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Toxoplasmose

Dr. Dorsaf
Aloui
INTRODUCTION
La toxoplasmose est une zoonose ubiquitaire largement
répandue dans le monde .
Maladie parasitaire généralement immunisante
Due à un protozoaire intracellulaire : le Toxoplasma
gondii dont l’hôte définitif est le chat.
Bénigne chez le sujet immunocompétent
Redoutable :- chez la femme enceinte risque de
transmission au fœtus : toxoplasmose congénitale
- chez le sujet immunodéprimé

dépistage et prévention systématique


AGENT PATHOGÈNE
Toxoplasma gondii existe sous trois formes :

 Tachyzoïte ou trophozoite: forme libre

Bradyzoïte : forme quiescente

Oocyste : résultat du cycle sexué


Tachyzoïte
-Forme végétative
-Appelé parfois trophozoïte
-Forme d’un croissant ou d’un arc
-6 à 8 µm de long /3 µm de large
-L’extrémité antérieure est effilée
et l’extrémité postérieure est arrondie
-Le noyau est situé du côté de l’extrémité postérieure
-Le complexe apical est situé dans la partie antérieure du tachyzoïte
-Forme proliférative qui se développe rapidement en particulier
dans les cellules du système réticulo-hystiocytaire
-pénètre dans les cellules grâce à des récepteurs spécifiques
-se développent et se multiplient dans les cellules de tous les
animaux à sang chauds.
-se reproduisent par un processus particulier de multiplication
asexuée, l’endodyogénie, dans laquelle les deux parasites fils
s’individualisent complètement à l’intérieur de la membrane du
parasite initial qui éclate pour les libérer.
-sont rapidement détruits par l’acide chlorhydrique gastrique; leur
ingestion ne peut donc pas entrainer la contamination.

-Infectants par voie sanguine pour le fœtus


 toxoplasmose congénitale
kyste
 Forme de latence dans l’organisme durant toute la de vie de l’hôte
 sphérique, 50 à 200 µm de Ø
 Entouré par une membrane épaisse et résistante
 Se développe progressivement à partir du cytoplasme de la cellule
hôte
 Peut renfermer des centaines de bradyzoïtes à métabolisme ralenti
 Prédomine dans les tissus musculaires, nerveux et
l’œil (tissus pauvres en anticorps), ils produisent
des antigènes qui traversent la membre kystique et
entretiennent l’immunité.
 Cette immunité est totale, définitivement protectrice
à condition que le sujet soit immunocompétent, elle
empêche toute nouvelle infestation.
 Les kystes sont responsables de la contamination de
l'homme par voie orale par ingestion de viande
parasitée :
 Non détruits par des températures <45°C ni par
l’acide chlorhydrique.
 Forme de résistance et de dissémination
Oocystes
 Ovoïde, 14 µm sur 9 µm,
 issu de la multiplication sexuée ( chez le
chat).
 Mature, il contient 2 sporocystes
renfermant chacun 4 sporozoïtes (futurs
toxoplasmes).
 Forme de résistance et de dissémination:
• capable de rester infestant au moins un an
dans le sol humide.
• non détruit par l’Ac. Chlorhydrique
gastrique.
• contamination des herbivores, et de
l’homme par ingestion de fruits ou de
crudités souillées.

Forme de résistance et de
dissémination
Cycle évolutif
Cycle hétéroxéne: 2 phases :

- Cycle asexué chez les hôtes intermédiaires (HI)


(homme ,animaux omnivores ou carnivores).

- Cycle sexué chez l’hôte définitif (le chat)


Cycle sexué chez le chat
 Infestation par ingestion de kystes dans la
chair de ses proies ou d’oocystes sporulés
(sol ou végétaux souillés)

 Libération des formes végétatives , invasion


des cellules de l’intestin grêle et reproduction
par multiplication asexuée(schizogonie).

 Apparition d’éléments sexués mâles et


femelles dont la fécondation (gamogonie)
aboutit à la formation d’oocyste rejeté dans
le milieu extérieur avec les fèces du chat.

 Cet oocyste n’est pas infestant et +eurs


jours sont indispensables pour permettre
sa maturation(sporogonie)
Cycle asexué chez les HI
• Dans les cellules du système des phagocytes mononuclés.

• Contamination par ingestion d’oocystes ou de kystes.

• Transformation des sporozoïtes et des bradyzoïtes en


tachyzoïtes, qui traversent l’entérocyte pour se multiplier
dans les macrophages permettant une diffusion parasitaire
dans l’ensemble de l’organisme.

• Formation de kystes rapidement en moins de 10 jours, la


transformation des tachyzoïtes en bradyzoïtes est sous
contrôle immunitaire.
Comment se déroule le cycle biologique?
Comment se contamine l’homme?
OOCYSTES KYSTES

PAR VOIE
ORALE
PAR VOIE
TRANSPLACENTAIRE

TACHYZOITES
ACCIDENTELLEMENT

BRADY/TACHYZOITES
REACTIVATION

immunodépression BRADY
TACHYZOITES
- Orale +++
 Kystes ingestion de viande mal cuite
 Oocystes  ingestion de végétaux souillés
- Transplacentaire: par passage de trophozoïtes
(séroconversion pendant la grossesse)
-Réinfestation endogène :réactivation des kystes
quiescents chez les ID
-Autres modes:
 Transplantation d’organes, transfusion de
leucocytes, greffe de moelle
 Manipulation de souches vivantes dans les
laboratoires inoculation cutanéo-muqueuse

Les 3 formes parasitaires, tachyzoïtes, bradyzoïtes


et oocystes, peuvent donc être infectants pour l'homme.
le kyste :
 survit durant plusieurs jours dans les cadavres et pendant
plusieurs mois à + 4°C.
 est détruit par la cuisson, la congélation à – 20°C et la
cuisson par microondes.
l’oocyste:
 Survit 1 an dans le milieu extérieur humide
 Détruit par la chaleur >50°C pendant 30 minutes, la
congélation <-20°C, le formol à 10% pendant plus de 24
heures, la soude à 6%, l’acide sulfurique, l’alcool à 95°C
pendant plus d’une heure.
 Résistant à l’eau de Javel
Epidémiologie
Parasitose cosmopolite (sous tous les climats )
Fréquence variable en fonction du mode de vie (habitudes
culinaires), de l’environnement (zones géographiques) et
des conditions socio-économiques.
Prévalence humaine :En Tunisie, prévalence augmente avec
l’âge (entre 40 à 60% chez les parturientes).
Prévalence animale :
 chez le chat : elle augmente dès le début de l’activité de
chasse (>50% à l’âge adulte) 
 chez les ovins et les caprins: >80% chez les adultes.
PHYSIOPATHOLOGIE
Primo-infection après ingestion : migration de la forme
infestante du tube digestif vers l’ensemble de l’organisme.
Les bradyzoїtes ou sporozoїtes, libérés par digestion des kystes
ou des oocystes, pénètrent dans les cellules intestinales, s’y
transforment en tachyzoïtes pour envahir la lamina propria.
Les tachyzoïtes disséminent par voie hématogène et
lymphatique, ensemencent le foie, les poumons puis les autres
viscères,œil,cerveau, le squelette et les muscles.
C’est à ce stade que le Toxoplasme peut se localiser au niveau
du placenta
La réaction immunitaire à l’invasion du parasite
contrôle progressivement la multiplication du parasite
→ arrêt de sa dissémination. Elle favorise par ailleurs la
transformation des tachyzoïtes en bradyzoїtes puis
l’apparition des kystes.

L’immunité humorale ne joue pas un rôle majeur ds le


contrôle à long terme de la toxoplasmose.Ce contrôle
dépend de de l’immunité cellulaire T.
En cas dedéficit de l’immunité Caire , les
bradyzoites contenus dans les kystes se
transforment en tachyzoites.
Formes cliniques

 Toxoplasmose chez l’immunocompétent

 Toxoplasmose de l’immunodéprimé

 Toxoplasmose congénitale
Chez l’immunocompétent
1-1-La forme asymptomatique :
La forme la plus fréquente (+ de 80% des cas).
Confirmée par la sérologie
1-2-La forme ganglionnaire :  une triade symptomatique :
Fièvre modérée et inconstante +Adénopathies(90%) (cervicales++) +
Asthénie +/- Sd mononucléosique sanguin
L’évolution est généralement résolutive spontanément et sans complications.
1-3-Les formes graves :
-Elles sont rares.
-Elles surviennent presque toujours après un accident de laboratoire

•lésions oculaires: chorio-rétinite,


•lésions cardiaques, pulmonaires, neurologiques.
Chez l’immunodéprimé
 Les toxoplasmoses inaugurant ou compliquant une infection à
VIH sont fréquentes (30 à 60%) INFECTION
OPPORTUNISTE
 Elles se déclarent après réactivation endogène concomitante
d’un effondrement de l’immunité cellulaire (CD4+ <100/mm3)
*Les neurotoxoplasmoses sont les plus fréquentes
*Autres manifestations viscérales : choriorétinites
pneumopathie interstitielle
Toxoplasmose congénitale
 La contamination du fœtus implique le passage trans-placentaire du
parasite.

 Ce phénomène survient pendant la Parasitémie qui fait suite à la


contamination de la mère (durée 10 -15 jours) et essentiellement suite
à une Placentite.

 Le placenta s’oppose normalement au passage des toxoplasmes ; la


toxoplasmose maternelle n’est donc pas synonyme de toxoplasmose
congénitale.

 Le risque de transmission augmente avec l’âge de la grossesse. A


l’inverse, la gravité de l’infection foetale évolue de façon opposée.
Risque d ’infection congénitale selon le terme de l ’infection maternelle
-minime pendant le 1er trimestre de la grossesse (placenta de taille très
réduite)
-élevé après le 3ème mois de grossesse
risque %

72%

40%

6%

semaines
Dunn et al., Lancet, 1999
Risque
Risque de
de gravité
gravité des lésions fœtales
fœtales selon
selon le
le terme
terme de
de l’infection
l’infection maternelle
maternelle
-Lésions très graves, avortement si transmission 1er T

-Lésions moins graves , infra-clinique si transmission 3éme T

risque %

61%

25%

9%

semaines
Dunn et al., Lancet, 1999
Toxoplasmose congénitale grave :
 Dès la naissance,
 Contamination maternelle puis transmission au fœtus survenue au tout début de
la grossesse.
 tableau clinique associe :
- macrocéphalie avec hydrocéphalie,
- signes neurologiques variés : convulsions, troubles du tonus (hypotonie,
hypertonie,…),
- calcifications intracrâniennes,
- signes oculaires : microphtalmie et choriorétinite
 Evolution: mort ou retards psychomoteurs considérables.
Toxoplasmose congénitale bénigne :
 Dès la naissance
 Formes atténuées oculaires ou neurologiques.

Toxoplasmose congénitale latente :


 Inapparente à la naissance
 Traduction sérologique.
 A dépister très précocement et de les traiter car
risque de toxoplasmose oculaire tardive
Diagnostic chez la femme enceinte
- Compte tenu de de la fréquence et de la gravité des toxoplasmoses
congénitales ,il est obligatoire d’effectuer une sérologie lors de
l’examen prénuptial, et lors de la déclaration de la grossesse:
Immunisée : aucun problème

Non immunisée : femme à risque

Contrôles sérologiques réguliers (recherche


combinée d’Ig G et d’Ig M+++)
ELISA (Enzyme Linked Immuno Sorbent
Assay)

1 -ELISA indirecte:
- Se déroule dans des plaques de microtitration sensibilisées par
l’Ag toxoplasmique soluble où sont rajoutés : le sérum à tester,
une antiglobuline marquée par une enzyme (péroxydase) et le
substrat de l’enzyme dont l’hydrolyse (témoin d’une réaction
positive) aboutit à la formation d’un produit coloré quantifiable par
un spectrophotomètre.
-Technique utilisée pour le titrage des IgG
- Bonne spécificité, sensibilité ( seuil: 4 UI/mL)
- Détection précoce et automatisable
ELISA indirect

Recherche d’anticorps dans le plasma


ELISA inverse (immunocapture):
recherche des IgM- IgA

-La première étape est une immunocapture de l’isotype à


étudier
-Le support est sensibilisé avec un anticorps anti-IgM ou
anti-IgA
-Technique qualitative (résultat exprimé en présence ou
absence).
ELISA DOUBLE SANDWICH

Immunocapture : détection d’anticorps spécifiques

P
Indice d’avidité

Intérêt :dater la séroconversion ( différencier la toxo récente de la


toxo chronique)

- ELISA IgG avec et sans un agent dissociant de la liaison


Ag-Ac: urée

- Un indice d’avidité= DO sérum traité/DO sérum non traité:


indice entre 0 et 1

- Un indice élevé permet d’exclure une infection récente.


Mais un indice faible n’est
pas un critère d’exclusion
= non concluant
Interprétation des résultats
-Le diagnostic repose essentiellement:
- sur la cinétique d’évolution des anticorps
toxoplasmiques (IgM,IgG,IgA)
- et sur l’avidité des anticorps (Ig G)
- Les IgM apparaissent les premières après la contamination,
leur taux augmente pendant environ 1 à 2 mois. Elles peuvent
persister qq mois à qq années (IgM résiduelles)

- Les IgG apparaîtront par la suite sans jamais disparaître, témoin


sérologique de la persistance des formes quiescentes de
T. gondii au sein des tissus.

- Les IgA ont une évolution parallèle à celle des IgM mais sont
détectables au maximum pendant 6 mois (il est exceptionnel de
les détecter plus tard).Indétectables chez 6% de la population.
IgM
IgG

1mois 3mois 6mois 12mois


5 phases sérologiques successives:
1ère phase : absence d’IgG et absence d’IgM :
Sérologie négative: phase de latence entre la contamination et le début de la
réponse humorale spécifique ; sa durée estimée de 8 à 10 jours ;

2ème phase : absence d’IgG et présence d’IgM :


phase très précoce de la réponse anticorps car IgM toujours synthétisés avant
les IgG ;

3ème phase : apparition et augmentation du titre des IgG et présence des IgM :
 Apparition des IgG puis augmentation de leur titre: infection toxoplasmique

Période d’augmentation du titre des IgG varie entre 2 et 6 mois après


l’infection, en fonction des individus et des techniques utilisées.
Augmentation significative des IgG (doublement du titre) +présence d’IgM=
infection  récente
4ème phase : titre stable des IgG et présence d’IgM :
 Le titre des IgG reste à son maximum, en plateau, pour une durée
variable mais généralement de plusieurs mois ; sa décroissance est
lente en plusieurs années. Les IgM sont retrouvés le plus souvent
pendant 6 mois après le début de l’infection par la technique ISAGA par
exemple et elles persistent fréquemment pendant plus d’une année.

5ème phase : présence d’IgG et absence d’IgM :


 Cette phase correspond à une infection « ancienne », datant d’au moins
6 mois. Le titre d’anticorps reste le plus souvent stable
 D’une façon générale, le diagnostic sérologique d’une toxoplasmose
récente est basé sur l’étude de 2 prélèvements techniqués en parallèle.
Un délai minimum de 3 semaines entre les 2 prélèvements est
nécessaire pour affirmer la stabilité des titres d’IgG. En début
d’infection, une ascension de leur titre peut être mis en évidence dans
un délai plus court (1 à 2 semaines).
IgG négatives

IgM négatives IgM positives

Absence d’immunité Début d’infection ou IgM non spécifiques

• Surveillance sérologique mensuelle Deuxième contrôle sérologique


• Mesures prophylactiques Après 2 semaines

IgG positives
IgG négatives

Absence d’immunité IgM non spécifiques Séroconversion

• Rovamycine
• échographie
• Amniocentèse
IgG positives

IgM négatives IgM positives

Avidité des IgG

Forte Faible

Immunité ancienne
Immunité Infection récente possible
probable
ancienne

Contrôlesérologique Contrôle sérologique 15 jours après


21jours après

IgG stables
IgG en augmentation

Infection datant d’au moins 2 mois Infection récente de moins de 2


avant le premier prélèvement mois avant le premier prélèvement
Diagnostic de la Toxoplasmose congénitale
Toute toxoplasmose maternelle acquise pendant la grossesse expose le fœtus au
risque d’infection par transmission transplacentaire des parasites. Le
diagnostic est réalisé in utero et après la naissance.
1-Diagnostic anténatal:
-Recherche du parasite dans le liquide amniotique (amniocentèse): réalisée
que vers 18 SA même si l'infection a eu lieu beaucoup plus tôt.
Il faut attendre au minimum quatre semaines après l'infection maternelle
afin de « laisser le temps » au parasite de se multiplier puis de passer à
travers le placenta et éviter un résultat faussement négatif.
*PCR

- Echographie obstétricale :doivent être pratiquée mensuellement pour les


signes d’atteinte fœtale (hépatomégalie,ascite,dilatation des ventricules
cérébraux, calcifications intra-crâniennes)
2-Diagnostic post-natal :
- Examen clinique , radiologique, ophtalmologique …….

- Sérologie +++:

 Au-delà de J5 de vie: recherche d’IgM ou d’IgA


spécifiques par ISAGA et ELISA
la présence d’IgM ou d’IgA(ISAGA)) spécifiques permet
d’affirmer la toxo congénitale
 Profil immunologique comparatif mére –
enfant à la recherche d’anticorps
néosynthétisés par le BB

Profil immunologique Profil immunologique


différent sérum maternel et identique sérum maternel
sang de cordon : et sang de cordon :
présence d’anticorps IgG et absence d’anticorps IgG et
IgM néosynthétisés par le IgM néosynthétisés par le
foetus. foetus.
 Surveillance sérologique de l’enfant (Jo, 10,
J30 et /mois jusqu’à 1 an) par ELISA
-IgG de la mère doivent diminuer progressivement
jusqu’à disparaître.

le non infléchissement au-delà du 6ème mois des


IgG affirme une synthèse d’anticorps propre à
l’enfant et donc une la toxoplasmose
congénitale.
PROPHYLAXIE
Toxoplasmose maternofoetale:
 Sérologie toxoplasmique prénuptiale et au début de
grossesse.
 Chez la femme enceinte séronégative :
Sérologie toxoplasmique mensuelle jusqu’à un mois
après l’accouchement  
Mesures hygiéno-diététiques jusqu’à l’accouchement :
-ne pas consommer de viande saignante
-bien laver les légumes verts et les fruits
-éviter le contact avec les chats
-jardiner avec des gants
-se laver les mains ++

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