C'est dans ce cadre-là, dans le cadre d'une prise de position générale qu'à
eu lieu cette extension de l'idée de contexte de production au contexte
social de production des énoncés. Dans la théorie de Benveniste, c'est
quand même centré sur le contexte physique. Dans le cadre de la
pragmatique, on est plutôt et surtout sur des dimensions sociales ou
socio-actionnelles.
Ce que veulent dire «paramètres sociaux-actionnel » est qu'il n'y a pas
seulement un espace-temps physique de production langagière, mais
aussi et pratiquement toujours un lieu sociale. C'est-à-dire que les
énoncés sont prononcés dans une certaine institution sociale: dans
certains cadres nous pourrons effectuer certaines choses, certains
énoncés auront de l'importance et provoqueront une transformation,
tandis que dans d'autres, ces mêmes énoncés n'auront aucun effet. Ce
qu'il faut comprendre est que nous ne sommes pas seulement dans des
paramètres à caractère physique, mais nous sommes aussi toujours pris
dans un contexte qui présente des dimensions sociales ou socio-
actionnelles.
De même, si chaque production langagière ou tout est
énoncé, où tout présuppose la présence d'une instance
en chair et en os (mais qui parfois peuvent être des
machines), nous sommes toujours en présence d'une
personne physique, mais ces personnes sont dans une
posture d'énonciateur avec un rôle, une fonction au
moment de la production de l'énoncé. La nécessité de
faire la distinction entre émetteur et énonciateur est que
l'émetteur (le point de vue physique) est une instance
relativement fixe, il ne change en général pas, tandis
que l'énonciateur (dimension socio-actionnelle) change.
nous allons faire cette distinction. Elle nous permettra, par la suite, d'effectuer
la transition et introduire l'autocritique même d'Austin.
Austin introduit cette bi-partition comme suit: il y a deux types d'énoncés (qui
sont tous des énoncés de type affirmatif). Austin va dire qu'il y a des énoncés
qui disent des choses sur le monde (phrases 1 et 2 du tableau 2) et qui sont
évaluables en terme de vrai ou faux. Austin les appel des énoncés constatifs:
ils constatent des choses à propos de la réalité.
Tableau 2.
Si ces conditions linguistiques ne sont pas remplis, l'énoncé perd son statut performatif et
redevient constatif.
II.L'autocritique des énoncés performatifs et
constatifs par Austin
Austin a lui-même fait l'autocritique de sa théorie où il remet en question
la bi-partition constatif/performatif. Ceci a donné lieu à une deuxième
phase. Pour se faire, regardons certains énoncés de plus près.
. Exemples de phrases.
11. Je te promets de t'emmener au cinéma demain.
12. Je t'emmènerai au cinéma demain.
13. Le chat est sur le paillasson.
14. J'affirme que le chat est sur le paillasson.
15. Je t'emmènerai demain au cinéma.
16. Je te promets que je t'emmènerai au cinéma demain.
17. Ouvrez la fenêtre, Gaston!
18. Auriez-vous l'amabilité d'ouvrir la fenêtre, cher ami?
19. Si tu ouvres ce frigo, tu seras puni.
Si nous prenons les phrases 11 et 12, la première est un énoncé clairement
performatif: nous avons un verbe au présent qui est à caractère performatif, le fait
même de dire «je te promets» constitue l'acte de promettre. Par contre, la seconde
phrase (12), elle, n'a pas de verbe au présent, mais elle fonctionne aussi comme
promesse. La force est comparable à l'énoncé 11, bien qu'elle ne remplisse pas les
conditions performatives même si elle fonctionne en tant que tel.
Nous voyons donc que certains énoncés, même s'ils ne remplissent pas toutes les
conditions linguistiques des énoncés performatifs, fonctionnent en réalité en tant que
tel.
La phrase 13 est constative puisqu'on peut la questionner par vrai ou faux. Mais
devant n'importe quel énoncé constatif, nous pouvons mettre un «J'affirme», comme
dans la phrase 14 et nous avons toutes les conditions d'un énoncé performatif,
pourtant elle ne l'est pas.
Si nous prenons la phrase 17, c'est une dérivée simple de type impératif.
Si nous prenons la parse 18, c'est une dérivée simple de type interrogatif. Mais attention, au sens littéral
la phrase tente de mesurer le degré d'amabilité que l'ami possède...
La dimension locutoire sont les caractéristiques les plus objectives, les plus simples à dégager de tout
énoncé.
2.La dimension illocutoire
• La dimension illocutoire désigne ce qu'on appelle la valeur d'acte de l'énoncé. Par exemple, les
énoncés 15 et 16 constituent des promesses. Donc leur valeur en tant qu'acte humain est la
valeur de promesse.
Exemple d’énoncés avec leurs valeurs illocutoires:
• Je te promets de t'emmener au cinéma demain. Promesse
• Je t'emmènerai au cinéma demain. promesse
• Le chat est sur le paillasson. Promesse
• J'affirme que le chat est sur le paillasson. Affirmation
• Je t'emmènerai demain au cinéma. Promesse
• Je te promets que je t'emmènerai au cinéma demain. Promesse
• Ouvrez la fenêtre, Gaston! Ordre
• Auriez-vous l'amabilité d'ouvrir la fenêtre, cher ami? Demande
• mais si on change de cadre, à l'armée par exemple, ça pourrait être
un ordre
• Si tu ouvres ce frigo, tu seras puni. menace, mais, selon le contexte, pourrait être
une promesse...
Cette dimension illocutoire, qui se trouve dans tout énoncé, à trait à ce que
3.La dimension perlocutoire
Elle concerne l'effet de l'acte. C'est-à-dire: est-ce que la promesse de l'énoncé 15 a été tenue ou pas.
Est-ce que la fenêtre a été ouverte par Gaston ou pas (phrase 17). L'acte d'ordre ou de demande a
marché ou non.
Dans l'exemple de la phrase 17, selon la situation, il n'y aura pas d'acte. En effet, quelqu'un peut mal
prendre ce genre d'énoncé.
De toute manière, il y a lieu de considérer ce troisième niveau qui est de demander si la valeur d'acte
a produit ou non un effet et quel est l'effet produit.
Ces trois caractéristiques se trouvent, d'une certaine manière, empilées dans tout énoncé.
Ceci clos la question des actes de langage et nous permet de nous dirriger sur la théorie de l’implicite