de vie, activité physique et vieillissement:
Sur le plan de la qualité de vie on a montré un véritable
impact de la pratique d’AP sur la santé mentale et le
bien-être des personnes avançant en âge.
l’entraînement aérobie était la modalité d’AP de choix.
Entraînement de l’équilibre et chutes:
Par rapport au risque de chute lors du vieillissement,
on sait que l’AP de renforcement musculaire associée à
du travail d’équilibre et à un peu d’exercices aérobies
sont des éléments efficaces de la diminution de ce
risque qui touche environ un tiers des sujets ayant plus
de 65 ans avec au moins 1 chute/an.
Prévention globale primaire
L’objectif est dans cette population de retarder l’apparition des
symptômes induisant des déficits inéluctables comme la baisse de force
musculaire liée à la sarcopénie physiologique ou à la dyspnée liée au
déconditionnement musculaire périphérique et cardiorespiratoire…
Prévention des chutes:
est un vrai défi de santé publique et doit être pris en compte très tôt par
une AP régulière à l’âge adulte puis lors de l’avancée en âge.
le risque augmente avec l’âge, qu’il est deux fois plus élevé chez la femme
Ces fractures peuvent être suivies d’un décès, de luxations, entorses et
d’hématomes…
Les chutes – grandes pourvoyeuses de séquelles invalidantes –
représentent 80 % des accidents de la vie courante chez les personnes
âgées de plus de 65 ans. La majorité d’entre elles sont accidentelles.
Dans le cadre de la prévention des chutes, en plus du travail sur
l’équilibre, il faut enseigner les « bonnes manières » de chuter et les
techniques pour se relever seul.
Facteurs de risque:
Les facteurs favorisant les chutes sont multiples, outre les troubles de la
marche et de l’équilibre (instabilité posturale, raideurs articulaires), les
déficits osseux et musculaire (ostéoporose, sarcopénie), on trouve les
problèmes visuels (sensibilité aux contrastes et récupération après
éblouissement, baisse de l’acuité visuelle), la prise de sédatifs,
l’hypotension orthostatique, l’incontinence urinaire par impériosité, les «
inadaptations » du logement, etc.
Chacun des éléments doit être identifié et corrigé dans la mesure du
possible. Il ne faut pas oublier le préjudice psychologique et
l’appréhension du sujet de rechuter qui induit un cercle vicieux avec la
peur de retomber. La personne ne bouge presque plus et la masse
musculaire comme l’autonomie diminuent, ce qui favorise de nouvelles
chutes. Ces conséquences psychologiques et psychomotrices, pouvant à
l’extrême aboutir à un syndrome post-chute, doivent être prises en charge
par les psychomotriciens, les masseurs kinésithérapeutes en parallèle à
une réhabilitation à l’effort. L’éducateur sportif ou médico-sportif est
attentif à cette situation.
Bilan à réaliser pour évaluer le risque de chute:
Ils sont précédés d’un interrogatoire très important (ancienneté des
troubles, fréquence, circonstances déclenchantes, signes associés : fièvre,
altération de l’état général, troubles des fonctions supérieures ;
retentissement des troubles : appréhension…), puis d’un examen clinique
analytique (prise de la pression artérielle, des capacités auditives et
visuelles, de l’examen des pieds et du chaussage) et fonctionnel qui
étudie :
• l’équilibre statique : station assise, station debout bipodale (statique du
rachis, Romberg, polygone de sustentation, épreuve des poussées
déséquilibrantes, réactions parachutes) ;
• l’équilibre dynamique :
- transferts couché–assis et assis–debout,
- marche sur terrain plat sur une dizaine de mètres (balancement du
tronc, dissociation des ceintures, position du tronc, longueur du pas…),
- demi-tour, marche rapide, marche les yeux fermés, montée ou descente
des escaliers, franchissement de petits obstacles…
On examine aussi le relever du sol et les aides techniques à la marche.
Les tests les plus couramment utilisés sont:
• le Timed Up and Go Test qui consiste à se lever d’une chaise sans utiliser
les mains, marcher 3 mètres, faire un demi-tour revenir puis faire le tour
de la chaise et s’asseoir en moins de 20 secondes. Le test est associé à
un statut d’indépendance du sujet. Il est dit complètement normal, s’il
est réalisé en 12 secondes ou moins ; s’il faut plus de 16 secondes le
risque de chute est multiplié par 2,7 dans les 5 ans et si le sujet dépasse
les 30 secondes, ce résultat est associé à un statut de dépendance.
• L’appui unipodal qui consiste à tenir sur une jambe pendant 5 secondes,
mains posées sur les hanches, et pied soulevé posé sur le mollet. Le test
est fait 2 ou 3 fois sans chronométrage. Si le sujet peut les réaliser sans
anomalie, la prescription d’AP seule est justifiée. Si les sujets sont déjà
tombés ou échouent aux deux tests précédents, un programme
spécifique de prévention des chutes doit être proposé et des examens
complémentaires effectués à la recherche de l’origine des troubles.
On finit l’examen par une évaluation des fonctions
cognitives (mémoire et MMS : Mini-Mental State), de
l’état nutritionnel (MNA : Mini-Nutritional Assessment) et
de l’humeur, par une évaluation de l’autonomie et des
besoins et des ressources.
Bien sûr, il faut aussi agir sur les comportements, analyser la
prise de médicaments, la richesse de l’alimentation,
éliminer un état dépressif et améliorer l’environnement.
L’AP semble diminuer (seule ou en association avec un
environnement de stimulation) la prévalence et
l’incidence des problèmes cognitifs et de démence à un
âge avancé.
Il y a un meilleur contrôle des tâches exécutives, de
l’attention…
Autres bénéfices de l’activité physique sur la prévention de l’apparition de
maladies en lien avec le vieillissement:
Sur le plan des maladies cardiovasculaires, que ce soit sur la maladie
coronaire où l’AP est un vrai facteur protecteur en prévention primaire grâce
au développement de la circulation collatérale tant au niveau musculaire
périphérique que myocardique, sur l’artériopathie des membres inférieurs,
sur l’hypertension artérielle, mais aussi sur les troubles du bilan lipidique,
on note un réel bénéfice de l’AP chez les sujets avançant en âge.
Concernant l’ostéoporose, une AP depuis l’enfance régulière est utile pour
constituer un capital osseux puis est protectrice sur la perte osseuse et la
modification de la micro-architecture osseuse au même titre que sur
l’entretien de la force et de la fonction musculaires. La femme ménopausée
est la plus à risque, mais l’ostéoporose masculine du sujet de plus de 70 ans
n’est pas à négliger. Dans ces deux cas, l’AP associée à une alimentation
adaptée est un vrai moyen de prévention de l’ostéoporose et de ses
complications.
Au niveau des cancers, il n’y a pas d’étude ayant étudié précisément l’impact
de l’âge sur le développement de cancer en relation avec l’activité physique.
Activité physique, anciens sportifs et sportifs de toujours:
Au sein des personnes avançant en âge qui ont fait du sport
jeune, on distingue ceux qui en ont toujours fait, que l’on
appelle les sportifs de toujours qui en adaptant leur AP à
leurs capacités continuent à pratiquer, ceux là ne posent
aucun problème et ils bénéficient des bienfaits de l’AP.
Il existe aussi une population particulière, les anciens sportifs
qui ont arrêté la pratique à l’entrée dans la vie active à l’âge
adulte et qui se remettent à l’AP lors de la retraite. Cette
seconde catégorie est souvent à risque traumatique et
cardiaque du fait d’une pratique non modérée cherchant à
retrouver les sensations passées, sans prendre en compte les
modifications physiologiques dues à l’avancée en âge. Les
médecins et les éducateurs sportifs seront d’autant plus
vigilants
Préventions secondaire et tertiaire et pathologies du vieillissement:
Concernant les démences et, en particulier, la maladie d’Alzheimer, en
prévention tertiaire par des exercices physiques collectifs de 1 heure 2
fois/semaine de marche, d’équilibre et de souplesse, on obtient des
modifications positives sur l’échelle des activités de la vie quotidienne
(ADLs : activities of daily living) en limitant sa diminution par rapport à une
prise en charge classique. Ils ont aussi retrouvé une meilleure performance
sur le test de 6 minutes marche à un an, l’absence de modification sur le
statut nutritionnel, et rien sur les perturbations de comportements, ni sur
la dépression des patients. Les malades doivent être sollicités et soutenus
par les équipes soignantes et en particulier par un éducateur sportif.
L’insuffisance coronaire, dont la complication aiguë est parfois mortelle, et
l’infarctus du myocarde touchent même les sujets entraînés et
fréquemment les sujets âgés. Ces complications bénéficient positivement
de la pratique des AP sous maximales sans dépasser le seuil angineux. Dans
ce cadre, l’AP est un véritable adjuvant thérapeutique quel que soit l’âge du
patient.
D’autres pathologies sont concernées par l’avancée en âge.
Actions de promotion de la santé en faveur des populations avançant en âge:
Expérience danoise
Expérience canadienne
Expérience française
Bilans à réaliser avant la mise en activité physique:
La prescription d’AP après 55 ans se fait à partir d’une analyse soigneuse des
facteurs de risque cardiovasculaire (ECG de repos systématique) et d’un
test d’effort.
Le bilan ostéo-articulaire est aussi très précis à la recherche de déficiences
comme des limitations d’amplitude articulaire, des troubles de la densité
minérale osseuse.
Un bilan du risque de chute.
L’analyse de l’autonomie du sujet est réalisée, ainsi qu’une étude précise des
sens comme la vision, l’audition.
Un bilan biologique s’impose à la recherche de troubles métaboliques et de
la fonction rénale.
Conseils de pratique
Précautions:
La pratique et sa prescription se font à partir des résultats de l’épreuve d’effort
cardiologique pour laquelle il faut respecter les contre-indications classiques à
l’évaluation par l’exercice et à l’entraînement.
Les principales contre indications absolues empêchant l’évaluation par l’exercice
sont des modifications récentes de l’ECG ou un infarctus du myocarde, un angor
instable, des arythmies incontrôlées, un bloc cardiaque du troisième degré ou
une défaillance cardiaque congestive aiguë. Les principales contre-indications
relatives pour l’évaluation par l’exercice incluent des pressions artérielles
élevées, des cardiomyopathies, une maladie des valves cardiaques, une ectopie
ventriculaire complexe et des maladies métaboliques non contrôlées.
Le prescripteur tient compte de l’avis du cardiologue sur les niveaux d’intensité de
pratique et sur les contre-indications potentielles.
Il est attentif aux autres déficiences possibles, les multipathologies étant
relativement fréquentes avec l’avancée en âge, encore plus avec les populations
fragiles.
Le prescripteur doit aussi tenir compte des thérapeutiques existantes et de leur
impact sur les capacités physiques et psychiques du sujet.
Facteurs de motivation pour la pratique des activités APS lors de l’avancée en
âge:
• Activité physique simple réalisable au quotidien.
• Bonne perception de son niveau de santé et/ou de ses habiletés motrices.
• Influence et/ou soutien de l’entourage.
• Accompagnement par l’éducateur sportif et/ou le médecin prescripteur des
APS.
• Participation en groupe ou accompagné et sentiment d’appartenance
(groupe, équipe…).
• Amélioration de la confiance en soi.
• Amélioration de la qualité de vie sociale et psychologique (rencontre avec
d’autres personnes, humour, apparence, musique).
• Atteinte des objectifs fixés (micro-objectifs réalisables, auto-efficacité).
• Accès facilité aux équipements et horaires bien adaptés.
• Lieux sécurisés de pratiques.
• Pratique d’activités physiques suivant une progression dans la durée,
l’intensité et le niveau de difficulté.
Modalités de pratique:
Les AP de loisirs et les APS doivent toujours être pratiquées de façon
progressive, prudente et dans un milieu sécurisé.
Elles doivent être adaptées et expliquées à chaque participant.
Pratiquer avec un groupe de personnes du même âge ou de motricité
équivalent, sans esprit de compétition, est recommandé.
Il est nécessaire de privilégier une pratique pluridisciplinaire et variée.
La pratique en alternance d’activités en salle, en terrain extérieur, en pleine
nature ou en piscine permet d’enrichir le répertoire moteur des personnes
et vise une sollicitation différente des fonctions ostéomusculaires,
articulaires et cardiorespiratoires.
La variété des formes de pratique (individuelle, collectives…) implique
différemment le public, en privilégiant le développement des capacités
d’adaptation face au milieu et à l’environnement.
Il faut favoriser le lien social et pratiquer dans une ambiance conviviale.
Tous ces exercices à mettre en oeuvre par l’éducateur sportif bénéficient d’un
réel plan de prescription de la part du médecin qui les conseille.
Sur le plan du travail aérobie, les modalités recommandées sont de 30 minutes
d’endurance, 5 jours/semaine d’intensité modérée, donc de niveau 6/10 sur
une échelle visuelle.
En cas d’intensité dite « vigoureuse » ou élevée (au-delà du seuil
d’essoufflement, le minimum est de 20 minutes et cela 3 jours/semaine. À
noter que cette activité peut être fractionnée par période de 10 minutes. On
respecte toujours les règles de bonne pratique sur la régularité, la
progressivité, l’organisation de la séance avec l’échauffement, le retour au
calme… Ce travail d’endurance ne dispense pas d’avoir, au quotidien, une
activité de lutte contre la sédentarité.
Il s’agit des activités de la base de la pyramide d’activités, comme se rendre au
marché en vélo ou aller à pied chez son coiffeur, jardiner, laver sa voiture à la
main, faire ses tâches domestiques…
Les effets du vieillissement sur la fonction d’équilibration sont à l’origine de
l’augmentation des chutes, donc du risque de fractures avec ses
conséquences sur l’autonomie des personnes. Pour un meilleur équilibre, on
privilégie donc les exercices qui entraînent les sens impliqués dans l’équilibre
(proprioception, visuel, labyrinthique…).
La pratique d’APS contribue à limiter les effets de l’avancée en âge sur la force et la
puissance musculaires. Les exercices dynamiques sont préférables aux exercices
statiques qui risquent de provoquer des troubles hémodynamiques par excès de
pression. On privilégie les exercices au minimum 2 jours non consécutifs par semaine
à raison de 8 à 12 répétitions sur 8 à 10 groupes musculaires (avant-bras, bras, épaule,
cuisse…) à une intensité modérée, soit à la moitié de l’effort maximal du sujet. Il faut
arriver progressivement au poids correspondant à cet effort modéré. Pour augmenter
la quantité d’AP, on peut progressivement jouer sur le nombre de répétitions puis sur
la charge en poids (jamais plus de 10 % d’augmentation en une fois).
Pour une meilleure souplesse musculotendineuse et une meilleure amplitude
articulaire, il faut pratiquer une variété d’activités et d’exercices physiques, insister
régulièrement sur les étirements musculaires au cours de chaque séance, en
particulier en récupération à la fin, en respectant de la douceur, sans à coups et en
utilisant la respiration. Sans entraînement, la capacité d’étirement des muscles
diminue de façon notable, ainsi que leur vitesse de contraction.
Quant aux tendons, ils peuvent être le siège d’inflammations, voire dans un cas
extrême de rupture partielle ou totale. Il est donc très important de bien s’échauffer
avant toute pratique physique, c’est-à-dire commencer de façon progressive, et de
bien s’hydrater.
Plus le vieillissement augmente plus on est attentif à l’importance des bonnes pratiques
d’étirement et d’échauffement.
De plus, du vieillissement articulaire découle de nombreuses pathologies limitant
l’amplitude des mouvements et entraînant en conséquence une diminution de la
souplesse globale.
L’arthrose est la plus fréquente, elle se manifeste dans un premier temps par la
dégénérescence du cartilage, puis par sa destruction progressive et par l’amincissement
de l’espace articulaire. Il apparaît ensuite des modifications de l’os sous-chondral.
L’exercice modéré est indiqué, l’absence d’activité physique produisant un raidissement
des articulations, donc en conséquence une diminution de la souplesse articulaire. Les
gestes et mouvements sont donc moins amples, moins sûrs et moins efficaces.
Au niveau de la coordination motrice dans l’acte moteur, il faut travailler la latéralisation
(droite, gauche), la perception de l’espace (distance, hauteur, avant, arrière…), le sens
du rythme (accélération, ralentissement…), et tout processus d’adaptation
neuromusculaire à une situation nouvelle. Certaines APS présentent des sollicitations
plus ouvertes que d’autres. Les sports de pleine nature, par exemple, offrent un
environnement changeant, le pratiquant doit constamment mettre en jeu ses capacités
de coordination motrice. Les sports d’opposition (tennis de table, tennis), en fonction
du jeu de l’adversaire, sollicitent fortement la coordination. En revanche, des APS
comme la gymnastique proposent des situations plus fermées, dans ce cas l’éducateur
sportif propose dans ses séances des exercices où la coordination est mise en jeu.
L’utilisation de balles et ballons, d’accessoires permet de nombreux exercices variés.
Conclusion:
En termes de prévention, on sait que le tryptique du « bien vieillir » passe par une bonne
alimentation, de l’exercice physique régulier et une vie sociale riche.
Faire passer ce message est bien une démarche d’éducation pour la santé par les APS, elle
peut être réalisée, en particulier au sein des associations sportives, par les éducateurs
sportifs et médico-sportifs.
Une même démarche peut avoir lieu dans les maisons de retraite ou dans les
établissements de soins avec une action d’éducation thérapeutique menée par le
personnel médical et paramédical, ainsi que par l’éducateur médico-sportif titulaire d’un
diplôme STAPS ou d’un brevet d’État ou professionnel du ministère chargé des Sports.
On sait que l’AP, chez les sujets avançant en âge, ne peut pas toujours améliorer les
marqueurs traditionnels de la performance physiologique et de la condition physique
(ex. : VO2max, capacité oxydative mitochondriale, composition corporelle), mais que
souvent elle améliore la santé (réduction des facteurs de risque de maladie, bien-être
psychologique, intégration sociale) et la capacité fonctionnelle.
Ainsi, elle contribue à un vieillissement plus sain, elle permet de maintenir une certaine
autonomie, et d’améliorer beaucoup la capacité fonctionnelle et la qualité de vie de cette
population. On peut donc commencer les APS et en tirer bénéfice, à tout âge et ce, quel
que soit son état de santé initial. Il n’est jamais trop tard pour commencer les APS !

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