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Anesthésie pour chirurgie

thoracique

Dr Kahloul Mohamed

Service anesthésie réanimation Sahloul


Introduction
La prise en charge anesthésique d’un patient de chirurgie thoracique
pose plusieurs problèmes spécifiques :
 comprendre les étapes de l’évaluation pré-opératoire

 connaître les diverses modalités techniques de l’intubation


sélective
 savoir conduire une ventilation uni-pulmonaire

 choisir et mettre en place une technique d’analgésie adéquate

 traiter les complications postopératoires précoces


Évaluation préopératoire
1- Exploration de l’ensemble cœur-poumons-muscle

- Gazométrie artérielle

- Epreuves fonctionnelles respiratoires avec la mesure du volume


expiratoire maximal seconde (VEMS) par la technique de spirométrie
forcée directe.

Les éléments classiques de l’évaluation pré-opératoire.

MAIS n’évaluent pas l’ensemble cœur-poumons-muscle.


1- Exploration de l’ensemble cœur-poumons-muscle

La mesure de la capacité de diffusion du monoxyde de carbone


(DLCO): évalue la diffusion alvéolocapillaire et donc le système
respiratoire dans sa globalité (ventilation, diffusion, circulation,
hémoglobine), est rarement pratiquée.

L’épreuve d’effort sur bicyclette ou tapis roulant avec mesure de la


consommation d’oxygène (VO2 max)
1- Exploration de l’ensemble cœur-poumons-muscle

Test de marche de 6 minutes :


Distance attendue (m)= 218+(5.14*taille cm)-(5.32*age)-(1.8*poids kg)+(51.31*sexe)

0 pour la femme; 1 pour l’homme

Test de la navette qui consiste à faire parcourir au patient des allers-


retours de 10 mètres en augmentant la vitesse de marche toutes les
minutes.
1- Exploration de l’ensemble cœur-poumons-muscle

- une valeur de VEMS prédictif postopératoire < 30 % de la valeur théorique


est considérée habituellement comme contre-indiquant toute exérèse
pulmonaire (partielle ou totale) ;

- une distance de 450 mètres au test de la navette équivaut à une VO2


maximale supérieure à 15 mL/kg/min ;

- une désaturation d’au moins 4 % lors du test de la navette est un signe


prédictif de complications respiratoires postopératoires ;
1- Exploration de l’ensemble cœur-poumons-muscle

- la capacité de monter 5 étages au moins correspond à une VO2


maximale > 20 mL/kg/min.

Ainsi, il paraît inutile de faire des explorations complémentaires si:

- un patient programmé pour une lobectomie peut monter 3 étages

- un patient programmé pour une pneumonectomie peut monter 5


étages.
2- Stratégies d’investigation

• Algorithmes décisionnels.

• Une « stratégie classique » repose sur le calcul du VEMS prédictif


postopératoire (VEMS ppo) donné par :
VEMS ppo = VEMS pré-op × (1 – contribution fonctionnelle du parenchyme réséqué).

• Risque d’une complication grave: très faible si VEMS ppo > 40 %,

• Risque quasi constant si < 30 % justifiant alors une abstention


chirurgicale.
2- Stratégies d’investigation

L’évaluation du risque de mortalité hospitalière peut être réalisée en utilisant


le Thoracoscore qui prend en compte:
- l’âge,

- le sexe,

- le score ASA,

- le statut fonctionnel,

- la dyspnée,

- la notion d’urgence,

- le type de chirurgie,

-le diagnostic

-les comorbidités
3- Préparation pré-opératoire
3- Préparation pré-opératoire

La kinésithérapie respiratoire permet l’entraînement des muscles


inspiratoires:
 la ventilation non invasive pré-opératoire durant la semaine pré-
opératoire
 un programme de réhabilitation respiratoire
3- Préparation pré-opératoire

La préparation d’un patient BPCO bronchorrhéique avec dépistage


d’une colonisation et son traitement

La préparation d’un patient asthmatique répond aux règles habituelles.


Conduite de l’anesthésie
1- Monitorage

Il est le plus souvent non invasif sauf risque cardiovasculaire particulier.

Quelques particularités doivent être rappelées :

1- La SpO2 peut être faussement surestimée par la présence de


carboxyhémoglobine si l’opéré a fumé peu de temps avant
l’intervention ;
1- Monitorage

2- La capnométrie nécessite une analyse critique:

-le gradient PetCO2 et PaCO2 peut être > 10 mmHg si BPCO.

-Le gradient varie durant l’intervention en fonction de:


 mode de ventilation (ventilation bi- ou unipulmonaire)

 l’état hémodynamique

 l’état fonctionnel du parenchyme.

3- le monitorage de la profondeur d’anesthésie doit être recommandé


si chirurgies majeures ou patients âgés présentant de nombreuses
comorbidités.
1- Monitorage

Les indications de mise en place d’un cathéter artériel systémique ou


d’un cathéter artériel pulmonaire doivent être discutées de la même
façon que pour les autres types de chirurgie:

- risque hémorragique

- insuffisance coronarienne

- altération de la fonction ventriculaire


2- Agents anesthésiques

Une anesthésie avec des agents de courte durée d’action est pratiquée en
général pour permettre une extubation « sur table » en fin d’intervention.

Le protoxyde d’azote est évité s’il existe des bulles ou un pneumothorax


non drainé dont il augmente le volume et la pression.

La myorelaxation est indispensable pour éviter tout mouvement


diaphragmatique.
2- Agents anesthésiques

L’effet bronchodilatateur des halogénés est un argument en faveur de


leur emploi, ce d’autant qu’ils limitent le syndrome inflammatoire de
traduction essentiellement biologique, généré par la ventilation
unipulmonaire.
3- Prophylaxies

La chirurgie d’exérèse pulmonaire est considérée comme une chirurgie


propre contaminée (classe 2 d’Altemeier) du fait de l’ouverture des
bronches ou de la trachée.

L’antibioprophylaxie repose sur les céphalosporines en l’absence


d’allergie.
3- Prophylaxies

La prophylaxie de la maladie thrombo-embolique: sans


particularité mis à part la gestion d’une fenêtre thérapeutique lors de
l’ablation d’un cathéter péridural
4- Installation chirurgicale

La plupart des interventions sont réalisées en décubitus latéral sur un


billot thoracique ce qui procure une très bonne exposition chirurgicale.

Retentissement hémodynamique et respiratoire +++


4- Installation chirurgicale

Vérification primordiale avant l’incision de


- l’occlusion des yeux et des différentes zones d’appui

- de la position des bras

- des perfusions et de la pression artérielle

- l’installation d’un coussin sous la tête pour prévenir l’étirement des


racines cervicales.

- la symétrie des pouls radiaux pour dépister la compression d’une artère


axillaire.
5- Intubation avec un tube à double lumière
La plupart des interventions requièrent l’alternance de périodes de
ventilation et de non-ventilation du poumon opéré.

Ceci est permis par la mise en place:

- de sonde d’intubation à double lumière

- ou d’une sonde avec bloqueur.


Choix de la sonde d’intubation
Tubes à double lumière:

Les tubes à double lumière sont constitués par l’accolement de 2 tubes munis
d’un ballonnet à leur extrémité :

- un tube bronchique, incurvé au niveau distal

- un autre trachéal plus court.

-une pièce en Y permet l’adaptation au ventilateur.

La différence entre les types de sondes tient :

1) à la présence ou non d’un ergot venant se positionner sur la carène ;

2) au tube bronchique droit ou gauche.


Choix de la sonde d’intubation

• La dénomination « tube de Carlens » nom du promoteur de ce type de


sonde s’applique à un tube gauche avec ergot ;

• un tube droit avec ergot est appelé « tube de White »

• les tubes sans ergot sont des « tubes de Robertshaw » droit ou


gauche.

• Il existe des tubes à double lumière adaptés pour une insertion par un
orifice de trachéotomie.
Choix du tube à double lumière

- Adaptation du diamètre du tube au sexe et à la taille du patient : mais l’importante


variabilité inter-individuelle des dimensions des segments bronchiques et la faible valeur
prédictive des paramètres morphométriques explique les difficultés rencontrées;
Choix du tube à double lumière

- Adaptation du diamètre du tube à celui des voies aériennes, notamment celui de la


trachée (cliché thoracique) ou de l’anneau cricoïde. Une voie consiste à reconstruire en 3D
la bronche qui sera intubée à partir d’un scanner et à mesurer son plus petit diamètre ;
Choix du tube à double lumière

- Emploi d’un tube à double lumière de petit diamètre, le


gonflement du ballonnet assurant l’étanchéité.
Intubation et son contrôle

• Le contrôle du bon positionnement de la sonde doit être réalisé


immédiatement après l’intubation et effectué de nouveau après
l’installation chirurgicale.

• Il peut être nécessaire en cours d’intervention en cas de modification


de la qualité de l’exclusion pulmonaire.

• Ceci implique de pouvoir disposer d’un fibroscope tout au long de


l’intervention.
Complications des tubes à double lumière

1-Les difficultés de mise en place:

- d’emblée

- lors de l’installation du patient: mouvements de flexion et d’extension


de la tête pouvant déplacer l’extrémité du tube

- en peropératoire : intubation trop proximale (ballonnet trachéal


obstruant la carène) ou trop périphérique (ballonnet trachéal obstruant une
bronche souche), absence de perméabilité de la bronche lobaire supérieure
droite.

Particulièrement important lors de l’emploi d’un tube à double lumière


droit dont le taux de mauvais positionnement est de l’ordre de 40 %.
Complications des tubes à double lumière

2- Rupture trachéo-bronchiques:

L’emploi d’un tube à double lumière de diamètre trop important


expose au risque de rupture bronchique.

Le diagnostic et le traitement sont difficiles en peropératoire.


Complications des tubes à double lumière

2- Rupture trachéo-bronchique:

Diagnostic: La rupture des voies aériennes peut être responsable

-d’un pneumothorax controlatéral

-d’un pneumomédiastin,

Ils se manifestent par une ↑ des pressions d’insufflation, une


impossibilité de ventilation, un défaut de sélectivité ou encore une
instabilité hémodynamique (pneumothorax compressif).

Parfois: un emphysème sous-cutané


Complications des tubes à double lumière

2- Rupture trachéo-bronchiques:

Traitement:

-Un traitement conservateur médical avec antibiothérapie peut être


réalisé en cas de lésions minimes (lacération de la muqueuse) et si le
patient ne nécessite pas de ventilation mécanique en postopératoire.

-Une réparation chirurgicale est nécessaire dans les autres cas.


Complications des tubes à double lumière

3- L’emploi d’un tube à double lumière de petit diamètre


expose:

- à un risque accru d’auto-PEEP

- complique l’aspiration des secrétions et le contrôle fibroscopique.


Complications des tubes à double lumière

4- Dysphonies, enrouement et douleurs laryngées sont présents


chez près de 50 % des patients après une intubation avec une sonde
à double lumière.
6- Ventilation unipulmonaire
Risques de la ventilation unipulmonaire

1- Hypoxémie:

La ventilation unipulmonaire en oxygène pur génère constamment


une:

- baisse d’abord rapide de la PaO2 au cours des 10 premières


minutes

- puis une baisse plus lente avec une PaO2 moyenne de 180 mmHg
à 20 minutes.
Risques de la ventilation unipulmonaire

1- Hypoxémie:

Le clinicien n’est alerté que pour des épisodes d’hypoxémies sévères


puisque la désaturation artérielle (SpO2) < 95 % intervient pour
une PaO2 ≤ 70 mmHg.
Risques de la ventilation unipulmonaire

1- Hypoxémie:

Plusieurs facteurs:

- la gravité joue un rôle important, la baisse de la PaO2 étant moins importante lors
du passage en ventilation unipulmonaire chez un patient en décubitus latéral avec le
poumon inférieur ventilé que chez un patient en décubitus dorsal ;

- la répartition pré-opératoire de la perfusion a un rôle évident. Ainsi une


thrombose vasculaire pulmonaire limitera la perfusion du poumon non ventilé ;

-la qualité de l’hématose réalisée par le poumon inférieur (atélectasies,


hyperinflation dynamique).

- la perfusion résiduelle du poumon supérieur, dont la réduction du fait de la


VPH est variable.
Risques de la ventilation unipulmonaire
1- OAP lésionnel:
• Un OAP lésionnel postopératoire survient dans 5 à 14 % des cas
avec une mortalité de 40 à 70 %, la forme la plus sévère survenant
après pneumonectomie.

• La prévention pourrait reposer sur une ventilation protective


pendant la période de ventilation unipulmonaire avec un volume
courant de l’ordre de 5 à 6 mL/kg et une PEEP de l’ordre de 5
cmH2O.
Optimisation hémodynamique
et remplissage vasculaire
Problématique :
 monitorage hémodynamique invasif peu utilisé ;

 indices prédictifs de la réponse à l’expansion volémique ne


peuvent être employés à thorax ouvert ;
 risque d’oedème pulmonaire postopératoire fait que la plupart
des équipes ont à l’esprit l’aphorisme keep the lung dry.
On observe donc fréquemment des situations où l’adjonction de
médicaments vasoconstricteurs est préférée à l’accroissement du
remplissage.
Période postopératoire en salle
de surveillance postinterventionnelle
Sauf exception, les patients arrivent extubés en SSPI et bénéficient

d’une PEC:

 installation en position semi-assise,

 apport systématique d’oxygène,

 remise en aspiration des drains thoraciques immédiate ou

décalée en cas d’avivement pleural (hormis après

pneumonectomie),

 kinésithérapie précoce.
Transfert programmé dans une unité de réanimation ou en unité de
surveillance continue:
 pour les patients à très haut risque

 après certaines interventions majeures de chirurgie thoracique.


Un premier bilan comporte GDSA et radiographie du thorax
effectuée en position assise: mettre en évidence une atélectasie:
 du côté de l’intervention (réexpansion insuffisante)

 du côté opposé (due à un saignement peropératoire ou à des


sécrétions)

peut nécessiter fibro-aspiration bronchique et kinésithérapie.


Une attention particulière porte sur le saignement, d’origine
veineuse ou liée à une lésion d’une artère intercostale, qui peut être
évident (drainage hémorragique abondant > 150 mL/h) ou sous-
estimé même si la cavité est drainée, notamment si les drains sont
obstrués par des caillots.

Une réintervention en urgence est à haut risque anesthésique.


• La ventilation non invasive trouve une place de plus en plus
importante.

• Elle peut permettre de passer un cap, évitant la réintubation qui est


de mauvais pronostic.

• Certains préconisent sa pratique à titre systématique.


Suivi postopératoire
Les éléments importants du traitement comportent:
 l’apport d’O2,

 La VNI,

 la poursuite de la prophylaxie de la maladie thrombo-embolique

 la pratique d’une analgésie permettant une kinésithérapie respiratoire


efficace
 respiration profonde,

 toux dirigée,

 mouvements vibratoires,

 spiromètrie incitative,

 drainage postural.
Les éléments importants du traitement comportent:
 La mobilisation précoce du patient est importante:

 mise au fauteuil à J1

 premier lever à J2

Elle n’est en aucune façon contre-indiquée par la présence de drains


pleuraux ou par la pratique d’une analgésie péridurale.
Les éléments importants du traitement comportent:
 Le drainage pleural:

 par 2 drains pleuraux aspiratifs après lobectomie

 requiert une surveillance régulière : bullage ou observation des


oscillations de la colonne d’eau en débranchant l’aspiration,
radiographie de thorax journalière.
Les éléments importants du traitement comportent:
 Le drainage pleural:

 Un drainage peu abondant (moins de 200 mL/j), l’absence de


bullage et un poumon à la paroi font décider de leur ablation qui est
réalisée, dans certaines équipes, après un test de clampage de 24
heures.

Cette ablation, en expiration forcée, après administration d’un


antalgique avec occlusion de l’orifice de drainage est suivie d’une
radiographie pulmonaire.
Les éléments importants du traitement comportent:

 Un programme de réhabilitation: associe essentiellement:

 un lever à J1,

 une analgésie péridurale thoracique de courte durée (48 heures)

 l’ablation précoce des drains ou du seul drain mis en place dès

qu’il donne moins de 400 mL par 24 heures


Anesthésie pour chirurgie
thoracique
(Partie B)

Dr Kahloul Mohamed

Service anesthésie réanimation Sahloul


Conduite de la ventilation unipulmonaire

Il est inutile de rechercher la « meilleure » PaO2 et la mesure


continue de la SpO2 suffit.

Il importe de définir pour chaque patient un seuil mimimum de


SpO2 en fonction de ses comorbidités et du déroulement de
l’intervention.
Conduite de la ventilation unipulmonaire

Chez l’emphysémateux :
• La réduction du volume courant est la règle lors du passage en
ventilation unipulmonaire pour éviter l’hyperinflation dynamique
avec ses risques de bas débit cardiaque et barotraumatique.

• Dans les cas les plus sévères, il peut être nécessaire de recourir à une
hypercapnie permissive.
Conduite de la ventilation unipulmonaire

Chez les autres patients:

Il est actuellement recommandé d’avoir une technique de ventilation


proche :

- la ventilation bipulmonaire (6-8 mL/kg) avec une FiO2 adaptée

- suivie d’une baisse du volume courant (5-6 mL/kg) avec le


maintien d’une PEEP de 5 cmH2O.
Conduite de la ventilation unipulmonaire

• La reventilation bipulmonaire en fin d’intervention doit permettre de


lever les zones d’atélectasies.
• Cela peut nécessiter une ventilation avec PEEP ou une ventilation
manuelle voire des manœuvres de recrutement alvéolaire avant la
fermeture de la paroi thoracique.
• Le contrôle de la vue permet de s’assurer de la qualité de la
réexpansion du poumon opéré.
• La fibroscopie peut aider à lever les atélectasies.
Gestion d’une hypoxemie lors d’une ventilation
unipulmonaire

- Une baisse importante de la SpO2 conduit tout d’abord à augmenter la


FiO2.

- Si l’acte chirurgical le permet (cas le plus fréquent) et en concertation


avec le chirurgien, le plus simple est de reventiler le poumon opéré
pendant 2 à 3 cycles avec de l’oxygène pur puis à l’exclure de nouveau.

Une telle manœuvre corrige l’hypoxémie pendant une dizaine de


minutes, peut être répétée si nécessaire et elle suffit à régler le
problème de l’hypoxémie dans la plupart des cas.
Gestion d’une hypoxemie lors d’une ventilation
unipulmonaire

• Dans certains cas, il est impossible de reventiler le poumon opéré et


le traitement d’une hypoxémie persistante malgré la ventilation en
oxygène pur repose alors sur les manœuvres de recrutement
alvéolaire.
Gestion d’une hypoxemie lors d’une ventilation
unipulmonaire

Ces manœuvres de recrutement alvéolaire ne sont pas sans risque et


peuvent causer:
 instabilité hémodynamique en cas d’hypovolémie

 barotraumatisme chez les patients emphysémateux provoquant


un pneumothorax de diagnostic difficile et de traitement urgent.
Gestion d’une hypoxemie lors d’une ventilation
unipulmonaire

Malgré son efficacité, cette technique doit surtout être employée à


titre préventif dès l’induction anesthésique, avant la ventilation
unipulmonaire et lors de la reventilation bipulmonaire en fin
d’intervention.

Par ailleurs, ces manoeuvres de recrutement ont un effet transitoire


justifiant leur répétition dans le temps.
Gestion d’une hypoxemie lors d’une ventilation
unipulmonaire
L’échec des manœuvres de recrutement correspond à des situations
très particulières et impose des techniques ou des traitements
d’exception avant de considérer que la ventilation unipulmonaire
soit être interrompue :
 une ventilation unipulmonaire partielle (utilisation d’un bloqueur
qui va ne interrompre que la ventilation du lobe pulmonaire
pathologique et non pas de la bronche souche),
 l’oxygénation d’un lobe pulmonaire du côté opéré par un cathéter
de jet-ventilation,
Gestion d’une hypoxemie lors d’une ventilation
unipulmonaire

 la perfusion d’almitrine qui réduit la perfusion du poumon non


ventilé (bolus de 6 à 8 mg/kg/min suivie d’un entretien de 4
mg/kg/min jusqu’à la reventilation)
 l’administration de NO pour éviter une éventuelle hypertension
artérielle pulmonaire,
 le clampage en règle partiel de l’artère pulmonaire du côté non
ventilé.
Traitement antalgique
L’importance de la douleur postopératoire d’une chirurgie
classée parmi les plus hauts niveaux douloureux
postopératoire

La nécessité d’une kinésithérapie respiratoire précoce et


efficace

Deux éléments qui caractérisent les suites d’une thoracotomie.


Techniques
 L’analgésie péridurale thoracique requiert une connaissance
technique approfondie.

 La perfusion péridurale associe en général un morphinique


liposoluble (sufentanil ou fentanyl) et un anesthésique local.

 Le mode PCEA comprenant une perfusion continue avec des bolus


complémentaires à la demande du patient semble le mode présentant
un haut niveau de satisfaction et de sécurité.
Techniques
 La surveillance régulière de l’efficacité de l’analgésie péridurale
est nécessaire pour:
 limiter l’inconfort des patients dû essentiellement aux effets
indésirables de perfusion péridurale d’un morphinique:
 Prurit

 nausées et vomissements

 rétention d’urine

 permettre le dépistage précoce d’une complication sévère:

 survenue d’épisodes d’hypotension artérielle

 hématomes et abcès périduraux


Techniques

 Les précautions habituelles concernant les anticoagulants et


antiplaquettaires s’imposent de même que la nécessité de pratiquer
une fenêtre thérapeutique lors du retrait du cathéter péridural.

 Il convient de ne pas laisser ce cathéter au delà du 5e jour quelles


que soient les circonstances pour limiter le risque d’infection
cutanée ou profonde en rapport avec le matériel étranger
Techniques
Le bloc paravertébral:
• L’efficacité analgésique d’une perfusion paravertébrale continue
d’anesthésique local, poursuivie 48 à 72 heures, est inconstante,
probablement du fait de l’impossibilité de contrôler la position du
cathéter.

• Ceci impose d’y associer une autoadministration de morphine par


voie IV et à des adjuvants (antiinflammatoire non stéroïdien
essentiellement en l’absence de contre-indication, néfopam,
paracétamol)
Stratégie analgésique

• Une stratégie doit être mise en place dans chaque équipe en fonction
du niveau d’expertise et des conditions de suivi postopératoire.

• Quelques éléments peuvent orienter le choix entre les diverses


techniques d’analgésie :
Stratégie analgésique

Un bloc paravertébral peut être proposé :

1) lorsque les possibilités de surveillance sont limitées ;

2) lorsqu’il existe une contre-indication à l’analgésie péridurale


thoracique:
 refus du patient,

 contre-indication de la ponction péridurale,

 difficulté de surveillance

Il sera complété d’une analgésie multimodale administrée par voie


IV puis rapidement per os ;
Stratégie analgésique

Une analgésie péridurale thoracique:

Peut être poursuivie en chambre d’hospitalisation à condition :


 d’une surveillance clinique au moins biquotidienne par une
infirmière connaissant les risques de cette technique
 d’un recours immédiat à un médecin anesthésiste- réanimateur
en cas de besoin.

Enfin, un programme de réhabilitation ne se conçoit pas sans une


analgésie péridurale thoracique ;
Stratégie analgésique

La discussion risque/bénéfice doit prendre en considération :

1) le type d’intervention:
 une thoracotomie postérolatérale justifie de 3 à 5 jours d’analgésie (APD
thoracique +++)
 Une thoracoscopie ou une mini-thoracotomie peuvent être suivies d’une analgésie
multimodale parfois précédée d’une administration intrathécale de morphine ;

2) les comorbidités: l’intérêt de l’analgésie péridurale thoracique devant être mis en


balance avec le risque d’hypotension ;

3) le souhait du patient après qu’il ait été informé notamment du risque médullaire de
l’analgésie péridurale thoracique.
Complications postopératoires
La mortalité hospitalière:

 définie comme « tout décès survenant dans les 30 jours

après la résection pulmonaire ou au cours de la même

hospitalisation »,

 3,3 % après lobectomie.


Les atélectasies:
 Incidence: 9,7% après lobectomie.

 Prévention: repose essentiellement sur la mobilisation précoce et


la kinésithérapie qui débute dès les premières heures
postopératoires.
 Traitement repose sur deux stratégies:

1) la fibroscopie bronchique avec aspiration en y associant un


éventuel bilan bactériologique ;

2) la VNI.
Pneumopathies postopératoires:
 incidence 6 % après lobectomie

 le tableau clinique est non spécifique

 la documentation bactériologique indispensable en sachant qu’il


s’agit plutôt des germes de la flore oropharyngée (H. influenzae, S.
pneumoniae et autres streptocoques).
Le bullage prolongé:

 défini comme persistant au-delà de 7 jours

 9,5 % après lobectomie,

 augmente le taux de complications postopératoires

(atélectasie, pneumopathie et empyème)

 double la durée du séjour hospitalier.


Les troubles du rythme

 Surtout à type d’ACFA

 3,7 % après lobectomie,

 surviennent généralement dans les 3 premiers jours

 aucun traitement préventif efficace.


Les douleurs chroniques post opératoires:

 incidence élevée (48 % des patients à un an)

 limitation vraie de l’activité

 FDR:

âge plus jeune

score ASA plus faible

présence de plusieurs drains


œdème alvéolaire:
 Peut compliquer une pneumonectomie

 responsable d’une morbimortalité élevée.


Conclusion
Plusieurs éléments expliquent la nécessité d’équipes expérimentées
et pratiquant un nombre important d’actes :
 difficulté de l’évaluation pré-opératoire,

 techniques d’intubation,

 ventilation unipulmonaire,

 techniques d’analgésie postopératoire,

 prévention et traitement des complications postopératoires.

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